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Le dernier chapelain Yves Audrain de la chapelle Notre-Dame de Toute-Aide à La Prénessaye.

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Missire Yves Audrain naquit au village de Doulcan le 21 janvier 1757 ; son père, François, exerçait la profession de tisserand.

Ordonné prêtre vers 1782, il remplit les fonctions du saint ministère, sans titre, dans la paroisse de la Prénessaye, et résida dans sa maison de Doulcan.

Nommé à la chapellenie de Querrien peu de jours après la mort de Missire François Samson, nous le trouvons le 12 décembre 1788 assistant à l'inventaire des pièces relatives à la fondation et à la chapelle de N.-D. de Toute-Aide et recevant ces pièces de la main de Me Guillemot, greffier de la juridiction de la Chèze. Il signe : « Y. Audrain, chapelain de Querrien » (Arch. des C.-du-N., série B, n° 1.207).

Après bien des démarches, il obtint que les héritiers de son prédécesseur contribuassent aux réparations de la maison et des clôtures de la fondation pour la somme de 718 livres. C'était le 5 juillet 1790.

Le 16 novembre de l'année précédente, à cause peut-être des bruits qui couraient au sujet des biens ecclésiastiques, il avait, par devant Me Charpentier, notaire à Plémet, fait signer une « nouvelle reconnaissance » par les débiteurs des rentes affectées à la chapelle Notre-Dame. Ces rentes n'étaient plus que quatre, les autres ayant été affranchies pour l'entretien ou l'embellissement.

Missire Yves Audrain, très considéré, avait été élu procureur de la commune de la Prénessaye, au début de l'année 1790.

Il en profita pour la construction de la sacristie sud de la chapelle Notre-Dame qui porte le millésime de 1790 ; à la même époque, on plaça le maître-autel avec ses magnifiques statues et son intéressant rétable ; Missire Audrain voulait aussi que l'on terminât la tour.

A sa prière, « les officiers municipaux jointement avec les notables » de la Prénessaye adressèrent aux membres du Directoire du district de Loudéac, le 23 septembre 1790, copie de la délibération qu'ils avaient prise en « la sacristie de l'église paroissiale » le 19 septembre.

« Sçavoir : dans l'enceinte de cette paroisse, se trouve un ouvrage commencé en l'honneur de la Sainte Vierge, en la chapelle de Quérien, ouvrage qui consiste dans une tour presqu'achevée. Nous vous prions, MM., ne pouvant rien sur ce par nous-mêmes, en vertu des décrets de l'assemblée nationale, de faire parvenir notre présente supplique au département pour qu'il lui plaise nous octroyer son agrément pour continuer notre pieuse entreprise. Veuillez bien, MM., entrer dans nos vues et les prendre en considération... les officiers municiaux : J. Louesdon, maire, Y. Audrain, procureur de la commune, Math. Lefvre ».

Autorisation fut accordée, car on dira le 8 novembre 1792, que la tour est « nouvellement bâtie », remarquant toutefois que la porte définitive n'est pas encore placée.

Cependant, la Révolution avançait à pas de géants dans la confiscation.

Craignant que la fondation fût comprise dans les immeubles mis à la disposition de la nation par les décrets de juillet-octobre 1790 « les membres composant le Conseil général de la commune de la Prénessaye, ayant pris l'avis de tous les citoyens actifs de cette paroisse convoqués à cet effet » adressèrent le 28 novembre 1790, aux « membres composant le directoire du district et de Loudéac » une pétition respectueuse dans laquelle ils s'efforçaient de prouver que la fondation de Querrien ne pouvait être comprise sous l'étendue du terme générique de « biens ecclésiastiques » puisque les revenus de cette fondation ne provenaient pas de « charges publiques » mais que tout y avait été « volontaire, non seulement de la part des paroissiens, mais même des étrangers » (Arch. des C.-du-N., série 9, L. 1).

Cette pétition qui rappelle « l'origine et les progrès de la chapelle de Querrien » nous fait connaître aussi « les charges spirituelles » de la chapellenie ; le plus clair du traitement des chapelains provient de la fondation établie par Missire Jean Audrain et consolidée par ses successeurs ; le chapelain doit assurer une messe du matin tous les dimanches et fêtes, — et, en exécution de la fondation Perronnelle Le Picard, une messe le samedi de chaque semaine, — il doit faire le catéchisme aux enfants et administrer les sacrements aux malades « qui se trouvent dans l'arrondissement de cette chapelle », chanter la grand'messe toutes les fêtes de la Vierge, les lundis de Pâques, de la Pentecôte et le jour Saint-Joseph, faire la procession tous les premiers dimanches du mois. Aux offices célébrés à Querrien, il y a « grand concours de pèlerins même étrangers, particulièrement le 8e jour de septembre. Par succession de temps, les chapelains ont acquis des fonds provenant de la piété des fidèles, fonds qui ont été affectés aux honoraires des chapelains. ». La pétition resta sans effet : la « fondation » de Querrien fut considérée comme bien national ; un « priseur » de Loudéac, Joseph-Sébastien Guilmoto, en vint faire « l'estimation et évaluation ».

Il lui fallut quatre jours pour s'acquitter de la « commission » que lui avait confiée le Directoire de Loudéac (Arch. des C.-du-N., série Q, L. 1, c. 37) : Les 5, 6, 7 et 8 avril 1791, Guilmoto, aidé d'Etienne Moro, qui logeait en la maison des chapelains, parcourut et mesura à la « chaîne » les immeubles.

Pour la vente aux enchères trois lots furent constitués :

1er lot : La maison principale et une autre maison au levant de la première avec déports contenant sous fonds deux cordes un tiers, deux vergers joignant les déports des maisons ci-dessus : 52 cordes 1/2, deux jardins. 32 cordes 1/2, le pré de Lizambran : 36 cordes 1/2.

2ème lot : La petite et la grande Perrière et le grand Pré, ensemble 270 cordes.

3ème lot : Le champ Lucas, le Martel et la clôture Dolo : 309 cordes.

En une première mise aux enchères à Loudéac le 29 juillet 1791, pour chaque lot, on alluma quatre bougies sans un seul acquéreur.

Le 12 août, après avoir vendu les biens de la chapellenie de Saint-Julien des Courtillons, en Plémet, on procéda « à la réception des dernières enchères et à l'adjudication définitive » des immeubles composant la fondation de N.-D. de Toute-Aide.

Le premier lot fut adjugé à Jean-Baptiste Liénard, surgarde de la forêt de Loudéac, demeurant à Querrien, pour 1.155 livres.

Les deuxième et troisième furent acquis par François-Marie Morel, de Launay, pour la somme de 2.581 livres.

Les rentes dues par quelques particuliers, furent plus tard affectées à l'hôpital de Loudéac.

La fondation détruite, la chapelle continuerait-elle d'être desservie, et l'Etat qui s'était emparé les immeubles assurerait-il au chapelain de Notre-Dame un traitement ?

On l'avait cru : En réponse à la sommation par le directoire de Loudéac de rendre compte des 718 livres remises par les héritiers de Missire Samson, le prêtre Yves Audrain déclare qu'il ne reste que 74 livres 13 sols 8 deniers. Il ajoute « laquelle somme j'offre de payer à MM. les Administrateurs. du Directoire de Loudéac, autant en déduction de ce qui m'est dû pour mon traitement en qualité de chapelain ayant desservi la fondation de Querrien. A Querrien, le 24 août 1791 : Y. Audrain, prêtre chapelain de Querrien ».

En 1792, Missire Audrain a cessé d'être procureur de la commune, mais continue ses fonctions de chapelain jusqu'à l'automne. Le 20 août 1792, il rédige l'acte de décès de Missire Lefebvre, recteur de la Prénessaye, et signe : « Y. Audrain, prêtre desservant ». Le 30 août, il emploie la formule : « desservant et chapelain de Querrien » ce qui fait croire que la municipalité avait obtenu qu'il remplaçât le pasteur défunt.

Cependant l'Assemblée Nationale multipliait les mesures persécutrices : Le 18 août, elle interdit le port du costume ecclésiastique en dehors des fonctions cultuelles ; le 19, elle vote l'aliénation des biens de fabrique, le 10 septembre, elle ordonne l'expédition à la Monnaie des objets d'or et d'argent superflus possédés par les églises.

Le Directoire de Loudéac par lettre du 3 octobre 1792, demande que tous les prêtres soient mis dans l'alternative de jurer ou de s'exiler : Missire Yves Audrain refusa le serment, mais, protégé par la municipalité, put exercer les fonctions de chapelain et de recteur jusqu'au 26 octobre, date à laquelle il fit l'enterrement, à St-Sauveur, de Jean Dagorne du Breil de Querrien.

Le lendemain le curé constitutionnel commençait son ministère à la Prénessaye.

L'un des jours suivants Missire Audrain s'embarqua pour l'île de Jersey. Il n'y vécut que deux ans et mourut le 9 novembre 1795, âgé de 39 ans ; le lendemain, son corps fut inhumé dans le cimetière de la paroisse Saint-Hélier.

Quelques jours après l'installation du curé constitutionnel de la Prénessaye, le 7, puis le 8 novembre 1792, l'on vit arriver à Querrien « François-Marie Morel, commissaire nommé par le Directoire du district de Loudéac, pour faire l'inventaire des meubles, effets, ornements et vases sacrés des chapelles dans l'arrondissement du canton de Plémet, même pour les fermer et pateficher » (Arch. des C.-du-N., série Q).

Ce commissaire, qui acheta deux des lots de la fondation Notre-Dame et plusieurs pièces de terre apartenant à l'église de la Prénessaye, dit dans son procès-verbal : « Nous avons ouvert le tabernacle et nous y avons trouvé un saint ciboire d'argent dans lequel il y a une hostie ».

Le maire et deux officiers municipaux, ne voulant pas voir dépouiller le sanctuaire, prièrent l'agent « de laisser les ornements et autres effets de la chapelle de Querrien disant qu'il était impossible de mettre le tout à la mère-paroisse n'ayant pas de logement et que tout périssait dans la sacristie par l'humidité et qu'ils en répondraient ». — « Ils nous ont aussi représenté, écrit l'inventorieur, qu'il serait inutile de pateficher ladite chapelle vu qu'il y a une porte à la voûte du dehors de la tour nouvellement bâtie qui n'arrive qu'aux deux tiers de la voûte et qu'il serait facile d'entrer dans la chapelle avec une petite échelle, mais qu'ils s'engageaient à garder les clefs et n'y laisser entrer personne. Nous leur avons répondu que le Directoire verrait ce qu'il aurait à faire... ».

Mais, le 3 pluviose an II (23 janvier 1794) les administrateurs du district enjoignirent à la municipalité de « transporter de suite à Loudéac les effets d'or et d'argent, de cuivre, de fer, plomb et les ornements et linges servant à l'exercice du culte dans les églises et chapelles » de la commune. — « Vous ne conserverez qu'un calice, un ostensoir et un ciboire et les ornements et linges absolument indispensables pour le service ecclésiastique ; vous ne garderez aussi qu'une cloche dans votre commune et vous ferez conduire ici les autres sous le plus court délai ».

Les représentants de la Prénessaye ne mirent aucune hâte à dépouiller les sanctuaires ; ce ne fut que dix-sept jours plus tard qu'ils se soumirent : le 20 pluviose, 9 février 1794, une charrette conduisit à Loudéac les objets suivants : 14 chandeliers de cuivre, une lampe de cuivre, une cloche, un calice et sa « platine », un saint ciboire, les ornements et le linge de la chapelle.

Un ordre du Directoire vint-il mettre la municipalité en demeure de faire disparaître « les statues et autres figures » ? Une injonction plus brutale fut-elle adressée de conduire les statues à l'atelier de salpêtre de Loudéac comme cela eut lieu pour Langast ? Il est certain que la plupart de celles qui subsistent sont antérieures à la Révolution. D'après l'inventaire de novembre 1792, il existait une statue de la Mère de Dieu que l'on portait en procession car « dans une petite fermure à droite et jouxte l'autel du rosaire, il s'est trouvé une boëte dans laquelle se trouvent plusieurs ornements pour la statue de la Vierge lorsqu'on la porte en procession ». Est-elle le bois vénérable découvert au temps des Apparitions ?

Si la statue trouvée dans la mare fut portée à Saint-Brieuc pour y être travaillée [Note : Tradition locale], il serait inexplicable qu'elle ne fut pas revenue ; a-t-elle disparu pendant la tourmente révolutionnaire ? Aucun document ne l'indique ; même les très vieilles gens qui ont connu les contemporains de la Révolution (Marie-Françoise Le Tort, veuve Macé, née à Launay le 15 juin 1839, y décédée le 6 septembre 1934) (et plusieurs autres) affirment que la statue portée en procession fut toujours donnée pour la Vierge miraculeuse.

(Abbé Le Texier).

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