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LES FRERES MINEURS DE L'OBSERVANCE DE PONTIVY

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La fondation du couvent des Frères Mineurs de l'Observance à Pontivy remonte à l'an 1456, et appartient au vicomte de Rohan, comme le prouve l'acte suivant :

« Alain (IX), vicomte de Rohan, comte de Porhoet, de la Guasnache, et seigneur de Léon, scavoir faisons que nous, désirans pourveoir au salut des ames de nos prédécesseurs, de nous et de nos successours, et par celle cause meus et délibérez, en honnour et révérence de Nostre Seigneur et de Monsieur Saint François, donner lieu et amplacement aux Frères religieux de l'ordre de l’Observance de mon dit sieur saint François, pour y construire et édiffier un convent, église, habitation de collège du d. ordre de l'Observance à la custodie des [ Isles ?], afin qu'en iceluy lieu le service divin puisse estre fait et continué au plaisir de Dieu, avons aujourd’huy, en encommancé de nostre d. intention, donné, livré et transporté, et par ces présentes donnons et transportons ausd. Frères religieux de l'Observance du d. ordre, c'est à scavoir le lieu et emplacement où autrefois fut le chastel de Pontivy, près et adjacent de nostre ville dud. lieu, lequel emplacement est nommé et notoirement appellé les Salles ; et avecq ce dous pièces de terre en parc et courtilz que naguères avons eu par eschange de Jégo Huguelcauff et de Lanjarrant seis jouxte les d. Salles ; pour en iceux lieux, ainsi que verront estre plus utile, faire construire le d. collège et habitation avecque les jardins d'iceluy.

Et oultre ce leur avons donné et donnons l'usufruit de nos pescheries estans sittuées en la rivière de Blasvet l'endroit des d. Salles, pour iceux religieux y prendre des anguilles et autres poissons, ainsi que faire le pourront, et du nombre des anguilles qu'ils y prendront nous en rendront chacun an et à noz héritiers un cent.

Des quels lieux volons qu'ils joyssent entièrement et y facent tiel édifice, tant d'églize que d'autres habitations que verront l'avoir à faire pour la fondation du d. collège ainsi que dessus, sans que nul autre que les d. religieux y puisse prétendre, à cause de cette présente donnoison, aucune seigneurie né avenance de fondation, fors seulement nous et noz héritiers, que expressément par la baillée de cestes avons retenue et retenons, né aussy avoir né souffrir aucun enterrement au cuer de lad. église, sinon nous, nostre très chière et très amée seur et compaigne et nos enfans.

Et en tesmoing de ce avons signé cestes présentes de nostre sceau le neufiesme jour de novembre, l'an mil CCCC cinquante seix. ALAIN DE ROHAN. Scellé d'un sceau de cire rouge à sept macles ». ( Pr. II. 1698).

Ville de Pontivy (Bretagne).

En même temps, le vicomte donnait au recteur de Pontivy, pour le dédommager, la chapelle de Sainte-Marie-Madeleine avec le terrain voisin et une prairie dite le Pré du receveur ; il avait également l'autorisation de l'évêque de Vannes, Yves de Pontsal. (Ibid. 1696).

Le fondateur mourut le 20 mars 1462 au château de la Chèze, et fut inhumé à l'abbaye de Bonrepos.

Son fils et successeur Jean II, voulant remplacer l'ancien château des Salles, commença en 1485 la construction du château actuel de Pontivy, en face du couvent des Cordeliers ou Mineurs de l'Observance.

Pendant ce têmps, les religieux continuaient leurs œuvres de zèle et de mortification. Leurs couvents, étant devenus assez nombreux, formèrent en 1517 la province de Bretagne ; ils eurent dès lors un ministre provincial et un chapitre provincial. Pour éviter les rivalités entre les religieux de langue bretonne et ceux de langue française, dans la nomination des officiers, on fit en 1539, d'un commun accord, un règlement, qui a été résumé ci-dessus, à l'article de Sainte-Catherine. Les Frères de Pontivy l'acceptèrent comme tous les autres.

En moins de deux siècles, l'Observance régulière commençait à baisser ; elle fut relevée par les Récollets. Ceux-ci prirent possession du couvent de Pontivy en 1632, en vertu d'un arrêt de la cour du parlement.

Trente-deux ans plus tard, en 1664, le monastère fut reconstruit en entier : c'est ce que prouve une inscription gravée sur une pierre de granit, placée primitivement dans les fondements de l'édifice, et encastrée aujourd'hui dans le mur qui borde le chemin de halage du canal. En voici la copie : In nomine Domini, — Hæc est petra totius œdificii prima — Et ab excellentissima potentissima q. ducissa — Margarita de Rohan apposita — per illustrissimum ac nobilissimum — Herveum Le Lart, hujusce ducatus — et urbis prefectum. R. P. Celestino — Le Gouz guardiano. — Anno 1664.

Les Récollets, comme les Observantins, se trouvèrent aussi partagés entre deux langues. Néanmoins, dans leur chapitre provincial du 10 janvier 1637, ils décidèrent que les élections se feraient librement, sans distinction de langues. Mais bientôt les Bretons se plaignirent d'être écartés des charges, malgré leur nombre, et ils obtinrent du Saint-Siège, en 1663, le renouvellement du concordat de 1539 et son application aux Récollets : ce qui fut accepté par ordonnance royale et enregistré par le parlement.

Cette décision ayant été attaquée comme subreptice, il s'en suivit de longs débats, qui ne prirent fin qu'en 1686, après la sentence du Ministre général de l'Ordre. Il fut statué que l'alternative régnerait en tout : les bas-bretons nommeraient, pour le premier triennal, le ministre provincial et deux définiteurs ; les gallos et les vannetais, le custode et deux définiteurs ; au second triennal, ce serait l'inverse, et ainsi alternativement ; les vannetais et les gallos associés partageraient entre eux et à l'alternative les offices formant leur lot triennal, c'est-à-dire que les vannetais choisiraient une fois le provincial ou le custode, et les gallos les deux définiteurs, et la fois suivante les gallos nommeraient le custode ou le provincial, et les vannetais deux définiteurs.

Cette paix, analogue à celle de 1539, fut observée jusqu'à la fin.

Les Récollets de Pontivy avaient aussi, dans le même temps, des difficultés avec le clergé de la paroisse, comme le montre l'acte suivant :

« Extrait de l'arrest du parlement de Bretagne, au sujet de la sépulture des morts, rendu entre Messire Sébastien de Kerhouent, chevalier, sieur de Coetanfao, père spirituel des PP. Récollets de la ville de Pontivy, d'une part, et Messire Claude Marquet, recteur de la ville et paroisse de Pontivy, Louis de la Chapelle son curé, et autres prêtres de la d. ville et paroisse.

La Cour, faisant droit sur la requête et conclusions du procureur général du roy, suivant et conformément aux précédents arrests et réglemens de la d. cour et à l'acte de traité du 17 octobre 1686, a maintenu les d. religieux Récollets de la ville de Pontivy en la possession d'assister aux sépultures et conduites des corps, dont ils seront requis, a enjoint aux recteurs, curez et autres prêtres de la ville de Pontivy et autres paroisses circonvoisines, de faire transporter directement, après la levée des corps, de ceux des décédez, de leurs héritiers ou plus proches parents, qui auront requis et demandé d'être inhumez dans l'église des d. religieux Récollets, sans les transporter ailleurs, sous peine de cent livres d'amende.

Ordonné que le présent arrest sera lu et publié aux prônes des grandes messes des d. paroisses, et affiché où besoin sera, à ce que personne n'en ignore. — Fait en parlement à Vennes, le 15e jour de novembre 1686. — Signé : Guillaudeu. ».

Le couvent de Pontivy, étant assez spacieux, servait de noviciat dans les derniers temps, et on peut voir encore aux archives départementales les registres des professions de 1740 à 1782. En voici le résumé.

F. Félix Dupont, de Saint-Goustan d'Auray, profès, 3 octobre 1740.
F. Mathurin Le Mauff, de Guémené, profès le 20 décembre 1740.
P. Honoré Euzenot, de Guern, profès le 20 décembre 1740.
P. Henri-Maximilien Le Verger, de Pluneret, 9 octobre 1741.
F. Grégoire Le Moéne, de Séglien, profès le 9 mars 1742.
S. Thomas Le Molgat, de Surzur, profès le 7 décembre 1742.
P. Célestin Denys, de Guer, profès le 20 décembre 1742.
P. Louis Le Moign, de Neulliac, profès le 4 février 1743.
P. Pierre Durox, de Néant, profès le 20 janvier 1745.
P. Victor Kerviche, de Saint-Pierre de Vannes, profès le 12 décembre 1745.
P. Louis Guillas, de Saint-Gildas d'Auray, profès le 10 mai 1755.
P. Michel Le Bourhis, de Lescoet, profès le 1756.
P. Théophile Chacun, de Beuzee-Conq, profès le 13 février 1765.
P. Didace Coz, de Pleyben, profès le 6 mai 1765.
P. Honoré Morice, de Quintin, profès le 29 février 1768.
P. René Denys, de Pontivy, profès le 29 février 1768.
P. Louis Bouic, de Saint-Pierre de Vannes, profès le 8 mars 1769.
S. Prosper Le Bouille, de Plouhinec, profès le 17 mars 1771.
F. Jean-l'Évangéliste Gilbert, de Rennes, profès. le 19 juin 1772.
P. Étienne Forestier, du Haut-Corlay, profès le 11 juillet 1772.
P. Martin Le Béguec, de Quimper, profès le 9 septembre 1772.
P. Isidore Rolland, de Neulliac, profès le 14 octobre 1772.
P. Armel Ameline, de Rennes, profès le 16 juin 1773.
F. Louis Le Mouel, de Croixanvec, profès le 3 octobre 1773.
P. Yves-Joseph Drogo, de Neulliac, profès le 30 août 1774.
P. Daniel Le Tescat, de Séglien, profès le 27 janvier 1778.
P. Fidèle Bourlot, de Mellionec, profès le 27 mai 1779.
P. Aimé Le Cocq, de Malguénac, profès le 30 janvier 1780.
P. Basile Le Cloarec, de Motreff, profès le 20 mars 1780.
P. Ange-Marie Bocher, de Saint-Gelvin, profès le 3 septembre 1780.
P. Charles Le Creff, de Plouhinec, profès le 24 mai 1781.
P. Pierre-Jean Le Gallic, de Noyalo, profès le 24 mai 1781.
P. Joseph Le Gallic, de Baud, profès le 8 juillet 1781.
P. Fortuné Puren, de Pluvigner, profès le janvier 1782.
P. Julien Morgère, de Saint-Patern, profés le 17 août 1782.
P. Henri Conadan, de Tréfléan, profès le 15 octobre 1782.

[Récollets. Pontivy. — Registres].

Plan du couvent des Frères Mineurs de l'Observance à Pontivy (Bretagne).

A la visite faite au couvent le 26 février 1790, les commissaires du district trouvèrent :

« Une maison consistant en trois ailes, composées de 27 pièces, y compris les cellules, les chambres d'hôtes, le chœur, l’infirmerie, la lingerie, la bibliothèque... ; de plus, en bas, la cuisine, la dépense, le réfectoire, le chapitre, le cellier au bout, la boulangerie, le pressoir, la sacristie, l'église ;

Un grand jardin au levant de la d. maison, contenant environ 82 cordes et demie ; un petit jardin au couchant du précédent, contenant environ 4 cordes ;

Un verger derrière la maison, planté d'arbres fruitiers, contenant environ 130 cordes ; et au delà d'un ruisseau, un petit bois de haute futaie, une promenade et un étang ;

A côté de l'église, un cimetière avec une petite chapelle, et au bout la cour séparée par un mur, ensemble 14 cordes ; (Voir le plan) ;

Les archives contiennent plusieurs vélins et papiers de fondations, de concessions, de procédures et de quittances ;

Dans la sacristie : trois calices, un soleil, un ciboire, une paix, avec les ornements et les linges nécessaires ;

Dans l’église : deux lampes et un lustre de cuivre, des chandeliers d'autel, un pupitre, une chaire, quatre confessionnaux ;

Dans la communauté : sept religieux, qui tous déclarent persister dans leurs vœux, savoir :
P. Ange-Marie Bocher, gardien, de Saint-Gelvin, 35 ans.
P. Charles Le Creff, vicaire, de Plouhinec, 35 ans.
P. Didace Coz, de Pleyben, 56 ans.
P. Daniel Le Tescat, de Séglien, 39 ans.
Fr. Bonaventure Fraboulet, clerc, 31 ans.
Fr. Louis Le Mouel, laïc, 58 ans.
Fr. Théophile Rolland, laïc, 42 ans »
(L. 875).

Seize autres religieux vinrent les rejoindre vers le 1er avril 1791.

La nouvelle communauté, pour se conformer aux exigences de l'Assemblée nationale, élut pour supérieur le P. Le Gallic, de Sainte-Catherine ; mais le 8 mai 1792 elle fut forcée de se dissoudre, et quelques religieux eurent la faiblesse de prêter le serment constitutionnel.

Les meubles de la maison furent bientôt vendus. Le verger et le bois furent adjugés, le 22 août 1791, au sieur Bouino, pour 7.100 livres. L'église, le couvent, la cour et les jardins furent vendus, le 5 avril 1802, au général Gratien, pour 25.044 francs. Depuis ce temps, les édifices ont été ruinés et l'enclos a été coupé par le canal de Nantes à Brest.

Note : L'ordre de Saint-François d'Assise, fondé en 1209, a subi dans le cours des siècles plusieurs réformes partielles. La plus considérable et la plus célèbre de toutes les congrégations réformées fut celle qu'on nomma de l'Observance régulière. Fondée en Italie par Frère Paulet de Trinci en 1368, elle passa en France en 1388 et s'étendit graduellement sur tout le territoire. Elle obtint en 1444 d'être gouvernée par un vicaire général, qui fut tout d'abord saint Bernardin de Sienne ; il y eut même bientôt deux vicaires généraux l'un pour les provinces de l'Italie, l'autre pour les autres contrées. Ces vicaires généraux étaient simplement confirmés par le ministre général de l'Ordre ; mais dans leur administration ils ne relevaient que du Saint-Siège. En 1517, cette congrégation, devenue très nombreuse, fut érigée en famille distincte, et eut son propre ministre général. Les religieux portent une robe brune et un cordon blanc ; ils sont appelés tantôt Observantins, tantôt Cordeliers de l’Observance, et aussi Franciscains ; ce dernier nom est aujourd'hui le plus usité. Ils ont eu quatre couvents dans le diocèse de Vannes, savoir : l'île Sainte-Catherine dans le Blavet, Bernon en Sarzeau, Bodélio en Malansac, et enfin Pontivy. Une autre réforme, issue de la précédente, et dite de l’étroite observance, s'introduisit en France en 1584. Les religieux de cette congrégation, appelé Récollets, eurent des supérieurs provinciaux, mais ils restèrent soumis au ministre général de l'Observance ; celui-ci pouvait être pris, tantôt chez eux, tantôt chez les Observantins. Ils s'étendirent rapidement, soit en fondant de nouvelles maisons, soit en occupant celles des Observantins qui demandèrent à embrasser leur réforme. C'est par ce second moyen qu'ils s'introduisirent dans le diocèse de Vannes.

Jh.-M. Le Mené.

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