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LA MAISON DE LA PORTE-VEZINS

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Paul-Jules, marquis de la Porte-Vezins, chef d'escadre, directeur général et commandant en second du port de Brest, appartenait à la maison des barons de Vézins, originaires du Poitou, seigneurs de la Porte, de la Jaille, en Anjou ; de Saint-Mars, de Montgrison et de la Sernière, paroisse de Saint-Mars-de-l'Olivier [Note : Aujourd'hui Saint-Mars-la-Jaille, arrondissement d'Ancenis] ; barons de Pordic et seigneurs de la Ville-Saliou en Pordic ; du Saz, paroisse de la Chapelle-sur-Erdre ; du Tremblay, paroisse de Mésanger ; d'Orvault, paroisse de ce nom ; de la Rambourgère, de Lezongar, paroisse de Plouhinec.

Note : Voici les états de services de Paul-Jules, marquis de la Porte-Vezins : Garde de la marine, du 10 janvier 1746 au 16 mai 1751 ; enseigne de vaisseau, 17 mai 1751 - 16 avril 1757 ; lieutenant de vaisseau, 17 avril 1757 - 8 septembre 1764 ; capitaine de frégate, 1er octobre 1764 - 27 novembre 1772 ; capitaine de vaisseau, 28 novembre 1772 - 19 août 1784 ; chef d'escadre, 20 août 1784 - 31 avril 1786 ; directeur général et commandant en second au port de Brest jusqu'au moment où il remplaça M. de la Luzerne au ministère de la marine en 1789. Homme doué d'un mérite et d'une capacité reconnus, devenu intendant de la liste civile de Louis XVI, confident des plus intimes pensées de son maître et son intermédiaire dévoué, dans ses relations secrètes avec ses conseillers de la dernière heure, le marquis de la Porte-Vézins paya de la vie son dévouement à la royauté et mourut sur l'échafaud le 24 août 1792. Le marquis de la Porte-Vezins avait épousé une demoiselle de Kerouartz et leur fille épousa son cousin germain Louis-Marie de Kerouartz. 

Ancienne extraction chevaleresque, arrêt du Parlement de 1775 dix-sept générations ; réformations et montres de 1469 à 1543, paroisses de Pordic, évêché de Saint-Brieuc, et de Saint-Mars, évêché de Nantes.

« De gueules au croissant d'hermines » (P. de Courcy, Nobiliaire et Armorial de Bretagne).

Nous pouvons citer, dès le XIIème siècle, un ancêtre de cette maison : Hardouin, croisé en 1191.

Jean de la Porte construisit, vers l'an 1334 (Ogée, Dictionnaire de Bretagne), le château de Saint-Mars, place très forte, disent les historiens, dont nous raconterons plus loin la prise pendant les guerres de religion.

Hardouin, seigneur de la Porte, baron de Vezins, épousa, en 1400, Marguerite de la Jaille, unique héritière de la branche aînée de sa maison, dame de la Haye, paroisse de Saint-Mars de l'Olivier, et de la Provostière, paroisse de Bonnoeuvre, dont les armes étaient :

« D'argent à la croix fuselée de gueules » (sceau 1196), alias : « d'or au léopard lionné de gueules, accompagné de cinq coquilles d'azur » (sceau 1300).

Réformations de 1443, paroisses de Saint-Mars et de Bonnoeuvre (P. de Courcy, Nobiliaire et Armorial de Bretagne).

Par cette alliance, Hardouin de la Porte devint donc seigneur de la Jaille, en Anjou, et c'est sans doute alors qu'il ajouta le nom de cette seigneurie à celui de son château de Saint-Mars. La paroisse l'ayant adopté à son tour, Saint-Mars de l'Olivier devint Saint-Mars-de-la-Jaille, puis Saint-Mars-la-Jaille, nom que cette commune porte encore aujourd'hui.

Nous trouvons dans la suite de la lignée des seigneurs de la Porte, Jacques, abbé de la Chaume, en 1519, puis Jean, dont la fille unique, Marthe de la Porte, porta les biens de sa maison dans celle des le Porc, par son mariage avec Jean le Porc, seigneur de l'Archapt, paroisse de Romagné, près de Fougères.

De cette union naquirent six enfants : deux garçons et quatre filles, dont l'une, Marthe, épousa Mathurin de la Bruneterie, seigneur du Plessis-Gesté.

L’aîné des fils, Jacques le Porc de la Porte, se maria, le 17 juin 1556, à Claude de la Noue, soeur du brave de la Noue, dit Bras-de-Fer, l'un des plus grands hommes de guerre de son temps et fidèle ami du Béarnais.

Trois enfants naquirent de cette union : René, Judith et Isabeau. Leur histoire, dramatique et romanesque, est assez peu connue pour que nos lecteurs nous en permettent le récit (Une Famille Bretonne Angevine, par E. Bonnemère).

II.

Jacques le Porc de la Porte, baron de Vézins, détestait sa femme et haïssait ses enfants !. Cette aimable disposition lui inspira un jour le désir de se défaire tout au moins de ceux-ci. Il fit donc conduire ses deux filles, Isabeau et Judith, chez un de ses fermiers de Bretagne, à qui il ordonna de les élever en simples paysannes en les habituant aux travaux des champs. Elles vécurent ainsi, sous le chaume, jusqu'en 1573, époque de la mort de leur mère. Nous verrons ce qui leur advint par la suite.

Quant à leur frère René, son père l'envoya, dès l'âge de trois ans, à la Roche-Bernard (près de Châteaudun) dans une des terres de sa femme. Après l'y avoir fait garder à vue pendant quelque temps, il chargea un jour deux serviteurs dévoués à ses ordres d'aller prendre l'enfant, sous prétexte de le conduire au Plessis-Casson, dans l'évêché de Nantes puis de le perdre en chemin, de l'égarer, de le faire disparaître, en un mot, d'une manière quelconque... ou autrement.

Mais, malgré l'éloquence sonnante et trébuchante des arguments pleins de rondeur que le seigneur de la Porte avait su mettre en oeuvre pour les décider à agir, les deux domestiques reculèrent devant l'horreur d'une pareille mission et ramenèrent secrètement le jeune enfant en Anjou, après avoir imaginé un ingénieux stratagème pour faire croire au baron de Vézins qu'ils avaient accompli ses ordres cruels. S'étant donc arrêtés dans la petite ville des Rosiers sur les bords de la Loire, ils firent dire à Jacques le Porc que René, saisi par une maladie subite, était décédé en cette ville, le 19 octobre 1563. Ils mirent ensuite une bûche dans la bière pour simuler le corps de l'enfant et le curé des Rosiers, ignorant ou complice, célébra dignement les obsèques du jeune gentilhomme, puis délivra aux deux serviteurs le certificat bien et dûment signé de son décès et de son inhumation. Cette pièce fut remise au baron de Vézins avec les vêtements de son fils. Les domestiques, sauvés, par cette supercherie, des représailles de leur terrible maître, remirent l'enfant entre les mains d'un homme de confiance, en lui recommandant de cacher soigneusement à tous son nom et sa naissance. Ce brave campagnard était fermier de la terre de l'Archapt, près de Fougères. Il prit grand soin de René qu'il fit passer aux yeux de tout le monde pour un pauvre orphelin recueilli par charité.

Il va sans dire que Claude de la Noue n'avait point supporté avec patience l'enlèvement de ses trois enfants, dont elle ignorait absolument le sort. Ce rapt lui servit de motif pour rompre ouvertement avec son époux. Elle le quitta donc et se retira près de sa mère qui habitait alors le domaine de la Gascherie, non loin de Nantes. Au bout de quelques années cependant Claude revint à Vezins, où elle mourut, en 1573, après une réconciliation plus ou moins sincère avec le baron son mari.

Jacques le Porc de la Porte, étant débarrassé de sa compagne, résolut d'en finir aussi une bonne foi avec ses enfants.

Il fit donc enlever ses filles au fermier qui les avait élevées, les conduisit à Cancale et s'apprêtait à les faire passer en Angleterre (ou à les noyer au cours de la traversée) lorsqu'elles réussirent enfin à faire connaître au procureur général du parlement de Bretagne l'odieuse conduite de ce père dénaturé. Poursuivi en conséquence., le baron de Vézins fut condamné, par arrêt, à payer la pension de ses filles au couvent de Saint-Georges à Rennes, où elles résidèrent jusqu'à leur mariage. Isabeau épousa Gilles de Romillé, seigneur de Pontglou, et Judith, Huger, seigneur de la Mancelière.

Le baron de Vézins, cependant, ayant conçu un vague soupçon de l'existence de son fils René, le faisait rechercher de tous côtés. René avait treize ans et vivait paisiblement chez le brave fermier qu'il l'avait recueilli, quand un jour, en 1573, il fut mystérieusement enlevé à son tour par des inconnus et remis à un marchand qui le conduisit à Genève et le plaça en qualité d'apprenti chez un cordonnier de cette ville.

III

Après cette noble conduite le baron crut avoir enfin fait maison nette et table rase de sa première union et de ses conséquences et songea à se créer un nouveau foyer. Il épousa, le 6 avril 1578, Louise de Maillé qui lui donna deux enfants, Jean et Marquise. L'histoire ne dit pas si cette union fut plus heureuse que la précédente.

Quelques années se passèrent encore, pendant lesquelles le jeune René fut considéré comme mort, ou, tout au moins, comme bien définitivement perdu. Mais la Providence veillait sur lui. L'enfant devait bientôt reparaître, grâce à un de ces hasards étranges, plus fréquents dans le roman que dans la vie réelle, et qui, cette fois, se produisit à propos de ... bottes.

Le vaillant et hardi capitaine La Noue Bras-de-Fer, au cours d'une de ses pérégrinations à travers l'Europe, s'arrêta un jour à Genève et, entrant chez un cordonnier, se commanda une paire de chaussures.

A quoi tient parfois une destinée ? ce cordonnier était précisément le patron du jeune René et ce fut ce dernier qui, quelques jours après, alla porter les bottes à son nouveau client. Or, La Noue n'avait jamais été bien persuadé de la soi-disant mort de son neveu : il pensait qu'il devait exister encore quelque part, mais où ?.. Frappé de la ressemblance extraordinaire qui existait, et pour cause, entre le jeune cordonnier et le fameux Jacques le Porc, La Noue interroge l'enfant sur son pays, sa famille et ses origines, René, sans se faire prier, raconte alors tout ce que le temps n'a pu effacer de sa mémoire, touchant les événements douloureux de son enfance agitée, et La Noue acquiert ainsi la certitude qu'il se trouve bien en présence du fils de sa malheureuse soeur.

Faisant immédiatement quitter à René ses habits misérables et son métier de cordonnier, il l'attache à sa personne, le fait instruire dans les lettres et les armes, et le garde près de lui, se promettant bien, à la prochaine occasion, de le faire rentrer dans ses droits.

A cet effet, il commence par présenter le jeune homme à du Plessis-Gesté, qui, sans hésitation, le reconnaît à son tour comme étant le neveu de sa femme, née Marthe le Porc de la Porte, soeur du terrible Jacques.

René se trouvait donc avoir pour protecteurs deux de ses oncles, lorsque le 28 décembre 1585, son père, le baron de Vézins, rendit sa vilaine âme à Dieu.... ou au Diable qui sans doute, la guettait au passage.

C'est alors que René, fort de l'appui de ses oncles, se présenta devant la veuve de son père, Louise de Maillé, pour revendiquer les privilèges attachés à sa qualité d'aîné de la famille D'abord traité d'imposteur, il ne fut même pas reconnu par ses propres soeurs qui sacrifièrent la vérité à leurs intérêts, mais n'en profitèrent pas longtemps car elles moururent toutes deux l'année suivante, dans la même semaine, et furent inhumées à Nantes en l'église des Carmes.

Cependant, malgré toutes les difficultés qui surgissaient sur ses pas, René réussit à faire prévaloir ses droits, grâce au crédit et aux finances de son oncle de La Noue, qui l'aida à supporter les frais d'un long procès. Commencé en 1589, il se termina seulement le 5 août 1600 par un arrêt du Parlement rétablissant le jeune de la Porte dans tous les biens de son père. Ce procès gagné avait coûté 100.000 livres.

Mais l'opinion publique, plus prompte à se prononcer que les arrêts de la justice, s'était tout de suite montrée favorable à René qui, dès l'année 1589, avait pu épouser noble damoiselle Anne de la Tour-Landry, fille du comte de Chateauroux et de Diane de Rohan.

Après tant de traverses, les deux époux vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants, terminant ainsi, à la façon des contes de fées, cette histoire qui y ressemble bien un peu, n'est-il pas vrai ?.

Le nouveau baron de Vézins n'oublia jamais les mauvais jours de sa jeunesse, ni l'humble métier auquel il dut jadis sa subsistance. Il avait fait exécuter en argent tous les instruments de travail d'un cordonnier, les montrait à ses amis et s'en servait même quelquefois par récréation.

De son mariage avec Anne de la Tour-Landry naquirent cinq filles et deux fils, dont l'un perpétua la descendance des barons de Vézins.

L'autre, André le Porc de la Porte, devint évêque de Saint-Brieuc. Nommé en 1620, à l'âge de vingt-sept ans, il publia des statuts en 1624, fonda le couvent des Ursulines et introduisit définitivement le rite romain dans son diocèse, puis mourut en 1632 par suite, dit-on, de l'ignorance de ses médecins qui le laissèrent périr de faim.

Voyant venir sa dernière heure, André fit un testament par lequel il léguait tous ses biens aux pauvres. Son corps fut inhumé dans l'église des Ursulines, qu'il avait fondée, puis, quand cette chapelle eut été détruite, en 1833, on transféra les ossements du prélat à la cathédrale de Saint-Brieuc.

IV.

Le cruel Jacques le Porc, baron de Vézins, avait un frère puîné, Claude, que sa qualité de cadet, destinait, selon l'usage du temps, aux fonctions ecclésiastiques, Mais sa mère, Marthe de la Porte, dernière héritière de la branche aînée de sa maison, fit à ce fils de considérables donations, à charge de prendre le nom et les armes de la Porte. Claude y consentit volontiers, se maria et eut un fils, Claude, connu sous le nom de chevalier, puis comte de la Porte et qui, au dire de Pocquet de Livonnière (Coutumes d'Anjou commentées par Pocquet de Livonnière, tome II), devint bientôt « aussi célèbre par ses mariages extraordinaires que par sa naissance et son rare mérite ».

Ce chevalier débuta par avoir « de grandes privautés avec la Damoiselle Anne Legras, fille du sieur de Langardière » et « ces privautés furent suivies de la naissance d'un enfant ». Le sieur de Langardière poursuivit aussitôt le chevalier pour crime de rapt et de séduction. Le jeune Claude eut bien volontiers coupé court à toute difficulté en épousant la demoiselle, qui était fort belle, mais la comtesse de Vézins sa mère s'y opposa formellement et l'en détourna. Elle prétendit même retourner l'accusation en disant que son fils, qui était aussi mineur, avait été séduit par les parents de !a fille pour procurer à celle-ci une union avantageuse.

L'affaire fut réglée par un procès qui, comme tous les procès de ce temps-là, dura longtemps et coûta fort cher. Commencé en 1656, il se termina en 1660, par un arrêt condamnant le chevalier à une amende de 800 livres destinées « à aumôner le pain aux prisonniers » et, de plus, au paiement de 12.000 livres à la damoiselle de Langardière et de 8.000 livres à son enfant. Chargé en outre de tous les dépens, et contraint par la détention de sa personne au paiement intégral de ces sommes, le pauvre chevalier qui ne les possédait pas se préparait tristement à entrer à la Conciergerie, lorsqu'« un M. de Lorme, qu'il ne connaissait que de réputation » lui fit remettre les 20.800 livres, par un de ses commis, avec ordre de n'en point prendre de reçu.

Pendant que la Providence venait de la sorte en aide au chevalier, elle intervenait, sous une autre forme, en faveur de la demoiselle de Langardière, qui, ayant arrondi sa dot au dépens de son honneur, ne tarda pas à en trouver le placement.

« Elle épousa le sieur de Grand-Camp, gentilhomme de Normandie », raconte Pocquet de Livonnière qui ajoute : « et parce que la demoiselle Chabot, après l'arrêt rendu contre le sieur Chevrier, que nous avons rapporté ci-devant, a aussi épousé le sieur Duval de Rely, gentilhomme de Normandie, les filles de l'Anjou ont cru quelque temps qu'elles pouvaient pécher impunément et qu'elles trouveraient en Normandie des réparateurs de leur honneur ».

« En l'année 1660, dit encore le jurisconsulte angevin, le chevalier de la Porte, âgé alors de trente ans, robuste et bien fait, donna dans la vue de dame Catherine Fouquet de la Varenne, veuve du comte de Vertu, dont les Mémoires du temps ne parlent pas comme d'une dame d'une austère vertu. Elle était alors âgée de soixante-douze ans. Pour plaire au chevalier de la Porte et réparer l'inégalité des âges, elle fit deux choses : la première de passer un contrat de mariage par lequel elle reconnut que le chevalier lui avait apporté et mis en dépôt une somme de 30.000 livres, et lui donnait tout ce que les Coutumes et l'Ordonnance lui permettaient de donner ; la seconde, qui ne se trouve que dans les mémoires du temps, de lui faire voir une cassette où il y avait 150.000 livres en or, avec offre de lui donner dix louis d'or pour chacune de ses caresses. Il y eut ensuite un prétendu mariage célébré entre eux, dans la chapelle de la comtesse de Vertu, par un prêtre inconnu dont on rapportait un certificat ».

Mais la comtesse avait plusieurs enfants qui se nommaient : les comtes d'Avaugour et de Goëslo, les demoiselles de Vertu, de Clisson, de Chantocé et de Goeslo, et voyaient d'un fort mauvais oeil les clauses de ce contrat de mariage, pensant non sans quelque raison, que le chevalier aurait vite épuisé la fameuse cassette et que sa tendre épouse lui ferait ensuite des donations qui consommeraient leur ruine.

Ils attaquèrent donc, devant le Parlement de Paris, le prétendu mariage de leur mère et parvinrent à en faire prononcer la nullité par défaut de forme « sauf aux parties à réitérer si bon leur semble, leur mariage devant le curé de leur paroisse et à faire un nouveau contrat ». Mais le chevalier et son antique épouse renoncèrent à « réitérer » et les enfants de Catherine Fouquet payèrent cette rupture au chevalier assez généreusement. Celui-ci se plaisait ensuite à dire que cet hymen l'avait amplement dédommagé des frais occasionnés par son éphémère union avec la damoiselle de Langardière.

Le chevalier se remaria deux fois encore. Il épousa en 1682 demoiselle Catherine Boilesve, fille de Henri Boilesve, seigneur de la Moricière, qui refusa pendant neuf années son consentement au mariage de sa fille.

Devenu veuf, Claude se maria une quatrième fois et eut un fils, Simon de la Porte-Vezins, qui épousa Madeleine Laurent de Crilloire.

V.

Nous trouvons enfin, d'autre part (Agrippa d'Aubigné, Histoire Universelle), le noble trait suivant, tout à l'honneur d'un des membres de la maison de la Porte-Vezins : 

Un chevalier de Vezins, lieutenant du roi dans le Quercy, avait déployé beaucoup de cruauté contre les protestants, à la tête desquels se trouvait un gentilhomme du pays nommé Régnier. Ces deux seigneurs, devenus ennemis, auraient voulu se rencontrer face à face et satisfaire leur haine dans un combat singulier. Tous deux se trouvaient à Paris pendant la nuit fatale du 24 août 1572.

La cloche de Saint-Germain-l'Auxerrois avait sonné le signal du massacre de la Saint-Barthélémy, et l'on égorgeait les calvinistes dans leurs maisons et dans toutes les rues de Paris.

Au matin, Régnier voit entrer chez lui son ennemi, suivi de quinze soldats bien armés. Il croit que sa dernière heure est venue. De Vézins lui ordonne de le suivre, le fait, presque de force, monter sur un cheval qui l'attend à la porte. Ils sortent de Paris, Régnier, résigné à la mort, est persuadé que son ennemi veut le faire égorger dans quelque lieu désert. Sans échanger une parole, ils traversent à petites journées une partie de la France. De Vézins le conduit jusqu'à la porte de son château, non loin de Montauban, lui fait mettre pied à terre et lui dit :

— Ne pensez pas que la courtoisie que je vous ai faite soit pour réclamer votre amitié. Je veux avoir votre vie, mais dans un combat loyal et à armes égales.

— Ma vie, répond Régnier, elle est à vous, et ne peut plus être employée qu'à vous servir.

Ils se serrèrent la main et les deux adversaire devinrent deux amis aussi dévoués qu'ils avaient été ennemis.

Huit ans plus tard le chevalier de Vézins, devenu gouverneur de Cahors, défendit courageusement, pendant cinq jours et cinq nuits, cette ville assiégée par Henri IV en 1580, et y fut grièvement blessé.

VI.

La terre de Saint-Mars-de-la-Jaille appartenait pendant la Ligue aux barons de la Porte-Vézins et, probablement, à la branche aînée de cette maison, alors représentée par René dont nous avons raconté l'aventureuse histoire. Mais les seigneurs n'habitaient pas le château, place très forte qui avait alors pour gouverneur le capitaine la Saullaye et tenait pour le duc de Mercoeur. Le 15 décembre 1595, le jeune Malaguet, un des plus rusés capitaines de son temps, résolut de s'emparer de cette place par surprise pour la soumettre au roi Henri IV. Trouvant le moment favorable, il profita, un dimanche, de l'heure où presque toute la garnison assistait à la grand'messe, pour mettre à exécution son hardi projet.

Tandis que son frère aîné se tenait en embuscade avec sa troupe, le jeune Malaguet, déguisé en fille et accompagné de deux soldats, vêtus en paysans, se présenta tout en pleurs à l'entrée principale du château, demandant à parler à la Saullaye pour implorer sa pitié et son appui contre des soldats qui maltraitaient son vieux père. Le capitaine, informé de cette requête, déclara qu'il n'avait « jamais fermé son coeur, ni sa porte, aux larmes d'une femme » et donna l'ordre d'introduire celle-ci. La sentinelle obéit et abaissa le pont-levis mais paya cher cette imprudence. Le jeune Malaguet lui cassa la tête d'un coup de pistolet et jeta son corps dans le fossé, tandis que l'aîné, pénétrant dans la forteresse avec sa troupe, se rendit maître de la place en faisant prisonniers le gouverneur et les quelques hommes qui y étaient avec lui [Note : Voyez Moreau, Histoire de la Ligue en Bretagne].

La Saullaye protesta que cette action n'était pas de bonne guerre, vu que l'on observait en ce moment la trêve conclue et publiée entre le roi et le duc de Mercceur, il n'en fut pas moins déclaré de bonne prise par un conseil de guerre tenu à Rennes et retenu prisonnier pendant trois ans.

Malaguet soumit le château de Saint-Mars au roi qui en fit démolir les fortifications en 1598. On n'en voit plus de traces de nos jours.

La seigneurie de Saint-Mars-la-Jaille, jadis haute justice, avait de plus, sur ses vassaux, les droits de quintaine, de ban et de guet.

Outre les seigneurs de la Porte-Vezins, nous trouvons, parmi les anciens possesseurs de la terre de Saint-Mars, le nom de plusieurs autres maisons. Louis de la Trémouille et son épouse, Marguerite d'Amboise, la reçurent, en 1474, de Jean de Rougé, baron de Derval et de Malestroit, en échange de la seigneurie de Fougeray [Note : Ogée, Dictionnaire de Bretagne, art. Fougeray (notes)].

P. de Courcy, dans son Nobiliaire et Armorial de Bretagne, donne aussi, comme possesseur de Saint-Mars, la maison du Pé, mais nous ignorons à quelle époque.

La branche de Saint-Mars (de la maison de la Porte), nous apprend le même auteur, s'est fondue dans Constantin, puis la branche de Saint-Mars, appartenant à cette dernière maison, s'est fondue à son tour, au XVIIèmee siècle, dans Ferron de la Ferronnays (P. de Courcy, Nobiliaire et Armorial de Bretagne).

Cet honorable et illustre nom est, au début du XXème siècle, celui des propriétaires du château de Saint-Mars-la-Jaille dont les armes sont :

« D'azur à six billettes d'argent, 3, 2 et 1, au chef de gueules chargé de trois annelets d'or » (sceau 1371).

Et la devise : « In hoc ferro, vinces » (P. de Courcy, Nobiliaire et Armorial de Bretagne, art. Ferron).

Le château actuel de Saint-Mars fut reconstruit en 1774. Le superbe parc qui l'entoure, orné d'arbres séculaires, est une délicieuse et poétique promenade, ouverte à tous par l'hospitalière bienveillance de Monsieur  marquis de la Ferronnays (J. Baudry).

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