Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

NOTES HISTORIQUES sur LE POULIGUEN

  Retour page d'accueil       Retour "Ville de Le Pouliguen"   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

C'était à l'époque lointaine des grandes migrations ; chassés des rives de la Grande-Bretagne, sous la pression des Angles, ceux d'entre les Bretons qui touchèrent à l'embouchure de la Loire, furent frappés par la blancheur des sables qui encerclaient sa rive nord et il l'appelèrent Pouliguen, c'est-à-dire la baie blanche, nom bien rythmé, qui a déjà traversé quatorze siècles et qui fut, par la suite, attribué au bourg joli qui s'établit sur ses bords et dont, en quelques pages, nous nous proposons de rappeler l'histoire. C'était au VIème siècle; les Bretons prirent contact avec les Armoricains et avec les Romains en occupation dans notre contrée depuis l'an 50 avant Jésus-Christ et qui y avaient apporté les inestimables bienfaits de leur civilisation. Ils s'établirent les uns à côté des autres, puis se fusionnèrent. Jetez un coup d'œil sur nos cartes d'Etat-Major, remarquez la co-existence des noms qui débutent par ville et par Ker autour du Pouliguen, et vous aurez la juste impression des agglomérations formées par les deux peuples.

Ville du Pouliguen (anciennement en Bretagne).

La côte de Penchâteau tenta les Romains, les tuiles à rebords trouvées vers 1850 dans les jardins des villas en sont un sûr témoignage. En fixant là leurs dieux lares, ils voisinaient avec la pointe qui, depuis lors jusqu'à nos jours, a été considérée comme un poste de vigie et de défense à l'entrée du grand fleuve. Il est certain que la levée de terre qui barre à travers champs la pointe de Penchateau, sur un développement de quatre cent mètres, fut édifiée lors de la courageuse résistance que les Vénètes opposèrent à l'envahisseur Romain.

Penchâteau présente bien la physionomie d'une de ces lingulae dont parle César (III-12) et qui servait d'ultime retraite à nos pères. C'est derrière ce rempart qu'ils résistaient, énervant l'effort des Romains, puis, quand ils se sentaient débordés, ils sautaient dans leurs barques légères et s'agrippaient à une autre pointe. Les remparts côtiers encerclant des langues de terre se trouvent entre l'embouchure du Blavet et celle de la Loire, et plus exactement entre la pointe de Kervedan dans l'île de Groix, et la pointe de Saint-Marc, au lieudit le Château, où, il y a peu d'années, on voyait encore ces vestiges.

Dès cette époque, Saint Clair, premier évêque de Nantes, jeta dans le pays les premières semences de l'Evangile ; Saint Félix devait parachever son œuvre. Batz devint au IXème siècle le centre religieux du pays, Alain Barbe Torte, qui devait mourir duc de Bretagne, y ayant fait édifier le prieuré et l'église de Saint-Guénolé, mais on a toutes raisons d'admettre qu'une première chapelle fut alors élevée à Penchâteau, vraisemblablement sous l'épiscopat de Gislard.

Le premier noyau du Pouliguen ne devait paraître que vers le XIIIème siècle : il sembla utile de créer un petit port à l'embouchure d'un étier qui commande à plus de quatre cents hectares de marais salants. Des soubassements de murailles ont été plusieurs fois trouvés le long de la rue d'Enfer, actuellement rue Jean-Bart, qui devait devenir le grand chemin allant vers le Croisic. Cette petite agglomération, orientée vers Guérande, se développa bien lentement, étant à l'écart de la route que les Romains avaient établie entre Guérande et le premier village d'Escoublac.

***

Et maintenant que nous avons assisté à la naissance du Pouliguen, glanons à travers les siècles, les événements qui marquèrent dans sa tranquille existence.

Jamais Penchâteau ne connaîtra un jour plus vibrant de faste et de joie que celui où il vit débarquer Jeanne de Navarre, qui venait d'Espagne pour épouser à Saillé le duc de Bretagne Jean IV. C'était le dix septembre mil trois cent quatre vingt-six, Pierre de Lesnerac reçut la Princesse à la tête d'une députation de la Noblesse Guérandaise et lui présenta, en un champ appelé la Vigne du Château, les hommages et les souhaits de bienvenue de la Bretagne. Le brillant cortège prit place dans des barques légères qui partirent de la crique Sainte-Barbe et, par les canaux, arrivèrent à Saillé, où la cérémonie nuptiale fut célébrée le lendemain. Vigne du Château, Sainte-Barbe qui, de tous temps, fut la patronne des canonniers, autant de noms évocateurs qui permettent d'affirmer qu'à la pointe il y avait alors; comme il y eut toujours, un fortin de défense. Un tableau ancien, conservé dans l'église actuelle de Saillé, rappelle ce jours de liesse. Etrange destinée que celle de cette princesse d'Espagne, duchesse de Bretagne, puis reine d'Angleterre après la mort de son mari.

Les guerres de religion qui secouèrent si rudement le royaume de France, eurent un retentissement marqué dans la presqu'île Guérandaise. La Roche-Bernard et le Croisic étaient les deux centres les plus ardents de la religion réformée, à laquelle s'était rattachée une partie de la noblesse du pays. Le château de Careil, près de Beslon était un lieu de concentration pour les huguenots qui partaient en expédition contre leurs adversaires. Il avait pour seigneur M. de Baulac, La lutte revêtit de part et d'autre un caractère de particulière âpreté, les protestants saccagèrent la chapelle de Penchâteau, qui demeura amputée d'une partie de sa nef ; le petit bourg du Pouliguen fut pillé. La mutilation de la chapelle de Penchâteau provoqua la construction au Pouliguen de la Chapelle Saint-Nicolas qui devait devenir l'église paroissiale. L'acte de fondation de ce sanctuaire est datée du 31 juillet 1626. Batz demeurait toujours la paroisse, comme elle était le siège de l'administraiton civile représentée par un capitaine nommé par le duc de Bretagne.

Quand les guerres de religion s'éteignirent, le Pouliguen connut une période de prospérité. Le petit port fut reconstruit suivant une orientation nouvelle et définitive, le bourg s'était. augmenté de quelques familles après la disparition sous les sables du premier bourg d'Escoublac. Plusieurs capitainesz armèrent pour la pêche de la morue et on établit un chantier de constructions pour petits navires.

En 1637, le Pouliguen reçut une visite princière qui ne s'annonça qu'au dernier moment. En mai, le roi était à Nantes avec toute sa cour, accompagné de son frère et de l'illustre Cardinal. Richelieu, qui poursuivait implacablement la lutte contre les grands seigneurs qui se dressaient sourdement contre l'autorité royale, venait de faire arrêter l'un d'eux, et non des moindres, Chalais. Ce jeune seigneur était moins coupable que Gaston d'Orléans, son ami, mais était-il possible de toucher au frère même du Roi ? Gaston, prince léger, n'hésita pas à abandonner Chalais à la vindicte cardinalice et, pour faire diversion, partit en partie fine vers l'embouchure de la Loire, avec une joyeuse bande, Tous débarquèrent à Pierre-Percée, l'un, d'eux faillit y être oublié, puis ils abordèrent au Pouliguen. Par un heureux concours de circonstances, un bâteau de 250 tonnes, le Saint-Jean-Baptiste, allait être lancé. On attendit le débarquement du prince qui, nous narre un de ses compagnons dans son langage naïf, vit descendre cette machine avec tant d'impétuosité, que nous croyions que le vaisseau et ceux qui étaient dessus fussent abymés.

Le règne de Louis XIV fut semé d'interminables guerres ; les frégates ennemies venaient à quelques encâblures de la côte. La butte de la Torre fut élevée à la pointe de Penchâteau. C'était un poste de vigie, un mât avec signal y fut établi ; le chemin qui y conduisait du village de Penchâteau porte le nom de Chemin du Roi. La butte a été coupée par la route côtière, mais la petite crique qui s'ouvre à sa base s'appelle toujours la Baie du Pavillon. Les hommes de garde, lors de la guerre de Succession d'Espagne, assistèrent à un combat qui figure glorieusement dans les Annales du Pouliguen. C'était le 23 Octobre 1711, un navire ostendeois, armé en guerre fut contraint par le gros temps de mouiller entre Baguenaud et les Evens. Une barque, montée par quarante hommes et quelques moussailles sortit du Pouliguen armée de mousquetterie, alors que l'ostendeois pouvait faire feu de six pièces d'artillerie. Le navire ennemi ne put lever l'ancre à temps et fut pris à l'abordage. Pierre le Guerrier du Pouliguen avait tué le capitaine d'un coup de pistolet et s'était emparé du pavillon.

A cette époque, vivait au Pouliguen un prêtre au cœur d'or, l'abbé Hervé Dupuyt ; le souvenir des guérisons merveilleuses qu'il opéra et de la sainteté de sa vie s'est longtemps conservé dans le pays. Il fut chapelain de Saint-Nicolas et habitait avec sa sœur dans une humble demeure, à la Petite Vennelle, dénommée depuis sa mort rue Sainte.

Le XVIIIème siècle fut tout d'abord assez prospère, le commerce y était actif. Fidèle à la promesse qui avait été faite à la Duchesse Anne, les privilèges de Bretagne avaient été respectés. Seuls entre toutes les Salines et mines de sel de France, les marais salants bretons jouissaient de la licence du Franc Salé qui permettait la circulation libre du sel et son exemption de tout droit ; en outre, les sauniers possédaient la faculté d'échanger en franchise une certaine quantité de sel contre une quantité équivalente de céréales : c'était la Troque. Les dernières années de ce siècle devaient connaître l'agonie de la France fleurdelysée et les premiers souffles de la Révolution. Les privilèges conférés par l'ancien gouvernement disparurent, le Pouliguen connut de mauvais jours, le pays fut profondément troublé. Guérande fut pris et repris par les deux partis en mars 1793, les Chouans s'emparèrent d'une des pièces du fort de Penchâteau pour battre les remparts et la porte Saint-Michel. Les artilleurs étaient mal nourris, mal chauffés, il employèrent comme combustible les vieilles statues de bois de la chapelle voisine. Le District de Guérande doubla la petite garnison du fort et augmenta la solde. Maintes fois les canons de Penchâteau protégèrent alors les navires aux prises avec les Anglais. L'enseigne de vaisseau Dubochet, commandant le Volage, relate dans un rapport de mer comment, le 19 mars 1796, il était par le travers Penchâteau escortant cinq bâtiments avec la corvette La Sagesse, que montait le capitaine de vaisseau Le Torzec. Les navires français furent attaqués par une division anglaise formée de cinq gros bâtiments. Isolée, la « Volage » se réfugia sous la batterie de Penchâteau, qui répondit sans relâche au feu des anglais ; la corvette fut sauvée et se réfugia en Loire. Quatre cents boulets avaient été dirigés sur le fort.

Le calme revint avec l'avènement de Bonaparte. Le Pouliguen aménagea complètement son port et construisit en 1820 les perrés de ses quais et des môles en pierres sèches qui, en 1866, devaient être remplacés par les jetées que nous voyons aujourd'hui. En 1820, l'évêché de Nantes érigeait l'agglomération en paroisse.

C'est sous le règne de Louis-Philippe que commença la période balnéaire qui devait transformer le pays. Alexandre Clemenceau qui appartenait à une famille notable du pays de Montoir, construisit le premier châlet qui ait aspecté la baie, il est représenté aujourd'hui par le rez-de-chaussée de la villa Saint-René, qui fut acheté plus tard par Mgr Freppel, l'illustre évêque d'Angers, pour le repos de ses prêtres. Sur les rochers de Penchâteau, de Toulen, puis sur la plage du Nau, de petits chalets bas peu à peu s'édifièrent, l'usage des bains de mer entra dans les mœurs. Le comte d'Esgrigny fut un de ceux qui donnèrent alors au Pouliguen la plus efficace impulsion, Sa notoriété mondaine et ses talents littéraires, — il écrivait dans le Correspondant, dans l'Univers, et était l'ami de Lamartine, — attirèrent sur notre plage une société choisie. Il fit construire près du port, à l'emplacement même de l'hôtel resté inachevé, une demeure où il recevait Louis Veuillot, Lord Dormer, Melchior du Lac, le baron de Girardot, le nonce cardinal Chigi, qui bénit la croix qui marque l'entrée du port. Louis Veuillot enregistrait les principaux faits de son séjour au Pouliguen, dans un petit journal plein de saveur « L'indépendant de d'Esgrigny-sur-Mer ». Le Pouliguen était lancé. Jules Sandeau y passa plusieurs étés dont il conserva toujours le meilleur souvenir ; il y conçut son roman « La Roche aux Mouettes ». Le bois planté de multiples essences contribua à assurer la fortune du pays ; à sa place même s'élevait, à la fin du XVIIIème siècle, une usine de soude établie par un alsacien, M. Hollenweger. En avril 1854, le Pouliguen était érigé en commune. En 1860, la nouvelle église qui, dans le premier projet, devait être édifiée près la plage, fut commencée. M. Jules Benoit, qui avait construit sur le bord de l'étier une usine pour raffiner le sel, fut le premier maire du pays, dont il fut aussi le bienfaiteur, comme M. d'Esgrigny, qui lui succéda à la mairie. Sous leurs administrations, le Pouliguen s'organisa. On vit successivement s'établir : le pont en 1860, l'octroi en 1872, le téléphone en 1875, le bateau de sauvetage en 1878, le chemin de fer en 1879, et cette même année, l'adduction de l'eau potable par l'architecte Monsieur Bougouin. Les premières régates furent courues en 1875 ; l'instruction était assurée dès 1820 aux garçons et aux filles.

Le Pouliguen est né sous une heureuse étoile ; il trouva jadis des maires sagaces, des bienfaiteurs comme la Comtesse des Cars et le marquis de Montaigu. Sa bonne chance ne l'abandonne pas. Il a remis depuis quelques années la conduite de son administratton entre des mains sages et expérimentées ; grâce à son maire, vers 1932, Monsieur Touchard, ses finances sont saines et il traverse sans trop de peine les difficultés du temps présent.

En ces quelques pages, nous avons rappelé à grands traits l'histoire attachante de notre petite ville bretonne, écartant toute esquisse descriptive. Et pourtant, il faut voir le port s'éveiller dans les matins frais et roses et la baie s'endormir dans les soirs d'été, pour comprendre la fidélité de ceux qui, l'âme une fois conquise, font chaque année retour en ces lieux.

(Georges Halgan).

© Copyright - Tous droits réservés.