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PONTRIEUX ET SON HISTOIRE

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GEOFFROI, duc de Bretagne, étant mort en l'an 1008 son fils aîné lui succéda sous le nom d'ALAIN V. Le cadet, EUDON, vicomte de PORHOET exigea sa part de la succession paternelle et obtint, plusieurs années après, en 1034, le pays de Domnomée qui comprenait une portion du Léonnais, les Diocèses de Tréguier et de Saint-Brieuc, et 14 Comtés, parmi celui de Châteaulin sur Trieux.

Depuis combien de temps ce dernier existait-il ? Mystère ...

Ce château, qui fut l'orgueilleuse demeure des PENTHIEVRE et GOELO, était juché, comme un nid d'aigle, sur un rocher dominant la rive gauche du Trieux, dans la paroisse de Plouëc à un kilomètre environ d'ici, dans la direction du Sud-Ouest. Il n'était accessible que par le midi, mais était défendu par des douves de 4 mètres de large qui sont encore visibles aujourd'hui. Sans parler des travaux avancés, le Château mesurait plus de 178 mètres de circuit. Il était carré et flanqué de tours aux angles.

A en juger par les ruines actuelles, l'ennemi qui venait du côté de Guingamp, c'est-à-dire du Sud, trouvait un premier mur, puis un fossé, un second mur et enfin un deuxième fossé. Ces murs et fossés s'étendaient sur la largeur intière du petit plateau qui sépare la vallée du Trieux, à droite, de celle de petit ruisseau de Châteaulin à gauche.

L'assaillant, qui avait réussi à franchir ces divers obstacles, se trouvait alors devant le Château lui-même qui, comme la plupart des forteresses féodales, se composait :
1°) du château proprement dit, imposante construction carrée, savamment fortifiée,
2°) du donjon, placé au centre du Château et séparé de ce dernier par une douve très profonde. Le donjon de Châteaulin devait être carré lui-même et chaque côté mesurait une trentaine de mètres.

Les armes de Châteaulin sur Trieux, qui devinrent celles de PONTRIEUX, étaient, selon LE BORGNE " Goello et Avaugour ", c'est-à-dire d'argent au chef de gueules, chargé à une macle d'or (qui est Goello) - d'après un sceau de 1229 - armorial de Courcy - et d'argent au chef de gueules (qui est Avaugour), avec la devise "UTIMUR", mot latin qui signifie "Nous employons".

Toujours d'après l'armorial de Courcy, Goello avait eu antérieurement (sceau de 1198) un arbre chargé de trois pommes comme armes.

D'autre part les armes de l'ancienne vicomté de Pontrieux, Frynaudour, Quemper-Guézennec, étaient "de gueules à la croix engreslée d'or".

A cette époque troublée, il était prudent de construire sa demeure près d'un château-fort, pour être secouru en cas de nécessité.

En raison de la situation stratégique de Châteaulin sur Trieux, ce fut au pied de la forteresse, mais sur la rive droite de la rivière, que s'élevèrent quelques chaumières, entre notre hippodrome de Traoumélédern et le magasin à lins de M. Yves PHILIPPE. Pour assurer la communication avec le château, les habitants de cette petite bourgade construisirent un PONT sur le Trieux. Les vestiges de ce pont sont bien connus des Pontriviens sous la dénomination de "Pont de Pierre" et permettent, en été, de traverser la rivière à pied sec.

Sous le règne de Duc CONNAN IV, dit "Le Petit" (1157-1171), le village de Châteaulin comptait 300 âmes.

Le 5 décembre 1332, le Duc de Bretagne Jean, dit "Le Bon", céda à Jean de RAIS Châteaulin sur Trieux, en échange de la Baronnie de RAIS.

Cependant le village s'agrandissait d'année en année, principalement dans la direction du Nord-Est ; si bien qu'une église y fut construite, au début du XIVème siècle, probablement sur l'emplacement du presbytère actuel, qui porte le nom de "Coz-Ilis".

Ce nom de "Coz-Ilis" (la Vieille Eglise), des ruines, des pavés trouvés dans les champs et les jardins, un grand chemin descendant de la direction de Guingamp (Les Quatre Vents) au placitre de Traoumélédern, un chemin pavé à 200 m de la rivière, des ossements humains trouvés près de "Coz-Ilis", prouvaient encore, au siècle dernier, qu'une agglomération importante exista entre Châteaulin et le PONTRIEUX actuel.

Malheureusement, en s'éloignant du Château, le village s'écartait de son protecteur naturel et courait à sa ruine. C'est ainsi qu'en 1343 (pendant la lutte entre Jean de MONTFORT et Charles de BLOIS) Edouard III, roi d'Angleterre, protecteur de MONTFORT, s'empara de l'église et du village, et pilla le tout.

Deux ans après, en 1345, c'est encore un Anglais, le Comte de NORTHAMPTON, qui prit le village et l'église. Il les brûla, comme il venait de le faire pour deux faubourgs de Guingamp.

Ce fut très probablement au cours d'une de ces batailles que le Marquis de Keralbin, enfermé dans Châteaulin sur Trieux, se battit comme un lion et fut tué par les Anglais, les armes à la main.

Le village de Châteaulin ayant donc été brûlé par les Anglais en 1345, ses habitants décidèrent de le rebâtir encore plus au Nord-Est, en utilisant les deux rives du Trieux, qu'ils relièrent par un pont. Cette situation valut à la ville nouvelle le nom de PONTRIEUM, puis PONTRIEUS et enfin PONTRIEUX.

A quels mobiles nos ancêtres obéirent-ils en s'écartant de plus en plus de Châteaulin ?

Il est plus probable qu'ils voulurent se rapprocher de l'endroit où le Trieux devient navigable, de façon à bénéficier ainsi des avantages du commerce maritime. De plus, l'antique village de Châteaulin, enserré entre deux coteaux que séparait seul le lit de la rivière, ne pouvait pas être facilement desservi par des routes d'une certaine importance, tandis qu'en utilisant les vallées qui entourent le PONTRIEUX d'aujourd'hui, il est possible de relier, sans trop de difficultés, la nouvelle ville aux localités voisines.

Jean de Bretagne, fils aîné de Charles de BLOIS et de Jeanne de Bretagne, posséda Châteaulin sur Trieux qui, plus tard, fut pris, au nom de Duc de Bretagne, pour cause de rachat.

Vers 1369, sous le règne du Duc Jean IV, "Le Conquérant", les Bretons se soulevèrent en masse, parce que le Duc, conseillé par un Anglais (l'artificieux Millebone), avait placé des garnisons anglaises dans les places les plus importantes de Bretagne. La plupart de ces garnisons furent prises par les Bretons et Châteaulin sur Trieux dut se rendre au Vicomte de ROHAN.

Dans les dernières années de son règne, Jean IV, qui mourut à Nantes le 2 novembre 1399, céda à Jeanne de Rais, fille de Gérard, diverses Chatellenies, dont Châteaulin sur Trieux. Puis, Jean de Bretagne, comte de Penthièvre et Vicomte de Limoges, promit de rendre au Duc de Bretagne cette Châtellenie de Châteaulin, qui lui avait été donnée en gage, pour une rente de 1300 livres, à la condition pour le Duc de lui fournir une autre "assiette".

Ce même Duc Jean IV institua un chapelain et fonda des messes dans la chapelle de Ruzargan, près de Châteaulin, messes qui, en cas de guerre, devaient être célébrées dans le Château lui-même.

En 1407, Châteaulin appartenait à Marguerite de CLISSON, comtesse de Penthièvre ; mais cette dernière ayant été déclarée coupable de félonnie, ses biens (dont Châteaulin) furent confisqués, pillés et démantelés par le Duc Jean V. Cette exécution ne se fit naturellement pas sans mal, et le Duc de Bretagne dut appeler à son secours Edmond, comte de Kent et Amiral d'Angleterre. En 1409, les troupes de cet Anglais saccagèrent Châteaulin et Pontrieux. D'après l'abbé MANET, ce fut un horrible carnage.

Mais la politique anglaise de Jean V ayant soulevé de grandes colères, ce prince fut obligé de signer la paix avec la comtesse de Penthièvre. Par traité du 8 août 1410, il lui restitua Châteaulin, Guingamp et la Roche Derrien.

Dix ans après, en 1420, les mêmes troupes anglaises pour punir les fils de Marguerite de CLISSON, Comtesse de Penthièvre, d'avoir emprisonné à Paluau, puis à Champoteaux, le Duc Jean V et son frère Richard, assiégèrent Pontrieux et Châteaulin, s'en emparèrent et les brûlèrent en entier. D'après OGEE, le Duc Jean V fit démolir complètement le Château qui, d'ailleurs, fut rebati en partie.

Le Duc de Bretagne, François II (1458-1488) confisqua également les biens des Penthièvre et constitua à la Duchesse Françoise d'Amboise, veuve de Pierre II (Duc de Bretagne mort à Nantes le 22 septembre 1457) une "assiette" de 7 000 livres de rente sur diverses seigneuries, dont Châteaulin / Trieux.

Les héritiers des Penthièvre Jean de Brosse et sa femme Nicole de Bretagne, vendirent leurs droits au Roi de France Louis XI, pour la somme de 50 000 livres, en 1480 probablement, à la condition de leur restituer le Comté de Penthièvre, lorsqu'ils se seraient rendus maîtres du Duché de Bretagne. Le Duc François II se vengea de Nicole, en lui enlevant la Baronnie d'Avaugour, dont faisait partie Châteaulin et en lui donnant, en 1481, comme suplément d'apanage, à son fils naturel, François de Bretagne, qui devint ensuite Comte de Vertus. Le comté de Goello, désormais intimement lié à cette Baronnie, comprenait les châtellenies de Châtelaudren, Lanvollon, Paimpol, Châteaulin / Trieux et la Roche-Derrien.

Nous avons signalé ci-dessus que Châteaulin / Trieux avait appartenu à Jean de Bretagne, fils aîné de Charles de Blois et Jeanne de Bretagne.

Il est bon d'ajouter que, suivant un document de la canonisation de Charles de Blois, celui-ci avait, par acte écrit devant Hennebont, enlevé la possession de Châteaulin à de Trésiguidy, Seigneur de Brélidy, chevalier du Combat des trente (27 mars 1351). La famille Trésiguidy était originaire de l'ouest de la Bretagne (aujourd'hui le Finistère) et portait "d'or à trois pommes de pin la pointe en haut".

Le roi de France, Louis XI, étant mort le 30 août 1483, son fils Charles VIII, reprit le projet paternel et cherche à s'emparer de la Bretagne. Il nomma le Vicomte de Rohan lieutenant général. Ce Breton, traitre à sa patrie, entra en Bretagne, au cours de l'hiver 1488-1489, à la tête d'une nombreuse armée, et s'empara de Pontrieux, ainsi que de Châteaulin sur Trieux.

Cette forteresse venait d'être réparée par la Duchesse Anne de Bretagne, qui avait succédé en 1488 à son père François II. Le Vicomte de Rohan se vengea de la résistance que les soldats de la Duchesse lui avait opposée dans Châteaulin. Il fit tant à Pontrieux qu'au Château, un butin considérable, les abandonna au pillage et incendia Châteaulin qui ne s'est jamais relevé de ce coup terrible.

Cependant, d'après Lobineau, plusieurs seigneurs breton, dont les Châtelains de l'Ile de Bréhat, auraient repris Châteaulin ainsi que Pontrieux l'année suivante, et en auraient expulsé le Vicomte de Rohan avec les Français qu'il commandait.

Vers 1830, M. Charles GAULTIER de KERMOAL, Maire de Pontrieux et propriétaire des ruines de Châteaulin, y fit des fouilles et découvrit une clef en fer, un anneau en vermeil, des boulets de canon en pierre, quelques pièces de monnaie et des cendres qui indiquaient bien l'incendie du fort.

Les Guingampais, qui avaient établi l'entrepôt de leurs commerces et leurs magasins dans Châteaulin même, purent les transporter à Pontrieux, lorsque le Château fut détruit.

Quelques semaines après, à la fin de mars 1489 ? la Duchesse Anne reprit Pontrieux, mais elle ne le conserva que peu de jours.

En effet, le 7 avril de la même année, les Français qui étaient maîtres à Guingamp, en sortirent en armes et marchèrent contre Pontrieux. La bataille fut terrible et se termina par la défaite des Bretons, qui perdirent entre autres Guillaume de Rostrenen, seigneur de Brélidy ; Yvon de Plusquellec, seigneur de Kercabin. Yvon de Kerversault ; le Sire de Keranlouet ; Olivier, seigneur de Plougou ; Alain de Kernechriou ; Prigent, fils aîné du Seigneur de Lannechiou ; Roland de Botloi. Les Français, ennivrés de leur victoire, saccagèrent Pontrieux pour la seconde fois et y mirent le feu, avant de regagner Guingamp.

Plus heureuse que Châteaulin, notre chère petite ville sut, comme le phénix, renaître de ses cendres. Cette fois-ci encore, elle se rapprocha un peu de la mer.

L'année suivante, en 1490, le capitaine Gouisquet, avec ses Bretons et 1500 Anglais, reprit Pontrieux, puis Guingamp, aux troupes françaises.

Le roi de France, Charles VIII, ayant épousé la Duchesse Anne de Bretagne, en 1491, l'ordre se rétablit et un chapitre de l'histoire de Pontrieux prit fin.

Pendant trois siècles qui nous séparent de la Révolution, Châteaulin sur Trieux (qui, s'il n'existe plus comme forteresse, tient toujours, comme seigneurie, une grande place dans l'Histoire de Bretagne) va passer, - ainsi que le Vicomté de Pontrieux avec diverses dépendances situées dans les paroisses de Plouëc, Ploézal et Pleubian, dans plusieurs familles plus illustres les unes que les autres.

Au milieu du XVIème siècle, le Comte de Penthièvre céda Châteaulin, avec d'autres terres, à François fils du Comte de Vertus et de Charlotte de Pisseleu, à l'occasion de son mariage.

En 1554, Claude de Rieux (dame de la Roche Bernard où elle fut inhumée en 1561) Comtesse d'Harcourt, épouse, depuis 1547, de François de Coligny, chevalier et seigneur d'Andelot, prisonnier de guerre au château de Milan, cède à Louis d'Acigné, seigneur de Ballue et de Grandbois, demeurant au Château de la Roche- Jagu, la ville "Pontrieux" et plusieurs autres biens contre diverses terres. Cet échange fut autorisé par le roi Henri II, le 17 novembre 1554.

Quelques années après, vers 1560, Jeanne de Bretagne poursuit son frère, le Duc d'Etampes, parce qu'il avait vendu Châteaulin sur Trieux avec d'autres seigneuries, qu'elle désire recouvrer.

Voici d'ailleurs la liste des seigneurs de Goello, de Vertus et d'Avaugour.

- A la fin du XVème et au XVIème siècle François I, François II et Odet de Bretagne.

- Au XVIIème siècle : Charles, Claude I, Louis, Claude II de Bretagne.

- Au XVIIIème siècle : Armand-François, Henri-François de Bretagne, Hercule Mériadec de Rohan-Soubise (héritier du précédent), et enfin Charles de Rohan-Soubise.

Nous avons laissé Pontrieux se reposer en 1491 des troubles si graves qui avaient considérablement gêné son développement. La paix étant désormais fortement établie à l'intérieur de la France, Pontrieux, dans les trois siècles qui nous séparent de la grande révolution, sera comme les peuples heureux : il n'aura pas d'histoire. Il va profiter très adroitement du calme et de la tranquillité pour s'agrandir et s'enrichir par son commerce, grâce à son admirable situation économique.

Voici d'ailleurs, dans l'ordre chronologique, les quelques faits locaux digne de remarque, au cours de cette longue période.

En 1514, les seigneurs de Châteaubriand, (Quemper-Guézennec) et de la Roche-Jagu, signent tours deux un traité relatif à leurs droits respectifs sur "la rivière et pêcherie de Pontrieux".

Une "déposition" de François de Kerguézec, en date du 9 septembre 1594, donne les renseignements suivants : "En l'an mil cinq cent quatre vingt neuf, environ Pasques, les ennemis du feu roi et du roi à présent régnant, se disant de la Ligue, prennent les armes contre leur autorité en ce pays et Duché de Bretagne, auxquels les habitants de dict lan-Tréguier, s'opposèrent de prime face et firent tel devoir qu'ils repoussèrent par plusieurs fois les dicts ennemis, comme à la Roche-Derrien, Pontrieux, Runan".

En 1611, les loups étaient si nombreux aux environs de Pontrieux, que le Parlement enjoignit de les chasser tous les dimanches et jours de fête. Cet ordre fut publié au prône des grands-messes dans les paroisses voisines, et les "marguilliers et trésoriers" durent y porter "le rôle des contribuables pour imposer les absents à l'amende. Ces loups s'attaquaient fréquemment aux êtres humains dont ils avaient pu apprécier la chair pendant la guerre de la Ligue, en raison de laquelle, les cadavres sans sépulture abondaient dans les campagnes. Le peuple les appelait "Tud-Bleiz" - "Gens-Loup", parce qu'ils les considéraient comme des soldats trépassés, ressucités par la permission de Dieu pour affliger les vivants.

Les enrôlements militaires ne devaient pas s'effectuer toujours dans le calme, à en juger par la lettre suivante - en date du 27 janvier 1690 - de Desclouzeaux à la Cour :

"Je suis adverti de plusieurs endroits quel quelques gentilhommes et des officiers de justice ne font pas ce qu'ils devraient pour faciliter les levées qu'ils font de soldats, au contraire les détournent de leur bonne volonté. Un sergent qui lève pour Mr de Vaudricourt à Pontrieux, ayant engagé un soldat nommé Antoine Guay après l'avoir fait boire et lui avoir donné 30 sous d'engagements, ce soldat fut dégoutté. Le sénéchal et le Procureur fiscal du dit lieu accompagniez d'une foule de peuple l'enlevèrent des mains de ce sergent pour empêcher la continuation de ce désordre. Je crois qu'il serait bon d'envoyer un ordre à ce sénéchal de représenter ce soldat et déffendre aux gentilhommes et officiers de justice de se mêler en aucune manière de ces levées".

En 1694, nous trouvons à Pontrieux une "Grande-Rue" du côté de Ploézal.

J'ai eu sous les yeux un procès-verbal du XVIIème siècle contenant l'étendue du territoire appelé "la cordée de le Ville de Pontrieux", où les hommes et vassaux seigneurie de Quemper-Guézennec étaient exempts du devoir de rachat. (Le devoir de rachat était l'obligation, pour le vassal, de payer à son suzerain une année de revenus du fief, à chaque mutation par décès. Le droit de rachat était le droit qu'avaient les suzerains de percevoir cette année de revenus) ?

La cordée commençait au Moulin de la Roche-Jagu, suivait un étroit chemin conduisant à "la porte du lieu de Goasvilsic, de là au grand chemin de Pontrieux, à la maison de Corvezou et à la colline qui est au dessus de la chaussée de vieil étang des Fontaines".

De cet endroit à l'écluse du Moulin du Trieux (anciennement cartonnerie de MM. HUET) où elle se termine, la cordée contient "la chapelle de Notre-Dame, une partie de la Métairie de Pen-Kernech, l'issue de Coz-Illiz, le village de Traoumélédern et une pièce de terre, dite "Parc-Dom-Jean".

En 1721, la terre de Pontrieux était "restée" à "Monseigneur le Duc de Richelieu".

En 1725, on pouvait lire sur la pancarte des droits levés à Pontrieux sur les marchandises, au passage du pont, "au havre de la Ville" et aux foires du lundi
1 boutique de boulanger…………………………………. 1 sou
1 marchand de farines…………………………………… 6 deniers
1 boisseau de blé vendu ………………………………… 3 deniers
(au passage du pont seulement pour le denier).
1 tonneau de blé ou de charbon……………………………. 10 deniers (au port et sur les rivières jusqu'à Frynaudour et Houël).

J'allais oublier l'article le plus intéressant peut-être les jeunes gens qui se marient et qui passent sur le pont "lors de la bienvenue" : 24 sous.

En 1736, Jean Sébastien Fleuriot, chevalier Comte de Langle et Seigneur de Kerlouet, prit possession de la Vicomté de Pontrieux-Frynaudour-Quemper-Guézennec qu'il avait "acquise sur" Louis François-Armand du Plessis, duc de Richelieu et de Frontac, pair de France.

En 1759, les juridictions de Pontrieux, Frynaudour, Quemper-Guézennec et Carnavalet étaient "tombés en rachat" au profit de la seigneurie de Châtelaudren, par suite du décès de Jean-Marie, marquis de Coatrieux, seigneur des dites terres et autres, mort à Kernabat, près de Guingamp, le 28 décembre.

Au XVIIIème siècle, les Pontriviens demandèrent je ne sais pour quel motif, l'établissement d'un octroi.

Il y avait alors à Pontrieux, une "rue de la Rive", un "Martrait", noms qui ont complètement disparu aujourd'hui. Cette "rue de la Rive" partait de la Place actuelle de l'église pour rejoindre le bas de la "côte de blé" (Grao an ed). Elle se prolongeait au Nord par le "Chemin du port" : cette rue et ce chemin sont devenus la Pue du Quai.

Vers 1770, les rares Pontrieux désœuvrés avaient l'habitude de se promener sous les Halles, lorsqu'il pleuvait. La nuit venue, ces Halles étaient le rendez-vous de la "jeunesse dorée" qui s'y divertissait en joyeuse et galante compagnie.

Les dernières années de ce XVIIIème siécie ne furent guère favorables à Pontrieux, comme vous allez le constater.

Le 18 août 1773, une pluie fine tomba continuellement. Le lendemain, à deux heures du matin, l'eau monta sur le pont, dont les deux piliers seul étaient "en taille". A 8 heures, le pont fut emporté et, en même temps, les deux boutiques de la rive droite (actuellement occupées par Mme Vve A. David et Melles Labia), la "Levée" de le rive gauche au Nord du Pont, (cette levée existe encore sur le Trieux et donne accès à la maison habitée par M. Torty), toutes les maisons donnant accès à la rivière, depuis le Moulin du Trieux (cartonneries de MM Huet) jusqu'au pont furent entrainées par les eaux qui s'élevèrent de douze pieds (4 mètres) et même de trente-six pieds d'après Benjamin JOLLIVET (1856).

Entre 11 heures et midi elles commencèrent à baisser : le lendemain elles étaient basses et le temps était beau. Toutes les marchandises avariées furent mises au séchage sur le coteau de Saint Thomas.

Cette innondation fut causée par la rupture de la chaussée de l'étang de Coatmaloën en Cornouailles. A la suite de cette crue, le lit du Trieux se trouva tellement bouleversé que l'on fut obligé, quelques années plus tard, de le curer dans sa traversée de Pontrieux.

Le 3 avril 1777, soit moins de 4 ans après, un incendie, consuma toute la rue des Galeries, qui ne comprenait probablement que des maisons en chaume.

L'année suivante, le 25 janvier et le 20 juillet, Pontrieux fut victime de deux nouvelles inondations, moins fortes cependant que celle de 1773, quoi qu'en dise OGEE. Ces deux crues furent attribuées à l'encombrement du lit de la rivière entre le Moulin du Trieux et le Moulin Michel (ancienne scirie de M. Emile Poullin-Gouriou).

Cette fois ci, du moins le pont et les maisons ne furent pas emportés par les eaux ; en tout cas, la traditicn locale est muette à cet égard...

Il est probable qu'il faut voir dans cette inondation l'origine de la gracieuse légende du "Moulin Fondu", bien-connue des Pontriviens, et relatée dans les ternes suivants par B. JOLLIVET : "Pendant une nuit de Noël, des tailleurs de la paroisse de Plouëc jouaient aux cartes, dans un moulin situé sur le Trieux en compagnie du maître de la maison. Ces gens étaient impies et, au lieu d'aller à la Messe de minuit, restèrent à jouer, boire et blasphémer. La servante, pieuse, alla seule à l'église. Au retour, elle ne trouva qu'une nappe d'eau... Le moulin tout entier avait disparu............... Depuis ce temps, tous les ans, à Noël, pendant la Messe de Minuit, on entend sur l'emplacement du "Moulin Fondu", le tic-tac d'un moulin à blé et des voix qui gémissent".

Après 1781, sous le règne de Louis XVI, M. de Thuomelin, membre de la commission intermédiaire, fit payer la "Cote de Blé" - "Grao an ed" - et en raison de la cherté des vivres, l'entrepreneur des travaux dut payer ses ouvriers 15 sous par jour au lieu de 12.

Dans l'histoire de Pontrieux sous l'ancien régime, on déccuvre une note très originale, en observant la question religieuse. Pontrieux faisait partie de l'archidiaconat et, a fortiori, du Diocèse de Tréguier.

Fait excessivement curieux, Pontrieux, petite ville relativement importante à tous égards, ne formait ni une paroisse, ni même une succursale.

La partie de la ville située sur la rive droite du Trieux dépendait de la paroisse de Quemper-Guézénnec et de St Clet, qui n'était qu'une trève ou succursale de cette paroisse.

C'était le ruisseau de "Goaz a Vorn" qui séparait Saint Clet de Quemper.

L'église de cette rive droite était placée sous l'invocation de Notre-Dame des Fontaines, et était située dans la rue actuelle du cimetière (vieille route de Guingamp), vis à vis de l'ancienne propriété de M. Bénech.

Cette église était affreuse. Habasque prétendait qu'il n'en connaissait pas de plus "Vilaine" en Bretagne ; mais, il exagérait quelque peu, paraît-il. Dominée au Sud et à l'Ouest par les terres du calvaire, elle était excessivement humide. Comme elle était très basse, il y régnait une chaleur étouffante, contre laquelle on lutta, en établissant presque autant de vasistas que de ferêtre. Ces vasistas étaient très incommodes pour les fidèles, dont les bancs étaient placés du côté de l'Evangile, où les fenêtres étaient percées au niveau du sol intérieur de l'église. Celle-ci avait la forme d'une grange et mesurait à l'extérieur, cent pieds de longueur, sur quarante de largeur, dimensions vraiment insuffisantes.

Cette église était desservie par un prêtre de Quemper Guézennec, qui n'était considéré que comme "matinalier" et qui recevait 150 frs (par an sans doute) du recteur de cette paroisse.

La Pompe de la ville qui n'était éloignée de Notre-Dame des Fontaines que de 150 ou 200 mètres était et est toujours, d'ailleurs, alimentée par une source située sur l'emplacement des fonts baptismaux de cette église.

En 1786, Notre-Dame des Fontaines reçut une relique de la "Vraie Croix", relique qui fut volée au début du XIXème siècle.

Le seigneur de Kergozou, M. de Pouron, avait "droit de prééminence" dans cette église, c'est-à-dire qu'il pouvait faire peindre son blason sur la grande vitre, immédiatement au dessous des Armes du Duc de Bretagne, et plus tard, du roi de France. Le droit de prééminence donnait encore d'autres honneurs, par exemple celui d'avoir sa tombe dans le lieu le plus éminent.

Ce seigneur jouissait de prérogatives plus bizarres. C'est ainsi que, lorsqu'il passait à cheval devant certains cordiers de ses voisins, il pouvait exiger de cet artisan un licol en chanvre neuf, pour son cheval.

Par contre, la partie de la ville située sur la rive gauche du Trieux dépendait de la paroisse de Ploëzal. Elle possédait également son église ; celle-ci était placée sous l'invocation de St Yves et était située au milieu de la place actuelle de la Liberté (ou de l'Hôtel de Ville). Elle fut rebâtie vers 1710 : c'était l'une des plus jolies et "régulières" du Diocèse de Tréguier. Elle avait la forme d'une croix romaine "avec l'autel en haut et le portail en bas", dans la direction de la rue St Yves, du milieu de laquelle on pouvait, les jours de grande affluence, suivre la messe, on voyait le prêtre à l'autel.

Quelques années avant la Révolution, un des deux abbés qui desservaient l'église St Yves, prit la qualité de "Vicaire de Pontrieux" et fut payé comme tel par le Chapître de Tréguier, gros décimateur de Ploëzal.

Chacune des églises avait ses registres de baptêmes, de mariages et d'enterrements ; mais, d'une façon presque absolue, pour tout Pontrieux, les baptêmes se faisaient à Notre-Dame des Fontaines et les enterrements à St Yves.

Malgré cette circonscription anormale Pontrieux formait une espèce de Communauté qui avait son existence propre.

A quelle cause faut-il attribuer ce défaut d'union des deux rives au point de vue religieux ?

Comme je posais, en 1909, cette question à M. TEMPIER, l'aimable et érudit archiviste du département des Côtes du Nord, il me répondit : "Je n'en sais rien ; mais, puisque la question vous intéresse, recherchez donc si la solution ne réside pas dans une rivalité pour ainsi dire héréditaire entre les Pontriviens des deux rives" . Et, comme je le regardais, surpris, il ajouta "La rive gauche du Trieux fait partie, comme vous le savez, de la région appelée "La Presqu'île". qui comprend le pays situé entre le Jaudy, la Manche, le Trieux et une ligne droite tirée entre Pontrieux et la Roche-Derrien. Or, la Presqu'île a été colonisée autrefois par une race plus forte, plus belle et plus intelligente que celle qui peupla les pays voisins. Il ne serait donc pas impossible que les Pontriviens de la rive gauche, habitant la Presqu'île et se considérant comme supérieurs à tout égard à leurs compatriotes de la rive droite, n'aient pas voulu - au début tout eu moins - entretenir avec ceux-ci des relations fréquentes et aient préféré de ce fait avoir leur prêtre et leur église ".

Comme habitant la "Presqu'île", je fus excessivement flatté du jugement très favorable de l'Histoire sur mes compatriotes "rive gauche", mais j'eus la loyauté et la fierté de répondre à mon très distingué interlocuteur qu'à Pontrieux, tous étaient forte, beaux et intelligents sans distinction de rive.

Il faut noter que la belle procession du samedi précédent le 3ème dimanche de juillet sort chaque année, depuis un temps immémorial, en l'honneur de N. D. des Fontaines, patronne de Pontrieux. Quant à la fête de Saint-Yves, elle donnait lieu ici autrefois, à des réjouissances publiques qui ne présentaient aucun caractère religieux.

Sous l'ancien Régime, Pontrieux n'a jamais eu de Presbytère, et ne possédait qu'un seul cimetière qui cernait l'église Saint-Yves, en ne laissant au haut de la place, que l'espace suffisant au passage d'une charette.

La première personne qui fut enterré dans le cimetière St Yves s'appelait Hortense LE GOFF et y fut inhumée 10 janvier 1652.

Pendant 140 ans, de 1652 à 1792, ce cimetière recevra près de 5 000 cadavres.

Au début de la Révolution, on établit un nouveau champ de repos au haut des Liorzhou, à l'endroit où sont construites les remises de l'hôtel de France. Ce nouveau cimetière deviendra, lui aussi insuffisant.

En 1699, une Trécossoise, Mme du Parc de Lézardot, ou de Kerverzault, amie de Mme de Maintenon, avait créé un ordre religieux, celui des Paulines, qui avait pour but de visiter les malades, d'instruire les petites filles pauvres et de tenir des bureaux de charité.

Au XVIIIème siècle, les Paulines établirent à Pontrieux une maison d'éducation pour les filles, dans la maison de la rue des Galeries, occupée plus tard par l'Ecole communale des filles.

En ce qui concerne l'administration de le Justice, Pontrieux était, avant la Révolution, un centre relativement important - la juridiction de Châteaulin-Pontrieux était exercée par M. le Sénéchal et seul juge d'icelle. En 1754 ce Sénéchal était M. Denis du Porzou.

Sans entrer dans des considérations étendues à cet égard, je vous dirai seulement que la moyenne justice de Kermaquer et de la Roche-Jagu s'exerçait à Pontrieux.

Au point de vue greffe et finances, le bureau de Pontrieux dépendait, au XVIIIème siècle, du déportement ou de la direction de Morlaix, qui dépendait elle-même de la "Généralité de Bretagne".

La Roche-Jagu, qui était haute, moyenne et basse justice, avait "la première menée aux généraux plaids de Châteaulin-Trieux" et la haute juridiction avec patibulaires à 4 piliers, dans le champ de "Krec'h-Guen", sur le Coteau de St Thomas, au-dessus de la ville.

Avant la révolution, Pontrieux, était siège de maréchaussée -celle de Pontrieux était à cheval -, et siège de subdélégation de l'Intendance de Bretagne.

Les fonctions de subdélégué correspondaient à peu près à celles de sous-préfet. Sur les 46 chefs lieux de canton actuels des Côtes du Nord, 12 seulement étaient sièges de subdélégations.

Pendant le XVIIIème siècle (1749, 1753, 1774) les subdélégués furent des GAULTIER et PORTENEUVE, ancêtres des GAULTIER de KERMOAL.

Par contre, Pontrieux n'était pas une des 42 villes (44 à un moment) qui élisaient des députés du Tiers aux Etats de Bretagne. Le motif en est, sans doute, que notre petite ville y était déjà représentée par son Seigneur, le Vicomte de Pontrieux et par celui de Châteaulin-sur-Trieux, qui siégeaient tous deux sur les bancs de Noblesse.

Les principales familles nobles de la ville de Pontrieux étaient en 1788-1789 les suivantes : Tavignon-Kerally, de Tuomelin, de Kerdellen du Perrier, et le Frotter.

Avant la révolution, Pontrieux "appartenait" à Monsieur de Coëtrieux, présentateur de la paroisse de Quemper-Guézennec, qui "avait" les marchés de la ville, tandis que les foires "appartenaient" au prince de Rohan-Soubise, seigneur de Châteaulin/Trieux, avec le titre de baronnie d'Avaugour et titre de Comté de Goëllo. De ce fait c'était au profit de ces deux seigneurs que les droits d'étalage étaient perçus.

(Pierre Huet).

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