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LE CHATEAU DE LA ROCHE-PERIOU A PRIZIAC

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FONDATION

La Roche-Périou est située à l'extrémité sud-ouest de la paroisse de Priziac, au confluent de l'Ellé et du Pont-Rouge, dans une sorte de boucle ou de presqu'île formée par ces deux rivières. Le sol, en partant de chacun de ces cours d'eau, s'élève graduellement et finit par former deux chaînes de collines, qui se dirigent, l'une vers le nord le long de l'Ellé, l'autre vers l'est, le long du Pont-Rouge. Leur point de jonction est couronné d'un monticule qui a servi de base à un château du moyen âge.

Ville de Priziac (Bretagne).

Ce château a reçu le nom de la Roche-Périou ; la première partie de son nom vient du mamelon rocheux qui le porte, et la seconde, du nom du fondateur.

Qu'était ce Périou ? — C'était l'un des fils de Bénédic (ou Benedic), comte de Cornouailles, qui renonça à tous ses titres en 1021. Alain Canhiart, le fils aîné, recueillit le comté de Cornouailles ; Orscand, le second fils, devint évêque de Quimper ; Périou, le plus jeune des enfants, vint chercher fortune à l'extrémité du territoire, sur les bords de l'Ellé. Ayant remarqué la localité qui nous occupe, la force de sa position et la facilité de sa défense, il résolut d'y construire son château.

Le fondateur, vivant au XIème siècle, a dû suivre les usages de son temps, pour l'établissement de son donjon. Or, nous dit M. de Caumont, dont personne ne contestera la compétence, « les donjons assis sur des terres rapportées, ou sur des mamelons naturels, au XIème siècle, — ont presque toujours été en bois, — ce qui explique pourquoi on trouve souvent des emplacements de châteaux considérables, sur lesquels il n'existe plus aucun vestige de constructions ».

Toutefois quelques donjons étaient, par exception, construits en pierre ; on peut citer comme types ceux de Loches, de Beaugency-sur-Loire, de la Pommeraye, etc... La forme de ces donjons était constamment celle d'une tour carrée, soit régulière, soit allongée, avec des contreforts aux angles et aux côtés ; pas de tours rondes : celles-ci sont d'une date postérieure.

A la Roche-Périou, la tranchée faite dans la colline pour l'établissement de la voie ferrée, n'a rencontré aucune tour carrée en pierre. Il en faut donc conclure que le château primitif, bâti peu après l'an 1021, était en bois, suivant l'observation générale faite par M. de Caumont.

Outre le donjon, qui était la pièce principale du château, il y avait nécessairement des édifices accessoires, des granges, des écuries... ; il y avait probablement, du côté de l'est, un rempart en terre, surmonté d'une palissade en bois ; il y avait au nord et à l'ouest le cours de l'Elle, et au sud la rivière du Pont-Rouge, et il est à croire que ces cours d'eau étaient aussi garnis de palissades. L'enceinte du château était assez vaste pour donner asile, en cas d'alerte, à toute la population du voisinage.

Les châteaux en bois étaient d'une construction rapide et économique, mais ils avaient l'inconvénient de se détériorer assez vite dans un climat humide, et surtout ils couraient le danger de périr avec tout leur mobilier dans un incendie ; or les chances d'un incendie étaient nombreuses, si l'on tient compte des imprudences des habitants et des attaques des ennemis du dehors. C'est ainsi que la fameuse tapisserie de Bayeux nous représente le château de Dinan construit en bois, et des assaillants qui s'efforcent d'y mettre le feu au moyen de torches fixées à de longues perches.

Pour obvier à tous ces dangers, on revint au commencement du XIIIème siècle au vieux système romain, c'est-à-dire aux murs en maçonnerie et aux tours rondes. Nous en avons la preuve à la Roche-Périou. Les fouilles ont mis à jour quelques pierres de taille, provenant de portes ou de fenêtres en plein cintre. Or le style roman ou plein cintre a cessé chez nous dans la première moitié du XIIIème siècle ; par conséquent la construction dont on a retrouvé les débris n'est pas postérieure à cette époque. — D'un autre côté, l'édifice dont on a retrouvé les fondements était une tour ronde, et M. de Caumont montre, par son texte et par ses dessins, que les tours rondes, imitées des Romains, ont été ressuscitées au XIIIème siècle. De toutes ces circonstances, il résulte que le donjon remis au jour à la Roche-Périou est du commencement du XIIIème siècle.

Ce château a pu être l'oeuvre de la famille de Beaumer, qui portait : d'argent au chef de sable. Les Beaumer possédaient, dès le XIVème siècle, non seulement la Roche-Périou, mais encore Guémené-Guégant, par suite du mariage de Robert de Beaumer en 1251 avec Mathilde de Rohan-Guémené. En 1280, Ranoulf de Beaumer, chanoine et trésorier de Reims, écrivit au duc de Bretagne, Jean Ier, pour lui notifier qu'en sa qualité d'aîné, il avait cédé les fiefs de la Roche-Périou et de Guémené, avec toutes leurs dépendances, à son frère puisé, Thomas de Beaumer, et qu'il le priait de recevoir son hommage pour toutes ces terres. (La Borderie, Recueil, p. 229).

Lorsque s'ouvrit la guerre de Succession en 1341, ces domaines appartenaient toujours aux Beaumer. La Roche-Périou a même joué un rôle clans la lutte. En 1342, Gautier de Mauny, partisan de Jean de Montfort, sortit d'Hennebont avec une petite troupe, pour battre la campagne. En passant près de la Roche-Périou, qui tenait peur Charles de Blois, il eut envie de l'attaquer. Gérard de Malin, qui était dans la place avec une petite garnison, se défendit avec courage. L'assaut fut vif et périlleux. Jean Le Bouteiller et Mathieu du Fresnay entre autres chevaliers y furent dangereusement blessés de coups de grosses pierres reçus à la tête, et il fallut les apporter au bas de la montagne et les coucher dans un pré, pendant que la lutte continuait. (Froissart).

Gérard de Malin avait un frère du nom de René, qui était capitaine du Faouët, également pour le compte de Charles de Blois. René, ayant appris le danger où était son frère, partit du Faouët avec quarante hommes d'armes, pour lui porter secours. Il trouva dans le pré les deux chevaliers blessés et un certain nombre de valets. Il les fit tous prisonniers et, sans avoir été vu des assaillants, il les emmena vers le Faouët. A mi-chemin, il remit en liberté les valets, et quelques-uns de ceux-ci revinrent en toute hâte à la Roche-Périou, pour annoncer l'enlèvement des blessés. Aussitôt, Gautier de Mauny fit cesser l'attaque, pour courir après les ravisseurs. Mais il arriva trop tard ; les prisonniers étaient en cage, et le château était trop fort et trop bien gardé pour être enlevé d'un coup de main. Le lendemain, des renforts ; recrutés par le capitaine de la Roche-Périou, se mettaient en marche pour secourir le Faouët, et Mauny, craignant d'être enveloppé par des forces supérieures, reprit là route d'Hennebont.

Après la guerre, tout rentra dans l'ordre, et les Beaumer reprirent la jouissance exclusive de leurs châteaux de la Roche-Périou, de Guémené et de leurs dépendances. Cependant la famille seigneuriale était alors sur le point de s'éteindre : elle n'était plus représentée que par les deux filles de Thomas de Beaumer, à savoir : l'aînée, Jeanne, mariée à Jean de Longueval, et la cadette, mariée au sieur de Noyère.

Dans ces conditions, Jean Ier, vicomte de Rohan, désireux de rentrer en possession du domaine de Guémené, qui avait appartenu jadis à sa famille, proposa au seigneur et à la dame de Longueval de racheter ce fief et même celui de la Roche-Périou. La proposition fut acceptée, et le contrat fut passé devant la cour de Rennes, le mardi 26 mai 1377. Moyennant la somme de 3.400 livres, les vendeurs cédèrent au vicomte tous leurs droits sur les châteaux de Guémené et de la Roche-Périou, et tous les avantages qu'ils possédaient dans les paroisses de Priziac, Saint-Tugdual, Ploërdut, Langoëlan, Lescoët, Silfiac, Séglien, Locmalo, Persquen et Lignol. (D. Morice. Pr. II, 176).

Plan du château de la Roche-Périou à Priziac (Bretagne).

Le paiement se fit cinq jours après, et le reçu est ainsi libellé : « Sachent tous que je Jehan, sire de Longueval, ay aujourd'hui eu et receu de noble homme Monsieur le Vicomte de Rohan, par la main de Jehan du Feu, son procureur, la somme de trois mille et quatre cent francs d'or, en bon or de compte et de poys, pour cause de la vendicion des chasteaux et châstelainies et terrouers de Guémenet-Guingant et de la Roche-Perriou, o leur appartenances, les quelles chouses étoient le droit et le héritage de dame Jehanne de Beaumer, ma femme épouse, fille et principal heir de Monsieur Thomas de Beaumer ; et de la dite somme de trois mil quatre cent francs ay quitté et quitte le dit M. le Vicomte... Donné témoin mon scel, le darrein jour du moys de may l'an 1377 » (D. Morice. Pr. II. 178).

Le vicomte Jean de Rohan donna la seigneurie de Guémené, avec toutes ses dépendances, à son fils Charles, issu d'un second mariage. Celui-ci fit souche et transmit ses biens à ses descendants. La famille ayant fixé son séjour habituel au château de Guémené, il en résulta que la Roche-Périou fut négligée et tomba peu à peu en ruine. En 1575, c'est-à-dire deux siècles après l'acquisition, Louis VI de Rohan-Guémené, rendant aveu au roi, mentionne « l'emplacement de l'ancienne forteresse de la Roche-Périou ». — Ainsi, à cette époque, l'antique château était ruiné, et il ne restait que les fondements des murs. Ce n'est qu'en coupant l'extrémité de la montagne, pour l'établissement du chemin de fer départemental, qu'on a mis à nu la base d'une grosse tour ronde.

En déplaçant les terres, on a trouvé divers objets, et notamment de gros boulets de pierre, comme on en avait au XIVème siècle, un fer à cheval, une belle marmite en cuivre à pieds en bronze, un petit vase en terre, ayant la forme d'un barillet, avec un goulot et deux anses sur le côté.

Jh.-M. Le Mené.

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