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Découverte d'une antique « image ». Voyage de Jeanne Courtel à Saint-Brieuc.

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Pour prouver l'origine surnaturelle de la « Dévotion » les auteurs de la pétition de 1790 rappellent qu'il y eut plusieurs Apparitions de, la Sainte Vierge faites à « Jeanne Courtel, fille Jean », en l'année 1652.

Mais ces apparitions n'eurent pas lieu le même jour et, lorsqu'ils marquent une date précise, ils ont en vue l'Apparition la plus importante, au cours de laquelle la Mère de Dieu parlant à Jeanne Courtel « lui déclara qu'elle voulait être honorée dans un endroit qu'elle lui désigna proche la fontaine Saint-Gal » et cette Apparition, véritable point de départ du Pèlerinage de N.-D. de Toute-Aide, les pétitionnaires la fixent au « vingtième jour d'août » de « an 1652 ».

C'était le mardi de la treizième semaine après la Pentecôte, en la fête de saint Bernard. Il est permis de penser que cette entrevue décisive eut pour théâtre un lieu très rapproché du village de Querrien [Note : D'après Guillotin de Corson, l'apparition aurait eu lieu à l'endroit où fut bâtie la chapelle]. La bergère filait sa quenouille en gardant ses moutons ; soudain la blanche apparition se montre à elle ; Jeanne tombe à genoux ; sa main gauche qui tire le chanvre s'arrête, sa main droite qui tient le fuseau vient se reposer sur la « cotte » de berlinge ; l'enfant a les yeux levés vers la céleste visiteuse.

L'extase commence, un saint « colloque » s'engage [Note : D'après un vieux tableau de la chapelle de Querrien]. La Vierge renouvelle son désir de posséder der un sanctuaire à Querrien.

« Monsieur le Recteur de la Prénessaye, ni les gens du village ne veulent prêter foi à mes discours. Aidez-moi, bonne Notre-Dame, à les convaincre », supplie la Voyante.

« Pour preuve que le message dont je te charge vient du ciel, on découvrira à quelques pas de la fontaine Saint-Gal, en l'endroit que l'on nomme la Mare (Guillotin de Corson), une « image » qui fut anciennement honorée en ce pays. C'est en ce lieu même qu'on me bâtira une église. Va et fais creuser le sol à la place indiquée ».

La bergère gagne en hâte le village et raconte l'entrevue.

A ses parents, à ses voisins, à tous les gens du lieu elle crie : « Venez près de la fontaine Saint-Gal ; venez et fouillez au lieu appelé la « Mare Saint-Gal » : une image sainte est là ».

Les habitants du village s'interrogent : Non qu'ils soient choqués par le mot « image » ; pour eux, ce terme désigne une statue ; à l'église Saint-Sauveur, il y a « l'image saint Paul, l'image saint Yves » et ces images sont des statues de bois ; ce qui les bouleverse, c'est la révélation étrange, inattendue, d'une statue enfouie dans la mare Saint-Gal.

Cependant, le visage de l'enfant est si rayonnant, son geste si persuasif, dans son discours perce un tel accent de supplication que les hommes se décident, se munissent de pioches et de bêches et la suivent. Un couplet de l'ancienne complainte [Note : Selon les deux Messieurs Viémont, et la tradition] rapporte que les travailleurs bénévoles furent encouragés par l'Apparition elle-même : Ils « aperçurent une Dame en blanc, c'est chose véritable ». Parvenue près de la fontaine, Jeanne explore le terrain du regard et guidée par la Vision, ou reconnaissant l'endroit exact à un signe donné par la Vierge, elle plante sa houlette dans le sol et dit : « C'est là ».

Le travail commence ; bientôt sous le choc de son outil, un des habitants perçoit le « réson » d'une pièce de bois : on creuse avec précaution, bientôt, l'on met à jour, l'on retire de terre, c'est-à-dire de la Mare Saint-Gal « une image ni mouillée ni salie », dit la tradition ; une petite statue de bois.

Le 15 septembre suivant, un habitant du village vient déclarer que sa femme a vu le 10 « comme trois flammes de feu entre son jardin et la fontaine, au lieu où il se trouva une petite image de la Vierge », et la complainte dira : « Ils n'ont pas voulu croire l'enfant — se sont transportés sur le champ. — A la même place ils ont trouvé une tant (fort) belle image ».

Malgré les détériorations subies, la statue avait conservé assez de sa forme première pour que l'on reconnût sans peine l'image de la Vierge Mère tenant l'Enfant-Dieu dans ses bras.

La première, Jeanne se précipite à genoux et baise le bois vénérable ; heureux d'un résultat qu'ils n'osaient espérer, ses compatriotes imitent le geste puis se disent : « Un trésor précieux nous est confié ; qu'allons-nous faire de cette image ? ». Avec respect, ils l'emportent dans une maison.

Devant elle, ils viendront désormais « soir et matin » faire, leurs prières « pour implorer le doux Jésus et sa très digne Mère ».

Les habitants de Querrien ne seront pas longtemps seuls ; selon la prédiction de la Visiteuse, des « peuples divinement inspirés », comme 27 ans plus tôt à Sainte-Anne d'Auray, accourent de toutes parts, se pressent, recueillis et fervents.

C'est du 20 août 1652 que date le pèlerinage de Querrien ; à Auray aussi, il commença à la découverte de la statue de sainte Anne.

Le jour même ou le lendemain de bonne heure, Jeanne, accompagnée de quelques voisins, témoins du prodige, se rend au bourg afin de faire connaître les faits nouveaux au pasteur et insiste sur le message dont la Vierge l'a chargée.

Le recteur écoute avec intérêt le récit circonstancié de la découverte, mais ne se prononce point sur la nature des Apparitions, c'est à l'évêque à décider, et il ne promet point de faire des démarches en vue de la construction d'une chapelle ; il se retranche derrière les lois de l'Eglise : « Ne seront publiés par les recteurs, curés et autres prestres ou Prédicateurs aucuns nouveaux miracles, si premièrement nous ne sommes informés du faict et n'en avons donné permission », disent les statuts synodaux de Saint-Brieuc publiés en 1624 [Note : Statuts synodaux de Saint-Brieuc de 1624. Bibl. ville de Saint-Brieuc]. « D'autant que plusieurs s'ingèrent contre les saints canons de faire bastir chapelles, réédifier les démolies qui nestoient ny sacrées ny dottées, construire autels ès Eglises sans nostre congé : déclarons à tous ceux qui à l'advenir attenteront pareille chose qu'outre le péché qu'ils commettront de contrevenir aux lois ecclésiastiques, ils n'obtiendront jamais de nous pouvoir de faire célébrer ès lieux qui ainsi auront esté édifiés ».

Pour la Vierge, la partie n'est pas perdue : Elle apparaît encore à la bergère, répète ce qu'Elle a dit plusieurs fois, et ajoute : « Puisque le recteur ne veut pas s'occuper de l'affaire, va trouver l'évêque du diocèse ; lui prendra le message dont je te charge en considération et fera le nécessaire. » — Sans nul doute, l'enfant se récrie : « Aller trouver l'évêque, Sainte Vierge, que me demandez-vous ? ». Mais l'Apparition rassure la voyante et Jeanne promet ; bien entendu, elle ne peut voyager seule.

Un homme semblait tout désigné pour l'accompagner, le trésorier de l'église Saint-Sauveur, Julien Viaux, époux Yvonne Cadro, du village même de Querrien. Par crainte, croyons-nous, de déplaire au recteur il n'y consentit pas ; deux hommes du quartier s'offrirent : Michel Dolo et Pierre Malard.

Michel Dolo habitant le village de Doulcan, âgé de 49 ans, de son union avec Péronelle Penhart eut plusieurs enfants dont une fille et quatre garçons ; pour son fils Jean, qui sera baptisé le 12 janvier 1653, il voudra comme parrain Julien Viaux, premier trésorier, pour marraine la confidente de la Vierge ; il deviendra trésorier de Querrien, et mourra à l'âge de 95 ans ; son corps sera inhumé en l'église Saint-Sauveur le 24 juillet 1698.

Pierre Malard, probablement natif de Querrien, y habitait depuis nombre d'années ; fils de Pierre Malard et de Gillette Courtel, il rendait aveu, avec sa mère devenue veuve et plusieurs autres, à la seigneurie de la Chèze pour une maison et des terres sises au lieu de Querrien, le 16 mai 1639 ; le 27 janvier 1640, il épousait Françoise Cadro en l'église de la Prénessaye ; de ce mariage naquirent plusieurs enfants dont l'une, Perrine, vint au monde la même année que Jeanne Courtel, 27 décembre 1641.

Quelques mois après les événements merveilleux, le ciel lui donnera encore une fille à qui il ne manquera pas d'imposer le nom de la messagère de Marie, 23 novembre 1652.

Le voyage eut lieu, croyons-nous, l'un des premiers jours de la semaine du 25 au 31 août 1652.

Pendant que se déroulaient les principales Apparitions, l'évêque se trouvait dans la région moncontouraise ; à Moncontour même, il visait les registres de Quessoy le mercredi 21 août, lendemain de la découverte de la statue de la Vierge ; ceux de Trédaniel et de Hénon le jeudi 22 et ceux de la paroisse Notre-Dame et Saint-Mathurin le vendredi 23. Par un prêtre de la Prénessaye au courant des visites épiscopales ou par un émissaire envoyé vers le prélat afin de solliciter une audience, Michel Dolo et Pierre Malard connurent le jour où ils pourraient à coup sûr, lui présenter la Voyante.

Mgr Denis de la Barde (1642-1675), esprit ferme, ennemi des nouveautés dangereuses et desséchantes, mais ouvert aux solides dévotions, se faisait remarquer par sa dévotion envers la Sainte Vierge.

Quand il parlait de la Mère de Dieu, il disait : « Ma chère dame et maytresse » [Note : Testament Denis de la Barde. Ev. de Bret., t. 1, p. 405].

Il autorisa (août 1650) et encouragea les Dominicains du couvent de Dinan à établir des confrairies du Rosaire dans son diocèse (Archives paroissiales de Plumieux).

Au retable de l'autel majeur de son grand séminaire, il voudra, dominant les figures de saint François de Sales, un de ses saints préférés, et de saint Denis, son patron, la « figure en titre de la Sainte Vierge », c'est-à-dire en qualité de titulaire.

Dans son testament, il demandera qu'on célèbre pendant une année entière une messe quotidienne pour le repos de son âme « à l'autel de Notre-Dame de la Cherche » en l'église cathédrale de Saint-Brieuc ; c'est en face de cet autel que le Chapitre, connaissant son amour pour la Vierge, le fera inhumer.

Tel est le prélat auquel Michel Dolo et Pierre Malard présentèrent la voyante de Querrien dans le palais épiscopal situé à quelques pas et au sud-est de la cathédrale.

Dans le jugement qu'il va porter, Denis de la Barde devra apporter une grande circonspection : les ennemis protestants et jansénistes, aux aguets, ne manqueront pas d'attaquer sa décision si elle n'est étayée de preuves solides et de faits authentiques. L'année précédente, 1651, le Théologal du Chapitre, Noulleau, n'a-t-il pas publié un pamphlet contre son évêque ?

Mgr de la Barde fit un accueil bienveillant mais réservé ; après avoir entendu de la bouche de Jeanne Courtel le récit des Apparitions, il l'interrogea, puis la fit questionner par des membres de sa famille épiscopale.

Pareillement il interrogea et fit interroger ses compagnons, puis il renvoya ses humbles mais intéressants visiteurs sans avoir dévoilé sa pensée.

Pendant que Jeanne et ses guides bénévoles reprennent le chemin de leur lointaine paroisse, Mgr de la Barde tient un conseil, y appelle les meilleurs théologiens de sa ville épiscopale : l'avis fut qu'on devait poursuivre l'affaire.

(Abbé Le Texier).

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