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L'HISTOIRE DE PLOUVIEN AU XVIIIème siècle

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Les familles nobles avaient disparu, ou allaient bientôt disparaître de la paroisse : le rôle des petits notaires-experts touchait à son terme ; et, dès la fin du premier quart du dix-huitième siècle, l'administration temporelle de la paroisse était exclusivement entre les mains des notables parmi les paysans. Cette administration se désignait sous le nom de corps politique.

Ville de Plouvien (Bretagne).

Pour être admissible dans ce corps, il fallait avoir été jugé digne et capable de remplir les fonctions de marguillier, et avoir rendu un compte honorable de son année de gestion. Il était composé de douze membres, qui ne se distinguaient entr'eux que par les années de service, et d'un procureur syndic, qui était le défenseur des intérêts publics et l'agent de la municipalité, mais sans voix délibérative dans le conseil. Un bureau, formé des trois membres principaux et du procureur-syndic, gérait toutes les affaires de la paroisse et de la fabrique, tenait la caisse, prenait la charge des pauvres, des malades, des infirmes, des orphelins, des enfants abandonnés, etc. Ce régime, établi d'après le droit coutumier de la Bretagne, subsista jusqu'à l'année 1790 ; et, plut à Dieu ! qu'il eût continué à subsister ; car alors le pauvre, et tout particulier, incapable de défendre ses droits lésés, aurait trouvé, dans le procureur syndic, un défenseur attitré.

Le Recteur avait droit d'entrée aux séances du corps politique, surtout lorsqu'il était question des intérêts de l'église ou des pauvres ; de fait, il n'y paraissait que pour la nomination des marguilliers.

Les nobles ne jouissaient point de ce droit, à raison de leur titre. Ils pouvaient seulement y envoyer un représentant quand il était question d'exécuter des travaux au choeur, dont l'entretien était à la charge du bénéficier et des nobles : encore tout le privilège de ce représentant se bornait-il à y avoir voix consultative.

Du reste, et le Recteur et les nobles pouvaient se reposer en sécurité sur ces hommes honorables, entièrement dévoués au bien public et aux intérêts de l'église.

L'égoïsme était inconnu de ces âmes chrétiennes, et le cabaret n'avait pas encore affaibli les caractères. Nous aurons à rapporter, à l'éloge des hommes de ces temps, plusieurs faits, tous de nature à confondre nos administrateurs modernes.

Dans l'année 1727, l'abbé Pirion fut enlevé à l'amour de son peuple. Il emportait dans la tombe la consolation la plus douce pour un pasteu•, celle d'avoir purgé la paroisse de tous les scandales publics et d'avoir remis la vertu en honneur. M. Bélingant, docteur en droit civil et canonique, était bien digne de lui succéder. Homme intelligent et actif, il continua l'oeuvre de son prédécesseur avec un zèle persévérant, et il imprima, pour ainsi dire, à la paroisse, la foi et l'esprit des premiers âges de l'église. Son nom reste attaché aux piliers de l'entrée du cimetière et à une boîte en argent pour les Saintes Huiles. Il mourut en l'année 1761, alors âgé de soixante-dix-neuf ans.

M. François Michel du Porzic, en prenant possession de la paroisse, trouva la caisse du trésor presque vide : l'année précédente, des voleurs avaient réussi à soustraire tout le dépôt consigné dans le coffre-fort. Cependant nous voyons que de nouvelles ressources permirent, en 1763 et 1764, de refondre la seconde cloche, d'élargir et d'exhausser l'arcade de la chapelle de Kergaraoc. Au même temps, M. Du Bandiez restaurait, à ses frais, la chapelle de Garsjean, et recevait reconnaissance de ses droits de fondateur.

Nous allons voir maintenant une suite d'actes énergiques de l'administration municipale. Au commencement de juin 1781, le directeur des travaux à l'hôpital Pont-an-Ezen avait imposé à la paroisse la corvée de seize charrettes pour transporter des arbres du Breignou à ce lieu. Le 29 du même mois, le corps politique répondît par un refus formel, à moins d'un ordre émané du Roi.

Au mois de janvier de l'année suivante, le Syndic recevait une ordonnance, qui imposait à la paroisse la corvée de quarante-huit charrettes. Voici la réponse que la municipalité, réunie pour délibérer, donna commission de transmettre à l'intendant de la province.

« NOUS soussignés, anciens marguilliers et composant le corps politique de la paroisse de Plouvien, assemblés au lieu ordinaire de nos séances pour délibérer sur une ordonnance, en date du 18 de ce mois, rendue à notre syndic par M. Gilord, subdélégué, ordonnance par laquelle il est imposé aux habitants de la paroisse de fournir et de rendre quarante huit charrettes, près le château de Breignou, pour transporter des arbres de ce lieu à Pont-an-Ezen ; considérant que nos paroissiens sont trop chargés de corvée pour le Roi, nous défendons très-expressément à François Le Guen, notre syndic, de fournir aucune charrette pour le dit transport ; et, en cas de quelque sort ou événement nous répondrons pour le syndic ; de plus, nous, corps politique de la paroisse de Plouvien, donnons pouvoir et procuration à Pierre Le Bec, de Kernévez-Rossunan, Yves Cueff, de Kerouné, et Guillaume Guéguen, de Mespont, de présenter requête à Monseigneur l'intendant de la province, et d'exposer toutes les raisons légales pour justifier notre refus. La requête sera faite par M. Le Gendre, avocat à Brest ; et Le Bec et Cueff seront remboursés pour la dépense qu'ils auront faite. Ce 20 janvier 1782 ; et ont signé : Pierre Le Bec, Claude Gouanec, Goulven Bossard, Jaoua Madec, Gabriel Lunven, Alain le Bédiez, Jean Le Bris, Jean Abivin, Yves Cueff, Claude Conq, Gabriel Floc'h, Jean Piriou ».

L'administration supérieure au lieu de faire droit aux justes remontrances du corps politique, frappa la paroisse d'un impôt extraordinaire de cinq mille livres. Mais la municipalité, loin de céder à ce système de vexations arbitraires, se réunit de nouveau le 1er juillet 1782, et choisit, dans cette séance, deux membres, qui eurent pour mission de consulter trois avocats, et de se rendre avec eux à Castel-Daon-Dour (Landivisinu), « présenter à la chambre intermédiaire leurs justes réclamations et demander à ce qu'il fut fait droit à la paroisse » (Mêmes signatures que dans les deux délibérations précédentes). Droit fut en effet fait à la paroisse, grâce à l'énergie persévérante de ses administrateurs.

Ces trois délibérations, écrites de la main de Tanguy Bescont, nous peignent au vif l'esprit et le caractère de nos aïeux. Ce n'est certes pas d'eux qu'on eut pu dire qu'ils se laissaient tailler à merci. Puisse la paroisse reproduire des hommes de cette trempe !!!

L'abbé Rodellec Duporzic voyait arriver le terme de ses jours avec le calme du juste. Quoique né d'une famille noble et riche, il ne lui restait à disposer de rien à son dernier jour : sa foi et son coeur lui avaient donné l'amour de la pauvreté évangélique ; il mourut en vrai disciple du divin Sauveur. Le jour de sa sépulture fut marqué par un deuil général dans la paroisse. Mais le souvenir de ses bienfaits ne s'éteignit pas avec lui. Quarante ans plus tard, nous entendions encore bénir sa mémoire. Il avait vécu soixante-dix-huit ans.

Armel Joseph Iliou fut nommé par l'évêque de Léon pour son successeur (1783). Ce recteur avait toutes les vertus et les qualités qui constituent le saint prêtre ; mais il avait une nature timide et il ne possédait qu'une capacité très médiocre. Aussi, pour n'avoir pas su discerner la disposition des esprits dans la paroisse, commit-il plusieurs fautes, qui, sans lui faire rien perdre dans l'estime publique, lui suscita, dès le début, de graves désagréments.

Un mal secret travaillait déjà la société toute entière : il se faisait sentir jusque au fond des plus paisibles campagnes.

La féodalité avait donné naissance à un si grand nombre d'abus et de vexations que les cultivateurs étaient fatigués du régime des privilèges. La réaction devenait inévitable. Depuis plus d'un siècle le corps politique était constamment en lutte contre les exigences de certains nobles, du marquis de Penmarch et de Carman en particulier, soit au sujet des biens de la fabrique, soit au sujet des biens de particuliers. C'est pourquoi nous voyons, en toute rencontre, le corps politique faire une opposition opiniâtre à l'établissement de tout privilège nouveau. Une délibération du 3 novembre 1788 nous en fournit une preuve entre cent autres. M. de Coétaudon héritier du manoir de Kerdu, et M. de Largeteau, récent acquéreur du Mézou, avaient demandé à placer leurs armoiries dans l'église paroissiale, en signe de prééminence. Le recteur semblait disposé à se rendre à leur désir ; mais la municipalité déclara formellement qu'elle ne croyait pas devoir accorder des privilèges à des familles, auxquelles la fabrique ne devait aucune reconnaissance, et que tout changement opéré dans l'église aurait sa désapprobation. Il ne faut pas cependant chercher dans ce fait, et tant d'autres que nous eussions pu rapporter, une autre pensée que celle exprimée dans le cahier des voeux de la paroisse, lors des élections primaires pour le choix des représentants aux Etats Généraux. Ces voeux peuvent se réduire à ces terme : « Abolition des droits seigneuriaux, sauf indemnité ; Abolition des corvées et des contributions arbitraires ; répartition des impôts sur une base commune ; réorganisation des tribunaux de Justice ». Dans ces voeux, la paroisse n'exprimait rien que ne réclamât la France modérée et monarchique. Hélas ! on gémissait sous un régime qui n'était sans doute pas exempt d'abus, et on ne prévoyait pas ce joug de fer, contre lequel il ne fut même pas permis de réclamer.

Les états généraux étaient à peine rassemblés (1789) que le char de la révolution fut mis en mouvement et bientôt il ne fut plus loisible à ceux-là même qui lui avaient donné la première impulsion, de l'arrêter dans sa course.

Nous indiquerons les principaux gestes et faits de nos assemblées nationales de 1789 à 1801, parce qu'ils eurent leur retentissement dans notre localité.

(Chan. Pérennès).

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