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PLOUNÉRIN DURANT LA RÉVOLUTION

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A la veille de la Révolution, le recteur de Plounérin, en place depuis 1773, était l'abbé Pierre, Louis Pastol. Cet homme jouissait d'un grand crédit auprès de ses fidèles et même les révolutionnaires de la commune entretenaient avec lui des relations amicales. Mais la révolution se prépare, les diligences propagent à leur passage les nouvelles fraîches de la capitale. Les Etats généraux sont convoqués et l'abbé Pastol se rend à Saint Brieuc le 20/4/89 pour assister aux délibérations de son ordre. Les paroissiens de Plounérin, pendant ce temps, rédigent les cahiers de doléances.

Lentement, Plounérin est gagné aux idées nouvelles qui sont nées de la révolution... Le 14 Juillet 1790, le Fête de la Fédération provoque la rupture des relations entre la municipalité et l'abbé Pastol ; ce dernier refuse de participer à la manifestation populaire, qui a cependant lieu, ponctuée de l'ovation : "Vive l'Assemblée législative ".

Quand fut décrétée la constitution civile du clergé, le recteur de Plounérin manifeste son hostilité au nouveau régime et refuse de se présenter pour prêter serment civique devant le conseil municipal. Déchu, il quitte le presbytère sans que les autorités aient besoin d'avoir recours à la force.

Monsieur Rouault nous raconte la suite de son aventure :

La paroisse devait demeurer deux ans sans desservant. Sans desservant officiel, s'entend, car si l'abbé Pastol évacua le presbytère, ce fut pour se réfugier à Kérigonan, en compagnie de l'abbé Charles Le Guillou, recteur de Lanvellec et d'un abbé Le Cam. Il continua dans sa retraite d'exercer clandestinement son ministre.

Toutefois, l'effervescence gagnait du terrain. La délation s'en mêlait. Le district apprend un jour l'activité des "ci devant prêtres" et Yves Richard, secrétaire de mairie, est invité, le 26 Mai 1792, à drasser un rapport de leurs agissements. Ceci explique assez l'état d'esprit de la population et montre bien son attachement à son pasteur, puisque pendant deux ans celui-ci aura pu se cacher sans être dénoncé, même par ses adversaires politiques qui n'étaient pas sans connaître son lieu de résidence.

D'ailleurs le maire intervient en conciliation près du district. Il s'entremet pour obtenir que les trois prêtres soient ménagés. Sollicités à nouveau de se soumettre, ceux-ci refusent de rentrer dans la légalité.

Toutefois, ils prennent, par écrit, le 10 Septembre 1792, l'engagement de quitter la commune et de se réfugier à Jersey dès qu'un navire leur sera signalé, en partance de Perros ou du Port Blanc. La présence à Kérigonan de l'abbé Pastol est cependant encore certaine le 30 Mai 1793. L'abbé Le Guillou avait entre temps pris la fuite et était passé en Angleterre où il mourut le 21 Mars 1797.

Ce qu'est devenu l'Abbé Pastol ? Nous n'avons pas pu le  découvrir, mais nous savons qu'il fut déporté conformément au décret du 26 Août 1792 et que ses biens furent placés sous séquestre.

L'attitude de l'abbé Pastol valut au sieur du Leslay et à sa femme, Marie-Françoise de Quélen, d'être poursuivis et incarcérés à Lannion. Ils furent traduits par ordonnance du "directeur" du jury devant le juge de paix de Loguivy-Plougras, saisi exceptionnellement de la procédure. Sans doute était-ce là une manière élégante de classer l'affaire et de ne pas heurter les sentiments de la population en sauvegardant malgré tout les apparences, car le 30 ventôse de l'an VII, les inculpés se voyaient acquittés.

Le 11 Octobre 1792, après deux années sans prêtre, la paroisse de Plounérin a un nouveau recteur, l'Abbé Le Jeune, agréé par le district, qui prête serment devant le conseil municipal. Il restera à Plounérin jusqu'en 1801.

Le presbytère et l'église sont en ruines. Dans un rapport, la municipalité informe le district que les objets nécessaires au culte ont disparu. Le 8 janvier 1792, le maire, Plougonven, est autorisé "à vendre ou échanger au profit de la commune, avec tel orfèvre qu'il jugera à propos, une mauvaise boîte, une clochette et quatre anneaux, le tout d'argent". Ce sont, d'après les déclarations de la mairie, les derniers vestiges du trésor paroissial.

Laissons M. Rouault nous conter le suite :

Mais la municipalité de Plounérin avait un sens aigu de la propriété et le district connaissant la mentalité de ses ressortissants délégua sur place les 4 et 7 novembre 1792, un commissaire qui, en vertu de la loi du 10 Septembre de la même année n'autorisant "dans chaque église qu'une croix d'argent avec manche de même, et un encensoir avec la navette d'argent”, confisca et dirigea sur le dépôt du directoire de Lannion, une croix de procession, un encensoir en argent, le tout d'une valeur de 862 livres, 7 sols, 2 deniers.

Le commissaire fut discret dans son enquête et raisonnable dans ses prélèvements, puisque, le 7 mai 1794, devant les besoins de la nation en métaux précieux, une seconde réquisition est faite à Plounérin, qui porte sur "trois calices, deux petits ciboires, un ostensoir, une boîte pour les saintes huiles, deux petits ciboires, deux petites couronnes et une coquille", qui furent estimés 695 livres, 3 sols, 9 deniers.

Les malheurs de l'église paroissiale ne s'arrêtèrent pas là. Jacques Le Ménager, commissaire délégué par l'administration du district de Lannion revint les 16 et 19 Octobre 1794 et plaça sous séquestre le mobilier et les ornements religieux d'une valeur de 1046 livres, 11 sols. De plus, il fit abattre, en sa présence, toutes les croix de la paroisse et ordonna le transfert des statues pouvant être utilisées comme bois à feu à l'atelier de salpêtre de Porzampark en Plounévez-Moëdec.

Messire Le Jeune, recteur constitutionnel ne semble pas avoir réagi contre ces mesures révolutionnaires qui n'étaient pas toutes commandées par l'intérêt supérieur du pays.

Il se préoccupe autant, sinon plus, d'administration communale que du salut des âmes. Nous le voyons assumer la charge de procureur de la Commune et présider à ce titre les délibérations du conseil. Au prône de la grand’messe, il commente les décisions de la municipalité et du districct. Le citoyen-curé méritait le titre qu'il se donnait.

Mais le procureur en soutane en eut vite assez, semble-t-il, de gérer les affaires de la localité. Trouva-t-il excessives les exigences du pouvoir civil, ou bien les habitants ne lui donnèrent-ils pas les satisfactions qu'il escomptait ? Toujours est-il qu'il démissionna de ses fonctions de procureur dans lesquelles lui succéda Jean Lahellec.

Et peut-être même quitta-t-il la commune puisque le presbytère est loué en septembre 1794 à un particulier moyennant un fermage annuel de cinquante et une livres.

 

LES BIENS NATIONAUX.

A l'époque des troubles de la révolution, la plupart des seigneurs de Plounérin, craignent des violences de la part des fermiers qui souvent vivaient dans la misère, sur un sol ingrat, avec la charge de familles nombreuses et des fermages élevés, quittèrent. Mais les soucis des paysans sont trop nombreux et leur travail trop accaparant pour qu'ils se mêlent de révolution, espérant seulement que le nouveau régime leur apporte un peu plus de justice et de bien être. Rudes comme le sol qu'ils travaillent, ils réprouvent cependant les violences conmises et le nouvel ordre ne leur apportant rien d'immédiat qui modifie leurs conditions de vie, ils seront déçus et accepteront avec joie l'instauration de l'Empire.

Mais pour faire face à un besoin pressant d'argent, l'Assemblée Constituante, sous l'instigation de l'évêque d'Autun, Talleyrand, déclara biens nationaux les biens du clergé en avril 1790. Puis les biens des émigrés subirent le même sort après les décrets des 27 Juillet 1792, 28 Mars 1793 et 25 Brumaire an III. M. Rouault a retrouvé le liste de ces biens vendus à Plounérin.

Biens du clergé :

- La chapelle de la Trinité et ses dépendances qui ne trouvèrent pas preneur.

- Le moulin du Réchou, ou du Maître-Milin ar Mestr (du non du Grand Maître de l'Ordre de Malte qui en était propriétaire) fut acquis le 13/XI/1807 par Thomas Pierre Meunier.

- Deux pièces de terre appelées Prat et Parc an Tachenou, dépendant de la fabrique de Plourérin furent adjugées le 27 Thermidor an III à Nicolas Yves de Lannion.

Biens des émigrés :

Propriétés de la famille de Tréouret de Kerstrat :

- Le lieu de Kertanguy, expertisé les 26 et 27 Germinal an II fut adjugé le 8 messidor de la même année à un citoyen Nicolas, pour la somme de 5 730 l. sur mise à prix de 3 780 F.

- Le moulin de Bruillac et le convenant de Castellou-Bourdonnec expertisé le 15 thermidor an IV, fut adjugé le 19 du même mois à Alain Le Dissez moyennant 4 572 F.

- Le convenant de Mesmeur trouva, le 27 Vendémiaire an VIII, deux propriétaires, Le Roux et Le Péron qui versèrent 516 F sur mise à prix de 505, 60 F.

Propriétés d'Etinne-Marie du Parc, capitaine de cavalerie :

- Le moulin de Toulguidou, expertisé le 3 Germinal an II, et adjugé le 1er Prairial 2 050 F à Joseph le Dinahet, sur mise à prix de 1903 F.

Propriétés de François-Denis de Kersauzon-Vieux Châtel :

- Le manoir et métairie de Lesmoal Favet, expertisé les 4 et 5 Thermid, an IV et vendus le 12 du même mois à Aimable Alexandre Le Roy, 17 679, 60 F.

- Le moulin de Lesmoal, le boulin Neuf quoiqu'il ait déjà cent années d'existence, et toujours désigné aujourd'hui le Moulin neuf, expertisé le 13 Thermidor an IV et adjugé le 18 du même mois à Richard Lucas pour la somme de 5 495 F.

Propriétés de la famille Kérigonan-aîné :

- Le moulin de Kérigonan, expertisé les 15, 16 et 17 fructidor an VI, et vendu le 24 Nivôse an VII à François Marie Collinet 35 100 F sur mise à prix de 4 140 F.

Propriétés de la famille de Meur de Kérigonan :

- Le moulin de Coat ar Rouz, expertisé le 4 germinal an II, adjugé 1 120 F le 1er Prairial an II à Louis Le Carpentier sur mise à prix de 1 027 F.

(Groupe G.E.E.S. N.D. du Mur).

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