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LA FRERIE DU MOUSTEROU EN PLOUJEAN

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FRÉRIE DU MOUSTÉROU.

Cette frérie, la plus étendue de toutes celles qui formaient la paroisse de Ploujean, avait pour chef-lieu le village du Moustérou, formé de deux vieux manoirs, et qui doit probablement son origine et son nom à quelque monastère de fondation primitive. Il borde la vieille voie de Morlaix à Lanmeur.

La famille de Moustérou portait d'azur à trois pommes de pin d'or ; elle a produit à la réformation de 1670 depuis Jean, sieur de Trologot, époux vers 1481 de Jeanne le Blonsart. La réformation de 1427 à Ploujean mentionne aussi un Jehan le Mousterou, mais cette famille s'est plus tard transplantée près de Lannion.

L’un des Moustérou appartenait en 1566 à Guillaume Moricquin, maire de Morlaix, aïeul de Nicolas Moricquin, sieur du Moustérou, mort à Saint-Melaine le 31 mars 1616, et d'Ecuyer Jean Moricquin, sieur du Mousterou et du Buorz qui épousa, le 15 mars 1619 demoiselle Marie Concer, « par devant le curé de Guicazno, Milon Concer, père de la mariée, sa mère et plusieurs autres parents ». Vers 1650, cette terre passa par acquêt à Bernard Blanchard, écuyer, sieur du Launay, maire de Morlaix en 1658 et époux de Renée Le Pelletier. Ses enfants moururent sans alliance ou sans postérité, et sa nièce Françoise Blanchard, fille de Guillaume, sieur de Trébompé, bailli de Morlaix en 1668 et de Perrine Calloët, hérita du Moustérou et l’apporta par alliance aux Héliès du Boiséon, puis aux Bouin de Cacé et plus tard aux de la Roche-Macé, famille d’Ancenis. Ce manoir, garni de fenêtres à meneaux et d’une tour ronde, a été complètement défiguré.

L’autre Moustérou était vers 1601 à noble François le Garrec, sieur du lieu, et en 1680 à la famille Rannou.

Le plus important fief de cette frérie était le manoir de Kergariou, berceau d’une des plus nobles et vieilles familles du pays, qui a produit nombre de vaillants hommes de guerre dont on retrouve les noms à chaque page de l'histoire bretonnne. Suivant une tradition rapportée par Guérin de la Grasserie (Armorial de Bretagne, 1845-1848, t. I, p.222) Saint Rioc ou Riou, anachorète du IVème siècle, aurait appartenu à cette maison. Un de ses arrière-neveux, Riou, de la suite du duc Alain Fergent au XIème siècle, eut deux fils, Jarnagon et Guillaume, surnommé Gariou kar-Rio (parent de Riou). Ce dernier quitta la Cornouaille, qu’avaient habitée ses ancêtres, et vint s’établir dans le Tréguier, en la paroisse de Ploujean où il construisit un château, appelé de son nom Ker-car-Riou. Telle fut l'origine de la terre de Kergariou, qui reste jusqu'à la Révolution haute justice.

Une charte du douzième siècle relate un don fait à l'église de Rennes par Alain de Kaerkariou, fils d’Alain et d’Olive. En 1248, Guillaume de Kergariou suivit à la croisade le duc Pierre de Dreux. A la réformation de 1668, cette lignée fut déclarée issue d'ancienne chevalerie et articula dix générations, en remontant jusqu'à Rolland, sire de Kergariou, époux vers 1340 de Marie du Ponthou ; Son petit-fils Philippe, nommé en 1442 capitaine de Morlaix par le duc François, fut l'aïeul de Jean, marié à Catherine de Coatanlem, puis à Marguerite de Quélen, dame de Kermadéza, qui suivit Louis XII à la conquête d'Italie, comme homme d’armes de la compagnie d’ordonnance du maréchal de Rohan, et obtint en 1524 du roi François Ier, en considération de ses services, le privilège d’augmenter d’un troisième poteau ses fourches patibulaires. Du premier lit issut Jean de Kergariou, sénéchal de Morlaix en 1553, époux de Jeanne du Quélennec, dont le fils aîné Alexandre, seigneur de Kergariou et de Kerguiniou, mourut le 6 mai 1592 gouverneur des ville et château de Morlaix, sans avoir eu d’enfants de sa femme Marie de Lannion, qu’il avait épousée par contrat du 17 juillet 1581.

Son frère cadet et héritier principal Yvan de Kergariou fit le 15 septembre 1592 assiette du douaire de sa veuve, qui décéda peu après à Morlaix, le 4 avril 1597. Il mourut lui-même sans postérité, et laissa tous les biens de la branche aînée en héritagne à ses sœur Hélène de Kergariou, que avait épousé Guillaume Guynement, sieur de Lalunec en Poullaouen.

Ainsi s'éteignit la souche principale des Kergariou. D’autres branches cadettes lui survécurent et se sont glorieusement perpétuées jusqu’à nos jours, comme celle de Coatillio, à laquelle appartenaient quatre frères, vaillant marins tous morts en combattant : Jonathas, lieutenant de vaisseau, tué en 1765 à l’assaut du fort de Carrache ; Pierre-Joseph, chef de division des armés navales et gouverneur de Lannion, major au régiment du Dresnay, tué à Quiberon en 1795, Théobald, capitaine de vaisseau pris à Quiberon et fusillé à Auray, et Raymond, lieutenant-colonel d’artillerie, frappé mortellement sur la frégate la Belle-Poule, dans la lutte héroïque qu’elle livra en 1780 à un vaisseau Anglais. La branche du Cosquer a produit un maréchal de camp, président de l’administration du Finistère, décapité à Brest le 22 mai 1794 avec ses vingt-trois collègues, pour avoir tenté de soulever le département contre les teroristes. Parmi les membres manquants de cette famille, on peut encore citer un conseiller au Parlement en 1756, un comte et pair de France, chambellan, de Napoléon Ier et préfet d'Anvers, et un député des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor). Les armes des Kergariou sont : d’argent fretté de gueules au canton de pourpre chargé d’une tour d’argent maçonnée de sable, avec la devise : Là ou ailleurs, Kergariou !

« Damoiselle Hellène de Kergariou, dame de Kergariou, Kerhezlou, Kerguinio, Lalunec, etc... » mourut en 1617 et fut inhumée, le 19 avril, dans la chapelle Notre Dame. Trois ans plus tard avait lieu le mariage de « noble et puissant Messire Pierre le Moyne, sieur de Keruon, fils aisné de Messire Vincent le Moyne et damme Anne de Perrien, sa femme, seigneur et damme de Tresvigné, de l’evesché de Léon, et de damoiselle Jeanne Guynemant, fille unicque d’équier Guillaume Guynemant, et de Hellène de Kergariou, seigneur et damme de Kergariou » célébré le 14 septembre 1620 en l’église de Saint-Melaine par noble et discret Messire Geffroy le Gualès, vivaire perpétuel de la paroisse. De cette alliance issurent Toussaint le Moyne, chevalier, marquis de Tresvigné, seigneur de Lesmais, Plestin, etc., gouverneur de Dinan en 1646, et Catherine, dame de Kergoët, mariée en 1663 à Jacques de Saint–Simon, grand prévôt de Normandie. Jeanne Guynemant mourut le 30 juillet 1630 à Kergariou, et ce manoir passa par acquêt des le Moyne aux Lollivier. C'etait en 1665 la résidence de dame Marie Quintin, douairière de Lochrist, veuve de Messire Yves Lollivier, seigneur de Lochrist, la Villeneuve, Coatanfrotter, décédé en 1656. Elle fit, le 21 juillet 1661, célébrer dans la chapelle du manoir, dédiée à Sainte Barbe, le mariage de sa fille Jeanne Lollivier avec Messiere Jacques de Penfeunteniou, seigneur de Cosquer en Plougonven, fils aîné de Messire Yves de Penfeunteniou et de défunte Françoise de Gaspern, seigneur et dame du Penc’hoat, en Plounéour-Ménez. Marie Quintin mourut le 9 août 1675 et son second fils François Lollivier, seigneur de Coatanfrotter, Lochrist, Saint-Maur, vendit, par contrat du 10 février 1680, la terre de Kergariou à Messire Olivier du Parc, seigneur de Lezversault et de Keranroux, dont les héritiers l’on depuis transmis aux Caradeuc de la Chalotais, de la Fruglaye, et vers le début du XXème siècle (vers 1908) de Kergariou de la Grandville.

L’ancien manoir datait de 1564. Il a été entièrement démoli et remplacé par une grande métairie. Les potences de la juridiction de Kergariou se trouvaient à la Croix-Rouge, sur la limite des paroisses de Ploujean, Garlan et Plouigneau. Il y a quelques années (vers 1900), en établissant le vélodrome de Morlaix on a découvert, dans une pièce de terre circulaire dite Parc ar Justigou, trois blocs de granit percés au centre, qui formaient la base du gibet. De la Croix-Rouge, situé au carrefour des routes de Garlan et de Plouégat-Guerrand, il ne reste plus que le socle, orné de deux écussons ; l’un est à peu près frustes, mais sur l’autre on distingue encore les armes de Jean de Kergariou — qui recut en 1524 congé d’élever des patibulaires — en alliance avec celles de sa femme Marguerite de Quélen, qu’il avait épousée en 1518.

Le 12 décembre 1790, les papiers de la juridiction de Kergariou furent saisis chez M. Le Gorrec, grefier de Kergariou et de Crechonvel, par le maire de Ploujean, M. Jean Steun, accompagné de ses officiers municipaux et de M. Jean-Francois Sylvestre Denis de Trobriant, procureur de la commune, en vertu des arrêtés 13 et 14 du décret du 19 octobre concenant la réorganisation du pouvoir judiciaire.

La frérie de Mousterou renferme la belle proprièté de Kerozac’h (le lieu de l’époux). Au seizième siècle, elle appartenait à la famille Quintin, Jean Quintin, sieur de Kerouzac’h, fournit aveu au fief de Boiséon le 10 octobre 1540 et fut père d'Alain Quintin, sieur de Kerozac’h et de Linbabu, qui épousa Périne de Kermerc’hou, file d'Antoine, sieur de Kermerc'hou en Garlan et de Françoise de la Haye. De leur mariage naquit en 1569 le saint missionnaire Pierre Quintin. Peu avant sa naissance, sa mère se trouvant dans un champ fut effrayée par un serpent qui la poursuivit jusqu’au manoir et la contraignit même à monter sur une table pour éviter ses morsures. Cette circonstance fut plus tard regardée comme un signe, un symbole de la haine vouée par le démon à celui dont la parole et les exemples devaient détruire son empire sur tant d’âmes.

A l’âge de 5 ans, il fut envoyé à l’école que tenait alors, dans la chapelle de Saint- Nicolas, un saint prêtre nommé Hervé Miorcec, puis il eut comme précepteur Francois Lachiver, prétre de Plouézoc’h, plus tard évêque de Rennes, qui, après l’avoir instruit, le mena à Paris pour y continuer les études religieuses vers lesquelles le portait sa vocation. Mais la guerre civile le contraignit à retourner en Bretagne, et à prendre du service dans les troupes de la Ligue, comme lieutenant d’une compagnie de gens d’armes sous Pierre de Coatredrez. La vie des camps le relâcha de sa ferveur première sans altérer toutefois sa bonté ni sa douceur. Il rentra bientôt en lui-même, lut les Confessions de Saint-Angustin et finit, à la paix, par se défaire de sa lieutenance pour aller étudier à Bordeaux, puis au collège des Jésuites d'Agen. Reçu dans l’Ordre, il revint à Morlaix en 1600, et y montra, en bien des occasions, sa merveilleuse charité. Sa sœur lui avait monté confortablement une chambre ; quelque temps après elle alla le visiter : plus un meuble dans la pièce, il avait tout donné aux pauvres. Un second mobilier ne fut guère plus long à disparaître, et pour lui en faire conserver un troisième, sa sœur dut le supplier d’avoir égard à ses ressources et de ne pas la ruiner par des générosités dont elle devait supporter les frais.

Il obtint bientôt la place de principal régent au collège de Morlaix, fondé en 1597 par François Le Bihan, sieur de Pennelé, dans son manoir de Crechjoly, et dont le premier principal fut Yves Louet, ecclésiastique anglais qui devint ensuite archevêque de Cantorbéry. A l'âge de 40 ans, le P. Quintin reçut la prêtrise ; pour fêter son ordination, ses parents et ses amis lui offrirent un beau festin. Une table chargée de mets succulents attendait les convives, mais lorsque ceux-ci survinrent, cruel fut leur désappointement à constater qu’il ne restait plus rien des plats dont ils comptaient se régaler. Arrivé avant eux, le P. Quintin avait déjà fait tout distribuer aux pauvres de l’hôpital. Vexés de cette facon d’agir, ils accablèrent de reproches le trop libéral religieux, et l’un d’eux alla même jusqu’à le souffleter. Mais le bon père supporta si patiemment cet affront, que l’autre, honteux de sa violence, se jeta à ses pieds en implorant un pardon qu’il reçut aussitôt.

Le 30 octobre 1601, le P. Quintin fut admis au couvent des Dominicains de Morlaix, et s’appliqua courageusement à combattre la tiédeur et le désordre qui s’étaient introduits dans cette maison ; son zèle lui attira la haine et l’animosité de ses confrères ; elles ne s’exercèrent pas sur lui aussi barbarement que sur son ami Michel Le Nobletz, mais il eut pourtant à endurer de rigoureux traitements, et fut un jour d’hiver, placé pendant une grande heure, sous la douche glaciale de la fontaine du cloître.

Ses efforts et sa persévérance amenèrent enfin de sérieuses améliorations, et il put alors se consacrer tout entier, avec le P. Nobletz, à l’œuvre de la prédication. Ils parcouraient ensemble les campagnes, prêchant en plein air, enseignant le catéchisme, distribuant aux pauvres leurs avoir, leurs vêtements même, et allant, malgré la défense de leurs supérieurs, jusqu’à donner l’argent qu’ils recevaient pour le couvent. A Morlaix au milieu des liesses et des folies du carnaval, on voyait tout à coup le P. Quintin apparaître, monter sur une borne et accabler de saintes menaces la foule devenue muette, ou bien aller sous les halles arrêter les jeux de hasard qui passionnaient alors les citadins.

Cette belle existence de dévouement et d’apostolat prit fin en 1629. Envoyé avec son prieur au chapitre provincial des Frères Prêcheurs, il tomba malade au couvent de Vitré et y mourut le 21 Juin, à l'âge de 60 ans. Son corps fut inhumé dans l'église des Dominicains de cette ville, mais elle a été détruite à la Révolution, et les reliques du missionnaire sont à jamais perdus pour ses compatriotes, qui d’ailleurs ont oublié ses vertus et ne connaissent même plus le nom du bon P. Quintin (V. Vie des saints et bienheureux de Bretagne, par Dom Lobineau).

Sa nièce Jeanne Quintin, dame héritière de Kerozac’h, fille de Charles et de Marie Le Jacobin, norte le 21 mars 1624, épousa à Ploujean, le 7 janvier 1610, noble homme Pierre Lesparler, sieur de Coatcaric en Plestin. Leur petit-fils René Lesparler et sa femme Therèse Le Bigot résidaient vers 1670 au manoir de Kerozac’h, qui passa ensuite par acquêt, à Jean Guillotou, sieur de Saint Germain, gentilhomme de la vénerie en 1722, époux de Thérèse Gasté, mort en 1753, puis à son neveu Messire Francois Joseph Guillotou seigneur de Kerever, secrétaire du roi à la chancellerie en 1739, maire de Morlaix en 1721 et 1738, qui décéda le 14 avril 1769 à Kerozac’h, laissant de son mariage avec Thérèse de Kergroas, de la maison de Kermorvan, un seul fils, Jean-Francois Guillotou de Kerever, chevalier de Saint-Louis, capitaine au régiment de Provence-Infanterie, marié par contrat du 16 avril 1763 à Thérèse Guillemette Gourcun de Keromnès. Il émigra pendant la Révolution, prit part à la descente de Quiberon comme lieutenant dans Hector, et fut tué dans la falaise. La terre de Kerozac’h, saisie nationalement, a depuis appartenu aux de Villiers qui l’ont vendue à la famille Le Briz.

L’ancien manoir n’existe plus. Il est remplacé par un joli château moderne appuyé sur quatre pavillons, et encadré d’un parc ravissant qu’ornent des statues et qu’embellissent des pièces d’eau.

Les seigneurs de Kerozac’h avaient leurs prééminences en la première chapelle du côté de l'évangile de l’église Saint–Mathieu, à Morlaix, dédiée à Saint-Sébastien et à Saint-Roch. Dans le vitrail se voyaient les armes des Quintin, pleines et alliées à celles des Le Jacobin et Feuriot, et les armes des Lesparler écartelées de Quintin. Ils y avaient aussi deux bancs et deux tombes armoriées. (V. Mss. A-19 des Arch. Départ. Préém. de St-Mathieu. 83-90).

Non loin de Kerozac’h est encore la villa de Coatcongar, qui en dépend actuellement et qui s’y relie par une longue et vaste allée. La famille de Coatcongar, issue en ramage de la maison de Toulgoat, portait : d’or à cinq quintefeuilles de gueules, 2, 2, 1, au franc canton palé de gueules et de vair de 4 pièces. N…., sieur de Coatcongar, vivant en 1380, épousa N…, de Coatvoult ; son petit-fils Jean, mentionné dans la réformation de 1443, fut père d’Yvon de Coatcongar, archer en brigandine et page, entre les nobles de Ploujean à la montre de 1481, qui prit part au complot anglo-breton de 1492, avec Nicolas de Coatanlem, et fut arrêté et enfermé à la Bastille, dont il sortit quatre ou cinq mois après, ayant abtenu des lettres de rémision. La réformation de 1513 à Ploujean n’indique point le possesseur de Coatcongar, mais d’autres documents nous apprennent que c’était, à cette époque, Pierre le Chevoir, sieur de Coadélan, paroisse de Prat, époux de Francoise de Coatcongar, dame héritière du lieu, et mentionné dans la même réformation parmi les nobles de Prat et de Tréhouezan, sa trève. Leur fils Guyon Le Chevoir se maria à Renée de Coatlogon, laquelle, restée veuve avec une fille, Marie Le Chevoir, épousa en secondes noces Hervé Parcevaux, seigneur de Mésarnou en Plounéventer, l’un des plus riches gentilhommes du Léon. Le renom de leur grande fortune et de la somptuosité du manoir de Mésarnou « lequel estoit notoirement censé et réputer abonder autant que nul autre manoir de Bretaigne en touttes sortes de richesses et précieux meubles », attira à ses infortunés habitants, pendant les guerres de la Ligue, le vif désagrément d’être pillés tour à tour par les deux partis rivaux. Ce fut d’abord, en 1594, le capitaine royaliste Yves du Liscoët, sieur du Bois de la Roche, qui fit main base sur leur mobilier, d’un luxe inouï, et emporta les coupes et les aiguières d’argent, de vermeil et d’or, qui chargeaient par centaine les dressoirs sculptés, la vaisselle plate, les vases sacrés et les ornements de la chapelle, les vêtements et les parures, jusqu’aux chapons et aux coqs de la basse-cour. Hervé Parcevaux estimait plus tard ses pertes à 70.000 écus, soit 1.500.000 fr. de notre monnaie en 1908 [Note : Voy. dans le Etudes Historiques sur le Finistère, de M Le Men, 1875, l’inventaire des pertes de Hervé Parcevaux, extrait de la retraite qu’il adressa en 1603 aux juges de Quintin pour obtenir une indemnité de la veuve de du Liscoët, Philippette de Maridor de la maison de Vaux en Anjou, calviniste qu’il avait épousée aprés avoir abjuré lui-même, « aimant mieux, le misérable dit un chroniqueur, faire banqueroute à Dieu qu’au beau nez d’une femme »]. Il fut lui-même emmené prisonnier à Brest et jeté dans une basse-fosse du château d’où il ne sorti que six mois plus tard, après avoir payé à l’avide Sourdéac plus de 10.000 écus de rançon.

A peine le malheureux était-il de retour dans son manoir dévasté, dont les royalistes avaient brûlé les meubles, et même les boiseries des portes et les fenêtres, et commençait-il, non à réparer ce desastre, mais à se rendre compte de son étendue, que Mésarnou reçut une seconde visite, aussi peu désintéressée que la première, et d’un partisan encore plus dangereux que du Liscoët. Nous voulons parler du féroce ligueur Guy Eder, sieur de la Fontenelle, alors à l’apogée de sa gloire, gouverneur de l'île Guyon et maréchal de camp dans l’armée de Mercœur. Il regretta fort sans doute de s’être laissé devancer par du Liscoët, mais ce dernier ayant fait maison nette, force fut à Fontenelle de se rabattre sur un trésor d’un autre genre, sur la jeune Marie Le Chevoir, jolie enfant de treize ou quatorze ans, héritière des terres de Coadelan, Trébriant, Coatcongar et autres. Il résolut d’en faire sa femme, l’arracha à sa famille et la fit conduire dans un couvent de Saint-Malo, puis, deux ans plus tard, après la pacification de la Bretagne en mars 1598, il l’épousa.

Coatcongar a donc appartenu quelque temps au célèbre Fontenelle ; peu de temps d’ailleurs car on sait que le terrible ligueur, arrêté déjà en 1599 par arrêt du Parlement de Bretagne et élargi l’année suivante, après la démolition de ses forts de Douarnenez et de l'île Gouyon ou Tristan, fut de nouveau arrêté, en août 1602, à son château de Trébriant [Note : Ce château existe encore, en partie. Il fut paraît-il, reconstruit par Fontenelle, qui en fit une maison forte. Le portail de la cour est garni de mâchicoulis et de meurtrières, et la porte principale ouverte dans un pavillon flanqué de deux tourelles à cul-de-lampe, est aussi défendu par des barbacanes. La terre de Trébriant était venue aux Le Chevoir par le mariage de Roland Le Chevoir et de Jeanne Le Rouge, dame de Trébriant, pére et mère de Pierre Le Chevoir, époux de Françoise de Coatcongar] en Trémel, par le gouverneur de Morlaix, Boiséon de Coëtnizan, et conduit à Paris, où, impliqué dans la conspiration de Biron , il fut roué vif en place de Grève, le 27 septembre 1602. Sa jeune femme lui survécut quelques mois à peine, tuée, dit-on, par la honte et le chargrin. Sa succession fit retour à son oncle Tanguy Le Chevoir, mais nous ignorons à quelle date précise Coatcongar passa, par acquêt sans doute, à la famille de Lesquélen, représentée à Ploujean par noble écuyer Loys de Lesquélen, époux de Barbe Toulgoët, vivant en 1602, puis par Martin de Lesquélen, écuyer, sieur de Kerdannot, maire de Morlaix en 1625, mort à son manoir de Coatcongar le 9 février 1645 et inhumé à St-Dominique. De son mariage avec Françoise Le Blonsart, il ne laissa qu’une fille, Marie, que apporta Coatcongar aux Nouël en épousant à St-Melaine de Morlaix, le 22 novembre 1639, écuyer Yves Nouël sieur du Trohoat. Ils résidaient tous deux à Coatcongar lors de la réformation de 1669.

Au siècle suivant, ce manoir était la demeure de Messire Gabriel Calloët, seigneur de Villeblanche, capitaine des milices garde–côte de la paroisse de Ploujean, mort en 1744, à l'âge de 90 ans. Son neveu M. de Kergadiou de Trémobian, hérita de Coatcongar, qui appartint plus tard par alliance aux Bois-des-Cours de la Maisonfort, originaires de Bourgogne. Il ne subsiste en 1908 de l’ancienne habitation que l’avenue, à l’entrée de laquelle était la chapelle, le jardin muré, et un vieux puits surmonté d’un dôme de granit reposant sur quatre colonnettes.

La seconde voûte et arcade du côté de l’épitre, dans l’église des Dominicains de Morlaix, à côté de l’autel du Rosaire, dépendait jadis de la terre de Coatcongar ; au dessus du banc y étant se voyaient en 1679 « trois escusson dont celuy du milieu porte de gueules à trois macles d’argent au croixant de mesme, et sont les armes de Coatcongar à présent possédé par la dame du Trohoat et les deux autres mesmes armes en alliance avec autres portant d’or à six quintesfeuilles de gueulle cantonnées de deux palles et sont encore les mesme armes dans ledit banc excepté dans un endroit où sont les armes des Blonsartz ». Les armes dites Coatcongar, sont celles des Le Chevoir, et les suivantes, celles des Coatcongar. L’autel de Sainte Anne, attaché au troisième pilier du côté de l’Evangile, en la même église, était aussi armorié du blason des Le Chevoir et des Coatcongar (Mss. A. 19 des Arch. Départ. Prééminences de St-Dominique).

Cette terre relevait en partie du manoir voisin de Penlan, ainsi nommé à cause de sa situation au bord de l’immense lande de Langozface (aujourd’hui Langolvas), sur laquelle ses possesseurs levaient le droit de champart et d'escobuage. Il fut vendu vers 1580 par écuyer Guillaume de Kergariou, époux de Georgine Morin, à demoiselle Marie Quettier, veuve de Guillaume Nouël et mère de Jean Nouël, époux de Jeanne Le Gac, dont Martin Nouël, écuyer, sieur de Keryvon, qui fournit aveu au roi en 1624, son père étant mort le 22 avril 1621. D’après cet aveu, la terre de Penlan consistait principalement en « la maison seigneurialle, mannoir noble dudit lieu de Penlan, avec son fief et juridiction et autres maisons, portes, estables, granges, crèche, aire, jardin, verger et autres franchises … un parc où il y a eu un coulombier et y est encore ses vestiges et emplacement ruiné… un bois taillis avecq un petit pré de jouxte… un bois de haulte fustaye… le moulin avecq son estang, etc…. hérittaiges cernés d’un chemin mesnant de Morlaix audit lieu de Penhan, d’autres endroit féant sur Langozface, d’autre endroit terre d’escuier Alexandre Toulgoat, sieur de Launay et sa mère, et terre de damoiselle Françoise Quintin, dame de Trévidy et demoiselle Marie Quintin, dame de Coatamour et autres terres dudit sieur de Keryvon » (Aveu sur vélin. Archives de M. Henri de Kerdrel).

Martin Nouel, sieur de Keryvon, Penlan, Kerbasquiou, etc…, épousa de 31 janvier 1628 Marie de Tavignon, dame de Kerloar, dont la mère, Catherine Le Diouguel, mourut en 1628 de la peste à Penlan, l’apporta à son Marie Tanguy Moysan, sieur du Leslech en Ploëzal, d’une famille qui a produit plusieurs maires et alloués de Guingamp. Leur fille, Marie Moysan, le transmit à son tour aux Raison, en épousant Messire Jean Raison, sieur de Villebasse. Restée veuve, elle se remaria à Jean-Baptiste Boulays, sieur de Kerdreus, ainsi mentionné dans le rôle de la capitation de 1703 comme résidant à Penlan : le sieur de Kerdreus Boulé, quinze livres. Un vallet et une servante, trois livres, et en eut un fils, mort à Brest, sans alliance, lieutenant, lieutenant de vaisseau, capitaine d’une compagnie franche de marin et chevalier de St-Louis.

Marie Moysan mourut en son manoir, le 2 septembre 1707, six ans après sa fille Yvonne-Gabielle, décédée « en odeur de saincteté », à l’âge de 21 ans. Son fils Messire Joseph Raison, sieur de Villebasse et de Penlan, époux de Marie–Louise Agnès Le Bigot de Neufbourg, est qualifié dans un acte de 1737 de chevalier de St-Louis et pensionnaire du Roy. Ses héritiers vendirent, vers 1753, la terre de Penlan à Jean Le Demours, sieur de Kernilien, secrétaire du Roy en 1756, d’où elle a passé par acquêt aux Villart et par alliance aux Audren de Kerdrel.

Le manoir de Penlan, fort agréablement situé à la jonction des ancienne et nouvelle routes de Paris, entouré de jardins, de riches prairies et d'épais ombrages, est en 1908 la résidence de M. Henri de Kerdrel, époux de dame Mathilde de Lauzanne. De récents travaux de restauration et d'embellissement ont fait disparaître le colombier seigneurial.

Dans l'église des Dominicains de Morlaix se trouvaient en 1679 deux bancs dépendant de Penlan. Le premier, situé près du second pilier du côté de l'évangile, offrait les armoiries des Nouel! et des Tavignon en alliance. L'autre, joignant la huitième arcade du côté de l'évangile, portait un écusson aux armes des Nouel. La cinquième chapelle du côté de l'évangile en l'église de St Mathieu, dédiée à Sainte-Anne et Saint-Laurent, dépendait aussi de Penlan ; on voyait dans le vitrail deux écussons, l'un « de sable à un serff d'or passant accompagné de trois besans d'or à la bordure de gueulle » armes des Nouel, l'autre parti du même et de Tavignon ; près de l'autel existait un banc timbré des mêmes armes. En 1679, cette chapelle appartenait aux Chrestien du Mouster et de Kerohic et aux Queméneur de la Bouessière.

En face du Mousterou est la ferme de Crechonvel, ancienne terre noble, avec moyenne et basse justice, de la famille Mériadec, issue en ramage des Guicaznou. Jean Mériadec, seigneur de Crechonvel, vivant en 1400, fut père de 1° : Hector Mériadec, chevalier du Porc-Epic en 1438, et de l'Hermine en 1454, écuyer de l'hôtel du duc, puis homme d'armes de l'ordonnance à 300 livres de gages en 1461 et maître d'hôtel de la reine Anne en 1498, qui se distingua, aux côtés du connétable Arthur de Richemont, à la bataille de Formigny en 1460, et 2°, Hervé, aussi chevalier du Porc-Epic, puis de l'Hermine en 1453, gouverneur de Carhaix en 1457, et commissaire de la montre de Cornouaille en 1458, vaillant guerrier mort à Werwich en Flandre. Jean Mériadec, seigneur de Crechonvel, comparut à la montre de 1481 en archer en brigandine avec page. Sa fille et héritière Jeanne Mériadec apporta les terres de Crechonvel et de Kerserhou aux Kerret, en épousant vers 1490 Bertrand de Kerret, chevalier, seigneur dudit lieu, et du Val, dont la petite fille Françoise de Kerret, dame de Kerret, le Val, Crechonvel, etc, épousa en mai 1546 Jean de Kerlec'h, seigneur du Quenquis et de Trésiguidy. Au siècle suivant, les Kerlech vendirent le fief de Crechonvel aux Kersulguen de la Boissière, qui le transmirent aux de Lannion et de Stapleton. La ferme actuelle a été reconstruite des débris du vieux manoir, qui avait lui même remplacé un château dont certains vestiges sont encore apparents sur une esplanade dominant le vallon du Dourmeur.

A peu de distance de Crechonvel, dans une étroite et verdoyante coulée, se dresse au milieu d'un bouquet de hêtres la chapelle de Sainte Geneviève. C'est un édifice de la fin du seizième siècle, assez vaste, d'une construction soignée dont les murailles en pierres de taille ont de forts soubassements moulurés ; il est dominé par un clocher accosté d'une tourelle, presque analogue comme détails, sinon comme dimensions, à celui de l'église paroissiale. A sa base, entre deux contreforts, s'ouvre une porte à fronton surmontée d'une fenêtre gothique, puis d'une niche, vide aujourd'hui, mais qui devait contenir une Pitié replacée plus bas, au sommet de l'attique. Une balustrade ajourée, en saillie sur des corbelets, entoure la plate-forme, d'où s'élève un campanile à triple étage [Note : Le 28 avril 1778, M. Bahezre de Lanlay, recteur de Ploujean, imposa le nom de Geneviève à une cloche fondue pour cette chapelle, à Plouézoch, en même temps que la grande cloche de cette paroisse. Archives Plouézoch].

Dans la façade de gauche était pratiqué un élégant portail Renaissance, bouché depuis. L'écusson qui en ornait le fronton a été martelé, mais on lit encore sur la banderole : Lesses dire, devise de la famille de Kersulguen, qui devait être fondatrice de la chapelle à cause de sa terre de Crechonvel. De longues fenêtres percent les pignons latéraux et plusieurs écussons, tous effacés d'ailleurs, se remarquent çà et là. Quant à la vaste baie ogivale ouverte dans le mur de l'abside, elle a perdu ses meneaux et a été en partie aveuglée au dix-huitième siècle, lorsqu'on plaça le retable du maître-autel, qui offre l'inscription suivante : Hervé le Cottie : fabrique en charge lan 1721.

Au-dessus du tabernacle, deux petites figures de femmes aux mains jointes soutiennent sur leurs têtes une couronne royale fleurdelisée. Derrière est un ancien tableau de Sainte-Geneviève, tenant un livre et un cierge, qu'un ange vient allumer en lui présentant une couronne. Cette scène, qui se trouve répétée dans un groupe, du côté de l'évangile, fait allusion à un épisode de la vie de Sainte Geneviève. Celle-ci allait un soir avec ses compagnes visiter les travaux de la basilique de Paris, lorsqu'une violente bourrasque éteignit leurs flambeaux. Par ses prières, la sainte les ralluma miraculeusement. On voit aussi, dans le chœur, la statue de Sainte-Barbe et un banc seigneurial très joliment sculpté, à l'écusson chargé d'un mi-parti d'un lion et de six annelets posés 3. 2. 1. Ces armes doivent être celles de Michel de Kersulguen, seigneur de la Boissière et de Crechonvel, et de sa femme Philippe de Lanloup, qui vivaient en 1640. Les Kersulguen portaient cependant le lion accompagné d'un canton écartelé, mais il est possible qu'ils aient fini par abandonner cette brisure pour reprendre les armes pleines de l'illustre maison de Pont-l'Abbé, dont ils étaient juveigneurs.

La chapelle latérale de droite contient l'autel de N. D. de Pitié, et celle de gauche, l'autel de N. D. de Grâce, avec quelques statues sans grande valeur. Le croisillon est clos, en avant du transept, par une grille à balustres surmontée d'un Christ en croix et d'un Saint-Michel terrassant le Dragon, à laquelle s'appuie une chaire hexagonale à panneaux sculptés. Sur la frise intérieure court cette inscription : FAICT FAIRE PAR IAN LAVIEC, LORS GOUVERNEUR E METRE GUILLAUME KDELANT, CHAPALAIN DE CETTE CHAPELLE — 1639.

Dans la nef sont deux statues, un Saint François d'Assise montrant les stigmates de ses mains et une Sainte Anne tenant dans ses bras la Sainte-Vierge qui porte elle-même l'enfant Jésus, vêtu d'une robe dorée et armé d'un livre. La tribune est ornée de charmants panneaux de la Renaissance, malheureusement très mutilés, et, au milieu, d'un bas-relief inscrit dans une arcade gothique et figurant l'ensevelissement du Christ. L'ancien lambris voûté en ogive et très élevé subsiste encore, quoiqu'en mauvais état, avec ses clefs de voûtes historiées et ses sablières aux statuettes d'anges munis d'attributs et de banderoles, sur l'une desquelles on lit : Jégaden fabriq. 15 … Le pavage, formé de grandes dalles d'ardoises et de pavés de granit géométriquement groupés, est daté de 1640. La toiture a été récemment refaite par les soins de Madame Le Briz, la vénérable châtelaine de Kerozac'h.

Sainte Geneviève était un gouvernement, c'est à dire une chapelle bâtie d’aumônes et d’oblations, sans fondateur particulier. Comme chapelain de ce bénéfice, nous trouvons en 1639 Guillaume Kerdélant, curé de Ploujean ; en 1661, noble Missire Guillaume de Boyshardy [Note : Auteur d'un petit opuscule breton : Ar buguel fur da tri bloas réimprimée en 1874 chez Haslé, à Morlaix] ; en 1672, Missire Denis Abgrall ; en 1685, très digne prestre Jean le Crech, etc..

Les autres terres nobles de la frérie étaient Kerfraval, Coatmenguy et les deux Launay. Marguerite Gillouart, dame de Kerfraval, fille de Jean et Jeanne le Garrec de Coatmenguy, et sœur d'Alain, conseiller maître à la Chambre des Comptes en 1465, épousa vers 1440 Jean le Borgne, sieur de Parcan provost et de Kervidou. Au dix-septième siècle, Kerfraval passa des Le Borgne aux le Ségaler de la Villeneuve, desquels héritèrent les Pastours de Kerjean.

Coatmenguy appartenait en 1465 à Chrestien Le Garrec, procureur syndic de Morlaix et député aux Etats de Bretagne. Une des maisons — récemment détruite — de cette noble Grand'Rue qui s'embellit de jour en jour à mesure que ses vieux pignons cuirassés d'ardoises, remparés de pans de bois, découpés en baies gothiques, hérissés de moulures et de statuettes, font place à de correctes murailles bien crépies et percées de rectangles vitrés, était l'hôtel de cette famille Le Garrec, dont les armoiries — de sable fretté d'or de six pièces, au franc canton de même chargé d'un lion de sable armé et lampassé de gueules, arrachées à un manteau de cheminée, se sont vues longtemps gisant près de la fontaine des Anglais.

Jeanne Le Garrec, dame de Coatmenguy, se maria vers 1490 à Louis de Trogoff, sieur de Guernanhir, cadet de la maison de Kerprigent, en Plougasnou ; il vivait encore lors de la réformation de 1543. Son fils Jean de Trogoff, seigneur de Coatmenguy, laissa de son alliance avec Marie Le Blonsart, dame de Coatsec'h et de Kerilly, Jacques mort à Paris sans alliance, et Suzanne, dame héritière de Coatmenguy, puis de Kerprigent par retrait lignager, qui épousa Yves de Kermabon. Coatmenguy a plus tard passé par alliance aux Mol de Guernelez, et aux Gasté, puis Guillotou de Kerever. L'ancienne demeure n'existe plus.

Les seigneurs de Coatmenguy possédaient la quatrième chapelle du côté de l'épître en l'église Saint-Mathieu de Morlaix, éclairée d'une vitre contenant les armes des le Garrec pleines et parti de Calloët et de Coatilez avec des tumbes armoyez des mêmes armes et un banc. Cette chapelle appartenait en 1679 au sieur de Kerprigent de Kermabon.

A gauche de la route de Morlaix à Garlan s'élève enfin, au sein d'un bois de hêtres et de chênes, sur le bord d'une vaste prairie que dominent ses vieux murs d'enceinte frangés de lierre, le manoir du Vieux-Launay, édifice sans caractère, mais d'un effet pittoresque, avec ses bâtiments irréguliers et ses pavillons groupés à l'ombre des futaies. La famille de Launay, qui le possédait dès avant 1350, le transmit successivement aux Marzin, Thorel et Perrot, puis Le Garrec et, au seizième siècle, Estienne de Kervéguen. Il fut apporté aux Goesbriand par le mariage de Yves de Goesbriant seigneur du Roslan, avec Louise Estienne, dame de Kervéguen et du Roslan, en 1577, et appartenait, en 1669, à Bernard Blanchard, sieur du Launay et du Mousterou, dont les héritiers le vendirent à Jacques Boudin, sieur de Longpré, secrétaire du Roy en 1701, père de Bernard Boudin de Launay, juge-consul à Morlaix en 1710, époux de Thérèse Coroller du Neckoat. Leur fille aînée, Marguerite-Périnne-Jacquette Boudin, fut mariée à Messire Laurent-François Provost-Douglas de la Bouexière, chevalier, seigneur de Boislilly, conseiller du Roi en ses conseils, président à la Chambre des Comptes de Bretagne et procureur général syndic aux Etats de 1730, et lui apporta la terre du Launay, que l'alliance de leur fille Thérèse-Françoise Provost de Boisbilly avec M. de Blois de la Calande, mort capitaine de vaisseau, d'une ancienne lignée de Champagne que ses traditions rattachent à la maison de Châtillon, transmit à la famille de Blois.

De ce mariage naquit à Morlaix, le 9 novembre 1760, l'érudit et savant archéologue que fut M. Aymar de Blois. Lieutenant de vaisseau en 1785, après avoir vaillamment servi pendant la guerre d'Amérique, il vécut retiré près de Blois, pendant la Révolution, chez les parents de sa femme, Mlle Péan de Livaudière. Revenu en Bretagne, il assista, en témoin impuissant, à l'assassinat de l'évêque constitutionnel du Finistère Audrein par une troupe de Chouans, le 19 novembre 1800, dans la diligence de Quimper à Morlaix. Il fut, en 1806, appelé au conseil général du Finistère, où ses rares facultés et la place prépondérante qu'il y prit lui permirent de rendre de grands services à notre région. Nommé capitaine de vaisseau et chevalier de St-Louis en 1814, de la Légion d'honneur en 1825, retraité peu après, il se retira définivement au manoir du Launay et consacra les loisirs de sa belle et verte vieillesse à des études historique sur la Bretagne. Il y mourut le 3 septembre 1852, âgé de près de 92 ans (V. Biographie bretonne, II). Trois ans plus tard, son fils aîné, le général de Blois, commandait au siège de Sébastopol le parc d'artillerie. Le manoir du Vieux-Launay appartient en 1908, par alliance, à la famille Bobière de Vallière.

(L. Le Guennec).

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