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Organisation provisoire du Pèlerinage. - Le vocable de "Toute-Aide" - La chapelle définitive.

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Les pèlerins ne cessant d'affluer, il fallait songer à établir un service régulier ; le pasteur de la Prénessaye assuma cette tâche difficile, car il n'y avait qu'un prêtre habitué dans la paroisse et le concours de plusieurs ecclésiastiques s'imposait.

Le Recteur s'adresse d'abord à Missire Jean Audrain qui fait du ministère à la Prénessaye depuis le mois d'août 1651. Fils de Me Laurent Audrain et d'Olive Jounino, né au bourg de Saint-Sauveur-le-Haut le 28 décembre 1626, il appartient à la bourgeoisie locale : plusieurs membres de sa famille sont maîtres, c'est-à-dire : notaires, procureurs, etc... Elevé dans le site merveilleux où il avait vu le jour, promu au sacerdoce en juin 1651, croyons-nous, il revint à Saint-Sauveur et logea chez ses père et mère ; dans le même bourg, sinon dans la même maison, habitaient : Me Pierre Audrain, son frère, Jeanne Audrain, sa sœur, mariée à Me Jean Le Corgne, et « honorable fille » Julienne Audrain, son autre sœur, qui épousa un Plesse et fut mère de Me Jean Plesse. — Intelligent et actif, Jean Audrain jouera un rôle très important dans l'établissement de la Dévotion ; la Vierge avait demandé à Dieu pour son service particulier ce prêtre de talent, car, ordonné depuis un an, on ne l'avait affecté à aucun poste.

Le recteur présenta Missire Jean Audrain à Mgr de la Barde qui le nomma, sur le champ, « sacriste » de Notre-Dame ; quatre ans plus tard, l'évêque se félicitera d'un aussi heureux choix, louera hautement le jeune ecclésiastique pour la manière dont il aura rempli ses fonctions, le nommera premier chapelain du Pèlerinage et lui continuera la charge de « sacriste ».

Il devait célébrer la messe à jour et heures fixes dans la chapelle en planches ; il était tenu d'entendre en confession les pèlerins qui se présentaient au saint tribunal, de prêcher et catéchiser les fidèles. En tant que « sacriste », il avait charge d'acheter, conserver et entretenir les ornements, de fournir et faire blanchir le linge d'autel, de recueillir les honoraires de messes, de les inscrire sur un registre particulier, de faire célébrer les messes demandées, de procurer du pain et du vin pour le saisi sacrifice, etc...

Missire Jean ne pouvait subvenir seul aux besoins des pèlerins, c'est pourquoi le recteur de la Prénessaye, après entente avec Mgr de la Barde, lui adjoignit des chapelains auxiliaires ; avec l'agrément de Missire Guy Bidard, recteur de Loudéac, deux prêtres habitués de cette dernière paroisse vinrent prêter main-forte.

Le premier, Yves Rouxel, né vers 1618, prêtre depuis plusieurs années, est chapelain d'octobre 1652 à mi-novembre 1654, puis fait du ministère à Loudéac dans la partie avoisinant la forêt ; en 1656, il devient « curé » de la trève de Saint-Barnabé et meurt à Loudéac le 2 février 1698.

Le second, Pierre Portier, paraît pour la première fois le 8 novembre 1652 ; il semble avoir séjourné au bourg de la Prénessaye. Au cours de l'année 1654, il revient à Loudéac.

La paroisse de Cadélac fournit aussi un auxiliaire : Missire Julien Guillaumel ; né vers 1625 à Cadélac, diacre en mai 1649, prêtre à la fin de l'année, il prit du service à Querrien à l'automne 1652, s'y trouvait encore en mai 1653 et peut-être y demeura jusqu'en septembre. En octobre et novembre 1652, nous voyons paraître trois prêtres de Loudéac : Missires Jean Guerné, François Fraval et Vincent Gaultier, mais ils ne semblent pas avoir rempli de fonctions régulières.

Plusieurs de ces ecclésiastiques mirent par écrit les déclarations des miraculés, d'autres signèrent des procès-verbaux en qualité de témoins de miracles accomplis sous leurs yeux, d'autres, comme témoins de dépositions des personnes favorisées de guérisons ou d'améliorations sensibles.

En effet, la Vierge continuait d'opérer des merveilles ; elle étendait sa puissance bien au delà de la colline : Un vœu fait par des malades ou par quelqu'un des leurs suffisait à ramener la santé.

Aussitôt guéris, les miraculés se mettaient en route pour Querrien pour témoigner leur reconnaissance.

Par une condescendance maternelle, la Vierge voulut souvent associer saint Gal aux miracles qu'elle opérait et aux hommages que les fidèles lui adressaient ; plusieurs personnes furent guéries à la fontaine Saint-Gal.

Les miraculés que signale Olivier Audrain et N. en omet « plus de vingt » sont de diverses paroisses, les unes proches, les autres relativement éloignées : Plémet, Plouguenast, Loudéac, La Ferrière, Plessala, Quessoy, Lamballe, Noyal-Lamballe, Cadélac, Saint-Barnabé, Uzel, Hémonstoir, Saint-Gonéry, Cléguérec, Saint-Gérand et Melrand.

Comment les faits merveilleux étaient-ils venus à la connaissance des fidèles des diocèses de Cornouailles (Hémonstoir, Cléguérec) et de Vannes (St-Gérand, Saint-Gonéry, Melrand) ?

Depuis le, Moyen-Age, les pèlerins de Pontivy et au delà venaient nombreux au pardon de Saint-Lubin, en Plémet, l'après-midi du 7 septembre et les deux premiers dimanches du même mois.

Comme à Saint-Mathurin de Moncontour, l'affluence des pèlerins bas-bretons, était telle que le clergé de Plémet faisait appel à un ecclésiastique expert en langue bretonne pour haranguer la foule.

Probablement dès 1652, les pèlerins de la région pontyvienne prirent l'habitude, qu'ils ont conservée jusqu'à nos jours, de visiter Querrien avant de regagner leurs paroisses et il est possible qu'on ait expliqué en langue bretonne aux pèlerins de Cornouailles et de Vannes les événements merveilleux, afin d'éclairer et d'augmenter leur dévotion à Notre-Dame et saint Gal.

Il est même permis de penser que le pardon de Notre-Dame de Toute-Aide prit rang parmi les pardons bas-bretons avec Saint-Mathurin de Moncontour, Saint-Lubin et Notre-Dame du Roncier.

Quelque poète populaire composa-t-il un kanenn ou cantique en sa langue maternelle ? Nous ne savons, mais pour les habitants du pays Gallo une complainte en langue française fut rimée, à l'imitation du long cantique composé en 1626, imprimé en 1628 qui publia par toute la Basse-Bretagne la découverte de la statue de Keranna (1625). Au dire des vieillards qui l'ont entendue, elle était fort longue et redisait en détail les origines de la « Dévotion à Notre-Dame de Toute-Aide ». Chaque couplet formait un sizain de quatre vers de huit pieds et deux vers de six pieds. Nous n'en possédons guère que des fragments.

D'après le « Mémoire » de Missire Ol. Audrain qui s'arrête au mois de mai 1653, parmi les miraculés, on vit des enfants, des adolescents, des hommes mûrs, des vieillards, certains à l'agonie, Marguerite Bidan, de Quessoy, Jean Chupeau, d'Uzel. Toutes les sortes de maladies furent guéries : paralysie grave (celle de Françoise Goujon datait de 26 ans), fièvre maligne, c'est-à-dire paludisme, souvent mortelle avant la découverte de la quinine ; surdité et mutité ; ataxie locomotrice ; aposthume, etc. Une Aboyeuse fut guérie de façon instantanée et durable, le cas est intéressant parce que antérieur aux guérisons obtenues à Notre-Dame du Roncier, de Josselin qui ne remontent qu'à 1728.

« Du huictiesme de novembre 1652, Olivier Clan et Julienne Soudaguet, sa mère, demeurant dans la ville de Loudéac, nous ont attesté que ladite Julienne Soudaguet avait esté affligée d'un certain mal en sorte qu'elle abboioit tous les jours comme un chien, spéciallement dans l'église, et, mesme durant la nuict, ne pouvoit reposer ; dans laquelle affliction elle a été détenue l'espace de vingt et sept ans. Lesquels estant venus en pellerinage en l'église Nostre-Dame et Saint-Gal de Querrien, dès le treiziesme d'octobre, ladite Soudaguet et sondit fils nous ont asseuré que, depuis ledit temps du premier voyage, elle fut guérie entièrement sans jamais avoir eu cet accident, ce qu'ilz ont tous deux attesté en présence des personnes soubsignants et premier : Missire Portier de la mesure ville de Loudéac et Missire Yves Rouxel et Vincent Gaultier aussy de la mesme paroësse et plusieurs autres... Audrain, sacriste de ladre église. Ainsi signé dans ledit mémoire me mis en main par ledit Audrain : Pierre Portier, Yves Rouxel, Jean Pellion, V. Gaultier et Jan Audrain, prêtre. Olivier Audrain ».

La constatation de cette puissance universelle de guérison fit dire : « Elle est Toute Aide à tout appel ; nommons-là : N.-D. de Toute-Aide ».

C'est dans la relation d'un miracle accompli par la Vierge en faveur de Vincente André, de Melrand, diocèse de Vannes, que nous voyons pour la première fois le vocable N.-D. de Toutes Aydes. Le procès-verbal en fut rédigé le 8 mai 1653 par un notaire du duché de Rohan, chez Julien Viaux, trésorier de la chapelle, et transcrit, mot pour mot, par Missire Ol. Audrain dans son « Mémoire ».

Jusque-là, Missire Ol. Audrain et Missire Jean Audrain, sacriste, Me Dumontouer, notaire, Missire Y. Rouxel, emploient la formule « N.-D. et saint Gal de Quérien, ou N.-D. de Querrien, ou Notre-Dame qui se prie à Querrien, N.-D. et saint Gal qui se prient à Querrien ».

D'où vient que le titre N.-D. de Toute-Aide a prévalu ?

L'évêque en bénissant la première pierre, Missire Maury Tavel en bénissant l'oratoire en planches, Missire Ol. Audrain en posant la première pierre dans les fondations, durent, le rituel l'exige, prononcer le nom du titulaire. Quel vocable employèrent-ils ?

Missire Ol. Audrain transcrit une pièce du 8 mai 1653 où le titre de N.-D. de Toutes Aydes est inséré ; le 13 août 1654, il signe un acte officiel où le même vocable est employé par Me Muguet, notaire à Loudéac.

Jusqu'au 4 août 1656, dans les comptes des trésoriers qu'il établit lui-même, le recteur se sert de la formule : N.-D. et saint Gal de Querrien. Cependant dans le procès-verbal de la bénédiction de la cloche de la chapelle, le 25 mars 1656, il écrit : « N.-D. de Toute Aide et saint Gal de Querrien », mais sur la fin, il reprend le vocable favori : « N.-D. et saint Gal de Querrien ». Il écrira : « N.-D. de Toutes Aydes », en 1659, lors du mariage de Bertrand Collet.

Pour les hommes de loi, le vocable officiel semble avoir été, dès le début : N.-D. de Toutes Aydes.

D'autre part, Mgr de la Barde dit formellement dans une pièce datée du 9 août 1656, que la chapelle a été bâtie « en l'honneur de la Vierge sous le titre N.-D. de Toutes Aydes ». En 1663, le même prélat dira encore : « N.-D. de Toutes Aydes ». Plus tard, en 1688, Mgr de Coëtlogon, évêque de Saint-Brieuc, écrira : « Capella Beatæ Mariæ de Auxiliis, vulgo : de Toutes Aydes ». Le vrai titre est donc : N.-D. de Toutes Aides ou au singulier Toute Aide ; vraisemblablement il fut créé par Mgr de la Barde : très dévot à saint François de Sales, sacré dans la chapelle de la Visitation à Paris, il placera la « figure » de l'évêque de Genève dans le retable de l'autel principal de son séminaire.

Or en 1618, au couvent des Filles-Dieu à Paris, François de Sales bénit sous le titre « N.-D. de Toutes Aydes » une statue de la Vierge bientôt célèbre. Peut-être est-elle l'ancêtre de la nôtre.

(Abbé Le Texier).

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