|
Bienvenue ! |
VISITE DE L'EGLISE DE PLOURAC'H |
Retour page d'accueil Retour Ville de Plourac'h
Plourac'h est situé dans la partie des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor) qu'on appelle la Cornouaille, parce qu'elle appartenait avant la Révolution à l'évêché de Quimper. L'église, à trois nefs de six travées, et en forme de tau, remaniée à diverses époques, offre des détails d'architecture, des restes de vitraux, une statuaire et des pièces d'orfèvrerie du plus grand intérêt.

***
Les parties les plus anciennes datent de la fin du XIVème siècle. Elles comprennent les piliers des nefs, avec leurs chapiteaux octogonaux, dont l'un porte six écussons frustes, ornements qu'on retrouve à Pouldreuzic et à Tréogat, dans le Finistère.
Au-dessus des chapiteaux, les grandes arcades sont épanelées. La quatrième travée présente des restes d'arcs diaphragmes, vestiges d'un clocher disparu qui se dressait au centre de l'édifice, comme c'était le cas à Pont-Croix, à Kérinec et à Poullan.
Mais le plus bel élément du XIVème siècle conservé dans celle église, est le pignon oriental avec son magnifique fenestrage d'influence anglaise, comme à Runan, et qu'il faut admirer de l'extérieur.
Il faut attribuer au milieu et à la fin du XVème siècle tout le mur sud avec les divers éléments dont il est composé : le porche, orné comme à Saint-Herbot, de moulures, de voussures, de liernes, et surmonté d'une chambre d'archives a laquelle on accède par une tourelle intérieure ; la petite porte située auprès du porche, qui s'ouvre directement sur le bas-côté sud et dont les petits chapiteaux à feuilles grasses rappellent encore Saint-Herbot ; et les gables des fenêtres, sculptées des armoiries de Mgr David (modernes : 1862-1882), de Kerouartz (modernes, supportées par deux lions), et des Glévédé, Srs de Guerlosquet (anciennes).
De la même époque sont les deux chapelles en ailes du chœur, avec leurs fenêtres orientales ; mais les grandes fenêtres N. et S. sont de la fin du XVIème siècle, et sont à rapprocher de celles de Kergrist-Moellou (1578). Une inscription sur l'entrait de l'aile sud donne la date de 1500 et attribue la construction à Charles Glévédé et Marie de Pestivien. Elle fournit le nom du maître d'œuvre : Olivier Lauset.
La chapelle des Fonts-Baptismaux, qui fait saillie sur le mur nord, face au porche, date de la fin du XVIème siècle ; ainsi que le pignon ouest et la base du clocher-mur, dont la porte est datée de 1585. Les contreforts à niches sont à rapprocher de ceux de Ploubezre (1577) et de Troguery (1633).
Sur cette base a été érigé au XVIIème siècle le clocher daté de 1637. C'est un simple campanile à trois baies en deux étages, surmonté d'une petite flèche octogonale. Une tourelle ronde, couronnée d'un dôme sur balustres, donne accès à la terrasse du campanile, elle-même ceinturée de balustres.
Un ossuaire, attenant au clocher, est aujourd'hui en ruines.
Le XIXème siècle vil la construction de la sacristie et une réfection générale de l'édifice.
***
La verrière du bas-côté nord garde des armoiries anciennes. On y trouve un écu mi-parti France-Bretagne, qui est celui de la duchesse Anne ; les armes pleines Droniou (ramage de Glévédé), écartelées Collin et de l'Estang ; les armes de Michel Droniou et sa femme Jeanne du Dresnay ; enfin les armes de Jean Droniou et de Marguerite de Coatgourheden, vivante en 1500. Ce sont de précieux vestiges.
***
La statuaire n'est pas moins riche que l'architecture. Le porche du XVème siècle a conservé, outre la Vierge, S. Marc et S. Luc, ses douze apôtres disposés dans des niches, reposant sur des culs-de-lampe à feuilles d'acanthe, et surmontés de dais gothiques très ouvragés.
Ces apôtres sont en Kersanton, et il faut remarquer leurs barbes incurvées et légèrement frisées, comme à Saint-Herbot.
Une autre statue de la Vierge à l'enfant décore la facade sud.
Dans le cimetière se dresse un calvaire à trois croix et à personnages, avec une Pietà et un S. Michel, groupes hautement symboliques dans un cimetière, puisque S. Michel a pour prérogatives de présenter les âmes au jugement de Dieu, tandis que la Pietà rappelle l'ensevelissement des défunts.
Ce calvaire est à rapprocher de ceux de Saint-Hernin et de Braspartz, qui sont, comme lui, du XVIème siècle et sans doute du même sculpteur.
Le thème de la Pietà est repris à l'intérieur de l'église par un beau groupe en pierre situé dans une niche en anse de panier. La Vierge y porte la cape de deuil des veuves du pays, comme au calvaire du Laz, daté de 1527.
D'autres statues de bois sont disséminées dans l'église : une Trinité, une Vierge Mère, une sainte Anne trinitaire, et S. Jean-Baptiste, S. Pierre, S. Sébastien, S. Guénolé, S. Maudez et une Pietà.
Deux statues de pierre sont remarquables : un S. Adrien el surtout une Sainte Marguerite sur son monstre.
Les sablières offrent des scènes pittoresques, dont une poule et un renard, et la truie qui file.
Enfin plusieurs panneaux de bois polychrome des XVIème ou XVIIème siècle, représentant des scènes de la Passion, et provenant sans doute d'un rétable, sont réemployés dans le mobilier du chœur.
L'autel du Rosaire est garni d'un grand panneau en ronde bosse, et date du XVIIème siècle.
***
L'orfèvrerie comporte deux pièces maîtresses.
D'abord un grand calice du milieu XVIème en argent forgé, ciselé et doré. Son noeud est orné de six niches renaissance, abritant des apôtres qui mesurent 24 millimètres de hauteur. Le pied est à six lobes aux redents, et porte l'inscription : « A NRE DAMA DA PLOURACZ ».
La patène est décorée intérieurement d'une Sainte-Face et extérieurement d'un agneau accompagné d'une bannière.
Il porte les poinçons du maître-orfèvre morlaisien, Yves Donné.
L'autre pièce maîtresse est un reliquaire pédiculé en ardent forgé et ciselé. Il a la forme d'une petite chapelle ornée d'une crucifixion et de quelques apôtres, et portée sur une tige dont le pied évasé repose sur quatre lions couchés.
Il n'a pas de poinçons, mais le pied offre les armes en alliance de Jean Droniou et Marguerite de Coatgourheden, ce qui permet de le dater du premier tiers du XVIème siècle.
Il faut signaler enfin un autre calice du XVIIème siècle, muni d'un poinçon qui est probablement celui de l'orfèvre morlaisien Guillaume Le Roy, et une patène avec couronnement de la Vierge.
(M. Mesnard).
© Copyright - Tous droits réservés.