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LE CULTE DE LA CEINTURE

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LE CULTE DE LA CEINTURE DE LA SAINTE-VIERGE AUX XVIIème ET XVIIIème SIÈCLES.

Quintin : découverte de la ceinture de la Sainte Vierge en 1600

Découverte de la ceinture de la Sainte Vierge au milieu des flammes (1600).

Dès le lendemain du miracle, le Chapitre avait fait fabriquer un nouveau coffre de bois doré, toujours sur le modèle de celui qui avait été livré aux canonniers du duc de Mercoeur. Il fut remplacé dans la suite par un reliquaire d’argent, qui protégea la Ceinture de la sainte Vierge jusqu’à la Révolution française.

On ne changea rien aux usages traditionnels, et la sainte relique fut encore portée souvent loin de Quintin aux femmes qui demandaient ce secours. Mais quelques dévots indiscrets eurent l’audace d’en dérober plusieurs morceaux. Etienne de Villazel, évêque de Saint-Brieuc, visitant notre collégiale en 1641, constata avec indignation ces coupables larcins. La Ceinture était déjà réduite à peu près aux mêmes dimensions qu’aujourd’hui.

Pour la préserver contre de nouvelles rapines, l’évêque ordonna qu’elle serait conservée à l’avenir dans un coffre fermé à trois clefs, dont l’une serait remise au doyen du Chapitre ou, en son absence, au plus ancien chanoine ; l’autre au sénéchal de Quintin, et la troisième au syndic de la communauté de la ville ; et, afin que ces prescriptions fussent fidèlement exécutées, Etienne de Villazel pria le roi de les confirmer.

Acquiesçant à cette demande, Louis XIII écrivit de Saint-Germain-en-Laye le 12 avril 1641, à son sénéchal de Goëllo, dans le ressort duquel Quintin était placé, et lui enjoignit de se transporter en cette ville et d’y veiller à l’exécution de l’ordonnance épiscopale. S’il trouvait quelque empêchement à sa mission, ce magistrat devait en informer le roi sans retard, car, disait le monarque, « il est de notre devoir d’employer notre autorité à la conservation d’une si précieuse relique, et de mettre ordre à ce qu’elle soit gardée avec le respect et l’honneur qui lui est dû » [Note : Cette lettre du Roi est conservée avec les actes des deux enquêtes susmentionnées dans les archives paroissiales de Quintin].

Nota : Lettre de Louis XIII, Roi de France (1641, Avril 12) : " A nostre amé et féal conseiller le sr. seneschal de Goello. De par le Roy. Nostre amé et féal, Nous avons appris que le Sr evesque de Sainct-Brieuc, faisant sa visite en la ville de Quintin, auroit treuvé que la ceinture de la Saincte Vierge, qui est gardée en l’eglise de Nostre Dame dud. lieu, est beaucoup diminuée par la faute de celuy qui en avoit la garde, lequel, sans aveu ny permission des superieurs, l’auroit transportée en divers lieux. Sur quoy led. Sr Evesque, pour empescher la continuation de cet abus, auroit rendu sa sentence, par laquelle il auroit ordonné que lad. ceinture seroit mise dans un coffre bien fermé à trois clefz, dont l’une demeureroit au Doyen du chapitre de lad eglise, en son absence au plus ancien par ordre, l’autre au juge des lieux, et la troisiesme au sindic de la ville. Laquelle sentence nous estimons fort juridique et raisonnable. Et d’autant qu’il est de nostre debvoir d’employer nostre authorité à la conservation d’une si precieuse relique et de mettre ordre à ce qu’elle soit gardée avec le respect et l’honneur qui luy est deu. Nous avons voulu vous escrire celle cy pour vous ordonner, comme nous faisons tres expressément, que vous ayez à vous transporter en lad. ville de Quintin pour tenir la main en nostre nom à ce que lad. sentence soit exécutée, à peine de nous en respondre. Que si vous y treuviés de l’empeschement, vous nous en advertirés et du nom de ceux qui en seront les autheurs, afin que nous y puissions incontinent pourveoir. A quoy vous ne ferés faute. Car tel est nostre plaisir. Donné à Saint Germain en Laye, le XIIème jour d’avril 1641. (Signé) LOUIS. (Et plus bas) BOUTHILLIER ".

Depuis cette ordonnance du roi, la sainte Ceinture ne quitta plus la Collégiale, et on cessa de la porter, même dans la ville, aux femmes malades. Pour se dédommager, elles commencèrent probablement vers cette époque à porter des rubans bénits et mis un instant en contact avec la Ceinture de Marie.

Quintin : Fragment de la ceinture de la Sainte Vierge

Du reste, les précautions enjointes pour la conservation de ce trésor sacré ne le dérobèrent point aux hommages des fidèles. Chaque année la sainte relique était portée solennellement de la Collégiale à Saint-Thurian le jour de l'Assomption de la sainte Vierge, pendant la procession du Voeu de Louis XIII, et le peuple de la ville et des alentours accourait en foule pour lui faire cortège. Au retour on chantait le Te Deum en action de grâces du miracle qui avait conservé à la cité son plus cher trésor. Ces usages chers à la piété quintinaise ajoutèrent chaque année, pour notre ville, à la grande solennité de l’entrée de Marie au ciel, les joies d’une fête particulière de la sainte Ceinture.

La contagion d’incrédulité qui ravagea toute la France au XVIIIème siècle n’atteignit pas la pieuse population de Quintin, et cette époque malheureuse vit encore un nouvel épanouissement de la dévotion envers Marie dans notre cité. Les Religieuses Ursulines venues de Tréguier à Quintin, en 1706, pour se dévouer à l’éducation des jeunes filles de la contrée, établirent le 21 janvier 1714 une congrégation en l’honneur de la sainte Vierge, sous le titre de Notre-Dame de Miséricorde. Une religieuse d’une grande vertu, la Révérende Mère Sainte-Rose Brochereuil, fut envoyée exprès de la communauté de Quimperlé pour prendre la conduite de cette association, qui devint promptement florissante.

Le pape Clément XI lui accorda des indulgences en 1715, et les évêques de Saint-Brieuc, depuis Louis Frétat de Boissieux, qui gouvernait le diocèse au moment de son institution, jusqu’à François Regnault de Bellescize, que la Révolution chassa du siège épiscopal, la protégèrent toujours avec une paternelle sollicitude.

Les femmes et les jeunes filles de toute condition s’enrôlèrent avec un admirable empressement dans cette pieuse milice, qui ranima la ferveur dans la ville entière. Les dames Ursulines la dirigeaient avec autant de prudence que de zèle sous la surveillance d’un des chanoines de la collégiale, et l’autorité épiscopale leur en maintint toujours la conduite jusqu’à la Révolution, qui dispersa pour un temps cette fervente association.

Le lieu des assemblées de la congrégation était chez les Ursulines, dans leurs classes d’abord, et plus tard dans une chapelle érigée sous le titre de Notre-Dame des Anges ; mais son sanctuaire privilégié était encore le porche de la collégiale.

On ne peut affirmer que la statue de Notre-Dame du Tronc fut honorée sous le titre de Reine et de Mère de Miséricorde avant l’établissement de cette pieuse association ; mais nous savons que les congréganistes aimèrent à lui donner ce doux nom. On écrivit même à ses pieds les premiers mots de l’antienne Salve Regina, Mater misericordiae, afin d’engager tous les fidèles à l’honorer, à la saluer par ces paroles dans leurs visites de chaque jour, et cette inscription, qu’on lisait encore sous le porche de la Collégiale, avant la démolition de ce vieil édifice, était un des derniers vestiges du culte de la madone chère à nos aïeux.

A la fin du XVIIIème siècle, un respectable ecclésiastique, né à Quintin et élevé à la dignité de grand chantre de la cathédrale de Saint-Brieuc, composa un Cantique en l’honneur de Notre-Dame Mère de Miséricorde. Il s’adresse à la statue miraculeuse de la Collégiale ainsi qu’à la sainte Ceinture [Note : L’abbé Le Floch  du Volozenne, auteur de ce Cantique, a composé également la complainte de Notre-Dame de Délivrance, dans laquelle est raconté le miracle de la Ceinture, et les cantiques de saint Thurian, de saint Sébastien et de saint Roch. A la facture de ses vers, on ne devinerait pas qu’il avait habité la cour en qualité d’aumônier de la Dauphine, mère de Louis XVI. Quelque médiocres que soient ces pièces, elles ont rendu un grand service à la piété en conservant le souvenir des vieilles traditions dans la ville. On doit cependant reprocher à l’auteur d’avoir attribué le don de la précieuse Ceinture à Isabelle de Montauban, femme de Tristan du Périer, comte de Quintin. C’est une erreur grossière]. Tous les hommages rendus à Marie dans notre ville venaient se concentrer autour de cette image et de cette relique, qui étaient les signes de la prédilection de Dieu pour la cité.

Quintin : Monstrance pour exposer la sainte relique

Monstrance pour exposer la sainte relique.

Pendant tout le XVIIIème siècle, de nombreux pèlerins venaient à Quintin vénérer la Ceinture de la sainte Vierge [Note : Les registres de baptême de la Collégiale attestent de temps à autre la naissance d’enfants, dont les mères, étrangères à la paroisse, y étaient venues « pour faire pèlerinage et prendre la Ceinture de la sainte Vierge »]. Peu de temps avant la Révolution, un miracle éclatant vint raviver encore la foi des habitants dans la vertu surnaturelle de la relique. Un incendie s’étant déclarée dans une maison du Vau-de-Gouët, il fut impossible de s’en rendre maître. Tout le quartier était dans l’alarme, car on ne savait où s’arrêteraient les flammes. Deux frères, dont le nom éveille encore à Quintin le souvenir de la piété la plus vive, unie à toutes les autres vertus sacerdotales, MM. Limon, encouragèrent cette foule épouvantée à se recommander à la sainte Vierge ; puis ils coururent à la Collégiale et en apportèrent la sainte Ceinture. A peine fut-elle mise en présence des flammes que l’incendie s’arrêta [Note : La maison incendiée porte vers 1937 le n° 15 dans le Vau-de-Gouët] (Alphonse Guépin).

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