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L'EGLISE ET LE CIMETIERE DE PLUGUFFAN.

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Sous la domination de Rome, à la suite de la conquête de l'Armorique par César, l'aspect moral et matériel de la contrée se modifia profondément. La doctrine de l'Evangile, prêchée par les moines, ces hardis pionniers, répandit ses lumières dans les campagnes de la cité des Corisopites en suivant dans le principe les routes frayées par la civilisation romaine.

Mais ce premier triomphe de la religion chrétienne sur la barbarie dura-t-il longtemps ? C'est assez peu probable, car dès la fin du IIIème siècle commençaient les invasions sous lesquelles succombèrent peu à peu l'Empire romain. En effet, la puissance romaine s'affaiblissant toujours s'écroula bientôt pour faire définitivement place au christianisme qui se répandait de plus en plus par la voix des évêques et de leurs pieux auxiliaires. C'est alors qu'on vit surgir, au milieu des déserts incultes, l'action des apôtres du Christ et celle des barbares se livrant à l'agriculture. C'est là, aussi loin que nous pouvons remonter, le commencement de ce qui, dans la suite, forma la paroisse.

Enfin, vers le milieu du Vème siècle, les Bretons chassés par les invasions barbares (particulièrement par celles des Angles et des Saxons), quittèrent leur patrie et vinrent chercher un refuge en Armorique. Cette immigration dura pendant le VIème et le VIIème siècle et le nombre des émigrés finit par dépasser le beaucoup celui des indigènes armoricains, Aussi sans guerre, sans secousse, en résulta-t-il une transformation générale [Note : En effet, ils changèrent bientôt les noms et les limites des territoires ainsi que des villes et en fondèrent de nouvelles], le triomphe définitif du christianisme et bientôt après la formation de la petite nation-celte-bretonne.

Il faut donc remonter à cette époque pour trouver avec plus de certitude, les premiers groupements formés par ces bandes d'émigrés s'établissant dans un endroit quelconque sous la direction d'un chef spirituel et sous la protection d'un chef guerrier, fragments des anciens clans, disséminés un peu partout sur le territoire de l'Armorique. Puis, les indigènes armoricains qui avaient été si éprouvés sous la domination romaine et par les invasions [Note : Tout le monde sait par les historiens combien les exactions du fisc impérial et les ravages des barbares avaient dépeuplé la Gaule toute entlère et principalement l'Armorique. (Procope)], furent attirés par les moeurs paisibles de ces nouveaux envahisseurs et vinrent d'eux-mêmes se mettre sous l'égide de leur religion et de leur loi.. De ce moment date la construction probable d'une chapelle rurale ou un oratorium, autour duquel se groupa la population qui forma, dans la suite, la paroisse.

L'origine de la paroisse de Pluguffan est certainement très ancienne et quoique nous n'ayons trouvé aucune preuve certaine, nous pouvons affirmer qu'elle formait, nous ne dirons pas une paroise, mais un plou [Note : Il en est de même pour les termes celtiques : Loc ou Loch, Guic, Lant, Bran, Dan qu'on accolait avant le XIIème siècle au nom du patron de la localité, de la chapelle ou du monastère], c'est-à-dire un territoire occupé par une population, dès le VIème siècle, et qu'elle était définitivement constituée en paroisse au IXème siècle. La dénomination de plu ou plou indique toujours et très sûrement une antique origine, car ce n'est qu'au XIIème siècle qu'on donna à la paroisse rurale le titre de parrochia [Note : Le mot parrochia désignait avant le douxième siècle le diocèse où le clergé était dissémin] ; jusque-là elle était appelée plebs en latin et plo ou plou en breton et par corruption plu, pleu, plou, etc. Le plou, c'était la paroisse primitive, religieuse et civile tout à la fois, dont le chef, princeps plebis, prince de la population, tyern ou machtyern, magistrat héréditaire, exerçait une autorité pleine dans l'ordre civil et judiciaire excepté dans la guerre dont le haut commandement revenait aux rois ou comtes qui régnaient sur ces premiers petits états ou petites principautés qui devaient dans la suite former le duché de Bretagne ; ils n'exerçaient guère leur souveraineté que dans l'ordre militaire. Le plou n'était pas seulement sous la domination d'un tyern, magistrat et chef guerrier tout à la fois, mais aussi sous l'administration bienfaisante d'un ou plusieurs prêtres ou moines, chefs spirituels.

De même que pour les diocèses, l'organisation des paroisses fut l'oeuvre du temps et pendant plusieurs siècles Pluguffan, Pluguen en breton, resta donc ce qu'il était dans le principe le plou, la population, le peuple de Guen. Seule la construction d'une humble chapelle ou un oratorium [Note : A cette époque reculée la construction de ces oratoires était bien rudimentaire. Bâtis avec de la terre et du chaume, ils étaient fermés par des claies, et du reste, c'était la méthode employée pour les maisons en Armorique. Ce n'est guère qu'au Xème et XIème siècles qu'on éleva dans les campagnes des églises en pierre] lui donna une plus grande importance et attira sur ce point un groupement de population qui devait, mais bien plus tard former la paroisse.

Saint Guffan, Sant Keon, en breton, le patron actuel de la paroisse est complètement inconnu ; mais comme le nom primitif et breton, de Pluguen [Note : Avant le Xème siècle on appelait les saints par leurs noms, sans qualificatif : on disait : Guen ; et non saint, sant, Guen], l'indique et comme tout porte à le croire, la paroisse devait être anciennement sous le vocable de sainte Guen (sainte Jeune) mère de saint Guénolé [Note : « Le père et la mère de saint Guénolé, dont on ne sait rien de plus que ce que nous avons dit, sont reconnus pour saints dans la province ; Fracan, son père, était autrefois patron de la paroisse de Plou-Fragan, dans le diocèse de Saint-Brieuc, de laquelle on dit qu'il a été seigneur ; et Guen, mère de saint Guénolé, qu'on nomme communément sainte Blanche (Sainte-Jeune dans le Finistère) est également honorée d'un culte public. Il y a dans le diocèse de Quimper une paroisse de ce nom, qui était jadis de celui de Léon (?) ; elle est appelée Ploe-Guen, et une autre du même diocèse nommée Saint-Frégan…… ». (Dom Lobineau. Vies des Saints de Bretagne. T. I p. 96). Dans les archives de la famille Urvoy de Portzamparc (seigneurie de Portzamparc 1706) nous trouvons ce passage où on verra l'analogie de Guen, June et Jeune : Chapelle de Sainte-Jeune. — « Item, les droits de prééminances et prérogatives dans l'église et chapelle de Sainte-June estante des dépendances du lieu noble de Kerven, situé en ladite paroisse de Plounevez, avec une grande parcelle de terre étante au bord d'une lande ou rosiere nommée Bonguen en ladite frérie de sainte June relevante du flef de Rosunbo-Lesnevez et envers iceluy quitte de rente ny de cheffrente.... »]. La corruption du langage et l'ignorance du clergé et des populations au milieu des nombreuses invasions et des révolutions ont, selon toutes probabilités, insensiblement changé le nom et le sexe du patron pour en faire un Saint-Guffan ou Saint-Keon dont on n'a jamais trouvé aucune trace.

On a écrit Pluguffan de bien des manières ; ainsi nous trouvons dans un acte de 1231, le plus ancien que nous ayons vu citant la paroisse de Pluguffan, et, par lequel, Guiomarch, vicomte de Léon, du consentement de Monsieur Henry d'Avaugour, donne à Geoffroy Tornemine et à ses héritiers « omne nemus suum de Parrochia de Pluguyan, prout fetum est in eadem... » [Note : F. Augustin du Paz, Histoire Généalogique, (seigneurs de la Hunaudaye), 1620, p. 147] : dans le cours du XVème siècle : Plœgunan, Plœgriffan, Plœguffen [Note : Mss des anciennes Réformations, (Bibl. de Nantes)] ; au XVIème siècle : Plœgnan, Plœguffen et enfin Pluguffan. Tout cela, variations plus ou moins correctes du vrai et ancien nom breton, Ploguen, Plœguen, Pluguen, population, peuple blanc, et dans la suite peuple de Guen (de Jeune). Sans rien préciser de ce que nous avançons, on a très bien pu donner pour patron à ce plou, ce lieu, territoire, guen, blanc, le saint ou la sainte, dont le nom offrait le plus d'analogie avec le nom du lieu [Note : Le nom des terres vient le plus souvent d'un événement, de la situation ou de l'état du lieu au moment de l'occupation et on a très bien pu donner pour patron à ce lieu, le saint dont le nom offrait quelque ressemblance. Il y a bien des exemples en Bretagne].

D'où il résulterait que sainte Guen (sainte Jeune) a été la patronne primitive de Plou-Guen, qui, par corruption, dans la suite, est devenu Pluguffan. Et comme preuves, nous ajouterons qu'il existait anciennement au village de Keranguen, à un kilomètre au sud du bourg, une chapelle sous le vocable de Sainte-Guen, et au village de Saint-Guénolé, sur la route de Quimper à Plonéour-Lanvern, une autre chapelle dédiée à saint Guénolé.

D'un autre côté, ne pouvant rien préciser de bien certain, et pour en revenir à ce que nous disions plus haut, c'est, peut-être, sainte Guen qui, patronne primitive de la paroisse, a imposé à la locatité son nom. De toute façon, sainte Guen est bien la patronne primitive de Pluguen, qu'elle ait imposé son nom ou, au contraire, qu'on l'ait choisie pour patronne à cause de la ressemblance avec le nom du lieu, et nous ne voyons à lui opposer qu'un concurrent, ce serait : saint Guenegan, IIème évêque de Quimper, qu'on trouve aussi sous les noms suivants : Cognogan, Conocanus, Conogan, Guennuc, Venerandus Albinus, vivant au Vème siècle et qu'on fête le 15 octobre (Dom Lobineau et Albert Le Grand).

Nous n'entrerons point dans de plus grands détails concernant les origines et l'histoire des développements successifs de la paroisse de Pluguffan, pendant la longue période qui s'étend du VIIIème au XIème siècle, d'autant qu'ils sont très obscurs et forts difficiles à prouver. Du reste, ils se résument par les débats continuels de la nouvelle paroisse au milieu des guerres, des luttes sanglantes, signalées tour à tour par des désastres et des périodes de calme. Puis vint l'an mille qui, par suite de la croyance générale qu'on avait, devait amener la fin du monde, et provoqua un désarroi complet, un redoublement de piété et enfin fut suivi d'une réaction bienfaisante. « Aussitôt, disent les chroniqueurs, les peuples ressentant en eux-mêmes comme une vie nouvelle, se laissèrent aller à des transports de joie. A une morne stupeur on vit succéder une activité extraordinaire et l'humanité rassurée se remit à vivre, à travailler et à bâtir ». — Cette époque fut marquée par un grand mouvement de renaissance religieuse et sociale et fut suivie d'une reconstruction à peu près générale des églises. Selon toutes probabilités à Pluguffan, comme ailleurs, ou dut remplacor l'humble oratoire par un édifice du XIème siècle dont on pourrait, peut-être, retrouver des traces, tout au moins dans les fondations de l'église actuelle, bien qu'elle ait subi à différentes reprises, de nombreux changements dans le cours des siècles jusqu'à nous.

Aujourd'hui, en débouchant à Pluguffan par la route de Quimper à la grève de Penhors, l'œil de l'archéologue, de l'artiste rencontre du premier coup un ensemble de monuments caractéristiques. En approchant de l'église, son regard embrasse une quantité de petites merveilles : le clocher à jour, le porche, le calvaire et l'ensemble architectural vraiment si parfait de la charmante petite église de Pluguffan.

Remontant au XVème siècle, elle appartient presque en entier au style ogival tertiaire et est orientée de l'ouest à l'est. Ce grâcieux édifice est certainement l'un des plus jolis de la contrée, la flèche élégante élancée de son clocher, flanquée d'un gentil tourillon, fait de son aspect extérieur une chose curieuse et agréable à voir. L'intérieur n'est pas moins remarquable. Il se compose du choeur et de la nef avec bas-côtés formés d'arcades ogivales dont les voussures prenant naissance dans les piliers sans chapiteaux se prolongent en arceaux aux nervures très saillantes et prismatiques. Puis vient l'arc dans le même style, qui unit la nef au choeur, et dont les nervures sont plus accusées.

Le choeur a deux bas-côtés dont chacun est formé de colonnes avec chapiteaux ornés de sujols grossièrement exécutés, et d'arcades toujours dans le même style. Le vitrail du chevet, belle et grande fenêtre ogivale du XVème siècle, est très élégant de forme : la partie supérieure est composée d'une rosace ; la partie inférieure est divisée par deux meneaux formant trois baies trilobées, dont les vitraux représentent Notre-Seigneur en Croix, la Vierge et saint Jean. Au fond du choeur, se dresse le maître hôtel en marbre blanc, d'exécution récente, et dont le devant est orné d'un médaillon sur lequel repose l'agneau nimbé. Les coins de l'autel sont garnis d'anges adorateurs. Les deux autels des bas-côtés ornementés dans le style du XVIIIème siècle se trouvent placés sur le même plan.

L'autel principal est dédié à saint Guffan, le patron actuel de la paroisse ; celui du bas-côté nord à sainte Barbe, et celui du bas-côté sud à Notre-Dame-de-Pitié, cette dernière statue d'une grande naïveté d'exécution.

Du côté de la nef, le choeur se termine par deux énormes piliers cylindriques dont l'arcade se prolonge en nervures saillantes qui, séparant le choeur de la nef, supportent l'élégante fièche qui surmonte l'édifice. Dans le pilier de droite se trouve l'escalier du clocher ; ces deux piliers servent aussi d'appuis à la table de communion. Le choeur est également orné de plusieurs statues anciennes et de stalles en bois sculpté, oeuvre récente.

En descendant du choeur dans la nef, on remarque deux chapelles, l'une au nord sous le vocable de Notre-Dame-du-Rosaire, l'autre au sud dédiée au Sacré-Coeur, qui forment avec le reste de l'église les deux bras de la croix dont le choeur et la nef forment le tronc. Dans ces deux chapelles existent encores enfeus avec les écussons malheureusement effacés des anciens seigneurs ; dans chacune de ces chapelles se trouve un confessionnal qui n'a rien de remarquable.

L'une et l'autre sont éclairées par de belles fenêtres ogivales formées de trois baies trilobées dont les vitraux nouvellement posés méritent une petite description.

Le vitrail de la chapelle de Notre-Dame-du-Rosaire est surmonté des armes du Pape Léon XIII, puis de celles des familles de Lécluse de Longraye et Urvoy de Portzamparc. Dans le panneau du milieu : la Vierge assise tenant dans ses bras l'Enfant Jésus ; dans le panneau de droite : saint Dominique à genoux, et derrière lui saint Gabriel debout, tenant un lis. Dans le panneau de gauche : le Pape Léon XIII agenouillé, accompagné de saint Michel couvert d'une armure, debout et l'épée à la main.

Le vitrail de l'autre chapelle représente, dans le panneau du milieu : Notre-Seigneur assis et montrant son coeur ; dans le panneau de droite : Monseigneur de Saint-Luc, agenouillé et derrière lui, debout, saint Jean l'Evangéliste ; dans le panneau de gauche : Madame Victoire de Saint-Luc, agenouillée, tenant à la main une image du Sacré-Coeur [Note : Son zèle à propager ces images fut le prétexte de son arrestation et Victoire de Saint-Luc fut guillotinée à Paris avec ses parents, pendant la Terreur], et debout derrière elle, la Bienheureuse Marguerite-Marie. Au haut du vitrail sont placées les armes de Monseigneur de Saint-Luc (coupé d'or et d'argent au lion de l'un en l'autre, armé, lampassé et couronné de gueules), et au-dessous celles des couvents de la Visitation et de la Retraite de Quimper.

La nef, grande, bien proportionnée, est éclairée par de belles fenêtres ogivales qui ouvrent sur les bas-côtés. La voûte de forme cintrée, sans pendentifs, est lambrissée et en très bon état, ayant été dernièrement restaurée et peinte ; elle repose sur des poutres à rainures, également peintes, placées sur le sens de l'épaisseur des murs. Les arcs de voûte sont aussi peints et à rainures, et forment avec l'ensemble un travail très régulier. La chaire, oeuvre récente en bois sculpté, se trouve dans la nef. Il n'y a pas de transept, la nef allant jusqu'au choeur [Note : Tout l'intérieur de l'église a été entièrement restauré : les piliers, colonnes, fenêtres etc., ont été repiqués ; le tout exécuté avec le plus grand soin et sous la direction de Monsieur l'abbé Le Guédès, recteur de Pluguffan].

Le porche situé au sud, charmant morceau du XVème siècle, forme un avancé dont le sommet en pignon est garni de crosses et se termine en fleuron pédiculé ; aux angles grimacent deux gargouilles. A gauche et à droite s'élèvent sur des contreforts deux pinacles ornés de crochets. La porte ogivale, d'un bon style, est environnée d'une archivolte ornementée de crochets et surmontée d'un panache fleuronné. Une autre baie, moins décorée, donne accès dans la nef ; deux arcades ogivales aveugles, décorent les faces latérales intérieures du porche et reposent sur deux bancs en pierre. Des angles de la voûte partent deux arceaux liés, au centre, par une clef quelque peu ornementée. Au-dessus de la porte, se trouve une petite niche de style renaissance.

Une autre porte ogivale, assez grande mais beaucoup plus modeste, se trouve au fond de la nef, ouvrant également sur le cimetière à l'ouest de l'édifice. Une petite porte à plein-cintre donne aussi accès dans le bas-côté sud du choeur. La sacristie placée au nord ouvre sur le bas-côté du choeur ; construction assez récente, elle n'offre rien de particulier; l'intérieur est bien installé.

Le clocher, son tourillon, les fenêtres et les portes se trouvent plus ou moins garnis de pinacles, de crochets, de festons, de gargouilles ou de fleurons et forment un ensemble de très bon style, bien compris et de bon goût, sans exagération dans les ornements qui donne à cette petite église un aspect plein de charme.

Le choeur et son entrée, le clocher et le porche doivent, croyons-nous, remonter au XVème siècle ; plusieurs parties du reste de l'église sont de construction plus récente.

La statue de Notre-Dame-du-Rosaire est une oeuvre qui ne manque pas de mérite et nécessite une petite description. Elle est en bois point, environ 1m 10 de hauteur. La Vierge debout, vêtue d'une robe blanche et d'un manteau brodé de fleurs d'or, tient dans les bras l'enfant Jésus dont le sourire est plein de douceur. Quant aux autres statues, tant vieilles que nouvelles, elles n'ont aucune valeur artistique.

Le principal et premier patron de Pluguffan, saint Guffan ou Kéon, en breton, dont on ne connaît pas l'origine, est représenté en évêque et sa statue est placée à droite au fond du choeur ; transformation qui ne laisse pas d'être curieuse, car selon toute probabilité saint Guffan n'est autre que sainte Guen mère de saint Guénolé ; ainsi que nous l'avons démontré. La bannière de saint Guffan est portée à toutes les processions et son pardon a lieu a l'église paroissiale le dernier dimanche d'août.

Saint Blaize, second patron de Pluguffan, a son pardon le premier dimanche de mai. Il a la vertu de préserver des épidémies de toutes sortes et de guérir spécialement les maux de gorge. Le jour de son pardon, le recteur ou son vicaire fait baiser ses reliques aux fidèles, puis, à la suite de cette cérémonie le recteur bénit deux cierges destinés à être prêtés aux malades qui, les font toucher à leurs maux. Les reliques de saint Blaize sont toujours exposées sur l'autel du bas-côté gauche du choeur où est aussi placée la statue de sainte Barbe, représentée appuyée sur une forterresse ; nous ignorons si elle est l'objet d'une dévotion particulière. La statue de sainte Marguerite est posée sur l'autel du bas-côté droit du choeur à côté de celle de Notre-Dame-de-Pitié ; sainte Marguerite est invoquée dans les maladies.

Parmi les saints les plus en honneurs à Pluguffan, il faut citer saint Sébastien, représenté attaché à une colonne et le sein percé de flèches, puis, et celui-là le dépassant de cent coudées, saint Herbot, le patron des bestiaux. En effet, chaque dimanche au prône on énumère les nombreux dons faits à Saint-Herbot. Souvent le bon saint les partage avec saint Antoine, Notre-Dame-de-Graces, dont nous parlerons, Notre-Dame-du-Rosaire ou même avec Notre-Dame-de-Lourdes. Aussi entend-t-on le recteur dire au prône « un particulier a donné un petit cochon entre saint Herbot et saint Antoine ». Ce dernier saint est protecteur plus spécial de ces animaux.

Que le lecteur ne s'étonne pas de ces coutumes qui tout d'abord semblent singulières, elles émanent d'un peuple plein de foi et profondément religieux qui est, malgré tout, reste jusqu'aujourd'hui fidèle et intimement lié aux bons et simples usages de ses pères.

La chapelle du Sacré-Coeur située, en sortant du choeur, à gauche, vis-à-vis de celle de Notre-Dame-du-Rosairoe, a été, il y a une vingtaine d'années, restaurée, dans un style très brillant et très apprécié de la campagne, grâce aux dons d'une paysanne de la commune, Marie Le Lay. Cette famille Le Lay est du village de Saint-Guénolé où se trouvait l'ancienne chapelle de ce saint. Pendant la Révolution, la famille Le Lay a fait preuve d'un grand dévouement pour la religion et a réussi à soustraire de nombreux prêtres à la prison.

Les jours de fêtes, pour les pardons et les missions, les gens de Pluguffan chantent un vieux cantique qui, composé, dit-on, pour une mission en 1786, a toujours été en honneur depuis. Aussi croyons-nous devoir en citer à cette place quelques couplets ainsi que le refrain qui, dans sa simplicité, est vraiment délicieux. Voici tout d'abord le refrain : Tud Pluguen, bihan ha braz, - En em stardomp en dro d'ar Groaz - Evit he difenn mar bez rod - Vel hon tud koz amzer zo bet. (Gens de Pluguffan, petits et grands, au pied de la oroix serrons-nous, et jurons tous, comme nos ancêtres, de la défendre même au prix de notre vie).

Les couplets qui suivent ont été composés il y a peu d'années, en 1885, au moment de la fondation de l'école libre et ils font suite au refrain.

Grit d'eomp-ni, mar plij, va Zalver, Startaat bemde enn hon dever, En despet d'ar brezelliou kriz Zo greet d'eomp' vit koll hor feiz. Ama' harz ho kroaz benniget, Hor skol gristen a zo savet, Ma zesko c'hoaz hor bugale Senti, meuli, karet Doue.

(Seigneur Jésus, Notre Sauveur, bénissez notre serment, faîtes qu'au milieu de la persécution nous restions tous fermes dans nos devoirs et notre foi. Ici, sous l'ombre protectrice de la croix, nous avons construit une école, où nos enfants apprendront à bénir, à louer, à servir et à aimer Dieu).

Voici la réponse des enfants :

Bennoz d'ehoc'h tadou ha mammou, P'hon diouallit bugaligou Hirio deuz ar c'henteillou fall, Doue ho paeo er bed all.

(Chers pères et mères, mille fois merci d'avoir préservé par ce moyen, vos petits enfants des gens qui les auraient conduits dans de mauvais chemins).

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Les cimetières Bretons se ressemblent tous ; presque partout ils entourent l'église et sont ceints d'un petit mur bas et dont l'ouverture, consistant souvent dans une grille de fer, se trouve au levant. A Pluguffan c'est comme ailleurs, seulement l'entrée, située au sud-est, est plus monumentale et consiste dans un portique ogival de la troisième époque en pierre travaillée, et qui mériterait d'être restauré. Une autre ouverture simplement fermée par une barrière en bois se trouve à l'ouest.

La plus ancienne des croix du cimetière remonte à la fin du XVIème siècle ; les deux larrons, les principaux personnages et instruments de la passion y sont représentés. Une assez jolie croix en pierre de Kersanton y a été élevée en 1835 à l'occasion d'un jubilé.

Aucune des tombes ne mérite une mention, nous citerons seulement les tombes des familles Audouyn de Keriner, de Lécluse de Longraye et Urvoy de Portzamparc, qui sont situées au nord de l'église contre le mur de la chapelle de Notre-Dame-du-Rosaire où se trouve un enfeu. Puis la tombe de M. Quéré, ancien recteur, mort en 1866, qui a été élevée par souscription faite dans la commune avec l'autorisation de monseigneur Sergent, alors évêque de Quimper, en souvenir d'une administration dévouée de trente années comme recteur de la paroisse.

La procession, qui chaque dimanche précède la messe, se fait toujours extérieurement autour de l'église ; les fidèles suivent le clergé et prient sur la tombe de leurs parents.

(Paul Aveneau de la Grancière, 1896).

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