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CAHIER DE DOLÉANCES DE PLOZÉVET EN 1789

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Subdélégation de Pont-Croix. — District de Pont-Croix, arrondissement de Quimper, canton de Plogastel-Saint-Germain.
POPULATION. — 304 feux (Procès-verbal) ; 2.200 habit. ; — 370 chefs de famille, 316 feux, 1.746 habitants en 1794.
CAPITATION. — 233 cotes (3 l. et au-dessous : 83 ; au-dessus : 150). Total : 1.445 l. 6 s. 7 d. (capitation, 986 l., 21 deniers p. l. 86 l. ; milice, 131 l. ; casernement, 241 l.).
VINGTIÈMES. — 2.401 l. 2 s.
FOUAGES. — 49 feux 1/3. — Total : 1.654 l. dont 952 l. 8 s. 11 d. pour f. ext.
CORVÉE. — Route Quimper-Audierne, 1.801 toises. Dist. 7 km 5. Cap. 984 l. Synd. Charles Le Guellec. — La cure est présentée par un chanoine de la cathédrale de Quimper. Ce territoire renferme des terres fertiles, surtout en grains et lin (OGÉE).
RECTEUR. — Le Gendre, 1.800 à 1.900 l. Décimes : R. 120 l. F. 65 l. — Plozévet était une prébende du chapitre de Quimper.

PROCÈS-VERBAL. — Assemblée électorale, le 7 avril, en la sacristie de l'église paroissiale, sous la présidence de Me Louis Le Guirriec, notaire royal (voir la note qui suit), commis en l'absence de MM les juges, ayant pour adjoint Charles Le Guellec (voir la note qui suit), greffier des délibérations de la paroisse. — Comparants : Guillaume Le Bosser et Mathieu Le Pape, procureurs terriens de la paroisse ; Olivier Le Berre, marguillier en charge ; Alain Gourlaouen, Joseph Caballic, Alain Le Vigouroux, Henri Strullu, Alain Donnard, Jean Le Quéré, Louis Le Quéré, Joseph Julien, Jacques Branchus, Henri Gentric, Alain Le Goff, Corentin Le Gall, tous délibérants en charge ; Alain Le Guellec, Pascal Le Bourdon, Louis Gourlaouen, Jean Le Burel, Antoine Gourret, Guillaume Le Goff, Alain Stéphan, Jacques Kerloch, Guillaume Thomas, Pierre Le Guyader, François Denouel, Philibert Tymen, Alain Le Friant, Michel Cudenec, Alain Julien, Yves Colin, Alain Le Hénaff (voir la note qui suit), Jean-Louis Malscoët, René-Joseph Le Certeu (voir la note qui suit) et 46 autres, — Députés : Charles Le Guellec, Henri Strullu, Jean-Louis Malscoët et Pierre Hélias.

Note : Louis Le Guirriec, notaire, Charles Le Guellec, cultivateur, Alain Le Hénaff, marchand, et René Le Certeu, commerçant, furent électeurs du canton de Plozévet aux assemblées du département et du district de Pont-Croix en 1790. Charles Le Guellec fut encore électeur en 1791.

Cahier de doléances, plaintes et remontrances faites par les habitants du Tiers Etat de la paroisse de Plozévet, évêché de Quimper, en la Basse-Bretagne.

Les habitants du Tiers Etat de la paroisse de Plozévet, réunis en la sacristie de la dite paroisse, en exécution des ordres du roi, chargent leurs représentants à l’assemblée de Quimper, le 16 de ce mois, d'y insister pour demander aux Etats généraux :

1° — Qu'aux Etats généraux, les suffrages se prennent par tête et non par ordre.

2° — Que les impôts soient également répartis sur les trois ordres, sans distinction et sur un même rôle.

3° — Art. 2 de Plogoff.

4° — Que, suivant l’ancienne constitution, le tiers des dîmes soit employé mi soulagement des pauvres de la paroisse. Les paroissiens de Plozévet se voient, avec douleur, obligés de payer les deux tiers de leurs dîmes à un gros décimateur, chanoine de Quimper, qui ne rend aucun service à la paroisse.

Il n’y a jamais mis les pieds. Son prédécesseur envoyait tous les ans le tiers de sa dîme pour soulager les pauvres de la paroisse et venait souvent voir ses paroissiens (voir la note qui suit).

Note : Legendre, recteur de Plovézet, écrivait à l'Intendant en 1786 : « La paroisse de Plozévet, dont j'ai l'honneur d’être le pasteur, vous adresse, par mon canal, les prières les plus humbles et les plaintes les plus instantes pour obtenir de votre bonté qu'elle veuille bien lui procurer quelques secours dans l'extrême misère où elle est plongée. Cette paroisse n’a absolument d’autres richesses que ses récoltes. Vous savez, hélas ! que cette année la province a été désolée par une stérilité extrême, et si ce fléau commun fait gémir toutes les paroisses des environs, celle-ci s'en ressent d'autant plus que l’excès des rentes qu’elle paie, et dont il n’y a pas de paroisse plus chargée sur cette côte, lui en a moins laissé pour sa subsistance.
La paroisse vient d'être condamnée à une amende considérable pour pillage du navire de Brême La Frederika. Un arrêt du Conseil permet une levée de 4.400 l. pour faire face aux condamnations énoncées par l’Amirauté de Quimper. Ce sont des gens sans biens et sans probité, qui n’ont rien à perdre, ni du côté de la fortune, ni du côté de la réputation, qui commettent ces pillages et ces vols repréhensibles, et ce seront les honnêtes gens qui seront punis pour le brigandage de quinze ou vingt coquins, dont plusieurs ne sont plus dans la paroisse et d’autres sont des paroisses voisines.
Un troisième fléau se fait sentir ici aussi vivement que les deux autres : une mortalité affreuse désole cette paroisse. Nous enterrons cinq ou six morts par semaine. — Depuis le commencement de janvier jusqu’à ce jour 24 avril, 80 enterrements bien comptés et plusieurs autres qui ont recu les derniers sacrements. Nous sommes quatre prêtres qui courons nuit et jour »
. — L’Intendant fit envoyer une somme de 120 l. pour acheter du pain aux vieillards, enfants, infirmes et nourrices, et quelque remèdes (Arch. d’Ille-et-Vilaine, C 1382).
La prébende de Plozévet était au chanoine Duportal, du Chapitre de Quimper. Cette prébende rapportait, en 1789, environ 2.000 l. (Arch. du Finistère, 1, G 460).

5° — Que le droit de franc-fief soit aboli et remplacé par une imposition sur les trois ordres.

6° — Que les droits de cheffrentes et lods et ventes et les corvées soient également abolis. Plusieurs seigneurs gênent beaucoup leurs vassaux par les fréquentes corvées qu'ils exigent d'eux se font également payer en argent. Les seigneurs en font un abus.

7° — Que tous les seigneurs fonciers, tant nobles que bourgeois et roturiers, seront dorénavant obligés de recevoir leurs rentes avec la mesure du roi, comme en ce canton, et la mesure de M. le marquis de Châteaugiron, de Rennes, dont tous les vassaux sont très contents.

8° — Que les seigneurs fonciers ne pourront exiger de leurs vassaux que les espèces de grains que leurs terres peuvent produire. Un grand nombre de vassaux sont obligés de payer des grains que leurs terres ne produisent point et que souvent même on n'en trouve pas pour de l'argent, comme des fèves, du mil (voir la note qui suit), etc... et les seigneurs exigent alors de leurs vassaux le double de ce que la chose vaut, ce qui contribue beaucoup à grever les vassaux qui sont déjà trop arrentés.

Note : La rente domaniale du lieu du Floch à Lestréouzien (en Plozévet), invariable de 1706 à 1820, comprend 10 combles de froment, 6 combles de fèves, 10 combles d’orge et 1 comble d’avoine. — Mme de Coigny, sur une tenue à Brenphuez (Plozévet), contenant 12 journaux, dont 6 et terres chaudes, exige annuellement 12 rennées de froment blanc, variété peu cultivée. — En 1774, une terre voisine, la métairie de Créménec, paie 20 combles de froment, 20 combles de seigle, 20 combles d’avoine et 2 combles de mil. (Séries de baillées communiquées par M. Donnars, de Tréouzien, Plouhinec).

9° — Que tous les domaniers auront le droit de planter sur leurs domaines et qu'ils pourront également couper et disposer de leur bois pour leur usage comme pour relever leurs maisons, les entretenir en bonne réparation, pour faire des charrettes, des charrues et pour plusieurs autres outils qui leur sont nécessaires pour labourer leurs terres et, le surplus, aux seigneurs fonciers. Si les domaniers avaient le droit de couper pour leur usage et de planter, le bois ne serait pas si rare et tout le monde aurait du bois. Les seigneurs vendent tous leurs bois de dessus leurs villages et personne ne plante. C'est ce qui fait que le pays est tout nu et que le bois est hors de prix. Le pauvre vassal qui a le malheur de couper un pied d'arbre, de peu de valeur, mais dont il a grand besoin pour des maisons ou des charrettes, et charrues, est vexé et écrasé par son seigneur pour la valeur d'un arbre. Si tont le monde avait le droit de planter et de couper pour lui, sans pouvoir vendre, il ne lui arriverait pas tant de pertes.

10° — Que dorénavant tout le monde sera libre d'aller faire moudre ses grains où bon lui semblera ; que, désormais, personne ne sera forcé ni obligé d'aller moudre ses grains à un moulin dénommé ; qu'il sera permis à chaque vassal, sans exception d’aller faire moudre ses grains aux moulins qui lui feront le moins de tort et où il sera le moins gêné (voir la note qui suit). Que Sa Majesté ordonne aux seigneurs des moulins d'en faire raison à leurs fermiers. La Noblesse et le haut Clergé forcent et obligent leurs vassaux d'aller moudre à leurs moulins, avec des meuniers qui leur perdent leurs grains. Si personne n'était tenu de suivre le district des moulins seigneuriaux, tous les meuniers deviendraient honnêtes gens.

Note : En 1776, on comptait à Plozévet 3 moulins à vent et 8 moulins à eau.

11° — Que les charrois des débris de vaisseaux et bâtiments qui auront le malheur de faire naufrage sur les côtes seront faits par des gens de bonne volonté, par des gens qui en font métier et qui seront payés par MM. de l'Amirauté. Jusqu'ici, ces messieurs ont forcé des paroisses voisines de la côte d’aller charroyer les marchandises et les apparaux des vaisseaux qui avaient le malheur de faire naufrage sur leurs côtes et, très souvent, ces pauvres habitants voisins de la côte, que ces messieurs arrachent des champs, n'ont pas le sol pour faire ces charrois. Il est bien dur pour ces pauvres laboureurs d'être obligés de quitter tous leurs travaux, quelque pressés qu'ils puissent être, d'exposer même leur vie et leur petite fortune pour travailler à charroyer gratis pour MM. de l'Amirauté qui grèvent ainsi les pauvres malheureux laboureurs, qui, dans ces charrois, cassent tantôt un bras, tantôt une jambe, tantôt une charrette. Tantôt, ils perdent un cheval ou un bœuf et c'est assez pour les mettre, le reste de leurs jours, mal dans leurs affaires. L'intention de Sa Majesté n'est pas sans doute de faire à son peuple travailler et charroyer gratis pour MM. de l'Amirauté. Qu'il leur soit ordonné de prendre des charretiers de profession pour leurs charrois et qu'ils paieront comme de juste (voir la note qui suit).

Note : De 1723 à 1791, 15 navires de commerce, de 23 à 196 tonneaux, firent naufrage sur les côtes de Plozévet (Arch. du Finistère, B 4335 à 4400).
« En vertu des art. 7 et 8 de l'ordonnance de 1681, les magistrats (de l’Amirauté) avaient le droit de réquisitionner les travailleurs et de fixer arbitrairement le paiement de leur labeur » (H. BOURDE DE LA ROGERIE, Introduction…, p. CXXXIX). En 1780, lors du naufrage d'un navire de 170 tonneaux, le Jeune-Jacob, de Saint-Pétersbourg, les habitants de Plozéret qui participèrent au sauvetage reçurent 4.376 l. ; les gardiens, 20 s. par jour ou par nuit ; les travailleurs, 18 s. par marée ou 20 s. par jour ; les tonneliers, 2 l., et les charretier, 5 l. par jour. Les charretiers reçurent, en tout 1.952 l. (Arch du Finistère, B 4390).
Ces salaires étaient sans doute insuffisants ; mais les paroisse de Plozévet avaient contre l'Amirauté d'autres causes de ressentiments. En 1783 se produisit, dans les mêmes parages, le naufrage de la Demoiselle-Frédérique, de Brême. Les riverains pillèrent la cargaison et maltraitèrent les employés de la ferme. L’Amirauté, lente à s’émouvoir et généralement indulgente, sévit durement, cette fois, et condamna, le 6 mai 1785, le général de la paroisse de Plozévet, qui n’auvait rien fait pour prévenir le pillage et faciliter la punition des coupables, à 4.000 l. de restitution (Arch. du Finistère, B 4484). — « L’Intendant prescrivit (en 1786) de lever les 4.000 l., augmentéés de 414 l. de frais, d’après le rôle de la capitation de 1783, année de naufrage » (H. BOURDE DE LA ROGERIE, op. cit., p. XXXVIII).

12° — Que le commerce soit libre pour tout le monde, et par mer et par terre, tant pour les blés que pour toutes les autres marchandises utiles et nécessaires pour tout le royaume. Si le commerce pour toutes les marchandises n'est point libre, la misère sera toujours grande parmi le peuple.

13° — Que les vins, les eaux-de-vie et les liqueurs seront aux mêmes prix pour tout le monde, sans distinction, tant pour les personnes du Tiers Etat que pour le Clergé et la Noblesse. Que le même prix soit fixé pour tout le monde en général, sans exception.

14° — Que le prix du contrôle des actes soit déterminé surtout pour les contrats de mariage. Il est crint que celui qui ne donne en dot à son enfant que 120 ou 150 livres, et peut-être moins, soit obligé de payer autant de droits de contrôle que celui qui donnera 600 livres. Cela ne paraît pas bien juste (voir la note qui suit).

Note : Les tarifs des droits de contrôle et d’insinuation ne sont pas équitablement gradués : « les contrats portant sur des objets de peu d’importance paient rélativement beaucoup plus que les gros contrats » (H. SÉE, op. cit., p 336).

15° — Les paroissiens de Plozévet ont l'honneur de représenter à Sa Majesté que leur paroisse est située sur le bord de la mer, exposée aux quatre vents, et que les vents de la mer font un grand dégât dans leurs récoltes et les brûlent même, souvent, ainsi que le peu de pâturages qu'ils ont ; et, quand la récolte leur manque, ils n'ont aucune ressource pour pouvoir vivre et payer leurs seigneurs, parce qu'ils n'ont ni pâturages ni foin pour faire le commerce des bestiaux qui est une grande ressource pour les habitants de la grande terre. En conséquence, ils espèrent que Sa Majesté aura pour eux quelques égards et leur accordera quelques douceurs pour les dédommager des pertes qu'ils sont dans le cas d'essuyer par les coups de vent de la mer, etc...

15° — Que le province de Bretagne ait la faculté de faire valoir aux Etats généraux tons ses titres et ses prétentions auxquels elle n'entend nullement déroger par le présent.

Les paroissiens de Plozévet déclarent, par le présent, adhérer aux délibérations prises par les habitants du Tiers Etat de la ville de Quimper, en tout ce qui concerne les articles ci-dessus mentionnés.

Fait et rédigé, en la dite sacristie de l'église paroissiale de Plozévet, le dit jour, 7 avril 1789.

Henri Strullu, Jean-Louis Malscoët, Pierre Hélias. Philibert Tannou, G, Le Berre, Le Certeu, Alain Le Bosser, Alain Le Friant, Hénaff, Yves Colin, Pierre Le Guiader, Alain Julien, Etienne Hélias, Yves Daden, Michel Cudennec, Charles Le Guellec, greffier des délibérations ; Guirriec, commis.

(H. E. Sée).

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