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LES BARONS DE PONT-L'ABBE

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Les Barons.

Pont-l'Abbé n'est véritablement bien connu qu'au XIème siècle, sa fondation paraît remonter au Vème siècle, époque où existait une abbaye à l'Ile Tudy ou à Loctudy.

Lorsque St Judicaël, décédé en 658, était roi de Bretagne Domnonée, royaume qui, à cette époque s'étendait du Coësnon à l'Elorn, un traité fut signé entre Judicaël et Dagobert Ier, roi des Francs qui résidait à Clichy. Le Roi Breton promit de réparer tous les dommages causés aux leudes francs par ses sujets bretons.

Il y eut entre Francs et Bretons de vives hostilités dont ceux-là avaient eu à souffrir plus que ceux-ci. Peut-être s'agissait-il d'incursions dans la Marche franco-bretonne. Suivant d'anciennes chroniques bretonnes, les francs auraient été les agresseurs, ils auraient envahi la Bretagne à deux reprises pour l'obliger à payer tribut : deux fois ils auraient été battus.

 

I. — Albert Le Grand, dans la vie de St Judicaël, signale que Dagobert Ier (628- 638) fut vaincu par les bretons entre Le Mans et Laval. Guy, Comte de Chartres, qui commandait l'armée franque, fut fait prisonnier par le Seigneur de Pont-l'Abbé.

Dom Lobinau dans sa vie des Saints de Bretagne (p. 148) dit que le « Comte Gui de Chartres fut pris par Budic, comte de Cornouaille et Henri ou Hervé de Pont-l'Abbé, les Français furent défaits et poussés jusqu'aux portes de Paris sans qu'aucun put résister au roi Judicaël ».

D'ailleurs pendant de nombreuses années ce furent des combats continuels entre les Francs et les Bretons qui se refusaient à payer tribut pour l'occupation d'un pays qui n'appartint jamais aux Francs.

Il est donc fort probable que les Seigneurs du Pont-l'Abbé, comme nous l'avons vu, prirent part à de nombreux combats contre les Francs et contre les Normands.

Dans la deuxième moitié du IXème siècle, l'abbaye de Saint-Tudy fut ruinée par les conquérants scandinaves. Il est à présumer que les gens du pays s'armèrent pour expulser les Normands et ceux qui se distinguèrent dans cette lutte se crurent autorisés à administrer pour leur compte les biens du monastère et à rétablir le service religieux.

Sans doute que de ce nombre étaient les Seigneurs du Pont, car ils furent des premiers à prendre la direction de cette sorte de restauration.

Vers la fin du XIème siècle, de 1080 à 1100, on constate à Loctudy l'existence de Chapelains ou Chanoines groupés en collégiale, à leur tête un Abbé. C'est d'abord Daniel « Abbas Tudi, » qui assiste comme témoin à la donation faite par le duc Alain IV ; Fergent (1084-1119) (qui prit part à la 1ère Croisade en 1096, avec l'élite de ses chevaliers. Il fut l'un des premiers à entrer à Jérusalem) de la terre de Kernec'h-Chuchi (Mont Frugy-Quimper) aux religieux de Sainte-Croix de Quimperlé. Puis un nommé Guégen, « Abbatt Tudy, » qui signe la donation par Alain IV Fergent, à l'abbaye de Landévennec, d'un verger, d'un moulin et d'un droit de pêche à Châteaulin.

En 1162, dans un acte du duc Conan IV le Petit (1156-1166) confirmant les donations d'Alain Canhiart à l'abbé de Sainte-Croix de Quimperlé, figure parmi les témoins au rang laïque un certain « Guinguen, » dictus Abbas Tudi.

Ces abbés laïques ne seraient, de l'avis de M. Le Men, que les Seigneurs du Pont qui auraient coloré de ce titre leur qualité d'administrateurs des biens de l'abbaye recouvrés par eux sur les Normands.

 

II. — Henri II Plantagenet (+ 1171), roi d'Angleterre, s'était fait remettre la Bretagne en 1166 par le Duc Conan IV le Petit, qui mourut en 1170.

Les barons bretons s'insurgèrent contre les Anglais qui traitaient la Bretagne en pays conquis, ils ne furent pas heureux dans leur tentative de secouer le joug anglais.

JUHEL DU PONT-L'ABBÉ fut fait prisonnier avec plusieurs chevaliers bretons par le roi d'Angleterre lors de la prise de Dol en 1173, il ne fut délivré qu'en 1174 après avoir donné caution pour sa rançon à l'occasion du traité fait par Henri II et ses enfants.

Geoffroy, 3ème fils d'Henri II épousa en 1181 Constance (+ 1201) fille, de Conan IV le Petit et devint duc de Bretagne (1181-1186).

 

III. — Le Cartulaire de Quimper de 1224 contient plusieurs pièces concernant des démélés que l'Evêque de Cornouaille Guillaume (1193-1208), eut avec Guy de Thouars duc régent (1203-1213), second époux de la duchesse Constance.

Un acte de ce cartulaire signale qu'un accord intervenu entre l'Evêque de Cornouaille et la duchesse eut pour témoin (1192-1203) un nommé Eudo (chapelain de Saint-Tudy) que cet acte appelle YVES DU PONT.

 

IV. — Après le meurtre du jeune Arthur (+ 1203), fils de la duchesse Constance et de Geoffroy, les États de Bretagne réunis à Vannes (1202-1203) décrétèrent la confiscation des biens de son oncle et meurtrier Jean sans Terre.

HERVÉ Ier DU PONT [Note : DU PONT : D'or au lion de gueules, armé et lampassé d'azur. Devise : Heb Chang] que le P. Gonzague appelle « Magnificus Baro Dominus a Ponte » figure en haut rang à cette assemblée des États de Vannes de 1303. Quelques historiens ont écrit qn'il épousa Plésou de Rostrenen, fille de Pierre III cela ne peut être possible Plésou n'étant pas née à cette époque.

Alix de Bretagne, fille de la duchesse Constance et de Guy de Thouars, épousa en 1213 Pierre de Dreux dit Mauclerc, devenu duc il n'eût qu'une idée : affaiblir ses vassaux, leur faire la guerre et leur enlever leurs privilèges pour se les attribuer.

Les barons s'allièrent (1219) pour résister et défendre leur droits. Aux premiers rangs se trouvaient le Comte de Penthièvre, le Vicomte du Faou, le sire de Pont l'Abbé, le Vicomte de Rohan...

Dans le même temps son frère Eon du Pont, portait bannière à Bouvines (1214), ce qui montre que les seigneurs du Pont étaient à cette époque de puissants seigneurs.

Pour tenir en échec les baronnies de Vitré et de Fougères, qui faisaient de nombreuses incursions sur les marches de Bretagne, Pierre fit construire en 1223 un chateau-fort dans la forêt de Fougères, ce château fut terminé en 1225.

Pour assurer le développement et la prospérité de la nouvelle ville qui s'appela Saint-Aubin du Cormier et était garnie d'un certain nombre d'habitants, le duc convoqua à Nantes une véritable Cour plénière où se rassemblèrent 60 barons et seigneurs considérables de Bretagne, parmi lesquels : les vicomtes de Léon, du Faou, de Rohan, le sire de Pont-l'Abbé, etc., qui furent invités à comfirmer les franchises accordées par le duc à la nouvelle fondation. (Pr., I - 854).

Cependant, Saint-Gildas de Rhuys dont avait dépendu l'abbaye de Loctudy, réclamait ce bénéfice qui était indûment détenu par des laïcs.

En 1220, les Religieux de Rhuis députèrent leur abbé Hervé vers Rainaud, évêque élu de Quimper (1218-1246). Uri accord fut signé à Quimper en avril 1220 (Cartulaire de l'église de Quimper).

Par cet accord, l'évêque, du consentement du chapitre, accordait un canonicat à perpétuité à l'abbaye de Rhuis et pourvoyait lui-même à deux bénéfices, il y eut donc de ce fait trois prébendes canonicales.

La question du temporel fut réglée à l'amiable en 1223 entre l'évêque Rainaud et Hervé, seigneur du Pont, en présence de Josse, archevêque de Tours.

Dans cet accord, Hervé du Pont rappelle que depuis longtemps lui et sa mère ont résigné leur droit de patronage sur l'église de Saint-Tudy... qu'il a restitué à cette église l'impôt sur l'entrée du vin, l'étang des moulins, les terres et les vassaux de l'église de Saint-Tudy et tous les autres biens que possédaient Yves du Pont et les autres chapelains qui la desservaient.

En retour, les chanoines de Saint-Tudy avaient à reconnaître que leurs terres, vassaux et autres biens temporels, ils les devaient à la libéralité d'Hervé du Pont et de ses prédécesseurs !

L'évêque donnait quittance à Hervé du Pont et à ses vassaux des revenus ecclésiastiques touchés indûment par eux.

Cet accord fut signé à Quimper, le mardi après l'Épiphanie, l'an de grâce 1223.

En 1232, l'évêque Rainaud établissait le monastère de Cordeliers de Quimper. Hervé du Pont contribua à cette fondation et il eut droit pour cela à une tombe élevée dans cette église. (Vie des Saints de Bretagne. — ALEXANDRE LE GRAND).

Quel fut le successeur d'Hervé Ier du Pont, il est difficile de fixer ce point.

D'après les anciens vitraux de l'église des Carmes, il y eut :
1° Un du Pont qui épousa une de Raix.
2° Un du Pont qui épousa une de la Roche-Bernard.

 

V — Nous trouvons vers 1275 mention de HERVÉ DU PONT, frère de Mabille du Pont, qui épousa Éon de Rosmadec (G. M.) (vivant en 1294). C'est celui-ci qui fut probablement l'époux de Plésou de Rostrenen, fille de Pierre III, baron de Rostrenen et de Jeanne de Parthenay.

Le duc Jean Ier Le Roux accompagna le roi St Louis à la 8ème Croisade, il s'embarqua à Marseille le 17 avril 1270, accompagné de sa femme Blanche de Champagne, de son fils Jean et de sa belle-fille. Plusieurs seigneurs bretons les suivirent, entre autres Geffroy de Rostrenem, frère de Plésou.

 

VI. — GEFFROY DU PONT dont on trouve mention dans un compte de 1273 épousa Jeanne de Malestroit [Note :  MALESTROIT : De gueules à onze besants d'or], il en eut trois enfants :

1) — Anne du Pont, qui épousa en 1300 Pierre V de Rostrenem, tué à la Roche Derrien le 18 juin 1347, où il commandait le second corps d'armée de Charles de Blois. Ils eurent cinq enfants : Pierre ; Jeanne, qui épousa le Vicomte de Rohan ; Amicie, Rolland et Alain.

2) — Hervé qui lui succéda et qui devait être beaucoup plus jeune que sa sœur, puisqu'il dût naître vers 1304.

3) — Catherine du Pont épousa vers 1320 Riou de Rosmadec, seigneur de Goarlot (RITALONGI) et en 1830 Hervé de Trévalloët (Annales de B. 1903).

Dans l'Ost que le duc Jean fit semondre à Ploërmel au mois d'août 1284 et y prit reconnaissance de ce que ses barons et autres gens lui devaient, nous trouvons le seigneur du Pont porté pour 3 hommes et celui de Rostrenen pour deux hommes.

En 1294, Geffroy reconnaît devoir au duc pour sa terre du Pont l'Abbé : deux chevaliers et 1 chevalier pour la terre de Goarlot (Rosporden) (Pr., I-1114). Il ne vivait plus en 1828.

A l'Ost (camp) des Flandres de Philippe Le Bel à Arras, le 5 août 1303 on trouve mention d'un Yon du Pont.

Robert du Pont, frère de Geffroy, fut évêque de Saint-Malo (1285-1306). En 1305 il assista et officia aux obsèques du duc Jean II (1286-1305), qui mourut « le Jeudy ès octave de la Saint-Martin d'hiver accidentellement à Lyon sur le Rhône, » où il était allé assister au sacre de Clément V dans le désir d'apaiser la querelle sur les droits ecclésiastiques.

 

VII. — HERVÉ III DU PONT n'avait encore que 14 ans quand il vit arrêter son mariage en 1318 avec Mahaut de Léon [Note : DU LÉON : D’or au lion morné de sable].

Par ce mariage la sergenterie de Plobannalec, qui appartenait à la principauté de Léon, et dont le gage était la terre de Kerlaouénan, fut réunie à la baronnie de Pont-l'Abbé, plus une rente annuelle de 300 livres et 1500 livres pour meubles.

De ce mariage naquirent : 1° Hervé qui succéda à son père ; 2° Jean qui fut tué à la bataille d'Auray en 1364 ; 3° Thomas, mentionné le 1er Juin 1371 dans une montre de Bertrand du Guesclin ; 4° Thibaut, écuyer, qui fut un des grands hommes de guerre de son temps, il assista le 15 Mai 1364 à la bataille de Cocherel.

Froissard dit : « Du Gesciin, le captal de Buch, de Beaumont, faisaient merveille. Un breton d'une vigueur prodigieuse, Thibaut du Pont fendait la foule E à grands coups de son épée à deux mains (Elle avait d'après les chroniqueurs cinq pieds de long et pesait douze livres). L'arme se brisa. « Un de ses hommes lui passa une hache, du premier coup de laquelle il décola un Anglais ».

Ce fut lui qui captura le captal de Buch qu'il prit à bras le corps. En 1371 il était capitaine de Rochechouart (Haute-Vienne-Limousin). Froissart et d'Argentré racontent longuement ses hauts faits.

Dans toutes les guerres de cette époque, Thibault du Pont acquit un grand renom. Il périt au siège de Bergerac (Dordogne-Périgord) dans un combat sous les murs de cette ville, le 1er septembre 1377.

5° Henri qui fut d'Église (Acte de 1378 — Bulletin d'Archéologie du diocèse 1912).

A la mort de Jean III, duc de Bretagne, deux héritiers revendiquèrent la couronne ducale, Jean, comte de Montfort, frère de Jean III, et Jeanne de Penthièvre, nièce du duc défunt, mariée à Charles de Blois, parent du roi Philippe VI.

La Haute-Bretagne, toute française de langue et de mœurs, devait naturellement soutenir l'ami de la France, de même que la plupart des grandes familles de la Féodalité bretonne presque toutes résidant en Haute-Bretagne, alliées à des familles françaises, ou fréquentant la Cour du Roi de France.

La Basse-Bretagne, au contraire, ne fut-ce que par sa langue, répugnait à l'influence française qu'elle craignait, non sans raison, de voir peu à peu miner, absorber, détruire l'indépendance bretonne, crainte qui la rejetait vers l'Angleterre non par sympathie, mais parce que séparée de la Bretagne par la mer, elle semblait moins menaçante pour l'existence nationale du Duché.

Les deux prétendants à la succession de Bretagne adressèrent au roi de France une requête à fin de réception d'hommage. Sans attendre, Monfort se hâte de mettre la main sur le duché, s'empare du Trésor et convoque à Nantes (1341) les États. Pas un Évêque ne s'y rendit ; un seul baron répondit à son appel : Hervé de Léon, et c'est pourquoi dans le début de la lutte, le baron de Pont-l'Abbé est dans le parti de Monfort. Hervé de Léon était beau-frère d'Hervé du Pont. Sept évêques sur neuf se prononcèrent pour Charles de Blois.

Le 7 septembre, la Cour des Pairs de Paris rendait un arrêt admettant Charles de Blois à faire hommage pour sa femme à l'exclusion de Jean de Montfort.

Le rude hiver de 1341-1342 empêcha toute opération militaire, et dès les premiers jours de Janvier 1342, le Roi de France, Philippe VI de Valois, envoya 3 délégués et son fils Jean lui-même, pour entrer en relation avec les partisans de Monfort et les amener au parti de Blois. Les sires de Pont-l'Abbé, de Malestroit, du Chatel, de Trésiguidi, de Névet... restèrent sourds aux avances qui leur furent faites.

L'armée française pénétra en Bretagne pour exécuter l'arrêt de Conflans et s'empara de Nantes. Hervé de Léon réprimandé sévèrement par le duc de Montfort, à cause de la mort de nombreux écuyers bretons survenue par sa faute, quitta le parti de Montfort pour passer à celui de Blois, et nous le verrons déterminer peu après sa famille à le suivre et de ce nombre se trouvera le baron de Pont-l'Abbé, son beau-frère.

Le comte de Montfort fut fait prisonnier et enfermé à la Tour du Louvre, sa femme continua la résistance, une trêve fut signée le 19 Janvier 1343 à Malestroit.

En 1344 le baron de Pont-l'Abbé recevait les félicitations d'Edouard III d'Angleterre pour son attachement à la cause de Monfort, malgré les tentatives du Roi de France pour le gagner (Ritalongi). Cette lettre était datée du 23 décembre 1843 (Dom Morice. Pr. I, col. 1439-1440). Le Roi y complimentait le Baron de services passés, et essayait par des éloges et des flatteries de le ramener à la cause qu'il avait abandonnée.

En août 1344, ce même Baron s'étant rendu à Quimper, se joignit au Chapitre de la Cathédrale et s'opposa à ce que Charles de Blois qui y était venu avec ses gens, y battit monnaie et perçue de nouveaux impôts.

L'évêque de Quimper, qui était le célèbre Frère Jacques de Corvo, dominicain, tenait avec toute la garnison et les habitants pour le parti de Monfort contre Charles de Blois. Les gens de Charles de Blois se livrèrent dans Quimper à toutes sortes d'excès, et lors du sac de cette ville, en 1344, 1400 personnes périrent (ALBERT LE GRAND).

Peu après cependant nous trouvons le baron du Pont dans le camp de Charles de Blois, auquel il fit hommage entre les mains d'Henri de Malestroit, gagné probablement comme je l'ai dit plus haut par Hervé de Léon.

Ce doit être à la reprise des hostilités qu'un détachement Anglo-Breton, commandé par Tanguy du Châtel et Gauthier du Manny (anglais) fit le siège du Château de Trégarantec à 6 lieues au nord de Brest et appartenant à Hervé de Léon. 30 hommes d'armes y furent faits prisonniers le 7 février, et envoyés en Angleterre dont le sire de Pont-l'Abbé et Riou de Rosmadec.

Jean de Montfort mourut subitement en 1345 et fut inhumé dans l'église des Jacobins de Quimperlé. L'armée de Charles de Blois fut taillée en pièces sous les murs de la Roche-Derrien le 18 juin 1347. Blessé de dix-sept blessures, Charles de Blois fut fait prisonnier et conduit en Anglerre. Une nouvelle victoire des Anglais à Mauron (1352) fut suivie d'une trêve, ce qui permit à Charles de Blois et aux autres prisonniers de venir en Bretagne réunir les sommes nécessaires pour payer leur rançon.

Rennes fut assiégée du 3 octobre 1356 au 5 juillet 1357. Défendue par Duguesclin la ville ne put être prise. Ce siège fut fertile en épisodes de toutes sortes. Les Anglais tentèrent en vain tous les statagèmes pour s'emparer de la place. Ils creusèrent des mines sous les remparts, mais les vibrations des bassins d'airain, disposés judicieusement par les assiégés révélèrent leurs travaux. On raconte que la Vierge elle-même veillait sur la cité et quelle indiqua du doigt une mine qui passait sous l'église.

En septembre 1364, Charles de Blois fit lever une armée pour secourir Auray assiégée par Monfort. La rencontre eut lieu entre les deux armées, le dimanche 29 septembre 1364, sur les landes ou s’élève la chartreuse d’Auray, Charles de Blois fut tué, et Duguesclin fait prisonnier ; le 4ème corps de l'Armée de Charles de Blois formait la réserve sous les ordres des sires de Retz, de Rieux de Tournemine et du Pont.

Hervé III du Pont fut tué à Auray le 29 Septembre 1364 avec son fils Jean Ier.

Hervé III avait fondé en 1350, comme nous l'avons déjà vu, la Chapellenie du château et l'hôpital de Pont-l'Abbé sous le vocable des Saints Jean-Baptiste et l'Évangéliste.

Un acte signé à Quimper en 1364 porte le nom d'un Noël du Pont. (Mel. Arch. et Hist. Le Bodins, p. 79. — G. M.).

 

VIII. — HERVÉ IV, fils du précédent lui succéda en 1364, il est sans contredit celui qui s'occupa le plus de sa baronnie. L'histoire nous le montre comme un caractère droit et loyal, breton aimant sa patrie et la défendant contre les empiètements de l'étranger, même contre son duc ; il avait épousé Péronnelle vicomtesse de Rochefort, âme charitable. [Note : DE ROCHEFORT : Vairé d'or et d'azur].

En 1365 Hervé IV donna son assentiment pour une nouvelle levée d'impôt que le duc fit peser sur le Clergé de Cornouailles. Il est dénommé à cette date Conseiller de Jean IV.

Jean IV (1364-1399), duc de Bretagne, bien qu'il eût fait hommage au roi de France, resta en fait, sujet du roi d'Angleterre, car il se maria à Jeanne Holland, belle-fille du Prince de Galles, fit une alliance avec le roi d'Angleterre et une armé anglaise descendit en Bretagne, septembre 1372. — Duguesclin avec ses Bretons venait d'achever la conquête du Poitou. Charles V lui ordonna alors d'entrer en Bretagne. L'armée du Connétable s'y établit sans coup férir et Jean IV, abandonné de tous, dut s'enfuir en Angleterre. Il revint en Bretagne en 1373 mais dut se réembarquer à Concarneau le 28 Avril 1373.

En 1378, Charles V fit prononcer par sentence du Parlement de Paris la confiscation de la Province et sa réunion à la couronne. Les seigneurs Bretons se liguèrent par une conjuration dont le premier article précisa le but, qui fut : « la garde et défense du droit ducal de Bretagne contre tous ceux qui voudraient prendre la saisine, excepté à qui il doit appartenir en droite ligne, et le roi de France en suzeraineté ». Ils rappelèrent le duc Jean IV, qui fut reçu avec un enthousiasme qui tenait du délire, il débarque à Dinard le 3 août 1379. Du 6 au 15 août 1379, il séjourna à Dinan ; le 9 août, il y eut assemblée et délibération solennelles et autour du duc se pressaient les principaux barons et seigneurs de Bretagne ; entre autres : les sires de Montfort, de Montauban, de Malestroit, de Coëtmeur, du Châtel, de Rostronen, de Pont-l'Abbé, le vicomte de Rohan... et la vénérable duchesse Jeanne de Penthièvre, veuve de Charles de Blois.

Lors du retour du duc Jean IV le 3 août 1379 de nombreux seigneurs et dames nobles firent voeu de construire des églises ou chapelles pour remercier Dieu de la « recouvrance » par la Bretagne de son souverain. Plusieurs furent dédiées à N.-D. de Recouvrance, telle celle de Brest. Il semble que ce fut un vœu semblable qui fit commencer la construction de l'église du Pont-l'Abbé, dédiée primitivement à N.-D. de Recouvrance. La statue signalée comme étant à la Madeleine lors de la Révolution était peut-être la primitive statue de l'église, ce n'est que plus tard qu'une autre statue prit le nom de N.-D. des Carmes. (G.M.).

Les tenues des États furent fréquentes sous le règne de Jean IV. Les évêques, les abbés, les députés des Chapitres, les barons et principaux seigneurs, les députés des villes prenaient part à ces assemblées.

Le registre des États de 1386 à Rennes débute ainsi : « Le Parlement de Bretagne tenu à Rennes et commencé le Lundi après « Jubilate » 14 mai 1386...
Le Duc assis en sa majesté avait à sa dextre les prélats qui suivirent : c'est à savoir : Les évêques de Rennes, Dôle, Nantes, Cornouailles, Saint-Brieuc, les abbés de Saint-Méen, Saint-Melaine, Saint-Jagu, Bégar, Montfort et Prières. — Et à senestre les barons, à savoir : le vicomte de Rohan, les sires de Léon, de Montfort, de la Roche-Bernard, de Rieux, d'Ancenis, de Quintin, de Beaumanoir, de Derval, dela Hunaudaie, de Combourg, de Malestroit, du Pont, de Régnac, de Montauban, de Matignon, de Coëtquem, de Beaufort, de Maure, de la Bellière, de Penhoët, de Rostrenen, de la Muce, le vicomte du Faou, les sires de Molac, de Plusquellec, de la Feuillée, et de plusieurs autres seigneurs en grand nombre ... »
.

Le baron du Pont assista comme banneret aux États de Vannes en 1387.

Copie d'une bulle de Grégoire X adressée le 8 Juillet 1373 au roi de France Charles V fut adressée par le Pape aux grands seigneurs bretons, de ce nombre furent Jean du Juch, Hervé du Pont et Pierre de Rostrenen.

Le 4 Mai 1383 sous le règne du duc Jean IV et l'épiscopat de Geffroy Le Marrec (1376-1383), Hervé, seigneur du Pont-l'Abbé, appela des religieux des Carmes pour instruire et catéchiser les hommes de ses domaines.

Le 7 Juillet 1391, H. de Ponte-Abbatis est présent au serment d'un chanoine (Cart. Cor. 406).

C'est à Hervé IV que l'on doit la construction du premier quai.

Peronnelle de Rochefort décédait environ à la Madeleine de l'année 1383 et fut inhumée le 8 août 1383 dans l'Eglise des Cordeliers de Quimper sous la bure des Frères Mineurs.

Hervé IV mourut à un âge assez avancé et fut enterré dans l'église des Carmes sous la première arcade dans le chœur du côté de l'évangile dans un tombeau que sa petite-fille Jeanne du Pont lui fit élever.

 

IX. — HERVÉ V fils du précédent, épousa Marguerite de Malestroit. [Note : DE MALESTROIT : De gueules à onze besants d’or. Devise : Quœ numerat nummos non male stricta domus].

A la mort du duc Jean IV (1399), son fils Jean V lui succéda. Comme il était mineur (12 ans), la garde du duché fut tout d'abord confiée à sa mère, Jeanne de Navarre, jusqu'au mariage de celle-ci, en 1402, avec Henri IV, roi d'Angleterre, puis à Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, qui amena Jean V à Paris, malgré l'opposition des seigneurs bretons. Jean V était d'ailleurs fiancé à Jeanne de France, fille de Charles VI.

La Cour de France, craignant l'influence de l'Angleterre sur la Bretagne, avait fait déclarer le duc de Bourgogne régent du duché, ce que la duchesse avait accepté ; mais le comte de Penthièvre, le vicomte de Rohan, les sires de Clissons, de Malestroit, de Beaumanoir, de Derval, de Rostrenen, de Pont-l'Abbé, de Kaer et de Coëtmen s'y opposèrent, ne voulant pas que le gouvernement du duc et la garde des enfants du feu duc fussent entre les mains d'un prince étranger. Mais ce fut en vain.

Avant d'emmener le duc Jean V en France, le duc de Bourgogne prit le serment des notables du diocèse de Cornouailles pour la garde des places fortes, d'icelui, a savoir... pour Ker-ahès : Jean Crebier, Yves Hamon, Jean du Pont, sieur de Pont-l'Abbé et de Rostrenen ... (Vie des saints de Bretagne).

Après que le duc Jean V eut rendu hommage au roi Charles VI (1368-1422) le 14 février 1404, les anglais s'apprêtèrent à lui faire la guerre et de 1403 à 1407 la Manche, les côtes de Bretagne et d'Angleterre furent le théâtre de furieux combats.

En novembre 1403, une flotte anglaise s'empara de bâtiments bretons chargés de marchandises, débarqua à Penmarc'h, et promena l'incendie sur le rivage pendant six lieues de longueur.

Nous lisons dans les archives de Bretagne, Edition Bibliophile breton, l'indication d'impositions faites à cette époque.

8 Décembre 1405. — Lettre par laquelle le duc Jean fait savoir que Sieur de Pont-l'Abbé lui a octroyé un fouage en sa terre, fief et arrière-fief de 20 sous par feu (N°158).

Décembre 1405. — Quittance au Sieur du Pont-l'Abbé comme Monseigneur a reçu de lui par la main de Rolland Trévaloët receveur des devoirs es-terre de Pont-l'Abbé la somme de trois cents livres (N° 163).

25 février 1407. — Lettre de pouvoir à Hervé du Périer de lever le fouage de 21 sous par feu « Ordonnez pour la fortification de Brest » dans les paroisses des chatellenies de Kertin, Pont-l'Abbé, Pont-Croix, qui n'ont pas payé à Brest le dit fouage (N°434).

Avril 1407. — Lettre de Jean V autorisant le sire de Pont-l'Abbé à faire lever le fouage de 21 sous par feu qu'il avait octroyé au duc sur ses terres (N° 610).

7 Décembre 1407. — Modération de l'impôt de fouage en faveur des habitants des Chatellenies de Quimper, Pont-Croix et Pont-l'Abbé par suite de la dépopulation de de ces territoires (N° 971).

Janvier 1408. — Mandement de laisser jouir le sire de Pont-l'Abbé du fouage de 21 sous par feu sur ses terres et sur celles de dame Marie du Pont-l'Abbé, sa fille, exceptés les chatellenies de Conq-Fouesnant et Rosporden (N° 986).

Comme le fait remarquer le mandement de Janvier 1408, le sire du Pont-l'Abbé avait une fille du nom de Marie qui fut mariée à un Guillaume, Seigneur de Tyvarlen ; et probablement une autre du nom d'Éléonore, veuve en 1409 d'Yvon de Rosmadec Goarlot, leur fille Jeanne épousa Alain de Kermorvan.

1414. — Sous Richemond, Guillaume du Pont et neuf écuyers de sa compagnie.

1/4, 1416 — Revue Tanguy du Châtel : Bernon du Pont, écuyer.

 

X. — HERVÉ VI, fils d'Hervé V, épousa Marie de Rosmadec en février 1420. Son passage à la baronnie fut de courte durée. [Note : ROSMADEC : Palé d’argent et d’azur à 6 pièces].

L'assassinat de Jean sans Peur, duc de Bourgogne, à Montereau, en 1419, alors qu'il venait s'offrir pour combattre les Anglais, poussa Philippe, héritier de Jean sans Peur, à associer sa cause à celle du roi d'Angleterre Henri V.

Mais bientôt une querelle d'intérêt prépara la rupture de l'alliance anglo-bourguignonne. Les amis de Charles VII en profitèrent pour entamer des négociations avec Philippe de Bourgogne. Pour faciliter le rapprochement ils déterminèrent Charles VII à désavouer la catastrophe de Montereau, en éloignant de sa personne Tanguy du Châtel et tous les hommes sur qui tombait la responsabilité de ce meurtre. En même temps on le pressait d'offrir l'épée de Connétable au comte de Richemont, frère du duc de Bretagne et mari d'une sœur du duc de Bourgogne (1425). Malheureusement de misérables intrigues paralysèrent ces sages négociations.

Sous le commandement de Richemont, les bretons attaquèrent deux places de la frontière normande, les plus proches de Bretagne : Pontorson et Saint-James de Beuvron. — Pontorson fut pris d'assaut ; l'attaque de Saint-James de Beuvron, le 6 mai 1426, échoua et fut suivie d'une déroute complète. L'indigne favori de Charles VII, le sire de Giac, en dissipant les ressources destinées à la guerre, avait fait échouer le siège. Richemont furieux, fit saisir de Giac dans son lit, enfermer dans un sac de cuir et jeter à la rivière.

Les Bulletins d'Archéologie de 1884, pp. 6 et 13, signalent la présence de 6 seigneurs de Pont-l'Abbé à Saint-James de Breuvon.

Hervé du Pont et son beau-frère Guillaume de Tyvarlen y périrent.

Il laissait probablement 4 enfants :
1° Jean qui lui succéda ;
2° Hervé, premier prieur de la Chartreuse de Nantes ;
3° Jeanne, qui épousa en 1433 Yvon Foucault, seigneur de Lescoulouarn.

Dans la montre de 1481 Laniscat, nous trouvons l'indignation de Bertrand de Lezongar pour Jeanne du Pont, son aïeule (décédée en 1508 ).

Une montre de 1420 signale la présence de Jehan du Pont et de Jehan Monneau, archer.

La Réformation de 1423, Loudéac signale parmi les nobles : Jehan du Pont.

4° Ysabeau du Pont (Preuve D. M. col. 1394) qui fut demoiselle d'honneur de Madame de Richemont et qui reçut pour ses étrennes le 4 décembre 1445 un tissu et garniture d'argent, elle devait avoir à cette époque 19 ans. (G. M.).

 

XI. — JEAN II DU PONT, héritier de son père en 1426, épousa en 1440, Marguerite de Rostrenen, fille et héritière principale de Pierre VIII de Rostrenen (gouverneur de Paris et lieutenant du connétable de Richemont) et de Jeanne de Guermeur, dame du Ponthou. [Note : DE ROSTRENEN : D'hermines à trois fasces de gueules.  Devise : Oultre !].

C'est Pierre VIII de Rostrenen, qui engagea la bataille de Saint-Denis, qui rendit à la France sa capitale perdue depuis 15 ans ; il fut inhumé dans l'Église des Jacobins près des princes du sang.

Marguerite de Rostrenen, fille et héritière principale de Pierre VIII de Rostrenen, était, lors de la mort de son père, déjà mariée à Jean, sire du Pont-l'Abbé. C'est ce que prouve « le minu des terres et héritages du deffunt noble homme et puissant messire Pierre, sire de Rostrenen, décédé le treizième jour d'aust l'an mil quatre cent quarante, et desquels étant seituez en la chatellenie de Kerahès, baillé par nobles et puissants Jean du Pont et damoiselle Margritte de Rostrenen, sa compaigne, seigneur et dame de Rostrenen) ». (Archives de ta Baronnie de Rostrenen).

C'est par cette alliance que ces deux importantes baronnies se trouvèrent réunies sous le même propriétaire.

Par les alliances des deux soeurs de Marguerite de Rostrenen, la maison du Pont se trouva apparentée aux de Guémadeuc, aux du Quélennec du Faou, et par sa tante Marie de Rostrenen aux Rohan du Gué de l'Isle.

Catherine épousa Rolland de Guémadeuc.

Jeanne de Rostrenen épousa Guyon du Quélennec. Leur petit fils, Charles du Quélénnec, épousa le 7/2/1517, Gillette du Châtel, fille de Tanguy du Chastel et de Louise du Pont, héritière des Baronnies du Pont et de Rostrenen.

La Réformation de Loudéac en 1441 signale la présence de Jehan du Pont en son hôtel de Lampiquet.

Pendant ce temps la guerre de Cent Ans se poursuivait et nous nous trouvons dans la période des Victoires merveilleuses de Jeanne d'Arc (1429-1481).

On trouve un Jehan du Pont dans la garde du Château de Rohan en 1439 (G. M.).

Le duc de Bretagne, Jean V, officiellement n'était pas en guerre avec l'Angleterre, mais de nombreux bretons combattaient pour la France sous les ordres d'Arthur de Richemont, son frère, qui fut créé connétable et devint plus tard duc de Bretagne (1457) à la mort de ses neveux François Ier (1442-1450) et Pierre II (1450-1457).

Mis en disgrâce par suite des intrigues des favoris de Charles VII, Richemont ayant appris les merveilleux exploits de Jeanne d'Arc, et la délivrance d'Orléans (3 Mai 1429), alla se mettre à sa disposition avec de nombreux bretons (400 lances et 800 archers), du nombre desquels étaient : les sires de Beaumanoir, de Rostrenen (Pierre VIII), Robert de Mautauban, Alain de la Feuillée, et pour lui marquer sa vénération, le duc Jean V chargea le sire de Rostrenen, Pierre VIII, d'offrir à Jeanne d'Arc une dague d'acier et plusieurs paires de chevaux. (La Borderie).

Les deux armées se joignirent sans se confondre. Quelques jours après, comme on hésitait à livrer bataille à Patay (1429) le sire de Rostrenen, lieutenant du connétable, lui dit : « Monseigneur, si vous faites tirer votre étendard en avant, tout le monde vous suivra ». Ce fut le signal, les Bretons partirent et les autres suivirent, Jeanne d'Arc fit taire alors toute hésitation.

Le connétable de Richemont s'établit à Saint-Denis, en 1436. Parmi les 13 capitaines nommés comme ayant combattu à Saint-Denis, pour recouvrer Paris, et qui y entrèrent le 13 avril 1436, 9 étaient bretons.

En Janvier 1439, les Anglais avaient repris Saint-Germain-en-Laye. Alarmés d'avoir les Anglais à leurs portes, les Parisiens ne manquaient pas de s'en prendre au Connétable de Richemont. D'autre part Richemont ne se sentant pas soutenu par le Roi, songea à résigner son gouvernement de l'Ile de France et Champagne et un jour il s'en expliqua en conseil.

Le lendemain, le prieur des Chartreux vint le trouver dans la chapelle de son hôtel et lui dit : « Monseigneur, vous délibériez hier de vous décharger du gouvernement ...
— Comment le savez-vous ? Qui vous l'a dit ?
— Je ne le sais point par homme de votre conseil : je le sais par un de mes frères... Monseigneur ne vous retirez pas... Dieu vous aidera... Ne vous souciez pas (soyez sans Inquiétude) »
... (Richemont. TRÉVÉDY, p. 140).

Le biographe Gruel qui raconte ce fait, p. 213, croit à un miracle et continue :

« Puis Monseigneur le pria (le prieur) qu'il lui montrât le chartreux, et il lui dit qu'il le ferait. Le lendemain Monseigneur alla ouïr la messe aux chartreux et le prieur fit venir tous ses frères devant lui. Puis après mon dit Seigneur dit au prieur : « Quel est celui qui vous a dit ce que vous m'avez dit ? Et le prieur lui dit : « Vous l'avez vu ; autrement ne le verrez point ».

Pour marquer sa reconnaissance aux chartreux, Richemont suggéra à son neveu François Ier, la fondation d'une Chartreuse à Nantes. (1445, LOBINEAU-HIST. p. 125. Morice, Pr. II. 1382-85). Et c'est lui-même devenu duc qui installa les Chartreux avec Hervé du Pont (frère de Jean du Pont, époux de Marguerite de Rostrenen) comme premier prieur, et qui fut celui qui eut la révélation de plus haut, comme depuis a été su au certain (Richemont. TRÉVEDY, p. 353-354).

Le baron de Pont-l'Abbé et de Rostrenen figure en toutes grandes circonstances dans l'histoire de Bretagne de cette époque.

Une ordonnance du 21 août 1434 commande la levée d'une aide (contre les anglais) sur les villes exemptes de fouage. La ville de Pont-l'Abbé est taxée pour 20 livres. (N° 2160).

François Ier, fils de Jean V et duc de 1433 à 1450, épousa en seconde noce au château d'Auray le 30 octobre 1442, Isabelle Stuart d'Ecosse ; à Ploërmel il trouva son oncle le Connétable de Richement et tous les hauts représentants du baronage de Bretagne : les comtes de Laval et de Porhoët, les vicomtes de Rohan et de Léon, les sires de Chateaubriant, de Rieux, de Derval, de Quintin, de Pont-l'Abbé... les évêques et les principaux abbés de Bretagne.

Les fêtes passées, ils s'en vinrent à Rennes où eut lieu le couronnement le 8 décembre 1442.

L'œuvre militaire accomplie par le Connétable de Richemont et ses Bretons pendant la dernière partie de la Guerre de Cent ans sur les champs de bataille français fut considérable.

En voici un rapide tableau.

Jusqu'en 1440, Arthur de Richemont guerroie dans l'Ile de France et le Maine : en 1442, il réprime la Praguerie ; de 1442 à 1444, il porte les hostilités en Guyenne. Les Anglais pénétrant en Bretagne, avaient surpris Fougères le 28 mars 1449. — La concentration des troupes eut lieu à Dinan (septembre 1449), le duc François Ier, joignant ses troupes à celles du roi de France, entama les hostilités en Normandie. Les compagnies bretonnes avaient pour chefs : le vicomte de Rohan, les sires de Rieux, Quintin, Cambour, Rostrenen, Pont-l'Abbé. — Fougères fut occupé par les bretons le 4 Novembre 1449. La victoire de Formigny (1450) remportée par le Connétable, marqua la fin de la domination anglaise dans tout le pays qui s'étend du Cotentin à la Seine.

En un an de campagne, les bretons rendirent la Normandie à la France. Les documents de l'époque signalent la présence de Jean du Pont en guerre en Normandie où il se fit remarquer.

Un auteur ancien raconte que Talbot s'étant déguisé pour assister à une revue de 600 hommes d'armes bretons passée en la ville de Rennes par Arthur de Bretagne, dit aux siens : « nous pouvons bien trousser bagages, puisque ces diables de bretons s'en mêlent, conduits par un de leurs princes naturels qui les connaît tous jusqu'au moindre, connaît leurs ancêtres et les mérites de leurs familles, et sait leur départir honneur et gloire par degrés et mesures ».

La victoire de Castillon où (Talbot fut tué), due à la valeur des troupes bretonnes, (2 juin 1454), obligea les anglais à se retirer à Bordeaux, d'où la flotte de Bretagne, commandée par l'amiral Jean du Quélennec, ne contribua pas peu à les chasser.

Pierre II qui succéda sur le trône de Bretagne de 1450-1457 à son frère, avait épousé en 1431 Françoise d'Amboise (bienheureuse, décédée en 1485), qui tant qu'elle fut duchesse de Bretagne se vêtit et se para comme une souveraine dans sa maison, elle n'avait par moins d'une vingtaine de dames de qualité : Madame l'Amirale, Madame la Grande Maitresse, Madame de Penhoët, de Maillé, de Rostrenen, du Chastel, etc.

Le 29 Novembre 1450, une indulgence de Jubilé fut accordée à Jean, Seigneur du Pont, à Marguerite sa femme et à six personnes.

Jean II du Pont assiste aux Etats de Rennes en 1451 comme banneret et y dispute la préséance au vicomte de Coëtmen. Il maintint ses prétentions aux États de 1455.

Au Parlement de Rennes en 1452, il plaide contre sa soeur Jeanne du Pont, tant en son nom que comme tuteur d'Yvon Foucaud, fils de Jeanne. (Règ. des Etats de Bretagne).

En 1453, il reçoit deux cents livres sur le trésor du duc. (Comptes de Raoul de Launay).

En 1459 il reçoit une pension de trois cents livres. (Comptes de la Nouë).

Il assista en 1457 à l'entrée à Rennes du duc Arthur III (1457-1458), connétable de Richemont. Tuteur des enfants de Louis Ier de Rohan-Guéméné et de Marie de Montauban, Jean II du Pont était à cette date de 1457 gouverneur de Morlaix (Bulletin d'Arch. du Finistère-1904) à la solde de 600 livres en remplacement de Péan Gaudin.

En 1461, il assiste au mariage de Marie de Bretagne (fille du duc François Ier) avec Jean II de Rohan.

L'inauguration des Etats de Vannes, Juin 1462, fut particulièrement brillante... Le sire de Pont-l'Abbé, remplaçant son pupille le sire de Guéméné-Guingamp, âgé de 14 ans, tenait le cercle « royal » du duc François II (1458-1468) sur un coussin brodé de pierres et de perles et suivait immédiatement le duc.

Aux premières années du règne de François II, il y eut une vive alerte, Jean du Pont fit avertir qu'une flotte anglaise longeait les côtes de Cornouailles semblant chercher un point où atterir.

Louis XI, monté sur le trône de France le 21 juillet 1461 va, pendant 20 ans, pousuivre la réunion de la Bourgogne et de la Bretagne à la France.

Il commença par dénier au duc de Bretagne certains droits : l'hommage des évêques en raison de leur temporel et le réclame pour lui-même ; de recevoir des bulles spéciales pour la Bretagne ; de battre monnaie ; il exige du duc l'hommage-lige à genoux, — la renonciation au titre de « Souverain Seigneur » et à la formule « Duc par la Grâce de Dieu ». C'était la négation de ce que les Bretons nommaient leurs franchises et privilèges.

Dans une lettre datée du 12 octobre 1461, Louis XI marque ses revendications et la fait porter au duc par une ambassade composée de Dunois, Jean de Montauban et Jean de Rostrenen du Pont. — Les ambassadeurs du duc François II refusèrent de discuter ces points.

Louis XI eut alors l'idée étrange d'adresser ses réclamations aux Etats de Bretagne qui se réunissaient à Dinan le 18 Octobre 1464. Ce fut Jean du Pont Rostrenen qui apporta la lettre du roi adressée aux prélats, barons et députés de villes.

Les Etats répondirent en votant un impôt pour mettre en état les forces militaires du duché.

Le conflit s'envenimant, plus de 500 hommes d'armes bretons, l'élite de l'armée française firent défection et vinrent vers le duc qui était l'un des chefs de la ligue du « Bien Public » formée par les grands vasseaux contre Louis XI en 1462.

Le baron de Pont-l'Abbé fut de ceux qui se rangèrent aux côtés du duc. Déjà en 1464, il était chargé de faire campagne pour le compte du duc avec 33 hommes d'armes et 125 archers, — et il emmena au duc à Montlhéry (15 juillet 1465), seule bataille de cette guerre civile qui se termina par le traité de Saint-Maur-des-Fossés, 40 lances et 80 archers, une troupe d'environ 500 hommes sous ses ordres et sous les ordres de Yvon de Tréanna. (comptes d'Olivier de Baud, trésorier des guerres).

Il est impossible de noter en détail les évènements qui se déroulèrent dans la période qui va de 1465 à 1473, — les allées et venues des ambassadeurs de la Cour de Bretagne à celle de Bourgogne ou de France. — Traité d'Ancenis en 1468. — Traité d'Angers en 1470. Trève de Poitiers en 1472, qui arrêta l'armée royale qui entrait en Bretagne. — Louis XI envahit le duché l'année suivante avec 5.000 hommes et arriva aux portes de Nantes, une trêve fut conclue et signée le 18 octobre 1473 et ratifiée le 8 novembre 1473 à Senlis, le baron du Pont fut au nombre des signataires et y apposa son sceau.

En 1469, il avait été nommé chevalier de Saint Michel, ordre royal fondé cette année même (DE COURCY, tome II page 403). En 1474 il est designé avec Hector Mériadec pour faire l'assignation générale des montres de Cornouaille. (Rég. de la Chancellerie de Bretagne).

En 1470 il avait été nommé tuteur de Jean IV, vicomte de Rohan. — Marguerite de Rostrenen était décédée depuis le 20 mars 1456, lui-même mourut en 1480, il a dû être inhumé à l'église des Carmes de Pont-l'Abbé.

De son union avec Marguerite de Rostrenen, il eut 8 enfants (d'après une généalogie manuscrite qui se trouve à la Bibliothèque nationale, fr. 20, 273, pages 54-55) :
1° Pierre, Baron du Pont et de Rostrenen.
2° Vincent-Louis, tué à la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier (1488).
3° Charles-Olivier, seigneur du Pont-Blanc, mari de Jeanne de Plusquellec et dont une des filles, Marguerite du Pont, veuve de H. de Rohan, épousa François de Tournemine, seigneur de la Hunaudaye.
4° René, archidiacre de Plogastel, maître des requêtes et conseiller ordinaire de Bretagne, recteur de Kergrist-Moëlou près Rostrenen, et d'après M. Quiniou (p. 182), recteur de Beuzec-Cap-Caval.
5° Alain, prêtre bénéficié de la chapelle Saint-Jacques à Rostrenen, qui fut attachée à la collégiale de Rostrenen (1488).
6° Jeanne, épouse de Jean, baron de Coëtmen, vicomte de Tonquédec.
7° Marie, épouse de Jean V de Malestroit, seigneur de Beaucours, Kaër, du Plessis et de Cambourg, qui paraît en 1457 à la suite de son frère chambellan du duc et capitaine de Saint-Malo à la mort de son frère en 1468. Il meurt en 1472.
8° Catherine, épouse d'Olivier du Chaffaut, 1481.

Faut-il ajouter un neuvième enfant, car une montre de 1481 signale la présence de Jean du Pont, seigneur de Kermenguy, fils de Jehan et de Marguerite de Rostrenen.

Une autre montre de 1481, Laniscat signale la présence d'un Christophe du Pont, et la non comparution de Jehan du Pont, Seigneur de Kermenguy (G. M.).

 

XII. — PIERRE baron du Pont et de Rostrenen succède à son père en 1480, il avait épousé Hélène de Rohan-Guéméné (+ 1507) qui avait suivant contrat du 19 décembre 1454 été une des pupilles de son père. [Note : ROHAN-GUÉMÉNÉ : Écartelé aux 1 et 4 de Navarre et d'Évreux, aux 2 et 3 de Rohan. ROHAN : De gueules à 9 macles d'or aboutées et accolées 3 à 3 en fasces].

Ils eurent deux enfants, Jean et Louise.

Le premier acte de Pierre de Pont-l'Abbé-Rostrenen fut de relever l'église seigneuriale de Rostrenen et de la faire ériger en collégiale en l'honneur de Notre-Dame du Roncier.

René connu sous le nom de Ronan dit René de Coëtmeur, archidiacre de Plogastel, 4ème frère du baron Pierre, fut envoyé par le duc François II en Cour de Rome et ramena la bulle datée du 27 août 1483 du pape Sixte IV (Archives de la Baronnie de Rostrenen).

René du Pont en fut le premier doyen, dispensé de la résidence obligatoire pour ses successeurs. Personnage important il figure au deuil de Charles VIII (1488).

Il signe au contrat de mariage de Louis XII (1499), roi de France, avec la duchesse Anne, veuve de Charles VIII ; sa signature se trouve encore en 1499 au contrat qui maintient les droits et privilèges du pays.

Le 15 Octobre 1480, Pierre du Pont figure à l'entrée solennelle à Quimper de l'évêque Guy du Bouchet, Conseiller du duc François II et Vice-chancelier de Bretagne, et le porta avec Louis de Rohan, Jean de Tréséguidy et Charles de Quimerc'h.

Dans les montres de la Noblesse, furent mis à la tête de l'évêché de Cornouailles, le sire du Pont, Bertrand de Lanros, et Yvon de Tréanna (Lesdites commissions données à Nantes, le 24 Juin 1481) (Pr. III, 402).

A cette époque la mort du Chancelier de Bretagne, Chauvin mit le comble au mécontentement des barons bretons contre Landais, ministre tout puissant du duc François II et qui travaillait avec les anglais dont la protection avait tant coûté précédemment à la Bretagne.

Le 7 avril 1784, les seigneurs bretons conjurés : Jean de Châlons, prince d'Orange, le Maréchal de Rieux, les sires de Guéméné, du Pont, de Coëtmen, Augier, de la Chapelle, de Perrier, etc., entrèrent sur le soir au château de Nantes avec des armes cachées sous leurs habits, ils pénétrèrent dans les appartements du duc pour s'emparer de Landais, mais celui-ci était absent.

Pendant ce temps le peuple croyant le duc en danger se révolta et les conjurés de se retirer à Ancenis, appartenant au Maréchal de Rieux.

Par un arrêt du 21 mai 1484, le duc déclare leurs biens confisqués, ordonne de leur courir sus, d'abattre les maisons et dégrader les bois de plusieurs de ces seigneurs, ordonnant de les couper à sept pieds de haut, de ce nombre était Pierre du Pont.

N'écoutant que leurs ressentiments contre Landais, les seigneurs proscrits eurent recours au roi de France et signèrent avec la régente, Anne de Beaujeu, le 22 octobre 1484, à Montargis, un traité par lequel ils disposaient de la succession du duc en faveur du roi. Ce coup de tête n'était rien moins qu'une trahison.

Le 24 juin 1485, l'armée bretonne sous le commandement du sire Coëtquem, Grand Maître de Bretagne, de Lescun, la Hunaudaye, de Maure, du Chastel, Kermorvan, Plusquellec, Tyvarlen, de Molac, de Ploeuc…pour s'emparer d'Ancenis.

Lorsque les deux armées furent en présence, quelques seigneurs des deux partis réfléchissant qu'ils sont pour la plupart parents ou amis, se raprochent de part et d'autre, s'embrassent et reconnaissent que Landais était l'unique cause des malheurs de la Bretagne, jurent sa perte et les deux armées fusionnent.

Le sire du Pont fut député au Chancelier Chrétien de Tévéneuc pour le sommer d'arrêter Landais et lui faire son procès. Pierre du Pont pénétra dans le château de Nantes, y fit prisonnier le duc François II, s'empara de Landais dans la chambre même du duc où il s'était réfugié, il sortit entre le chancelier et du Pont qui l'entraîna à la tour Saint-Nicolas, d'où il monta sur l'échafaud le 9 juillet suivant.

Le 12 août 1485 le duc pardonnait, rendait les privilèges et les biens confisqués et accordaient des indemnités pour les dommages subis.

Le traité de Guérande (Mai 1866) portait que « si la postérité masculine de la maison de Montfort venait à s'éteindre, le duché reviendrait aux descendants mâles de la branche de Penthièvre ».

Or, à l'époque où nous sommes les deux branches n'offraient plus l'une et l'autre que des femmes pour succéder, il n'y avait donc pas lieu de préférer une femme de la branche de Penthièvre à une femme de la branche de Montfort !

Les prétentions successorales de Nicole de Blois, Vve de Jean de Brosse étaient donc dépourvues de fondement légitime puisqu'elle n'était pas « hoir mâle ». Elle avait cependant vendu à Louis XI ses soi-disants droits le 3 janvier 1480 pour la somme de 50.000 écus (2 millions de francs-or).

Les États réunis à Rennes le 8 février 1486 reconnurent les droits hériditaires des deux filles de François II : Anne et Isabelle.

Mécontents de l'influence prise par les princes étrangers à la Cour du duc, influence qui les privait de leur autorité légitime, et craignant que la présence de ces étrangers pour la plupart en révolte contre le roi, n'attirat des difficultés à la Bretagne, plusieurs seigneurs Bretons, le vicomte de Rohan, le baron de Pont-l'Abbé, entrainés par le Maréchal de Rieux, propre neveu du duc, eurent la malencontreuse idée de demander à la régente Anne de Beaujeu son appui, s'engageant à livrer passage sur leurs territoires aux armées de Charles VIII, à condition : de délimiter le secours français, de ne réclamer aucun droit sur le duché, le duc vivant ; de ne rien tenter contre les villes bretonnes, de respecter les propriétés et la personne du duc, de ne point attaquer les villes où serait le duc et de retirer les troupes royales de Bretagne aussitôt la sortie des étrangers.

Ce pacte fut signé à Châteaubriant le 4 Mars 1487. Parmi les signataires nous trouvons : le vicomte de Rohan, le maréchal de Rieux, le baron Pierre de Pont-l'Abbé.

Malgré la promesse et le pacte, Charles VIII vint mettre le siège devant Nantes (15 juin 1487) où se trouvait le duc ; il n'était cependant pas sans inquiétude sur les suites de cette entreprise.

Ce fut alors un soulèvement général de la Bretagne. La petite noblesse, les milices bourgeoises et rurales s'assemblèrent pour la défense de leur duc.

C'est alors que Michel Marion, négociant de Quimper, leva un corps de troupes de 120 hommes à ses frais et affréta un navire. Michel Marion était seigneur de Kermathéano et avait épousé Dourguen Pennenez (Tréméoc) leur maison de ville existe encore à l'entrée de Quimper au lieu dit Penanguer, à hauteur de l'ancien séminaire Les gens de Rohan et du sire de Pont-l'Abbé voulurent s'opposer aux préparatifs de Marion et le menacèrent de « Pilleries et même de mort ». Rien ne l'arrêta. Quand tout fut prêt « à son de trompe et enseignes déployées » le navire partit de Quimper, un vent favorable le porta à Nantes et un jour les Français surpris voient arriver un navire de commerce qui avait remonté la Loire ; en passant devant le camp français il tira une bordée de ses canons et alla fièrement débarquer ses hommes dans le port de Nantes.

Le Maréchal de Rieux, qui avait été cependant l'âme du complot contre le duc, reprocha au roi d'avoir méconnu ses promesses et lui fit part de son intention de se rendre auprès du duc qu'il considérait comme son seul seigneur. Beaucoup de Bretons quittèrent l'armée avec leurs hommes. Le 6 août 1487, l'armée française levait le siège de Nantes et abandonnait le territoire breton.

Les seigneurs bretons rentrèrent en grâce par l'intercession du Maréchal de Rieux, grâce plénière leur fut rendue, ainsi qu'à tous ceux de bonne volonté.

Dans cette guerre, Penmarc'h resta fidèle au duc et envoya au secours de la flotte bretonne quelques-uns de ses navires. Les marins de Penmarc'h qui avaient servi le duc pendant cette guerre furent exemptés de tous fouages et subsides (Revue historique de l'Ouest. — Année 1886).

Le vicomte de Rohan cependant persista dans sa rebellion et y maintint quelques seigneurs qui se réfugièrent dans leurs terres et s'y retranchèrent.

Par lettre du 11 Juillet 1487, le duc outré de la résistance que lui faisaient les cadets du Pont, fit ordonner par le comte du Dunois, que « Olivier du Pont, sieur de Plusquellec et Louis du Pont, faits prisonniers à l'abbaye de Bégars, soient remis entre les mains du sire de la Hunaudaye ».

Le duc tenait à la capture des rebelles, d'après cet extrait d'une lettre du Chancelier, à M. de Châteauguy, gouverneur de Guingamp : « En ce qui est des sieurs de Plusquellec, de Bruillac, de Louis du Pont et autres personnes, il nous semble que en bonne et seure garde les devez envoyer en cette ville et en plus grande diligence que faire faire le pourrez, car le duc serait très mal content s'ils échappaient et pour ce, faites en bonne garde ».

Un extrait des registres de la Chancellerie de Bretagne pour 1488 nous apprend qu'à cette époque Pierre, seigneur du Pont, ne se fiant pas à la solidité des murailles de son château, s'était retiré avec ses hommes dans la ville de Conq (Concarneau), l'une des places les plus fortes de ce temps.

Le duc François II lui dépêcha le 14 février 1488, son neveu le prince d'Orange, pour le sommer de rendre la place sous peine de voir abattre ses châteaux et couper ses arbres à 6 pieds de terre. Le sire de Pont-l'Abbé se rendit à cette menace et courut à Nantes faire sa soumission.

Par crainte du roi de France qui avait des visées annexionnistes sur son duché, le duc François II s'était allié au roi d'Angleterre et à Maximilien d'Autriche.

Le roi de France envahit de nouveau la Bretagne en 1488, Ancenis, Chateaubriant, Fougères sont pris et détruits, l'armée française se dirige alors sur Saint-Aubin du Cormier, où eut lieu la rencontre avec l'armée du duc (28 Juillet 1488). « L'armée se trouva forte de 400 lances, de 800 hommes de pieds, de 800 allemands et de 7 à 800 Anglais ; mais tant de dissensions, et si peu d'unité régnaient entre eux, qu'en allant combattre l'armée du Roi, forte et bien conduite, on était assuré d'être vaincu ». — Le baron de Pont-l'Abbé, qui conduisait un gros de fantassins y fit vaillamment son devoir ainsi que son frère Vincent qui fut tué. — La victoire resta à l'armée française, commandée par Loys de la Trémoille, vicomte de Thouars. Malgré leur vaillance et une atroce mêlée, les bretons furent contraints de plier, laissant 5.500 morts sur place, les français perdirent 1.500.

La désastreuse bataille de Saint-Aubin du Cormier fut suivie du traité de Sablé (19 Août 1488) par lequel François II s'engageait à ne pas marier ses filles sans la permission du roi de France. Le pauvre duc François II mourut de chagrin trois semaines après la signature de ce traité, le 9 septembre 1488 en son château de Couëron, près de Nantes.

Sa mort ouvrait de nouveau la question de la succession de Bretagne.

Les rois de France par une habile politique attiraient les bretons à la Cour ; des charges militaires, des distinctions et des emplois leur étaient facilement accordés. C'est ainsi que l'on vit figurer sur la liste des « Pensionnaires » de Bretagne pour cette époque : les sires Pierre du Pont et François du PlessisAuger, chacun pour 1.000 livres.

Pierre du Pont mort le 2 juillet 1492 (Le Men. Archiviste) laissait deux enfants : Jean et Louise.

Louise du Pont, qui épousa le 21 octobre 1492 Tanguy du Châtel, eût une fille, Gillette, que nous retrouverons plus tard mariée à Charles du Quélennec, et dont la postérité héritera de la baronnie.

Louise du Pont, qui mourut avant 1501 (Tanguy du Châtel épousa en seconde noce Marie du Juch) avait toujours vécu à la cour du duc François II, elle fut sur le point d'enlever Anne et le duché de Bretagne aux rois de France.

Le vicomte de Rohan qui, du chef de sa femme, Marie de Bretagne (fille du duc François Ier et sœur de la première femme de François II) prétendait avoir des droits au duché, cherchait en soutenant le roi de France, à obtenir pour ses deux filles l'alliance d'Anne (née en 1476) et d'Isabeau, filles mineures de François II.

Une lettre du vicomte de Rohan à Charles VIII lui montre que son mariage avec la duchesse Anne n'est retardé que du fait que l'on suscite un rival en la personne du fils du vicomte de Rohan.

« Sire, il est bien vrai que Mademoiselle du Pont-l'Abbé envoya ledit Kerouant (un des gentilshommes de la baronnie du Pont) devers moi, qui me dit qu'elle avait donné charge de me dire comme M. de Ramefort était venu devers elle et l'avait priée de m'avertir que si je voudrais entendre au dit mariage de la dite dame Anne et à mon fils aîné le droit que j'ai en la duché et que je fisse tant envers vous que votre armée fut retardée. Et que je fis réponse par ledit Kerouant à ladite demoiselle que j'étais content de quitter à la dame Anne et à mon fils aîné le droit que j'ai en la duché de Bretagne, moyennant qu'ils fussent mariés ensemble et que la seconde fille de Bretagne fut mariée à mon second fils pour éviter les questions qui fussent pour advenir après ma mort ou autrement et que en ce faisant, je fusse allé devers vous pour vous supplier de retarder votre dite armée et qu'il vous eût plu d'avoir lesdits mariages agréables, autrement n'y eussent jamais voulu entendre ».

 

XIII. — JEAN III DU PONT, fils de Pierre du Pont et d'Hélène de Rohan, n'avait pas atteint sa majorité lorsque son père mourut, ainsi qu'on peut le voir dans la pièce intitulée : « Opposition formée par le baron de la Hunaudaye au rang pris par celui de Pont-l'Abbé, dans le parlement de Vannes, le 20 février 1493, haute et puissante damoiselle Hélène de Rohan, dame du Pont et de Rostrenen, comme tutrice et garde de haut et puissant Jehan, sire du Pont, son fils, seigneur desdits lieux, a par Pierre Guillaume, son procureur, apparu une lettre et mandement patent du Roy nostre sire, contenant que... » (La baronnie de Rostrenen, p. 31. — Comtesse DU LAZ).

On le voit figurer au deuil de Charles VIII (+ 8 avril 1498). Le 12 décembre 1498, il donna son consentement en qualité de proche parent, au mariage de noble et puissant François du Châstellier avec Jeanne de Rohan, fille de Louis et de Louise de Rieux.

En 1500, il épouse Catherine de Brosse (Bretagne) petite fille de Jean de Brosse, maréchal de France, et de Nicole de Blois, dite de Bretagne, qui était arrière petite fille de Charles de Blois et de Jeanne de Penthièvre. Catherine de Brosse était fille de Jean II de Brosse et de Louise de Laval, fille de Guy XIV et d'Isabeau de Bretagne sœur du duc François Ier. [Note : DE BROSSE : Écartelé aux 1 et 4 de Bretagne, aux de 2 et 3 d’azur à 3 gerbes ou brosses d'or liées de gueules qui est de Brosse].

Vers cette date, on trouve dans le compte du Trésorier Général de Bretagne « à Monsieur du Pont, 750 livres de pension ». 1501-1502 (Pr. III 857).

Les descendants de Nicole de Blois avaient continué à porter les armes et le nom de Bretagne sans protestation de la part de Louis XI qui avait acheté les soi-disants droits de Nicole de Blois, ni de Charles VIII, époux de la duchesse Anne.

Louis XIavait contraint sa fille Jeanne, à 14 ans et par 3 mois de prison, de s'unir au duc d'Orléans qui devint Louis XII ; elle rachetaitpar ses vertus ses défauts physiques ; néanmoins Louis XII n'avait cessé de la fuir ; il sollicita et obtint du Pape Alexandre VI la rupture de cette union qui, imposée par la violence aux deux parties, était nulle en effet devant l'Eglise.

La vertueuse Jeanne (Bse Jeanne de Valois), qui n'aspirait qu'à la vie parfaite, se retira à Bourges et y fonda l'Ordre des Annonciades.

Après le mariage d'Anne de Bretagne avec Louis XII, célébré le 8 janvier 1499 à Nantes, celui-ci envoya un hérault d'armes aux de Brosse (héritiers de Blois) pour les sommer d'abandonner le nom et les armes de Bretagne.

Jean du Pont obéit si peu à cette sommation que l'on peut voir encore à l'église de Penmarc'h un écusson qui marque l'alliance Pont-l'Abbé-Bretagne. Il mourut en 1508 et fut inhumé aux Cordeliers de Quimper, il laissait une fille Louise du Pont.

 

XIV. — LOUISE DU PONT-L'ABBÉ DE BRETAGNE, fille unique de Jean II et son héritière aux baronnies du Pont et de Rostrenen, ainsi que le prouve le minu du 2 octobre 1508 « de la part de haute et puissante damoiselle Louise du Pont afin de parvenir à l'élègement du rachat acquis au domaine par la mort de haut et puissant Jean, baron du Pont et de Rostrenen » (Archives de la Baronnie de Rostrenen).

La jeune baronne Louise du Pont se trouvait en 1508 en son château de Rostrenen. Elle partit vers cette époque pour aller à la cour, à Blois, où la Reine lui fit le meilleur accueil. Ce fut là qu'elle connût celui qu'elle devait épouser en 1517, le prince Pierre de Foix, baron de Langon, fils puîné de Gaston II de Foix, comte de Candale, captal de Buch et de Catherine, infante de Navarre. Par ce mariage, Louise du Pont devenait belle-sœur de la reine de Bohême et de Hongrie, Anne de Foix, sœur de Pierre de Foix, qui avait épousé à Bucle le 6 Mars 1509 Ladislas de Pologne, roi de Bohême et de Hongrie, surnommé le Bon, et proche parente d'Anne de Bretagne dont la mère était une Marguerite de Foix, cousine de Pierre de Foix.

Louise du Pont princesse de Foix, décéda en Décembre 1526. (COMTESSE DE LAZ.) N'ayant pas de postérité, ses baronnies du Pont et de Rostrenen firent retour à Jean V du Quélennec, petit-fils d'une de ses tantes, Louise du Pont, femme de Tanguy du Chastel dont j'ai parlé.

Pierre, baron du Pont, mort en 1488, avait eu d'Hélène de Rohan :

- JEAN III, baron du Pont, marié à Catherine de Brosse en 1500. Mort en 1508.
- LOUISE du PONT, femme de Tanguy du Chastel, mariée le 21 octobre 1492. Morte avant 1501.
- LOUISE, baronne du Pont, mariée à Pierre de Foix en 1517. Décédée sans enfants, en décembre 1526.
- GILLETTE DU CHASTEL, mariée à Charles du Quélennec, vicomte du Faou, le 7 février 1517. Morte avant 1526.

Dans la curatelle de Louis de Rohan, sire de Guéméné, le 29 Juillet 1527, Charles du Quélennec, figure comme suit : « Noble et puissant Charles du Quélennec, vicomte du Fou, seigneur de Quélennec, garde naturel de haut et puissant Jean du Quélennec, baron du Pont et de Rostrenen, cousin dudit sire de Guéméné, enfants nés de germains » (Pr. III. 972).

GILLETTE DU CHASTEL [Note :  DU CHASTEL : Fascé d'or et de gueules à 6 pièces] épousa le 7 février 1517, Charles du Quélennec, vicomte du Faou, qui recueillit à la mort de son père (Jean IV du Quélennec, époux de Jeanne de Rostrenen), le Faou et le Quélennec. Gillette du Chastel mourut de bonne heure (1526). Son mari qui s'était remarié avec Marie du Juch, décéda en 1543.

Le fils de Gillette du Chastel et de Charles du Quélennec :

 

XV. — JEAN V DU QUÉLENNEC [Note : DU QUÉLENNEC : D'hermine au chef de gueules chargé de 3 fleurs de lys d'or], hérita en 1526, à la mort de Louise du Pont, princesse de Foix, des baronnies du Pont et de Rostrenen, du chef de sa mère.

Marie du Quélennec sœur de Jean du Quélennec, épousa le 8 juin 1594, à l'âge de 14 ans Joachim de Sévigné.

Lui-même épousa en 1538 Jeanne de Maure [Note : DE MAURE : De gueules, au croissant de vair] fille aînée du haut et puissant François comte de Maure et d'Hélène de Rohan. Elle eut en mariage les terres et seigneuries du Bourg-Neuf, de la Clarté, de Brétignolles, de la Fresnaye et d'autres jusqu'à concurrence de deux mille livres de rentes. ( COMTESSE DU LAZ. ) — Les de Maure étaient alliés aux de Pompadour.

A ce moment ils étaient catholiques, comme le montre le don qu'ils firent aux Carmes d'un terrain (Archives départementales du Finistére 1543). C'est également vers 1534 que fut fondée la chapelle de la Madeleine.

Jean V du Quélennec, fit son testament au Château de Quintin le 20 août 1553, et par cet acte, choisit sa sépulture en l'église de Rostrenen, au lieu où les feus seigneurs du Pont et de Rostrenen, ses prédécesseurs, sont inhumés. Il mourut au même mois et an, au château de Quintin.

C'est vers 1558 qu'eut lieu l'avènement du Calvinisme en Bretagne. Une partie de la noblesse bretonne fut entraînée dans le parti des dissidents par opposition aux projets et vues du roi de France. A la tête se trouvaient les Rohans, mécontents d'avoir vu la couronne ducale leur échapper et le duché passer sous la domination française.

La parenté et l'intimité des Quélennec avec la maison de Rohan et la Cour de Béarn les conduisirent à se ranger parmi les novateurs.

Jeanne de Maure qui mourut également calviniste lui survécut, car on la trouve soutenant plusieurs procès inscrits aux solennels arrêts du Parlement de Bretagne en qualité de tutrice du baron du Pont, son fils. On voit également une dame Hélène du Pont sans doute sœur du baron, qui elle aussi fut une active plaideuse. — (Arrêt du Parlement du 10 aôut 1556, du 5 octobre 1565. — 26 août 1566).

Jean V du Quélennec et Jeanne de Maure eurent un fils et deux filles : Charles qui succéda à son père ; Jeanne mariée à Jacques de Beaumanoir, veuf d'Adeline de la Feuillée (G. M.) ; et Marie, dame de Bourgneuf, qui épousa Maurice d'Entragues.

 

XVI. — CHARLES DE QUÉLENNEC devint en 1553, vicomte du Faou, baron du Pont et de Rostrenen, seigneur du Quélennec de Coëtmen. Il embrassa la religion réformée, chassa les chapelains de la chapelle de Saint-Tudy en son château du Pont, et y fit faire des prédications par le pasteur protestant Claude Charretier, qui dès 1564 était en possession de cet emploi.

Une montre de 1562 à Kergrist-Mouellon signale le baron du Pont en otage pour le Roy deux ans en Angleterre (G. M.).

Il eut pour gouverneur, Nicolas du Quélennec qui portait les armes pleines du Quélennec par tolérance du baron du Pont-l'Abbé, car le dit Nicolas était enfant naturel de la maison du Pont, du Faou et du Quélennec ; après la mort de Charles du Quélennec il fut de la maison de son successeur Tousaint de Beaumanoir, il épousa Claude de Vestle, fille d'Hervé de Vestle qui avait acquis La Coudraye (Tréméoc) en 1551. Ils eurent deux enfants : Marc et Jane.

Marc épousa Catherine du Faou, et eut deux enfants : Charles qui mourut sans enfant, et Marie qui devint religieuse bénédictine du Calvaire et fondatrice d'un couvent de son ordre à Kempertin.

Charles du Quélennec, baron de Pont-l'Abbé, épousa en 1568, à l'âge de 20 ans, la célèbre Catherine l'Archevêque de Parthenay, âgée de 14 ans, (née au château du Parc, en Poitou, le 22 mai 1554), qu'il avait enlevée presque de force à sa mère et qui était fille de feu Jean VI, l'Archevêque de Parthenay, Seigneur de Soubise [Note : DE PARTHENAY : Burelé de 10 pièces d’argent et d’azur à la cotice de gueules en bande brochant sur le tout].

Les jeunes époux durent venir peu après à Pont-l'Abbé, où Catherine de Parthenay, fervente huguenote, pouvait suivre sa religion ; toutefois, suivant les conseils de sa mère, elle avait eu soin de laisser entre ses mains une protestation contre toute rétraction que pourrait lui arracher la violence.

Charles du Quélennec prit alors le nom de Soubise sous lequel il est dénommé dans les guerres de religion. Il prit part aux deuxième et troisième guerres civiles.

Lors de la seconde guerre civile, Soubise se joignit à la noblesse protestante de Poitou pour marcher au secours du Prince de Condé. En 1568 il souleva le Périgord.

Fait prisonnier à la bataille de Jarnac en 1562, il put s'évader. (D'Aubigné, p. 281. Livre V).

La même année il participa à la défense de Beauvoir (Vendée), qui, après douze jours de siège, dut se rendre faute d'eau, aux conditions les plus honorables. Il alla ensuite à la Rochelle, à la rencontre du Prince de Condé, à la tête de quatorze cornettes de cavalerie.

Au mois de janvier 1570, il seconde puissamment La Nouë pour surprendre Brouage (Charente-Inférieure), mais leurs efforts échouèrent. Il se porta sur le bourg de Nuaillé et força la garnison à capituler. Bientôt, après ce fut le tour de Marans (27 février 1570).

Lors du siège des Sables d'Olonne (16 mars 1570) où les Protestants trouvèrent 30 canons, 40 navires, et tant d'or et d'argent, qu'à peine purent-ils l'emporter, Soubise se fit remarquer par son intrépidité et ses connaissances militaires ; La Nouë ayant été blessé au siège de Fontenay le Comte n'hésita pas à lui confier le commandement des troupes protestantes. Le 24 juin 1570 Fontenay-le-Comte se rendait.

Soubise se signala à la Roche-Abeille et Port de Piles, et confiant le gouvernement de Fontenay à un de ses lieutenants, conduisit ses troupes à la Rochelle où il retrouva la Nouë. Celui-ci qui venait d'être amputé d'un bras, se démit temporairement de son commandement, que Jeanne d'Albret confia au jeune René de Rohan, seigneur de Pontivy (il devait plus tard épouser Catherine de Parthenay, veuve de Soubise).

Soubise prit tour à tour : Brouage, l'Ile d'Oléron, Saintes où il fut blessé.

Grâce aux instances de l'Abbé Guillaume de Ruzé, seigneur de Castres, confesseur du roi, qui se disait être, par état, « monnaiyeur de réconciliation » la paix fut signée à Saint-Germain.

Soubise vint à Paris pour le mariage du Roi de Navarre. Lors du massacre de la Saint-Barthélémy Soubise fut assassiné dans la cour du Louvre, presque sous les yeux du roi de Navarre, en se portant au secours de l'Amiral de Coligny (24 août 1572).

Il se défendit comme un lion et tomba percé comme un crible, âgé de 25 ans, sans postérité.

Catherine composa des élégies sur la mort de son mari. Elle se remaria avec René II, vicomte de Rohan, prince de Léon. Le contrat fut signé à la Rochelle le 15 août 1575. Elle soutint le siège de la Rochelle avec intrépidité et mourut au château du Parc le 26 Octobre 1631, laissant deux fils : Henri, pour lequel Henry IV érigea le comté de Rohan en duché-pairie, et qui épousa la fille de Sully, et Benjamin de Rohan, prince de Soubise, né à la Rochelle (1583-1642), qui fut ainsi que son frère considéré comme le chef des Huguenots.

 

XVII. — TOUSSAINT DE BEAUMANOIR, vicomte du Besso succéda par sa mère Jeanne du Quélennec, soeur du précédent, mariée vers 1553 à Jacques des Beaumanoir, vicomte du Besso, échanson du roi de France Henri II.[Note : BEAUMANOIR : D'azur à onze billettes d'argent 4, 3, 4. Devise : J'aime qui m'aima . Bois ton sang].

Toussaint fut baptisé à Jugon le 1er septembre 1554, devint chevalier de l’ordre du roi, capitaine de 50 hommes de ses ordonnances et Maréchal de ses camps et armées en Bretagne.

Il épousa Anne de Quémadeuc baptisée à Québriac le 25 novembre 1563 fille de Francois de Quémadeuc, vicomte de Rezé, grand écuyer héréditaire de Bretagne. La famille de Beaumanoir très dévouée à la cause royale, à l’opposé de la plupart des gentilshommes bretons se trouva en possession de la baronnie pendant tous les troubles de la Ligue et son autorité s’exerca en sa faveur dans son vaste domaine de Pont-l’Abbé [Note : QUÉMADEUC : De sable au léopard d'argent accompagné de 6 coquilles de même : 3 en chef et 3 en pointe, 2 et 1].

Toussaint de Beaumanoir s’étant affirmé ardent partisan de Henri IV fut bientôt créé chevalier de l'Ordre du Roi, et capitaine de 50 hommes d’armes de ses ordonnances. Chargé du commandement de toute l’infanterie en Bretagne, il se signala dans différentes affaires.

En l’absence de Mercœur, chef de la Ligne après la mort des Guise, un complot réussit à emprisonner les ligueurs de Rennes, et à ouvrir la ville aux royalistes (6 Avril 1589), parmi eux se trouvaient les sires de Châteauneuf-Sourdéac, le Coëtquem, de Cambourg, du Pont, de Molac, de Quémadeuc, etc... le parlement sanctionna l'évènement du 7 Avril 1589.

Presque toute la Basse-Bretagne avait suivi le duc de Mercœur dans sa révolte contre l'autorité du roi Henri IV encore protestant et il ne faisait pas bon pour les nobles qui étaient restés fidèles au roi de demeurer dans leurs manoirs de campagne.

En 1588, Pont-l'Abbé, on ne sait pour quel motif, est aux mains du duc de Mercœur, qui y avait une forte garnison. Les troupes royales vinrent l'assiéger, sans succès du reste.

En 1590 les ligueurs occupèrent Quimper, Mais Pont-l'Abbé est aux mains des royalistes. Beaumanoir hésitant à se confier ouvertement à l'un ou l'autre des partis, et craignant pour sa baronnie donna ordre à un nommé Trogoff, de Locronan, près de Douarnenez, sergent courageux et aimant les aventures, de se porter au secours de son château.

Pendant l'absence de Beaumanoir la défense de Pont-l'Abbé fut donc confiée à ce jeune sergent du nom de Trogoff, de Locronan des Bois, près de Douarnenez, avec quelques hommes « de son humeur, » il y avait aussi d'autres huguenots qui s'y étaient réfugiés : le sieur de Kérouant de la paroisse de Plonéour avec sa femme et son fils, Guyonne de Kérouant sa sœur, dame de Lacoudrais, le sieur de Baucours demeurant à Kerbullic dont il avait épousé l'héritière, du Marchallac'h, de Kerfeuntenic et les officiers du Pont avec plusieurs autres tant de la ville que des environs.

Lors des guerres de religion, le sieur de Kérouant, sa femme et son fils avaient abjuré leur foi pour se faire Huguenots. Par crainte des ligueurs ils s'étaient retirés au château du Pont avec une partie de leurs richesses.

De Pont-l'Abbé Trogoff pillait tout le pays jusqu'au portes de Quimper.

Ennuyés de tant de bravades une délibération fut prise de l'assiéger, les habitants de Quimper se concertèrent avec le capitaine Le Prestre de Lézonnet qui commandait à Concarneau et qui avait sous ses ordres « une belle garnison d'une compagnie de chevaux-légers, un régiment de gens de pied et du canon ». Beaumanoir était au siège d'Ancenis. Le 9 février 1590, il passa par Rennes à la tête de plus de 300 gentilshommes de Basse-Bretagne, et d'un grand nombre de cavaliers et de fantassins, qui allaient rejoindre l'armée du prince de Dombes au siège d'Ancenis. Au commencement de 1590, (février-mars), Lézonnet emmena donc toute sa troupe devant Pont-l'Abbé. Avec Lézonnet se trouvaient les seigneurs de Goulaine, du Faouët, frère du précédent, de Carné de Rosampoul, de Kerservant, de Laporte-Neuve, de Kerdégace, Kerlazret du Cosquer, Trévanec, Penguilly, de Trohanet son frère, et plusieurs autres avec les habitants de Quimper en très grand nombre, tous les ligueurs du Canton voisin, des communautés de Penmarc'h, d'Audierne, de Douarnenez et une multitude de paysans, chacun y allait comme à des noces.

« Le siège étant posé devant, on fait jouer le canon premièrement contre les défenses et parapets, et aussi contre la tour où il ne faisait pas grand effet. On délibère d'aller à la sape, mais ce ne fut pas exécuté ; enfin après avoir demeuré quelques jours en bloquement, un certain jour, comme Trogoff regardait les assiégeants par une petite lucarne, un soldat lui tira une arquebusade qui lui porta dans le front, duquel il mourut soudainement. Les autres voyant leur capitaine mort demandèrent à capituler. Le Sieur Alain du Marchallac'h qui était marié à Marguerite Le Prestre de Lézonnet fut tué peu de temps après au siège de Guengat, il passa pour avoir été cause de cette reddition, de quoi il fut blâmé par les autres du dedans, l'accusant d'intelligence secrète et de trahison ».

La capitulation fut obtenue à condition que quelques-uns, entre autres ceux qui étaient Huguenots, comme le sieur de Kérouant et son fils demeurèrent prisonniers du sieur de Lézonnet et rendus à Concarneau où peu après ilspayèrent 5.000 écus outre les frais. Les assiégeants trouvèrent assez bon butin dans le château. Le sieur de Kérouant ou Kerhoënt perdit tous les meubles de prix, bijoux, joyaux et vaisselle d'argent qu'il avait crû mettre à l'abri des murailles du Pont. En se retirant Lézonnet fit descendre l'horloge qui était au château, qui était la meilleure de Bretagne et la fit transporter à Concarneau. Depuis l'on dit : « l'on ouït à Concarneau sonner l'horloge du Pont, encore qu'elle soit petite ». Les maisons de la ville furent pillées.

La place du Pont-l'Abbé rendue, l'armée se dissipa, chacun se retirant de son côté et l'on ramena le canon à Concarneau d'où il avait été pris. Dès ce moment la Ligue tint sous sa puissance toute cette partie de la Basse-Bretagne.

M. de Penhoët dans ses esquisses de Bretagne, dit que le château souffrit de ce siège car en 1594 il fut réparé par d'autres royalistes qui s'y réfugièrent sous le commandement du capitaine de Talhouët Kerservant.

Dans le B. A. 1883, p. 345 on trouve cette indication « Pierre Billy, laboureur, blessé d'une arquebusade au siège du Pont en 1590, reçut une gratification de 9 livres 7 sols 6 deniers tournois ».

La dame de la Coudraye, Guyonne de Kérouant (+ 1618) demeurait en 1597 en la ville close de Quimper, son manoir de la Coudraye et sa maison de la Pallue près des faubourgs de Quimper furent pillés vers cette époque de 1590, où il n'y demeura aucun meuble, ni grilles aux fenêtres. (Chanoine MOREAU. — Les guerres de la Ligue).

Le manoir de la Pallue fut occupé plus tard par les dames du Calvaire, et sur son emplacement fut édifié le séminaire diocésain (Route de Pont-l'Abbé). Guyonne de Kérouant était la deuxième femme d'Hervé Le Vesthe (+ 1572) Seigneur de Kéraret (Nizon) beau-père de Nicolas du Quélennec fils naturel du Seigneur du Pont qui avait épousé sa fille Claude. (G. M.).

Un document qui remonte vers 1635 — (Arch. départementales du Finistère 1543) (Couvent des Carmes) — porte cette mention : « Damoiselle Guyonne de Kérouant, dame de la Coudraye fonde une messe et recommandation sur la tombe élevée des Seigneurs de la Coudraye, 1586 et 1593 ». Elle n'était donc pas ou plus huguenote.

Toussaint de Beaumanoir fut blessé au bras gauche d'un coup d'arquebuse à Ancenis où il commandait la noblesse du parti du roi ; il mourut de cette blessure à Rennes le 17 Mars 1590, où il était revenu le 4 Mars. Il mourut catholiquement, fit de nombreuses libéralités aux églises de Rennes et de ses seigneuries, l'aumônerie de Pont-l'Abbé eut une rente perpétuelle de 36 livres.

Le lundi 19 Mars à 11 heures du matin, le corps de sieur du Pont fut mené et conduit reposer en l'église de Toussaint jusqu'à son transfert à Rostrenen environ le 1er septembre 1590 bien secrètement et sans solennité et son cœur au Besso.

Voici ce qu'écrit Maître Jean Pichard, notaire royal et procureur du Parlement de Rennes (D. Morice, Pr. III, p. 1707) :

« Le Dimanche 4ème jour de Mars au dit an 1590 arriva en cette ville le dit sieur baron du Pont, blessé au bras gauche d'un coup d'arquebusade à Ancenis, et de laquelle il mourut depuis ..... Le samedi 17ème jour de mois de Mars au dit an, Messire Toussaint de Beaumanoir Baron du Pont décéda .... Le Lundi 19, dudit mois de Mars au dit an, à onze heures du matin, le corps dudit sieur du Pont fut mené et conduit reposer en l'église de Toussaint, où il avait ordonné son corps être mis, jusques au jour d'estre mené et conduit à Rostrenen et son cœur au Besso, ainsi qu'il est plus amplement dit par son testament, qu'il fit très catholiquement ».

« Le Baron du Pont étant mort de sa blessure, Sébastien de Rosmadec de Molac fut choisi pour colonel à sa place. Les funérailles du Baron fut faites en grande pompe, parce qu'il était mort au service du Roi. Le Parlement et tous les autres corps les honorèrent de leur présence. Il fut porté à l'Eglise de Toussaint, où il avait ordonné que son corps fut fait en dépôt, jusqu'à ce qu'il put être transféré à la Collégiale de Rostrenen.

Il était suivi immédiatement après de Pierre Nicolas sieur de Beauchesne son intendant, et de tous ses domestiques.

Ensuite marchait la Noblesse, et après un assez grand intervalle, le Parlement suivi de la Maison de Ville. Tel fut le cérémonial de la pompe funèbre. La mort d'un homme aussi accrédité que l'était le baron du Pont parmi la Noblesse, fut assurément une perte pour le parti du Roi... » (L'abbé GUYOT DESFONTAINE. Histoire des Ducs de Bretagne, III, p. 143.

Toussaint de Beaumanoir avait restauré le donjon du château de Rostrenen et les voûtes du rez-de-chaussée.

Il n'avait qu'une fille Hélène, il arrêta par testament qu'elle serait conjointe par mariage avec le fils du sire de la Hunaudaye, il voulait par cette union faire cesser les querelles de prééminence entre les 2 baronnies et il institua pour son tuteur Thomas de Guémadeuc, seigneur de Québriac, baron de Blossac.

Un des aïeux de René de Tournemine, Pierre, fit assassiner Jean IV de Beaumanoir par un de ses fermiers nommé Rolland Moysan. Cet assassinat fut vengé par le frère de la victime, Robert de Beaumanoir qui ayant pu établir la culpabilité de Tournemine, l'appela en champ-clos devant le duc qui autorisa un combat en outrance. Il eut lieu à Nantes sur la place du Bouffay le 20 décembre 1386. Tournemine fut vaincu, Beaumanoir lui accorda généreusement grâce de la vie. [Note : DE BEAUMANOIR : Ecartelé au 1 de sable à 3 fleurs de lys d'argent qui est la Marzelière. Au 2 d'or à 3 fleurs de lys d'azur deux en chef et un en pointe qui est Porcon. Aux 3 pallé d'or et de gueules de 6 pièces qui est Giffart. Au 4 d'argent à la croix engrellée de sable qui est du Gué].

Le 17 juillet 1594 la veuve de Toussaint épouse Renaud de la Marzelière vicomte de Fretai, baron de Bonne-Fontaine et de Baign. Voici ce que dit le Journal de Jérôme d'Aradon (D. Morice, Pr. III. — Comtesse DU LAZ, 47). « Le dit jour (le samedi 16 juillet 1594.), le sieur de la Marzelière et la dame douairière du Pont, Anne de Guémadeuc, fiancèrent au soir, et le lendemain de grand matin espousèrent. Quelques-uns en parlent, d'autant qu'elle devait avoir été épousée par force, par ledit sieur de la Vallée-Pleumaudan ». Elle s'engagea à faire ni don, ni avantage de ses biens à personne que sa fille, elle lui abandonna même le douaire qu'elle avait sur les biens de son premier mari.

 

XVIII. — HÉLÈNE DE BEAUMANOIR née en 1586 devint à 4 ans baronne de PONT-L’ABBÉ et de Rostrenen, vicomtesse du Faou, du Besso, et dame d’une infinité de chatellenies.

Elle épousa à l’âge de 13 ans, le 16 janvier 1599, par obéissance à la volonté parternelle René de Tournemine baron de la Hunaudaye. [Note : TOURNEMINE : Écartelé d’or et d’azur. Devise : Aultre n’aurai]. Elle fut malheureuse.

Le parti du roi faisait de sérieux progrès en Bretagne. Cependant Quimper tenait encore pour la Ligue. Plusieurs gentilshommes, dit le chanoine Moreau, formèrent le projet de mettre cette place entre les mains du Roi. Parmi eux il cite les sieurs de Kerservant, Beaucours-Kerbulic, du Granec, de Prat-Maria, de Brenanvec, du Haffond de Lestriagat, de Kerdégace, etc. Le projet fut éventé, ils n'eurent que le temps de quitter la ville. Ils se réfugièrent d'abord au manoir de la Coudraye en Tréméoc près de Pont-l'Abbé. Mais craignant d'y être assailli par les Quimpérois, ils vinrent s'installer au château du Pont, en attendant le secours du maréchal d'Aumont que le roi Henri IV avait chargé de porter le dernier coup à la Ligue en Bretagne.

Vers 1590 à 1595 le gouverneur de Pont-l'Abbé fut un gentilhomme nommé Nicolas de Talhoët Kerservant qui épouse à Saint-Malo en 1590 Béatrix de Launay, veuve de Georges de Bueil, dame de la Coudraye en Tréméoc. (B. A. 1895, p. 208-217).

Le B. A. 1895, p. 122 note qu'en 1594 Pont-l'Abbé est ville avec garnison royale.

Le sire de Kerservant, capitaine galant et entreprenant, avait, durant qu'il tenait garnison à Quimper, fait la connaissance d'une jeune personne héritière de Rescanou en Goézec qui avait épousé à 16 ans Rolland du Guermeur, il avait pris l'habitude de passer ses soirées au logis de ce seigneur Rue du Frout, à Quimper. De Guermeur dévoré de jalousie, un soir tira sur Kerservant un coup d'arquebuse, mais ne le blessa aucunement.

Quelques temps après cet attentat, le sire de Kerservant arrivait à Pont-l'Abbé et s'occupait à faire réparer le château.

Le sieur de Corrouarch-Guermeur mit sur pied une vingtaine d'hommes bien armés qu'il déguisa en paysans, quelques uns ayant des faix de bois sur le dos et vint à Pont-l'Abbé.

Il avait prémédité de surprendre son rival, le jour du sacre (jeudi, 9 juin 1895), espérant bien que la garnison et la population assistant aux processions, le château ne serait pas suffisamment gardé.

Un homme dévoué à Corrouarch-Guermeur nommé Jean Guivier (d'autres disent Guiriec) de Quimper âgé de 25 ans, le jour et l'heure venue s'introduisit dans la place par la porte du côté de la ville, mais il se heurta sans y prendre garde au sire de Kerservant qui se promenait sur le pont du château.

Interpellé le faux paysan ajusta le capitaine, mais le coup ne fit que l'effleurer. L'alarme fut donné, le partisan de Corrouarch ne put franchir la porte du donjon, il trouva le pont levé. Poursuivi il essaya de se couler dans un des crénaux de la courtine pour tomber à la mer, mais il demeura suspendu et tué à coups de hallebardes, sa tête tranchée fut placée au bout d'une pique et hissée au sommet de la grosse tour du château.

Le 12 juillet 1596 (B. A. 1885. p. 177) l'armée royaliste est logée en la ville de Pont-l'Abbé et commandée par le sieur de Kergoumarc'h gouverneur de Guingamp.

En 1597, la garnison du Pont, alla assiéger La Fontenelle dans son repaire à Douarnenez, pour venger la défaite des paysans de la région qui s'étant réunis à Plogastel-Saint-Germain l'année précédente, furent détruits par les troupes de ce brigand, qui en tua 1.500 environ.

En 1603 les Carmes affectèrent quelques-uns de leurs revenus à la réédification de l'église et du clocher.

En 1604 Hélène de Beaumanoir âgée de 18 ans se retire en son château du Pont, où elle fut assiégée par son mari à la tête d'une véritable armée, elle dut se rendre et fut emmenée à la Hunaudaye. Mais peu après elle se retire au château de Dinan sous la protection de son parent Sébastien Ier marquis de Rosmadec, baron de Molac et introduisit une demande de séparation devant le Parlement. Voici un extrait d'un mémoire authentique du temps.

« On maintient qu'en l'an 1604, la dite dame de Beaumanoir se disant être très maltraitée par le sieur baron de la Hunaudaye, son mari et être en péril de sa vie auprès de lui, se retira en son château du Pont-l'Abbé où elle fut incontinent assiégée par le dit sieur de la Hunaudaye. Lors elle envoya prier son parent, le feu sieur baron de Molac, de l'assister ; ce qu'il fit, et monta à cheval à Dinan où il était éloigné du dit Pont (l'Abbé) de plus de quarante et cinq lieues, et s'achemina avec quatre ou cinq cents gentilshommes, cinq ou six cents hommes de pied, à ses dépens, jusque six ou sept lieues proche dudit château du Pont, où étant, il apprit que ladite dame s'était rendue au dit sieur de la Hunaudaye. Que depuis ladite dame disant que ledit feu sieur de la Hunaudaye continuait son mauvais traitement en son endroit, se serait rendue au château de Dinan sous la protection dudit feu sieur de Molac, qui l'y aurait reçue, retenue, nourrie et entretenue elle et toute sa famille près de deux ans » (Comtesse DU LAZ, p. 48-49).

Sébastien Ier, marquis de Rosmadec, baron de Molac (+ 1613), dont il est question, était fils de Tanguy de Rosmadec et de Marguerite de Beaumanoir. Il fut le tuteur d'Hélène de Beaumanoir du 31 juillet 1595 au 22 septembre 1599, et fut remplacé par Jean du Quélennec, seigneur du Hilguy (en Plogastel ) et de Saint-Quiriec, de la branche cadette des vicomtes du Faou.

Soit que la jeune femme eut peu de sympathie pour ce tuteur, soit que celui-ci eut été choisi par son mari et comme tel lui devait être suspect, nous avons vu qu'elle eut recours à son oncle et premier tuteur.

Hélène de Beaumanoir trouva un vengeur dans son cousin Toussaint de Guémadeuc. Ce seigneur entra en querelle avec René de Tournemine, une rencontre eut lieu au pays de Rieux, entre Toussaint de Guémadeuc (son cousin) et René de Tournemine ; Toussaint fut tué et inhumé le 4 décembre 1606 à Québriac. René de Tournemine, blessé au genou mourut de sa blessure après avoir langui plus d'un an.

Hélène de Beaumanoir épousa le 12 août 1609, Charles II de Cossé-Brissac marquis d’Acigné [Note : COSSÉ – BRISSAC : De sable à 3 fasces d’argent denchées par le bas]. Charles II de Cossé-Brissac maréchal de France (1539) gouverneur de Paris (1594), gouverneur de Bretagne pour le roi, créé duc le 13 avril 1611, il mourut en 1621. Il avait épousé successivement Judith d’Acigné d’une illustre famille bretonne et Louise d’Ongnies. Il eut de son premier mariage deux fils : François et Charles II. Hélène ne fut pas plus heureuse dans ce second mariage et dût pour fuir les violences de son mari se retirer en 1616 et 1617 dans son manoir des Isles près du bourg de Kergrist-Moëllou, dans sa baronnie de Rostrenen. Le château de Rostrenen endommagé pendant la Ligue n'avait pas encore été mis en état.

Les registres de Rostrenen contiennent plusieurs actes où Hélène dans ce temps-là, figure comme marraine : d'abord le 16 mars 1616, elle nomme Hélène Bobillé, fille de nobles hommes Tanneguy Bobillé et Jeanne de Perrien, seigneur et dame de Compostal, manoir touchant la ville de Rostrenen. Elle est aussi marraine du fils d'un des fonctionnaires de la cour et juridiction de Rostrenen et le nomme avec un des seigneurs vassaux de sa Baronnie, messire Charles de Brébant seigneur de Kerriou (près de Rostrenen). (Comtesse DU LAZ, p. 52-53).

Vers 1613 ou 1615 le P. Nobletz vint à Pont-l'Abbé (Dom Michel), de M. PERÉNÈS, p. 213) — « A l'entrée de la ville, il fut reçu sèchement de la première personne qu'il rencontra. Lui ayant demandé où on vendait du papier, elle répondit brusquement, voyant qu'il était fort pauvrement habillé et d'un maintient humble... cette demoiselle s'appelait Mlle de Porzmoreau. Etant retournée au logis, elle dit à son mari qu'elle avait scrupule d'avoir parlé brusquement à un prêtre, qui lui avait demandé où on vendait du papier. Ce-ci attrista le gentilhomme qui était le père des pauvres, et il dit à sa femme que c'était peut-être un pauvre prêtre, et qu'il fallait parler avec douceur aux pauvres, avec respect aux prêtres. Pour réparation d'honneur il envoya un de ses serviteurs chercher cet éclésiastique et lui faire présent d'un quart d'écu ; celui-ci accepta et prit occasion de cette charité de faire visite à son bienfaiteur, pour le remercier. Par reconnaissance de ce bienfait il instruisit toute sa famille et porta ce Monsieur (Pério de Méabé, marchand espagnol établi à Pont-l'Abbé) et Mademoiselle de Porzmoreau à une piété et charité extraordinaire envers les pauvres.

Il séjourna quelque temps à Pont-l'Abbé, catéchisa le simple peuple et les enfants et y gagna quelques-uns à une vertu exemplaire ».

De Pont-l'Abbé il passa à l'Ile Tudy.

Après la mort du maréchal de Cossé-Brissac survenue le 5 juillet 1621, son fils le marquis d'Acigné ne se limita plus dans ses dissipations. Ses mauvais traitements à l'égard de sa femme redoublèrent, il lui fit de force souscrire et s'engager à des aliénations, sa vie même est menacée. Hélène de Beaumanoir réussit à faire parvenir ses plaintes au roi Louis XIII (1610-1643) qui lui fit recouvrer sa liberté.

Elle demanda la séparation et par arrêt du Parlement le 22 janvier 1628 le marquis d'Acigné fut banni du royaume à perpétuité.

Malade et désirant mener une vie plus tranquille, elle confia la gérance de ses biens le 16 janvier 1629, à Françoise de Guémadeuc sa nièce et présomptive héritière, épouse du sieur de Pontcourlay.

Le 16 juillet 1686 elle faisait son testament en son château de Limoëlan (en Sévignac, canton de Broon) où on l'avait fait transporter, le seigneur de Pontcourlay général des galères recevait les seigneuries du Pont, Rostrenen, le Faou, le Quélennec, les Isles, Carnoët et Crenolles. Le 10 août 1686 Hélène de Beaumanoir était inhumée dans la chapelle des religieuses de Sainte-Catherine de Dinan par Monseigneur l'évêque de Saint-Malo Achille de Harlay (1630-1640).

 

XIX. — MARIE–FRANCOISE DE GUÉMADEUC petite cousine d’Hélène de Beaumanoir lui succéda aux baronnies de Pont-l’Abbé et de Rostrenen par testament en date du 16 juillet 1636. [Note : DE GUÉMADEUC : D’argent au lion de sable, accompagné de 6 coquilles de même 3 à 3. ALIAS : De sable au léopard d’argent accompagné de 6 coquilles de même 3 à 3].

Toussaint de Beaumanoir avait épousé Anne de Guémadeuc dont la fille fut Hélène de Beaumanoir.

Thomas de Guémadeuc épousa Jacquemine de Beaumanoir, ils eurent deux fils : Toussaint qui fut tué en duel par son cousin René de Tournemine mari d'Hélène de Beaumanoir.

Et Thomas qui fut le père de Marie-Françoise de Guémadeuc.

Thomas de Guémadeuc était gouverneur de Fougères, il tua à Rennes pendant la tenue des Etats le 28 octobre 1614 Jacques, baron de Nevez ; le lendemain 29 il quittait Rennes pour se réfugier à Fougères.

Poursuivi pour cet homicide par la veuve du baron, Françoise de Tréal, Thomas de Guémadeuc fut condamné à mort par le Parlement et eut la tête tranchée à Paris le 27 octobre 1617 et sa tête fut plantée au-dessus de la porte principale du château de Fougères.

Le 29 juin 1626 Marie-Françoise de Guémadeuc avait épousé François de Vignerot [Note : DE VIGNEROT : D'or à 3 hures de sable écartelé du Plessis-Richelieu d'argent à 3 chevrons de gueules], marquis de Pontcourlay, marquis de Graville, conseiller du Roi, lieutenant général pour sa Majesté dans les mers et armées du Levant, maître de camp du régiment du Havre de Grâce, gouverneur pour sa majesté des ville et citadelle du Havre et du pays de Caux, chevalier des Ordres du Roi, général des galères de France, neveu du cardinal de Richelieu.

Depuis l'Union de la Bretagne à la France, le baron de Pont-l'Abbé était presque constamment éloigné de sa baronnie, il avait donc avantage à faire faire par les habitants eux-mêmes le prélèvement des taxes anciennes ou nouvelles que le Roi ou les États de la Province venaient à établir pour les besoins nouveaux sur l'ensemble des habitants.

Ce fut vers 1622 que les habitants de Pont-l'Abbé commencèrent à délibérer sur leurs propres affaires et à se tenir en chambre ou communauté de ville pour traiter de ce qui les concernait. Elle était composée de 12 bourgeois, de 12 artisans et un syndic pour chef, nommé par la généralité.

De 1636 à 1685 que la famille de Richelieu possède cette baronnie, personne ne se soucie de venir en Bretagne. La Seigneurie du Pont devient une grande terre possédée par des étrangers qui ne songent qu'à en tirer le meilleur parti possible.

Dès 1636 le château, les jardins, les douves le pourpris furent mis en ferme par voie d'adjudication.

François de Vignerot mourut le 26 janvier 1643 laissant 5 enfants :
1° Armand Jean de Vignerot, substitué au nom et armes de Richelieu.
2° J. B. Amador, auteur de la branche des ducs d'Aiguillon (né le 8 novembre 1632).
3° Emmanuel-Joseph, comte de Richelieu, (né le 8 mars 1639) qui entra dans les ordres. Il se trouva au combat du St-Gothard en Hongrie, contre les Turcs, le 1er août et au retour mourut à Venise le 9 janvier 1665.
4° Marie-Marthe, morte sans alliance en 1675. Enterrée aux Carmélites de la rue Chapon.
5° Marie-Thérèse, (née le 16 avril 1636), religieuse des filles du Saint Sacrement (Rue Cassette à Paris) morte le 18 décembre 1704, elle avait légué à son père J. B. Amador le duché d'Aiguillon dont elle avait hérité de sa tante Marie-Madeleine de Vignerot dame d'Atour de la Reine.

En 1647 sa veuve Marie-Françoise de Guémadeuc épousait Charles de Grivel de Gamache, comte d'Orouër, maréchal de camp qui par une étrange coïncidence fut nommé gouverneur de Fougères, et sa femme dut ainsi entrer par la porte où avait été fichée en 1617 la tête de son père. [Note : DE GRIVEL : D'or à la bande échiquetée d'argent et de sable, de deux tives].

Le 5 février 1656 haute et puissante dame, Madame Marie-Françoise de Guémadeuc, baronne du Pont, Rostrenen, le Faou, vint visiter ses sujets de Bretagne et imitant la libéralité et bonté de ses ancêtres seigneurs du Pont pour la maison et couvent qui est l'unique qu'elle a en ses villes et seigneuries de ce duché ; outre une aumône de 300 livres qu'elle donna aux religieux, elle fit fondation de 30 livres de rentes à prendre sur la ferme de sa baronnie du Pont et ce pour dotation d'une basse messe les samedis, devant la Vierge.

Charles d'Orouër fut assassiné, en décembre 1658 à Paris, dans son carrosse. Il avait présidé à Nantes en 1651 les États de Bretagne, en qualité de baron du Pont. Le 26 novembre 1645 noble homme Jacques Draoulen sieur de Kerandraon sénéchal de la baronnie du Pont, fonde « une grande messe solennelle du Saint Sacrement le premier Lundi de chaque mois ».

Le 22 septembre 1660 Noble homme Olivier Bolloré seigneur de Keradennec et sénéchal du Pont, fonde « 24 grandes messes ou services solennels et plusieurs processions du Saint Sacrement dans l'église et les cloîtres, de plus 2 tombes au haut du chœur et un accoudoir dans la nef à l'entrée du chœur ».

1664-1685 — « Dorure d'un très beau tabernacle et structure d'un grand autel de sculpture et de menuiserie pour l'accomplissement desquels non seulement Messieurs les Bourgeois et habitants du Pont contribuèrent volontairement et libéralement, mais encore la noblesse du Canton en fournissant quantité de pieds d'arbres et les paysans les charroyant pour l'amour de Dieu, duquel ils doivent aussi espérer leur principale récompense et les religieux du dit couvent qui subsistent par leur moyen toute l'assistance possible et la juste reconnaissance ».

Éloignée du Théâtre ordinaire des guerres, jouissant de par son passé de nombreux et importants privilèges, conservant dans son sein la plus grande partie de sa noblesse jusqu'alors peu séduite par les splendeurs de la cour, la Bretagne au commencement du règne de Louis XIV (1643-1715) passait pour l'une des provinces les plus riches et les plus prospères du Royaume.

En 1665 au lendemain des États de Bretagne tenus à Vitré cette année-là et auxquels avait assisté Charles Colbert frère du célèbre ministre, sur l'ordre exprès du roi il entreprit la visite de la Bretagne.

Le mémoire qu'il présenta à son retour marque : d'une part la multiplicité infinie des petites juridictions et des gens de lois ruinant le menu peuple dans des procès qu'ils font naître et entretiennent ; de l'autre, la tendance de la petite noblesse résidant sur ses terres à accabler les paysans sous le poids de redevances et de corvées exagérées.

Presque partout ce rapport nous la montre désoeuvrée, adonnée à l'ivrognerie, attentive à augmenter les corvées et les redevances. C'est sous l'influence de ces diverses causes de mécontentement que nous allons voir se produire les principaux incidents de la révolte qui éclata en 1675, au milieu des troubles de la Fronde (1638-1658) beaucoup de gens s'étaient anoblis de leur propre autorité ; d'autres avaient acheté des titres de noblesse pour quelques écus. Une ordonnance royale révoqua toutes les lettres de noblesse accordées depuis 30 ans. Toute la noblesse de pacotille en conçut un ressentiment profond contre le monarque et promit de se venger à l'occasion. De ce fait près de 40.000 familles, parmi les plus riches des paroisses, furent de nouveau imposées comme de vulgaires roturiers ce qui déchargea ceux-ci d'autant.

Les hobereaux, dépossédés de leurs titres, furieux de se voir astreints aux taxes roturières, dont ils étaient arrivés à s'affranchir peu à peu fomentèrent des troubles dans le peuple, dans le canton de Pont-l'Abbé, quelques-uns prirent pour prétexte, l'impôt sur le papier timbré. Dans les villes les populations souffrant de l'application des édits, tournèrent leur rage contre les bureaux de papier timbré et du tabac et les livrèrent au pillage. Les paysans eux dirigèrent leurs principaux efforts contre les exactions de leurs seigneurs laïques ou ecclésiastiques.

 

XX. — ARMAND-JEAN DE VIGNEROT né au Havre le 3 octobre 1629, baptisé dans la chapelle du Petit-Luxembourg, fut susbtitué au nom et armes du Plessis par son grand-oncle le Cardinal de Richelieu et devint ainsi : duc de Richelieu et de Fronsac, pair de France, prince de Mortagne ; il est surtout connu sous le nom de Fronsac et fut célèbre par ses nombreuses aventures galantes. En 1645 âgé de 17 ans il avait été nommé général des galères en remplacement de son père, il donna sa démission en 1661, en faveur du marquis de Créqui. Il se distingua en 1647-1648 sur les côtes de Naples etfut nommé chevalier des Ordres du Roi. Le 13 janvier 1674 il succéda à sa mère, il aurait rendu aveu en qualité de baron de Pont-l'Abbé l'année suivante (Trévédy). A cette époque se place la révolte du papier timbré. En 1675 le pays fut parcouru par des bandes armées de paysans révoltés qui couraient d'un château à l'autre.

Le 23 juin 1675 plusieurs paroisses se rassemblèrent sans tocsin. Le château du Cosquer en Combrit fut attaqué et pillé, son propriétaire le sieur Nicolas Euzenou de Kersalaün fut mortellement blessé et pendu à l'un des arbres de ses avenues. (Alain Euzenou de Kersalün avait épousé en 1625 Jeanne Kerlazret dame du Cosquer). Il fut sauvé par un paysan de Combrit, Mathieu Mendez, qui le transporta en bateau jusqu'à Quimper, où il ne tarda pas à mourir après avoir reçu les sacrements.

Sur les registres paroissiaux du temps de M. Le Cor, recteur de Bodivit (1691-1714) conservés au presbytère de Plomelin, on relève cette annotation : « Le 15ème jour de septembre 1697, Mathieu Mendez, âgé de 63 ans, du lieu du Coet, a été inhumé par moi prêtre soussignant dans l'église paroissiale de Bodivit, en présence de François Mendez, son frère, de Michel Mendez, son fils, de René Droal, de René Jaury et de plusieurs autres. Ce fut celui qui sauva le reste de vie qu'on laissa à M. de Kersalun dans le temps de la révolte, le portant sur ses épaules du Cosquer en secret, tandis que les autres s'enivraient dans ce manoir, jusqu'au bateau pour être transporté à Quimper où il reçut ses sacrements et mourut tôt après. En reconnaissance de quoi le duc de Chaulnes, estant venu à Quimper avec des troupes, lui donna publiquement quelques pièces d'or et l'exempta de payer des tailles sa vie durant, par écrit avec son cachet. C'est ce qui est vrai, c'est ce qui s'est fait. Jean LE COR, recteur » (B. A. de Quimper 1903 n° 4).

Un procès verbal du 24 juin 1675 établit que le château de Pont-l'Abbé fut dévasté, ses archives dispersées et brûlées.

Les meneurs de cette révolte dite des bonnets rouges élaborèrent tout un programme de revendications populaires qu'ils édifièrent en 14 articles, c'est ce qu'on appela le « code paysan ». M. de la Borderie a publié d'après une copie existant aux archives départementales des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor) « le règlement fait par les nobles habitants des 14 paroisses unies du pays armorique situé depuis Douarnenez jusqu'à Concarneau pour être observé inviolablement entre eux jusqu'à la fête de la Saint-Michel prochaine sous peine de Torreben ».

Après avoir décidé que « les dites paroisses, unies ensemble pour la liberté de la Province (art. 1er) députeront 6 des plus notables de leurs paroisses, aux États prochains, pour déduire les raisons de leur soulèvement, lesquels seront défrayés aux dépens de leurs communautés, qui leur fourniront à chacun un bonnet et camisole rouge, un haut de chausse bleu » (Les Cornouaillais ont leurs petites casaques, leurs bas et bonnets rouges. B. A. 1907, p. XXXIX — (4) ils déclarent que « les droits de champart et corvées prétendues par les dits-gentilshommes, seront abolis — (5) qu'il se fera des mariages entre nobles et roturiers ; (8) que l'argent des fouages anciens sera employé pour acheter du tabac qui sera distribué avec le pain bénit, aux messes paroissiales pour la satisfaction des paroissiens ; (9) que les recteurs, curés et prêtres seront gagés pour le service de leurs paroissiens sans qu'ils puissent prétendre aucun droit de dîme, novat, ni aucun autre salaire pour toutes leurs fonctions curiales ; (10) que la justice sera exercée par des gens capables, choisis par les nobles habitants, qui seront gagés avec leurs greffiers sans qu'ils puissent prétendre rien des partis pour leurs vacations : — que le papier timbré sera en exécration à eux et à leur postérité ; (6) qu'il est défendu à peine d'être passé par la fourche, de donner retraite à la gabelle et à ses enfants et de leur fournir ni à manger, ni aucune autre commodité ; mais au contraire, il est adjoint de tirer sur elle comme sur un chien enragé... ».

Ce programme fut soumis aux délégués des 14 paroisses réunies le 27 juillet 1675 dans la chapelle de Notre-Dame de Tréminou près de Pont-l'Abbé en Plomeur et adopté à l'unanimité. (Tréminou — peut-être trève de Saint-Menou. Menoul, Menufle, quittant la Grande-Bretagne aborda au territoire des Osismiens dont saint Corentin était évêque. Il aurait été évêque. S'étant rendu en pèlerinage à Rome, il mourut à son retour dans une petite ville de l'Allier, nommée Mouilly qui depuis s'est appelée Saint-Menoux).

« Le 1er Octobre 1385 Clément VII avait accordé une indulgence pour la réparation de la chapelle de N.-D. de Tremoznou, sita juxta portum maris de Ponte Abbatis ».

Outre le code paysan un autre règlement circula parmi les révoltés et fut adopté par plusieurs paroisses sous le nom de « code Pesovat » « Quoi de bon ? ». Il débute ainsi : « Traité de paix entre les nobles bourgeois de la ville de Pont-l'Abbé et les biens intentionnés des paroisses voisines » et il finit par ces mots : « Arrêté en l'assemblée des dits intentionnés, ce jour heureux de l'année misérable ».

La révolte fut particulièrement terrible dans le pays de Pont-l'Abbé. Un gentilhomme écrivait de Concarneau le 4 juillet 1675. « A Quimper-Corentin s'est rendue la plupart de la noblesse des environs et du quartier de Pont-l'Abbé où la guerre est à présent plus forte qu'ailleurs ».

La population de Pont-l'Abbé et de Lambourg en particulier prit une part très active à ces méfaits. Combrit et quelques paroisses voisines avaient arboré le drapeau rouge (septembre 1675), les révoltés l'arborèrent dans toutes les paroisses où ils étaient les maîtres.

Certains auteurs ont dit que la répression fut sans pitié, ce qui n'est pas tout à fait exact. Le châtiment fut exemplaire, mais sans céder à l'entraînement de la vengeance, ni aux caprices des ressentiments personnels. Le P. Maunoir qui fut témoin oculaire a porté ce jugement. « J'admirai dans cette expédition la clémence et la fermeté, la justice et la sagesse de M. le duc de Chaulnes ».

Les paroisses, en petit nombre, qui avaient été le théâtre de violences particulièrement graves et étaient demeurées obstinées dans leur rébellion furent exceptées de tout pardon et livrées aux horreurs d'une répression générale. Dans la région de Quimper il n'y en eut que trois. De ce nombre fut Combrit où le marquis Euzenou de Kersalün avait été assassiné et où suivant une tradition 14 paysans furent, en réprésailles, pendus à un chêne devant le château de Cosquer.

Le duc de Chaulnes pour perpétuer par une marque infamante le souvenir de la faute, fit raser la flèche de l'église paroissiale et celle des chapelles, avec défense de les construire jamais. Lorsque cent ans plus tard, Combrit voulut rebâtir l'église, ce ne fut qu'à la sollicitation du petit-fils de la victime, que les habitants obtinrent du Roi la permission de réédifier leur clocher. Vers 1770, les archives de Rennes, série C. 1214, signalent une requête des habitants de Combrit pour faire rebâtir leur clocher, les descendants de leur seigneur consentant à cette reconstruction. (B. A. de Quimper, 1803 n. 3).

La même peine fut également infligée aux habitants de Languivoac'h, (1er décembre 1386 — Indulgence à ceux qui contribueront à la réparation de la chapelle de N.-D. de Languivoez en Plonéour) Tréguennec, Saint-Honoré, Lanvern, conformément aux ordres du duc de Chaulnes. Le clocher de Lambour n'a jamais été relevé, il est resté découronné.

Les Etats se réunirent à Dinan le 9 novembre 1675. D'Hennebont, le 9 juillet 1675, le duc de Chaulnes écrivait à Colbert : les troubles semblent diminuer en Basse-Bretagne et les paysans ont brûlé « le Code paysan », toutefois ils sont toujours irrités contre leurs seigneurs et contre les édits.

Une des cloches de Loctudy portant le milésime de 1676 reçut cette inscription :

« Noble et discret messire Corentin Furic recteur de Loctudy, m'a bénite. Armand Jean du Plessis, duc de Richelieu et de Fronsac, Pair de France, Baron de Pont-l'Abbé et Anne Poussart de Fors, duchesse de Richelieu, dame d'honneur de la Reine, m'ont nommée : Armande-Anne 1676 ».

Cette cloche n'existe plus, elle a été refondue. Le 12 juin 1855 M. Daniel, recteur, exposa au Conseil que la grande cloche pesant 450 kilos installée en l'année 1676 est portée dans l'inventaire de 1852 : « Cloche à refondre dès que les ressources de la fabrique le permettront, attendu qu'elle est entamée depuis plusieurs années et qu'il y a danger à la sonner ». Le Conseil de fabrique vota à l'unanimité 1.000 francs pour la refonte de la cloche.

Armand-Jean du Plessis se démit de sa baronnie le 6 juillet 1681 en faveur de son neveu, fils de son frère Amador : Louis-Armand, marquis de Richelieu et le Présidial de Quimper prononça l'appropriement le 17 juin 1682.

Armand-Jean du Plessis décéda le 10 mai 1715 à l'âge de 86 ans.

Armand-Jean de Vignerot avait épousé le 26 décembre 1649 : Anne Poussart de Fors, première dame d'honneur de la Reine, et ensuite de la Dauphine. Elle était veuve de François-Alexandre d'Albret, sire de Pons, comte de Marennes. Elle mourut à Paris sans enfants le 28 mai 1684.

Il épousa ensuite, Anne-Marguerite d'Acigné, fille du comte de Grandbois et de la comtesse d'Acigné de la Roche-Jagu.

Elle mourut le 19 août 1698 ; elle eût 4 enfants : d'abord 8 filles : Catherine-Armande, Elisabeth-Marguerite-Armande, Marie-Gabrielle-Elisabeth, et un fils Louis-François Armand né le 13 mars 1696 qui fut reçut à l'Académie Française le 12 décembre 1720. Maréchal de France le 11 octobre 1748, il mourut le 8 août 1788.

Frons a cépousa en troisièmes noces la veuve du marquis de Noailles (Marguerite de Meslay).

 

XXI. — LOUIS-ARMAND, marquis de Richelieu ne garda pas longtemps cette seigneurie lointaine qu'il vendit en 1685 à François-Joseph d'Ernothon.

Ritalongi dit qu'il faut arrêter à Armand Jean de Vignerot, de Richelieu-Fronzac, la liste des Richelieu, barons de Pont-l'Abbé qui vendit la baronnie. Il cite un acte de 1676 dans lequel le baron de Pont-l'Abbé est désigné sous les noms et titres suivants :

 

XXII. — FRANÇOIS-JOSEPH D'ERNOTHON, seigneur d'Hennebont, Conseiller du Parlement du Roi, et Maître des requêtes ordinaires de son hôtel, demeurant à Paris, rue Saint-Guillaume, faubourg Saint-Germain, époux de Marie-Renée de Fresnay fille de Sébastien de Fresnay, seigneur baron du Faouët. [Note : D'ERNOTON : D'azur à trois molette, d'éperon d'or ; DU FRESNAYE : De vair plein. Alias : au croissant de gueules].

Il existe à la Mairie de Pont-l'Abbé (Ritalongi dans les Chevaliers-Bann du Pont) une pièce presque indéchiffrable, qui est une transaction passée par la cour de Rosporden, le 19 février 1510, entre Jehan Ernaulton et Marguerite Daniel sa femme, d'une part ; et Guillaume Daniel, sieur de Rosansaux frère aîné de la dite Marguerite, d'autre part. Cette pièce nous apprend que Jehan Ernaulton et Marguerite Daniel s'étaient mariés par contrat du 28 Mai 1509.

Un de leurs enfants, Jehan, seigneur de Prat-Glaz, épousa Marie de Méabé. Ces Méabé étaient seigneurs de Pors-Moro, près de l'Eglise de Lambour.

Ils eurent un fils, Jean Hernothon ou Ernothon, seigneur de Prat-Glaz, secrétaire du Roi en 1650 et qui épousa Anne de Kernafflen, sans doute fille de Hervé de Kernafflen, sieur de Kérében, sénéchal du Pont en 1677. C'est elle qui plus connue sous le nom de Madame de Prat-Glaz, fit bâtir la maison de retraite des Pères Jésuites de Quimper et fonda les missions qui se firent par eux dans tout l'évêché ; elle donna, pour y loger les pauvres de l'hôpital de Pont-l'Abbé, une maison avec ses jardins et se fit admirer par ses oeuvres de charité. C'est leur fils ci-dessus énoncé qui fut le premier baron du nom d'Ernothon.

Vers 1687 Madame d'Ernothon annonça de Paris qu'elle allait venir en sa seigneurerie et passer plusieurs mois de l'hiver en son château du Pont.

Par délibération du 28 septembre 1687 la communauté décida de rendre à la baronne les mêmes honneurs qu'au baron. Le syndic accompagné d'un nombre honnête d'habitants devait se rendre au devant d'elle jusqu'à sa baronnie du Faouët où elle devait faire halte. Les habitants devaient pour son arrivée se mettre sous les armes, un de chaque ménage, sous peine de 6 livres d'amende et de la devancer hors de la ville. Un drapeau neuf serait fourni par les soins du syndic. Les clefs lui seraient présentées par le syndic à la porte Saint-Jean, assisté de messieurs les bourgeois chargés de la complimenter. Trois écussons seraient confectionnés et placés sur la porte de l'appartement où logerait la dite dame, l'un aux armes de la seigneurie, l'autre aux armes pleines des seigneurs d'Ernothon et la troisième aux armes réunies du seigneur d'Ernothon et de sa dame. Enfin, que le linge et la vaisselle nécessaires au service de la dite baronne seraient fournis par les habitants, chacun à son tour et sous la surveillance du syndic.

Dans les Archives de Loire-Inférieure série B. 2049-1690-1684, on trouve ces indications. (G. M.) :

2° La veuve J. d'Ernothon écuyer seigneur de Prat-Glas condamnée à 300 livres d'amende au profit de la fabrique de Briec et du dénonciateur faute d'avoir justifié la noblesse du lieu de Coat-Glas. (F° 122).

R. 2057 — J. Lenormand veuve Le Dantec fait aveu pour le manoir noble de Coat-Glas en Briec, vendu 11.000 livres par F. d'Ernothon, chevalier, baron du Pont en 1699. Ses deux fils et sa fille lui succédèrent dans la possession de cette baronnie. Il mourut à Paris le 13 Décembre 1723 agé de 84 ans.

 

XXIII. — FRANCOIS JOSEPH II d'ERNOTHON, fils du précédent fut un des membres du Parlement qui appuyèrent les États dans leurs justes revendications et firent des remontrances pour la dureté et les violences que l'on exerçait envers leurs compatriotes.

Les 15 dernières années du règne de Louis XIV (1643-1715) avaient lourdement pesées sur le pays. Guerres continuelles et impôt croissant avait fini par énerver et appauvrir toutes les classes. Longtemps comprimé par Colbert et ses successeurs le naturel breton indocile et frondeur devait prendre sa revanche. L'esprit de résistance se réveilla dès la tenue des États à Saint-Brieuc, le 19 décembre 1715.

La situation financière de la Province était déplorable en 1717 : 35 millions de dette qui grossissait constamment puisque la Province disposait de 5 millions de recettes normales pour faire face à 9 millions de dépenses ordinaires.

Les États se réunissent le 15 décembre 1717 aussitôt la bataille s'engagea entre le gouverneur et commissaires du Roi et les membres du Parlement ; le 18 décembre 1717 les États étaient dissous par ordre du Gouverneur le Maréchal de Montesquiou. La session de 1717 était close, elle avait duré 4 jours.

Un groupe de jeunes magistrats avaient ouvertement mené campagne contre le commandant : M M. de Saisy de Kérampuill (38 ans), de Guerry de Boishamon (49 ans), de Saint-Pern du Lattay (33 ans), d'Ernothon du Pont (44 ans).

En juillet 1718 les États se tinrent à Dinan, dans la grande salle des Cordeliers. Le Maréchal de Montesquiou avait fait exclure de la tenue des États une vingtaine de gentilshommes qui lui avaient été signalés comme « Cabaleurs et turbulents ». Cette mesure arbitraire irrita la noblesse. Alors il se forma à Rennes un véritable comité qui dirigea, guida, excita la noblesse des États. Les principaux membres étaient : de Bon Amour, de Lambilly, de Piré, de Jacquelot et les conseillers : d'Andigné, Le Chat, de Saisy, Charette de Montbert, d'Ernothon, Thierry, du Plessis et de Runafaou.

Le 23 septembre 1718 les Etats étaient clos, le Maréchal de Montesquiou prit des sanctions contre le Parlement, 12 magistrats eurent ordre de quitter Rennes, d'abandonner leurs familles et leurs intérêts pour aller séjourner dans de petites villes perdues au milieu de la France : MM. Henri Le Chat de Vernée, Joseph d'Andigné, Louis de Jacquelot, Joseph de Lambilly, François d'Ernothon du Pont, Jean du Plessis de Grénedan, François de Farcy, de la Daguerie, et Joseph de Francheville, avocat général.

Quand on remit à d'Ernothon la lettre de cachet qui l'exilait (octobre 1718) il déclara que « l'opinion que l'on a dans la Province de son zèle pour le bien public, le dédommage très avantageusement de la peine de l'exil ! » (Histoire de Bretagne. — LA BORDERIE).

Le Parlement cependant multiplie ses instances pour obtenir le rappel des 12 magistrats exilés. Les deux conseillers Le Chat et d'Ernothon furent autorisés à la fin de 1718 à retourner dans leurs châteaux. Après la Conspiration de Pont Kallec qui se termina par l'exécution le 27 mars 1720 des 4 gentilshommes les plus compromis, 25 charges furent supprimées d'autorité au Parlement de Bretagne, leurs titulaires exilés, ou remboursés en papier de Law, du nombre de ces derniers se trouvait d'Ernothon du Pont.

Il décéda le 15 décembre 1727 à l'hôpital. La Communauté par délibération du 30 décembre de la même année décida « qu'il serait fait un service pour défunt Monsieur du Pont, de jour à autre et que les deniers nécessaires à cet effet seront pris jusqu'à concurrence d'une somme de 15 livres... lequel service sera recommandé au receveur des Pères Carmes par le sieur syndic » (Histoire de Pont l'Abbé. — RITALONGI).

« Le 16 décembre 1627, Messire François-Joseph d'Ernothon, seigneur baron du Pont et conseiller au Parlement de Bretagne, décédé le 15 desdits mois et an, a été déplacé de son château du Pont, paroisse de Loctudy, et conduit par noble et discret messire Alexis Paden, à la requête d'autre noble messire Jean 0lliorin, recteur du dit Loctudy, jusqu'à la porte des Pères Carmes de Pont-l'Abbé, qui l'ont remis au Révérend Père prieur pour recevoir la sépulture ecclésiastique, suivant ses dernières volontés et son testament par écrit. Signé : Jean 0lliorin, Recteur de Loctudy  ».

 

XXIV. — JEAN-THÉOPHILE d'ERNOTHON, chevalier de l'ordre de Saint-Louis, maître de camp d'infanterie frère puiné du précédant lui succéda comme « seigneur propriétaire de Pont-l'Abbé ».

Quand il vint prendre possession de sa baronnie, il fut conduit du château à l'église des Carmes, où son entrée solennelle et son intronisation eurent lieu le dernier dimanche de décembre 1726. Le corps municipal vint prendre le baron au château, et l'accompagna assisté de la milice, à l'église des Carmes.

Le 13 mars 1729 il reçut une délégation de la Communauté de la Ville, lui faisant ses très humbles remerciements pour le don d'une somme de 8.000 livres par lui données au nom du défunt baron son frère, décédé le 15 décembre 1727 à l'hôpital, et le suppliant de continuer ses bontés et charités pour le dit hôpital et sa protection pour la communauté.

Ce baron contribua à la reconstruction du quai pour une somme de 200 livres, par les charrois et tous les matériaux que l'on voulut prendre sur son terrain ; le surplus des frais fut fourni par une souscription locale et le travail des porteurs et porteuses du quai. Il fit de fréquents séjours en son château qu'il se proposait de reconstruire. Il fit reconstruire le corps de logis principal entre les deux grosses tours des extrémités, avec les pierres de l'ancien château de Coëtmeur (Coz Manarc'h).

Il quittait sa résidence de Pont-l'Abbé pour aller passer l'hiver à Quimper ou à Rennes.

Le chevalier d'Ernothon devint fou et se jeta par une des fenêtres du château. La population prit le deuil lors de sa mort.

Il mourut dans la nuit du 21 ou 22 octobre 1788.

« Le vingt et troisième octobre mil sept cent trente-huit, a esté fait le déplacement de messire Jean-Téophile d'Ernothon, seigneur baron du Pont, Kerdégace, Lescoulouarn et autres lieux, mort dans son château du Pont, paroisse de Loctudy dans la nuit du vingt et un au vingt-deux du dit mois et conduit en la chapelle des Religieux Carmes et inhumé dans l'anfeu du côté de l'Evangile par le sousigné recteur, à la prière par escrit de messieurs l'abbé Kérébeine et Kerges, parent du-dit seigneur en date des dits mois et an, en présence de toute la noblesse, tout le clergé du canton, qui n'ont pu signer, les registres étant en la paroisse lors de l'enterrement. Signé : Jean 0lliorin, Recteur de Loctudy ».

La baronnie échût à sa sœur.

XXV. — CATHERINE D'ERNOTHON épouse de Louis de Gouges (ou d'Argouges) marquis de Rannes, Montreuil, Saint-Georges, Faverolles, seigneur de Coulanges, La Ferté, et Dompierre, chevalier de l'ordre militaire de Saint Louis, gouverneur pour le roi des duché, ville et château d'Alençon, il mourut le 15 août 1748. [Note : D'ARCOUGES : Ecartelé d'or et d'azur à 3 quintes feuilles de gueule brochantes]. La population de Pont-l'Abbé prit le deuil. Sa veuve lui survécut jusqu'au 13 octobre 1767 et mourut à Paris à 96 ans, elle s'intitulait de son chef : baronne de l'ancienne baronnie du Pont, vicomtesse de Coatmeur et de Kérobérant, dame de Trévilly, de Kerdégace, Lestimbéach, Kerbanou, Kersigny, Languyvoa, Lengoat, baronne de Lescoulouarn.

Elle avait hérité en 1741, de la baronnie du Faouët de l'Abbé René-André du Fresnay, son oncle maternel et dont elle démissionna en faveur de son fils Charles-Louis.

Le 4 octobre 1744 il y eut des réjouissances populaires à Pont-l'Abbé, en vertu de l'invitation du Parlement, pour la convalescence du Roi. Il y eut un grand bucher installé sur la place du Marhallac'h à la construction duquel tous les habitants contribuèrent à leur plus grande joie en apportant bois et fagots, et auquel le syndic, en robe, mit le feu en présence de la communauté et de la population. Des illuminations furent faites dans toutes les maisons de 8 heures à 10 heures du soir.

La baronnie dut être vendue en 1753 car M. de Ritalongi dans son livre « Les Bigoudens » dit avoir trouvé un état des rentes dues à la marquise de Rannes pour l'année 1752.

Les biens de la baronnie étaient fort considérables par suite de diverses acquisitions ou héritages faits par la famille d'Ernothon : parmi ces apports il faut citer la terre et seigneurie de Lescoulouarn en Plonéour dont le fief et la juridiction s'étendaient jusque sous les murs de Pont-l'Abbé, à Lambour et et sur les terres de Tréouguy, de Trébéoret, et du Sequer qui touchaient aux murs du château ; les terres de Kerdégace et de Trévilly avec leurs fiefs et leurs juridictions.

 

XXVI. — HENRY BAUDE, chevalier, seigneur du Saint-Père, comte de Rais, seigneur de la Mallerie, Le Plessis, Bolisson, Lanvalaye, La Touche-Baude, Langoat et autres lieux... se rendit acquéreur de la baronnie en 1753 pour 500.000 livres, elle rapportait 70.000 livres, il était alors lieutenant-colonel des gardes-côtes. [NOTE : BAUDE : D’argent, à 3 têtes de loup arrachées de sable].

La famille Baude s'était enrichie à Saint-Malo dans le commerce de la mer, disent quelques-uns, et avait au milieu du XVIIème siècle une fortune de 10 à 12 millions qu'elle employa à l'achat de terres considérables.

Les de Saint-Père étaient descendants des de Beaumanoir anciens barons du Pont par la branche des de Beaumanoir de Lavardin issus de Charles de Beaumanoir qui épousa le 14 janvier 1545 Marguerite de Chaources. (RITALONGI).

Henry Baude mourut le 10 Mars 1754.

 

XXVII. — HENRY BAUDE, deuxième du nom né le 21 septembre 1748 fils et héritier principal du défunt, étant mineur, la baronnie fut gérée par Etienne-Auguste Baude, chevalier, marquis de la Vieuville, oncle paternel et par sa mère Madame Baude de Saint-Père, née Vincent.

Le marquis de Vieuville-Baude commanda le deuil général pour le carnaval 1754 et confisca en faveur de son pupille les droits de Bazoches (50 sols par personnes se mariant, célibataires) de Quaquinerie (25 sols sur les veufs ou veuves se remariant) et de Bienvenue (50 sols sur les nouveaux venus, et 25 sols sur ceux qui reviennent en ville après un an d'absence) ce qui ne s'était jamais fait.

La baronne eut de nombreux procès avec ses vassaux et ses officiers. Par suite de l'éloignement des barons, les voyers, les prévôts et les sergents-féodés nobles qui avaient des terres à titre bénéficiaire, finirent par se faire passer pour ainsi dire comme les seuls seigneurs des paroisses où ils demeuraient et à le faire croire aux habitants qui depuis plusieurs siècles avaient vu porter les redevances de la baronnie aux dits seigneurs.

Vers 1762 la baronne Baude donna à l'hospice une rente de 6.000 livres afin que le service en fut fait par des sœurs grises ; il n'y avait précédemment qu'une fille de charité. Elle éleva cette rente à 8.000 livres. Henry Baude mourut à l'âge de 20 ans.

Ee 1783 la communauté ayant reçu avis de la prochaine arrivée du Baron Baude de Saint-Père, se contenta de lui envoyer un exprès et décida qu'on lui ferait visite dès son arrivée et qu'on lui demanderait la continuation de sa bienveillance.

 

XXVIII. — En 1768 JEAN-CLAUDE-GEORGES BAUD DE SAINT-PÈRE, frère du précédent maître de camp en second au régiment de Piémont, chevalier de Saint-Louis, est propriétaire de la baronnie et il dut très probablement la conserver jusqu'à la Révolution.

De son mariage avec Marie-Louise Thierry il eut plusieurs enfants notamment : Emilie née le 4 Juillet 1779 ; Antoine-Henry né le 18 Juillet 1780 ; Hippolyte, né le 8 octobre 1781 ; Adélaïde-Marie-Cécile, née le 13 juillet 1783. (Les Chev. Bann -RITALONGI).

Ici s'arrête la série des barons de Pont-l'Abbé.

Les biens formant le corps de la baronnie-Ville, furent vendus comme biens nationaux, le 25 Pluviose an III.

Le baron de Baud de Saint-Père avait du reste aliéné une partie des biens de la baronnie.

Sa fille Caroline avait épousé messire Le Gac de Lansalut, comte de Forbach. — (Les Bidoudens RITALONGI).

(L. LE NEUDER).

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