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LA QUERELLE DES EGLISES A PONTRIEUX

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Avant de terminer l'histoire des 70 premières années du XIXème siècle, il est indispensable de s'occuper un peu de la question église.

Depuis la démolition de St Yves, l'église des Fontaines était donc l'église paroissiale et, en 1804, Monsieur LE GALL, curé, y dépensa 12 000 francs pour l'agrandir. Elle n'en devient pas moins laide, si bien que M. Jean-Marie de LAMMENAIS, vicaire général capitulaire voulut l'interdire vers 1817, parce qu'il la trouvait indécente pour le culte. Sur les instances de Monsieur LANNIER, curé, il se borna cependant à défendre de la réparer à nouveau. Cependant le curé fut obligé d'y effectuer quelques travaux urgents, car le Conseil municipal refusait de construire une nouvelle église.

En 1829, le curé songea à en bâtir une au haut de la place St Yves, mais le terrain était insuffisant et convoité d'autre part par la municipalité pour la construction de la mairie actuelle.

Le 13 février 1835, le Conseil municipal dut reconnaître la nécessité de construire une église, mais ne prit aucune décision absolue. Une quête en ville pour une nouvelle église ne produisit même pas 9 000 francs quelque temps après.

L'année suivante. l'Evêque, considérant que l'emplacement des Fontaines était trop difficile d'accès pour que l'on y bâtit une nouvelle église, le curé de Pontrieux acheta, aux prix de 5 000 francs, la propriété de "Kos-Ilis". qui appartenait au Maire, Monsieur Gautier de Kermoal, et offrit ce terrain gratuitement à la ville. Par 6 voix contre 4, le Conseil municipal accepta provisoirement cette donation, le 2 août 1836, et le Préfet confirma cette délibération le 26 octobre, malgré une vive opposition.

Le 10 novembre, 7 conseillers opposés à l'emplacement de "Koz-Ilis" - il y avait alors 14 conseillers - refusèrent d'accepter le don du curé "pour ne pas paralyser le commerce de la rue des Fontaines".

Cependant l'Evêque Monseigneur Mathieu LE GROING de la ROMAGERES, le Préfet, M. THIEULEN, et la majorité de la population, étaient alors favorables à l'emplacement de "Kos-Ilis". Le 19 janvier 1837, le Conseil Fabrique, présidé par l'Evêque, fut du même avis, par 5 voix contre une.

Il est plus que temps de prendre une décision, car la vieille église des Fontaines tombe en ruines. Le 19 février 1837, pendant les vêpres, les fidèles, croyant que l'église allait s'effondrer sur eux, brisent les fenêtres et se précipitent à l'extérieur. Ceux qui tombent sont foulés aux pieds c'est ainsi que trois personnes moururent des blessures reçues en cette sinistre journée.

Des scènes analogues, mais moins graves heureusement se reproduisirent le 12 mars, le 30 avril, ainsi que le 9 juillet 1837, le 24 juin et le 29 juillet 1838, ainsi que le 1er et le 14 novembre 1841. Il est vrai que les deux paniques de 1838 furent causées, la première par les cris d'un enfant chassé de l'église en raison de sa dissipation et la seconde par un violent coup de tonnerre.

Des quêtes pour l'église de ”Kos-Ilis" furent organisées en 1837, tant à l'intérieur de l'église que dans la ville. Ces dernières furent faites par plusieurs dames qui obtinrent, de plus cent francs de la Reine Marie-Emilie, grâce à l'avis favorable du Préfet et à l'appui du Maire, de l'adjoint, des députés du département et de M. de la VILLEGONTIER, pair de France.

Le 29 mars 1837, le Conseil municipal reconnut une fois de plus, à l'unanimité, la nécessité de construire une église, mais par 8 voix contre 5, il opta pour l'emplacement des Fontaines.

Malgré ce vote, l'Eglise de Kos-Ilis est commencée le 3 avril 1837.

Le 11 mai, le Conseil municipal, revenant sur sa première décision, choisit un noucel emplacement situé sur la place de la Pompe et appartenant è Monsieur de FLOYD, de Pommerit-le-Vicomte, et à Monsieur AUGUSTINI, de Pontrieux. Ce choix se fit à l'unanimité, moins la voix du Maire. Dès le lendemain, les conseillers commencèrent en ville une quête pour leur église.

Le 16 mai, la moitié du Conseil municipal était soumise à l'élection. Celle-ci se fit sur un terrain unique emplacement de la future église, et donna la victoire aux adversaires de Kos-Ilis. Quatre jours après, le Maire donna sa démission ; il fut remplacé par M. Claude LE GORREC Fils.

Un instant abattu, le parti de Kos-Ilis, encore appelé "Caraco" parce que le nommé Chevoir, dit Caraco, avait été le dernier locataire du jardin du Kos-Ilis. Le parti Koz-Ilis, dis-je reprit courage. Il était persuadé en effet que le Conseil municipal échouerait dans son projet et, dès le 22 mai, il décida de continuer les travaux avec le concours manuels d'hommes et de femmes de toutes conditions. Le 25 juin la première pierre fut bénite par le curé. Le 13 juillet, l'Evêque vint lui-même travailler et transporter des pierres.

Dans le parti adverse, on était loin aussi de rester inactif. Le 11 juin, la municipalité avait annoncé à la population l'achat du terrain Floy, et promis que les impôts ne seraient pas augmentés de ce fait.

Le 29 du même mois, le Préfet avait prévenu le Curé par lettre qu'il ne reconnaîtrait comme église paroissiale que celle qui serait reçue comme telle par le Conseil municipal.

Les propriétés Floy et Augustini ont coûté respectivement 17 000 et 13 000 francs.

Le 8 décembre 1837 se termina une enquête "de commodo et incommodo", faite pendant onze jours par M. LE SAUX, Juge de Paix et conseillers municipal, et ME LE BONNIEC, son greffier, sur l'ordre du Préfet, qui désirait avoir l'opinion de la population sur l'emplacement de la future église. Les personnes des deux sexes furent admises à partir de 15 ans à donner leur avis.

Le résultat de cette enquête effectuée par deux adversaires acharnés de Koz-Ilis fut le suivant : Pour l'emplacement Floy-Augustini : 475 personnes payant un total de 5 917,62 de contributions. Contre cet emplacement : 255 personnes n'ayant 2 801,84.

Quelques mois après, le 6 mai 1638, les adversaires Koz-Ilis emportèrent un nouveau succès en réussissant à s'emparer du bureau du Conseil de Fabrique. Le 6 novembre suivant le Ministre des Cultes écrivit à l'Evêque pour lui refuser l'autorisation de bénir solennellement l'église de Koz-Ilis, des troubles sérieux étant à craindre.

Le 10, dès que cette nouvelle fut connue à Pontrieux, une partie de la Garde Nationale fut convoquée pour le lendemain à 10 heures à la Mairie avec armes et bagages.

Le dimanche 11, à 6 heures du matin, deux guérites furent placées à Koz-Ilis : l'une à l'entrée du jardin et l'autre en dehors du jardin, vis à vis le pignon du Chœur. Deux sentinelles veillaient devant chaque guérite. Un corps de garde était constitué à proximité - ou "salle battar" -. Les gendarmes eux-même étaient là.

A 7 heures, l'évêque célébra la messe aux Fontaines et déclara à l'Evangile qu'il ne bénirait pas "Koz-Ilis", parce qu'il se soumettait aux lois et que le roi lui avait interdit de procéder à cette bénédiction.

Après les vêpres, l'Evêque visita la nouvelle église exhorta les sentinelles à faire leur devoir, les bénit et partit. La garde déposé alors les armes.

Le 14 janvier 1839, le Conseil municipal s'opposa à la pétition de M. GAULTIER DE KERMOAL qui demandait au Gouvernement de l'autoriser à faire célébrer la messe, provisoirement au moins, à Koz-Ilis, et de reconnaître cette église comme chapelle privée desservie par un prêtre, aux frais du propriétaire.

Le 13 juin 1839, l'Evêque et le Curé assistèrent, à 9 heures du matin, à une réunion du Conseil municipal qui repoussa à l'unanimité, la proposition de l'Evêque d'adopter Koz-Ilis, pendant 18 mois ou 2 ans.

Le 8 avril 1840, le Conseil de Fabrique invita l'Evêque à venir bénir la première pierre de ce nouvel édifice, mais cette invitation ne fut pas acceptée. On raconta même que l'Evêque avait interdit au clergé de procéder à cette cérémonie. Devant ce refus, la première pierre fut posée le 3 août, par les autorités civiles.

Cette église qui, seule, sert au culte, a été dessinée par LE PESCHEUR-BERTRAND, architecte.

Mais peu à peu, les esprits se calmaient et, le jeudi 2 juin 1842, M. Lannier, curé, délégué par l'Evêque, bénissait la première pierre placée sous le Maître-autel. Le 30 octobre suivant, l'Eglise elle-même était bénite, sous le vocable de la "Très Sainte-Vierge-Marie, Mère de Dieu", par M. LE BORGNE, Vicaire général, au nom de l'Evêque.

C'est ainsi que se termina une querelle qui avait duré six ans et divisé la commune en deux partis acharnés l'un contre l'autre.

Le 17 janvier 1845, le Curé de Pontrieux reçut de l'Evêché des reliques de St Yves, de St Gonéry, abbé, de St Théodore, martyr et de Ste Victoire, martyre.

Ces reliques furent transportées, le 20 avril suivant, du presbytère à l'église.

L'Eglise des Fontaines, l'ancien calvaire et les terrains adjacents furent vendus, le 16 novembre 1846, à Jacques le Mansec cafetier à Pontrieux.

En 1857, M. LE GORREC, député, obtint de l'Empereur un tableau pour l'Eglise. Ce tableau représente "La délivrance de St Pierre de la prison par l'Ange".

Le 20 mars 1885, Mr Baudour, curé, reçut une portion de la Vraie croix.

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Il serait peut-être intéressant pour les Pontriviens de connaître l'appréciation des historiens à leur sujet :

D'après le dictionnaire breton du Père Grégoire de Rostrenen, les "Jeunes garçons de Pontriviens étaient si turbulents à l'église et ailleurs" que les mots "eubeul Pontreo" - en français "poulain de Pontrieux" - signifiaient : enfant mal élevé.

En 1856, Jollivet écrivait "Les Pontriviens sont opiniâtres, actifs, ardents, résolus, se précipitent volontiers dans la lutte et y déploient une grande fermeté de caractère : leurs petites querelles d'intérieur passionnent les femmes elles-mêmes".

Puis il ajoutait qu'à Pontrieux "chacun se pose carrément dans le camp qu'il a choisi et ne l'abandonne plus". Les habiles à faces multiples ne réussiraient pas à Pontrieux.

Plus loin il dit que toutes les rivalités cessent devant l'intérêt de la ville et que "les Pontriviens naissent pour la plupart avec les aptitudes qui font l'homme public et l'homme d'affaires".

En 1862, Gaultier du Mottay reconnaissait que la population de Pontrieux était "remarquablement énergique et intelligente".

(Pierre Huet).

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