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LA FRERIE DE KEROCHIOU EN PLOUJEAN

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FRÉRIE DE KEROCHIOU.

Comme toutes les autres de Ploujean, la frérie de Kerochiou est ainsi nommée d’un de ses plus importants hameaux, groupé autour d’une vieille gentilhommière en ruines, dans un petit vallon boisé et humide qui dévale à la rivière, en face du monastère de Saint-Francois. Ce manoir est un lourd bâtiment de 1563, aux murs jaunis, percés d’étroites fenêtres, de meurtrières, et garni d’une élégant lucarne gothique. Une tourelle carrée domine la cour, dans laquelle donne accès un grand portail en ogive, offrant sur ses écussons les armoiries des anciens seigneurs du lieu, les Toulgoat, pleines et alliées avec celle des Forget (trois croissants) et des Porzpozen (un lion). Le calvaire de granit érigé au hameau de Penantraon pour signaler l’entrée de l’avenue du manoir, a été jeté bas, mais sur les débris de son croisillon, placé aujourd’hui au dessus du puits de la ferme voisine de Kervellec, on relève encore trois écussons, l’un de Toulgoat plein, et les deux autres parti de Toulgoat et de Porzpozen. A ce propos, il y a lieu de remarquer une particularité curieuse : bien que Guy le Borgne et Courcy attribuent aux Toulgoat une seule quintefeuille, d’or à la quintefeuille d’azur, tous les blasons de Kerochiou offrent un écartelé aux 1 et 4 d’une quintefeuille, aux 2 et 3 d’une rose.

La famille de Porzpozen, qui possédait Kerochiou au XVème siècle, le transmit aux Toulgoat, par le mariage en 1509, d’Alain Toulgoat, fils de Jacques et de Marguerite Forget, avec Annette de Porzpozen. Leur petit-fils Jean Toulgoat, écuyer, sieur de Kerochiou, Kervéguen, Cleuziou, épousa Madeleine de Kermabon ; de leurs enfants, deux filles seulement survécurent, dont l’aînée, Marie, héritière de Kerochiou et Kervéguen, épousa d’abord en 1615 Jean de Guernisac, sieur du Band, puis Pierre de Kergariou, sieur de Kergrist. Après avoir suivi la carrière des armes et s’être vaillamment conduit au siège de la Rochelle, il fut pourvu en 1638 de la charge de sénéchal de Morlaix, qu’il laissa en 1649 à son fils Jonathas, baptisé le 3 août 1624 à Ploujean, et marié à Renée-Mauricette. Le Gouz. Ces derniers vendirent la terre de Kerochiou aux Oriot du Runiou, d’où elle a passé par alliance aux Haudeneau de Breugnon.

L’une des fermes du hameau de Kerochiou était aussi un manoir, possédé jadis par la famille Le Boutouiller. Françoise Le Boutouiller, dame de Keromnès en Carantec et de Kerochiou, épousa vers 1500 Francois de Boiséon, sieur de Guerrand. En 1573, cette terre appartenait à Jean Le Lévyer, sieur de Kerochiou, maire de Morlaix, qui devint en 1588 conseiller au Parlement. L’année suivante, il fut du nombre des « députés par le corps de la ville pour délibérer et ordonner sur ses affaires », et un registre conservé aux archives de Morlaix nous donne quelques détails sur le rôle qu’il joua pendant le règne de la Sainte-Union dans notre cité. Le 13 décembre 1589, il reçut misssion de veiller au transport des poudres et munitions achetées par le procureur. Le 3 Janvier 1590 on le chargea de contraindre le procureur et le miseur à rendre leurs comptes. Le 11 février, il fit prisonnier un prêtre royaliste nommé Poulquinan et le rançonna à 92 écus ; la ville s’arrogea d’abord le tiers de cette somme, mais en considération des servives de Jean Le Lévyer, de sa bonne volonté pour la ville et du malheur de son fils capturé par les royaux, elle le lui rendit peu aprés. On l’envoya plus tard, en qualité de commandant de 50 arquebusiers, rejoindre à Plestin les troupes qui se rendaient au siège de château de Tonquédec ; plus heureux que la plupart de ses compagnons, il put échapper au désastre que la garnison de Tonquédec infligea aux ligueurs.

Jean Le Lévyer acquit vers 1600 la terre haute justicière de Rosampoul, en Plougonven, mise en vente par suite de la ruine de l'ancien gouverneur ligueur de Morlaix, Francois de Carné. Il disparut en 1627 dans des circonstances restées mystérieuses. Un arrêt du conseil privé du Roi, daté du 18 décembre 1626, portant prise de corps contre Maître Jean Le Lévyer, conseiller honoraire au Parlement de Bretagne, fut mis à exécution par M. Charles de Machault maître des requêtes ordinaires de l’Hôtel du Roi, qui enleva nuitamment son prisonnier et le conduisit à la Bastille. Le Parlement de Rennes, saisi de l’incident « fit de grandes demonstrations de mescontement », envoya le prévôt poursuivre le carrosse qui emportait le vieux magistrat, et fit sonner le tocsion par les communes, le tout en vain. Jean Le Lévyer mourut-il à la Bastille ou fut-il même exécuté ? Toujours est-il qu’il était mort en 1629, car on trouve à cette date Françoise de Talhouët, sa veuve, remariée à un Bussy d’Amboise (Le Fureteur Breton 1ère Année p. 155).

Le manoir de Kerochiou-Lévyer, acquis comme son voisin par les Oriot du Runiou, fut aussi transmis aux Haudeneau de Breugnon. Il se trouvait tout près du hameau de Penantraon, et il en subsiste un corps de logis à portes ogivales et fenêtres à meneaux, ainsi qu’une enceinte de vieilles murailles.

En face de la croix de mission existe aussi une ancienne maison datée de 1618, et que semble avoir été une chapelle. Avant son aménagement en lieu d’habitation, on y voyait, paraît il, le bénitier à la porte de pignon nord.

La frérie de Kerochiou possédait encore une autre chapelle, dite de Saint Kirio ou Quirio. On regarde généralement ce saint comme étant le même que Saint Guirec, patron de Locquirec et de Perros-Guirec. Cependant, l’Annuaire de Bretagne de 1897 en fait un personnage différent de ce dernier, et le mentionne à la date du 9 juillet comme évêque et confesseur, invoqué pour la guérison des plaies et panaris. De sa chapelle, petit édifice bâti au versant de la colline, au-dessus de cette berge vaseuse qu’on nommait la Palue de Saint-Kirio, il ne reste plus que quelques pans de murs enlierrés sur une esplanade où coule encore la fontaine consacrée, par sa rigole de granit, jusqu’au doué embragé de vieux frênes. Le 28 octobre 1646, on y avait célébré le mariage de Messire François de Kermabon, avec demoiselle Gilette Corbel, dame de Keroc'hiou, et, le 10 Juin 1694, celui de Messire Francois Faget sieur de St-Julien, de la paroisse de Plouézo’ch, fils de Messire Pierre Faget et de demoiselle Francois Testas de Gesne, et de demoiselle Marie de Penfeunteuniou, fille de Messire Mathurin de Penfeunteuniou, et de dame Marie le Marant, sieur et dame de la Villeneuve. Quelques année plus tard, Francois Faget était capitaine de grenadiers au regiment de l'Ile de France.

Malgré la ruine de sa chapelle, Saint-Kirio est toujours vénéré dans le pays, et l'on continue à jeter dans sa fontaine des sous, des épingles ou des clous pour obtenir la guérison des furoncles, paupières malades, etc. Une vielle mendiante de Morlaix y va même en pélerinage pour autrui.

L’esplanade de Saint Kirio est bordée au sud par l’enclos de Roc’h ar Brini (la Roche aux Corbeaux) gracieuse villa bâtie sur un point dominant la vallée et dont les faîtages aigus émergent au–dessus d’un parc planté d’essences diverses, dans une ravissante situation. Ce manoir a été fondé par M. Edouard Corbière, l’armateur et écrivain bien connu, né à Brest la 1er avril 1793, mort à Morlaix le 27 septembre 1875, après une existence mouvementée où, au debut, il avait été fait prisonnier de guerre, comme aspirant de 2ème classe, et interné sur les affreux pontons de Tiverton, en 1811. Obligé de quitter la marine lors de « l’épuration » de 1816, à cause de ses opinions libérales, il se fit journaliste, d’abord à Brest, puis au Hâvre, voyagea aux Antilles et commenca par le Négrier (1832) la série des fameux romans maritimes où déborde toute la verve de son âpre et vigoureux talent. Tout en se livrant à ces travaux littéraires, M. Corbière contribua à la création de la Compagnie du Finistère, formée pour le service du Hâvre à Morlaix par le bateau à vapeur le Morlaisien, à qui notre ville fit en 1840, un accueil triomphal, et vint se fixer à Morlaix en 1842 pour diriger le service des transports. En avril 1843, il épouse Mlle Puyo, fille d’un de ses meilleurs amis d’enfance, et deux ans plus tard, fit ses adieux à la littérature par son roman de Cric-Crac.

Membre, puis président de la Chambre de Commerce de Morlaix, M. Corbière coopéra activement à tous les travaux de cette assemblée et publia divers mémoires sur des questions de commerce maritime. En 1851, il fonda la société des régates de Morlaix et fut, en 1855, le promoteur de l’établissement du Pont-tournant. Il était depuis 1831 chevalier de la Légion d’honneur. La propriété de Roc’h ar Brini appartient vers 1908 à sa fille, Madame Le Vacher.

Le hameau voisin du Rest contient une vieille maison manale à tournure de manoir, lucarne de pierre et cour naguère close, possédée en 1606 par Nicolas des Portes, sieur du Rest, capitaine du vaisseau et plus tard par la famille Blanchard.

A quelque distance sur le versant de l’étroit et frais vallon où coule le ruisseau de l’Armorique, est Kergollo, chétive gentilhommière d’autrefois, épaulée d’une massive tourelle ronde. Nous en ignorons les anciens possesseurs.

(L. Le Guennec).

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