Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LA CHAPELLE DE KERINEC DE POULLAN-SUR-MER

  Retour page d'accueil       Retour page "Ville de Poullan-sur-Mer"  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Perdue en pleine campagne dans un fouillis de verdure, loin de toute route fréquentée, la chapelle Notre-Dame de Kérinec se trouve à environ trois kilomètres au sud du bourg de Poullan, à deux kilomètres nord-est de Confort. On a dit avec raison que l'isolement de ce monument contribue à sa beauté.

Pol de Courcy l'a visitée vers 1843, et il y voit une construction du XIIème siècle, en ajoutant qu'à cause de la similitude de l'ornementation il la croit des mêmes architectes que l'église de Pont-Croix (Revue Bretonne, 1844, p. 275) . C'est l'avis de M. le chanoine Abgrall qui déclare que « Kérinec est la fille préférée de Notre-Dame de Roscudon » (Architecture Bretonne, p. 26 ; Livre d'or des Eglises de Bretagne, p. 8) de M. le chanoine Peyron (Les Eglises et les Chapelles du diocèse de Quimper, p. 31) et de M. Chaussepied (Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, 1909, p. 63-67).

« Ce monument, écrit en 1909 M. Chaussepied se compose d'une nef et d'un chœur avec bas-côtés, transepts et chevet droit ; la façade occidentale est surmontée d'un élégant clocher du XVIème siècle. De nos jours a été construite une petite sacristie avec étage au sud du chœur.

Les différentes modifications apportées dans le cours des âges n'ont pas détruit le caractère essentiellement roman de Kérinec ; la plus grande partie de cet édifice date encore du XIIème siècle. Aux XIIIème et XIVème siècles on perça des portes dans le mur sud, on refit le chevet avec de grandes fenêtres ainsi que les transepts ; enfin on reconstruisit la façade ouest et l'on éleva le clocher.

Primitivement cet édifice dût se faire d'un seul jet, cependant les arcades de la nef sont ogivales ainsi que les piles et arcs de la croisée ; nous approchions alors de l'époque de transition, et le maître d'œuvre qui bâtit cette chapelle, dut subir l'influence des artistes du Moyen Age, qui commençaient alors à répandre leurs nouveaux principes de construction. La longueur totale, prise à l'intérieur, du fond des bas côtés au chevet du chœur, est de 25 m. 40, sa largeur, au bas de la nef, de 9 m. 60, au chevet, de 10 m. 30, et au travers des transepts, de 12 mètres. La partie centrale, qui a 3 m. 85 à l'abside, va se rétrécissant à partir de la croisée pour n'avoir plus que 3 m. 45 au-devant du clocher. Au dehors, en y comprenant les épaisseurs des murs, le monument atteint une longueur de 28 m. 10, sur une largeur moyenne de 11 m. 60. Le soubassement du clocher donne, à la partie milieu de la façade occidentale, une épaisseur de 4 mètres sous la voûte de la porte.

La nef et l'abside se composent de trois arcades reposant sur des piliers de colonnettes cantonnées comme à Pont-Croix, sauf les premières piles isolées dans le bas, qui forment une seule colonne. Ces piles reposent sur des bases circulaires ou à pans avec larges bancs de pierres, la plupart carrés. Les piliers de la croisée, beaucoup plus forts, composés de colonnes engagées, reçoivent les grands arcs et étaient destinés à supporter un clocher central. Cette partie devait également être voûtée en arcs d'ogive, car nous voyons l'amorce des arêtiers commencer au-dessus des chapiteaux. Des arcs de décharge renforcent ces cintres et leurs clefs de voûte sont ornées de têtes sculptées en ronde bosse. La nef et le chœur ne semblent pas avoir été voûtés, il devait exister primitivement à la place du lambris actuel, une charpente apparente formant plafond à poutres et poutrelles, comme cela se faisait dans les églises de ce temps. Du reste, les petites colonnettes au-dessus des arcades dans les bas côtés indiquent suffisamment ce mode de construction. Les deux premières travées ogivales de la nef ont leurs claveaux simplement chanfreinés, les autres sont moulurés ; ces arcs retombent en encorbellement directement sur des chapiteaux très évasés, garnis de feuillages et de têtes d'un assez beau caractère. Tous ces chapiteaux ainsi que les bases sont de dessins variés et d'une exécution parfaite. Les arcades du chœur sont cernées d'un tors qui, comme à Pont-Croix forme aussi colonnette et cordon au dessus.

Dans les murs latéraux existent encore quelques fenêtres romanes, dont nous donnons un détail : ce sont de petites ouvertures longues et étroites, terminées en plein cintre, largement évasées des deux côtés et ornées de colonnettes à chapiteaux sculptés à l'extérieur. Nous trouvons aussi au nord, une petite porte de cette époque, dont les chapiteaux sont remplacés par une sorte de bague moulurée.

Nous avons terminé la description des parties romanes de cet édifice, mais nous ne voudrions pas le quitter sans dire quelques mots des ouvrages qui y furent faits au Moyen Age et qui le complètent si heureusement. La façade occidentale très sobre, ne possède qu'une petite ouverture ; la porte centrale, encadrée de deux larges contreforts et cintrée en ogive, se compose d'un ébrasement de quatre rangs de redents chanfreinés, à chapiteaux et bases rudimentaires ; cette porte paraît dater des premières années du XIIIème siècle.

Le clocher qui surmonte cette façade est du commencement de la Renaissance ; il est accompagné au sud d'une élégante tourelle contenant l'escalier. Ce clocher comme tous ceux de la Cornouaille, se compose d'une plate-forme reposant sur une importante corniche et muni d'une belle balustrade ; d'un beffroi à jours, composé de pilettes légères que surmontent des frontons aigus flanqués de pinacles fleuronnés et d'une flèche élancée à huit pans et moulures d'arêtes ornées de crochets. La tourelle de l'escalier est d'abord octogonale avec angles garnis de colonnettes, puis devient circulaire, et est couronnée par une toiture conique en pierres appareillées.

On trouve dans ce clocher un mélange des styles des XVème siècle et XVIème siècles qui se marient très heureusement.

Des deux portes pratiquées sur la façade méridionale, l'une près du chœur, est la plus ancienne, probablement du XIIIème siècle ; l'autre du XVème siècle, plus riche et décorée de petits pilastres triangulaires, mais toutes deux très intéressantes. Deux énormes contreforts s'adossent au chevet du transept de ce côté, alors qu'au nord ces contreforts au nombre de quatre, ont gardé leurs dimensions ordinaires. Quelle serait la raison d'être de ces larges éperons ? Nous pensons qu'il y eut un travail de renforcement à cet endroit, probablement par suite d'un affaissement du sol ou des maçonneries, pour maintenir les poussées en vue surtout de la construction d'un clocher central.

Les fenêtres des transepts, mais surtout celles du chevet, sont du XIVème siècle, d'un très beau tracé et d'une mouluration fine et déliée ».

Voici maintenant ce que nous apprend sur notre chapelle la belle étude de M. Waquet, archiviste du Finistère : « Trois siècles surtout y ont laissé leurs empreintes respectives : le XIIIème siècle , le XVème siècle , le XVIIème siècle, mais il se trouve qu'à chacun d'eux se rapporte une part bien déterminée de la construction. Au XVIIème siècle appartient la tour posée sur le pignon de la façade occidentale, à la première moitié du XVème siècle l'enveloppe extérieure de l'église, au XIIIème les arcades de l'intérieur. Au XVIIème siècle, lorsqu'on reconstruisit la tour, la maçonnerie de la façade fut un peu remaniée, mais le portail, sans conteste, est ancien ». Les arcades du chœur, note le même auteur, sont en plein cintre ainsi qu'à Languidou et à Pont-Croix « néanmoins, comme dans les autres détails, le chœur offre les mêmes caractéristiques que la nef, on doit le dater aussi du XIIIème siècle, peut-être en lui donnant une antériorité de plusieurs années par rapport à la nef » (Vieilles pierres bretonnes, p. 82-88).

Nous ne savons presque rien sur les prééminences des familles nobles dans la chapelle de Kérinec.

En 1843, sur quelques verres échappés aux ravages du temps, M. Pol de Courcy remarqua des écussons d'azur au château d'or, armes des Tivarlen, seigneurs du dit lieu et de Guilguifin en Lantudec. Tivarlen se fondit dans Rosmadec au XVème siècle.

Le seigneur de Kerharo en Cléden Cap-Sizun, qui blasonnait de gueules au rencontre de cerf d'or avait aussi des droits honorifiques dans la chapelle (Histoire de la maison de Ploeuc, p. 425).

Deux cloches forment le carillon de Kérinec. La plus ancienne, porte l'inscription que voici :
Parrain M. Henri Savina
Marraine Françoise Nouy dame Dagorne
M. Onan Pellen Recteur de la paroisse de Poullan
Fondue par Briens Frères à Morlaix en 1828.

Voici ce que l'on lit sur l'autre cloche :
Fondue en 1847 aux frais de la fabrique de Poullan
et appartenant à la dite fabrique j'ai été nommée Marie-Ursule-Bernardine
Parrain M. Alexis-Joseph Olier
Marraine Madame de Lécluse née Kerdrech Bernardine
M. Herjean Recteur
M. Kerdrech Maire
M. Mathias Le Bris Trésorier
Viel Alphonse Fondeur à Brest.

Les registres de Poullan nous font connaître l'existence d'une ancienne cloche, baptisée en 1790. Voici le procès-verbal de la cérémonie : « Le 27 avril 1790 a été nommée la seconde cloche de Notre-Dame de Kérynec à laquelle on a donné le nom d'Anne-Rose. Parrain et marraine ont été messire : Jean-Anne-Corentin comte de Gourcuff seigneur de Kerdânet, Mescosquer, Kerynec, Tréota et autres lieux, fondateur de la dite chapelle et dame Rose Anne-Marie Geslin, marquise de Plœuc. La dite cloche a été bénite le 25 mars dernier par messire Allain de Pennanerch Recteur de Meilars en conséquence de permission de Monseigneur l'Evêque de Quimper ».

Signé : Geslin de Plœuc — Lapierre S. Trienin — Evenou de Quernisac — Duval — Chardon —Guernisac de Kerléan — Jeanne-Charlotte-MarieThérèse de Trolong du Rumain — Bruno Moëlian — Evenou de Kerfuluen — Guy-René-Marie de Gourcuff — Pélagie Euzenou de Gourcuff — Isidore Gourcuff — de Kerouallon — de Kerléan — de Guernisac — Raoulin ancien recteur — Pennanech recteur de Meylars — Le Bescond Recteur de Poullan.

Les vieilles statues en vénération dans la chapelle sont : Notre-Dame de Kérinec, un groupe de sainte Anne, Marie et Jésus, saint Sébastien, sainte Marguerite et son dragon.

Voici d'après les registres de Poullan les divers travaux exécutés à la chapelle.

Sous le rectorat de M. Coadal (1656-1657) fut décoré le lambris. Il était très beau, en fond bleu parsemé de tête d'anges, d'écussons, de fleurs de lys, d'étoiles d'or. Il en restait encore quelques vestiges en 1881. Cette peinture fut restaurée à la fin du XVIIème siècle.

René Le Bars étant recteur (1710-1728), on construisit le portail du cimetière et la sacristie, celle-ci de 1720 à 1724. Le chœur et le rétable de l'autel furent restaurés en 1744-1746. Deux cents livres furent dépensées pour dorer le retable et quinze cents livres pour payer les ouvriers.

La chapelle reçut encore une restauration en 1752. En 1774 la fabrique donna 107 livres 6 sols « aux couvreurs qui avaient travaillé pour les murs du cimetière et la couverture de l'église ».

De 1866 à 1869 M. Hameury, recteur, fit réparer la maîtresse-vitre et renouveler le pavé dans la partie supérieure de la chapelle. En 1869-1870 M. Rosec s'employa à faire débadigeonner l'édifice [Note : En 1476-1477 Bernard Le Bihan et Jehan Pape procureur de Saint-Mélaine de Morlaix firent blondir (crépir) l'église des Dominicains de Morlaix. A cette époque les églises étaient blanchies et peintes intérieurement et l'on pensait ainsi les embellir. C'était évidemment une erreur de goût], à renouveler la partie inférieure du pavé et tous les autels ; c'est lui qui fit acheter la statue récente de N.-D. de Kérinec qui se trouve dans la chapelle et celle de saint Joseph.

En 1701 deux pardons avaient lieu à Kérinec, l'un le 15 août en la fête de l'Assomption, l'autre à Noël. Au soir de la Toussaint on sonnait la cloche de la chapelle pour évoquer la mémoire des trépassés. Les offrandes à l'un des pardons de 1745 se montèrent à 204 livres, dont le tiers était réservé au recteur. Aujourd'hui la fête patronale est célébrée le troisième dimanche de Juillet.

Poullan-sur-Mer (Bretagne) : Plan de la chapelle Notre-Dame de Kérinec

******

Chapelains de Kérinec.

Dans le premier quart du XVIème siècle, une chapellenie était desservie à N.-D. de Kérinec dont la fondation remontait à un certain Jean de La Chambre et à son épouse Meance. Elle comprenait trois messes par semaine, deux à dire à l'église paroissiale et une à N.-D. de Kérinec, « à la louange de Dieu et de la Vierge-Marie, sa mère ». La collation du bénéfice appartenait au chapitre de Cornouaille, la présentation du chapelain, de date immémoriale aux seigneurs de Tyvarlen. Le 23 juillet 1525 Alain de Tyvarlen, seigneur de Guilguiffin, donne procuration à Pierre Morel et à Jean Pinart pour présenter son fils Jean à la chapellenie La Chambre, vacante du fait de la résignation de Henri de Tyvarlen. Cinq jours plus tard le chapitre faisait droit à sa requête par la collation de la chapellenie. En 1527 Jean de Tyvarlen résigne son bénéfice qui passe à Nicolas de Tyvarlen. Celui-ci permute, le 16 septembre 1531 avec François Le Vigoureux, sous-diacre, chanoine de la collégiale de Saint-Sauveur de Blois, au diocèse de Chartres. Le 31 octobre suivant, sur résignation de Le Vigoureux, la chapellenie est donnée à Yves Caron, prêtre.

Le 12 janvier 1680 la chapellenie de La Chambre étant vacante par le décès de Rolland de Poulpiquet, recteur de Tréfflaouénan, le chapitre, sur la présentation de messire René de Plœuc, en pourvut René Gourcun ou Gourcuff, clerc du diocèse de Tréguier.

Un acte du 24 janvier 1771 donne comme chapelain de Kérinec, Alexis-François Desclabissac, chanoine de l'abbaye royale de Guingamp, y demeurant, aumônier ordinaire des Etats [Note : Le titulaire de la chapellenie, absent lui-même, la faisait desservir par un prêtre de Poullan].

Voici quelles étaient en 1806 les rentes de la chapelle de Kérinec.

Gouletquer. — Mathieu Marec, un boisseau et demi de froment, un boisseau et demi de seigle, quatre boisseaux d'avoine, et sept sols six deniers en argent.

Kérédec. — Yves Thomas, un boisseau de seigle.

M. Dimizit, recteur de Poullan, écrit en 1813 qu'avant la Révolution une messe basse était dite chaque dimanche à Kérinec de même qu'à la chapelle Saint-They, niais qu'aujourd'hui, par suite de la pénurie de prêtres, la messe ne s'y dit que très rarement. « Cependant, note-t-il, comme il y tombe beaucoup d'offrandes, surtout dans la chapelle de Kérinec, dédiée à la Sainte-Vierge, l'excédent des besoins du lieu reflue dans la caisse de la fabrique et aide aux fournitures et aux réparations des objets servant au culte ».

Vendue nationalement sous la Révolution, la chapelle de Kérinec fut acquise par M. Kerdréac'h, maire de Poullan. En 1855 elle appartenait par tiers à Daniel Kerdréac'h, Marie Kerdréac'h dame Delécluse et au sieur Desbarres, marié à une Kerdréac'h. Cette même année, celui-ci vendit son tiers moyennant la somme de 1.000 francs ; quant aux deux premiers propriétaires, ils donnèrent le leur à la fabrique de Poullan, à la charge de deux messes par an et d'un Pater et un De Profundis à chaque office public dans la chapelle.

Cette donation fut autorisée par décret du 12 septembre 1857 qui déclarait la chapelle « chapelle de secours ». Elle comprenait la chapelle, le cimetière, le calvaire, la fontaine et autres dépendances.

Poullan-sur-Mer (Bretagne) : Cantique de la chapelle de Kérinec (partie 1).

Poullan-sur-Mer (Bretagne) : Cantique de la chapelle de Kérinec (partie 2).

Poullan-sur-Mer (Bretagne) : Cantique de la chapelle de Kérinec (partie 3 et Fin).

(H. Pérennès).

© Copyright - Tous droits réservés.