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Le village de Querrien en la Prénessaye. — La fontaine Saint-Gal.

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Le voyageur qui se rend de Loudéac aux anciennes forges du Vaublanc, au sortir du champ de foire de Malabry, en La Prénessaye, aperçoit sur sa gauche une colline, surmontée d'un groupe de maison d'où émerge une chapelle au campanile heptagone, terminée à l'ouest par une forte tour granitique accostée de quatre clochetons : c'est Querrien, simple village en la commune de la Prénessaye, canton de La Chéze.

Querrien dont l'étymologie paraît être Ker-ian, village de Jean, remonte, selon toute apparence, au temps des émigrations bretonnes du Vème ou VIème siècle. Un peu plus peuplé que de nos jours il comptait en 1651-1652 seize ménages, soit quatre-vingts à cent habitants (Registres de la Prénessaye). Le chemin de Doulcan à Saint-Pôtan s'y croise avec celui de Loudéac à Saint-Sauveur-le-Haut, par la forêt.

Pour le fisc seigneurial, il comprenait six tenues principales : les deux tenues Cadro (grande et petite) les tenues Courtel, Dolo, Vrot et Connan-Regnault. Chacune divisée en plusieurs sous-tenues.

En plein centre du village, à l'endroit où se trouve la maison dite « le Presbytère » s'élevait une demeure avec étage.

Trois écussons — enchâssés plus tard dans les murs de la nouvelle bâtisse — qui dominent les linteaux des portes se lisant : d'argent au sautoir de gueules, indiquent une maison noble ; ses habitants, de la famille d'Estuer, portaient comme devise : « Nec adversa recuso », Contre fortune bon cœur. En 1650 trois enfants de Guillaume d'Estuer et de Marguerite Tubouc l'occupaient : Jeanne d'Estuer, âgée de 23 ans ; 2° Yvonne d'Estuer « la dame de Querrien », âgée de 18 à 20 ans ; 3° Julien d'Estuer, chef de nom et d'armes, 21 ans. Devant leur demeure, sur la bordure nord du chemin qui mène à Loudéac se voit une fontaine, et de l'autre côté une excavation où l'eau de la source s'unissait aux eaux de pluies pour former une mare qui n'asséchait jamais « la fontaine Saint-Gal, la mare Saint-Gal ».

Comment ce moine irlandais, disciple de saint Colomban, arriva-t-il à être tenu « en vénération et respect » par les habitants de Querrien ? Parce qu'il passa « par ledit village pour y prêcher et établir la Foi catholique et en chasser l'idolâtrie », parce qu'il fit « miraculeusement » jaillir la fontaine.

Telle est du moins la tradition immémoriale consignée par Messire Olivier Audrain :

Le recteur de la Prénessaye, chez les Bénédictins de Lantenac, copia de sa main dans le « Bréviaire - monastique » la vie latine de Saint Gal « le 20 décembre 1632, année au cours de laquelle furent jetés les fondements de l'église de la bienheureuse Marie et saint Gal de Querrien ».

Saint Gal serait venu vers l'an 600, aurait séjourné « quelques années à Langast (orthographié au XIIème s. Langaal, en 1330 Langâal, en 1432 Langal) qui se glorifie au XVIIème s. d'avoir pour fondateur le plus illustre disciple de saint Colomban, et l'honore encore comme Patron.

Dans la même paroisse un village se nomme Montrel (Montreil, monastère), une chapelle est dédiée à saint Gal, une fontaine et plusieurs pièces de terre portent son nom ; certains auteurs ne rapportent-ils pas que saint Colomban, moine irlandais (540-615), accompagné de douze disciples, dont saint Gal, visita la petite Bretagne, puis se rendit en France vers 580 [Note : Guillotin de Corson : Pouillé de Rennes ; Garaby : Vie des Saints de Bretagne ; Bruno Krusch : Sources hagiographiques].

Le fondateur de Luxeuil [Note : Saint Colomban, par Eug. Martin] revint avec la plupart de ses compagnons irlandais en 610, c'est alors que saint Gal, peut-être accompagné de saint Potan (ou Potentin) qui eut sa chapelle en La Motte, et de saint Luan (ou Eluan) qui se fixa à Saint-Guen, serait venu à Langast et à Querrien où il ne manqua pas d'édifier un sanctuaire, ni de le dédier à Marie dont il portait sur lui comme relique un fragment de vêtement [Note : Bollandistes] ; il y plaça une statue sculptée par lui-même et, après un assez court séjour, rejoignit son maître Colomban et s'en alla mourir à Saint-Gall (Suisse).

Au XVIIème siècle, on ne parlait plus de l'oratoire ni de la statue, il n'était plus question que de la mare Saint-Gal au lieu où fut l'oratoire primitif, surtout de la fontaine.

Sur le bord sud du chemin de la forêt se dressait un logis modeste dépendant de la Tenue Courtel située sur la gauche en venant de la Prénessaye, et à peine distant d'un jet de pierre de la fontaine Saint-Gal. Y vivaient les époux Jean Courtel et Jeanne Marquer, gens aisés par la jouissance de cette maison, de quelques pièces de terre, surtout grâce à leur travail constant et à leur économie.

Le 12 juillet 1650 Jean Courtel [Note : Archives Enaud, Loudéac] obtenait de la seigneurie de la Chèze, pour lui et son coïntéressé Thibault Jouno, le convertissement de domaine congéable en héritage roturier « d'un reste de tenue » au village de Querrien.

Lui et son épouse possédaient quelque terre dans le fief Tanguetz : les Etoubles du Mont ou du Nord (1 journal 1/2), trois « quantités » aux près de Lizaubran sur le chemin de Querrien à Saint-Sauveur et 6 ares 50 environ dans la lande de Rambault près Kerbréhand [Note : Série E, seigneurie du Tertre, travées, 301. Archives des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor)].

Jeanne Marquer avait un peu de bien venant de sa famille.

Le 12 juillet 1650, la seigneurie de la Chèze consentait un convertissement « à Yves, Jan, Janne et Guionne Marqué de maisons et jerdrains » situés au village de Querrien.

Ils vivaient au milieu de leur parenté ; très nombreux à Querrien et aux environs, les Courtel se distinguaient au moyen de surnoms. Deux frères de Jeanne étaient établis à Querrien : Jean Marquer, marié à Michelle Cadro, et Yves Marquer, époux de Jeanne Gillois.

Ils étaient mariés depuis dix ans, quinze ans peut-être, quand le ciel leur accorda une fille dont voici l'acte de baptême : « Janne, fille de Jan Courtel et de Janne Marquer, sa feme, fut baptisée en l'église de la Prénessaye par moy recteur soubsigné ; fut parrain : Louys Courtel et Janne Cadro la marraine. En présence de Louys Courtel, Janne Cadro et aultres. Le 12 du moys d'avril 1641. Olivier Audrain, Rr. ».

Hélas ! deux ans, quatre ans passèrent et l'ouïe de la petite ne s'ouvrait point, sa langue ne se déliait point : Jeanne était sourde et muette !

Au moyen de signes, Jeanne Marquer parvint à jeter quelques notions de religion dans son âme, elle lui fit exécuter des gestes religieux, joindre dévotement les mains, lever les yeux vers le ciel et sur des images saintes, incliner la tête ou ployer le genou devant le crucifix, faire le signe de la Croix, dérouler posément le chapelet dans ses doigts menus, etc...

Jeanne « avait bon entendement », aussi saisit-elle vite le sens profond de ces gestes, elle prit goût à ce genre d'oraison et son recueillement était si continuel qu'on dira : « Elle avait toujours dans son cœur ses dévotes prières ».

Toute jeune, elle désira vaquer aux soins du ménage, filer comme sa mère ; vers l'âge de neuf ans, ses parents lui confièrent la garde du troupeau.

Très humiliés de l'infirmité de leur fille, les parents gémissaient à la pensée qu'elle serait, après leur mort, vouée à la misère, peut-être au mépris ; confondant épreuve avec châtiment, ils se demandaient quel crime leur valait une si lourde punition ; ils ne pouvaient prévoir que leur fille deviendrait « l'honneur et la gloire » (Judith XV. 10) de sa petite patrie que, par la grâce de son infirmité « les œuvres de Dieu seraient manifestées en elle » (Joam IX. 3).

(Abbé Le Texier).

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