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LE PETIT-SEMINAIRE DE PONT-CROIX

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M. René Rochedreux, prêtre, né à Concarneau, et avant la Révolution curé de Guilers, trève de Mahalon, après avoir émigré en Espagne, et occupé à son retour en France le poste de vicaire général de la Rochelle, rentre au diocèse de Quimper, vers 1805, et fonde à Pont-l'Abbé une école ecclésiastique qui paraît avoir assez peu prospéré.

Car, dès les premiers jours de 1807, il fait part à Mgr Dombideau de son projet d'établissement à Pont-Croix. Il y songe sur le conseil de M. Kerloc'h, recteur de Penmarch, qui lui représente le Cap comme tout particulièrement fécond en vocations, et qui s'offre à doter le Petit-Séminaire d'une rente de six boisseaux de froment et lui fait espérer le concours de la municipalité de cette ville.

Après quelques difficultés, l'affaire fut en effet conclue ; la municipalité de Pont-Croix loua une maison et fournit un traitement de 100 pistoles, à l'instituteur dont l'école était à la fois école communale secondaire et Petit-Séminaire.

Ville de Pont-Croix (Bretagne) le petit-séminaire.

Mais on se brouilla bientôt ; l'administration de Pont-Croix, qui n'avait jamais vu de bon œil l'admission des élèves des communes voisines dans une maison qu'elle subventionnait, prétendit enfin expressément obliger M. Rochedreux à ne recevoir que les enfants du chef-lieu du canton.

Cette mesure était diamétralement opposée au but du fondateur de l'institution, qui était de former des élèves pour le Grand-Séminaire. Il ne pouvait donc s'y soumettre sans ruiner son œuvre. D'un autre côté, il ne voyait pas le moyen d'ouvrir, à Pont-Croix même, une école indépendante. Le local manquait.

M. Clermont, co-propriétaire, avec les sœurs de l'ancien couvent des Ursulines, était tout disposé à le céder pour y ouvrir le Petit-Séminaire, mais il en demandait 30,000 fr. C'était assurément en soi un prix très modéré, mais bien au-dessus des ressources dont disposait ou sur lesquelles pouvait compter M. Rochedreux. Il fallait donc émigrer.

Après avoir songé à occuper le presbytère de Plouhinec, il se décida, avec l'approbation de l'Évêque, à racheter de son acquéreur national le presbytère de Meilars. il fut nommé recteur de cette paroisse ; il logea comme il put dans sa maison un nombre d'élèves qui fut, à certains moments, relativement considérable, et à travers diverses vicissitudes dirigea son école jusqu'à l'automne 1814, où il fut nommé recteur de Névez.

De 1814 à 1819, on ne trouve aucun renseignement sur l'école de Meilars. Tout laisserait donc à entendre que M. Rochedreux n'aurait pas eu de successeur immédiat dans cette paroisse, ce qui impliquerait nécessairement l'interruption de l'école. Dans un voyage de Mgr Dombideau à Pont-Croix, vers Juin 1819, M. Jaffry, curé de cette ville, « homme de grand mérite, » dit l'Évêque, lui représente le grand avantage d'une école ecclésiastique dans ce quartier, et lui conseilla, pour rétablir l'ancienne institution de M. Rochedreux, de nommer comme desservant de Meilars, M. Madec, vicaire à Bannalec. Le prélat trouva l'idée excellente et s'empressa de la mettre à exécution.

Mais M. Madec, excellent prêtre et homme très entendu aux choses de l'instruction, était, paraît il, un médiocre administrateur. Au lieu de faire des économies, comme l'Évêque assure qu'on pouvait s'y attendre, il fait des dettes, et son déficit ne fait que croître, et si fort qu'on est obligé de venir à son secours. Aussi, bien que l'école soit devenue nombreuse, en trois ans, Mgr Dombideau ne sait plus comment se tirer d'affaire.

C'est alors qu'il songe à s'adresser à M. Le Coz, ancien professeur au collège de Quimper, qui avait eu le malheur de suivre dans le schisme constitutionnel, son Principal et homonyme, le futur « métropolitain du Nord-Ouest, de Rennes », et archevêque de Besançon. Prêtre vraiment pieux et plus ignorant peut-être que coupable, M. Le Coz avait depuis longtemps pris à tâche de réparer sa faiblesse d'un moment et consacrait aux bonnes œuvres sa personne et une fortune relativement considérable. M. Le Coz, était déjà un bienfaiteur insigne du Grand-Séminaire. Il avait été curé légitime de Carhaix. Mgr Dombideau lui proposa de devenir recteur de Meilars, pour pouvoir être supérieur de son école. C'était le 25 Mars 1822.

M. Le Coz accepte tout de suite, mais ne se regarde évidemment que comme de passage à Meilars. Des pourparlers s'ouvrent immédiatement entre lui et M. Clermont. Celui-ci propose de céder le couvent pour 18,000 fr. M. Le Coz, qui, après visite, se montre enchanté de l'immeuble, trouva que « c'est une donnée ». Entre temps, le tonnerre est tombé sur la maison de Meilars, il a épouvanté les élèves, dégradé les murs, bouleversé le mobilier, légèrement atteint le recteur-supérieur et sa cuisinière. Tout cela porte M. Le Coz à presser Monseigneur de conclure l'achat du couvent. Mais Sa Grandeur répond que, malgré tout son désir, il n'est pas assez riche ; qu'avec les réparations, ce sera une dépense de près de 30,000 fr., et qu'il n'est pas en mesure d'y faire face.

M. Le Coz alors (l'évêque prévoyait-il et escomptait-il cette solution : je ne suis pas en mesure de le dire) se décida à acheter le couvent de ses deniers et à en faire sur-le-champ don au diocèse. De son côté, M. Clermont semble se piquer au jeu et cède définitivement l'immeuble pour 16,000 fr. M. Le Coz, en faisant sa donation, demande à n'être pas nommé supérieur du nouveau collège, mais seulement à y être logé et entretenu comme les autres professeurs. Mgr Dombideau acquiesce à ce désir, et l'acte de donation est rédigé le 18 Juillet 1822.

Le premier supérieur de la maison est M. Kéraudy, économe du Petit-Séminaire. Il se charge en même temps de l'économat, en s'adjoignant comme sous-économe un élève de 4ème (le futur secrétaire de l'évêché et chanoine Alexandre).

Mgr Dombideau, par lettre du 20 Mars 1823, demanda au gouvernement l'érection en Petit-Séminaire de la maison de Pont-Croix. Cette demande fut accueillie et une ordonnance royale fut rendue dans ce sens, le 25 Juin 1823. Il est probable que l'Évêque n'eut pas connaissance de cet acte royal ; car il mourut subitement dans la nuit du 28 au 29 Juin 1823.

M. Kéraudy, déjà supérieur de la maison, y resta jusqu'à 1840. Mgr Graveran ayant remplacé, comme évêque de Quimper, Mgr de Poulpiquet, fit du supérieur, M. Kéraudy, son vicaire général.

En 1827, étaient professeurs au Petit-Séminaire MM. Le Roux, prêtre, Pouliquen, prêtre, Le Moign, Bréthel, Nivo, prêtres, Le Bras et Le Bihan, diacres.

En 1832, le Petit-Séminaire comptait 250 élèves. En 1842, M. Pouliquen étant devenu supérieur, cet établissement avait 310 élèves, à la rentrée d'Octobre.

Le 15 Octobre 1844, M. Pouliquen écrit à Monseigneur : « Nous comptons 320 élèves, les travaux de réparation et d'embellissement sont terminés, à la chapelle et au réfectoire ».

Le 2 Avril 1845, un incendie assez grave éclata dans la ville de Pont-Croix. « Quoique le foyer fût à une certaine distance, écrit encore M. Pouliquen à son Évêque, nous n'étions pas entièrement rassurés pour notre maison. Le vent, qui soufflait avec violence, envoyait de nombreuses étincelles dans nos vergers ; et vu la faiblesse ou plutôt la nullité des moyens de répression, la flamme menaçait d'envahir le côté Ouest de la place. A cette occasion, le besoin de pompes à incendie s'est fait sentir plus que jamais. On demande à Monseigneur d'y souscrire pour 500 fr. ».

En 1850, le Petit-Séminaire comptait 265 élèves à la rentrée d'Octobre, et 310 en Octobre 1854. C'est, en cette année, que MM. Yvenat, mort chanoine honoraire, curé de Pont-Croix, et Le Mestre, mort curé de Ploudalmézeau, quittèrent le Petit-Séminaire, après dix-huit ans de professorat.

Depuis cette époque, cette maison a toujours prospéré ; actuellement on y compte près de 400 élèves. Le Petit-Séminaire de Pont-Croix a eu l'heureuse fortune d'avoir des professeurs aussi instruits que zélés, et des supérieurs aussi remarquables par leur sagesse que par leur savoir et leur prudence. Il suffit de nommer ces derniers pour s'en convaincre ; ce sont : MM. Keraudy, 1822-1840, Pouliquen, 1840-1868, Le Moign, 1868-1883, et, aujourd'hui, M. Belbéoc'h, nommé en 1883. On peut donc dire, actuellement, avec vérité, du Petit-Séminaire de Pont-Croix ce que Mgr Graveran en disait, à la distribution solennelle des prix de 1846.

« Il y a vingt-quatre ans que cette école fut fondée, grâce à la prévoyance éclairée d'un prélat que votre jeune âge n'a pas connu, mais dont le nom ne peut vous être inconnu, Mgr Dombideau de Crouseilhes. Grâce encore aux saintes largesses d'un prêtre vénéré que vous avez au milieu de vous, plein d'années et de mérites. Depuis vingt-quatre ans elle a vu sortir de son enceinte une foule de sujets engagés aujourd'hui dans diverses carrières, mais en plus grand nombre dans la carrière sacerdotale, dont les rangs se remplissent d'hommes capables et dévoués. Le diocèse en est redevable à la direction prudente, éclairée, ferme, au zèle et au dévouement des maîtres, à leurs savantes leçons, à leurs exemples persévérants. Quel bien a produit cette maison et quel bien elle produira dans l'avenir ! Combien de prêtres, de pasteurs sont entrés dans la vigne et ne cessent d'y travailler selon les vues du père de famille. Vous y viendrez, à votre tour, et vous continuerez ces traditions de science et de piété, que cette maison a contribué pour sa grande part à faire fleurir dans notre heureux pays. On voudrait se persuader dans le monde que les études sont faibles dans nos séminaires, que le niveau de la science y baisse chaque jour ou du moins ne s'élève pas à la hauteur qu'il atteint dans d'autres établissements... Et pourquoi ? chers enfants, ajoute le prélat breton. Êtes-vous donc une race dégénérée, un sang appauvri, des intelligences abâtardies ? Serait-ce votre travail qui ferait ici défaut, ou bien la direction des études, la bonté des méthodes, le savoir des maîtres ? Nous ne craignons pas les regards de la critique la plus sévère, et nous nous reposons avec confiance sur vous de l'honneur et de la renommée de cette maison honorablement connue dans le pays et au loin ; vous vous ferez un devoir de la maintenir à cette hauteur dans l'estime publique ; vous y contribuerez par votre travail, votre modestie, votre piété ». (Œuvres de Mgr Graveran, t. IV, p. 389).

(A. Téphany).

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