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LA PAROISSE DE PRIZIAC |
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Du doyenné de Guémené et à collalion libre, cette paroisse de Priziac avait son recteur pour unique gros décimateur et cela à la 33ème gerbe [Note : Formes anciennes de Prisiac : Brisiaci sylva, 818 (D. Morice, I 228). — Prisiac, eleemosina, 1160 (Ibid. 638). — Prissiac, 1430 (Princip. de Rohan-Guémené). — Priziac, 1516 (Pouillé du diocèse de Vannes, aux archives départementales du Morbihan)]. Quoiqu'il n'eût personne à partager ce devoir avec lui, son bénéfice était loin d'avoir de l'importance au point de vue des revenus. Le titulaire de 1619 ne retirait, en effet, de ses dîmes affermées, que 70 écus par an et, de son tiers aux oblations faites aux chapelles frairiennes, que 18 livres seulement. Une fondation relativement considérable était venue fort à propos lui fournir une petite compensation. Elle fut l'œuvre d'un certain Morgant qui, pour des messes et des services à célébrer à perpétuité dans l'église paroissiale, avait constitué, au profit de la fabrique, des fonds vendus, le 24 octobre 1791, au prix de neuf mille et quelques centaines de livres, et dont les revenus annuels ne laissaient pas de déteindre avantageusement sur le casuel du recteur.
L'église paroissiale se trouvait placée sous le vocable de saint Béhaud ou Bého Bechevus en latin, et qu'on suppose avoir abandonné la Grande-Bretagne, sa patrie, pour venir se réfugier ici. Dans un lech du cimetière, la tradition locale veut même voir un canon, sur lequel il traversa la mer ! Malgré son côté défectueux, cette légende ne doit pas être entièrement dépourvue de réalité. Quand elle ne révélerait que la patrie du saint, ne serait point à dédaigner. C'est qu'en effet, le titulaire de cette église est, malgré son nom, tellement inconnu ici que, ennuyé d'avoir à faire, chaque année, la fête et le panégyrique d'un saint sur lequel il n'avait aucun renseignement, le clergé de Priziac voulut, au commencement du XVIIème siècle, lui substituer saint Avit. Si ce projet ne réussit point, ce fut grâce à l’opposition formelle des paroissiens. Il est permis d'espérer que les grandes recherches hagiographiques auxquelles se livrent les anglais modernes nous fourniront bientôt des données sur la vie de ce bienheureux inconnu.
Plusieurs chapelles s'élevaient sur Le territoire de Priziac. Parmi elles, les quatre premières, qui vont être citées, étaient frairiennes et n'avaient pourtant, au commencement du XVIIème siècle, de service religieux qu'aux fêtes de leurs titulaires respectifs.
C'était d'abord celle de Notre-Dame de Lotavy, située au hameau qui porte maintenant le nom de Ty-Lotavy. Comme on le verra plus bas, elle avait jadis appartenu à un établissement monastique.
Dans un lieu isolé, la chapelle de Saint-Nicolas, portant la date de 1580, possédait un jubé et un chancel en bois assez bien sculpté. Elle fut visitée, le 12 juillet 1846, par Cayot-Delandre. Ce jour-là, il y avait pardon, et ce pardon, nous dit cet auteur, « est renommé dans le pays et attire toujours une certaine affluence ; cela tient en partie au souvenir de la cérémonie qu'on y faisait autrefois sous le nom de Pistolance, altération des mots prince d'Orange » (Le Morbihan, son histoire et ses monuments, p. 456). Pour ne pas le citer tout au long, voici, en abrégé, comment il explique l'origine politique de cette cérémonie. Protestant Stathouder de Hollande et gendre de Jacques II, roi catholique d'Angleterre, Guillaume d'Orange supplanta son beau-père, qui se réfugia en France et, avec le secours de Louis XIV, tenta vainement et à plusieurs reprises, de remonter sur son trône, jusqu'à sa dernière défaite à la bataille de la Boyne. Mais, dans cette journée, tout en remportant la victoire definitive, Guillame III faillit périr et la nouvelle de sa mort se répandit même en France, où l'opinion publique lui était très hostile. Cette rumeur, malheureusement fausse, donna lieu à des réjouissances et, partout dans le royaume, on brula sur les places l'effigie de ce traître. Malgré l'erreur, cette cérémonie devint annuelle dans certaines campagnes, comme à Priziac, où elle donna lieu à un pardon. Ce jour-là, on plaçait l'effigie du Prince d'Orange au sommet d'un mat entouré de fagots, auxqnels, après les Vêpres, la procession allait mettre le feu. Alors, d'un coup de fusil, un adroit tireur abattait cette effigie, dont les lambeaux étaient disputés avec un acharnement qui parfois causa mort d'homme et fit enfin supprimer cette partie de la fête. Inaugurée ici en 1690, cette représentation dangereuse eut lieu, pour la dernière fois, en 1828.
Isolée aussi, celle de Saint-Guénolé faillit, en 1659, s'élever au rang de trève, sur la demande des frairiens de son quartier.
Quant à la chapelle de la Magdeleine, quoique maintenant isolée, elle dut ici, comme ailleurs, son origine à un groupe de pauvres lépreux.
Les autres chapelles étaient celle de Saint-Yves, située pareillement en un lieu isolé de toute habitation, et celle, domestique et à vocable inconnu, qui se voyait encore, au temps d'Ogée et à un quart de lieue au nord du bourg, parmi les ruines du château de Belair.
Quant à celle, domestique aussi, du manoir du Plascaër, dont mention est faite dans les titres, il est bon de remarquer que les seigneurs de cette terre possédaient, en outre, dans la partie nord de l'église paroissiale, une chapelle prohibitive désignée par le nom de leur château.
A ma connaissance, un seul bénéfice secondaire s'était fondé sur cette paroisse. C'était une aumônerie, dont le duc Conan IV, par sa charte de 1160, confirma la possession aux chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Lotavy était le siège de cet établissement, connu aussi sous le nom de Commanderie de Beauvoir. Après avoir eu, à l'origine, une existence distincte, ce bénéfice fut annexé à la commanderie du Croisty, en Saint-Tugdual, pour se trouver, avec elle, uni plus tard à celle de Saint-Jean du Faouët, qui était devenue, elle-même, membre de la commanderie plus importante du Palacret. Avant comme après leur annexion, toutes ces commanderies relevaient du grand prieuré d'Aquitaine. Celle qui nous occupe porte, dans le Pouillé de 1516, le nom de Temple de Priziac et, au milieu du siècle dernier, l'abbé Cillart parlant de Lotavy, l'appelle Prieuré des Templiers, dont une partie des terres se trouvait en friche, abandonnée, et l'autre partie usurpée par tous ceux qui avaient bien voulu s'en emparer. Mais cette appellation est erronée et a déjà conduit, mal à propos, à placer ici deux établissements au lieu d'un, une Aumônerie et un Temple. Ce qui, à mon avis, démontre positivement cette confusion, c'est que, dans le Pouillé précité de 1516, immédiatement après les noms des paroisses voisines de Priziac et de Saint-Tugdual, on trouve Templum de Croisti et Priziac, c'est-à-dire précisément le bénéfice unique résultant de l'annexion des deux commanderies situées sur ces paroisses. Donc Priziac n'a pas eu de Temple, d'établissement de Templiers, mais une aumônerie de l'ordre des Hospitaliers, située à Lotavy et régulièrement désignée sous le nom de Commanderie de Beauvoir.
Avant de clore cette notice, je dois ajouter que Roaud, en se faisant moine de Sainte-Croix de Quimperlé, donna, en 1191, à cette abbaye une de ses terres mommée Penguern, maintenant Penvern, en Priziac alors et passée depuis à Saint-Tugdual, et, dans la même paroisse encore, l'emplacement d'une maison et d'un jardin situés près dune terre appelée le Croasti et appartenant à l'Hôpital de Jérusalem. Ces immeubles furent ensuite annexés au prieuré de Sainte-Anne de Hirberz, membre de la susdite abbaye, encore conféré par l'abbé de Sainte-Croix, le 29 juillet 1537, au bénédictin Pierre du Bot, son religieux, tombé plus tard en commende et dit situé dans le diocèse de Vannes ; le pouillé de 1516 semble le placer dans la paroisse de Plouay. Dom Placide le Duc, qui nous fournit ces renseignements, dit aussi que le Croisty, trêve de la paroisse de Saint-Tugdual, était le chef-lieu d'une commanderie de l'Ordre de Saint-Jean de Jerusalem, à laquelle avait été unie la commanderie de Beauvoir, en Priziac (Histoire de d'abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé, p. 239).
Recteurs de Priziac.
1468.... Jean de Thenovenel ? pourvu en 1468. Il ne diffère
peut-être pas de celui que, sous le prénom d'Yves, nous avons déjà rencontré
comme décédé, en 1494, recteur de Peillac ; car, je dois le confesser, le
rapprochement de ces prénoms, d'une part, et des noms de ces paroisses, de
l'autre, m'induit à suspecter fortement la sûreté de ma lecture.
1531.
Alain Trégain, titulaire du prieuré de Saint-Nicolas, à l'hôpital de Vannes,
était, lors de son décès, simultanément aussi recteur de Caudan et de Lescoët.
Je sais que Jean Le Bobinec, chanoine de Vannes, prit la ferme des annates de
cette paroisse ; mais j'ignore s'il devint, comme c'était assez l'usage,
titulaire du bénéfice.
1550. Antoine Gouzolles ou André
Chapelle. La ferme des annates fut prise alors par l'archidiacre. Pierre
Daniélo, qui devint, peut-être, recteur de la paroisse.
1569.
Charles du Pou, chanoine de Vannes, mourut dans le mois de décembre.
1569. Jacques de Bogar, de la paroisse de Saint-Pierre et encore simple
clerc bien que tonsuré en 1552, pourvu par l'évêque, le 20 décembre 1569, prit
possession le 25.
1578-1586. R. Jean Le Coz, résigna en
faveur du suivant et devint recteur de Camors.
1591. Jean Le
Ny, décédé dans le mois d'octobre.
1591-1597. Jacques
Auffret, prêtre et originaire de cette paroisse, pourvu une première fois par le
Nonce du Pape en France, le 13 décembre 1591, prit possession le 6 mars suivant,
ayant, dès le 9 février, obtenu en Cour de Rome des provisions nouvelles.
1597-1599. R. Guillaume Picault, pourvu par le Pape, résigna en
faveur du suivant.
1601-1619. Jean Le Gouarin, prêtre à
Vannes dès 1563.
1620-1621. Guillaume Le Ny. Si cette liste
des recteurs laisse à désirer, c'est que la collection des registres de l'ancien
état civil n'existe plus pour les années antérieures à 1671.
1627-1643. Jean Gouyon résigna pour permuter avec le suivant contre le
rectorat voisin de Saint-Tugdual.
1643-1647. Roland Riou,
recteur de Saint-Tugdual, pourvu par le Souverain Pontife.
1657.
Yves Poher, au sujet duquel on ne sait rien.
1668-1680.
Robert Freté, sur lequel tout renseignement fait pareillement défaut.
1680-1684. Guillaume Maignan, décédé, le 1er novembre 1684,
enterré, le 3, dans son église paroissiale.
1685-1705.
Claude Bruand, pourvu par l'Ordinaire, mourut dans le mois de juin.
1705-1715. Jean-François Blondeau, prêtre du diocèse, pourvu par l'évêque, le 18
juillet 1705, mourut en avril 1715.
1715-1733. Charles Le
Roch, prêtre aussi du diocèse, pourvu par l'Ordinaire, le 24 avril 1715, prit
possession le 15 mai. Décédé, à l'âge de 59 ans, le 3 octobre 1733, il fut
inhumé, le 5, dans le cimetière,
1733-1750. R. Jean-Louis
Perrault, également du diocèse, pourvu par l'évêque, le 27 octobre 1733, prit
possession le lendemain. Mort, à l'âge de 57 ans, le 11 mars 1742, il fut
enterré, le 12, dans le cimetière.
1742-1750. R.
Mathurin-François Pitot, originaire et prêtre de Saint-Patern, pourvu par
l'Ordinaire, le 8 juin 1742, prit possession le 12. Dès l'année précédente, il
avait gravement déplu à Mgr Fagon, qui ne lui eût assurément point conféré cette
paroisse ; mais, heureusement pour Pitot, ce prélat décédé venait d'avoir un
successeur qui prit à cœur d'offrir des compensations à ses victimes. Voici ce
qui s'était passé. Jérôme Guyardet jeune prêtre originaire de Pontscorff et
attaché aussi à la paroisse de Saint-Patern, avait embrassé avec ardeur les
opinions jansénistes. Pendant une grave maladie, dont mourut en 1741, il reçut
plusieurs fois la visite de son confrère Vincent-Toussaint Beurier qui, en vain,
tenta de le ramener de ses erreurs. Ce malheureux y ayant persévéré jusqu'à la
fin, quatre prêtres de la paroisse, Beurier, Pitot, Julien-Vincent Le Breton et
Jacques Hémon, n'assistèrent point à son enterrement. « Leur absence ayant
été remarquée, et l'évêque en étant informé, il engagea le curé de Saint-Patern
à célébrer un service pour le défunt, et le chargea d'ordonner aux quatre
ecclésiastiques d'y assister ; aucun d'eux n'y parut. Il n'en fallut pas
davantage pour irriter Mgr Fagon qui les condamna tous à passer trois mois au
séminaire » (Dom Lobineau. Les vies des Saints de Bretagne,
nouvelle éd. publiée par l'abbé Tresvaux, t. V, page 455). Après avoir
administré Priziac pendant huit années, Pitot résigna ce bénéfice entre les
mains de l'Ordinaire, au mois de juin 1750, et devint, peu de temps après,
recteur de Saint-Jean-Brévelay.
1750-1756. R. Pierre-Benoît
Audouyn de Restinois, originaire d'Hennebont et licencié en théologie de la
Faculté de Paris, pourvu par l'évêque, le 19 juin 1750, prit possession le 5
juillet. Au mois de juin 1756, il résigna entre les mains de son collateur, pour
passer au rectorat de Plouhinec.
1756-1773. R. René Le
Diberder, né à Guern, pourvu par l'Ordinaire, le 30 juin 1756, prit possession
le 6 juillet. Tout en se réservant une pension annuelle de 500 livres sur les
gros fruits de ce bénéfice, il donna procuration, le 29 juin 1773, pour le
résigner entre les mains du Pape en faveur du suivant, qui était son neveu.
1773-1786. Guillaume Le Diberder, originaire de Melrand et curé
de son oncle ici, pourvu en Cour de Rome, le 26 juillet 1773, prit possession le
20 septembre. Décédé, à l'âge de 45 ans, le 25 mai 1786, il fut inhumé, le 26,
dans le cimetière.
1786-1790. Jean-Mathurin Hervo, prêtre du
diocèse et curé de Berné, vainqueur au concours du 3 août 1786, reçut de Rome
ses lettres de provisions datées du 30 du même mois, et prit possession le 30
octobre. Quand vinrent les jours mauvais pour l'église de France, il conserva
son bénéfice au prix du serment qu'il prêta, à plusieurs reprises une première
fois, en 1791, ensuite le 28 septembre 1792 et le 4 février 1793. J'ignore à
quelle date précise il quitta Priziac et ce qu'il devint pendant le reste de la
Révolution ; mais, au commencement de notre siècle, on le rencontre à Caudan,
d'abord, puis à Lanvaudan, en décembre 1804.
(Abbé Luco).
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