Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

L'EGLISE DE PLOURIN

  Retour page d'accueil       Retour page "Ville de Plourin"  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

L'église de Plourin est sous le patronage de saint Budoc dont la légende, longuement exposée par Albert Le Grand, est pleine de charme [Note : Les Vies des Saints, édition Kerdanet, p. 727-763. — Voir la gwerz de Barzaz-Breiz, Tour an Arvor]. En voici un sommaire :

« Budoc était le fils de. la belle et malheureuse, Azénor, fille du prince de Léon, roi de Brest en 537, et comte de Gouélo et Tréguier. Azénor ayant été faussement accusée d'adultère par la seconde femme de son père, fut, en attendant son jugement, enfermée dans une des tours du château de Brest, qui porte encore son nom. Plus tard, condamnée sur de faux témoignages, elle fut placée dans un tonneau de bois fermé de toutes parts, « et jetée en pleine mer à la mercy des vents, des ondes et des écueils ». Elle était alors enceinte de saint Budoc, qu'elle mit au monde cinq mois après, au milieu de l'Océan. Aussitôt après la naissance de ce fils, auquel Dieu avait accordé la parole au sortir du sein de sa mère, son tonneau vint atterrir miraculeusement sur les côtes d'Irlande. Dans sa reconnaissance, elle destina son fils au service de Dieu.

Plusieurs années après, Budoc, étant devenu abbé, résolut, par inspiration divine, de passer en Bretagne Armorique. N'ayant point de navire à sa disposition, il s'embarqua dans une auge de pierre qui lui servait ordinairement de lit, et vint aborder heureusement sur la côte, à Porspoder. Là il bâtit d'abord une église et un hermitage ; mais, un an après, fatigué par le bruit incessant de la mer, dont les flots venaient se briser avec violence aux écueils sur lesquels était bâti son ermitage, il se décida à quitter ces lieux. Il plaça son lit de pierre sur une charrette attelée de deux boeufs, résolu à aller où il plairait à Dieu de le conduire. Rendue à une lieue de Porspoder, en Plourin, sa charrette se brisa et son lit tomba sur la terre ; reconnaissant dans cet événement la volonté de Dieu, il s'arrêta, et, sur l'emplacement où son lit était tombé, il bâtit une église et un hermitage, puis se mit en devoir de catéchiser les habitants, dont le plus grand nombre n'était pas encore converti. Cela se passait en 585. Quelques années après, il fut encore obligé de quitter Plourin ; il se rendit à Dol, dont il devint archevêque.

En 6o8, se sentant près de sa fin, il ordonna à un de ses aumôniers, nommé Hydultus, de lui couper, après sa mort bien entendu, le bras droit et de le porter à Plourin. Ses volontés furent ponctuellement exécutées ; mais un soir, Hydultus, pendant son voyage, s'étant arrêté dans une auberge, à Briech, dans le diocèse de Vannes, et un miracle s'y étant opéré par l'intercession de la relique, le curé de l'endroit s'en empara, et malgré ses prières et ses supplications ne voulut point la lui rendre. Désolé de sa mésaventure, Hydultus demanda au moins la faveur de la baiser avant son départ ; on y consentit. Il s'approcha donc avec recueillement de l'autel, fit dévotement sa prière, et le bras de saint Budoc lui étant présenté, « il prit si bien son temps et ses mesures qu'il attrapa, entre ses dents le pouce, le second et le troisième doigt de la main et les mordit si serrés, qu'il les coupa et les emporta à Plourin, où ces saintes reliques furent enchâssées et conservées avec soin ». Précieuses reliques, du reste, qui jadis, lorsqu'on faisait un faux serment, en jurant par elles, ne laissaient point s'écouler une année sans punir et châtier rigoureusement le parjure. Renfermées dans un bras d'argent, elles existent encore à Plourin et sont toujours l'objet de la vénération des fidèles ».

 

L'ANCIENNE EGLISE (Voir au Bulletin de la Société Académique de Brest, 1861, l'intéressant article de M. Fleury, bibliothécaire de la Ville, p. 422, 466…)
L'église de Plourin, observe M. Fleury en 1861, est d'une grande antiquité, le bas de la nef surtout, dont les arcades à plein cintre peuvent remonter au XIIème siècle. Les chapelles latérales et le chœur sont moins curieuses.

Plourin a dû posséder une église romane [Note : M. de Kerdanet a lu sur un pilier roman de l'ancienne église : Y. IOCILIN. Il s'agit sans doute du nom du constructeur]. Des remaniements y furent pratiqués vers 1382, puisque le 20 mars de cette année Clément VII acorde une indulgence de 100 jours « à ceux qui la visiteront et aideront à sa construction » (Peyron : Actes du Saint-Siège, p. 102). Une nouvelle restauration fut entreprise en 1617 : le 5 mars de la même année François Kergroadès, du manoir de Kergounadec'h en Taulé, lègue 60 livres « pour aider à l'édification de l'église ».

M. de Kerdanet a lu a portique l'inscription que voici : V. D. M. JOSEPH DE KSAINT-GILLY. 1695.

Et nous savons par les archives de Plourin que cette année-là la somme de, 520 francs fut versée à Christophe Carraudel « pour avoir construit le portique » [Note : Deux ans plus tôt des fenêtres avaient été percées entre le porche et le pignon ouest de l'église].

Décidée en 1753, la reconstruction du clocher ne fut achevée que deux ans plus tard. Les maîtres d'œuvre Yves Quélennec, de Plouzané, et Jean Quélennnec, de Recouvrance, se chargèrent de le bâtir sur le modèle du clocher de Milizac. Cependant le 26 mai 1754, sur l'avis de François Hall, maître constructeur à Brest, on changea les proportions de la base de la tour. Pour prix de leur travail, les Quélennec reçurent la somme de 2.777 fr.

En 1774 et 1775 furent refaits les murs encadrant le chœur.

La sacristie avait été agrandie en 1740 avec les matériaux provenant de la masure de l'ancienne chapelle de Saint-Gonvarc’h.

En ce qui toucha le mobilier, 139 livres 12 sols furent versés en 1700 au sculpteur Guillaume Lervel, pour la construction d'un nouveau tabernacle, orné de six statuettes.

En 1727 Lucas, sculpteur à Brest, reçut la somme de 137 livres pour une chaire à prêcher. Les cinq panneaux de cette chaire retracent des scènes de la vie de saint Budoc et de sainte Azénor.

1. Sainte Azénor enfermée au château de Brest.
2. Sainte Azénor jetée à la mer dans un tonneau.
3. Saint Budoc, coiffé de la mître et revêtu de la chape, a derrière lui la croix pastorale d'archevêque, à double croisillon. Au fond, une petite chapelle. Dans un coin, au premier plan, le tonneau légendaire.
4. Un ange veille sur le tonneau où est enfermée sainte Azénor.
5. Sainte Azénor, tenant dans ses bras son fils Budoc, aborde aux côtes d'Irlande.

En 1750 les reliquaires de saint Budoc et de sainte Philomène furent sculptés par Gabriel L'Hostis, de Plourin. Le 15 mars 1828 M. Vieil, fondeur à Brest, reçut mandat de refondre la grande cloche. Vers 1850 les fonts baptismaux gothiques furent malheureusement remplacés par de nouvelles cuves. Ils se trouvent aujourd'hui près de la chapelle Sainte-Anne.

Vers la fin de l'année 1854, deux tombes furent trouvées dans l'église de Plourin. Depuis longtemps déjà, une grande dalle en pierre de kersanton, placée devant l'autel de Jésus, dans la chapelle de ce nom, avait attiré l'attention, en raison de sa longueur et de sa largeur ; on profita de la présence d'ouvriers qui travaillaient dans l'église, pour la faire dégager et retourner. On mit au jour le dessus d'un tombeau de 2 m. 15 de longueur et 0 m. 80 de largeur, sur lequel étaient sculptées, en relief, deux statues, l'une d'homme, l'autre de femme. L'homme représente un chevalier couvert de son armure, ayant une longue épée à sa gauche et un poignard à sa droite ; la tête qui est mutilée ainsi que les mains, était découverte. La femme a aussi la tête et les mains martelées. Tout le reste est intact. On lisait sur un des côtés de la Pierre : Cy gist Robert sire de Kgroezes et Benoue sa copaingne, - Lequel Robert trépassa le jour de St Le... (ici la pierre est brisée).

Ce saint était saint Lenard, patron d'une paroisse voisine appelée Larret.

Sur un morceau de pierre se rapportant fort bien au coin brisé, on lisait : M.CCC.IIIIXXXV. Priés Dieu pour son âme.

Cette date de 1395 est celle de la mort de Robert II de Kergroadez qui avait épousé Benoue Carn. L'inscription est écrite en belles lettres gothiques parfaitement bien gravées en creux. Ce tombeau, dont les figures et les ornements sont très bien exécutés, était jadis placé dans un enfeu, probablement dans la chapelle de Jésus où il a été trouvé, car l'inscription n'occupe qu'un des côtés de la pierre.

Cette importante découverte ayant engagé à examiner toutes les autres pierres de kersanton qui existaient dans l'église, on trouva dans la nef, sous les bancs, une autre dalle semblable, ayant 2 mètres 5 centimètres de longueur sur 70 centimètres de largeur. On la fit retourner, et une nouvelle tombe, presque tout à fait intacte, se présenta. Celle-ci portait, au milieu de la pierre, un heaume ou casque couronné, soutenu par un lion ; en dessous était un écusson couché. On lisait autour de la pierre : Cy gist Jehanne du Chastel, fille henée Monseigneur Guillaume, sire du Chastel. - Laquelle trépassa le XX jour de may, l'an MCCCC. Priés dieux pour son âme [Note : Jehanne du Chastel était l'épouse de Hamon II de Kergroadez].

Cette inscription est, comme la précédente, écrite en lettres gothiques et gravée en creux sur les deux côtés de la pierre, ornée de sculptures en relief. La tombe de la dame du Chastel était, dit-on, placée avant la Révolution, devant le maître-autel, dans la nef.

Près de ces deux tombes gisaient aussi, sur la terre du cimetière, une quinzaine de pierres sculptées d'une bien moindre dimension. Elles en formaient probablement jadis les soubassements. Les armoiries gravées sur ces pierres sont celles, ou des Du Chastel, qui portaient : fascé d'or et de gueules de six pièces, ou celles des Kergroadez, dont l'écusson était : fascé de six pièces d'argent et de sable. Les émaux ou couleurs n'étant point indiqués sur les pierres, il est difficile d'assigner à laquelle des deux familles elles pouvaient appartenir [Note : Bulletin de la Société Académique de Brest, 1861, p. 143- 166].

Lorsque fut construite, en 1893, la nouvelle église de Plourin, les tombes de Robert de Kergroadez et de Jehanne du Chastel furent placées dans le cimetière. Comme les mauvaises herbes venaient les recouvrir, M. Moan les fit transférer en 1905 dans un endroit plus convenable, au pied de la croix de Mission.

 

L'EGLISE ACTUELLE.
L'ancienne église fut remplacée en 1893 par une gracieuse église moderne, de style gothique flamboyant. La première pierre du nouvel édifice avait été bénite le 21 mars 1893, et la consécration eut lieu le 20 septembre de l'année suivante. A l'occasion de cette cérémonie présidée par Mgr Valleau, Germain Horellou, vicaire de Plourin, composa un joli cantique breton, de douze quatrains à vers octosyllabiques [Note : M. Horellou, prêtre distingué, est également l'auteur d'un cantique breton à saint Budoc qui comprend 13 quatrains à vers octosyllabiques et reçut l'Imprimatur le 11 avril 1902].

Du mobilier de l'ancienne église on conserve encore une sainte Catherine, belle statue en pierre, une Vierge Mère, saint Budoc abbé et saint Sébastien, puis quatre personnages d'un retable du Rosaire la sainte Vierge portant l'Enfant-Jésus, saint Dominique et sainte Catherine. Ces personnages, de physionomie expressive, sont de la fin du XVIIème siècle.

Le socle d'une pietà présente un écusson mi-parti d'un croissant accompagné de 3 coquilles, blason des Keruzaouen.

En 1933 un beau vitrail a été placé dans la maîtresse vitre, lequel a coûté 21.000 francs.

 

CONFRÉRIES.
En 1649 fut instituée la confrérie du Saint-Nom de Jésus, en 1653 celle du Saint-Sacrement.

La fondation de la confrérie du Rosaire doit remonter à cette époque. En 1733, pour des travaux effectués à la chapelle du Rosaire, la fabrique versa trois livres à des maçons, quarante-deux livres à un charpentier du nom de Menu ; Jean Caill toucha cinq cent livres pour redorer le retable de l'autel du Rosaire et exécuter divers autres travaux. C'est alors sans doute que l'on dut boucher la fenêtre située à l'est de la chapelle du Rosaire pour permettre d'y adosser le retable.

Le 16 avril 1834 les confréries du Rosaire et du Saint-Sacrement furent rétablies dans l'église de Plourin. Sept ans plus tard Michel Pondaven, menuisier à Saint-Pol-de-Léon, construisit un nouvel autel du Rosaire.

En 1738 M. Le Vern, recteur, obtint du corps politique l'autorisation de faire les dépenses nécessaires pour obtenir du Saint-Siège la faculté de gagner une indulgence plénière tous les lundis de l'année et pendant l'octave de la fête des Morts, en faveur des membres de la confrérie des Trépassés, établie depuis longtemps dans la paroisse.

En 1525 Jeanne du Lez, dame de Kergadiou, donna par testament à l'église de Plourin ses terres de Bod-Onn en la paroisse de Dirinon, pour que l'on dise à son intention quatre messes par an : deux messes chantées et deux messes basses. Le prêtre qui desservira ces messes sera au choix de M. de Kergadiou ; si un ne suffit pas, il en prendra deux. Ce chapelain sera payé avec les rentes des terres de Bod-Onn. En 1612, c'est M. Stéphan, curé de Plourin, qui célèbre les quatre messes.

Par une fondation de 1570, Catherine de Kerengar, dame de Kériar, stipule qu'à ses intentions sera dite une messe basse, et qu'une messe sera chantée le dimanche en la chapelle de Brélès.

M. François de la Tour, recteur de Plourin, demande deux messes basses par semaine et donne onze écus, à prendre sur son domaine de Kerahoulc'hen.

En 1592, c'est une fondation de Jean Bohic, seigneur de Kerinoc, demandant une messe tous les vendredis en l'église de Plourin.

L'année suivante, François Tréhoret, prêtre, sollicite, pour lui-même, une messe chaque vendredi et samedi de l'année.

Claude Kerboul, prêtre, demande, en 1595, une messe tous les vendredis, à charge par celui qui la dira de lire au bas de l'autel tout le récit de la Passion.

En 1602, fondation par Bernard Peton, curé de Plourin, d'un service et d'une messe chantée chaque jour. Quatre prêtres sont chargés de cet office. En retour, cet ecclésiastique généreux donne à l'église des propriétés qu'il possède à Runacos, à Kervoulouarn, à Kerradec, à Mezou-Sana-Budoc, à Kerizouarn en Porspoder, à Tour-an-Arvor, à Roudouzic, puis en Plouarzel.

En 1615, Marie Kerlec'h de Kermerchou de la Trouchlaye, dame de Kerusaouen, fonde deux messes par semaine, le lundi et le vendredi.

Gilette de Coëtquis, dame de Kergadiou, mariée en 1645, donne à Saint Budoc ses terres de Kerradec, à condition que l'église de Plourin fournisse des ornements sacerdotaux au prêtre qui dessert ses fondations en la chapelle de Kergadiou. Elle demande à ses héritiers de verser par an 18 livres à la fabrique de Plourin, pour que l'on chante un service à l'intention de Charles Perrot, vieux serviteur du manoir.

En 1652, René de Kerléan et Bobine de Kernezne, son épouse, demandent que le premier dimanche de mars et aux fêtes de la Vierge, soit chanté un service avec messe. En retour, ils octroient à la confrérie du Rosaire 24 livres à prendre sur leur domaine de Kerléan et les terres qu'ils ont en Brélès.

En 1766, le seigneur de Kerléan donne à l'église deux chandeliers d'argent, et 600 livres pour faire dorer le soleil de l'ostensoir, moyennant que l'on dise pour le repos de son âme un De Profundis après chaque salut du Saint Sacrement (Archives de Plourin).

(H. Pérennès).

© Copyright - Tous droits réservés.