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LA CHAPELLE DE LANGUIDOU A PLOVAN.

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Cette église fut fondée sous le vocable de saint Guidou ou Guideau [Note : L'orthographe primitive du nom doit être Quidou, ainsi que l'atteste l'inscription du XIIème siècle de Languidou. On en a fait Quidau puis Quideau, et enfin, vers le milieu du XVIIIème siècle, Saint Quidou s'est mué en Saint Guy].

Sur ce vieux saint breton, nous sommes peu renseignés. Il est simplement mentionné dans le bréviaire gothique de Quimper de la Bibliothèque des Bollandistes à Bruxelles : De sancto quidavo episcopo totum de communi.

C'est un saint maritime dont le culte est en honneur en deux chapelles de Basse-Cornouaille, toutes deux voisines de la mer : Languidou, en Plovan, et Saint-Quidau, en Loctudy [Note : De même Saint Rumon est le patron d'Audierne comme l'éponyme de Saint-Jean-Trolimon (Tref-Rumon), et Saint Moran est honoré à Sainte-Marine de Combrit et il a donné son nom à Lanvoran, près de Tronoën, en Saint-Jean-Trolimon]. Une quinzaine de kilomètres les sépare l'une de l'autre. Grégoire de Rostrenen, dans son dictionnaire, au mot pénitence, cite un Penity Sant Guido, sans préciser l'endroit où se trouve cet oratoire (Bull. Soc. Archives du Finistère, p. 25) ; il s'agit là sans doute de Languidou qui, probablement, fut anciennement un prieuré.

Ville de Plovan (Bretagne) : chapelle de Languidou.

DESCRIPTION.

Pour se rendre à la chapelle de Languidou, de la route de Pont-l'Abbé à Audierne, on prend à gauche, en face du petit bourg de Tréogat, un chemin qui y mène au bout de 3 kilomètres. Le bourg de Plovan est à 700 mètres plus haut. Les ruines fort pittoresques de l'édifice sont blotties au fond d'un vallon qui va s'élargissant graduellement vers la mer. C'est un ancien estuaire, et les marins le dénomment couramment Pors-Quidau.

La chapelle mesure approximativement 22 mètres de long sur 13 de large. Elle avait une nef, avec deux bas-côtés à sept arcades, le tout se terminant par un mur droit au chevet. Voici ce qui en reste aujourd'hui : au haut, le pignon Est, percé d'une fenêtre gothique, qui est elle-même décorée d'une ravissante rosace du XVème siècle ; au bas, la large façade occidentale sans ouverture ; deux colonnes debout au Nord de la nef ; des pans de murs où apparaissent les appuis et l'ébrasement de quelques fenêtres.

Une inscription, gravée sur le tailloir d'un chapiteau, nous fixe sur la date de la partie primitive du sanctuaire. Grâce au concours de quelques amis, nous avons réussi à la lire. Voici comment, semble-t-il, il faut l'interpréter.

Guillemus canonicus et Yvo de Revesco reedificaverunt ist [am ecclesiam in ho] norem... Quidou. Auwredus Gurrec fecit hoc opus [Note : « Guillaume, chanoine, et Yves de Revesco ont réédifié cette église en l'honneur de saint Quidou ». — « Auffray Gurrec a fait cet ouvrage ». — Revesco est un manoir situé entre Plozévet et Pouldreuzic].

Au dire de M. Abgrall, qui se réfère au Cartulaire de Quimper, le chanoine Guillaume est mentionné aux années 1162 et 1166 (Abgrall, Architecture Bretonne..., p. 25-26). C'est la date de la construction de l'église romane de Languidou, confirmée du reste par l'étude du monument.

Notre chapelle se rattache à l'école d'architecture de Pont-Croix, qui étendit son influence dans toute la partie Sud-Ouest du Finistère, de Pont-l'Abbé à Châteaulin, en passant par le Cap et Douarnenez, pour venir jusqu'aux portes de Quimper. Ce qui caractérise nettement l'architecture de cette école, note M. Chaussepied, « ce sont : la forme de ses piliers grêles, formés de faisceaux de colonnes cantonnées sur un plan en étoile ou en rosace, la disposition des bosses et des chapiteaux, mais surtout la retombée des archivoltes en encorbellement sur les côtés des tailloirs, et les petites colonnettes qui surmontent et séparent ces arcades en recevant, soit un bandeau dans la nef, soit les maîtresses poutres des charpentes dans les bas-côtés » [Note : Etude sur l'architecture du Finistère, Ecole régionale de Pont-Croix. (Extrait du Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, Quimper, 1909, p. 4)].

La nef de Languidou, écrit le même auteur, « se composait de quatre travées, le chœur de trois seulement, séparées par des arcs triomphaux à l'entrée de l'abside. Les piles chapiteaux et les bases reposant sur des bancs, rappellent en tous points Kerinec et Pont-Croix. Les archivoltes sont en plein cintre, ornés de moulures et reposent en encorbellement sur des pendentifs fuselés. Les chapiteaux et leurs tailloirs sont taillés dans la même assise et finement travaillés. On remarque l'heureuse disposition des piles d'extrémités qui rappellent celles de Meilars et de Pluguffan ; abaque très haute et très évasée recevant la retombée des arcs sur des colonnettes engagées dans l'épaisseur de ces piles. La naissance du grand arc fermant le choeur part de très bas sur les piliers principaux ; on se demande ce que devait être cet arc si peu élevé, bandé sur une aussi grande largeur ; les arcades qui le contreboutent dans, les bas-côtés sont conçues dans les mêmes proportions ; les chapiteaux sont ornés de têtes méplates, leur tailloir a plus d'importance que les piles des autres colonnes » [Note : Etude sur l'architecture du Finistère. Ecole régionale de Pont-Croix. (Extrait du Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, Quimper, 1909, p. 18)].

La chapelle de Languidou fut restaurée à la fin du XIVème siècle ou au début du XVème. A cette époque appartiennent la rosace du fond, la crédence et l'enfeu gothiques du Sud-Est. L'oculus percé au-dessus de cet enfeu rappelle beaucoup celui des fenêtres romanes de Kerinec. La petite crédence du Nord-Est est également romane.

Trois autels de granit figurent encore dans le sanctuaire. Des corbeaux en saillie au pignon Ouest révèlent l'existence d'une ancienne tribune.

Le placitre qui se dresse en pente assez rapide à l'entour de la hapelle est un ancien cimetière. On y voit, aux abords du sanctuaire, un peulven de forme hexagonale, dont la partie supérieure a été remplacée par un pinacle de pierre, venant sans doute de la chapelle [Note : A l'intérieur de la chapelle, au coin Sud-Est, parmi d'autres pierres, un autre peulven gît sur le sol], puis un vieux calvaire dont le fût a plus de 2 mètres de hauteur. D'un côté le Christ, de l'autre une Pieta, l'un et l'autre frustes.

Sur les piliers d'entrée au placitre, on lit la date de 1751.

L'Administration des Beaux-Arts a bien voulu s'intéresser à notre chapelle. Par ses soins, on a ôté, y a quelques années, le manteau de lierre qui couvrait le pignon Est, raffermi le pignon lui-même et les arcades de l'intérieur, reconstitué en entier ou partiellement quelques piliers.

A 50 mètres au Nord de la chapelle est une petite fontaine. Un peu plus haut, au village de Languidou, on voit une maisonnette en pierres de taille. A 200 mètres plus loin, à une croisée de sentiers, se dresse une très vieille croix, encore en bon état, malgré le coup de foudre qui la frappa en 1911. On l'appelle Croaz Pilou.

Ville de Plovan (Bretagne) : chapelle de Languidou.

HISTOIRE DE LA CHAPELLE.

Sur l'historique de cette gracieuse chapelle, nous sommes, hélas ! bien mal informés. C'est donc le cas de recueillir les moindres fragments d'histoire pour les fixer définitivement : Colligite fragmenta ne pereant.

Au XVIIème siècle, les cadavres étaient inhumés dans la chapelle ou au cimetière de Languidou, tout comme dans l'église et le cimetière du bourg. C'est ainsi par exemple, que la chapelle « tréviale » de Languidou reçoit les corps de Constant Galou (3 Mai 1647), Marie Damé (26 Octobre 1647). Plusieurs cadavres y sont enterrés en 1648, parmi lesquels, le 9 Mai, celui de Jean Arlinant, de la paroisse d'Ergué, évêché de Saint-Brieuc, « demeurant lors de son décès au manoir de Lesnarvor ».

Il en est de même au XVIIIème siècle. En 1720, René Le Quévélec est inhumé dans la chapelle de Languidou. En 1780, 1781, 1782 et 1784 tous les enterrements se font au cimetière de Languidou. Il en est de même pour l'année 1783, sauf une exception : il s'agit du recteur de Plovan, Daniel-Jean de Lécluse, « doyen de Porsleguen et de la Collégiale de Pont-Croix, ancien vice-promoteur du bureau ecclésiastique, décédé au presbytère le 19 Mars 1783, enterré le 20 au cimetière de l'église paroissiale » [Note : L'acte de décès est signé de Jean-Etienne Riou, qui mourra plus tard guillotiné à Quimper, et de Calvez, recteur de Tréguennec, victime des pontons de Rochefort, en 1794].

Le 9 Avril 1783 fut enterré à Languidou, par M. Le Berre, curé d'office, « un inconnu, défiguré et putréfié, jeté la veille par la mer sur les rivages de la paroisse. En conséquence de l'ordonnance rendue par M. Pierre Le Bastard de Mesmeur, conseiller du roi et lieutenant général de l'amirauté, le 9 Avril ».

En 1785, les enterrements ont encore lieu à Languidou, jusqu'au 23 Juillet. En 1788, on y enterre jusqu'au 19 Octobre (Registres de Plovan).

Si l'on enterre au cimetière de la chapelle, c'est que celui du bourg est insuffisant. Nous savons, en effet, que le 4 Février 1793, la municipalité demande à conserver à la tour son unique cloche « pour le service de tous les enterrements de la paroisse qui se font dans le cimetière de la dite chapelle à cause que le cimetière du bourg est très petit et rempli » (Archives départementales).

Un inventaire du mobilier de la chapelle, dressé le 4 Février 1793, y fait figurer « 10 chandeliers en bois, 1 ornement de toutes couleurs en toile de coton brodé, 3 amies » (Archives départementales).

Nous lisons d'autre part, dans un état des objets provenant des chapelles du district de Pont-Croix vendues ou à vendre : « Saint Guy, trois devants d'autel en bois, trois boiseries d'autel, un marchepied, deux petites armoires à un battant avec leurs garnitures de niches, un Christ, le tout estimé avec la tribune 60 livres » (Archives départementales, Série Q, Procès-verbaux d'expertise des biens d'église).

Le 19 Thermidor an II (6 Août 1794), la municipalité de Plovan commet un acte de vandalisme en demandant au district de Pont-Croix, l'autorisation de « découvrir la chapelle de Saint Guy », pour utiliser les ardoises et les pierres à la construction du corps de garde de la commune.

Le 28 Vendémiaire suivant (10 Octobre) elle passe un marché avec Daniel Kerivel, de Pont-Croix, qui s'engage à démolir la couverture de la chapelle, moyennant 30 livres (Archives départementales. Délibérations du District de Pont-Croix, Registre 8, f° 62, recto).

Le 29 Floréal an III (18 Mai 1795) eut lieu le procès-verbal de première criée, relatif à la vente de la chapelle. Il détaillait « la consistance » de l'édifice. La vente définitive eut lieu, à Pont-Croix, le 16 Prairial suivant (4 Juin). Ce jour-là, à une heure de l'après-midi, devant les administrateurs du district, Tréhot de Clermont, procureur syndic, donna lecture du procès-verbal de la première séance, puis la chapelle de Saint-Guy fut mise aux enchères, sur la somme de 242 livres.

Au cours du premier feu, Kerivel offre 300 livres. Pendant le second feu, Boscat Le Berre propose 600 livres, et Le Breton 900 livres. Au troisième feu, il est offert par Bolser 1.000 livres, par Boscat Le Berre 1.050 livres, par la citoyenne Salza 1.100 livres, par le citoyen Gouret 1.150, par Kerivel 1.200 livres, par Le Berre 1.300, par Berrivin 1.400, par Daniélou 1.425, par Berrivin 1.550, par Daniélou 1.600, par Le Berre 1.800, par Berrivin 1.825 livres.

Le quatrième feu s'étant éteint, sans qu'il soit fait de nouvelles enchères, la chapelle de Languidou est adjugée à Berrivin.

Le procès-verbal de vente est signé : Bernard, Fenoux, C. M. Guillou, A, Tréhot, J. P. Guéguen, vice-président, Daniélou, secrétaire (Archives départementales, série Q. Procès-verbaux d'adjudication, registre n° 103, f° 181. — Cf. Archives de Plovan).

En 1804, M. Julien, recteur de Plovan, écrit à l'évêque que la chapelle de Languidou a été achetée par un paroissien au nom de la paroisse : « Elle est actuellement en ruines, ajoute le Recteur, mais l'intention est de la réparer » (Archives de l'Evêché).

Ville de Plovan (Bretagne) : chapelle de Languidou.

(H. Pérennès).

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