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LES FIEFS DE QUEMENET, PRATANRAS ET COETFAO.

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Au VIème ou au VIIème siècle, le territoire de Pluguffan, comme la plupart des anciennes paroisses bretonnes, se trouvait, selon toutes probabilités, occupé par une bande d'émigrés bretons sous le commandement d'un tyern, et devait, plus tard, au IXème siècle, former la paroisse. De ces territoires sortirent, au siècle suivant, les seigneuries restées aux mains des anciens tyerns, possesseurs du sol.

En effet, au Xème siècle, à l'instigation d'Alain Barbe-Torte, la Bretagne se constituait en duché féodal qui ne fut réuni que six siècles plus tard à la couronne de France. Il s'opéra donc à ce moment une véritable révolution dans la péninsule qui se transforma à l'imitation et sous l'influence de la Normandie. Plus tard, sous les ducs capétiens, l'influence française s'accentua et prédomina définitivemeut à partir du XVIème siècle. Jusqu'au Xème siècle la Basse-Bretagne suivait vraisemblablement le régime du pays de Galles.

Avec l'organisation du régime féodal, le sol du pays se trouva divisé en une multitude de fiefs et seigneuries relevant toutes les unes des autres et dont la mouvance s'étendait souvent sur plusieurs paroisses. Dans tout le pays s'élevèrent des forteresses, sur tous les points favorables à la résistance se construisirent des châteaux, à l'abri desquels viendront se réfugier les habitants des campagnes. La paroisse de Pluguffan devint-elle alors, elle aussi, la demeure d'un seigneur féodal ? Nous ne saurions le dire. Toutefois nous ferons remarquer qu'elle relevait dès le Xème siècle du fief de Quéménet appartenant à la principauté de Léon et qu'il existe une colline, nommée Stang-Roc'han [Note : Etang de Lohan. Cette colline se trouve encore environnée de marécages, du moins, d'un côté], et où se voient les vestiges d'une de ces tours isolées, dites châteaux à mottes, du Xème ou XIème siècle. Cette tour a donc pu être le chef-lieu du fief.

Nous savons aussi que Geffroy Tournemine [Note : DE TOURNEMINE. — Geoffroy était fils juveigneur d'Olivier de Tournemine, sgr. de la Hunaudaye, et d'Ysabeau de Machecoul. D'ancienne extraction chevaleresque, connue dès le XIIème siècle, cette maison porte pour armes : Ecartelé d'or et d'azur. (Sceau 1372). — Devise : Aultre n'auray] tenait de Guiomarch, vicomte de Léon, à foi et hommage lige son bois de la paroisse de Pluguffan :

« J'en ay veu un autre (acte) aussi en termes latins sur parchemin, daté du mois de may l'an 1231, par lequel Guidomarchus de Leonia cum assensu domini Henrici d'Avaugour [Note : D’AVAUGOUR. — Ramage de la maison de Bretagne, cette famille porte pour armes : D'argent au chef de gueules. Les armoiries primitives de cette maison étaient : Un arbre chargé de trois pommes. Devise : Utimur. (Nous usons)], Guiomarch, vicomte de Léon, du consentement de monsieur Henry d'Avaugour, donne à Geffroy Tornemine et à ses héritiers omne nemus suum de Parrochia de Pluguyan, prout fetum est in eadem, son bois de la paroisse de Pluguyan, pour le tenir de luy et de ses hoirs perpétuellement, à foy et hommage lige, de sorte que le dit Tornemine et ses hoirs et successeurs seront hômes liges du dit Guyomarc'h et de ses successeurs, vicomtes de Léon, contre tous, fors contre ledit monsieur Henry d'Avaugour. Et est ledit acte scellé de deux grands sceaux de cire verte pendans et attachez de cordes de soye verte et jaune, à l'un des quels est gravé d'un costé un hôme à cheval armé tenât en la main droite une espée nue, et en la gauche un petit escusson des armes de Léon, et de l'autre costé un autre escusson des mesmes armes, qui sont un Lyo. Et à l'autre escusson y a d'un costé un cavalier tenant l'espée desgainée, et de l'autre un escusson d'Avaugour qui sont : d'argent au chef de gueulles ». (Histoire généalogique des seigneurs de la Hunaudaye, page 117. Augustin du Paz, 1620).

Avant de nous occuper des seigneuries de Pluguffan, il est nécessaire d'examiner qu'elles étaient les fiefs dont elles relevaient.

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Nous citerons donc d'abord le fief de Quéménet, autrefois Kemenet-Even [Note : C'est-à-dire fief, territoire de Even. Le fief de Quéménet des derniers siècles, malgré son étendue, n'était qu'un reste de celui de Kemenet-Even, qui comprenait le pays de Porzay (paroisses de Saint-Nic, Plomodiern, Ploeven, Plounevez, Quéméneven et partie de Locronan). Dict. d'Ogée, V. Ploeven-Porzay, M. de Blois] (dont le nom se retreuve dans celui de Quéménéven) qui appartenait au Xème siècle à Even, comte de Léon, et a appartenu à sa postérité jusqu'en 1363. « A cette époque, Jeanne, dame de Crozon et de Kemenet-Even, épousa Jean Ier, vicomte de Rohan à qui elle porta les biens de sa maison : dans la suite ces biens furent transmis à la branche des Rohan-Guémené ou Kemenet-Guégant [Note : Guémené est une petite ville de l'évêché de Vannes, entre la Scorff et l'Ellé, qui fut érigée en principauté, en faveur des Rohan, en 1570]. Ceux-ci étaient encore seigneurs de Crozon et de Quéménet en 1541 : en effet une ordonnance du 15 mai de cette année réduisit le nombre des notaires de Pratanras, fief en Penhars faisant partie de Quéménet ; et cette ordonnance avait été sollicitée par le sire de Rohan, seigneur de Crozon, Quéménet et Daoulas » (Dict. d'Ogée, Crozon et Daoulas, — et M. Trévédy, Les Fourches patibulaires du fief de Quéménet).

Les Rohan ont, croyons-nous, cessé d'être seigneurs de Quéménet entre 1613 à 1636.

En effet, Sébastien II, marquis de Rosmadec [Note : DE ROSMADEC — L'illustre maison de Rosmadec porte pour armes : Pale de six pièces d'argent et d'azur. — Devise : En bon espoir], baron de Molac, gouverneur de Quimper, fils de Sébastien Ier, premier marquis de Rosmadec, mort en 1613, porte en 1636, le titre du comte de Crozon et seigneur de Quéménet. Sébastien II avait acquis le comté de Crozon et probablement en même temps la seigneurie de Quéménet qui touchait à ses fiefs de Tyvarlen et Pont-Croix ; nous le voyons même, en 1648, acquérir en échange la Seigneurie du Juch [Note : DU JUC'H. — Ancienne baronnie ayant donné son nom à une très vieille famille chevaleresque portant pour armes : D'azur au lion d'argent, armé et lampassé de gueules. Devises : Bien sûr ; La non pareille]. Ajoutons que la terre de Pont-Croix et Tyvarlen appartenait aux seigneurs de Rosmadec depuis le mariage de Alix de Tyvarlen avec Jean de Rosmadec, chambellan du duc Jean IV, vers 1350. C'est en 1505, que Jean III de Rosmadec [Note : Jean III de Rosmadec était fils de Alain, sire de Rosmadec, de Tyvarlen et de Pontcroix, marié en 1478 à Françoise du Quellenec. Il épousa Jeanne de la Chapelle au château de Blois, le 19 février 1505, en présence de Louis XII et d'Anne, duchesse de Bretagne], leur quatrième descendant, épousa Jeanne de la Chapelle de Molac : et à partir de cette époque les armes de Rosmadec s'écartelèrent des macles de Molac [Note : DE MOLAC. — De gueules à neuf macles d'argent ; aliàs : à sept macles d'argent. Devises : Gric da Molac (Silence à Molac), Bonne vie ; — Macula sine macula (Macles sans taches).] et des armes de la Chapelle, de gueules à une fasce d'hermine.

La terre de Pont-Croix fut érigée en marquisat en 1608 sous le nom de Rosmadec, en faveur de Sébastien Ier, baron de Molac, nommé maréchal de France au moment de sa mort, en 1613, et père de Sébastien II [Note :  Il avait épousé Renée Budes, marquise de Sacé dame du Plessix-Budes], comte de Crozon et seigneur de Quéménet.

Son fils, Sébastien III, qui avait épousé Catherine de Scorailles, soeur de la duchesse de Fontanges, mourut en 1700 sans laisser d'héritier.

Marie-Anne de Rosmadec [Note : Mariée en 1666 à René Le Sénéchal, soeur de Sébastien II de Rosmadec, elle était fille de Sébastien et de Renée de Kerhoant, dame de Kergournadech, fille de François et de Jeanne de Botigneau. — La famille de Botigneau porte pour armes : D'azur à l'aigle éployée d'or. Devise : A l'aventure], veuve de René Le Sénéchal, comte de Carcado, lieutenant général, tué à Sénef, en 1674, tante paternelle de Sébastien III, hérita du marquisat de Pont-Croix et de la seigneurie de Quéménet qui furent vendus en 1714. Mais son fils aîné, René-Alexis ds Carcado, ayant fait valoir son droit de prémesse [Note : C'est-à-dire droit de retrait lignager et prémesse en Bretagne. D'après la Coutume ce droit donnait « la faculté au parent du vendeur d'un héritage de le retirer des mains de l'acquéreur »], remboursa le prix de vente et devint, le 1er octobre 1714, marquis de Rosmadec. En 1719, il finit par obtenir des lettres patentes lui confirmant le marquisat de Rosmadec sous le nom de Pont-Croix.

Le fief de Quéménet avait droit de basse, moyenne et haute justice au plus haut degré : son gibet se dressait sur la montagne de Roc'han en Penhars, entre l'ancienne route de Douarnenez et la route de Pont-L'Abbé. Tous les droits seigneuriaux sur Quéménet ont été reconnus par la réformation des fouages en 1426. Le dernier gibet datait de la fin du XVIème siècle ou des premières années du XVIIème siècle, époque où les Rohan étaient encore seigneurs de Quéménet. De plus, on lit dans l'aveu rendu au Roi, le 30 octobre 1730, par René-Alexis Le Sénéchal [Note : Le SENECHAL DE CARCADO. — Très ancienne famille chevaleresque portant pour armes : D'azur à 9 macles d'or 3. 3. 3], comte de Carcado, marquis de Pont-Croix, gouverneur de Quimper : « D'avantage la seigneurie lige sur le manoir de la Palue en la dite paroisse (de Penhars) bois et autres appartenances et dépendances ; et dans une montaigne dépendante du dit manoir appelée : la montaigne de Roc'han, sont sittués les patibulaires de la dite juridiction de Quéménet, où sont gravées les armes du dit seigneur : les dits patibulaires estants en quatre poutres » (M. .J. Trévédy, Les Fourches patibulaires du fief de Quéménet).

Le fief de Quéménet n'était pas le seul haut justicier dans le pays : il avait pour voisin deux fiefs dont l'un, Coatfao, avait son chef-lieu dans la paroisse de Pluguffan, et l'autre, Pratanras, dans celle de Penhars. Ces deux fiefs, d'abord séparés, furent réunis par acquêt vers le milieu du XVIème siècle, aussi confondrons-nous leur histoire.

Les deux fiefs relevaient pour partie du Roi et pour partie de la seigneurie de Quéménet [Note : Voici un extrait de l’aveu de Quéménet (1700) en ce qui concerne la terre de Coatfao : « Manoir de Coatfao et dépendances. La mesme seigneurie de ligence, mouvance, obéissance, foy, hommage, chambellenage, suitte de cour et de contrediz de la juridiction de Pratanras et Coatfao en laditte cour et juridiction du Quéménet, lods, ventes, rachapts et tous autres droits et devoirs seigneuriaux et féodaux qu'a le dit seigneur marquis de Molac sur la terre, seigneurie et manoir de Coatfao, ses mettairies, rabinnes, bois de haute fustaye, bois taillis, cour, juridiction, préminences et droits seigneuriaux et honorifiques, toutes leurs terres chaudes, froides, prez, montagnes, franchises, issues, appartenances et dépandances, manoirs de Creisquer et de Cheff-du-bois, villages de Kerfultrez, du Tymeur, Kerascao, Kergoet, Kerguen, Kermoelic, et tous autres lieux ; et convenants, rentes, cheffrentes et fieff en dépandants avec l'arrière fieff supérieur et dominant, sur les proches fieffs, seigneuries et directes depandant dudit manoir, terre et seigneurie de Coatfao, et la supériorité sur les dites préminences, juridiction relevante en contredits comme dit est, de la ditte cour et juridiction du Quéménet et tous autres droits seigneuriaux et honorifiques depandants de la ditte terre et seigneurie et manoir de Coatfao appartenant au seigneur comte de Bienassis, sauff les moyens et droits d'impunissement contre les adveus de la dite terre de Coatfao fournis à la ditte seigneurie du Quéménet que ledit seigneur marquis de Molac réserve expressément comme aussi la suitte de cour sur les manoirs lieux et villages transportez, en proches fiefs avec rétention d'arrière fieff dominant et contredits par ledit seigneur marquis de Molac au seigneur président de la Goublaye par transaction du septiesme juin 1651, faute d'avoir pris des lettres d'annexes à la ditte juridiction de Pratanras et Coatfao sur lequel manoir de Coatfao et dépendances est deub à laditte seigneurie du Quéménet de cheffrente quinze sols six deniers monnoye ». (Arch. de la Ch. des Comptes (Nantes). Aveu du Quéménet. Juridiction de Quimper. Vol. 11, aveu n° 102. 16 janvier 1700)]. Ils s'étendaient principalement sur les paroisses de Pluguffan et de Penhars et aussi sur la paroisse voisine de Plonéis. et comprenaient en tout une soixantaine de manoirs, villages, maisons, champs, etc., répartis sur vingt-deux autres paroisses ou trêves comprises aujourd'hui dans les cantons de Quimper, Plogastel-Saint-Germain, Pont-Croix, Douarnenez, et sur les paroisses de Locronan et Quéméneven, canton de Châteaulin (Trévédy, Promenade à Pratanras et Coatfao).

En 1651 et 1652, le marquis de Pont-Croix, seigneur de Quéménet, céda au seigneur du Brieux une partie du fief de Quéménet, comprenant des terres dépendant do Pratanras ; et, à partir de ce moment, Pratanras releva pour ces terres de la seigneurie du Brieux, dont le chef-lieu était dans la paroisse de Kerfeunteun, et qui appartenait vers le milieu du XVIIIème siècle à haute et puissante dame Marie-Josèphe du Disquay, veuve de messire Jean-Joseph, chef de nom et d'armes, chevalier, seigneur du Brieux, dame de Kerven (en Plonéis) à cause d'une partie du fief de Quéménet [Note : Du DISQUAY. — Très ancienne maison, d'antiquité chevaleresque, maintenue à la réformation de 1669 avec neuf générations. Un de ses membres, messire Claude du Disquay, président au présidial de Quimper, fit ériger sa terre de Kerven et de Kerscao en châtellenie. Le manoir de Kerven, (en Plonéis) vaste construction du XVIIème siècle, avec ses bois, ses étangs et sa fontaine monumentale, était une fort belle et agréable demeure. Du Disquay porte : Ecartelé de gueules et de sable à la croix d'argent chargée en chef d'une moucheture d'hermine].

Nous extrayons encore les déclarations et prétentions suivantes de l'aveu du Quéménet :

« Déclarant pareillement le dit seigneur marquis de Molac avoir l'universalité de fieff aussi tant en proche qu'en arrière fieff de la dite paroisse de Pluguffan, supériorité, préminences d'église, fondateur, droits de bancs et escabeaux et tous autres droits seigneuriaux et honorifiques d'icelle, comme en estant le premier suserain et le seul seigneur haut justicier, ayant ses armes, armoiries, escussons, lisières, préminences et tous autres droits, marques et intersignes de premier préminencier dans les lieux et endroits les plus hauts et les plus eminantz de l'église paroiquialle d'icelle et chapelles en dépendantes ; duquel seigneur marquis relèvent généralement tous les droits tant seigneuriaux que honorifiques que peuvent avoir tous les particuliers en laditte paroisse au bourg paroiquialle de laquelle il a droit de sceps et colliers, et d'y tenir sa cour juridiction et pieds généraux quand bon luy semblera, sa Maiesté, comme dit est, n'ayant aucuns fieffs, ni ligences aussy en la ditte paroisse de Pluguffan [Note : Par sentence en date du 5 février 1700, le marquis de Rosmadec « a esté desboutté de la mouvance sur » — divers terrains situés en la paroisse de Plomelin, — « et à l'égard des mouvances par luy prétendues en la paroisse de Pluguffan a esté pareillement déboutté de la mouvance du manoir du Tymeur dont le Roy a été servy par aveu de l'année 1541 » — et, « d'un tennement d'héritage au bourg dudit Pluguffan dont le Roy a été servy par aveu de l'année 1526 » — et, « du village de Kerangoff ou Kergoff dont le Roy a été pareillement servy aux années 1493 et 1640 ». (Aveu du Quéménet, 1700)], dépendante de la ditte seigneurie du Quéménet, membre de la principauté de Léon, dont la distinction des fieffs de ceux du Roy fust faitte par la refformation de l’estat des fouages de cette province en l'année mil quattre cent vingt six. Cette supériorité dans la ditte paroisse de Pluguffan est tellement reconnue appartenir à la ditte seigneurie du Quéménet, que sur un grand thombeau de marbre eslevé dans le coeur de l'églize de la ditte paroisse, il y a cette inscription en ces termes : Cette tombe est prohibitive au sieur de Tremillec, vers tous autres que vers le sire de Rohan, prince de Léon ». « Comme depuis ledit contract de vente des dittes deux paroisses de Plomelin et Pluguffan, faitte par ledit feu seigneur marquis de Molac à la ditte dame abesse de Kerlot, le sixième avril mil six cent cinquante six, il y a ou procès entr'eux prétendant ledit seigneur marquis de Molac faire subister le dit contract, et laditte dame abesse le contraire, et le faire résilier, jusqu'au mois de juillet mil six cent quatre vingt dix neuff, qu'il s'est passé transaction, par laquelle ledit seigneur marquis de Molac rentre dans la pocession et propriété des dittes deux paroisses, ce qui fait un intervalle d'environ un demy siècle, pendant lequel ledit seigneur marquis a souffert de grands préjudices par les usurpations qui peuvent avoir estez faittes pondant un si longtemps, contre lesquelles il réserve de se pourvoir et dont il fait expresse réservation et de tous autres droits et d'en fournir adveu à sa maiesté quand il les aura justifiées et recouvertes. Lesdits droits cy-dessus escheus audit seigneur marquis de Molac de la succession beneffiaire dudit deffunt seigneur marquis de Molac, son père ».

Comme en l'a déjà vu, la seigneurie de Quéménet relevait immédiatement du Roi et l'aveu, que nous citons fut signé, au château de la Roirye, le 16 janvier 1700, par haut et puissant seigneur Sébastien, sire marquis de Rosmadec et de Molac, Pontcroix, Tyvarlen, le Juch, le Quéménet, Poullan, chevalier, seigneur de Kergournadec'h, Lestang et autres seigneuries, conseiller du Roy en tous ses conseils, lieutenant général en Bretagne, gouvernour des villes, château et comté de Nantes, maistre de camp d'un régiment de cavalorie entretenu sous son nom, brigadier des armées de sa Majesté.

Suivent diverses déclarations concernant des manoirs et des terrese situées en Pluguffan : 14 août 1694. — Déclaration et dénombrement de la terre et ancienne baronnie du Pont, ses droits de fiefs, juridictions, prérogatives que fournit Messire François-Joseph d'Ernothon [Note : D'HERNORTHON ou D'ERNOTHON. — Très ancienne famille, originaire de de Paris. La branche du Pont-l'Abbé s'est fondue dans d'Argouges, et celle de Kergos dans Kernafflen. Armes : D'azur à trois molettes d'éperon d'or], chevalier, seigneur et baron du Pont, Langoët, Trevilly, Kerdegace et autres lieux, conseiller du Roy en ses conseils d'estat et privé de justice, police et finance, maistre des requestes ordinaires de son hostel. Au roy notre sire devant...

KERESTOU. — Le tout dudit vlllaige autrefois possédé par Ollive Keratris, Daniel Kerneguas, Jacques Le Dréan, Yves Le Cornec, Guillaume Le Corre, Jean Gourmelen, Alain Le Dréan, Huon Dongalen, André Kerleuguy, Louis Le Digoedet, et autres pour en payer par an de chefrente sept sols six deniers.

KERSANTEUC. — Le dit manoir autrefois possédé par Guillaume Le Coëtanner pour en payer par an de chefrente trois sols.

KERGOUSIEN. — Le tout dudit villaige autrefois possédé par Guillaume Le Dourgen et autres, pour en payer par chacun an de chefrente sept deniers et la huictième partie d'une écuellée de froment.

KERGORN ou Kergouren, Kerouron on Keroullon. — Le tout dudit vlllaige autrefois possédé par Guegen an Collen. Jean Collen et Louis de Gourdec.

QUILLABONET. — Le tout dudit villaige autrefois possédé par Yves Mazeau, Geffroy Lechasfetant, pour en payer par an de chefrente deux sols huit deniers.

KERVEZAU ou Keriezau. — Ledit vlllaige autrefois possédé par Gourmelen autres.

PENANLAN. — Le dit villaige autrefols possédé par Riou Le Dimanac'h et autres pour en payer de chefrente cinq sols.

KERALQUN. — Le tout dudit villaige autrefois possédé par Riou Le Dimanac’h.

KERGONIAM. — Le tout dudit villaige autrefois possédé par Guillaume Le Penmert.

KEROUEZEC ou Kerouzec. — Le dit villaige autrofois possédé par Huon Dongoulen et Aliénore, sa femme, Jean Kerdegasse et Marguerite, sa femme et autres.

POULTREUC. — Le dit villaige autrefois possédé par Jean Keraoual et autres.

SQUIMUR. — Le dit villaige autrefois possédé par Yvon l’Official et autres.

LUZURIDIC. — Le dit villaige autrefois possédé par Guillaume Lamprat et autres et à présent par... (lacune).... Laquelle baronnie du Pont, château et dépendances apartiennent audit seigneur d'Ernothon par l'acquest qu'il en a fait de M. le marquis de Richelieu par contrat du.... 1685. (Archives de la Ch. des Comptes à Nantes. Domaine du Roi. Vol. 11, aveu n° 125).

20 juillet 1678. — Déclaration et dénombrement des terres et héritages que Messire Guy Visdelou, chevalier, soigneur du Hilguy, conseiller du Roy en son parlement de Bretagne, demeurant, hors son semestre, plus ordinairement en son château du Hilguy, paroisse de Ploecastel-Saint-Germain, tient noblement et prochement du Roy, nostre souverain seigneur sous son domaine de Quimpertin à devoir de lodz, ventes et rachaptz, laquelle déclaration il fournit et présente devant...
Lesquels héritages sont échus audit seigneur du Hilguy par le décez de Messire Jacques Visdelou, seigneur de Delien, son père arrivé le quatriesme juin mil six centz septante et trois, et sont situez : Sçavoir en la paroisse de Pluguffan, le village de Kergat tenu à domaine congéable par Jan Dagorn et Yves Le Guyader, pour en payer par an à chasque terme de la Saint-Michel, le nombre de quatre combles de froment, cinq combles de seigle, cinq combles d'avoine, deux chapons, corvées et champart (Archives de la Ch. des Comptes. Juridiction de Quimper. V. 8, aveu n° 60).

18 septembre 1681. — Déclaration et dénombrement des terres, fieffs, seigneuries, rentes et chefrentes que Messire François-Hyacinthe de Visdelou, chevallier, seigneur de Bienassis, La Gaublaie, l'Hostellerie, Abraham, Coatfao, Pratanras, Tregavan, Delien, Querlaouenan, Chef-du-Bois, etc., tient, possède et relève prochement et noblement du Roy... : Dans la paroisse de Pluguffan. La seigneurie lige avec tous les autres deux seigneuriaux sur une tenue au bourg parrochial de Pluguffan, nommé le lieu et manoir de Timeur, appartenant autrefois à René de Trémillec et Gilles Birouath (Ibidem. Domaine du Roi, V. 9, aveu n° 15).

19 novembre 1681. — Déclaration et dénombrement des maisons, héritages et droits que Messire Sébastien, chef de nom et d'armes de Querhoent [Note : DE KERHOENT. — Ancienne maison chevaleresque, portant pour armes : Ecartelé : au 1, et 4 : échiqueté d'or et de gueules ; qui est de Kergournadec'h, au 2° et 3° : d'azur à la fleur de lys d'or surmontée de deux macles de même, qui est de Kerriec-Coëtenfao, sur le tout : losangé d'argent et de sable, qui est Kerhoënt. Devise : Sur mon honneur. La terre de Coëtenfao, en la paroisse de Séglien, évêché de Vannes, relevait du duché de Rohan. Elle passa successivement par alliances des Kerriec aux Quellenec, puis aux de Ploeuc et aux de Kerhoënt], Quergournadec'h, chevalier, seigneur marquis de Coetenfao, comte Penhoet, Guzé et de Morizur, seigneur de Keraultret, Crenuhely, Loguevel, Querandraon, Querouzeré, Mescouin et le Parc Duault, etc. , rend et fournit au Roy nostre sire et souverain seigneur, sous son domaine de Quimper, aux charges et devoirs cy apprés déclarés, en quallité et comme père et garde naturel d'autre Messire François Toussaint de Querhoent, chevalier, seigneur marquis de Coetenfao, cornette en la compagnie de deux centz chevaux légers de sa majesté, servant ordinairement à la garde de sa personne, son fils aisné et ses autres enfants procréés de son mariage avec defuncte dame Renée de Quergoet, dame de Coëtanfao, vivant sa compagne, laquelle déclaration il fournit et presante au Roy devant vous messieurs les commisaires de la réformation dudit domaine de Quimper, desquels héritages et droits ensuit la description :

En Pluguffan, fief lige de la seigneurie de Kerezdrec sur le moulin de Kertmer, — et la tenue et convoenant de Lechuella au village de Kernison.

Le tout escheuz et advenue audit seigneur advouant en la dite qualité de la succession de ladite défuncte, dame de Coetenfao, vivante sa compaigne, décédée il y a environ quatre à cinq mois, à laquelle ils estaient escheuz de la succession de défuncte dame, Marguerite Loheach [Note : LOZÉACH. — Ancienne famille du pays de Morlaix. Dont un membre, Françoys Lozéach figure dans une montre passée à Vannes en 1492. Armes : Losangé d'or et de sable], vivante dame du Guylly, sa mère décédée il y a vingtz et deux ans, à laquelle ils estoient aussy escheuz da la succession de défuncte dame Blanche Loheach, vivante dame de Missirien [Note : AUTRET DE MISSIEREN. — Ancienne famille dont est issue Guy, vivant au XVIIème siècle, chevalier de Saint-Michel et auteur des Recherches sur l'histoire de Bretagne. Armes : D'or à cinq trangles ondées d'azur. Devise : Dré ar mor (Au delà des mers)], sa soeur, debcédé il y a trente et cinq ans et à laquelle ils appartenaient d'ancien patrimoine, suivant la déclaration et inféodation daptée du 19 juillet 1634, où il est reconnu que les sieur et dame de Missirien connaissent tenir du Roy les herritages et droits cy-dessus et à, cause d'icelle dame de Missirien (Archives de la Ch. des Comptes à Nantes. Domaine du Roi, Vol. 8, n° 97).

12 septembre 1689. — Déclaration et dénombrement des terres, fiefs, justices, droits honorifiques, préminences, prérogatives et franchises que humble et religieuse de l'ordre Saint-Benoit dame Jeanne de Thalhouët de Queraveon [Note : DE TALHOUET DE KERAVÉON. — Ancienne famille chevaleresque sortie dr la maison de Talhouët des anciens gouverneurs de Redon. Armes : Losangé d'argent et de sable], prieure claustrale des prieurés royaux d'anciennes fondations royales et ducales du grand Loc-Maria prés la ville de Quimper et du Quillion y annexées cy-devant à titre d'abbaye par les ducs de Bretagne, tient et possède prochement et noblement du Roy notre sire et souverain seigneur... :

Paroisse de Pluguffan : Droits et devoirs seigneuriaux sur le village de Kerverien, situé en ladite paroisse appartenant au seigneur d'Ernothon cy-devant possédé par le sieur de Tremillec pour en payer de chefrente à ladite dame par chacun an et terme de la chandelleur deux vases froment (Archives de la Ch. des Comptes à Nantes. Domaine du Roi, vol. 11, aveu n° 4).

25 janvier 1682. — Déclaration des maisons, manoirs, terres, héritages, fiefs, jurisdictions, droits apartenant à l'abbaye Nostre-Dame-de Querlot, ordre de Cîteaux, au diocèse de Quimper, que noble religieuse dame Anne des Coigneux [Note : LE COIGNEUX. — Ancienne famille originaire de Paris. Jacques Le Coigneux fut président au Parlement de Paris, chancelier du duc d'Orléans, frère de Louis XIII, père de Madeleine, abbesse de la Joie en 1648 + 1688, et d'Anne, abbesse de-Kerlot, + 1693. Cette famille posséda le marquisat de Bélabre, dans la Haute-Marche, en 1650. Armes : D'azur à trois porcs-épics d'or], abbesse de la dite abbaye fournit au Roy devant.... pour le village du Rhun (Ibidem. Juridiction de Quimper, vol. 6, aveu n° 84).

17 octobre 1680. — Déclaration des héritages dépendant de la chapelenye de Saint-Pierre de Pont-l'Abbé, tenus prochement et noblement du Roy nostre sire pour le domaine de Quimper : Savoir, la tenue de Leach Creis village de Luzuridic, en Pluguen.

20 août 1678. — Déclaration et dénombrement des maisons, terres et hérittages que honorable homme Paul Berger, marchand demeurant en ceste ville de Quimper, tient et possède prochement et noblement du Roy notre sire... Lesquels héritages consistent en... le lieu noble de Kerjosse scittué en la paroisse de Pluguffan. Le quel lieu est advenu audict Berger pour l'avoir acquis d'avecq messire Vincent du Menez et dame Françoise de Mcabé, son espouze, sieur et dame de Coatglas, par contrat du 29 septembre 1677. Pour raison desquels herittages, ledict Berger recognaist estre subiet et vassal de sa Majesté et lui debvoir l'obeissance, foy, hommage, lodz, ventes et rachapts quand le cas y advient (Archives de la Ch. des Comptes à Nantes. Domaine du Roi, vol. 8, aveu n° 63).

 

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Le seigneur de Pratanras et Coatfao recevait aussi l'hommage de plusieurs possesseurs de terres nobles, notamment des seigneurs de Kerlagatu (en Pluguffan) et de Kermabeuzen [Note : Kermabeuzen, aujourd'hui de Penhars, faisait autrefois partie de l'ancienne paroisse de Saint-Mathieu], ainsi que de l'abbesse du Calvaire [Note : Les Calvairiennes ou Bénédictines occupaient en 1684 le manoir de la Palue qui prit le nom de Calvaire, aujourd'hui le Séminaire]. C'est ainsi que nous voyons, le 15 mars 1775, un aveu rendu par écuyer Pierre-Guillaume Le Bouteiller, ancien officier d'infanterie, et dame Magdeleine-Renée Goueznou de Korlagatu, son épouse, icelle fille unique et héritière de feu écuyer Gabriel-Louis Gouesuou de Kerdour, seigneur de Kerlagatu. Ils reconnaissent devoir, à chaque terme de Saint-Michel, 6 deniers monnaie et 15 sols monnaie dessus une pièce de terre contenant deux arpents et demi, située aux issues de Kerlagatu ; et en outre une paire de gants sur le total du lieu, aux fins de transaction du 25 avril 1654 … et d'aveu du 23 novembre 1743. Kermabeuzen était chargé de 4 sols de cheffrente ou féodale pour le manoir, et de 10 sols et 8 deniers pour les parcs de Robigou (Notes de M. Trévédy).

Comme nous l'avons dit plus haut, les fiefs de Pratanras et de Coatfao avaient droit de haute, moyenne et basse justice. Le seigneur de Pratanras et Coatfao établissait ses deux hautes justices par des actes très anciens, et parmi ceux-ci une « Sentence portant réception de séneschal et procureur fiscal es cours de Coatfao et Pratanras au siège présidial de Quimper, du 16 janvier 1443 » (Trévédy, Promenade à Pratanras et Coatfao).

De la nomination d'un unique sénéchal et d'un unique procureur fiscal pour les deux fiefs, il ne faut pas cependant conclure qu'ils fussent réunis dans les mêmes mains avant l'acquêt de 1542 (Trévédy, Promenade à Pratanras et Coatfao).

En effet, nous voyons, dans Ogée, que les juges de Pratanras et de Coatfao siégeaient dans la même salle basse des Cordeliers à Quimper que les hautes justices de Quéménet, du Hilguy [Note : Du HILGUY. — Très ancienne famille de l'évêché de Quimper depuis longtemps éteinte. Messire Jean du Hilguy, escuier de M. le comte de Montfort, fils du Duc, vivait en 1400 et eut 8 aulnes de drap. Seigneurie en Plogastel-saint-Germain, près de Quimper. Armes : D'argent à la fasce de sable] et de Plessix-Ergué [Note : PLESSIX-ERGUÉ - Seigneurie très importante et dont relevait la plus grande partie de la paroisse d'Ergué-Armel, près de Quimper. Elle a appartenu pendant plusieurs siècles à la maison de Plœuc]. Signalons également un acte daté du 8 mars 1478, par lequel le seigneur de Pratanras et Coatfao réclamait les fourches patibulaires pour Pratanras en 1751 en ces termes : « A aussy (le seigneur) patibulaires à quatre piliers, de tout temps immémorial, aux issues du manoir de Pratanras, sur le grand chemin de Quimper aux villes de Douarnenez et de Pont-Croix, dans la paroisse de Penhars, dépendante du fief de Quémenet : carcan, ceps et collier ».

Cet aveu rendu par le duc d'Arenberg, le 27 novembre 1751, ne laisse aucun doute sur les patibulaires de Pratanras (Trévédy, Promenades à Pratanras et Coatfao) qui devaient se trouver à trois kilomètres environ du lieu où se dressait le gibet de Quéménet élevé sur la montagne de Roc'han.

Les prééminences dans les églises se partageaient inégalement entre Coatfao et Pratanras ; mais, tandis que Coatfao avait bien plus de cheffrentes [Note : Les cheffrentes ou rentes féodales étaient dues au seigneur à cause de l'inféodation primitive, et différaient des rentes convenancières ou censives] que Pratanras, ce dernier fief avait des prééminences dans un plus grand nombre d'églises ou de chapelles [Note : En effet, Pratanras possédait : à Saint-Corentin de Quimper, une vitre dans le transept et une autre au choeur ; au couvent de Saint-François, à Penhars, à Plonéis, etc, des vitres, des tombes armoriées et des écussons].

Coatfao n'avait de prééminences qu'à Meillard (aujourd'hui Meilars) et à Pluguffan : « une vitre et le droit de litre et lizière en dedans et en dehors comme seigneur fondateur » [Note : Le Litre « est une ceinture funèbre, de un pied et demi ou deux pieds de large, qui se peint autour des églises avec les armoiries des défunts ». (Trévédy)].

Messire Claude de Visdelou, ancien sénéchal de Quimper, rendit, le 4 août 1638, aveu au roi pour Coatfao et Pratanras. Dans cet aveu, les preuves, en ce qui concernait les prééminences, parurent insuffisantes, et la Chambre des Comptes, par arrêt du 13 juillet 1640, ordonna « qu'il serait, par l'un des Messieurs de ladite Chambre ou prochain juge royal des lieux, fait estât et procès-verbal des bancs, tombes, armes, écussons et lizières mentionnés audit aveu ». Le procès-verbal fut donc dressé le 19 août 1641 et jours suivants. Nous en extrayons les passages suivants pour ce qui concerne Pluguffan :

« Le sénéchal se rend d'abord à l'église de Saint-Corentin, puis il visite plusieurs autres églises ou chapelles. Pendant ce temps les chevaux ont été sellés. Les magistrats les enfourchent et partent pour Penhars, et de là se rendent à Pluguffan. — Ici les visiteurs éprouvent une désagréable surprise. La pointe de ce joli clocher qui se dresse si hardiment au milieu de l'église est tombée sur la toiture du choeur qu'il a enfoncée, et la vitre du chevet est brisée ».

Le recteur, missire Riollay [Note : M. Réallan et non Riollay] est appelé, et « juré sur ses saints ordres d'étre purgé de conseils, affection et pollicitation » — il « dit ladite église et couverture avoir été ruinées par le tonnerre en janvier dernier ». Mais il montre un fragment de vitre aux armes de Coatfao trouvé par lui dans les décombres « vitre qu'il avait toujours vue à la fenêtre du chevet » [Note : Arch. de la Ch. des Comptes à Nantes, aveu de Coatfao (1681) et M. Trévédy, Promenade à Pratanras et Coatfao].

Un peu plus tard dans un aveu fourni au roi, le 18 septembre 1681, par messire François-Hyacinthe de Visdelou, chevalier, seigneur de Bienassis, nous trouvons le passage suivant concernant les prééminences de Coatfao en l'église de Pluguffan :

« ... A cause de ladite terre et seigneurie de Coatfao ledit sieur advouant à un escusson en la maitresse vittre de l'église parroissiale de Pluguffan au-dessus du grand autel au principal point et milieu de la roze qui est au-dessus dudit maistre autel, lequel escusson est de verre et contient : d'argent à trois testes de loup de sabie deux et un, arrachées et lampassées de gueules. Lequel escusson a esté mis au lieu et place d'un autre portant d'or « à trois pots de gueules » qui estaient les armes de la dicte maison de Coatfao, et ny avoit autres armes ny escussons en la ditte maistresse vittre dans laquelle il a droit de listre et lizière dehors et dedans comme seigneur supérieur et fondateur... » (Ch. des Comptes (Nantes), Aveu de Coatfao (1681).

Nous n'énumérerons point les nombreuses prééminences de Pratanras qui, ainsi que nous l'avons dit, était de la paroisse de Penhars.

Parmi les droits du seigneur de Coatfao nous mentionnerons deux droits singuliers : le droit de sonnerye et de cueillette des oeufs. Voici en quoi ils consistaient : le seigneur de Coatfao faisait sonner de la corne « en la ville et église cathédrale de Quimper les Jeudi absolu [Note : Jeudi de l'absolution, le jeudi saint. C'est ce jour que dans la primitive Eglise d'Occident se donnait l'absolution aux pénitents publics. (Trévédy)], Vendredi saint et Samedi de Pasques ».

Son droit de cueillette des oeufs « consistait à lever, le mardi de Pâques, par les hommes qui avaient corné la semaine précédente, deux oeufs de chaque maison où il y a gens mariés, et un oeuf de chaque maison où il y a veuf ou veuve ». Les maisons non habitées ou occupées par des célibataires n'étaient pas soumises au droit.

On rapporte aussi que le seigneur laissait les oeufs aux vassaux qui les avaient cueillis, et, de plus, que ces derniers avaient « le droit de lever, faute de paiement, les serrures avec tenailles et marteaux ». [Note : Arch. de la Ch. des Comptes à Nantes. Aveu de Coatfao (1681) et M. Trévédy, Promenade à Pratanras et Coatfao].

Ces droits singuliers furent contestés plusieurs fois, et cependant il est de tradition que la sonnerie, la cueillette des oeufs et l'enlèvement des serrures se sont exercés jusqu'en 1789.

Voici, en outre, qu'elle serait l'origine du droit de sonnerie : Lors de la reconstruction de la cathédrale, l’évêque Bertrand de Rosmadec (1417-1445) eut besoin d'une énorme quantité de pieds de hêtres. Le sol de Coatfao (bois du hêtre) en était couvert. Le seigneur (c'était alors Henri du Guermeur, Pierre de Rostrenen ou Jean II du Pont) les offrit gratuitement ; et l'évêque reconnaissant, pour perpétuer le souvenir de cette libéralité, concéda à Coatfao le droit de sonner dans l'église et dans les rues de la ville épiscopale (Trévédy, Promenade à Pratanras et Coatfao).

Le droit de cueillette des oeufs était aussi exercé très anciennement et en pleine vigueur au XVème siècle.

Le seigneur de Coatfao avait aussi le droit de bouteillage [Note : « Le droit de bouteillage, dit dont lobineau, estoit un des plus considérables (des droits féodaux). Les seigneurs levoient de grands droits sur la vente du vin et de tous autres breuvages, comme la cervoise, le medon ou hydromel, le piment et le cidre ». Dom Lobineau, tome 1er, page 201, livre VI. CX. Le Piment était du vin rouge préparé avec des épices] qui consistait à prélever « un pot ou bouteillée de cinq pintes de vin et deux denrées de pain de chaque vaisseau qui entre et décharge vin en la rivière de Quimper », c'est-à-dire « aux quais de la ville ».

Ce droit était fort ancien et s'exerçait sans interruption depuis 1589. Il paraîtrait même que la bouteille pouvait « être prise d'une de trois barriques que le seigneur pouvait faire percer pour en avoir le choix ». Ce droit fut toujours reconnu jusqu'en 1789 (Arch. de la Ch. des Comptes à Nantes. Domaine du Roi. Vol. 9, aveu n° 15, de 1681).

Coatfao, situé à environ 3000 mètres du clocher de Pluguffan, à droite en allant de Pluguffan à Guengat, occupe le sommet d'un plateau et domine une certaine étendue. Nulle trace de maison seigneuriale ou de manoir, tout a disparu, il ne reste plus que l'habitation du fermier.

D'après Ogée « les maisons nobles de Coetfao, Quernesic, la Boexière et Tremillec appartenaient en 1380 à René de Trémillec, sieur de la Boexière et de Tremillec » [Note : DE TRÉMILLEC. — Cette maison, très anciennement connue dans l'évêché de Quimper, a comparu aux réformations et montres de 1426 à 1562, dans cet évêché. Elle possédait de nombreuses seigneuries, celles : deTrémillec, par. de Plomeur ; — du Merdy, de Corniguel, de la Boessière, par. de Pluguffan ; — de Keruzan, par. de Loctudy ; — de Kerbohic, par. de Plonéour. Messire Ronan de Tremillec, vivant en 1533, avait épousé noble demoiselle Marguerite de Tréganvez, dame de Tromelin. Cette maison s'est fondue dans la famille Billouart. Armes : De gueules à 3 croissants d'argent. (P. De Courcy, Armorial de Bretagne, et M. Le Men, Monographie de la Cath. De Quimper.)].

Au commencement du XVème siècle, la seigneurie de Coatfao appartenait, croyons-nous, à Henri du Guermeur.

Le sire Pierre de Rostrenen comparait à la réformation des fouages en 1426 comme seigneur de Coatfao « à cause de sa femme ».

Haut et puissant seigneur Jean II, baron du Pont [Note : DE PONT-L'ABBÉ — Maison d'antiquité chevaleresque dont un membre Hervé, chevalier, sgr. du Pont-l'Abbé, vivait en l'an 1236. Armes : D'or au lion de gueules, armé et lampassé d'azur. Devise : Heb chench (Sans varier)], est seigneur de Coatfao lors de la réformation de 1441. Il avait épousé la fille de Pierre de Rostrenen. Les seigneurs baron du Pont possédèrent le fief de Coatfao jusqu'après 1539, et l'un d'eux resta dix-huit ans sans en percevoir les revenus.

En 1542, la seigneurie de Coatfao passa par acquêt dans les mains du seigneur de Pratanras qui était à cette époque Rolland de Lezongard [Note : DE LEZONGARD. — La maison de Lezongard, issue d'antiquité chevaleresque, considérable et illustre en Cornouaille, était des plus florissantes au début du XVème siècle. On la voit comparaître aux montres et réformations, de 1426 à 1536 dans les paroisses do Cleden-cap-Sizun, Plogastel-St-Germain, Penhars, Pluguffan, Buzec-cap-Caval, évêché de Cornouaille. — Messire Rolland de Lezongard, seigneur de Pratanras, chanoine de Saint-Corentin en 1418 ; — Messire Thébaud de Lezongard, vivant en 1441 ; — Maître Hervé de Lezongard, chanoine et trésorier de Cornouaille, en 1533 ; — Messire Rolland de Lezongard, sgr. de Pratanras en 1533 ; — Messire Ronan de Lezongard, sgr. de Pratanras ; — Messire Christophe de Lezongard, sgr. de la Bouëxière, Lezongard, etc, vivant en 1536 ; — Noble Demoiselle Marie de Lezongard, avait épousé, vers 1470, Jean Le Heuc. — Cette maison possédait des fiefs très importants et nous citerons parmi ceux-ci celui de Lezongard, par. de Plouhinec ; — de Kerespern, par. de Cléden ; — du Hilguy, par. de Plogastel-Saint-Germain ; — de Pratanras, par. de Penhars ; — La Bouessière, par. de Pluguffan ; — de Lestiala, par. de Beuzec. — La branche, aînée s'est fondue dans Le Heuc ; la branche du Hilguy dans Quélennec, puis Visdelou. — Armes : D'azur à la croit d'or ; alias : cantonnée à dextre d'une fleur de lys de même. (P. De Courcy. Armorial de Bretagne ; M. Le Men, Monog. de la Cath. de Quimper ; Anciennes Réformations)], croyons-nous. De ce moment date la réunion définitive des deux fiefs.

Très ancienne, la terre de Pratanras, « a donné son nom à une ancienne famille ayant pour armes une croix pattée d'azur, et qui s'est fondue dans la maison du Juch, vers la fin du XIVème siècle » (Ogée, Dict. de Bretagne, t. II, p. 266). Dans la suite cette terre passa à la maison du Quellenec, puis à la maison de Visdelou par le mariage, à la fin du XVIème siècle, de Gilles de Visdelou, seigneur de la Goublaye, avec Françoise du Quellenec, dame de Bienassis.

Messire Claude de Visdelou, ancien sénéchal de Quimper, président du Parlement, fils des précédents, rend aveu au roi, le 4 août 1638 pour ses terres de Coatfao et de Pratanras. Il avait épousé Jeanne de Guer [Note : DE GUER. — Jeanne de Guer était fille de haut et puissant Charles de Guer, sgr. de la Porte-Neuve, et de Marie Papin, héritière et dame de la Tevinière et de Pontcallec. Armes : D'azur à 7 macles d'or : 3. 3. 1, au franc-canton d'argent fretté de huit pièces de gueules. — Devise : Sine maculis (Sans tache)].

Charles de Visdelou, seigneur de Bienassis, lui succède ; il épouse en 1648, Renée du Breil du Rest.

François-Hyacinthe de Visdelou, chevalier, seigneur de Bienassis, fils aîné des précédents, se marie à Marie-Anne Salou, dame de Toulgoet (fille de messire Olivier Salou, sgr de Toulgouët, et de Marie Furic). [Note : De Salou porte : D'argent à trois hures de sanglier de sable]. Il figure comme seigneur de Pratanras et de Coatfao.

Ces deux fiefs appartiennent encore, en 1722, à la maison de Visdelou, car nous voyons « un bail fait, le 7 mai 1722, au nom de Radegonde de Visdelou [Note : Radegonde de Visdelou était fille de François-Hyacinthe de Visdelou et de Marie-Anne Salou], par Jean Le Jadé, en même temps notaire royal, procureur au présidial de Quimper et procureur fiscal de Pratanras et de Coatfao ».

François-Joseph de Derval, seigneur de Kergoz, fournit au roi, le 4 avril 1731, un aveu pour Pratanras et Coatfao (M. Le Men, Monog. de la Cath. de Quimper, page 136). [Note : DE DERVAL. — Très ancienne, cette maison a été reconnue noble d'ancienne extraction chevaleresque à la réformation de 1669. — Des 1476, sans remonter plus haut, vivait messire Georges de Derval, sgr. de Lanceulle, demeurant en la paroisse de Janzé, évêché de Rennes. Il était capitaine des châteaux de Fougères et de Derval et épousa Marie Bonenfant. Ils sont les auteurs des différentes branches de cette maison. Armes : D'azur à la croix d'argent frettée de gueules. Devise : Sans plus. (Bibl. personnelle, Armorial mss. et réformation)].

En 1741, les droits seigneuriaux de Coatfao et Pratanras étaient exercés par haut et puissant seigneur, Louis Engelbert, comte de la Marck, qui avait épousé Marie-Anne Visdelou de Bienassis [Note : DE LA MARCK. — La maison de la Marck, originaire de Westphalie, date du milieu du XIIIème siècle. Elle acquit successivement les comtés de Clèves, de Berg et de Juliers, et commença d’avoir des possessions sur le territoire de la France actuelle en 1424, quand Evrard de la Marck fit l'acquisition de la seigneurie de Sedan. La maison de la Marck forma les branches des ducs de Clèves et de Nevers, des seigneurs d'Arenberg, de Sedan, de Fleuranges, et de Lumain. Le Comté de la Marck incorporé, en 1807, au grand duché de Berg, fut rendu en 1815, à la Prusse], tuteur de sa fille, unique héritière de sa mère morte en 1731.

Puis par le mariage de Mlle. Marguerite-Irès de la Marck [Note : Il s'agit de Louise-Maguerite, fille de Louis-Engilbert, marié en 1727 à Marie-Anne-Hyacinthe Visdelou) avec très haut et très puissant Charles-Léopold, duc d'Arenberg (ou Aremberg), en 1749 (ou 1748), les fiefs de Pratanras et de Coatfao tombérent dans cette maison [Note : D'ARENBERG ou D'AREMBERG.- La maison d'Arenberg, ainsi nommée du bourg et du château du même nom, situés dans la régence de Coblentz. Les possessions des burgraves d'Arenberg passèrent au XVème siècle aux comtes de la Marck et, en 1547, aux seigneurs de Barbançon-Ligne, qui, en 1576, furent créés princes de l'Empire. Philippe-Charles d'Arenberg (1612) fut le fondateur de la maison actuelle d'Arenberg. Sous son fils, Philippe-François, le territoire d'Arenberg fut érigé en duché, en 1644. — Par son mariage, en 1547, avec la fille unique de Robert de la Marck, comte d'Arenberg, Jean, comte de Ligne, fut substitué, par contrat de mariage, aux noms et armes de son beau-père. Armes : De gueules, à trois fleurs de neflier de cinq feuilles d'or, percées du champ, barbées de sinople].

Ces deux fiefs furent achetés en 1781 par M. de Madec [Note : DE MADEC. — D'azur à l'épée flamboyante d'argent en fasce ; la garde et la poignée d'or, accompagnée en chef d'une étoile d'argent et en pointe d'un croissant d'or. Devise : Nullis perterrita monstris, (Il n'est effrayé par aucun monstre). Cette devise fut concédée à Nabad Madec, gouverneur du Mogol, puis colonel d'infanterie et chevalier de Saint-Louis, à l'occasion de son annoblissement (1780). — (M. E. de Boceret, Devisaire de Bretagne)], alors âgé de 48 ans. Mais il ne devait pas en jouir longtemps, car il mourut le 27 juin 1784 et fut inhumé dans une des quatre tombes qu'il possédait comme seigneur de Pratanras, devant l'autel de l'église des Cordeliers (Trévédy, Pratanras et Coatfao). M. de Madec laissait quatre enfants, dont trois filles. L'aîné, Balthazar-René-Félix, mort à Pratanras le 16 janvier 1865, continua la descendance ainsi que la plus jeune des filles, Marie-Henriette, née à Pratanras, en 1782. Elle épousa M. Bonaventure-Augustin d'Amphernet [Note : D'AMPHERNET. — Cette ancienne famille a obtenu les honneurs de la Cour sur preuves faites au cabinet des Ordres du Roi. Elle fut maintenue en 1677 avec le titre de baron de Mont-Chauvet et de Pont-Bellanger. Armes : De sable, à l'aigle éployée au vol abaissé d'argent, becquée et membrée d'or], issu d'une maison d'antiquité chevaleresque de Normandie, que d'anciens et glorieux souvenirs rattachaient à la Bretagne et dont les descendants possèdent encore aujourd'hui la terre de Coatfao.

Actuellement le château et le terre de Pratanras, situés à environ 3000 métres de Quimper, près de la route de Quimper à Douarnenez, se présente dans un site charmant avec ses bois, ses prairies et ses taillis fortement vallonnés. Pratanras a été acheté en 1889 par M. d'Engente [Note : BIGOT D'ENGENTE : Ancienne famille originaire de Normandie, maintenue dans cette province, lors de la réformation de la noblesse en 1670. Armes : D'argent au chevron de sable, accompagné de trois roses de gueules].

(Paul Aveneau de la Grancière, 1896).

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