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Visite de l'évêque Denis de la Barde à Querrien.

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Convaincu de la sincérité de la petite Jeanne et de la loyauté de ses compagnons, fort de l'avis de ses conseillers, informé secrètement par le recteur qui ne pouvait se dérober à ce devoir de sa charge, du grand concours de pèlerins qui viennent journellement à Querrien prier devant la statue, des guérisons qui s'opèrent, l'évêque décide une enquête régulière et, par lettre signée de sa main, scellée du sceau de ses armes et contresignée par son secrétaire Brazé, nomme deux commissaires ou enquêteurs.

Comme premier commissaire, Mgr de la Barde choisit Missire Olivier Audrain : en sa qualité de notaire public de la cour romaine, le pasteur de la Prénessaye était tout désigné pour rédiger les procès-verbaux.

Le second fut Missire Maury Tavel, recteur de Plémet depuis 1639, un grand dévot de la Vierge.

Le « mandement » parvint aux recteurs de Plémet et de la Prénessaye du 25 au 31 août 1652, deux ou trois jours après l'entrevue de Jeanne Courtel et du prélat ; l'enquête eut lieu au début de la première semaine de septembre.

Déjà la statue miraculeuse n'était plus dans une maison particulière : le flot grossissant des pèlerins avait déterminé les gens du village à l'exposer sous un modeste abri de branchages, à l'endroit où elle avait été trouvée.

Après l'avoir examinée, les enquêteurs cherchent un local où ils pourront faire comparaître et interroger ceux dont ils veulent prendre la déposition par écrit ; les procès-verbaux auxquels Missire Ol. Audrain renvoie dans son « Mémoire » sont malheureusement perdus ; il serait pourtant intéressant de connaître dans leurs détails les déclarations de Jeanne, de ses parents et des nombreux témoins qui comparurent.

L'enquête terminée, l'un des commissaires, sans doute le Recteur de la Prénessaye, se rendit à Saint-Brieuc et remit à Mgr de la Barde les procès-verbaux dûment signés par les informateurs et par les témoins capables de manier la plume.

Pour Missires Audrain et Tavel il n'y a plus de doute : la Vierge s'est montrée à Jeanne Courtel ; une apparition nouvelle (aux premiers jours de septembre : du 1er au 5), peut-être pendant l'enquête, acheva de les convaincre.

Mgr de la Barde attendait le résultat avec une impatiente confiance : Après un examen approfondi des faits, sur l'avis de conseillers compétents, il décida de se rendre à Querrien et d'y prendre les mesures convenables.

En quittant Saint-Brieuc, Missire Ol. Audrain emportait un « monitoire » à publier dans les chaires de la Prénessaye et de Saint-Sauveur le dimanche suivant, 16 après la Pentecôte, qui cette année-là tombait le 8 septembre, jour de la fête de la Nativité de la Vierge, lequel deviendra la solennité de Notre-Dame de Toute-Aide ; l'évêque y annonçait sa venue et ordonnait aux témoins des faits de se présenter devant lui le mercredi 11 septembre, afin de renouveler et confirmer par serment les déclarations faites aux commissaires nommés par lui.

Pour le village de Querrien, pour la paroisse de la Prénessaye, pour la contrée, c'était un événement.

Pressé par le désir de contenter la Vierge, sollicité par la Voyante, par les fidèles dont les compagnons de Jeanne avaient été les porte-paroles, par le clergé de la Prénessaye qui s'est enfin rendu à l'éloquence des faits, pleinement convaincu de la réalité des Apparitions, l'évêque ne voulait pas retarder son enquête personnelle et attendre plus longtemps pour sanctionner de son autorité épiscopale la dévotion naissante.

Il revoit cette partie de son diocèse qu'il visitait peu de temps auparavant : il était en effet à Uzel le 22 juillet, le 23 à Plouguenast, à Cadélac le 24 à Loudéac et La Chèze le 25, à Plémet les 26 et 27, à Collinée le 29, à Moncontour les 21 22 et 23 août.

Mgr Denis de la Barde partit de Saint-Brieuc au plus tard dans la journée du mardi 10 septembre 1652, accompagné de son aumônier, d'un vicaire général official, du promoteur de la cour ecclésiastique, d'un secrétaire, de son neveu le baron de la Croix, fils de sa sœur Claude de la Barde, de François Bérard et de plusieurs valets ; le voyage se fit à cheval, les routes étant impraticables.

Vraisemblablement toute cette compagnie reçut l'hospitalité au château du Rochay, en Langast, paroisse qui a pour patron saint Gal, et qui lui a dédié une chapelle au village de Montrel. Le Rochay était habité par René II de Quengo, vicomte de Tonquédec, et par son frère, Sylvestre de Quengo, baron du Pontgamp, qui le lendemain firent escorte à l'évêque avec, « plusieurs personnes de mérite », dont Ecuyer Maurice Gourbay, sieur de Bel-Air. Quoique Langast fut une enclave du diocèse de Dol, son recteur, Missire Jean Gainche, originaire de Loudéac, accompagna Mgr de la Barde.

Sur la colline de Querrien, le prélat était attendu par une foule nombreuse, par le recteur de la Prénessaye et plusieurs ecclésiastiques.

Missire Ol. Audrain présenta les « personnes de qualité » ; un des gentilhommes de la Prénessaye, messire Sébastien de Coëtlogon, vicomte de Méjusseaume, pria l'évêque de se rendre au château de la Tronchaye à l'issue de l'enquête ; le prélat promit et commença son information personnelle vers dix heures du matin : il visita la statue miraculeuse placée sous un berceau de verdure devant laquelle de nombreux pèlerins priaient ; il examina la fontaine qu'avait fait sourdre saint Gal, dont l'eau guérit les malades et les infirmes ; il entra dans une maison pour interroger la Voyante, les témoins et les personnes qui avaient été favorisées de quelque grâce.

Les « procès-verbaux » rédigés par les commissaires, servirent de base aux interrogations épiscopales ; Jeanne Courtel fit montre d'une grande assurance : la présence des grands seigneurs de la région et des prêtres ne l'intimida point, quoiqu'en dise une certaine tradition.

Sous la foi du serment, les témoins confirmèrent leur première déposition : les miraculés déclarèrent qu'ils avaient été ou guéris radicalement ou grandement soulagés, comme ils l'affirmèrent devant Missires Audrain et Tavel ; d'autres, qui ont recouvré plus tard la santé, ajoutent leurs dépositions ; la conviction du Prélat est emportée : les faits ont une origine surnaturelle, Jeanne a dit vrai.

Mgr de la Barde recommande au Recteur de la Prénessaye de consigner par écrit toutes les faveurs qui seraient obtenues, demande à Julien Viaux « fabrique de l'église Saint-Sauveur » et Trésorier des offrandes à N.-D. de Querrien, de quelle somme il dispose pour l'ouvrage projeté, puis se rend à l'abri où devant l'« image » brûlent de nombreux cierges.

Ils se prosterne et longuement remercie Marie d'avoir daigné descendre en son diocèse, implore son aide pour l'œuvre qu'Elle-même désire. Puis se tournant vers la foule, il encourage les fidèles à venir à ce lieu sanctifié par une dévotion antique et de nouveau par les Apparitions : « La Mère de Dieu veut qu'on lui élève un sanctuaire en ce village : foi d'évêque ! nous bâtirons ici-même, une chapelle qui sera digne d'Elle et de nous ». Après un examen minutieux du terrain « désigné » par la Vierge il quitte, non sans regret, ce coin de terre sacré.

L'évêque et sa suite, les seigneurs du Rochay et du Pontgamp, les recteurs de Langast et de la Prénessaye suivent le vicomte de Méjusseaume au château de la Tronchaye.

Messire Sébastien de Coëtlogon, « capitaine de cavalerie dans le régiment nommé le Grand Maître..., lieutenant du roi au gouvernement de la ville de Rennes », venait d'épouser Michelle Le Liépvre, veuve de François de la Tronchaye, qui présenta à la bénédiction du prélat l'héritière de La Tronchaye, la petite Jeanne-Renée-Catherine, âgée de deux ans et demi, pendant que Sébastien de Coëtlogon et missire Audrain, faisaient choix d'un « granit » qui pût servir de « première pierre » ; car l'évêque a déclaré en cours de route qu'il la bénira le jour même.

Parmi les matériaux qui abondent aux environs du logis seigneurial, il ne fut pas difficile au vicomte de Méjusseaume et au recteur de découvrir un « granit » réunissant les conditions liturgiques exigées pour une « première pierre : quadratus et angularis », qu'un ouvrier « rafraîchit ».

Après le repas, tous se rendent à la chapelle du château.

Depuis bien longtemps, les seigneurs de la Tronchaye possédaient un sanctuaire domestique au levant de leur maison (Archives des Côtes-du-Nord ou Côtes-d'Armor, Série E. La Tronchaye). Un aveu du 8 juillet 1547 mentionne une chapelle qu'écuyer Jehan de la Tronchaye « a fait édifier de nouveau au dit lieu de la Tronchaye, fondée en l'honneur de Mgr saint Michel et de Madame sainte Suzaine » ; on y disait la messe les dimanche, mercredi et vendredi. C'est là que Mgr de la Barde « vêtu pontificalement » procéda à la bénédiction de la première pierre que l'on devait « mettre... audit lieu de Querrien, en l'endroit où la sainte Vierge avait manifesté voulloir être bastie une église en son honneur ».

La cérémonie terminée, le prélat donna « commission verbale d'appozer la dite pierre au dit recteur de la Prénessaye, en présence dudit recteur de Langast, du seigneur baron de la Croix, dudit comte du Méjusseaume et plusieurs autres personnes présentes lors en ladite chapelle » parmi lesquelles, Missire Noël Allot, chapelain de la Tronchaye.

(Abbé Le Texier).

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