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LA CEINTURE DE QUINTIN ET L'INCENDIE

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LA CEINTURE PRÉSERVÉE DES FLAMMES.

Découverte à Quintin de la ceinture de la Sainte Vierge

Découverte de la ceinture de la Sainte Vierge au milieu des flammes (1600).

La relique, conservée à la Collégiale de Quitin sous le nom de Ceinture de la sainte Vierge, avait été apportée de la Terre-Sainte par Geoffroy Boterel. C’est là, sur cette terre sacrée où Marie avait vécu et avait mis au monde son divin Fils, que cette précieuse relique avait été conservée, jusqu’au moment où la Providence voulut en enrichir notre cité.

Le respect dont elle avait été entourée dans ces lieux où naquit notre foi, était une garantie certaine de son authenticité. Les reliques de la sainte Vierge, comme celles des plus humbles serviteurs de Dieu, ont traversé les siècles sous la double garde de l’autorité vigilante de l'Eglise et de la respectueuse piété des fidèles, attentives l’une et l’autre à transmettre soigneusement aux générations futures ce dépôt sacré.

Mais, au XVIIème siècle, une critique téméraire allait s’attaquer avec une présomption sans égale aux traditions les plus vénérables de nos églises de France ; notre sainte relique n’eût peut-être pas été épargnée par cette école audacieuse, si l’autorité irréfragable du miracle n’avait pas imposé silence à toute discussion. Les grâces nombreuses, obtenues par l’attouchement de la sainte Ceinture, fournissaient déjà une preuve de son authenticité, lorsque Dieu daigna parler lui-même pour attester la valeur de ce gage sacré et approuver le culte qui lui était rendu.

En l’année 1565 se passa un fait, qui fut comme un premier signe de la protection divine sur notre relique. Deux voleurs, s’étant introduits dans la sacristie de la collégiale, emportèrent tout ce qu’elle contenait d’objets précieux et faciles à enlever. Rien n’était plus alléchant pour eux que le coffret d’argent de la Ceinture vénérée. Ils s’en emparèrent en effet et l’ouvrirent ; mais arrêtés par un geste de religion ou par une intervention divine, en se retirant, ils le laissèrent dans l’église sans toucher à la Ceinture. Saisis par la justice, les deux voleurs furent condamnés par le Parlement de Bretagne et exécutés l’un à Rennes, et l’autre à Quintin, sur le parvis même de la collégiale.

Peu de temps après cet événement, une période de rudes épreuves commença pour notre cité, qui fut deux fois prise et rançonnée, et vingt fois sous le coup des plus vives alertes, pendant les guerres de la Ligue. Durant le premier siège de Quintin, en 1590, les chanoines furent contraints de livrer le reliquaire de la sainte Ceinture aux canonniers du duc de Mercœur, qui consentirent moyennant cette rançon, à ne pas diriger leur feu sur les cloches de la collégiale. Pour réparer la perte du précieux coffret, le Chapitre fit fabriquer un nouveau reliquaire, semblable au premier pour la forme, mais de simple bois doré, qui fût renfermé, selon l’usage, dans le grand coffre de la trésorerie, sous la garde du chanoine sacristain.

Dom Jacques Rault remplissait cet emploi au commencement de l’année 1600. Le samedi 8 janvier, il vint coucher, comme à l’ordinaire, la trésorerie. Un jeune homme de la ville, Martin Le Bras, sieur de Kerbrient, l’accompagnait et ne le quitta qu’au moment où il se mettait au lit. Il paraît qu’un poële, placé dans ce petit édifice, avait été chauffé à l’excès, et qu’un incendie était près d’éclater ; mais ni Rault ni son ami ne s’en aperçurent ; et à peine celui-ci était-il parti, que le chanoine s’endormit d’un profond sommeil.

Tout à coup, entre dix et onze heures du soir, le cri « au feu ! » retentit dans les rues de la Collégiale et remplit en un instant toute la ville. Noël Cadoret, un des chanoines, avait aperçu la trésorerie toute en flammes. Il se précipite vers l’église, suivi de Charles Pichon, son confrère ; mais déjà plusieurs habitants les ont devancés. Sébastien Le Coniac, sieur des Noës, arrive le premier à la porté de la trésorerie et l’enfonce par un vigoureux effort. Il était déjà trop tard. Jacques Rault était mort, et son cadavre brûlait au milieu d’un brasier ardent.

A l’instant même, le lambris tomba et le feu, activé par ce nouvel aliment, gagna tous les meubles de la trésorerie. Il devenait impossible d’arrêter l’incendie, et de sauver le moindre objet des flammes. Deux hommes courageux, François Losties et Guillaume Baudet, se jetèrent au milieu du feu et parvinrent à enlever les restes de l’infortuné Rault. La bonne volonté des autres assistants resta impuissante.

Le lendemain 9 janvier, la population en deuil assista aux funérailles du malheureux chanoine sacristain. Son corps à demi calciné fut déposé dans la labe de Saint-Nicolas [Note : On appelait labe un caveau disposé sous le pavé d’une église et réservé aux morts d’une famille ou d’une corporation], au bas de la nef méridionale de l’église, près du lieu du sinistre. Alors on put mesurer toute l’étendue du désastre. Le Chapitre avait perdu non seulement ses vases et ses vêtements sacrés mais ses titres de propriété et ses reliques, tout son trésor, en un mot. Il était impossible de douter que la Ceinture de Marie ne fût consumée et la consternation était générale. Pour rendre la douleur publique encore plus amère, l’incendie brûlait toujours, et on voyait le feu s’acharner sur les ruines qu’il avait amoncelées, et graver sur la base du clocher des traces ineffaçables.

Il fallut attendre jusqu’au 15 janvier pour déblayer l’emplacement de la trésorerie. Lorsque Dom Charles Pichon, nommé sacristain à la place de l’infortuné. Rault, fit commencer ce travail, les ouvriers trouvèrent parmi les cendres des morceaux d’argent, de cuivre, de plomb et d’étain fondus. C’étaient les seuls restes des joyaux du Chapitre. Calices, ostensoirs, reliquaire de la Ceinture tout était détruit. On ne pouvait conserver aucune espérance. Quintin avait perdu le précieux gage de l’amour de Marie.

Le mardi 18 janvier, le chanoine Pichon vint vers onze heures du matin à la trésorerie pour surveiller ses ouvriers et dit à son neveu, Julien Pichon, qui l’accompagnait, de chercher les débris de métal parmi les cendres. Julien prit une ardoise et trouva quelques petites pièces de monnaie, puis une serrure qu’il reconnut pour celle du coffret de la Ceinture : preuve nouvelle qu’il était entièrement consumé. Un bourgeois, nommé Pierre Quintin, un certain 0llivier Cottrel dit le Tessoux et sa fille, étaient survenus et considéraient les ouvriers.

Tout à coup Julien Pichon, qui continuait à remuer les cendres avec son ardoise, pousse un cri et appelle son oncle. La Ceinture de la sainte Vierge était là, intacte, sous ses yeux, au milieu des charbons encore embrasés. Les étoffes précieuses qui la recouvraient sont anéanties ; mais la petite pièce de réseau n’a souffert aucun dommage. « A cete vue, nous dit le chanoine lui-même, mes cheveux se dressèrent sur ma tête, tant je fus étonné par la grandeur de ce miracle ! ». Pierre Quintin, qui s’était approché, tremblait de tous ses membres. C’est lui-même qui nous l’apprend. Ces hommes de foi se trouvaient face à face avec la divinité, et leur premier sentiment était une crainte respectueuse en présence de cette manifestation du Très-Haut ; mais la joie et la reconnaissance l’emportent bientôt sur cette première émotion. Julien Pichon, alors simple clerc, n’avait pas osé prendre la sainte relique. Son oncle, revenu de son saisissement, la relève, la tient en ses mains, et tous la reconnaissent pour celle qui était conservée dans la trésorerie.

La nouvelle du miracle court comme un éclair dans la ville. En un instant, le petit cimetière est rempli de gens de toute condition qui viennent s’assurer du prodige. Jean Lescouarneuc, arrivé l’un des premiers, est au service de la Collégiale depuis plus de trente ans comme enfant de choeur et comme chanoine ; il atteste sans hésiter que cette ceinture est celle qu’il a vue cent fois présenter aux femmes enceintes.

Le sénéchal de Quintin, Jean de Suasse, sieur du Collédo, averti au moment où il allait tenir son audience, accourt avec tous les gens de la justice. Il reconnaît la Ceinture et voit le brasier encore mal éteint d’où on l’a retirée intacte. Avec le coup d'oeil exercé d’un magistrat, il remarque non sans étonnement que la place où elle gisait est toute blanche comme si le feu n’avait pu s’y attaquer. La relique est entière, mais légèrement roussie à une de ses extrémités. Dieu a voulu y imprimer ce signe du miracle, afin de rappeler aux générations les plus reculées qu’elle était restée dix jours au milieu d’un brasier, et que les flammes l’avaient environnée sans pouvoir l’entamer.

La trésorerie et le cimetière des chanoines étaient remplis de gens qui manifestaient hautement leur joie. A la voix du chanoine Pichon, tous se jettent à genoux pour remercier Dieu de l’immense bienfait qu’il vient d’accorder à la ville. Mais ce n’était pas assez de ce premier hommage. Il fut arrêté, sur le champ, que le lendemain on célébrerait une procession d’action de grâces. La relique fut portée à travers les rues de la ville, escortée par le Chapitre, les magistrats et tous les habitants. Au retour, un Te Deum fut chanté à la Collégiale, et jamais cantique d’allégresse ne retentit avec plus d’enthousiasme dans notre cité. Dieu avait daigné suspendre les lois de la nature pour conserver à notre Collégiale sa relique insigne. On pouvait dire qu’on venait d’entendre la voix du ciel, confirmant la tradition séculaire de nos aïeux. Dieu ne fait pas de miracle pour autoriser une erreur grossière. Après, cette intervention manifeste de puissance, les habitants de Quintin pouvaient affirmer avec une entière certitude que leur Collégiale possédait véritablement la Ceinture de la sainte Vierge Marie.

L’honneur de Dieu et l’intérêt dé la postérité commandaient de constater ce miracle par une enquête solennelle. Gilles Le Coniac, vidame et procureur fiscal de Quintin, insista pour qu’on remplit immédiatement ce devoir, mais il ne fut pas écouté. On n’aurait plus aujourd’hui qu’un souvenir confus du prodige, si un prélat aussi instruit que zélé n’avait pas été appelé la même année à s’asseoir sur le siège de Saint-Brieuc.

Dès les premiers jours de son épiscopat, Melchior de Marconnay entendit raconter le miracle dont Quintin avait été le théâtre et il fut frappé de ce récit ; cependant il ne fit rien pour en rechercher l’authenticité jusqu’en 1611. Etant venu en cette année célébrer dans notre Collégiale la fête de l'Assomption, il trouva encore vivants tous les souvenirs de cet événement mémorable et jugea que son devoir était d’en assurer la connaissance à la postérité.

Le Chapitre de Quintin comptait alors parmi ses membres Mathurin Melette, homme de savoir et de vertus, qui connaissait toutes les formes de la procédure canonique et qui, peut-être, suggéra à l’évêque l’idée de constater officiellement le prodige. Par une commission du 7 décembre 1611, Melchior de Marconnay lui ordonna d’ouvrir, en son nom et par son autorité, une enquête sur le miracle de la Ceinture. Melette assisté par Mathurin Fonteneau, un de ses confrères, procéda publiquement à ces informations, les 11, 17 et 18 décembre 1611. Douze témoins furent cités juridiquement. Dans ce nombre étaient les auteurs et les premiers témoins de la découverte de la sainte relique, Charles Pichon, alors doyen, et Julien Pichon, chanoine de la collégiale, Pierre Quintin, Jean de Suasse et Jean Lescouarneuc.

Martin Le Braz, sieur de Kerbrient, et Sébastien Le Coniac des Noës, qui connaissaient plus exactement les circonstances de l’incendie furent également entendus, ainsi que diverses personnes qui pouvaient attester avec plus d’autorité la tradition quintinaise sur le culte et l’origine de la Ceinture de Marie. On comptait en première ligne parmi elles de nobles dames de la ville, auxquelles la Ceinture avait été d’un grand secours [Note : Voici les noms de ces témoins avec les qualifications qui leur sont données dans l’acte d’enquête : Messire Charles Pichon, doyen de la collégiale de Notre-Dame de Quintin et recteur de Saint-Thurian ; messire Julien Pichon, chanoine ; maître Pierre Quintin, bourgeois ; messire Charles Le Meur, sieur du Bouessy, chanoine ; damoiselle Françoise Burlot, dame Le Coniac, de la Ville-au-Pilon ; noble Sébastien Le Coniac, sieur de Noës ; maître Edouard Eveillard, sieur de Livery ; noble Martin Le Bras, sieur de Kerbrient ; messire Jean Lescouarneuc, chanoine ; damoiselle Marie Leflo, veuve de François Le Bras ; Jean de Suasse, écuyer, sieur du Collédo, Sénéchal de Quintin. Le procès-verbal de cette enquête est conservé dans les archives de la paroisse de Quintin et tous les détails de ces récits peuvent être justifiés par une étude minutieuse de ce précieux document]. Toutes ces dépositions faites sous la foi du serment furent recueillies soigneusement par un greffier, lues, approuvées et signées par les témoins ; et l’enquête achevée, ces actes, revêtus de la signature de Melette et de son assesseur, ainsi que des sceaux du Chapitre et de la cour seigneuriale de Quintin, furent déposées dans les archives de la Collégiale, le 19 décembre 1611 [Note : Nos archives paroissiales conservent un autre document dans lequel Melchior de Marconnay loue Mathurin Melette « de la diligence fidèle » qu’il a déployée dans l’enquête relative à la sainte Ceinture. Cette pièce est une nouvelle commission délivrée par l’évêque au chanoine à l’effet d’ouvrir une enquête pour constater la guérison réputée miraculeuse d’un enfant nommé François, fils de Michel Le Coniac. Une maladie étrange l’avait privé de l’usage des jambes et de la voix ; après avoir essayé, vainement, pendant plusieurs mois, de tous les secours de la médecine, ses parents le portèrent à la chapelle de Saint-Laurent, dite des Sept-Saints, en Plédran, où il fut guéri soudainement. Nous ignorons quel fut le résultat de cette enquête, dont le procès-verbal a disparu. La chapelle de saint Laurent, en Plédran, existe encore. C’était un lieu de station pour les pèlerins qui faisaient le tour de la Bretagne, en visitant les tombeaux des Sept Saints, fondateurs des évêchés de Vannes, Quimper, Léon, Tréguier, Saint-Brieuc, Saint-Malo et Dol. Plusieurs chapelles ou fontaines, placées près du parcours de la route qu’ils suivaient, portent encore ce vocable des Sept Saints (V. Le Men, Monographie de la cathédrale de Quimper)]. La Providence les a sauvés de la tourmente révolutionnaire et la paroisse de Quintin possède encore ces documents authentiques, qui ne permettent aucun doute sur la réalité et sur les circonstances du miracle.

Une autre enquête, faite en 1642, devant Charles de Bégaignon de Coëtgoureden, sénéchal de Quintin, vint confirmer plus tard toutes les dépositions recueillies par le commissaire de Melchior de Marconnay, et l’acte de cette seconde information est également parvenu jusqu’à nous (Alphonse Guépin).

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