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LA CHAPELLE NOTRE-DAME DE LAMBADER A PLOUVORN

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CHAPELLE DE NOTRE-DAME DE LAMBADER.

Description.
Le clocher de Lambader mesure 58 mètres de haut. Il a belle apparence, et l'on sent que ses matériaux sont en grande partie anciens. De forme octogone, les quatre clochetons ont 10 mètres d'élévation. Découpée en quatre-feuilles, la galerie du clocher possède un encorbellement que décorent des fleurons, des masques grotesques, des animaux fantastiques se mordant... A la base du clocher est une porte gothique, surmontée d'une Vierge-Mère en granit, et d'une inscription où on peut lire : N. DAMME : DE : LAMBADER... A gauche figurent six religieux agenouillés, à droite six religieuses, au-dessous desquelles on voit la date de 1592 et l'inscription: INTERVENI : P [RO] : DEVOTO : FE [M] I [N] EO : SEXY. Sous la grande fenêtre du chevet apparaît une petite sacristie ou chambre du trésor, bâtie et couverte en pierres de taille, entre deux puissants contreforts à pinacles et gargouilles. A la façade nord est accolé un petit porche, orné d'une statue de sainte Marguerite à genoux sur un dragon, et d'un écusson, supporté par des hommes d'armes, qui présente un lion, blason des Simon de Kergoulouarn.

***

L'intérieur de l'église comprend trois nefs d'inégale largeur. Deux rangs de jolies colonnes hexagones soutiennent des arcades ogivales dessinant huit travées. Après avoir vénéré la belle statue de Notre Dame, placée au-dessus du maître-autel, on admire, à la séparation de la nef et du chœur, le beau jubé de chêne sculpté, qui est la merveille de Lambader. C'est une large galerie en bois sculpté, soutenue en encorbellement, de chaque côté du chancel, par des nervures et des demi-berceaux. Aux pendentifs apparaissent des anges portant les instruments de la Passion, et l'on voit au milieu un pélican qui nourrit ses petits de son sang. A l'angle nord, un petit escalier à vis d'une grande élégance permet de monter au jubé. A l'entrée du chœur la porte du jubé est encadrée des images de la sainte Vierge et de l'ange Gabriel tenant un lys. C'est la scène de l'Annonciation.

Cet ouvrage splendide est timbré du côté du chœur des armoiries de Marc, seigneur de Troérin en 1481 : une fasce ondée accompagnée de six besants.

Quand en 1877 on rebâtit la chapelle, le jubé fut démonté et restauré par M. Derrien, sculpteur à Saint-Pol, qui remplaça, par des statues modernes, à peu près toutes les statues anciennes, rangées contre la galerie du côté du chœur.

Les deux autels latéraux sont en granit. A celui de gauche figure une jolie petite Vierge-Mère dorée du XVIIème siècle, et un beau saint Jean l'Evangéliste en kersanton, reconnaissable à ses attributs, l'aigle et la coupe ; on y aperçoit également les statues de saint François d'Assise et de deux autres saints. Contre la muraille nord, une sainte lit dans un gros livre ouvert. Cet autel relevait autrefois de la terre de Mesgouin, en Plougourvest. — A l'autel de droite on voit une sainte gothique, saint Nicolas [Note : Ce saint provient de l'ancienne chapelle du manoir de Keroignant] et saint Samson. Il y a là aussi quatre statuettes de bois, représentant les quatre évangélistes. Les prééminences de cet autel appartenaient jadis aux seigneurs de Kéruzoret.

Près de la porte latérale on remarque un joli bénitier, aux armes des Le Borgne de Kéruzoret : d’azur à trois gresliers d'or, offert en 1876 par la famille de Kerdrel.

Plus bas que le jubé, à droite et à gauche, contre les piliers, sont deux autels modernes de pierre, chargés de plusieurs statues en granit : sur celui de gauche un évêque assis, portant sur les mains un petit Jésus qui tient une pomme : une sainte femme ; un berger tenant un bâton ; sur l'autel de droite, la Madeleine, à laquelle est adossée une sainte femme ; une piéta ; une fuite en Egypte ; une Notre-Dame des sept douleurs, au visage affligé, au cœur de laquelle s'enfoncent sept poignards.

Dans la nef figurent quelques belles vieilles statues en granit, représentant la Nativité de Jésus, l'Adoration des bergers et des Mages, N.-D. de Pitié, saint Patern, saint Gouesnou, saint Divy, saint Guénolé.

Au côté nord du chœur sont suspendues des chaînes d'esclaves qui, selon la tradition, seraient les fers des croisés, captifs des Sarrasins, et miraculeusement délivrés par Notre Dame de Lambader [Note : Il y a quelques vieilles maisons à Lambader. L'une à l’ouest avec sa porte en ogive et ses fenêtres à meneaux doit dater du XVème siècle ; une autre maison, à l'est, est dans le même genre et porte à l'étage de petites baies étroites. La maison du « gouverneur » qui se trouvait dans le voisinage du clocher a disparu depuis 1825].

Fontaines.
La fontaine de dévotion se trouve sous le chevet de l'église, du côté midi ; on y accède par un escalier de sept ou huit marches. Cette fontaine a été remaniée ; on voit encore quelques restes du banc de pierre qui l'entourait. Au fond de la niche est une- piéta en granit.

Jusque vers le début du XXème siècle la dévotion des pèlerins les conduisait aussi à une autre fontaine, dite Feunteun-Venn, située à quelques trois cents mètres de la chapelle, dans une prairie. Elle était surmontée d'un édicule voûté et les fidèles avaient continué d'y suspendre aux murailles, en guise d'offrandes, des bonnets d'enfants, qu'ils déposaient ensuite dans la chapelle. Cette fontaine qui disparut pendant quelque temps a été rétablie par le propriétaire de la prairie.

Calvaires.
Dans l'enclos de Lambader on voyait, aux premières années du XXème siècle, les restes d'une croix bosselée, avec deux anges tenant des écussons frustes. Cette croix a été restaurée en 1910. Elle porte les statues du Christ, de la Vierge, de saint Jean, d'une sainte femme et de saint Pierre. Aux pieds du Christ un ange présente un écusson chargé de trois tours, blason des Audren de Kerdrel.

Non loin de Lambader existe un autre calvaire également restauré. On aperçoit aux pieds du Christ un ange eucharistique ; à gauche saint Pierre a sa clef ; à droite, saint Jean porte un Evangile. A l'avers de la croix, Madeleine ouvre son vase de parfum, une autre sainte a les mains jointes. Sur le socle on voit quatre personnages assis qui semblent supris et regardent en l'air, puis une pietà mutilée. Il y avait là jadis un beau calvaire gothique, mais beaucoup de ses statues ont été brisées ou enlevées ; on en conserve un certain nombre dans la chapelle.

Les Gouverneurs.

Guillaume Baeleuc ou Bellec (1433) : Un mandement du duc Jean V, daté du 13 mars 1433, ordonne à ses fermiers de l'impôt des vingt sols de laisser « dom Guillaume Baeleuc, prestre et gouverneur de Notre Dame de Lambader » jouir du don de 15 livres fait par lui le 7 décembre de l'année précédente.

Yves Jacques (1449) : En retour de quelques pièces de terre que lui céda, le 8 février 1449, Hervé Knechquérault, sieur de Mesgouin, en Plougourvest, Yves Jacques promet de faire célébrer pour lui et sa famille, en la chapelle de Lambader, cinq messes, aux cinq dimanches qui suivent la fête de la Purification de la Vierge.

Alain de l'Estang (1482) : Le 20 juin 1482, Pascot Laurens fait don à messire Alain de l'Estang, prêtre, gouverneur de Lambader, d'une pièce de terre située au terroir de Mesgouin, en Plougourvest.

Jehan Péan (1491) (?) : Le 12 février 1491, Hervé Kéruzoret cède à un gouverneur de Lambader, dont le nom a été lu sous réserve, par M. Le Guennec « Jehan Péan » une pièce de terre.

Jehan Geffroy (1504-1513) : Ce gouverneur devait appartenir à la famille Geffroy, anoblie en 1432 par Jean V, et qui possédait le lieu noble de Keranpuncze en Plouvorn.

André Coëtvoult (1534) : D'un accord conclu le 17 janvier 1534 entre Marc de Troérin et André Coëtvoult, gouverneur de Lambader, il appert que le premier, en vue de la restauration de la chapelle, donne à la fabrique de cette chapelle une pièce de terre et vingt écus d'or. En retour, la fabrique lui octroie un certain nombre de prééminences dans le bas-côté droit de la chapelle. Il résulte de cet accord que la chapelle fut l'objet en 1535 d'un remaniement considérable, probablement dans sa partie haute. L'ancien vitrail qui ornait la maîtresse vitre portait la date de 1543 [Note : D'après une note de M. le chanoine Peyron, Jehan du Chastel aurait été gouverneur de Lambader en 1536].

Hervé Kerourfil (1547) : Ce personnage, chanoine de Léon et recteur de Pleiber, demeurait à Saint-Pol quand, le 18 novembre 1547, il bailla à titre de ferme aux deux frères Yvon et Jehan an Jézéquel une propriété de la chapelle située en Plougourvest.

François Le Barbu (1562-1571) : Sous son gouvernement, la chapelle s'enrichit de quelques rentes et d'une métairie au village de Lambader, offerte le 6 mai 1571, par Jehan de Kersaintgilly, cadet vraisemblablement de la maison de Keruzoret. François Le Barbu était membre d'une famille qui possédait au XVème siècle en Plouvorn les manoirs de Ternant, de Lanorgant et de Kervidonès.

Louis Le Jacobin, sieur de l'Isle (1610-1626) : Ce gouverneur était chanoine de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Il obtint de la justice réparation pour le tort que lui causaient certains particuliers de Plouvorn, qui s'arrogeaient le droit de percevoir et de garder les aumônes offertes à la Vierge de Lambader.

Guillaume Le Jacobin (1626) : Guillaume Le Jacobin était également chanoine de Léon, et, de surcroît, recteur de Plounéventer. Il prit possession de sa charge le 14 juin 1626.

Guillaume de la Boissière (1639) : Ce dernier devint titulaire du bénéfice par lettres datées du 18 février 1639.

Mathurin Chevert (1639) : Ce gouverneur eut à défendre ses droits au bénéfice de Lambader contre Guillaume Tréguier, chanoine et théologal de Léon et il réussit à faire prévaloir sa cause.

Jean Tournemouche (1647-1648) : C'est ici un personnage important : chanoine de Tréguier depuis 1623, il était ensuite devenu grand archidiacre de Plougastel et promoteur de Tréguier, puis prieur commandataire de Saint-Matthieu de Morlaix.

Jean-Claude Le Jacobin (1648) : Neveu de Tournemouche, simple clerc tonsuré, Jean Le Jacobin, pourvu le 14 juillet 1648, résigne son bénéfice en faveur de son neveu, Jean-Claude du Bourgblanc.

Jean-Claude du Bourgblanc (1649-1677) : Pourvu le 16 juillet 1649, ce simple étudiant de 17 ans fut suppléé dans son gouvernement par son père et son oncle Guillaume Le Jacobin, chanoine de Léon.

Hamon-Pierre du Bourgblanc (1677-1711) : Frère du précédent, Hamon n'était encore que clerc tonsuré lors de sa nomination au gouvernement de Lambader. Le 21 décembre 1684, il se présente dans un aveu comme docteur en théologie de la Faculté de Paris, chanoine et pénitentier de Léon. Il résidait habituellement à Saint-Pol-de-Léon. Par son testament du 10 décembre 1699, il léguait à la chapelle de Lambader une somme de 300 livres.

Pierre Pescherard (1711-1712) : Dorénavant, les titulaires de Lambader vont être des étrangers à la province. Pescherard, prêtre habitué en la ville de La Flèche, diocèse de Saumur, pourvu de Lambader en 1711, chargea de le remplacer à Plouvorn noble homme François Abrahamet, sieur de la Villenisan, conseiller du Roi à Saint-Pol-de-Léon. Le 22 octobre 1711, le nouveau gouverneur exigea que les héritiers de son prédécesseur fissent des réparations à la chapelle de Lambader, dont une partie s'était écroulée en 1685.

Un procès s'ensuivit. A peine était-il commencé que Pescherard résigna son bénéfice à un prêtre de La Flèche, Claude Persac.

Claude Persac (1712-1721) : Celui-ci prit possession de Lambader le 6 mai 1712 et continua le procès entamé par son prédécesseur. Se donnant garantie pour les héritiers de M. du Bourgblanc, M. de Kéramprat, vicaire général de Léon, offrit au présidial de Quimper, devant qui la cause avait été portée, de réparer la chapelle de Lambader. Persac accepta mais réclama les titres du bénéfice que de Keramprat avait déposés aux archives du clergé de Léon. Le 14 juin 1712, une sentence du président ordonnait que les titres fussent rendus et prescrivait une expertise des bâtiments du bénéfice.

Trois experts et un greffier, venus de Quimper, examinèrent la chapelle le 20 juin, et voici un résumé de leur procès-verbal : Le lambris de la nef est entièrement ruiné, celui du chœur indigent, celui de la longère nord à moitié ruiné. M. de Keramprat fit remarquer au sujet de cette longère que les réparations incombaient au seigneur de Coatanfao, sieur de Mesgouin, dont les armes d'or à la face de sable, avec ses alliances, figuraient dans une vitre, à cet endroit. Quant aux autres verrières du bas-côté nord, elles demandent aussi des réparations, dont doit répondre le seigneur de Kéruzoret. La maîtresse vitre est également à refaire. Au bas-côté midi, le lambris demande une complète restauration. Le plancher du jubé est indigent. La toiture de la chapelle exige de grandes réparations. Dans la tour, des clochetons sont ébranlés, et les cloches fendues.

Le 22 juin, après avoir visité les dépendances de Lambader, les experts firent un inventaire des ornements de la chapelle.

Le 5 août 1712, le présidial rendit sa sentence. Il condamna M. de Keramprat à faire faire dans le mois les réparations nécessaires, à l'exception du rétablissement du portail ouest et des lambris de la chapelle.

C'est en 1722 que M. Persac résigna son bénéfice en faveur de son neveu, Louis-Claude Persac.

Louis-Claude Persac (1722-1767) : Le nouveau titulaire, originaire de Saumur, et chanoine, prit possession de son bénéfice en 1723. Une pièce de 1728 lui assigne un revenu net de 425 livres 18 sols. A la mort de son oncle, survenue le 23 mai 1759, il dut payer le droit de rachat équivalent à une année de revenu, parce que cet oncle s'était donné comme homme lai, vivant, mourant et confisquant. La somme qu'il versa, 1077 livres 9 sols 9 deniers, dépassait le revenu de 908 livres qu'il toucha cette année-là.

Des actes de 1753, 1760, 1766 nous montrent M. Persac séjournant au manoir de Troérin « pour la suite de ses affaires ». Il mourut le 3 septembre 1767.

Louis-François Macé (1768-1790) : Natif de l'Anjou, comme ses trois prédécesseurs, ce nouveau bénéficiaire était licencié en théologie, ancien recteur de l'Université d'Angers, professeur de philosophie de l'université de Paris, bibliothécaire du collège royal de La Flèche.

 

Lambader après la révolution.

Ni la chapelle ni son pourpris ne furent aliénés sous la Révolution. Elle servit d'église aux prêtres insermentés du canton, que suivait l'immense majorité des paroissiens de Plouvorn.

Le 30 janvier 1804, le recteur de Plouvorn, M. Prigent, écrivait à l'évêché : « La succursale de Plouvorn possède la chapelle de Lambader, disponible, et dans un état de décence et de sûreté convenables, située sur les confins de trois communes, Plouvorn, Plougourvest et Plouzévédé, et pouvant servir à procurer l'instruction des enfants, et la messe aux fidèles de ces trois communes, trop éloignés de leurs églises principales, et elle avoit à cet effet un prêtre toujours y résidant avant la révolution.

Cette chapelle assez vaste, ayant d'ailleurs cimetière, tour et sacristie, pourroit au besoin suppléer l'église principale de Plouvorn, que plusieurs jugent ne devoir pas être désormais longtemps en état de sûreté aux fidèles pour s'y assembler, et il est par conséquent très utile que M. l'Evêque en demande la disposition, ou la conservation au gouvernement ».

Le 3 mars suivant « les citoyens de Plouvorn » écrivaient à M. l'Evêque de Quimper : « Monsieur, Nous connoissons que nos vœux pour la conservation de la chapelle de Lambader, en Plouvorn, seront plus agréables au gouvernement, et plus surs d'en être exaucés, s'ils lui sont présentés et manifestés par vôtre organe ; et nous osons vous prier d'accorder cette grave à un peuple, qui fait partie du troupeau, qui a le bonheur de vous avoir pour pasteur.

Les soins, que nous avons pris, de réparer et d'orner la chapelle de Lambader, la mettent dans un état de sureté et de décence convenables ; et sa situation aux confins de trois communes (Plouvorn, Plougourvest et Plouzévédé) lui donne l'avantage de procurer l'instruction des enfants et la messe à un grand nombre de fidèles de ces trois communes trop éloignés de leurs églises respectives.

D'ailleurs, cette chapelle aussi vaste que la plupart des églises principales du pays, et ayant, comme elles, un cimetière, une sacristie, et de plus l'une des trois plus belles tours de l'ancien évêché de Léon, peut, facilement, au besoin, suppléer l'église principale de Plouvorn, et l'a suppléée en effet dans les circonstances, ou l'on a jugé, ou qu'elle n'étoit pas en état de sureté aux fidèles pour s'y assembler, ou de décence convenable, pour y célébrer les divins mystères ; et aujourd'huy, un habile architecte a déjà jugé que la première de ces deux circonstances ne tardera pas à se présenter.

De plus, Monsieur, depuis que nous sommes au monde, nous connaissons la vénération des peuples voisins, et même des peuples éloignés, pour cette ancienne et pieuse chapelle. Nous les y voyons venir implorer les secours du ciel dans leurs nécessités, ou lui rendre graves des faveurs, qu'ils en ont déjà obtenues, par l'intercession de Celle, que l'on vénère dans ce saint lieu, et sans qu'il nous soit besoin de vous dire, que les monuments des miracles, que Dieu y a opérés dans tous les temps, par l'intercession de sa sainte Mère, y excitent la dévotion des fidèles, la vue seule de ce bâtiment magnifique, érigé, par la piété de nos pères, en l'honneur de Marie, est elle-même un monument, qui réveille et ranime dans leurs enfants le zèle à honorer cette mère d'un Dieu Sauveur.

Nous vous prions donc, Monsieur, et vous conjurons par la reconnaissance, que nous devons à Dieu, pour les faveurs, qu'il a bien voulu accorder à nos pères, et à nous-mêmes, dans ce saint lieu, par le zèle que nous avons nous-mêmes, et par celui que nous voudrions inspirer à nos enfants pour l'honneur de la mère de leur Sauveur, nous vous prions et vous conjurons de vous employer, en nôtre faveur, auprès du gouvernement, à l'effet de nous en obtenir la conservation de ce digne objet de nôtre vénération, et de celle de plusieurs peuples ; ce nouveau bienfait, qu'ajoutera le gouvernement à ceux dont il nous a déjà comblés, lui attirera de plus en plus nôtre attachement, nôtre reconnaissance et nôtre amour et à vous, Monsieur, qui nous aurez fait la grace de solliciter ce bienfait pour nous, et par qui nous l'aurons obtenu, il attirera mille et mille bénédictions de nôtre part ; et lorsque nous irons célébrer les fêtes de Marie dans cette sainte chapelle, nous y multiplirons les prières que nous faisons pour vous, et les actions de graces, que nous rendons chaque jour à Dieu, de nous avoir donné en vous un pasteur selon son cœur ».

Suivent les signatures du maire, de l'adjoint, de l'instituteur et de dix-sept notables.

Le 22 septembre 1805 nouvelle supplique dans les mêmes termes. — Suivent les signatures de Prigent, desservant, Abgrall, vicaire, et de vingt-sept notables.

La chapelle de Lambader devint bientôt chapelle de secours. Le chevalier de Fréminville, qui la visita en 1830, nous en a laissé une description où nous notons ce détail : « Plusieurs statues ornaient jadis l'église de Lambader, elles ont été renversées et mutilées, leurs débris gisent sur le gazon dans le préau ou cour du monastère. ».
La chapelle fut classée, peu après, monument historique, et la fabrique de Plouvorn reçut de l'Etat une allocation destinée à sa réparation et à son entretien. On eut le tort de commencer les travaux par la démolition de l'arc de triomphe qui appuyait la façade nord du clocher ; celui-ci s'ébranla bientôt d'une façon inquiétante, si bien qu'en 1837 on descendit la flèche et la partie supérieure de la tour, pour éviter leur chute : « La flèche de la tour de Lambader étant descendue, écrivait le 3 décembre 1841, à l'évêque M. Caer, recteur, il n'y a plus aucun risque pour faire l'office dans la chapelle comme auparavant. On vient de terminer les réparations de quelques dégâts faits à la toiture de cette chapelle par la chute de quelques pierres pendant la démolition de la flèche. La paroisse désire que l'office se face dans cette église toutes les faites de la sainte Vierge comme anciennement ; je prie votre Grandeur si c'est un effet de sa bonté de vouloir bien m'autoriser à cela.

« M. le Maire me prie de vous demander si le gouvernement qui a pris sur lui de démolir la dite flèche, sans lui en donner avis, peut aussi s'emparer des pierres à son gré si ce n'est pour la reconstruction de la tour » [Note : M. de Kerdanet signale, en 1837, autour de l'église, diverses statues curieuses, telles que celle de saint Christophe, datée de 1640, et la statue de Notre-Dame de Pitié dans l'attitude la plus recueillie et la plus expressive. (Les Vies des Saints…, p. 502)].

Quelques années plus tard les beaux vitraux coloriés du XVIème siècle furent brisés, on eut le mauvais goût de maçonner la maîtresse vitre, et l'église fut laissée à l'abandon. On s'employa enfin de 1875 à 1877 à consolider et rajeunir la chapelle, et le bas de la tour. Le 9 septembre 1877 Mgr Nouvel vint bénir le nouvel édifice ; à cette occasion M. Guillou, recteur de Penmarch, composa un gracieux cantique de quinze quatrains octosyllabiques, dont voici le refrain :

Saludomp oll Mam hor Zalver, - E chapel nevez Lambader, - Hag ar Verc'hez hon diouallo - Breman hag en heur hor maro.

Le clocher à son tour fut remonté sous la direction de l'entreperneur Jean-Louis Le Naour de Quimper. La dépense fut couverte par le budget de la fabrique, les souscriptions des fidèles et surtout par la générosité des familles de Réals et de Kerdrel. En 1881, tout était terminé, « l'admirable clocher, arraché au placitre où, pendant quarante années, son cadavre disjoint avait gî sous les pieds des passants, ressuscitait enfin, dans sa splendeur toute neuve, pour s'élancer vers le ciel comme une triomphante prière, et l'orgueilleux Kreisker apercevait de nouveau, après avoir longtemps régné seul sur les campagnes léonaises, son rival dressé à l'horizon ». (Le Guennec, La Chapelle de Lambader, p. 79).

 

La dévotion à Notre-Dame de Lambader.

« Si vous entrez dans Plouvorn, notait en 1645 dom Cyrille Le Pennec, carme de Saint-Pol-de-Léon, vous ne pouvez faire beaucoup de chemin sans remarquer la belle église priorale de N.-D. de Lambader, tant pour l'excellence du bastiment, qu'a raison de la grande dévotion du peuple qui y aborde de plusieurs endroits. Ce lieu est fort considéré par les personnes dévotieuses, et estant limitrophe à plusieurs paroisses de cet Evesché, les pèlerins y arrivent en affluence aux festes de la Vierge, et surtout le lundy de la Pentecoste » (Les Vies des Saints..., éd. Kerdanet, p. 502-503).

M. Hellard, recteur de Plouvorn, écrit à l'évêque de Quimper le 4 décembre 1856 : « Le pardon de Lambader se célèbre le lundi de la Pentecôte ; il y a de plus à cette chapelle, messe matinale, grand'messe et vêpres à toutes les fêtes de la Sainte Vierge, c'est-à-dire que l'office paroissial y a lieu ces jours.

Il vient de temps à autre des pèlerins à Lambader ; une des dévotions consisterait à demander l'usage de la parole aux petits enfants qui sont tardifs à parler ; on fait dire ordinairement une messe, puis on était jusqu'à présent dans l'usage de faire bénir du pain que l'on faisait ensuite manger à ces enfants — on voit aussi quelquefois des personnes faire le tour de la chapelle à genoux nus.

Les offrandes qui se donnent à la chapelle les jours où on y fait l'office, consistent en argent, vêtements de femmes, lin, cire, etc...

On voit dans l'intérieur de la chapelle déposées à côté du maître-autel, plusieurs béquilles, puis dans la grande nef appendus au murs des bouts de chaînes qu'on croit avoir été des chaînes de captifs, il y en avait en plus grand nombre autrefois ; elles ont disparu.

Les processions vont de l'église paroissiale à la chapelle et vice-versa — l'image de la sainte Vierge est portée par des jeunes filles — pour le pardon on porte aussi de saintes reliques ; les jeunes gens qui les portent ont revêtus d'un rochet et d'un bonnet blanc — les bannières portent l'image de saint Pierre, de saint Roc'h et de la sainte Vierge ».

Chaque année le grand pardon du lundi de la Pentecôte amène aux pieds de la Vierge de Lambader une multitude de fidèles pieux et recueillis. En dehors de cette solennité des pèlerins y viennent isolément ou par bandes. M. Le Guennec atteste y avoir vu, à sa première visite à la chapelle, deux femmes portant le costume de Saint-Thégonnec, qui firent sûr leurs genoux découverts, le tour de la nef ; l'une d'elles pleurait en se traînant sur les dalles rudes.

Les 20 et 21 août 1927 de belles fêtes eurent lieu à Lambader à l'occasion du cinquantenaire de la reconstruction de la chapelle.

Le samedi 20, M. Tanguy, recteur de Bénodet chanta la messe, assisté de MM. Quéré, recteur de Dinéault, et Kerdilès, recteur de Pouldavid, tous trois enfants de Plouvorn. Dans son sermon d'une forme très soignée et empreint d'une tendre piété, M. le chanoine Mesguen, supérieur de l'Institution Notre-Dame du Kreisker, commenta l'invocation : Mater misericordiae, ora pro nobis : « Mère Miséricorde, priez pour nous ».

Le dimanche, en présence de Mgr Conan, archevêque de Port-au-Prince, Mgr de Guébriant, archevêque de Marcianopolis, Mgr Duparc, évêque de Quimper et de Léon, une centaine de prêtres ou séminaristes et des milliers de fidèles assistaient à la grand'messe, chantée dans un immense parc où l'autel était dressé, par M. le chanoine Auffret, curé de Douarnenez, qu'assistaient MM. Simon, recteur de Peumerit, et Jaffrès, recteur de Plouénan, tous deux originaires de Plouvorn. A l'Evangile, M. le chanoine Messager prononça uri émouvant discours. « C'est ici, dit-il, un lieu choisi par la sainte Vierge ; voilà pourquoi nous sommes venus aujourd'hui très nombreux lui rendre hommage en son sanctuaire. Ce pays est comblé de grâces par la Mère du Sauveur : à lui de se montrer digne de cette prédilection, digne aussi des anciens qui se détournèrent du prêtre assermenté de Plouvorn pour rester attachés à leurs prêtres fidèles ».

Aux vêpres, dans un discours fort éloquent, Mgr Duparc développa un quadruple thème : l'arche d'alliance sous l'Ancien Testament fut un centre de prières, la maison du bon conseil, l'école de la victoire, un foyer de sainteté : tels doivent être le sanctuaire et la statue vénérés de la Vierge de Lambader.

Puis ce fut la longue théorie de la procession. En tête un groupe venu de Douarnenez puis la délégation des autres paroisses. Pendant trois quarts d'heure ce fut un défilé impressionnant de splendides croix massives de métal, de somptueuses bannières, de précieux reliquaires que suivait la statue vénérée de la Vierge portée et entourée par un groupe de mères de famille de Plouvorn. Et les prélats passent enfin, Mgr de Guébriant le dernier, au milieu de la foule qui s'incline respectueusement sous leurs mains bénissantes ; pendant que retentissent les accents des cantiques de Notre-Dame de Lambader (Semaine Religieuse de Quimper, 1927, p. 575-579).

(H. Pérennès).

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