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L'EGLISE NOTRE-DAME DE ROSCUDON

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Aux confins du Cap-Sizun s'élève un sanctuaire, cher au coeur des habitants de Pont-Croix, sous le vocable de Notre-Dame de Roscudon (colline du ramier : ros, colline ; cudon, ramier).

Cette antique collégiale figure, aujourd'hui, parmi les monuments historiques.

Ville de Pont-Croix (Bretagne).

Un document précieux nous permet de donner ici une description de l'intérieur de l'église de Pont-Croix. Bien qu'il ne soit pas signé, on a reconnu, à l'écriture de l'auteur, qu'il était dû à M. l'abbé Lamarque, ancien professeur de rhétorique, au Petit-Séminaire de Pont-Croix.

Au langage technique de ce document, on reconnaît un homme au courant de l'architecture religieuse. C'est que M. Lamarque avait beaucoup étudié cette science, afin d'instruire ses élèves pour lesquels il fonda, au Petit-Séminaire, un cours d'archéologie, avant 1840. Ceux d'entre eux, qui vivent encore, se rappellent les leçons savantes de leur professeur qui les conduisait, de temps en temps, dans l'église de Notre-Dame de Roscudon, afin de leur expliquer sur place, ce beau monument. M. Lamarque avait fait dessiner sur les murs de sa classe les divers ordres d'architecture avec les moulures et les ornements de chacun d'eux. C'était, dit-on, un charme d'entendre ses leçons.

Nommé plus tard curé de Pleyben, il en restaura l'église avec un goût irréprochable. Devenu enfin chanoine, curé- archiprêtre de la Cathédrale de Quimper, il fut d'un bon conseil pour l'Évêque, Mgr Sergent, et pour l'architecte, M. Bigot, dans la restauration de cette église.

Nous sommes heureux de reproduire la note du docte Archiprêtre sur l'intérieur de l'église de Notre-Dame de Roscudon ; cette reproduction nous fournit l'occasion de rappeler que l'étude de l'architecture de nos églises est en honneur, depuis soixante ans, au moins, au Petit-Séminaire de Pont-Croix. Ce qui le prouve, c'est le travail, que nous publions, car il est joint à une lettre de M. Le Roux, curé de Pont-Croix, datée de 1841.

M. Lamarque, dès son arrivée comme professeur au Petit-Séminaire, fut un zélé promoteur et un ardent partisan de l'architecture gothique, dans le diocèse de Quimper, à une époque où l'on ne craignait pas de la déprécier et de l'appeler un style barbare. C'était vers 1835.

Eglise de Pont-Croix (Bretagne).

Écoutons Mgr Baunard :

« Mais, depuis la Renaissance, depuis Louis XIV, depuis Fénelon, dont le beau génie classique l'avait traité de barbare, cet art (l'Architecture gothique) périssait sans gloire. Incompris, dédaigné, il était, ce qui est pire, dénaturé, profané, dévasté par un vandalisme contre lequel Montalembert poussa, le premier, un cri d'indignation éloquente. Ce fut un cri de salut. On était en l'année 1833... » (Un siècle de l'église de France, par Mgr Baunard, ch. XII, Le culte et l'art chrétien, p. 240).

Écoutons aussi Mgr Graveran, expliquant pourquoi ses prédécesseurs n'avaient pas entrepris l'achèvement des tours de sa cathédrale.

« La pente du siècle n'était pas à ces constructions gothiques réputées barbares ; les artistes ne les étudiaient pas encore, les savants n'en avaient pas l'intelligence ; aucun murmure approbateur n'annonçait un cri d'admiration qui allait bientôt remplir le monde ». (Instruction pastorale sur le projet d'achèvement des tours de la cathédrale, 1854, p. 77).

Voici maintenant le texte de la note de M. Lamarque :

Intérieur de l'église.

Plan général.

Plan de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix (Bretagne).

Orientation : de l'Orient d'été à l'Occident d'hiver.

L'édifice, qui se développe particulièrement en longueur, offre le plan d'une croix latine. La croisée, placée au milieu, le partage en deux parties égales pour la longueur, mais inégales pour la largeur. Au-dessus de la croisée, la largeur est de 17 mètres ; au-dessous, elle n'est que de 13.

La partie supérieure comprend le chœur, le sanctuaire et l'abside ; la partie inférieure la nef proprement dite. La longueur totale est de 52 mètres ; l'élévation de la nef de 11. L'aire du chœur est élevée de 0m 20 au-dessus de la nef.

Deux rangs de colonnes, soutenant deux lignes parallèles de gracieuses arcades, se prolongent d'une extrémité à l'autre et établissent deux bas côtés le long de la nef, du chœur et du sanctuaire.

Soutenu sur quatre piliers prismatiques dont nous parlerons plus bas, le clocher s'élève du milieu de la croisée, de sorte que la clef de la voûte, sur laquelle il repose, répond au point que l'on peut considérer comme le milieu de l'église.

Il y a quelques irrégularités. D'un côté, deux chapelles latérales placées, l'une vis-à-vis du sanctuaire, l'autre au-dessous de la croisée, et qui sembleraient, la première antérieure, la seconde postérieure à la construction du corps de l'édifice, sortent du plan général. Du côté opposé, la nef latérale, qui règne dans la partie supérieure de l'église, est elle-même partagée en deux par un troisième rang de colonnes parallèles aux deux autres.

Dans la partie supérieure, le chœur, le sanctuaire et chacun des bas-côtés ont une largeur égale de 5m 50. Dans la partie inférieure, la nef conservant cette même largeur de 5m 50, l'un des bas côtés n'en a que quatre, et l'autre trois seulement. Il est probable que, primitivement, la même irrégularité existait dans la partie supérieure, et que le bas côté, qui a un second rang de colonnes, était aussi plus étroit que l'autre. — L'élévation des bas côtés est de 5m 50.

Abside.

L'abside, présentant une ouverture qui dépasse de part et d'autre la largeur de la nef, n'a que peu de profondeur. Au lieu d'être demi-circulaire, elle a une forme polygonale. On peut la considérer comme présentant cinq côtés d'un octogone non terminé, ou, si l'on veut prendre pour un des côtés la ligne qui la sépare du sanctuaire, ce sera un hexagone. Trois des faces sont remplies par des fenêtres ogivales flamboyantes, l'une répondant à la nef dont elle égale la largeur, les deux autres plus étroites, placées des deux côtés.

L'abside offre quatre arcades ogivales dont deux servent à la communication avec les bas côtés auxquels elles font face, et les deux autres, placées dans l'intérieur même de l'abside, des deux côtés de la fenêtre du milieu, perpendiculairement à celle-ci, commencent cette double ligne d'arcades qui se prolonge jusqu'à l'autre extrémité de l'église.

Sanctuaire.

Le sanctuaire, parallélogramme rectangle, est séparé du reste par cinq arcades ; l'une, dont l'élévation égale la hauteur intérieure de la nef, la sépare du chœur auquel elle fait face. Les quatre autres le séparent des bas côtés et appartiennent aux deux lignes d'arcades dont nous avons parlé.

Sur la même ligne que l'arcade, qui sépare le sanctuaire du chœur, deux autres arcades, l'une à droite, et l'autre à gauche, font face aux bas côtés. Toutes ces arcades sont encore ogivales.

Chœur.

Le chœur, parallélogramme rectangle, dont la longueur est de 10 mètres, est formé par huit arcades, quatre de channe côté.

Choeur nord de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix (Bretagne).

Transsepts.

La croisée, parfaitement marquée à l'intérieur, n'est guère visible à l'extérieur, les bras ne dépassant pas la largeur de la partie supérieure de l'église.

Au milieu du transsept, quatre piliers, dont l'élégance n'est pas moins remarquable que la solidité, soutiennent un clocher qui s'élance à une hauteur de soixante et quelques mètres. Ils s'élèvent sur la même ligne que les deux rangs de colonnes. Leurs bases quadrangulaires sont placées obliquement, de manière que les arcades du chœur et de la nef se dirigent dans le sens de leurs diagonales. Leur disposition symétrique donne, avec les quatre vides qui servent à la communication du chœur avec la nef et des bras de la croisée entre eux, un espace intérieur de forme octogone dont le périmètre est de 18 mètres et au-dessus duquel repose, en forme de dôme, la voûte du clocher.

Ces quatre piliers, quadrangulaires comme leurs bases, sont garnis sur toutes leurs faces de colonnettes, qui s'élancent majestueusement au delà des chapiteaux, pour aller former de magnifiques arcades ogivales dont l'effet est admirable.

Quatre de ces arcades, dont deux font face au chœur et à la nef, et deux à la croisée, soutiennent les nervures de la voûte du clocher. Quatre autres font face aux nefs latérales, deux de chaque côté. Si l'on ajoute que sur les quatre arêtes, qui se trouvent en ligne avec les colonnes, viennent s'appuyer encore quatre arcades dans le chœur et la nef, l'on aura en tout douze arcades reposant sur les piliers du transsept.

Nef.

La nef a en tout seize arcades.

Nef de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix (Bretagne).

Colonnes.

Les colonnes du chœur et de la nef, ainsi que celles qui forment un second rang dans l'un des bas côtés, se ressemblent. Ce sont des faisceaux de 4, 6 et 8 colonnettes dont le fût a 3 mètres de long, et dont le chapiteau et la base peuvent donner ensemble 50 centimètres. Le diamètre varie de 4 à 8 centimètres.

Ces faisceaux sont de différents genres. Dans les uns les colonnettes à demi saillantes garnissent un pilier cylindrique ; quelquefois il y a un vide entre chaque colonnette ; ailleurs, elles se touchent. Enfin, il y a de véritables faisceaux de quatre colonnettes qui ne tiennent point à un pilier ; celles-ci ont alors un diamètre de 0m 8. La circonférence du faisceau ne dépasse pas 2 mètres, si l'on en excepte deux qui se trouvent dans le sanctuaire et qui offrent une circonférence de 3 mètres.

Dans tous ces faisceaux, le chapiteau des colonnettes est excessivement simple. Il consiste ordinairement dans l'aplatissement de la colonne, sans aucune moulure ; une corniche surmonte le faisceau ; elle n'a, ainsi que la base, que des moulures d'une grande simplicité.

Huit piliers prismatiques sont aussi garnis de colonnettes : les quatre du transsept, deux entre le chœur et le sanctuaire, deux autres entre le sanctuaire et l'abside. Toutes les fois que l'arcade vient reposer sur un mur, la saillie du mur reçoit aussi une enveloppe de colonnettes.

Toutes ces dernières colonnettes, dont nous venons de parler, diffèrent des premières en ce que les chapiteaux reçoivent différentes moulures, ordinairement ce sont des feuillages ou des fleurs. La base reçoit aussi des moulures, mais plus simples. Dans le transsept, le fût des colonnettes surpasse les autres de 1 mètre.

Nulle part on ne remarque de piédestal : la base repose sur une espèce de plinthe.

Arcades.

Elles sont de deux espèces : le plein cintre et l'ogive. Dans le chœur et dans la nef, c'est le plein cintre. Mais ce qui donne à ces arcades un aspect tout gracieux, c'est un faisceau de baguettes lié, à chaque extrémité, et appliqué à l'intérieur de l'arc dont il garnit la concavité. Des deux côtés du faisceau, deux autres tores parallèles achèvent de couvrir la surface intérieure de l'arceau.

Les sept arcades, qui se trouvent dans l'un des bas côtés, ont été construites sur le même modèle, mais elles paraissent beaucoup plus modernes.

Les arcades du transsept, celles du sanctuaire, de l'abside, ainsi que toutes celles qui font face aux bas côtés sont ogivales. Elles sont, en général, plus élevées que les arcades à plein cintre ; les unes ont, au sommet, une élévation de 6 à 9 mètres, tandis que celle des autres n'est que de 5m 50. Même différence dans l'ouverture de l'arcade ; celle des arcades ogivales est de 3 mètres, celle des autres de 2 seulement.

Les arcades de l'abside ont cela de particulier qu'elles ne se distinguent que par de simples nervures prismatiques, et qu'elles reposent sur des pieds droits, aussi à nervures prismatiques.

Ornementation.

En général, on remarque une très grande sobriété d'ornements. Tout se réduit à peu près aux feuillages et aux fleurs qui ornent les chapiteaux de quelques colonnettes. On pourrait ajouter que sur deux ou trois piliers, outre le chapiteau de chaque colonnette, il y a comme une guirlande de feuillages qui sert de couronne commune. On remarque encore quelques modillons, quelques biseaux, etc. Mais, ils sont extrêmement rares. On ne peut guère en compter que cinq ou six, excepté dans l'abside, où il y a une corniche historiée, ce qui confirmerait l'opinion assez probable qu'elle a été construite postérieurement. Ailleurs, les corniches sont toutes simples, et même dans la nef intérieure, la corniche n'existe que dans la partie inférieure, peut-être cette partie a-t-elle été exhaussée. Seulement, un tore, qui a disparu, dans certains endroits, paraissait se prolonger sur toute la longueur du mur, au-dessus des arcades. Un autre tore, perpendiculaire à celui-ci et qui se termine en cône renversé, s'élevait du point d'intersection de chaque arcade.

Les impostes sont sans moulures.

Il n'existe pas de véritables archivoltes ; pour en tenir lieu, il y a quelquefois un tore qui règne tout autour de l'arcade.

Cette sobriété d'ornements ainsi que le mélange du plein cintre et de l'ogive paraissent deux faits remarquables, à l'aide desquels on pourrait suppléer à l'absence complète de documents historiques, et fixer l'époque de la construction de l'église.

Le genre des fenêtres, des frontons et des clochetons de l'extérieur, ainsi que celui du clocher et des roses du portail peuvent se voir dans les dessins que l'on en a faits. Nous ferons seulement remarquer que les trilobes et les trèfles, si communs dans le clocher, ne se rencontrent, nulle part dans l'intérieur de l’édifice ».

Il y a dans l'église de Pont-Croix quelques enfeus, des deux côtés.

Il y en a notamment deux, du côté de la place, plus bas que l'autel de la Sainte-Famille, au-dessous d'une grande fenêtre. On y a découvert des ossements, que l'on a remis avec soin, à leur place, dans le caveau où ils étaient ; une large dalle de pierre de granit en ferme l'ouverture.

A qui appartenaient ces restes ? Il est difficile de le préciser, aucun document écrit ne nous le disant nettement.

On se demande où était le tombeau des sires de Rosmadec, seigneurs de Pont-Croix, etc. — Était-ce dans les enfeus, ou dans le chœur de l'église ?

La chapelle voûtée, qui se trouve au-dessous de la croisée de l'église, paraît avoir été construite pour sépulture de famille. Avant la Révolution, on comptait plusieurs cénotaphes dans la partie supérieure de l'église, qui était fermée par une grille.

Le tombeau du seigneur de Pont-Croix se trouvait au milieu du chœur. (Note de M. Le Roux, curé de Pont-Croix).

Nous pouvons apporter ici la preuve indubitable que l'on inhumait dans le chœur de Notre-Dame de Roscudon les seigneurs de Pont-Croix.

Nous l'avons trouvée dans un ouvrage intitulé : Généalogie succinte de la maison de Rosmadec, extraicte de celle qui a été amplement dressée par le sieur d'Hozier, gentilhomme ordinaire de la maison du Roy, etc. A Paris, chez Sébastien Cramoisy, libraire et imprimeur du Roy. MDCXLIV.

Voici ce que l'on lit dans cet ouvrage :
« Jean, sire de Rosmadec, de Tyvarlan, de Ponte Croix (sic), de Meillar, de Lespervez, de Prathéier, et autres lieux, deuxième du nom, estant mort, l'an 1470, il fut inhumé au chœur de la dite église de Ponte-Croix, soubz un tombeau de pierre eslevé, avec ses Prédécesseurs. »Ibid., p. 15.

D'un autre côté, on lit dans le même ouvrage, au sujet de la sépulture de Sébastien de Rosmadec dans l'église de Pont-Croix : « Cette dernière ville (Pont Croix) appartenait au défunt ; il y a une très belle et superbe église de Notre-Dame, où sont des voûtes, enfeus et tombeaux de ses prédécesseurs, seigneurs de Rosmadec, Tyvarlan, et Pont Croix... ».

Ne peut-on pas conclure de ces mots que l'on enterrait aussi les seigneurs de Rosmadec... et de Pont-Croix non seulement dans le chœur, mais encore dans les voûtes, enfeus, et tombeaux de l'église ? — Ibid., p. 26.

Au bas de l'église, on remarque une cheminée qui excite l'attention et la curiosité des antiquaires et des archéologues. Une piscine baptismale en pierre était placée, selon eux, auprès de cette cheminée qui devait être destinée à chauffer, en hiver, l'eau qui servait au baptême par immersion.

Ils infèrent de là que la nef de l'église devait dater du onzième ou, au moins, du milieu du douzième siècle. On sait qu'à cette époque et plus tard on donnait encore, même dans l'église latine, le baptême par immersion.

« Il existe, dit M. le chanoine Abgrall, dans le diocèse de Quimper, douze ou quinze foyers de fonts baptismaux, appartenant à des églises du XVIème siècle. Il est donc à croire qu'ils servaient à chauffer l'eau du baptême par infusion, ou même à chauffer l'enfant, pendant la saison rigoureuse ».

L'extérieur de l'église.

Porche.

Sur la façade méridionale de l'église de Notre-Dame de Roscudon, se trouve le porche : c'est peut-être une des plus belles parties du monument. Beaucoup le regardent comme un travail achevé dans son genre. Aussi, que d'artistes et de peintres en renom n'avons-nous pas vus rester, des heures entières, devant lui, pour l'admirer, le photographier, le dessiner !

En 184l, Mgr du Marhallac'h, alors simple laïque, en parlait ainsi, dans une notice :

« A la partie inférieure et méridionale de l'édifice, une ogive surmontée d'un vaste fronton triangulaire, est flanquée, de chaque côté, de deux espèces de contreforts également terminés par des frontons. Elle donne entrée dans le portique. L'ornementation de ces frontons est très riche, quoique peu variée. Au centre du premier est un cercle dont l'intérieur est formée de deux lignes concentriques de quatre feuilles, inscrites chacune dans un petit cercle.

L'espace triangulaire, qui se trouve de chaque côté de l'ogive est occupé par un autre ou troisième cercle plus petit, subdivisé en trois triangles sphériques, au milieu desquels est un trilobe. Vers la pointe du fronton, une quatrième, puis une cinquième circonférence surmontent le grand cercle. La première est partagée en quatre triangles sphériques contenant des trilobes, la seconde présente une rose à six pétales ovalaires.

Au-dessous de l'ogive est un tympan surbaissé où l'on remarque des trèfles et des quatre feuilles. Les frontons et les bases des contreforts sont décorés d'ornements semblables.

Dans l'intérieur du portique, on voyait, autre fois, des statues séparées par des groupes de colonnettes d'où s'échappent en faisceaux les nervures qui vont s'épanouir sous la voûte » (Église de Pont-Croix, lettre).

« On admire surtout, dit aussi M. Le Roux, le portail et pour la hardiesse de son cintre à jour, et pour le luxe de ses cinq roses qui s'épanouissent en cerceaux, pour en former le couronnement triangulaire. La copie qui en a été faite est bien inférieure à la réalité » (Note sur l'église de Pont-Croix).

« Tout, dans ce porche, dit M. l'abbé Abgrall, est traité avec talent et avec grandeur : les moulures, les feuillages, les colonnettes, les profils des bases sont largement dessinés et sculptés finement, malgré la rudesse du grain : c'est l'œuvre d'un architecte de goût et d'un excellent appareilleur » (Église de Pont-Croix, p. 16).

Tours.

« La tour, par sa hardiesse et son élégance, mérite de fixer l'attention, dit encore M. du Marhallac'h. Sa base rectangulaire repose sur le milieu de l'église et s'élève à 24 mètres du pavé. Deux plateformes superposées la couronnent. Entre les cieux guirlandes de quatre feuilles qui les ceignent, règne une galerie, formée de colonnettes dont les voussoirs sont taillés en trèfles. Aux angles de la plateforme supérieure, on admire quatre clochetons de forme polygonale. Ils sont portés sur de légères colonnes, surmontés de longues aiguilles, hérissés de crochets, ornés de frontons à jour. Du centre, la flèche s'élance à 35 mètres de haut [Note : M. Abgrall donne une élévation totale de 67 mètres à la base et à la flèche de l'église de Pont-Croix, à partir du niveau du pavé de la nef (Eglise de Pont-Croix, p. 18). On l'a vu plus haut : M. Lamarque donne aussi au clocher une hauteur de soixante et quelques mètres], percée, dans toute sa longueur de quatrefeuilles entremêlés de crochets. Des ornements analogues à ceux des clochetons sont découpés à sa base ; elle semble transparente et termine bien ce beau clocher, l'un des plus gracieux de l'arrondissement » (M. du Marhallac'h, ibid.).

« Cette flèche, admirable dans ses proportions et son élégance, est ornée sur ses arêtes de crossettes saillantes qui se profilent sur le ciel et découpée sur ses faces par des baies à jour et des roses à six feuilles surmontées de petits frontons aigus » (M. Abgrall, Église de Pont-Croix, p. 18).

Aussi, lorsqu'en 1854, Mgr Graveran résolut de remplacer, par deux flèches « légères et élégantes » les « toitures informes » qui déparaient les tours de sa cathédrale et excitaient les railleries de tous, le judicieux prélat s'adressa-t-il à un architecte, M. Bigot, dont l'habileté et le savoir lui étaient connus. « Après des études sérieuses et des excursions répétées, » celui-ci ne crut pas devoir imiter un meilleur modèle que la flèche de l'église de Pont-Croix. Il fut bien inspiré. Grâce à ce modèle dont il sut si heureusement reproduire, dans ses détails, « les mystérieuses beautés, » les deux flèches de Saint Corentin font honneur à leur sœur aînée et à leur architecte dont elles sont le chef-d'œuvre et constituent le plus beau titre de gloire.

Ce magnifique travail valut à M. Bigot, outre l'admiration générale, une double décoration : celle de chevalier de Saint-Grégoire le Grand, et celle de chevalier de la Légion d'honneur [Note : Quand l'empereur, Napoléon III, vint en Bretagne, Mgr Sergent, alors évêque de Quimper, lui demanda la décoration de chevalier de la Légion d'honneur pour M. Bigot. L'Empereur s'enquit du prix qu'avaient coûté les flèches de la cathédrale. — « Cent-cinquante mille francs, » répondit l'Évêque. — « Je décorerai l'architecte, reprit Sa Majesté, à cause de son talent, et à cause de la façon économique avec laquelle il a exécuté son travail. Je veux récompenser et son habileté et sa probité »].

Mais, revenons au clocher de Notre-Dame de Roscudon. Depuis longtemps, le sommet de la flèche de l'église de Pont-Croix menaçait ruine, car au commencement du XIXème siècle, il avait été frappé et abattu par la foudre, sur une hauteur de 7 mètres. On avait remplacé, vers l'an 1820, cette partie par des lamelles de plomb posées les unes sur les autres.

La pointe du clocher perdait par là même de sa finesse et de sa grâce primitives. De plus, une restauration habile s'imposait tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de ce clocher.

Pour arriver à cette restauration, le Conseil de Fabrique vota 5,000 francs malgré ses faibles ressources et les dépenses annuelles que lui impose l'entretien de l'église. Le Ministère des Beaux-Arts donna 6,000 francs, le Ministère des Cultes 3,500 francs ; le Conseil général vota 600 francs, et la Municipalité de Pont-Croix 200 francs.

L'adjudication des travaux fut faite en faveur de M. Le Moine, ancien élève de l'École des Beaux-Arts, entrepreneur des restaurations des monuments historiques, sous la direction de M. Gout, alors architecte de ces monuments pour la Bretagne.

Un enfant de Saint-Pol-de-Léon, M. Huon, charpentier, très expert dans ce genre de travail, fut chargé de l'échafaudage. Malgré la difficulté qui existait de monter cet échafaudage à soixante et quelques mètres, il fut achevé, en quinze jours. Bientôt on vit d'énormes pierres de taille en granit s'élever comme par enchantement à pareille hauteur. Grâce sans doute à la protection de Notre-Dame de Roscudon et aux prières qui se disaient, tous les dimanches, au prône de la grand'messe, on n'a eu à déplorer aucun accident.

La flèche terminée, on y plaça une gracieuse croix en fer, haute de 1m 75, fabriquée dans les ateliers de M. Jean-Marie Donnart. Au-dessus de cette croix, on voit un beau coq en bronze confectionné chez M. Félix Albaret, maître-ferblantier à Pont-Croix. Le jour où l'on a placé la croix, le coq et le nouveau paratonnerre, la ville entière, on peut le dire, était réunie devant l'église et dans les rues adjacentes, saluant avec enthousiasme la fin des travaux, commencés au mois d'Avril 1895, et achevés au mois de Novembre de la même année.

Mgr Valleau, qui aimait et appréciait tant notre église, nous disait, chaque fois qu'il nous faisait l'honneur de la visiter : « Il faudrait des mois entiers pour étudier les merveilles de Notre-Dame de Roscudon et celles de son clocher ».

Aussi vint-il, à la fin de 1895, un dimanche, prendre part à la joie de toute la population, et féliciter le pasteur et ses ouailles de l'achèvement de la flèche et d'une partie de la restauration intérieure de l'église.

Si cet édifice est vraiment digne d'admiration, le clocher qui le surmonte ne l'est pas moins. Quand on descend de Plouhinec à Keridreuff, en suivant soit la vieille route, soit celle de Port-l'Abbé, par un soleil d'été, on ne se lasse jamais d'admirer ce clocher, dont la flèche légère, dirait dans son brillant langage Mgr Graveran, « semble tracer sur l'azur du ciel le nom de Dieu ». Il s'élève au-dessus de la ville et de la première crête de la montagne Nord. Lorsqu'on vient d'Audierne à Pont-Croix, par le chemin de fer, arrivé à moitié route, on l'admire encore, perçant la nue avec une hardiesse et une majesté saisissantes. Si on le considère du haut du moulin de Lespoul, en revenant de Goulien, on s'arrête instinctivement pour le contempler, tant il apparaît aux regards, imposant et dominateur. Le soir, lorsqu'on prend, au village de Lanviscar, la route de la Fontaine, on reste sous le charme de l'aspect qu'il présente, laissant passer, à travers ses rosaces ajourées, les derniers rayons du soleil couchant.

De tous ces points et d'autres encore, à ce spectacle ravissant on est tenté de s'écrier avec un poète breton, élevé à l'ombre du clocher à jour de Notre-Dame du Kreisker, en appliquant ses vers à Notre-Dame de Roscudon : Salut à la flèche légère, - S'élançant comme la prière, - Qui brûle de monter à Dieu. - Salut, salut à la merveille - Qui n'aura jamais sa pareille, - Sa pareille sur le ciel bleu.

Si les habitants du Léon, et surtout de Saint-Pol, sont justement fiers de leur incomparable clocher du Kreisker, le roi des clochers par ses savantes proportions, ses lignes heureuses, sa silhouette hardie, ne pourrions-nous pas, nous aussi Cornouaillais, habitants de Pont-Croix, être fiers du clocher de Notre-Dame de Roscudon qui occupe un des premiers rangs parmi les monuments de ce genre ?

Au clocher de Pont-Croix, si remarquable par ses galeries, ses quatre clochetons, sa flèche dentelée et élancée, il fallait une sonnerie digne de lui. Voilà pourquoi on y a placé trois belles cloches. La première surtout se distingue par son calibre, sa sonorité, ses notes à la fois étendues et vibrantes qui se font entendre de plusieurs paroisses environnantes. Quand, aux fêtes solennelles, ces trois cloches, si bien harmonisées, sonnent à toute volée, pour annoncer l'Angelus du matin, de midi et du soir, ou pour appeler les fidèles aux offices divins, on ressent, à les entendre, un plaisir et une émotion inexprimables.

Il est à regretter que l'on n'ait conservé ni la date de la bénédiction de ces cloches, ni les noms des parrains et des marraines.

La façade de l'église.

Le portique et le clocher sont certainement les parties les plus belles de l'église de Pont-Croix. Au reste, toute la façade Sud présente un assemblage d'ornements très riches. Les cinq frontons qui la parent, disposés en triangle, sont décorés avec beaucoup d'art.

Quant au portail Occidental, bien des modifications regrettables y ont été faites. La porte géminée et les fenêtres romanes qui s'y trouvaient, à l'origine, ont été remplacées par un lourd portail, d'un style grec assez douteux, surmonté d'un fronton triangulaire, et par une fenêtre rayonnante de très mauvais goût. (Voir M. Abgrall, ibid., p. 14).

La partie de l'église qui donne sur le vieux cimetière n'offre rien de remarquable, au point de vue architectural. Cette partie n'étant pas destinée à être vue du public, l'architecte a réservé tous ses soins pour décorer celle qui regarde la place, avec toutes les ressources et toute la richesse de son talent. Cependant, le visiteur, amateur de tous les détails, considérera les fenêtres romanes, longues et étroites, et la porte cintrée qui s'y trouvent ; il fera, avec l'abbé Abgrall, le tour de l'abside dont il admirera avec lui les formes et les détails gracieux. (Voir le Livre d'or, p. 3).

Le spectacle dont on jouit, lorsqu'on regarde attentivement le côté Nord de l'église, communique à l'âme une religieuse impression qui la porte à la méditation des fins dernières. C'est que le cimetière forme à ce côté, grand dans sa simplicité, un encadrement propre à engendrer une telle impression. Aussi, pénétré de ces sentiments, un peintre s'y est-il inspiré pour composer un tableau à effet.

D'un coin du cimetière, il a pris pour sujet d'abord la tour, jusqu'à la première galerie, le transept Nord de la chapelle de Saint-Pierre-aux-Liens, les contreforts feuillagés, les tympans ouvragés, puis quelques tombes avec leurs croix en bois, un pin déjà vieux ombrageant la tombe d'un père de famille, sur laquelle prient la veuve et ses deux enfants : le tout sous un ciel bleu-gris-pâle. En examinant cette peinture si frappante, on éprouve une pieuse mélancolie. On comprend la peine que ressentirent les paroissiens de Pont-Croix, le jour où la nécessité commanda l'abandon du champ bénit où leurs parents dormaient, depuis des siècles, leur dernier sommeil, à l'ombre de l'église et du clocher de Notre-Dame de Roscudon.

Époque de la construction de l'église de Pont-Croix.

Il est bien difficile de fixer l'époque où fut construite cette église, les documents historiques faisant défaut. On ne peut qu'établir des probabilités sur ce point. Nous reproduirons l'opinion de M. du Marhallac'h et celle de M. le chanoine Abgrall.

« Les arcades de la nef et du chœur, dit M. du Marhallac'h, sont en plein cintre. La concavité des arcs est couverte de moulures élégantes ; leur diamètre est de 2 mètres et leur élévation de 5 m. 50. Ils appartiennent à l'époque la plus ancienne de l'église et datent des premières années du XIIème siècle. Les piliers et les ogives qui terminent la nef, la tour qu'ils supportent et le portique semblent indiquer la fin du XIIIème siècle ou le XIVème siècle. Quand on n'a pour s'éclairer sur l'âge de nos églises que des détails architectoniques, on doit toujours craindre de leur assigner une époque trop reculée. L'art s'était depuis trop longtemps modifié, dans le reste de la France, alors qu'en Bretagne il était encore fidèle aux anciennes traditions.

« Le chevet de l'église de Pont-Croix, la plupart de ses grandes fenêtres, dont l'ogive évasée, les pétales contournées, les meneaux sveltes et nombreux annoncent l'époque la plus récente de l'architecture ogivale, ne remontent pas au delà du XVIème siècle ».

Voici maintenant l'avis de M. Abgrall. Selon lui, l'église de Pont-Croix, à l'extérieur, est complètement gothique. Le porche méridional serait du commencement du XIVème siècle ; le clocher serait du XVème siècle.

Quant à l'intérieur, tout ou presque tout est de style roman.

La nef et le choeur sont du XIIème siècle. Cette date ne repose sur aucun document écrit. Le chanoine architecte appuie surtout son sentiment sur une inscription qu'il a découverte parmi les belles ruines de la chapelle de Languidou, en Plovan.

Cette chapelle offre absolument les mêmes caractères que la partie romane de l'église de Pont-Croix. « Sur le tailloir d'un chapiteau écroulé et gisant terre, au côté Nord de la nef, on lit cette inscription : GVILLELMVS : CANONICVS : ET : IVO : DE : REVESCO : AEDIFICAVERUNT : ISTAM : ECCLESIAM (le chanoine Guillaume et Yves de Revesco ont fait bâtir cette église).

Or, le chanoine Guillaume est mentionné dans le cartulaire de la cathédrale de Quimper, aux années 1162 et 1166. Voilà donc l'église de Languidou datée de la deuxième moitié du XIIème siècle. Celle de Pont-Croix, plus considérable, plus parfaite, plus correcte dans ses formes, semble lui avoir servi de modèle. Elle est donc un peu antérieure ou du moins contemporaine ». (Voir Église de Pont-Croix, p. 22, Le Livre d'or des églises de Bretagne, p. 3).

Siège du clocher de Pont-Croix.

Le clocher de Pont-Croix, célèbre dans tout le pays, par sa fière élévation et l'élégance de ses formes, possède une renommée d'un autre genre. Pendant les guerres de la Ligue en Bretagne, il fut le théâtre d'un siège où la perversité humaine se porta à des cruautés inouïes qui furent commises par La Fontenelle et sa troupe.

« La Fontenelle, dit M. du Marhallac'h, était une espèce de condottiere qui se servit des troubles de la Ligue, pour guerroyer à son profit ». C'était un homme sans principes, sans morale et sans humanité. Il est connu dans l'Histoire de Bretagne sous le nom de brigand de la Cornouaille.

A vrai dire, ce fut un brigand de la pire espèce, comme on va le voir par le récit suivant du siège du clocher de Pont-Croix fait par le chanoine Moreau, historien contemporain. C'était en 1590.

« Le canton de Cap-Sizun, depuis Pont-Croix et en avant, restait en son entier, et n'ayant encore senti les griffes de ce lionceau, et néanmoins se doutant assez que leur condition n'eût pas été meilleure que celle des autres, quoiqu'ils attendissent si par quelques précautions ils ne trouveraient pas moyen d'y remédier. Or, ils avisèrent qu'il n'y avait plus bel expédient que de se fortifier en l'église de Notre-Dame de Roscudon, audit Pont-Croix, d'autant que toute la ville n'était tenable, n'étant pas fermée de murailles, et espéraient bien par ce moyen se défendre autrement que n'avaient fait leurs voisins à Saint-Germain, quelques semaines auparavant.

La Fontenelle, bien averti du tout, s'achemine avec toutes ses troupes de cette part. Les paysans, ayant appris sa marche, firent sonner le tocsin par toutes les paroisses aux environs, et s'assemblèrent en très grand nombre, de tous côtés, en la ville de Pont-Croix, qu'ils barricadent, comme ils peuvent ; ce qui ne leur servit guère, car l'ennemi survenant saute leurs tranchées et barricades, les met sans guère de résistance en déroute. D'autres se sauvèrent à travers pays, les autres en l'église dudit Roscudon, en la tour d'icelle, d'entre lesquels étaient le sieur de la Villerouault, mari de l'héritière de Kerbullic, capitaine de la populace, les plus apparents de la ville et des environs, quelques gentilshommes et le Recteur de la paroisse de Pouldreuzic, natif dudit Pont-Croix, qui se nommait Messire Jean Le Cosquer, homme capable et qui avait fait de bonnes études.

L'ennemi, s'étant fait maître de la ville et de toute la paysantaille effarée, vint soudainement investir ladite église, qui était assez bien retranchée, mais mal flanquée, ce qui fut en partie cause qu'elle fut plus tôt forcée et prise, le même jour ; d'autant que ceux qui étaient dedans étaient si éperdus d'étonnement qu'ils ne faisaient pas grande défense, joint qu'ils n'avaient pas les armes et munitions à suffire contre tant d'assaillants.

L'église forcée, les assiégés se retirèrent en la tour, où ils se disposèrent à se bien défendre ; ce qui leur était fort aisé, parce que la tour est tenable contre tout coup de main, étant de belles pierres de taille, à une seule entrée bien étroite, que deux ou trois hommes peuvent garder contre plusieurs troupes. La Fontenelle la fit attaquer, mais en vain, car ses gens ne pouvaient, monter que un à un par le degré, qui était fort, étroit, et étaient repoussés par ceux de la tour, qui leur laissaient couler de grosses pierres qui les accablaient ; ce que voyant, l'ennemi fit faire force fumée de genêt vert dedans le degré, pensant, par ce moyen, suffoquer les pauvres assiégés et les contraindre de se rendre à la merci, ce qui ne lui servit non plus.

Or, considérant qu'il n'y avait moyen de forcer ladite tour sans canon ou famine, ce qui eût été chose trop longue, il eut recours à ses frauduleuses astuces, et demande à parlementer, ce qu'on lui accorde. La conclusion fut, d'un commun accord, que les assiégés sortiraient de la dite tour, bagues et vies sauves, et conduits sûrement hors de tout danger, laquelle capitulation il confirma par serment solennel.

Cela fait, le capitaine La Villerouault descend le premier, suivi de sa femme, dame de Kerbullic, de quelques uns de sa suite et du dit Cosquer, recteur, et vinrent saluer La Fontenelle, laissant ses gens prendre possession de la tour et de l'église ; ceux-ci se jetant sur le butin, qui n'était pas petit, tant de ceux la ville que des champs, qui y avaient tout resserré, comme en un lieu de sûreté à leur avis, ils ravirent ce qu'ils y trouvèrent.

La Fontenelle, chrétien de nom et Turc en effet, commande, parjure et perfide qu'il était, que les dits Villerouault et Cosquer, avec quelques autres, fussent pendus à l'instant; ce qui fut fait ............ ».

Ces premiers crimes ne suffirent pas à la cruauté de La Fontenelle. Il donna ordre à ses soldats de poursuivre les autres assiégés.

« Le reste de ceux qui tombèrent entre ses mains fut tué ou amené prisonnier à l'île Tristan, où leur condition fut beaucoup pire que s'ils eussent été tués comme les autres ; car les uns moururent misérablement en des cachots infects, comme gardes-robes ou latrines, et après une infinité de tourments qu'on leur faisait (subir), tous les jours : tantôt les faisant seoir sur un trépied, à cuir nu, qui les brûlait jusqu'aux os ; tantôt, au chœur de l'hiver, et aux plus grandes froidures, les mettant tout nus dedans des pipes (grandes futailles) pleines d'eau gelée, comme dit l'Écriture : a calore nimium, a frigore nimium. Et ceux qui avaient quelque moyen de payer rançon telle qu'il demandait, néanmoins étant dehors, ne pouvaient guère vivre pour les grands tourments qu'ils avaient endurés. Fort peu en échappaient qu'ils ne mourussent en prison, et ne pouvaient autrement arriver s'ils y demeuraient, trois ou quatre jours, car ils étaient si pressés du nombre qu'ils ne pouvaient aucunement se remuer et n'avaient autre chose à se reposer que (des ordures), où ils trempaient bien souvent jusques aux genoux, et n'avaient d'autre sépulture que le ventre des poissons ; car sitôt qu'ils étaient trépassés, leurs compagnons prisonniers étaient commandés de les jeter à la mer, si mieux n'aimaient laisser les corps pourrir parmi eux ; et ceux qui les traînaient ainsi étaient peu après eux-mêmes traînés morts par leurs compagnons ».

Après le récit de tous ces actes inqualifiables d'atrocité barbare, le chanoine Moreau ajoute :

« Voilà les morales actions de La Fontenelle et de ses gens de guerre qui durèrent jusques à la paix et plus, qui fut l'an 1597 inclusivement, sans autre distinction de personne, qualité, ni parti.

Le dit La Fontenelle se disait catholique du parti de l'union ou du seigneur de Mercœur ; tout le plat pays en était aussi, où il exerçait les cruautés susdites avec une si grande rigueur qu'on ne le saurait exprimer.

Ayant donc ainsi dépeint ce tigre de ses couleurs, il me semble qu'il n'est pas hors de propos de représenter son origine et extraction.

Il se nommait Guy, ou Gouyon Eder, juveigneur de la maison de Beaumanoir-Eder, d'autant qu'il y a un autre Beaumanoir fort renommé aux histoires anciennes de cette province. Celui duquel nous parlons est de la paroisse de Bothoa, en Cornouaille ». (Histoire de la Ligue en Bretagne, p. 311 et suiv.).

La paroisse de Bothoa, qui appartient, aujourd'hui, au diocèse de Saint-Brieuc, faisait alors partie du diocèse de Quimper.

Mobilier ancien et moderne de l'église de Pont-Croix.

Après avoir parlé de l'intérieur et de l'extérieur de cette église, disons maintenant quelques mots de son mobilier ancien et moderne : ses fonts baptismaux, ses autels, ses statues, ses vitraux, ses confessionnaux, sa chaire à prêcher, son buffet d'orgue, etc....

En ce qui concerne le mobilier ancien, nous prendrons pour guide, les brochures : Église de Pont-Croix et le Livre d'or des églises de Bretagne où M. le chanoine Abgrall a si fidèlement décrit ce mobilier. La discrétion seule nous a empêché de citer toutes les pages précieuses qui s'y rapportent.

Fonts baptismaux.

Dans une petite chapelle située du côté méridional de l'église, sont placés les fonts baptismaux, admirés, à juste titre, par tous les visiteurs.

« Au-dessus de la cuve baptismale est un bas-relief du baptême de Notre-Seigneur par saint Jean, surmonté d'un baldaquin fort original et d'heureuses proportions » (Église de Pont-Croix, p. 27).

Dans la chapelle des fonts baptismaux est un autel, dédié à saint Nicolas, où l'on remarque des colonnettes ornées de fleurs. On y voit une statue du saint évêque de Myre, ayant à ses pieds trois petits enfants dans un charnier.

On sait que, d'après la légende, saint Nicolas aurait ressuscité trois petits enfants tués par un boucher et mis dans un saloir.

Cette chapelle a été restaurée, il y a quelques années seulement. C'est devant les jolies sculptures qu'on y trouve que nous avons entendu nous-même un père de famille dire à ses enfants, en les leur montrant : « Nous n'avons été baptisés, ni vous, ni votre mère, ni moi, sur des fonts baptismaux aussi remarquables ».

Autel de la Sainte Famille.

Cet autel est plus haut, du même côté que celui de l'autel des fonts baptismaux.
« Au haut du bas côté méridional du chœur, on trouve un petit autel en pierre, offrant un caractère assez ancien ; il repose sur deux colonnes ornées de torsades et ayant pour chapiteaux des écussons blasonnés. A côté de cet autel est une piscine dont les jolies colonnettes et les arcatures paraissent être du XIVème siècle » (Église de Pont-Croix, p. 13).

On remarque adossées au mur, tout près du même autel, les statues de la Sainte Famille. Ce groupe en bois, qui n'est pas indifférent, orne bien cet endroit.

Chapelle du Rosaire.

Cette chapelle se trouve au haut de l'église, du côté Sud, vers la place.

Dans le mur oriental, il y a trois fenêtres, du style ogival, divisées par des meneaux.

Dans la fenêtre du milieu, on a placé Notre-Dame du Rosaire tenant l'Enfant Jésus entre ses bras, présentant le chapelet à saint Dominique et à sainte Catherine de Sienne. En haut, dans un médaillon, on voit Notre-Seigneur couronnant lui-même sa mère.

Dans la seconde fenêtre, à droite, c'est Notre-Dame de Lourdes apparaissant, à la grotte, en 1858, à Bernadette, le sourire sur les lèvres.

A gauche, c'est Notre-Dame de la Salette se montrant, en 1846, à Mélanie et à Maximin, les larmes aux yeux, et leur disant : « Avancez, n'ayez pas peur ; je suis la Sainte Vierge, et vous le direz à mon peuple : s'il ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller le bras de mon fils ; il est si lourd et si pesant que je ne puis plus le retenir ».

Au-dessus, il y a un médaillon représentant les armes de la ville de Pont-Croix, c'est-à-dire, un lion surmonté d'une couronne ducale sur fond d'azur.

Au pignon Sud de la chapelle du Rosaire est un grand vitrail de la Renaissance dont le bas et le haut ont malheureusement disparu. Lorsqu'il était intact, il devait très probablement représenter les mystères joyeux, douloureux et glorieux du Rosaire. Dans les parties qui restent, on remarque, par exemple, les scènes suivantes : L'adoration des Mages — Saint Jean l'Évangéliste présentant une donatrice — L'annonciation de la très Sainte Vierge. — L'adoration des Bergers, et des Anges jouant de la musique — La fuite en Égypte — La Sainte Vierge, montée sur un âne, portant l'Enfant Jésus. — Puis, détail curieux et plein d'une charmante naïveté : Des anges, du sommet d'un arbre, jettent dans le chapeau de saint Joseph des pommes jaunes et rouges. C'est le symbole le plus touchant de la Providence divine pourvoyant à la nourriture de la Sainte Famille !

Au bas du vitrail, que nous décrivons, on voit : — Le baiser de Judas — Jésus devant Pilate — La flagellation — Le couronnement d'épines. (Voir M. Abgrall, Église de Pont-Croix, p. 26).

Ce vitrail aurait besoin d'une réparation intelligente et artistique. Quoi qu'il en soit, même dans son état actuel, il fait l'admiration des artistes par ses couleurs fines, douces et variées. Un peintre de nos amis l'a reproduit dans un tableau intitulé Dominus vobiscum, qui lui a valu, au salon de peinture, une médaille, et l'achat par l'État de sa toile, qui se trouve actuellement dans la cathédrale de Nancy. Nous parlant de cette verrière, il disait : « C'est encore la plus remarquable de votre église ».

Au-dessous de la fenêtre, on a pratiqué deux grands enfeus au milieu desquels on voit la statue de saint Antoine de Padoue, haute d'un mètre cinquante ; c'est un don d'une généreuse famille, qui a déjà donné à l'église le grand et beau vitrail de l'Assomption et du Couronnement de la Sainte Vierge placé au fond de l'église.

Cette statue représente saint Antoine, dans son costume de franciscain, ayant un lis dans la main droite, et de la main gauche soutenant sur un livre l'Enfant Jésus, qui penche la tête vers la figure du Saint, comme pour l'embrasser.

Dans la chapelle du Rosaire, contre le même mur, au fond, on remarque un saint Jacques, en pierre, assis, coiffé du chapeau traditionnel du pèlerin, orné d'une coquille de Saint-Jacques, et portant un livre, une besace et un bourdon. Cette statue, qui paraît singulière, au premier abord, ne manque pas de cachet.

En face d'elle, de l'autre côté de l'autel du Rosaire, celui de l'Évangile, on aperçoit une statue de saint Augustin, ayant la mitre en tête, la crosse dans la main droite, portant, dans la main gauche, un cœur, et semblant dire à Dieu : « Seigneur, vous avez blessé mon cœur de la flèche de votre amour, et mes entrailles demeureront toujours transpercées par vos paroles ».

Cette statue provient du couvent des Ursulines de Pont-Croix, aujourd'hui le Petit-Séminaire.

Autel du Rosaire.

Cet autel est de construction moderne. On remarque, du côté de l'Épître, la statue de saint Joseph, tenant un lis à la main, et, du côté de l'Évangile, celle de la Sainte Vierge, ayant entre les bras l'Enfant Jésus. Ces statues également modernes, sont fines et d'un riche décor.

L'autel du Rosaire est embelli par une boiserie qui règne tout autour ; on y voit, à chaque extrémité, deux anges en bois sculpté, portant des couronnes, et foulant aux pieds deux aigles superbes.

« Contre le mur du bas côté Midi, près de la branche du transept, est appliquée une grande niche en bois, à colonnes torses, ancien retable d'autel, abritant une belle statue de sainte Anne, debout tenant un livre. Cette niche est entourée de quatre médailons en has-relief, représentant : un ange annonçant à sainte Anne qu'elle sera la mère de la Vierge, la rencontre de sainte Anne et de saint Joachim sous la porte dorée, la Visitation, sainte Anne, instruisant la Sainte Vierge enfant ». (Ibid., p. 26 et 27).

« Sous le second médaillon on lit : F: MANSEAV : F: 1673. Cette date de 1673 est celle du vœu des Arzonnais protégés miraculeusement par sainte Anne d'Auray dans un combat naval contre les Hollandais, le 7 Juin 1673. Cet événement a-t-il eu une influence sur la confection du retable de sainte Anne à Pont-Croix ? Il était bon, du moins, de noter la coïncidence ». (Ibid., p. 26 et 27).

Au-dessus de la porte de la sacristie, on voit un tableau du Saint Rosaire, d'une grande dimension, du temps de Louis XIII ; il représente, outre la Sainte Vierge et l'Enfant Jésus donnant le rosaire à saint Dominique et à sainte Catherine de Sienne, le pape saint Pie V et un cardinal, le roi Louis XIII, la reine et différents personnages de la Cour, avec leurs costumes de l'époque. Au bas de cette toile on lit l'inscription suivante : « Dignare me, laudare te, Virgo sacrata : Daignez me permettre de vous louer, Vierge sacrée » (Voir M. Abgrall, ibid., p. 26).

Autel du Sacré-Cœur, dit encore Autel de la Cène ou du Saint-Sacrement.

« Sous la fenêtre absidale, est l'autel du Saint Sacrement, très remarquable travail de sculpture du temps de Louis XIV. Après avoir passé en revue la frise chargée de festons et de coquillages de Saint-Jacques, les panneaux à cadres feuillagés, les volutes et consoles renversées, les anges drapés et les têtes de chérubins, on admirera tout spécialement la dernière Cène, représentée sous l'autel et dont chacun des personnages est une statuette détachée, avec une expression, une attitude, un fini de dessin et de draperies qui décèlent le plus grand art ». (M. Abgrall, ibid., p. 25).

Il fallait que l'ouvrier qui a sculpté ce bijou sur bois fût profondément pénétré du récit des évangélistes, relatant cette Cène.

Le tableau de Léonard de Vinci, qui l'exprime si bien, est rendu par l'artiste breton d'une manière admirable ; les personnages sont frappants par leur pose toute naturelle ; on croit qu'ils vont parler. C'est un vrai chef d'oeuvre, envié par tous, devant lequel les visiteurs s'extasient et auquel les connaisseurs assignent un grand prix [Note : Au mois d'Août 1897, nous trouvant devant l'autel du Saint-Sacrement ou de la Cène, faisant, le soir, notre quart d'heure d'adoration, nous fûmes accosté par un monsieur et une dame à l'air tout à fait britannique. Avec cet accent et ce français qui caractérisent les Anglais, le monsieur, à la mise correcte d'un clergyman, nous demande en s'inclinant : « Vous révérend de cette église ? »« Oui, Monsieur ». — « Fort belle votre église. Moi aussi, être révérend à Cantorbéry ». — « les, dit la dame : mon mari, être révérend chanoine ritualiste. Vous vendre à nous ce petit bijou, la Cène qui est là, pour placer lui à la cathédrale à Cantorbéry. Nous donner à vous 5.000 fr. ». — « Nous sommes contrarié de ne pas pouvoir vous être agréable dans cette circonstance. Cette sculpture en bois fait partie des monuments historiques de Bretagne ». — « Ah ! lui monument historique ! mais vous pouvez peut-être demander lui pour nous au ministre des cultes, ou à votre bishop » (évêque). — « Impossible ». — « C'est dommage, car lui est bien joli ! Mais nous rester amis quand même. Bonjour à vous, Monsieur »].

On ne saurait trop remercier la divine Providence de nous l'avoir laissé et soustrait aux vandales de 1793.

Dans une note sur l'église de Pont-Croix , M. Le Roux, ancien curé de cette paroisse, parle de la manière suivante de cet inimitable travail.

« Mais rien ne peut être comparé à une Cène portative placée à un autel plein de goût et d'originalité : c'est un groupe de statuettes en bois. Cette scène est digne du ciseau le plus habile et par le naturel des poses et par la vive expression qui l'anime. Je ne dirai donc pas : « Excudent alii spirantia mollius œra ».

Il semble, en effet, qu'on ne puisse donner aux divers personnages de ce groupe des gestes plus expressifs et des regards plus parlants.

Le retable a de beaux médaillons avec des emblèmes eucharistiques. Deux anges portent, l'un le cœur de Jésus couronné d'épines, l'autre le cœur de la Sainte Vierge transpercé d'un glaive. « Aux deux côtés de l'autel, dit M. Abgrall, sont deux statues, pleines de style, de l'ange Gardien et de saint Sébastien » percé de flèches, son casque à ses pieds. (Ibid., p. 25).

Devant cet ange, qui tient par la main son protégé, en lui montrant le chemin du ciel, on est tenté de réciter les jolis vers de Mme Tastu sur l'ange gardien :

Ayez pitié de ma faiblesse, - A mes côtés marchez sans cesse, - Parlez-moi le long du chemin ; - Et pendant que je vous écoute, - De peur que je ne tombe en route, - Bon ange, donnez-moi la main.

ou ceux de Reboul :

Charmant enfant qui me ressemble, - Disait-il, oh ! viens avec moi ; - Viens, nous serons heureux ensemble ; - La terre est indigne de toi.

Les trois grandes verrières au-dessus de l'autel du Saint-Sacrement.

Vitrail du milieu. — L'église étant dédiée à Notre-Dame de l'Assomption, l'architecte qui a donné le plan de ce vitrail, a voulu qu'on représentât dans cette grande fenêtre flamboyante, à compartiments très simples, l'Assomption de la Très Sainte Vierge et son couronnement dans le ciel par la Très-Sainte Trinité. On y voit le Père Éternel coiffé de la tiare, portant une barbe blanche, tenant, de la main droite, la couronne de la Reine des anges et des hommes, et Jésus-Christ la tenant également, de la main gauche, au-dessus de la tête de sa divine Mère, tandis que le Saint-Esprit, sous la forme d'une colombe, plane au-dessus de ce diadème. De nombreux anges, jouant de la harpe et du psaltérion, assistent au triomphe de leur Reine.

Au-dessous de cette scène grandiose et tout autour, on remarque saint Corentin vêtu de ses habits pontificaux, ayant la mitre en tête, saint Guénolé, abbé de Landévénec, et un charmant petit saint breton, Guenaël ; puis sainte Catherine avec sa roue, et plusieurs saints et saintes en différents costumes religieux. Au milieu, c'est saint Louis avec son manteau royal d'azur parsemé de fleurs de lis, et son diadème royal. Ce sont encore saint François d'Assise, saint Dominique et plusieurs religieux de leur ordre. Plus haut, autour de la Vierge portée triomphalement au Ciel, c'est saint Pierre, clefs en main, et les autres apôtres.

Dans les médaillons qui sont au-dessus de cette fenêtre, on remarque aussi une vue de la ville sainte, Jérusalem ; la tour de David, le jardin fermé, les roses de Jéricho et d'autres fleurs désignées dans le Cantique des Cantiques.

Ce vitrail fait honneur au peintre qui l'a dessiné, et à l'artiste verrier qui l'a exécuté. Au bas de ce vitrail, on lit cette inscription : DON DE MADAME JEANNE, CATHERINE, VESSEYRE, DÉCÉDÉE LE 3 OCTOBRE 1884.

Second vitrail. — A gauche du grand vitrail, se trouve une autre grande fenêtre, moins large, où l'on a représenté l'arbre de Jessé. C'est un sujet qui, au XVème siècle, comme auparavant, a été reproduit très souvent sur bois et sur pierre. De cette tige comme souche, sortent les rois de Juda, portant en main leur sceptre, et sur la tête le diadème royal. La Très Sainte Vierge tenant l'Enfant Jésus dans ses bras, placée en haut dans un médaillon, couronne le tout.

Troisième vitrail. — « Je suis la vigne et vous êtes les branches, » tel est le titre de la verrière à droite du grand vitrail.

Elle représente au milieu Notre Seigneur sous les traits du bon Pasteur. Au côté droit du divin Maître, c'est saint Marc et son lion, puis, saint Mathieu et l'homme, son emblème ; du côté gauche, on voit saint Jean et son aigle, saint Luc et son bœuf. Au-dessus, ce sont les douze apôtres portant entre leurs mains, sur une banderole, chacun un article du symbole. Au-dessous de ce vitrail, on lit cette inscription : EN SOUVENIR DU VÉNÉRÉ ABBÉ FRANÇOIS YVENAT, CURÉ-DOYEN DE PONT-CROIX, NOMMÉ CHANOINE HONORAIRE, LE XII JANVIER 1889.

Ces deux vitraux encadrent bien celui de l'Assomption de la Sainte Vierge et de son couronnement. Ils plaisent à l'œil et comme dessin et comme coloris.

Au fond de l'abside où sont ces vitraux on voit, adossées au mur, reposant sur des socles de granit, les statues en bois de chêne de sainte Anne et de saint Joachim qui formaient autrefois un même groupe avec les statues de la Sainte Vierge, saint Joseph et l'Enfant Jésus.

Plus bas, en descendant vers le côté Nord, est placée à l'angle, sur une console en pierre, une statue de sainte Ursule, la tête couronnée d'un diadème, la palme du martyre en main. Cette statue, comme celle de saint Augustin, provient de la chapelle du Petit-Séminaire, qui était, nous l'avons déjà dit, la chapelle des Ursulines avant la Révolution.

Autel de Notre-Dame de Pitié.

C'est dans ce bas côté Nord mystérieux, aux colonnes doubles, aux couleurs granitiques rosées et veinées, que se trouve l'autel de Notre-Dame de Pitié ; on l'a restauré avec goût, tout en conservant scrupuleusement ses jolies colonnettes torses, entourées de grappes de raisin et de feuilles de vigne. Deux anges pleureurs, les mains sur les yeux, sainte Véronique montrant la sainte Face embellissent le retable. La beauté de cet autel est achevée par un bas-relief représentant Notre-Dame des Sept-Douleurs, tenant sur ses genoux le corps de son divin Fils, et par le panorama de la ville de Jérusalem parsemé de roses de Jéricho.

A côté, adossée au mur, se trouve une statue en bois, de grande dimension, de Notre-Dame de Pitié ; d'après les connaisseurs, elle ne manque pas d'un certain mérite. On sent que l'artiste, qui l'a sculptée, était chrétien convaincu. Rien, en effet, n'est suave et triste comme le type de cette mater dolorosa. Il y a comme des larmes dans les yeux de la Vierge, et comme un reflet de douleur calme et profonde sur sa figure, dans le mouvement de ses lèvres qui semblent trembler, et dans toute son attitude.

Joignant les mains, Marie contemple, avec une indicible tristesse, le corps inanimé de son Fils bien aimé étendu sur ses genoux. En la considérant, il nous est venu à la mémoire ces paroles du dévot saint Bernard : « 0 vrai fils de Dieu, s'écrie la Très Sainte Vierge en pleurant, tu étais mon Père, tu étais mon Fils, tu étais mon Époux, tu étais ma vie, et maintenant je n'ai plus de Père, je n'ai plus de Fils, et parce que j'ai perdu mon Fils, j'ai tout perdu ».

Un peu plus bas, se trouve une image de la sainte Face encadrée dans un tableau entouré des insignes de la Passion : une éponge, une lance, un roseau, un fouet. On y lit ces paroles : « Vera effigies sacri vultus Domini Jesu-Christi quœ Romœ in sacrosancta Basilicâ Sancti-Petri in Vaticano religiosissime asservatur et colitur : La vraie effigie du visage de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui est conservée et vénérée très religieusement à Rome dans la basilique de Saint-Pierre du Vatican ».

Une lampe allumée, jour et nuit, brûle devant la face de notre divin Maître, qui est en grande vénération parmi les fidèles de Pont-Croix.

Ce bas côté, où se termine le chemin de la croix, porte à la prière et au recueillement.

Fenêtres et Vitraux du bas-côté Nord.

Pour éclairer cet endroit, il y a cinq fenêtres, dont quatre ornées de petites verrières, don de la famille Yvenat. Depuis qu'on a restauré cette partie de l'église, on a ouvert au-dessus de l'autel de Notre-Dame de Pitié une fenêtre qui était fermée par des pierres et de la chaux. Ces cinq fenêtres sont simples et n'ont pas de meneaux.

Le premier vitrail Nord est un don du vénérable curé, chanoine honoraire, M. François Yvenat, qui a gouverné la paroisse de Pont-Croix pendant trente ans. Il représente saint François Xavier, prêchant l'Évangile aux infidèles des Indes et du Japon, les convertissant en grand nombre et mourant à l'île Sancian, en 1552, après être resté plusieurs jours dans une cabane, privé de tout secours.

Le second vitrail, don de M. Barthélemy Yvenat, recteur de Plomeur, représente saint Barthélemy, apôtre de l'Inde, écorché tout vif. C'était, dit son historien, un spectacle plein d'horreur que de voir cette chair toute saignante et toute déchirée à travers laquelle perçaient les os du martyr. Comme malgré cela il respirait encore, on lui coupa la tête.

Est-ce pour cette raison que les bouchers l'ont pris pour leur saint patron ? Avant la Révolution, les chefs de leur corporation dans les villes faisaient dire une messe, à leur intention, le 24 Août, jour de la fête. Tous ceux qui en faisaient partie y assistaient. Un des prêtres de la paroisse leur adressait, à cette occasion, quelques paroles d'édification.

Le troisième vitrail, don de M. Auguste Yvenat, ancien recteur de Saint-Jean-Trolimon, représente le baptême de saint Augustin à Milan, par saint Ambroise, évêque de cette ville, le 25 Avril 387, en la nuit de Pâques ; puis saint Augustin et sa mère, sainte Monique, lui disant dans un entretien intime à Ostie : « Augustin, plus rien ne me charme en cette vie. Je ne sais pourquoi j'y demeure après que mon espérance du temps a été accomplie. Je n'ai désiré vivre que pour une seule chose : c'était de te voir chrétien avant de mourir. Mes vœux ont été dépassés, car je te vois vrai serviteur de Dieu. Que fais-je donc ici-bas désormais ? ».

Le quatrième vitrail, don de M. Alfred Yvenat, ancien recteur de Guengat, représente la vie de saint Alfred. On voit ce saint entrer à l'abbaye de Fulda, reçu par les moines de ce monastère.

Ces quatre petits vitraux sont aussi bien exécutés.

Autel privilégié de saint Pierre-aux-Liens.

« Dans le transept Nord se trouve l'autel de Saint-Pierre, dont le retable à colonnes corinthiennes genre XVIIème siècle contient d'abord une statue de saint Pierre-aux-Liens, assis dans sa prison, les mains liées par des chaînes scellées dans une colonne. Au-dessous, quatre bas-reliefs représentent : saint Pierre pleurant son péché et le coq chantant.

Au milieu de la frise, dans un cartouche, on lit : Mre I : RIOY : F.

Plus haut, dans une niche, est la statue de saint Jean-Baptiste portant un agneau sur un livre, et au sommet, la représentation de la Sainte Trinité : le Père, coiffé de la tiare, avec le Saint-Esprit sur son épaule, et tenant à genoux le corps inanimé de son Fils ». (Église de Pont-Croix, p. 24).

Statue de Notre-Dame de Montligeon.

Dans l'enfeu de la chapelle de Saint-Pierre est la statue de Notre-Dame de Montligeon pour la délivrance des âmes du Purgatoire. C'est un groupe caractéristique composé de quatre personnages.

C'est d'abord Marie : Notre-Dame du suffrage. Elle est debout au-dessus des flammes expiatrices ; son visage exprime la compassion que lui inspirent les souffrances dont elle est témoin. Elle porte par-dessus sa robe un long manteau qui se drape en plis nombreux sur le bras droit et s'étend, en forme de voile, sur la tête figurant l'âme qui souffre dans le purgatoire.

Le front de la Vierge compatissante est couronné d'un riche diadème comme marque de sa puissance et de sa royauté. Quelle grandeur dans la pose ! quelle bonté dans le regard ! quelle miséricorde dans la main ainsi étendue !

L'Enfant Jésus est assis sur le bras gauche de sa mère, il se penche avec amour vers l'âme du Purgatoire qui est à ses pieds ; il lui présente une couronne de roses qui n'est autre que la couronne du ciel.

Cette âme voit finir ses terribles souffrances, grâce aux prières de ses parents et de ses amis de la terre, et surtout aux supplications de Notre-Dame du suffrage. Une voix lui dit que le ciel s'est ouvert pour la recevoir, et qu'elle va posséder Dieu après lequel elle soupire depuis si longtemps. Aussitôt elle s'envole sur un nuage, le visage radieux, et les bras croisés sur sa poitrine, comme pour comprimer les élans de son cœur palpitant d'amour et de bonheur.

A gauche, une autre personne, figurant une âme, est agenouillée au milieu des flammes qui l'environnent. Une chaîne de fer l'attache au fatal brasier ; elle a les mains jointes, les yeux suppliants, le visage empreint d'une vive douleur ; elle implore la Vierge clémente qui étend sur elle sa main bénie et semble lui dire : prends patience, ma fille bien-aimée, on prie pour toi et sur la terre et dans le ciel ; mon Fils se laisse fléchir ; bientôt tes chaînes se briseront, et il posera sur ta tête la couronne des Saints.

La vue de ce groupe artistique vous attendrit jusqu'aux larmes et vous fait dire : « Seigneur, donnez aux défunts le repos éternel, et que la lumière perpétuelle brille à leurs yeux ».

La statue de Notre-Dame de Montligeon a été bénite solennellement par M. le curé de Pont-Croix, le 3 Février 1895, avec l'autorisation de Mgr Valleau, évêque de Quimper.

Bien que les lignes suivantes, relatives à la Confrérie des Trépassés, ne concernent pas le mobilier de l'église de Notre-Dame de Roscudon, nous croyons cependant devoir les insérer ici, comme à leur place naturelle.

Déjà la confrérie des Trépassés avait été canoniquement érigée par Mgr l'Évêque de Quimper et de Léon, le 14 Décembre 1894 ; puis, elle fut affiliée, à Rome, à l'archiconfrérie de Santa-Maria in Monterone.

Cette confrérie, enrichie de nombreuses indulgences, a été instituée à Pont-Croix, pour la délivrance des âmes abandonnées du Purgatoire et pour celle des âmes de nos parents, de nos bienfaiteurs et de nos amis, qui n'ont pas entièrement satisfait à la justice divine.

Plus de quatre cents personnes de la paroisse sont heureuses de faire partie de cette salutaire association.

Un service et une messe sont chantés, le premier lundi de chaque mois, à l'autel privilégié de Saint-Pierre-aux-Liens. Un service et une messe sont également chantés après la mort de tout membre de la confrérie, sur la présentation du billet d'admission du défunt.

Plus bas que l'autel de Saint-Pierre-aux-Liens, dont nous venons de parler, existent deux petites fenêtres qui éclairent le côté Nord de la nef romane. On y remarque, dans la première, un vitrail représentant saint Hilarion, abbé et ermite en Palestine, tenté par le démon, le vainquant par le jeûne, le travail et la prière. Ce vitrail a été donné par M. Jacques Lannuzel, concierge au Petit-Séminaire, pendant près d'un demi-siècle.

Dans la seconde fenêtre Nord on trouve un vitrail représentant sainte Catherine, vierge et martyre d'Alexandrie, en 307, et saint Yves, prêtre du Tréguier, avocat et protecteur des pauvres. C'est un don de la famille Béléguic.

Outre ces vitraux modestes, il y a encore à l'Ouest, au-dessus de la grande porte d'entrée, une grande fenêtre qui éclaire tout le bas de l'église ; elle ne demande que des vitraux dignes de cette église.

Nous citerons aussi, du côté du Sud, deux fenêtres dont l'une se trouve au-dessus d'un grand bénitier en pierre, et l'autre, plus grande, au-dessus de la porte latérale d'entrée. On y a placé des verres à losanges bleus, verts, jaunes et rouges de mauvais goût ; nous espérons les faire disparaître, au plus tôt.

Buffet d'orgue.

« En commençant par le bas de la nef, du côté Nord, nous trouvons une petite tribune d'orgue, portée sur des corbeaux en pierre et deux potelets de bois surmontés de chapiteaux. Cette tribune, dans le style de la dernière période du gothique flamboyant, se compose en façade de huit panneaux à draperies godronnées, séparés par des montants en saillie formant colonnettes ou contreforts ornés de torsades simples ou perlées, écailles imbriquées, losanges feuillagés, pointes de diamants, et surmontés de pinacles à crosses végétales. En haut et en bas courent des bandeaux formés de feuilles sculptées et d'animaux monstrueux ». (Église de Pont-Croix, par M. Abgrall, p. 23).

Ce buffet d'orgue, datant probablement du temps de François Ier, est contigu à la porte de la vieille sacristie gardant encore le nom de la porte des lépreux. Selon la tradition, ces malheureux y accédaient par une porte extérieure Ouest, qui est actuellement fermée par un tas de pierres. Ils habitaient le village de Kerlaret, à deux kilomètres de Pont-Croix. On arrive à ce buffet par un escalier placé à l'intérieur de cette sacristie.

Nef romane.

Remontons maintenant vers le haut de l'église, jetons, tout en allant, un coup d'œil sur la spacieuse nef romane pour l'admirer.

Cette nef avec ses douze colonnes est réellement digne d'admiration. En les voyant ornées de leurs faisceaux de colonnettes retombant en courbe sur les chapiteaux, on dirait une garde d'honneur protégeant le sanctuaire.

Adossées contre les deux grosses piles qui terminent la nef romane, se trouvent les statues assises des saints Crépin et Crepinien, martyrs, patrons des cordonniers, assez nombreux encore à Pont-Croix. Saint Crépin porte en main un soulier nouvellement fini, saint Crépinien l'alène à la pointe aiguë. Ils ont grand air ; même sous leur costume du métier, ils n'ont pas perdu leur cachet de patriciens romains. Ils appartenaient en effet à des familles de Rome aussi distinguées par leur piété que par leur noblesse. Ils renoncèrent aux promesses d'un brillant avenir, quittèrent tout pour venir à Soissons tenir une boutique de cordonnier, afin de gagner plus facilement des âmes à Notre-Seigneur, Jésus-Christ. Ils eurent la tête tranchée par l'ordre de l'empereur Maximien, Rictiovarus étant préfet des Gaules, en 303, dans l'Oise, sous le pape saint Marcellin. Saint Éloi, évêque de Noyon, leur fit lui-même une chasse magnifique.

Nous signalons aux visiteurs la petite statue de saint Roch, avec son chien, son bâton et son chapeau de pèlerin couvert de coquilles de Saint-Jacques ; celles de Notre- Dame d'Espérance, tenant en main une boîte de parfums, et de sainte Marguerite, terrassant à ses pieds le dragon infernal.

Nous signalons tout spécialement la vieille statue, si vénérée de Notre-Dame de Roscudon, devant laquelle, surtout aux jours de foire de chaque mois, et aux fêtes patronales du 15 Août et du 8 Septembre, on voit beaucoup de fidèles s'agenouiller, prier et faire brûler des cierges.

Ces quatre petites statues sont placées contre les deux premiers grands piliers de la tour.

Chœur de l'église.

Entrons dans le chœur par la porte d'une grille en fer forgé surmontée d'une croix ; cette grille excite l'attention de beaucoup de visiteurs.

Stalles du chœur.

Les stalles du chœur sont au nombre de dix-neuf, y comprises celles du clergé paroissial. Elles ont été placées, au commencement du XIXème siècle ; on trouve à cet égard une délibération du conseil de fabrique dans le registre paroissial. Elles sont d'une très grande simplicité. On pourrait trouver peut-être qu'elles encombrent un peu le chœur de l'église, et empêchent la double rangée de colonnes de se montrer dans toute leur beauté ; mais leur placement là était nécessaire, car elles servent aux membres du conseil de fabrique et aux prêtres qui viennent aux offices et aux pardons de la paroisse. Quelques-unes d'entre elles sont louées à certains particuliers qui y trouvent, le dimanche, plus facilement leur place. A vrai dire, elles donnent un aspect de cathédrale à l'église, et il ne manque dans l'ancienne collégiale de Notre-Dame de Roscudon que des chanoines, avec leur costume de chœur, pour y réciter, comme autrefois, l'office divin.

Chaire à prêcher.

La chaire est placée, à gauche du chœur, contre un des gros piliers. Elle ne doit pas remonter au delà du XVIIème siècle. Du reste, « comme les jubés, dit M. de Caumont, les chaires à prêcher ne se rencontrent guère qu'au XVème siècle, au moins n'en ai -je jamais trouvé de plus anciens » (Abécédaire d'archéologie, p. 697).

La chaire à prêcher de l'église de Pont-Croix est faite en bois de chêne solide, surmontée d'un baldaquin en même bois sculpté, au haut duquel on remarque un ange sonnant de la trompette. Elle a quatre jolis panneaux sur lesquels on remarque, dans le premier, l'Annonciation de la Sainte Vierge par l'ange Gabriel ; dans le second, la naissance de l'Enfant Jésus en la crèche de Bethléem ; dans le troisième, l'Assomption de Marie au ciel ; dans le quatrième, son couronnement par la Très Sainte Trinité. En face de la chaire, sur le mur, se trouve la croix en bois. Bien que d'apparence modeste, le crucifix est très convenable et d'un bon effet.

Maître-Autel.

Cet autel, dédié à Notre-Dame de Roscudon, patronne vénérée de Pont Croix, est situé au fond du chœur, et n'offre rien de particulier en lui-même. Il n'en est pas de même des deux anges contemplateurs et adorateurs, aux ailes d'or déployées, qu'on voit de chaque côté de l'autel. Le premier regarde le ciel avec amour, le second, dans l'attitude du recueillement, la tête modestement baissée, adore humblement son créateur et son Dieu.

Debout sur un trône, qui est soutenu par trois anges en relief ; drapée majestueusement dans son manteau royal doré, la chevelure abondante et retombant avec modestie sur ses épaules, les pieds touchant à peine le piédestal sur lequel elle est posée ; portée en quelque sorte par deux autres anges, aux ailes étendues, Notre-Dame de l'Assomption de Roscudon ne semble plus attendre que l'appel de la Sainte Trinité : veni coronaberis, pour monter au ciel et y être couronnée par elle.

« Le couronnement du maître-autel, dit M. Le Roux, est une Assomption : la Vierge, dont la pose est pleine de noblesse et de grâce, et dont les yeux sont élevés au ciel vers lequel elle semble s'élancer, est représentée soutenue par deux anges qui, les ailes tendues, l'emportent dans l'espace ».

Ce groupe en bois doré offre un très beau spectacle, surtout du bas de l'église, lorsque, le soir des jours de fête, il est illuminé par un lustre, sur lequel brillent plus de cinquante lumières, dominant l'image de la Sainte Vierge.

Le maître-autel est entouré d'une grille de fer ornée de dalhias dorés ; elle fait honneur à M. J.-M. Donnart, trésorier de la Fabrique, dans les ateliers duquel, elle a été travaillée.

Confessionnaux.

L'église de Pont-Croix possède quatre confessionnaux pareils ; ils sont en chêne, de la même époque, et du même style que la chaire.

Ils ont été restaurés, il y a quelques années, et ne déparent pas le mobilier de l'église.

Chemin de Croix.

Le chemin de croix de l'église de Pont-Croix est très simple, et porte à la dévotion envers la Passion de Notre Divin Sauveur.

Bénitiers.

L'usage de l'eau bénite est très ancien dans l'Église catholique.

« Le père Le Brun, dit Bergier, a prouvé, par le témoignage des anciens Pères, que l'usage de l'eau bénite est de tradition apostolique, et il a été conservé chez les Orientaux séparés de l'Église Romaine, depuis plus de douze cents ans. » (Dictionnaire de théologie, aux mots : eau bénite).

Il y avait de l'eau bénite dans les maisons ; il y en avait dans les églises, non seulement dans l'atrium, pour se laver les mains, niais aussi dans l'intérieur pour se signer le front.

De là l'origine des bénitiers placés à la porte et à l'intérieur des églises. (Voir le Dictionnaire des Antiquités chrétiennes, par le chanoine Martigny, p. 265).

Bénitiers à de l'église de Pont-Croix.

En entrant par le porche Sud dans l'église de Notre-Dame de Roscudon, on rencontre au bas, à gauche, un bénitier en pierre d'un mètre et plus de longueur, de 50 centimètres de largeur, et de 60 centimètres de profondeur ; c'est une vraie piscine, qui contient plusieurs litres d'eau et qui aurait pu être employée, autrefois, pour les baptêmes par immersion ; c'est là que les fidèles puisent l'eau bénite qu'ils apportent dans leurs maisons.

A droite, plus haut, en entrant, se trouve dans le mur, un autre bénitier en granit, long d'un mètre, profond de 25 centimètres et large de 20 centimètres ; il sert pour prendre de l'eau bénite, lorsqu'on entre dans l'église ou qu'on en sort.

On peut encore observer plusieurs petits bénitiers en pierre, incrustés dans plusieurs des piles de l'édifice. « Ces bénitiers, dit M. Abgrall, n'indiqueraient-ils pas le voisinage des tombes où sont ensevelis les anciens chanoines qui desservaient la collégiale ? ». (Église de Pont-Croix, p.14). Peut-être aussi servaient-ils aux fidèles qui étaient à proximité pour les offices divins. A la porte Sud d'entrée est encore un assez vaste bénitier en granit.

« Quant aux bénitiers détachés des murs, et qui ressemblent aux fonts baptismaux, dit M. de Caumont, c'est dans les contrées granitiques que j'en ai vu le plus, parce que l’extrême solidité de cette roche les rend presque indestructibles. Du reste, la plupart ne sont pas antérieurs au XIIIème siècle et ne datent même que des siècles suivants ». (Abécédaire d'archéologie, p. 539 et 540).

Trésor de l'église de Pont-Croix.

Selon la tradition locale, ce trésor était, jadis, assez important. Aujourd'hui, il n'en subsiste plus qu'une seule pièce : c'est une petite croix de procession, en bronze doré remontant, dit M. Abgrall, au XVème siècle. (Église de Pont-Croix, p. 27).

Parmi les objets de date moderne, nous mentionnons :

1. — Une riche croix en argent, avec émaux : elle a été admirée, l'an dernier, à Plouhinec, lors de la fête de la translation de la Relique de saint Winoc.
2. — Un ostensoir en vermeil, de moyenne dimension, avec personnages ; il est de bon goût, de forme moyen âge.
3. — Les chandeliers et la croix en argent de l'autel de la Sainte Famille.
4. — Les chandeliers et la croix en argent de l'autel de saint Pierre-aux-Liens.
5. — Les grands chandeliers dorés, ainsi que la croix, qui servent, au maître-autel, les jours de grandes fêtes.
6. — Un encensoir et une navette en argent.
7. — Un ciboire en vieil argent et un autre en vermeil.
8. — Des candélabres palmes, garnis de fleurs nuancées, avec pierres brillantes au milieu.
9. — Une boite en argent, pour contenir les saintes huiles ; elle est finement découpée.
10. — L'église de Pont-Croix possède plusieurs bannières dont trois sont à signaler, entre autres celle de la Très Sainte Vierge ; elle est en soie avec reliefs en or fin ; elle a besoin d'être réparée.

TRAVAUX DIVERS.

Anciennement exécutés POUR L'ÉGLISE DE PONT-CROIX. Sculptures faites par les Srs Le Déan, de 1664 à 1674.

Les comptes de la fabrique de Notre-Dame de Roscudon, au XVIIème siècle, mentionnent divers travaux de sculpture faits par les sculpteurs Le Déan, de Quimper, pour cette église.

Voici les articles qui s'y rapportent ; nous les empruntons à la Monographie de la Cathédrale de M. Le Menn, qui les a extraits des Archives du département. « En outre desmande descharge de la somme de 90 livres, qu'il aurait payé au Déan, maistre sculpteur de Kempertin, pour deux images qu'il aurait faict, l'une de la Trinité, et l'autre de Saint-Jan, de l'ordre du deffunct recteur de Beuzec ». (Compte de Charles Jamoys, pour 1664 1665).

Le même compte mentionne « six chandeliers noirs, façon d'ébène », faits par le même ouvrier, pour la somme de 10 livres.

« Donné au Déan, maistre sculpteur de Kempertin, 64 livres 10 sous à valloir aux deux retables qu'on a fait marché avec luy de faire, suivant l'avis des habitants. (Compte de Jean Le Barz, sr de Menez-Bihan, pour 1672-1673).

Demande descharges de 360 livres, qu'il auroit poié à Jean et à Pierre Le Déan, maistres sculpteurs, pour les deux retables qu'ils ont rendus a ladite église, suivant la quittance du 16 Aoust mil six cents cincquante (lisez : septante et troys). — Compte d'Yves Le Gall, pour 1673-1674 ».

M. Le Menn ajoute, après avoir reproduit ces comptes :

« Si je ne me trompe, ces deux retables, dans la construction desquels Pierre Le Déan eut pour collaborateur Jean Le Dean, son père ou son frère, existent encore dans l'église de Pont-Croix. Ils étaient destinés aux autels de Saint-Pierre et de Sainte-Anne, et furent peints et dorés par Maistre Grégoire Ansquer, maistre peinctre et doreur, pour la somme de mille livres (environ 3.000 francs) ». (p. 299 et 300).

Orfèvrerie façonnée par Bernard, de 1673 à 1695.

« Le comptable aurait payé à Joseph Bernard, maistre orfèvre à Quimper, la somme de 254 livres 5 sols (762 francs) pour la fasçon de la croix, encensouer et navette, le tout comme il est porté par quittances du saiziesme Aoust et dernier Octobre 1673, dont il demande descharge ». (Compte d' Yves Le Gall, pour 1675-1676).

« Suplie descharge de la somme de 720 livres (2.160 francs) qu'il a payée à Joseph Bernard, pour le prix de six chandeliers d'argent, qui sont dans ladite église ». (Compte d' Yves Ansquer, pour 1675-1676).

« A honorable Joseph Bernard, orfèvre, pour la fasson du grand calice d'argeant avec sa platine (sic) qu'y sont présentement au trésor de ladite esglise, et pour l'achapt du crucifix d'argeant et sa croix, le pied en triangle, et une boette avec ses fiolles servant à mettre les saintes huiles, et une cocquille, le tout d'argeant, le comptable a payé la somme de 312 livres (936 francs) ; la cocquille d'argeant qui estait de précédant en ladite esglise, a esté délivré audit Bernard, sur le prix ». (ibid., pour 1677-1678).

« Demande descharges de deux calices et leurs plataines (sic), appartenants à ladite église, qu'y ont esté employés pour faire le grand calice mentionné, en l'article cy-devant ». (Ibid.).

« Au sieur Joseph Bernard, maistre orfèvre de Quimper, payé pour avoir accommodé, démonté et remonté de neuf et fourny l’argeant pour la croix de ladite église, la somme de 13 liv. 10 s. » (Compte d'Alain Le Lay, pour 1694-1695).

Voir les Archives de la ville de Quimper et la Monographie de la Cathédrale de cette ville par M. Le Menn, p. 316 et 317.

Les détails contenus dans les comptes de l'orfèvre Bernard permettent de croire que plusieurs des objets y énumérés existent encore dans l'église de Pont-Croix, par exemple :

Les chandeliers et la croix en argent des autels de la Sainte Famille et de Saint-Pierre-aux-Liens.

L'encensoir et la navette en argent.

La boîte aux saintes huiles avec ses fioles.

Réparations faites aux orgues de Pont-Croix, par les Srs Dalam, de 1672 à 1694.

« Les orgues ne pouvant plus servir, étants, tant par la cause de l'injure de la poussière et trace, que par estre partye des tuyaux démontés, et les soufflets crevés, le comptable envoya Olivier trouver le facteur d'orgues à Daoulas, auquel il paya pour son volage 30 sols.

Le sieur Thomas Dalam, facteur d'orgues estant venu les voir, afin de scavoir ce qu'il y manquait, son voiage a coûté au comptable 4 l. 14 s.

Tellement qu'ayant démonté tous les jeux et tuyaux desditz orgues, iceulx décrassé, défaussé et lavé, et fait et accomodé les trois soufflets, le comptable lui a payé en présence des habitants dudit Pontecroix, pour avoir relevé lesditz orgues, la somme de 190 livres ». (Compte d' Yves Ansquer).

« 1689. — Au sieur Dalm (sic) facteur d'orgres (sic), pour avoir remonté lesdites orgres et soufflets, de l'avis du sieur Fager, recteur, bourgeois et habitants dudit Pontecroix, 250 livres ». (Compte de François Le Baron).

« 1694. — De plus la somme de 10 livres par luy aussi payé au Sr Toussaint Dalam, facteur d'orgues, pour avoir raccommodé les soufflets des orgues dudit Ponte-Croix. ». (Compte d'Alain Lay).

Tableaux faits pour l'église de Pont-Croix, par Adam Guilpin, en 1658.

Un compte d'Anthoine Trépos, fabricien de Notre-Dame de Roscudon, mentionne, dans les termes suivants, la façon de deux tableaux exécutés par Adam Guilpin, peintre à Quimper, au XVIIème siècle : « Pareillement demande ledit comptable des-charge de la somme de 36 livres, qu'il aurait payé à Adam Guilpin, maistre peintre, pour deux tableaux qu'on aurait eu dudict Guilpin, posé sur le grand autel ». (Compte d'Anthoine Trépos, pour 1658-1659). (Voir Monographie de M. Le Menu, p. 312-313).

COMPOSITION DU CIMENT
EMPLOYE EN 1667 POUR LE REJOINTOIEMENT DU CLOCHER DE PONT-CROIX.

- 44 pots d'huile de baleine, à 14 sous le pot ;

- 3 livres de sanguine, à 60 sous la livre ;

- 6 livres de mine de plomb, à 9 sous la livre ;

- Des vitrages, pots et têts cassés ;

- De la chaux.
(Compte de Jacques Piriou, procureur de la Fabrique de l'église de Pont-Croix, pour 1667). (Voir la Monographie de la Cathédrale, par M. Le Menn, p. 343).

(A. Téphany).

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