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LA CEINTURE DE LA SAINTE-VIERGE

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LA CEINTURE DE LA SAINTE VIERGE.

Médaillon contenant un fragment de la ceinture de la sainte Vierge

Médaillon contenant la sainte relique.

L’homme est porté par un sentiment naturel à conserver avec une sorte de vénération les objets qui ont appartenu à ceux qu’il a aimés. La jeune fille ne touchera pas sans émotion les vêtements qui ont appartenu à sa mère ; une cité regardera comme un joyau de prix l’épée d’un grand capitaine né dans ses murs ; un peuple bâtira des palais pour exposer les souvenirs divers que lui ont légués ses grands hommes.

L’Eglise est donc d’accord avec la raison et le coeur humain lorsqu’elle recueille avec soin non-seulement les corps, mais les moindres objets consacrés par l’attouchement des saints, et lorsqu’elle nous invite à rendre un culte solennel à ces humbles reliques.

Les hommages qu’elle sollicite ne s’arrêtent pas du reste à ces objets inanimés, ils remontent directement jusqu’aux serviteurs de Dieu dont les fidèles honorent les vertus et implorent l’appui.

Le Ciel enfin ne s’est jamais lassé de donner à ce culte la sanction du miracle. Dans l'Ancien Testament, Elisée, armé du manteau d'Elie, commande au Jourdain d’ouvrir ses eaux devant lui, et le Jourdain obéit (IV. Reg. II, 14). Sous la Loi nouvelle, lorsque l’apôtre Paul prêche à Ephèse, les fidèles recueillent ses mouchoirs pour les appliquer sur les corps des malades et des possédés, qui sont aussitôt guéris (Act. XIX, 12).

Lorsque des lambeaux d’étoffe, employés par les apôtres ou les prophètes aux usages les plus vulgaires, étaient l’objet de tels honneurs et l’instrument de tels prodiges, était-il possible que les fidèles laissassent périr les vêtements de la très sainte Vierge ? Ils ont dû les recueillir avec d’autant plus d’empressement que le Ciel avait ravi à la terre le privilège de posséder le corps virginal qui fut la demeure de l'Homme Dieu.

Au commencement du Vème siècle, le culte de ces reliques de Marie apparaît avec un grand éclat dans l'Eglise, comme une pratique consacrée par une longue tradition ; et dès cette époque, entre tous les objets qui avaient appartenu à la Mère de Dieu, la piété semble distinguer ses Ceintures par une prédilection toute particulière. Trois ou quatre bandes d’étoffe sans valeur par elles-mêmes, dont la Vierge s’était servie pour assujettir ses vêtements, ont passé de Jérusalem à Constantinople, et plus tard en Occident, où les plus illustres sanctuaires se sont fait gloire d’en posséder les moindres morceaux. Aix-la-Chapelle, Bruges, Le Puy-Notre-Dame en Anjou, d’autres villes encore sont fières de semblables trésors. L’ancienne église collégiale, aujourd’hui paroissiale de Quintin, en Bretagne, partage avec elles cet honneur, et sa relique trop peu connue, quoique d’une incontestable authenticité, est conservée depuis plus de six siècles comme la principale richesse et la meilleure défense de cette humble, mais religieuse cité.

Les trois ou quatre Ceintures de la Sainte Vierge vénérées dans la chrétienté, paraissent avoir été assez différentes les unes des autres par les dimensions, la forme et la matière. La relique conservée à Quintin est un morceau, non pas de tissu, mais de réseau à mailles inégales, de fil de lin retourné et d’une couleur grisâtre. Elle n’a plus aujourd’hui que 0 m 08 de longueur environ sur une largeur un peu moindre, et son aspect ne pourrait faire deviner son ancien usage ; mais, des témoignages incontestables prouvent que des libéralités indiscrètes et de coupables larcins l’ont successivement diminuée ; et si l’on ne peut affirmer que cette Ceinture était entière quand elle fut apportée à Quintin, tout porte à croire qu’il était alors facile d’en reconnaître la forme et la destination primitive.

La matière dont elle est faite est celle même que Dieu désigna à Moïse pour fabriquer les ceintures des prêtres de l’ancienne loi, et l’extrême simplicité de ce léger réseau, bien loin d’être une objection contre son authenticité, pourrait fournir au contraire une présomption à l’appui de la sainte origine qu’on lui attribue [Note : Ce réseau, sauf la différence de matière, ressemble beaucoup à ces objets en tricot léger que l’on fabrique à Barèges, à Luchon et dans d’autres stations thermales des Pyrénées. L’historien Josèphe nous apprend que les ceintures des prêtres juifs étaient aussi très peu serrées (Antiq. Judaic, liv. III, c. 7). M. Gaultier du Mottais, dans la séance du 26 février 1879, de la Société archéologique des Côtes-du-Nord, a démontré, par des exemples empruntés à l’archéologie, que le tissu réticulé, vénéré à la collégiale de Quintin, était bien un morceau d’une de ces écharpes ou zonœ ornées de franges formées d’un tissu léger et à jour, que les jeunes femmes portaient en Orient et en Grèce.

La tradition quintinaise affirme non seulement que cette relique a appartenu à la Sainte Vierge, mais qu’elle est l’ouvrage même de ses mains et que Marie la portait lorsque le Fils de Dieu descendit dans son sein. Aucun des détails de cette pieuse croyance n’est invraisemblable ; et s’il est impossible de les démontrer tous par des preuves irréfragables, on peut du moins affirmer sans crainte que cette précieuse Ceinture a été portée par la Vierge Mère de Dieu. Le Ciel, comme on le verra tout à l’heure, a parlé pour attester l’authenticité de la sainte relique.

La ville de Quintin commençait à se former autour de son château et sous le manteau de la Vierge Marie, gardienne de cette forteresse, lorsque Geoffroy, surnommé Boterel, son premier seigneur, lui conquit cette précieuse relique.

Ce noble chevalier, issu des anciens rois de Bretagne, était le fils d'Alain, comte de Penthièvre et de Goëllo, qui fonda l’abbaye de Beauport. Son frère, Henri d'Avaugour, comte de Goëllo, lui avait donné depuis quelques années en apanage le fief de Quin­tin, lorsqu’ils se décidèrent à prendre la croix et à partir ensemble pour la Terre-Sainte, sous la conduite du roi de France saint Louis (1248).

Le but de cette croisade était d’arracher aux Sarrasins le tombeau de Jésus-Christ et la ville de Jérusalem, qu’ils avaient enlevés aux chrétiens ; mais l’expédition fut dirigée d’abord contre l'Egypte, principal boulevard de la puissance musulmane. Les croisés espéraient conquérir ce pays et gagner ensuite la Palestine. Ces plans n’aboutirent qu’à un affreux désastre. Après la prise de Damiette, et quelques autres succès, le roi vit périr la fleur de ses chevaliers, et fut fait prisonnier avec tous ceux qui restaient autour de lui (1250). Henri d'Avaugour et Geoffroy Boterel de Quintin furent de ce nombre.

Dans un des combats qui précédèrent ce dernier désastre, les deux frères n’avaient échappé à la mort que par une protection miraculeuse de saint François d’Assise. Serré de tous côtés par les Sarrasins, le comte de Goëllo avait fait voeu de fonder un couvent de Frères Mineurs dans son palais de Dinan, et de s’y consacrer lui-même, au service de Dieu s’il ne tombait pas sous les coups des ennemis de la foi. Saint François lui était aussitôt apparu et l’avait sauvé, lui et sa troupe.

Délivré avec le roi, Henri d'Avaugour revint sans retard en Bretagne ; mais il paraît que le sire de Quintin se rendit en Terre-Sainte avec saint Louis, pour travailler à mettre en état de défense les possessions qui restaient aux chrétiens en ce pays. Quand Geoffroy Boterel reprit la route de l'Occident, il rapportait avec lui la Ceinture de Marie comme récompense de ses travaux, et, avec ce gage sacré, il se crut payé de tous ses sacrifices.

Il le tenait sans doute du patriarche de Jérusalem, Robert de Saintonge, qui, ancien évêque de Nantes, compagnon de Henri d'Avaugour dans une première croisade (1240) et persécuté comme lui par le duc de Bretagne, Pierre Mauclerc, ne pouvait manquer d’être libéral des richesses de son Eglise en faveur d’un chevalier breton, frère d’un puissant seigneur dont il avait partagé les luttes et la mauvaise fortune.

De retour dans ses domaines, Geoffroy Boterel déposa son précieux trésor dans la chapelle de son château de Quintin, dédiée à la Vierge Marie ; mais les périls qu’il avait courus l’avaient éclairé sur la vanité du monde. Déjà Henri d'Avaugour, accomplissant une partie de son vœu, avait fondé le couvent des Cordeliers de Dinan (1251) ; Geoffroy Boterel ne tarda pas à s’y retirer, et y fit profession de la règle austère de saint François.

Geoffroy de Boterel, sr. de Quintin, et la ceinture de la Vierge

Il était déjà religieux, lorsque saint Bonaventure, alors Général des Frères Mineurs, envoya à cette maison l’image miraculeuse de Notre-Dame des Vertus, encore conservée de nos jours à Dinan [Note : L’image de Notre-Dame des Vertus est un petit bas-relief représentant la sainte Vierge montant au ciel entourée par les anges. Depuis la ruine de l’église des Cordeliers de Dinan, on l’a transportée à la paroisse de Saint-Sauveur, où elle est encore vénérée à l’autel Saint-François]. Geoffroy et un autre chevalier d’une illustre famille, Hardouin de Tournemine, étaient à la tête de leurs frères lorsque ce précieux don fut reçu dans l’église de leur couvent.

Quintin : Fac-Similé de la ceinture de la Sainte Vierge

" La collégiale de Quintin possédait avant la Révolution, et aujourd’hui l’église paroissiale de Notre-Dame, qui a succédé à la collégiale, possède encore un fragment de réseau à mailles inégales, vénéré depuis des siècles comme ayant appartenu à la ceinture de la Sainte Vierge. Nous en donnons ci-dessous un fac-similé parfaitement exact. Il suffit d’y jeter les yeux pour voir que la forme primitive de ce réseau, et celle d’une partie des mailles, de toutes peut-être, a été plus ou moins altérée par l’étirage, par l’usage fréquent, par les manipulations trop rudes et trop peu attentionnées auxquelles, a une certaine époque, il fut soumis.

Aujourd’hui, dans sa plus grande longueur, du point F au point D du fac-similé ci-dessous, il mesure 8 centimètres et demi, et 7 centimètres du point G au point H ; mais ce n’est pas là sa hauteur normale, car du point A aux points B, C, D, F, cette largeur ne dépasse pas 4 centimètres, ce qui semble être en ce sens sa dimension primitive avant les déformations qu’on lui a fait subir " (Arthur de la Borderie).

 

Quelques années après, Henri d'Avaugour, rompant enfin tous les liens qui l’attachaient au siècle, venait lui-même chercher la pauvreté volontaire et le sacrifice de l’obéissance dans cette maison qu’il avait fondée (1278) ; et, donnant le sublime exemple d’un détachement héroïque, ces deux frères, comblés naguère de richesses et d’honneurs, vécurent et moururent l’un près de l’autre, sous l’humble livrée du saint Patriarche qui avait été pour eux un si puissant protecteur [Note : Tout appareil d’érudition doit être écarté d’une notice composée uniquement pour satisfaire la piété des fidèles ; il est cependant nécessaire d’indiquer sommairement les preuves sur lesquelles repose ce récit. La tradition immémoriale et ininterrompue de Quintin affirme que la Ceinture de la Sainte Vierge a été apportée de la Terre-Sainte par un seigneur de la ville, au temps des croisades. Les témoins qui affirment cette origine dans l’enquête de 1611 ajoutent qu’elle était attestée par des actes authentiques conservés à la trésorerie de la Collégiale avant l’incendie. Or, le seul Seigneur de Quintin qui ait pu aller à la croisade est le premier de tous, Geoffroy Boterel I, frère d'Henri d’Avaugour. Sa présence à la suite de saint Louis e été constatée par M. Paul de Courcy dans un contrat fait avec des mariniers génois pour le passage de l’île de Chypre à Damiette. Son nom s’y trouve inscrit avec celui de plusieurs autres chevaliers bretons. La retraite de Geoffroy Boterel aux Cordeliers de Dinan et les dangers que courut son frère et auxquels il fut certainement exposé lui-même, sont attestés par un chant populaire publié par Dom Morice (Mémoires pour l'Histoire de Bretagne, t. I, c. 198). Le Gallia Christiana, t. XIV, c. 820-1, offre une notice abrégée sur Robert de Saintonge qui suffit à justifier ce que nous en disons ci-dessus. Tous les historiens attestent du reste le rôle important qu’il joua durant la croisade de Saint Louis. Ils parlent également des exploits de nos chevaliers bretons et spécialement du duc Pierre Mauclerc (Alphonse Guépin).

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