Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

L'ÉGLISE DE PLOURAC'H.

  Retour page d'accueil       Retour page "Ville de Plourac'h"  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Ce monument, classé par arrêté du 29 janvier 1912, présente, un intérêt certain, tant par son architecture que par son riche mobilier.

Eglise de Plourac'h (Bretagne).

Historique. — L'on ne sait rien des origines de cette actuellement dédiée à saint Jean-Baptiste, ni de son saint fondateur. Son nom, jadis Plougrauch, indique qu'il s'agit là d'une fondation des Bretons au VIème siècle. Jusqu'au Concordat, c'était une cure de l'évêché de Cornouaille ; depuis, de l'évêché de Saint-Brieuc et Tréguier.

L'examen architectonique de l'édifice actuel indique cinq campagnes principales de construction :

1° A la fin du XIVème siècle, construction d'une église, dont, subsistent les piliers, les grandes arcades et le pignon oriental du vaisseau principal.

2° Dans le dernier quart du XVème siècle, construction d'un porche sud entraînant la suppression des arcs diaphragmes supportant le clocher et, par suite, de celui-ci ; reconstruction des murs gouttereaux, ainsi que des chapelles en ailes du chœur, et, sans doute, construction d'un clocher-mur.

3° A la fin du XVIème siècle, reconstruction du pignon occidental et de la base du clocher mur, construction d'une chapelle au nord de la nef au droit des quatrième et cinquième travées ; enfin, percement ou réfection des fenêtres nord et sud des ailes du transept.

4° Au XVIIème siècle, achèvement du clocher et édification d'un ossuaire.

5° Au XIXème siècle, construction de la sacristie, datée de 1818, puis restauration de l'édifice.

Plan. — En forme de tau, l'église comprend une nef avec bas-côtés de six travées au nord et de sept au sud avec faux transept au droit de la dernière, un chevet plat et un clocher-mur sur le pignon occidental.

Plan de Plourac'h (Bretagne).

Au nord, au droit des troisième et quatrième travées, chapelle des Fonts ; au sud, au droit de la cinquième travée, porche surmonté d'une chambre, à laquelle on accède de la nef par un escalier à vis.

Les dimensions principales sont les suivantes :
Longueur en œuvre : 26m32
Largeur entre piliers du vaisseau central : 6m72
Largeur de chaque bas-côté : 2m42
Largeur en œuvre de la nef : 11m56
Largeur aux ailes : 20m26
Largeur de l'aile nord : 3m44
Largeur de l'aile sud : 5m26.

Intérieur. — Du type à nef obscure, l'église n'est éclairée que par les fenêtres des pignons et des bas-côtés. Les grandes arcades, simplement épannelées, reposent sur les chapiteaux octogonaux de piliers eux-mêmes octogonaux, dont les profils des corbeilles et des bases indiquent l'extrême fin du XIVème siècle, époque dont date également le remplage de la fenêtre du chevet. Tant le meneau horizontal de cette dernière que le tailloir octogonal des chapiteaux indiquent une influence anglaise.

Le chapiteau du dernier pilier nord porte sur sa corbeille six écussons, malheureusement frustes aujourd'hui. De tels écussons décorant les corbeilles des chapiteaux se rencontrent dans quelques églises cornouaillaises des XVIème siècle et premières années du XVème siècle, Pouldreuzic et Tréogat, par exemple.

Les troisième et quatrième piliers sud, ainsi que les piliers nord correspondants, portent sur leurs faces tournées vers l'intérieur de la nef et vers les bas-côtés des amorces d'arcs diaphragmes, dont on ne voit plus traces sur les murs gouttereaux, montrant ainsi que, lors de la reconstruction de la fin du XIVème siècle, deux arcs diaphragmes supportaient un clocher, ainsi que dans plusieurs édifices finistériens, Pont-Croix et Kérinec en Poullan, par exemple.

Les grandes arcades portent huit fermes de la fin du XVème siècle, sur lesquelles est fixé le lambris, fermes dont les entraits et poinçons sont seuls apparents. Des restes de sablières sculptées subsistent ; on y distingue des animaux fantastiques, des grotesques et fabliaux, entre autres la poule et le renard.

Dans l'aile sud du transept, l'entrait porte l'inscription : « L'an mil cinq cent commencée ceste chapelle par Charles Glévédé et Marie (de Pestivien), Olivier (une équerre) Lauset ma fait(e) bo(nne) ». Les remplages des fenêtres orientales des ailes, ainsi que de celles de la façade sud à l'ouest du transept indiquent l'extrême fin du XVème siècle ; ceux des fenêtres nord et sud du transept et de la façade nord, le XVIème siècle.

Extérieur. — Le pignon ouest, de style classique, comporte un clocher-mur, dérivé des clochers Beaumanoir. L'entrée, encore en arc brisé, est encadrée de deux pilastres classiques décorés de coquilles et supportant un entablement. Entre celui-ci et la clef de voûte de la porte, un cartouche très découpé porte la date de 1585. Au-dessus de l'entablement, une fenêtre, également en arc brisé, avec large clef en console, éclaire la nef. Elle est elle-même surmontée d'une niche abritant une statue de la sainte Vierge accostée de deux autres niches décorées de coquilles et aujourd'hui vides. A gauche de la niche centrale, date de 1637, indiquant une reprise des travaux.

Les contreforts sont décorés de deux niches de style classique, ainsi qu'à Ploubezre, où elles avaient fait leur apparition en 1577 ; on en retrouve de semblables à Troguerv en 1633. Le beffroi est très simple et comprend trois baies pour les cloches en deux étages superposés ; l'ensemble couronné par une petite flèche octogonale, dont la pointe, surmontée d'une croix, fut abattue par la tempête en 1931. Ce clocher est accosté au sud d'une tourelle ronde d'accès, couronnée d'un dôme reposant sur des balustres classiques prolongeant la balustrade de la plate-forme du beffroi. La tourelle est épaulée à sa base par un contrefort amorti par des dômes superposés, ainsi qu'il se voit sur le couronnement, du beffroi de la chapelle contemporaine de Saint-Samson en Pleurneur-Bodou, contrefort, que l'on retrouve à Plouezoch en 1627. Les rampants des pignons sont décorés de crochets en forme d'S.

Le mur gouttereau nord, suivant l'usage, ne présente aucune autre décoration que les fenestrages du XVIème siècle. Il est en tailles de grand appareil jusques et y compris la chapelle des Fonts et ensuite en maçonnerie de plus petit appareil.

Le chevet est percé de trois fenêtres. Celle dans l'axe de la nef comporte deux lancettes surmontées d'une petite rose englobant quatre quatre-feuilles. Chacune des lancettes, terminée par un triangle curviligne décoré de trois quatre-feuilles, est, elle-même subdivisée en deux lancettes par un meneau vertical, et il est à remarquer qu'aucun des meneaux n'est interrompu par un chapiteau. Il y a lieu de noter également la présence d'un meneau horizontal, détail qui dénote une influence anglaise ; on retrouve ces mêmes caractères dans les fenestrages des ailes du transept de Runan, également de la fin du XIVème siècle. Les remplages des fenêtres éclairant les bas-côtés indiquent la fin du XVème siècle, et, au chevet, est accolée la sacristie portant la date de 1818. Elle a remplacé l'ancienne, adossée à l'aile sud du transept.

La façade sud, la plus décorée, présente tout d'abord le pignon de l'aile sud, percé, comme celui de l'aile nord, d'un beau fenestrage à trois lancettes. Le dessin est plus tardif que celui des précédentes fenêtres et très semblable à celui de l'aile sud de Kergrist Moelou, église construite par l'atelier Jézéquel entre 1550 et 1578. Les reprises des murs indiquent, d'ailleurs, très nettement ce percement des pignons ou la réfection de remplages plus anciens.

Puis vient le porche, encore tout gothique et d'ouverture assez aiguë. Celle-ci est décorée extérieurement de deux voussures profondes ornées de feuilles d'acanthe et séparées par des moulures toriques interrompues par de très petits chapiteaux à hauteur des sommiers. Au-dessus, s'amortissant dans deux piédroits surmontés de pinacles, une accolade très relevée est décorée de choux frisés et terminée par un fleuron. La sculpture est semblable à celle du porche sud de Saint-Herbot, élevé de 1498 à 1509.

Ce porche, voûté d'ogives avec liernes longitudinale et transversale et contre-buté par des contreforts à double ressaut, est surmonté, à 6m75 au-dessus du sol, d'une chambre d'archives, à laquelle on accède de l'intérieur de l'église par une tourelle.

Le mur gouttereau sud est ensuite percé d'une porte, séparée des deux fenêtres qui l'encadrent par deux contreforts et surmontée, comme chacune des fenêtres, d'un gâble aigu décoré de choux frisés et amorti par un fleuron. Ces trois gâbles portent respectivement les armoiries anciennes des Glévédé, seigneurs de Guerlosquet, les armes modernes de Mgr Augustin David (1862-1882) indiquant la restauration de l'édifice au XIXème siècle ; enfin, les armes de Kerouartz, couronnées et supportées par deux lions, armoiries également modernes.

La porte mérite une attention particulière. Elle comprend une voussure profonde, décorée de belles feuilles d'acanthe et encadrée de deux moulures toriques interrompues par de très petits chapiteaux. Leur corbeille est ornée de petites feuilles grasses, insolites à cette époque, mais que l'on retrouve identiques au porche de Saint-Herbot. Ce détail, ainsi que la similitude de la sculpture des deux porches, permet d'affirmer que ces deux édifices sont dus à un même atelier ; nous en verrons plus loin une autre preuve.

Le registre de paroisse contient, au sujet de ces travaux, une note fort importante, malheureusement sans indication d'origine. Elle indique que « François du Méné, chambellan du duc François II (1458-1488), entreprit de faire bâtir le beau porche de Plourach avec les enfants du célèbre maître qui construisit la merveille du Folgoat ». [Note : Registre de paroisse, fol. 42. — Que notre ami Alfred Le Bars, qui nous a signalé plusieurs notes importantes et a bien voulu vérifier sur place plusieurs des points qui nous paraissaient obscurs, veuille bien trouver ici l'expression de notre profonde gratitude, ainsi que notre ami Jos Le Doaré, qui a bien voulu autoriser la reproduction de ses si artistiques clichés]. Si ce dernier architecte demeure encore malheureusement inconnu, on peut tout, au moins, en tenant, compte de certains éléments communs, fixer, ainsi qu'il suit, la filiation de son atelier : Le Folgoat, La Martyre, Plourach, Saint-Herbot.

La façade sud se termine par une portion de mur attenante au clocher et datant, comme la partie basse de celui-ci, de la fin du XVIème siècle, mur caché par les ruines d'un petit ossuaire qui y fut accolé au XVIIème siècle [Note : Le registre de paroisse, fol. 35, indique que « l'ossuaire fut construit par les Goesbriant de Kerdaniel », sans préciser de date. Kerdaniel appartenant encore, au milieu du XVIème siècle, aux Kergroas, cette mention s'accorde parfaitement avec l'examen architectonique indiquant la première moitié du XVIIème siècle pour cette construction].

Mobilier. — Il est très riche et comprend une statuaire ancienne, des débris de vitraux et un trésor d'orfèvrerie.

Statuaire. — A l'extérieur, outre la statue de la Vierge mère décorant le pignon occidental et le calvaire sur lequel nous reviendrons tout à l'heure, le porche sud renferme les statues des douze apôtres en kersanton, statues portées sur des culs-de-lampe décorés de feuilles d'acanthe finement ciselées et surmontées de dais encore tout gothiques, avec cependant apparition d'un buste dans celui surmontant saint Jean l'Évangéliste. De chaque côté de la porte, saint Marc, saint, Luc et la Vierge ; sur la porte, Notre-Seigneur et saint Jean-Baptiste.

Les apôtres sont très particuliers avec leurs barbes incurvées et, légèrement frisées sur les bords. Ils offrent, ainsi que l'a déjà signalé Victor-Henry Debidour, une complète identité d'exécution avec ceux du porche de Saint-Herbot, apportant ainsi une preuve supplémentaire de la construction de ces deux porches par un même atelier.

A l'intérieur, on trouve plusieurs statues intéressantes, tant en bois qu'en pierre. Parmi les premières, celles de saint Guénolé et de saint Maudez, du début du XVIème siècle, sont d'un beau travail. La chasuble de saint Guénolé porte des traces de peinture ancienne parsemée de billettes, armes des du Perrier, seigneur du Menez en Plourach. Une Trinité du XVIème siècle représente le Père assis sur un trône et soutenant le Christ, presque debout et les yeux ouverts, appuyé sur la boule de l'Univers. La console en pierre qui la supporte actuellement est décorée d'un écu aux armes mi-parti Glévédé-Pestivien, armes de Charles Glévédé et de Marie de Pestivien, vivant dans le premier tiers du XVIème siècle. Mentionnons encore, de la même époque, une Vierge mère, une statue de saint Jean-Baptiste dans la chapelle des Fonts, un Saint Pierre, un Saint Sébastien, une Pietà, un groupe de sainte Anne, de la Vierge et de l'Enfant ; enfin, quatre statues, dont une Vierge mère plus récente et une statue mutilée dans la chambre des archives.

Parmi les statues en pierre, celle de saint Adrien et celle de sainte Marguerite, classée à juste titre, méritent l'attention, ainsi qu'un beau groupe, également classé, représentant une déposition de Croix à quatre personnages. La sainte Vierge, revêtue, comme la Pietà de Briec, de la cape de deuil du pays, est entourée de saint Jean et de la Madeleine ; tous trois portent le Christ allongé sur leurs genoux. Cette « histoire », abritée dans une niche en anse de panier décorée d'une guirlande de feuilles d'acanthe, est en granit à gros grains et l'on ne peut qu'être frappé de sa ressemblance avec la même scène du Calvaire du Laz, datée de 1527. Ceci n'a d'ailleurs rien qui puisse surprendre, Charles Glévédé et Marie de Pestivien, fondateurs de la chapelle, étant seigneur et dame de Guerlosquet en Plourach et de Coatbihan en Laz. Cette œuvre appartient donc à cet atelier de Scaer, si bien mis en lumière par Jean Malo-Renault.

Eglise de Plourac'h (Bretagne).

Parmi les autres sculptures, il y a lieu de signaler l'autel du Rosaire du XVIIème siècle et classé. Sur un panneau sont représentés, entourés d'anges, la Vierge et l'Enfant, en ronde bosse, distribuant le rosaire à saint Dominique et, sainte Catherine de Sienne. Ce panneau est entouré d'un cadre dont la large bordure est décorée en bas-relief des scènes de la Passion. L'ensemble est surmonté d'une frise et d'un fronton supporté par deux colonnes corinthiennes.

La contre-table de l'autel porte trois panneaux en bois sculpté, assez médiocres, provenant d'un ancien retable, datant de l'extrême fin du XVIème siècle ou des premières années du XVIIème siècle. Ils représentent, de droite à gauche, l'Arrestation de Notre-Seigneur, la Cène, Notre-Seigneur devant Caïphe. Dans le chœur, sur un prie-Dieu, un quatrième panneau, provenant du même retable, représente Jésus au jardin des Oliviers.

Vitraux. — La verrière du chevet éclairant le bas-côté nord a conservé dans son tympan les armoiries anciennes qui la décoraient. En haut, en supériorité, armes lui-parti France et Bretagne, armes de la duchesse Amie ; au second rang : armes pleines des Droniou, ramages de Glévédé, et mêmes armes écartelées Collin. Au troisième rang, écartelé Droniou et... puis Droniou écartelé de L'Estang, Droniou écartelé du Dresnay, armes de Michel Droniou et de sa femme Jeanne du Dresnay, fille de Jean et de Jeanne Bizien ; enfin, écartelé Droniou et Coatgourheden, armes de Jean Droniou et de Marguerite de Coatgourheden, fille d'Yvon et de Marguerite Martin, qui vivaient en 1500.

Orfèvrerie. — L'église possède deux pièces d'orfèvrerie remarquables :

1° Un calice en argent forgé ciselé et doré du milieu du XVIème siècle. Il porte le poinçon de Morlaix et celui du maître orfèvre morlaisien Yves Donné, qui travailla pour la cathédrale de Tréguier en 1542 et fit entre autres, en 1547, pour Notre-Dame-du-Mur à Morlaix, une croix en argent et une croix en laiton.

La coupe est ornée de palmettes alternant avec des motifs végétaux, décoration que l'on retrouve avec un calvaire sur le pied à six lobes avec redents. Le nœud est décoré de six niches Renaissance abritant des apôtres.

2° Un reliquaire pédiculé en argent forgé et ciselé. En forme de chapelle et décoré sur ses faces du Christ en croix et des apôtres, il est supporté par une tige dont le pied évasé repose sur quatre lions couchés, ainsi que l'on en voit au reliquaire de Plounez (1500). Il ne porte aucun poinçon et date du premier tiers du XVIème siècle, comme l'indiquent, gravées sur le pied, les armes en alliance de Jean Droniou et de Marguerite de Coatgourheden.

Calvaire. — Dans le cimetière se dresse un calvaire composé d'un massif d'où émergent trois colonnes. Celle du centre, plus élevée et à fût écoté, sert de support au Christ en croix refait à l'époque moderne ; les deux autres aux deux larrons. La colonne centrale porte une traverse aux extrémités de laquelle se dressent la sainte Vierge et saint Jean. Un peu au-dessous et faisant corps avec le fût, saint Michel ; enfin, au pied, Pietà à quatre personnages. La Vierge, entourée de saint. Jean et de la Madeleine, porte le corps du Christ sur ses genoux. Au revers, à la base, Notre-Seigneur attendant le supplice.

Calvaire de Plourac'h (Bretagne).

C'est là un des nombreux calvaires en kersanton édifiés par les ateliers landernéens. Il est à rapprocher, notamment, de ceux de Saint-Hernin et de Braspartz, tous deux dus, d'ailleurs, à un même artiste et datant du XVIème siècle.

(René Couffon).

© opyright - Tous droits réservés.