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La chapelle Saint-Ronan se trouve à quatre kilomètres à l'est du bourg de Plozévet, à un grand kilomètre au sud de la cote 77, sur la route de ce bourg à Landudec. Elle est bâtie non loin du hameau de Trébrévan, sur la pente d'une garenne nue, à quelques pas d'un ruisseau qui fait la séparation des deux communes.

C'est un petit édifice rectangulaire en pierres de taille de 11 mètres de long, avec un chevet à trois pans. Sur le pignon ouest s'ouvre une porte cintrée, que surmonte un œil-de-bœuf aveuglé, au-dessus duquel on lit la date de 1720. La longère sud possède une autre porte, et deux fenêtres apparaissent aux pans coupés du chœur.

Cet oratoire a dû succéder à une autre chapelle bien plus ancienne, à laquelle fut anciennement adjoint un petit hôpital, dont subsistent quelques témoignages [Note : Les Décimes de 1783 l'appellent l'Hôpital saint Ronan]. Le plus curieux est un sarcophage de granit, long de plus de deux mètres, à demi-enterré dans le sol. L'emplacement de la tête y est nettement indiqué. A côté gît le couvercle, grande lame de pierre gréseuse. Près de la tête est plantée une petite croix fruste et très barbare. Du même côté, à l'angle nord-ouest de la chapelle, gît un gros galet de forme ovoïde, de 0 m. 50 à 0 m. 60 de hauteur. Vers le sud, deux autres galets de dimensions analogues se voient dans l'herbe, et non loin, une petite croix plate pattée, à demi enfouie dans un buisson. Un quatrième galet est encastré dans la maçonnerie du placître [Note : Ces galets semblent de vieilles idoles païennes].

A 150 mètres, vers le nord, se trouve une jolie fontaine à édicule, niche vide et petite console à godrons, toute envahie par la végétation. La chapelle n'a qu'un seul autel, orné de quelques boiseries moulurées et peintes, avec une table en granit. Il est surmonté d'une fort belle statue de saint Ronan, en évêque, de grandeur naturelle. La haute mitre, les mains gantées, la richesse des orfrois, la souplesse des draperies, le caractère de la sculpture indiquent le début du XVIIIème siècle.

La légende locale dit que saint Ronan, fatigué par les nombreux fidèles qui venaient le visiter et se recommander à ses prières sur la montagne de Locronan, où il avait établi son ermitage, prit un jour un gros galet et le lança à toute volée, devant lui, en faisant le vœu d'aller s'installer, pour fuir le monde, là où la pierre irait tomber. Elle s'abattit à une vingtaine de kilomètres de la montagne, dans un recoin solitaire du plou de saint Démet [Note : Les représentants de la vieille génération de Plozévet l'appellent boul sant Reun]. Saint Ronan la retrouva miraculeusement, et se bâtit une nouvelle logette en cet endroit. Lorsqu'il mourut chargé d'ans et de mérites, les voisins lui taillèrent pour sépulture le sarcophage de pierre qui avoisine encore la chapelle. Ses reliques opérèrent tant de miracles que les gens du Porzay, jaloux d'en profiter, vinrent chercher son corps, afin de l'enterrer là où il avait d'abord vécu. C'est pour cela qu'il repose aujourd'hui dans son église de Locronan, et que son sarcophage de Plozévet reste vide.

Jadis les fiévreux s'y étendaient pour obtenir la guérison. On prie encore saint Ronan pour la même affection, en faisant un pèlerinage à sa chapelle trois lundis consécutifs. Il y a deux pardons annuels, le lundi de la Pentecôte et le troisième dimanche d'octobre (Arch. dép. : Fonds Le Guennec).

(H. Pérennès).

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