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La « Belle Dame » révèle son nom et demande la construction d'un sanctuaire à Querrien.

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La « Belle Dame » revint visiter la bergère ; elle se montra même à diverses reprises.

Dans son « Mémoire », Missire Olivier Audrain affirme que la « Dame » apparut et parla « plusieurs fois » ; un document de 1790 écrit par un chapelain de Querrien, originaire du pays, héritier de la tradition et qui travaillait sur des textes anciens, mentionne « plusieurs apparitions ».

L'auteur de la première notice sur N.-D. de Toute-Aide nous a, en maintes circonstances, déclaré avoir tenu en mains une pièce manuscrite affirmant que les Apparitions furent au nombre de quinze. Nous n'avons point retrouvé ce document.

Le recteur Audrain laisse entendre que les « Apparitions » se succédèrent à intervalles rapprochés pendant la dernière quinzaine d'août et la première semaine de septembre 1652 ; le 5 septembre Julien Névo, de Plouguenast, voue son père à Notre-Dame de Querrien « de nouveau apparue ».

L'Apparition se montra à Jeanne dans les jours qui suivirent immédiatement le 15 août, c'est-à-dire les 16, 17 et 18 ; elle révéla son nom : « Je suis la Vierge Marie ».

Des « Colloques » s'établirent entre la Mère de Dieu et la pastourelle.

La Reine du ciel fit-elle des confidences concernant la bergère seule ? Nous ne savons ; mais elle fit connaître le but de ses visites : « J'ai choisi ce lieu pour y être honorée. Je veux qu'on m'édifie une chapelle au milieu de ce village » (Pétition de 1790).

La demande, très nettement affirmée par Olivier Audrain dans son « mémoire », qui se transforma, quelques jours plus tard, en un ordre formel, au dire du document de 1790, prouve qu'il y eut chez la voyante de l'étonnement, chez les habitants de Querrien, de la lenteur, peut-être même des résistances, chez le recteur de la Prénessaye une véritable fin de non recevoir.

« Je ne suis, répond ingénument la voyante, qu'une pauvre petite bergère ; j'ignore tout du monde et n'ai ni sou ni maille : en quoi pourrais-je vous être utile dans la construction d'une chapelle ? ».

La Vierge insista : « Va trouver le Recteur, prie-le de s'employer à m'édifier un sanctuaire à Querrien ».

A ses parents et aux gens de son village, l'enfant déclare : « C'est la Vierge Marie qui daigne m'apparaître. Elle demande qu'on lui construise une église ici même.

— Nous voudrions bien contenter Notre-Dame, répliquent les parents et les voisins ; mais bâtir une chapelle est au-dessus de nos forces. D'ailleurs l'autorité ecclésiastique nous laisserait-elle faire ?

La Vierge Marie m'a dit d'aller trouver le Recteur : conduisez-moi au bourg afin que je donne connaissance à Missire Olivier Audrain du message dont j'ai été chargée.

A lui et aux habitants de Querrien, dis, de ma part qu'ils commencent hardiment l'ouvrage : l'argent ne leur manquera point : des pèlerins viendront de tous côtés » [Note : Tradition locale].

Comme les gens ne se décident pas à mener Jeanne au bourg, l'Apparition revient à la charge, apparaissant en divers lieux que la tradition désigne : la lande de Querrien [Note : Depuis 1939, tin calvaire remplace sur cette lande l'humble croix de bois dite « Croix de la Fouée ». A son pied on allume le feu de joie le soir du grand Pardon] et le champ des Bosqueaux, au couchant du village ; les prés de Lizaubran et les champ des Etoubles, celui-ci situé au midi du chemin de Querrien à Saint-Sauveur.

Le passage du « Mémoire » de Messire Audrain où il est question des « Apparitions luy faictes (à Jeanne) colloques et paroles répétées et réitérées par plusieurs fois », montre que la « Belle Dame » poursuivait littéralement la voyante.

Enfin des voisins conduisent Jeanne au presbytère, probablement le dimanche 18 août au soir ou le lundi 19.

A Missire Olivier Audrain, Jeanne Courtel affirme avec assurance : « C'est la Vierge Marie, Mère de Dieu qui se montre à moi. Elle veut qu'en son honneur vous bâtissiez une chapelle et que vous organisiez un pèlerinage au village de Querrien ».

Cette déclaration à laquelle l'enfant ajoute sans doute quelques détails sur les dernières apparitions jette Messire Olivier dans un grand embarras. Il réussit à dissimuler son trouble et, après une courte invite à la prudence, à la temporisation, il congédie ses visiteurs. A la vérité, le pasteur de la Prénessaye reste fort perplexe : Une troisième église, c'est beaucoup ! ... Car la Prénessaye possède deux églises, et le service, malgré les améliorations apportées par Missire Audrain, demeure malaisé ; de plus la rivalité plusieurs fois séculaire, qui divise les paroissiens de la Prénessaye et ceux de Saint-Sauveur, qu'il s'efforce d'atténuer, complique la situation.

Pendant plusieurs siècles, la paroisse Saint-Sauveur avait été indépendante.

Limitée à l'est par le Lié, au nord et à l'ouest par la forêt de Loudéac, au midi par le grand chemin de Loudéac à Dinan et sur un point par le chemin du Tail, elle comptait environ 600 habitants (Archives paroissiales).

A une époque que nous ne croyons pas postérieure à 1350, les paroisses de Saint-Sauveur-le-Haut et de la Prénessaye furent réunies en une seule « propter fructuum parvitatem — à cause de la modicité de leur revenu respectif » et il n'y eut plus qu'un seul et même recteur.

Au milieu du XVème siècle, un différend s'éleva : les paroissiens de la Prénessaye voulaient réduire le service religieux à Saint-Sauveur. Le litige fut porté jusqu'à Rome où les habitants de Saint-Sauveur obtinrent gain de cause le 12 janvier 1462.

Après lecture de la sentence pontificale faite en l'église de la Prénessaye par un notaire apostolique, le 25 mars 1462, le Recteur de la Prénessaye « promit de célébrer la messe et les offices religieux dans les églises de Saint-Sauveur et de la Prénessaye, alternativeinent, comme cela s'était pratiqué « ab antiquo ».

En 1619, éclate un nouveau conflit suivi d'un concordat qui suffit à expliquer l'embarras dans lequel la demande d'une chapelle nouvelle jette le Recteur.

« Du 22 juillet 1619 à Saint-Brieuc [Note : Archives des Côtes-du-Nord, série 1, v. 7].

Articles accordés devant nous Mgr le Révérend Evesque de Saint-Brieuc, entre le Recteur et paroissiens de la Prénessaye et les paroissiens de Saint-Sauveur.

Le Recteur de la Prénessaye fera le service en l'église de la Prénessaye les dimanches de Pâques et de Pentecôte et néanmoins enverra en celle de Saint-Sauveur prêtre pour confesser et communier les habitants de Saint-Sauveur et leur célébrer la messe à basse voix chacun desdits jours.

Le dimanche de Quasimodo le service se fera en l'église Saint-Sauveur, l'autre dimanche en suivant en celle de la Prénessaye et de même le reste de l'année, alternativement, sauf le dimanche de Pentecôte qui demeurera comme ci-dessus.

Le service de la fête de la Toussaint de l'an courant sera fait en l'église Saint-Sauveur, et celui de Noël prochain en l'église de la Prénessaye et tout au contraire en l'an prochain subséquent auquel le service se fera le jour de la Toussaint à la Prénessaye et celui de Noël à Saint-Sauveur, ainsi d'an en an, changeant comme devant.

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Des services pour les défunts se feront avant ou après les messes dominicales et sans aucunement y préjudicier en sorte que les messes paroissiales soient célébrées et entretenus néanmoins les services des défunts.

Au regard des fêtes de saint Jean-Baptiste et de sainte Anne, en quelques jours qu'elles arrivent, elles seront célébrées selon l'ancienne usance, savoir : celle de saint Jean en l'église de la Prénessaye et de sainte Anne en l'église de Saint-Sauveur.

Ainsi signé en l'original : André Le Porc de la Porte, évesque de St-Brieuc, Bertrand de Boisadam, Jean Courtel, Thomas Moro à requéte de Cadoret (pour Cadro sans doute), Audrain, Boscher et G. Destuel et de nous secrétaire de mondit seigneur soussigné... secrétaire ».

La lutte recommence en 1620 puis en 1688 et en 1740, et, tour à tour, le Présidial et le Parlement de Rennes confirment le concordat de 1619.

Au cours des conflits qui précédèrent l'arrivée de Missire Ol. Audrain, Saint-Sauveur avait vu disparaître l'habitude de baptiser les enfants dans son église. C'est pourquoi Jeanne avait reçu le sacrement dans celle de la Prénessaye.

Bien qu'originaire du quàrtier de la Prénessaye et bien qu'il y eût presque toute sa parenté, Missire Ol. Audrain ne voulut rien tenter contre les habitants de Saint-Sauveur : il respecta le concordat dans son esprit et dans sa lettre, il améliora sensiblement le service religieux à l'église Saint-Sauveur, en établissant une messe matinale tous les dimanches et fêtes au moyen d'une chapellenie qu'il créa le 1er septembre 1648.

En résumé le Recteur devait entretenir et desservir deux églises, trouver et payer un vicaire pour Saint-Jean, un chapelain pour Saint-Sauveur ; célébrer la grand'messe, les enterrements, les services à chanter, les mariages, remplir plusieurs autres fonctions du ministère, tantôt dans une église et tantôt dans une autre : ceci excuse ses hésitations.

Peut-être pensait-il aussi que l'idée de construire une chapelle avait été suggérée à la naïve bergère par les habitants du village, alors que Querrien n'était qu'à une demi-lieue de Saint-Sauveur !

Enfin, il se demandait, sans doute, si le quartier de la Prénessaye verrait d'un bon œil un nouveau sanctuaire s'élever sur le territoire de Saint-Sauveur, si le bourg de Saint-Sauveur lui-même ne regarderait pas Querrien comme un rival ; d'ailleurs, on n'avait trouvé ni tombeau antique comme à Saint-Guen, ni statue vénérable comme à Sainte-Anne. ......

(Abbé Le Texier).

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