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L'EGLISE DE PONT-CROIX (en 1896)

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Voulez-vous voir un des plus beaux clochers du Finistère et une église étrange, d'un style à part, ayant servi de type à quelques autres édifices religieux du pays environnant ? allez à Pont-Croix. Il y a peu d'années encore, cette région du Cap-Sizun était presque inabordable ; maintenant on s'y rend rapidement et avec facilité, grâce au petit chemin de fer de Douarnenez à Audierne. Essayez le voyage, vous n'aurez pas lieu de vous en repentir. 

En traversant les grands bois de sapin de Poullan et de Beuzec, vous vous croirez transporté dans les Landes, mais avec d'admirables percés sur la baie de Douarnenez et son cadre sans pareil : Tréboul, le Ménez-Hom, les côtes de Telgruc et de Crozon, le cap de la Chèvre, et au loin les Tas-de-Foin et la Pointe-aux-Pois. Puis, si vous poursuivez jusqu'à Audierne, vous cotoierez, au raz de l'eau, la rivière du Goyen qui, à marée haute, vous donnera, dit-on, l'illusion du Danube ou des fiords de Norvège. Mais, pour le moment, arrêtons-nous à Pont-Croix.

Justement, au sortir de la gare, vous êtes au point voulu pour bien voir le clocher. Examinez-le en descendant vers la ville ; voyez cette flèche si élancée et si aiguë à son sommet, toute découpée et dentelée ; voyez les quatre clochetons partant des angles de la riche galerie, puis les gargouilles, les corniches feuillagées. Je ne vous dirai pas d'admirer la base lourde et carrée ; il est même surprenant que sur un massif aussi disgracieux, on ait eu l'idée heureuse d'asseoir une flèche d'une pareille élégance.

Eglise de Pont-Croix (Bretagne).

C'est devant ce chef-d'oeuvre que l'architecte M. Bigot est allé s'inspirer lorsqu'il a dû, vers 1850, composer le plan des deux flèches jumelles de Saint-Corentin, de Quimper.

Dans la façade donnant sur la place, ce qui attire immédiatement l'attention, c'est le porche méridional, édicule extraordinaire, ayant une façade toute tapissée d'une dentelle de pierre, composée de rosaces, de trèfles, de quatrefeuilles, le tout découpé, fouillé, mouluré, arrondi et disposé avec une grâce et une habileté qui défieraient le compas et l'imagination de plus d'un géomètre moderne.

Sur le pignon du milieu, une grande rosace, trois secondaires et une autre plus petite au sommet. Sur les frontons latéraux, d'autres combinaisons analogues et aussi ingénieuses ; au bas de ces frontons, deux bénitiers en arcatures, toujours dans le même style. Dans la grande arcade, des découpures à jour suspendues dans le vide ; sur les parois intérieurs, une série d'arcatures trilobées. Autour du cintre de la porte, une ceinture de quatre-feuilles, et une niche abritant une statue de la Sainte-Vierge ; enfin, la voûte divisée par de fines nervures qui, à leurs points de croisement, présentent deux jolies clefs sculptées.

Eglise de Pont-Croix (Bretagne).

Le couronnement du fronton principal est formé par une croix, à laquelle est adossée une image fruste de Notre-Seigneur ressuscité, étendant les bras et montrant les plaies de ses mains. Au haut des petits frontons, au-dessus de blasons timbrés de casques, deux anges portent la lance et la couronne d'épines.

Cette oeuvre est-elle originale, ou bien l'idée en a-t-elle été prise ailleurs? Dans toute notre Bretagne, on ne trouve pas un seul exemple d'un travail semblable.

A Rouen, aux portails de Saint-Ouen et de la cathédrale, on voit des découpures analogues ; mais quelque grands et quelque corrects que soient ces modèles normands, l'oeuvre toute modeste de l'architecte breton a une allure plus franche, plus décidée et sentant mieux son terroir.

A quelle époque faut-il attribuer ce porche ? Les formes générales de l'ornementation indiqueraient le XIVème siècle, et les feuilles des chapiteaux et des frises ont le même caractère que celles du portail de l'église de Pont-l'Abbé, dont la fondation remonte à 1383.

La façade Sud de l'église de Pont-Croix offre un vaste développement présentant quatre grandes fenêtres flamboyantes. La première, éclairant la chapelle des Fonts baptismaux, est élégamment dessinée, accostée de deux niches avec dais et culs-de-lampe. Les deux autres sont surmontées de pignons aigus, et la quatrième, plus lourde, est percée dans le pignon de la chapelle du Rosaire. Mais, à l'origine, elle ne devait pas avoir de tympan à compartiments flamboyants sans caractère.

En examinant attentivement les pieds-droits des deux côtés, on remarque, à 1m50 environ de hauteur, deux feuilles sculptées formant comme des chapiteaux ; là devaient s'arrêter primitivement les baies trilobées, et par dessus devait s'épanouir une grande rose, comme à l'abside et à la façade Ouest de Pont-l'Abbé.

En pénétrant dans l'enclos de l'ancien cimetière on peut contourner l'abside, assez gracieusement mouvementée, avec ses six fenêtres, ses pans coupés, ses pignons variés et ses contreforts.

Le côté nord, en dehors de la vue du public, est beaucoup plus simple et n'offre d'autres détails intéressants que les lourds contreforts du transept, les fenêtres primitives allongées et étroites et la porte avec ses voussures en plein-cintre. A l'angle nord-ouest, on remarque comme un petit réduit ou une annexe ajoutée après coup. Est-ce la chapelle des cacous ou des lépreux, comme il s'en trouvait dans plusieurs de nos églises à l'époque où la terrible maladie sévissait dans notre pays ?

Pénétrons à l'intérieur : c'est ici que commence la surprise. Pour si peu que vous soyez archéologue, en faisant le tour extérieur du monument vous vous êtes trouvé en face d'une église complètement gothique. Ici au contraire, tout ou presque tout est de style roman. Posez-vous au bas de la nef, voyez cette double enfilade de colonnes sveltes et presque grêles, formées de faisceaux de quatre, six et huit colonnettes, couronnées par des chapiteaux singuliers et surmontées d'arcades en plein-cintre aux moulures serrées et multipliées dont quelques-unes font saillie sur le nu des tailloirs et des murailles et se terminent en encorbellement ou en fond d'entonnoir. Cette longue allée de colonnes est interrompue par les quatre gros piliers qui soutiennent la tour, et se continue au-delà, dans le choeur et dans le sanctuaire. Seulement, arrivées à ce point, autour de l'autel, elles changent de style, elles prennent plus de corps, reposent sur des bases plus élevées et soutiennent des chapiteaux feuillages surmontés d'arcades ogivales qui nous reportent à une époque différente.

Où donc l'architecte de Pont-Croix a-t-il pris son modèle ? Nous n'en trouvons pas d'exemple en Bretagne ; les églises romanes de Normandie ont des piles plus massives ; Saint-Serge d'Angers a bien cette légèreté et cet élancement ; mais Saint-Serge, me semble-t-il est du XIIIème siècle, tandis que la nef et le choeur de Pont-Croix sont du XIIème.

Cette date ne nous est pas fournie par des documents d'archives, qui font absolument défaut pour la fondation de cette église ; mais nous pouvons recourir à d'autres données. On trouve auprès du bourg de Plovan, sur les bords de la baie d'Audierne, les ruines d'une vieille église nommée Languidou ou Saint-Guy. Quelques colonnes et arcades qui y sont encore debout ont absolument le caractère, le style et les proportions de celles de Pont-Croix. Sur le tailloir d'un chapiteau écroulé et qui gît à terre, on lit cette inscription : Guillelmus : canonicus : et Ivo : de : Revesco : œdificaverunt : istam : ecclesiam (Le chanoine Guillaume et Yves de Revesco ont fait bâtir cette église). Or, le chanoine Guillaume est mentionné dans le cartulaire de la cathédrale de Quimper aux années 1162 et 1166. Voilà donc l'église de Languidou datée de la deuxième moitié du XIIème siècle. Celle de Pont-Croix plus considérable, plus parfaite, plus correcte dans ses formes, semble lui avoir servi de modèle. Elle est donc un peu antérieure ou du moins contemporaine.

Les arcades du sanctuaire seraient du XIIIème siècle et peut-être aussi la grande chapelle dite du Rosaire ; mais ce n'est pas ici le lieu d'entamer une thèse pour faire cette démonstration. La dernière travée derrière le maître-autel et les fenêtres de l'abside ont tous les caractères du commencement du XVIème siècle. Fixons au XVème la chapelle des Fonts baptismaux et les piliers du transept, et nous aurons les dates des parties principales de ce grand édifice.

Faisons remarquer en passant, que ces grosses piles semblent avoir pour noyau des piliers romans qui portaient le clocher primitif et qui, ayant été jugées trop faibles pour soutenir le poids immense du clocher actuel, auraient été renforcées par un placage, mais un placage absolument artistique formant des faisceaux de colonnettes ornés de leurs chapiteaux, se terminant en riches arcades et portant une voûte à arcs ogives et à lunette centrale.

Pour être complet, signalons cinq ou six piscines avoisinant les autels et autant d'enfeux pratiqués dans les murs, malheureusement maltraités et détériorés dans leurs moulures et leurs chapiteaux. On ne doit pas passer sous silence une cheminée qui se trouve au bas du collatéral sud, auprès de laquelle devait se trouver autrefois la cuve baptismale. On en trouve de semblables dans douze ou quinze églises du pays et l'on croit qu'elles servaient à chauffer l'eau du baptême pendant les froids rigoureux de l'hiver, ou du moins l'eau avec laquelle le parrain et la marraine doivent se laver les mains à la fin de la cérémonie.

L'église de Pont-Croix e été dans ces derniers temps l'objet de restaurations faites par les soins du Comité des monuments historiques. La moitié de l'église a été débadigeonnée. Pour encore la nef et ses bas-côtés ont leur revêtement de multiples couches de lait de chaux qui leur donne un aspect lumineux et uniforme ; mais le choeur et le sanctuaire ont repris leur teinte ancienne de granit, avec des tons différents, des teintes variées, des effets de marbres jaspés et rubannés. Cette tonalité grise, réchauffée de touches brunes, donne à l'ensemble une physionomie étrange qui impressionne l'âme et nous ramène en plein moyen-âge.

 

MOBILIER.

Il ne faut pas quitter l'église de Pont-Croix sans jeter un coup d'oeil sur le mobilier ancien qui nous offre diverses pièces pleines d'intérêt.

Au bas de la nef, du côté nord, nous trouvons une petite tribune d'orgue portée sur des corbeaux en pierre et deux potelets de bois surmontés de chapiteaux. Cette tribune, dans le style de la dernière période du gothique flamboyant, se compose en façade de huit panneaux à draperies godronnées, séparés par des montants en saillie formant colonnettes ou contreforts ornés de torsades simples ou perlées, écailles imbriquées, losanges feuillagés, pointes de diamant, et surmontés de pinacles à crosses végétales. En haut et en bas courent des bandeaux formés de feuilles sculptées et d'animaux monstrueux. Il y a quelques années on pouvait voir encore l'ancien buffet d'orgue, datant très probablement du règne de François Ier, et orné de sculptures en partie gothique et en partie Renaissance.

Contre les deux grosses piles qui terminent la nef sont les statues assises des saints Crépin et Crépinien, martyrs, patrons des cordonniers. Ces deux saints ont aussi leurs images dans l'église de Notre-Dame de Châteaulin et dans celle de Lambour, à Pont-l'Abbé, où ils étaient honorés, comme à Pont-Croix, par la corporation des ouvriers en cuir. Tous les ans encore, le jour de leur fête qui tombe le 25 octobre, on leur offre de gros bouquets de dahlias.

Dans le transept se trouve l'autel de saint Pierre, dont le rétable à colonnades corinthiennes, genre XVIIème siècle, contient d'abord une statue de saint Pierre-aux-Liens, assis dans sa prison, les mains liées par des chaînes scellées dans une colonne. Au dessous, quatre bas-reliefs représentant : saint Pierre marchant sur les eaux — la tradition des clefs — saint Pierre les clefs en mains et la tiare à ses pieds — saint Pierre pleurant son péché et le coq chantant.

Au milieu de la frise, on lit dans un cartouche :

Mre I : RIOV : F.

Plus haut, dans une niche, est la statue de saint Jean-Baptiste portant un agneau sur un livre, et au sommet, la représentation de la Sainte-Trinité : le Père, coiffé de la tiare, avec le Saint-Esprit sur son épaule, et tenant sur ses genoux le corps inanimé de son Fils.

Au fond du double bas-côté nord, dans l'autel de Notre-Dame-de-Pitié, on voit un bas-relief représentant la Sainte-Vierge au pied de la croix du Calvaire, assistée de deux anges, recevant sur ses genoux le corps de Notre-Seigneur ; l'un des anges tient la couronne d'épines. Dans un fronton ou médaillon, la Véronique présente le voile de la Sainte-Face, et au-dessus sont deux anges pleurant et un ange en prière.

Sous la fenêtre absidale est l'autel du Saint-Sacrement, très remarquable travail de sculpture du temps de Louis XIV.

Après avoir passé en revue la frise chargée de festons et de coquilles de saint Jacques, les panneaux à cadres feuillagés, les volutes et consoles renversées, les anges drapés et les têtes de chérubins, on admirera tout spécialement la Dernière Cène, représentée sous l'autel et dont chacun des personnages est une statuette détachée, avec une expression, une attitude, un mouvement, un fini de dessin et de draperie qui décèlent le plus grand art.

Eglise de Pont-Croix (Bretagne).

Aux deux côtés de l'autel sont les deux statues, pleines de style, de l'Ange-Gardien et de saint Sébastien. Ce dernier rappelle d'une manière frappante le saint Sébastien que l'on voit dans l'église de Guiclan, entre deux archers qui le percent de leurs flèches.

Dans la chapelle du Rosaire, de chaque côté d'un autel moderne, saint Augustin et saint Jacques. Le dernier assis, coulé du chapeau traditionnel, orné d'une coquille et tenant un livre, une besace et un bourdon de pèlerin.

Au pignon midi de cette chapelle est un grand vitrail Renaissance, dont le bas et le haut ont été enlevés il y a quelque cinquante ans pour donner plus de jour à l'intérieur. Dans le bas existait un soubassement soutenant les scènes que nous retrouvons encore en partie :

1. Saint Evêque, présentant un chevalier donateur.

2. Adoration des Mages, comprenant 4 panneaux.

3. Saint Jean l'Evangéliste, présentant une donatrice.

DEUXIÈME RANG.

4. Annonciation.

5. Adoration des Bergers et Anges jouant de la musique.

6. Fuite en Egypte. — La Sainte-Vierge et l'Enfant-Jésus sur un âne. Saint Joseph recevant dans son chapeau des pommes jaunes et rouges que les anges y jettent du haut d'un arbre.

Les dais qui couronnent ces panneaux se composent d'arabesques variées dans lesquelles juchent de petits angelots ; ils sont absolument du même dessin que les dais d'un des vitraux de Notre-Dame-du-Crann , en Spézet, qui contient aussi l'adoration des Mages et l'adoration des Bergers. Ce vitrail de Spézet n'est pas daté ; mais deux autres verrières de la même chapelle portent les dates de 1548 et 1553.

Les panneaux que l'on voit maintenant au bas de la grande fenêtre qui nous occupe n'en faisaient pas partie primitivement ; ils ont été ajoutés récemment, proviennent de l'ancienne maîtresse-vitre et comprennent différentes scènes de la Passion : Notre-Seigneur devant Pilate, — le Couronnement d'épines, — la Flagellation, — le Baiser de Judas.

Adossé au mur latéral, d'un côté de la porte de la sacristie, est un tableau du Rosaire, du temps de Louis XIII, représentant outre la Sainte-Vierge et l'Enfant-Jésus donnant le Rosaire à saint Dominique et à sainte Catherine-de-Sienne, le pape saint Pie V et un cardinal, le roi Louis XIII, la reine et différents personnages de la cour.

Contre le même mur, de l'autre côté de la porte, est appliquée une grande niche en bois, à colonnes torses, ancien rétable d'autel, abritant une belle statue de sainte Anne. Cette niche est entourée de 4 médaillons en bas-relief représentant : un ange annonçant à sainte Anne qu'elle sera mère de la Sainte-Vierge, — la rencontre de sainte Anne et de saint Joachim sous la porte dorée, — la Visitation, — sainte Anne instruisant la Sainte-Vierge enfant.

Sous le second médaillon on lit : F : MANSEAV : F : 1673.

Cette date de 1673 est celle du voeu des Arzonnais protégés miraculeusement par Sainte-Anne-d'Auray dans un combat naval contre les Hollandais, le 7 juin 1673. Cet évènement a-t-il eu une influence sur la confection du rétable de Pont-Croix ? y avait-il des marins du pays dans cette expédition ? J'ai jugé bon, au moins, de noter la coïncidence.

Dans la chapelle des fonts baptismaux se trouve un autel à rétable, très chargé de sculptures, mais un peu lourd, dédié à saint Nicolas. Au-dessus de la cuve baptismale est un bas-relief du baptême de Notre-Seigneur par saint Jean, surmonté d'un baldaquin fort original et d'heureuses proportions.

Le trésor de l'église pouvait être fort riche autrefois, mais il ne conserve plus qu'une seule pièce ancienne : une petite croix de procession en bronze doré, remontant au XVème siècle.

En terminant je note ce que j'aurai dû dire, dès le début, c'est que l'église de Pont-Croix est sous le vocable de Notre-Dame de Ros-Cudon, ce qui en breton signifie colline des ramiers.

Comme tout monument remarquable, l'église de Pont-Croix a dû exercer son influence sur les constructions dans le pays circonvoisin, et l'on doit faire observer que les mêmes caractères de style roman se retrouvent dans d'autres édifices de second ordre, tous dans le rayon de ce monument principal. La jolie chapelle de Kerinec en Poullan, le choeur de l'église de Peumerit, la chapelle de Penhors en Pouldreuzic, et les ruines déjà mentionnées de Languidou en Plovan, semblent avoir été dessinées par le compas du même architecte.

D'autres églises présentent les mêmes formes architectoniques, mais avec des imperfections : la nef de Plozévet, les choeurs de Pouldergat et de Plugouffan, trois travées de l'ancienne église de Penhars, Lambour à Pont-l'Abbé et Notre-Dame de Châteaulin, le choeur de Treffiagat, sans compter quelques piles et travées de Cléden-Cap-Sizun, Landudec, Pouldreuzic, Tréogat et Languivoa en Plonéour.

Mais la perfection, parmi tous ces dérivés de Pont-Croix, c'est la chapelle de Kerinec. Si vous avez deux ou trois heures devant vous, prenez-en le chemin par la grand'route de Quimper, et en passant vous pourrez admirer Notre-Dame de Confors, son clocher, sa belle façade, son calvaire triangulaire, sa riche abside ; et, à l'intérieur, vous verrez trois riches verrières, dont un arbre de Jessé, et il vous sera même loisible de tourner la roue à carillon suspendue au haut d'une arcade, que l'on fait sonner pour délier la langue des enfants trop lents à parler.

De Confors il y a un gros kilomètre jusqu'à la chapelle de Kerinec, perdue en pleine campagne. Près de la chapelle, vous verrez d'abord une jolie fontaine sacrée, une croix hozannière entourée d'une chaire circulaire en granit, dont la balustrade est surmontée d'un pupitre en pierre.

Les portes ont du style ; quelques-unes des anciennes fenêtres en meurtrières sont encore conservées. Mais c'est à l'intérieur qu'il faut admirer les colonnes et les arcades de la nef, du transept, mais particulièrement du choeur. Il faut voir les larges bases formant bancs de pierre, les piles légères, les groupements de colonnettes, les agencements d'archivoltes, les chapiteaux couverts d'une belle ornementation végétale, luxe qu'on ne trouve pas dans la partie romane de Pont-l'Abbé.

A voir ce bel ensemble, on serait porté à croire que le vieil architecte s'est appliqué à cet ouvrage avec une prédilection toute particulière, qu'il y a travaillé avec amour, qu'il s'est attaché à en faire son bijou, son petit chef-d'oeuvre.

Et moi, conservant encore la même admiration naïve qu'au premier jour où je vis cette chapelle, voilà bientôt trente ans, je me permets de terminer en disant que Kerinec est la fille préférée de Notre-Dame-de-Roscudon.

(J.-M. Abgrall, 1896).

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