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LA FRERIE DE KERDANNOT EN PLOUJEAN

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FRÉRIE DE KERDANNOT.

Le hameau de Kerdannot, ou Kerdanneau, qui donne son nom à cette frérie, est un groupe de vieilles fermes à cours closes, situé sur une colline bordant à l’Ouest la vallée du Dourduff.

Guillaume Nouel, sieur de Kerdanneau, marchand à Morlaix vers 1550, laissa de son alliance avec Marguerite Quittier plusieur enfants, pami lesquels Marguerite Nouel, née en 1553, qui apporta la terre de Kerdanneau à la famille Coroller, par son mariage avec Jean Coroller, sieur de Pradalan, maire de Morlaix en 1607. Leur fils Yves Coroller, sieur de Kerdanneau, maire de Morlaix en 1641, épousa Guillemette le Borgne, dont Philippe Coroller, sieur de Kerdanneau, sénéchal du marquisat de Guerrand en 1675. Sa postérité s’éteignit dans les familles de Boudin de Launay eet Michel de Rosconnet.

En suivant la route de Morlaix, on rencontre à gauche un long bois qui court parallèlement au chemin et vient même l’ombrager, à la vieille croix gothique de Croaz ar-C'had (la croix du lièvre). En face d’elle, entre deux grands pilastres restaurés, s’ouvre une allée qui mène à un bouquet de hautes futaies ; au travers du feuillage apparaît une blanche façade. C’est le château de Trofeunteuniou, grande et basse maison du dix-huitième siècle, qui a gardé avec sa muraille crépie de chaînons de pierres de taille, son fronton central, sa muraille crépie coupée de chaînons de pierres de taille, son fronton central, sa toiture hérissée d’étroites et hautes cheminées, et sa cour close d’une balustrade à piliers, tout le cachet architectural de l'époque. Devant, la chapelle sur son tertre gazonné, puis une grande esplanade bordée de hêtres magnifiques, d’où la vue s’étend sur la vallée du Dourduff et les terres lointaines de Garlan, Lanmeur et Plouigneau ; derrière, le jardin abrité par de grises murailles enlierrées ; le champ où se dressait naguère l’ancien colombier lézardé et mousseux ; eut plus bas, tout bruissant de la chanson des sources qui jaillissent au pied du château, l’humide et frais Val des Fontaines.

Les titres du manoir des Roc'hou, en Plouézoc’h, nous apprennent qu’en 1450, Trofeunteuniou appartenait à Mériadec de Guicaznou, seigneur de Guicaznou et de Primel, marié à Catherine Adam et aïeul d'Yves de Guicaznou, seigneur des mêmes lieux, époux en 1511 d'Anne de Goezbriand. Leur fils Guillaume, possesseur de Trofeunteuniou en 1543, laissa de sa femme Françoise de Kerguésay une fille héritière, Marie de Guicaznou, qui apporta les domaines de sa maison de la famille de la Forest, par son mariage, célébré en 1575, avec Philippe de la Forest, seigneur du Hellès en Lanmeur, gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi.

Sans doute en raison de cette charge, le seigneur du Hellès était fortement suspect aux fougueux ligueurs qui formaient, en 1590, cet espèce de tribunal révolutionaire que l’on nommait la Sainte–Union morlaisienne. Ayant sollicité, en février 1590, un passeport pour venir avec son fils à Morlaix « jurer l’union », certains membres du comité prétendirent que le sieur de la Motte, représentant le duc de Mercœur en notre ville, avait reçu de ce dernier l’ordre de s’en saisir.

Cependant, le passaport fut accordé, et philippe de la Forest se présenta, accompagné de son fils Guillaume, à la séance suivante, tenue le 7 mars. Mais le sieur de la Motte le dénonça comme ayant « beaucoup failly contre Dieu, son Eglise et le Saint party de l’Union, et particulièrement ofansé Mgr le duc de Mercœur, d’autant qu’il a toujours entièrement favorisé le party du roy de Navarre, et héréticque et excomunié, pour le faire obéir et recognoistre pour roy de France, et beaucoup inthimidé, vexé et outraigé les bons catholique » et requit qu’il fut conduit au duc de Mercœur afin que ce dernier statuât sur son sort.

Le comité décida néanmoins de recevoir le serment de M. du Hellès, à conditions qu’il s’engageât sous caution de quatre mille écus, à se rendre dans la quinzaine près du duc de Mercœur pour se remettre à sa discrétion, et sur l’observation qu’il fit « que Mlle sa compagne est tellement malade que mesme en danger de mort », le délai fut prolongé jusqu’à un mois. Marie de Guicaznou mourut en effet peu après ; il semble que son mari ait réussi à esquiver la désagréable et dangereuse corvée d’aller se livrer à Mercœur, en ouvrant libéralement sa bourse pour subvenir aux dépenses de la ville et en faisant très à propos des prêts d’argent fort appréciable au miseur aux abois. Il ne survécut guère à sa compagne, et décéda à Morlaix le 9 juillet 1595, un an après la prise de la ville par les royalistes.

Son fils Guillaume de la Forest, seigneur de Guicaznou, Trofeunteuniou, le Hellès, épousa en 1597 Catherine de Gouzillon Il résidait à Trofeunteuniou, où naquirent tous ses enfants, et où il mourut le 7 octobre 1612. Messire Pierre de la Forest, seigneur de Guicaznou, l'Isle, son fils aîné, né le 1er noviembre 1606, s’allia en premières noces à Gilette-Renée de Kérouzéré, morte le 20 septembre 1637, puis à Renée de Tanouarn. Du premier lit issut une seule fille, Catherine de la Forest, née le 17 avril 1637, et mariée le 29 novembre 1661 dans la chapelle de Trofeunteuniou, dédiée à Notre–Dame de Pitié, à Messire Jean-Baptiste du Trévou, chef de nom et d’armes dudit lieu, seigneur de Kersauzon, Baloré, Kerriec, fils de René du Trévou, sénéchal de Lannion et de Jeanne de Lanloup, au milieu d’une nombreuse et noble assistance où étaient représentées les familles du Trévou, de la Forest, Budes, de Trogoff, de Goezbriand, de Crezolles, de Gouzillon, de Kersulguen, Gouyon, de Cameru, de Coataudon, du Rufflay, du Cambout, et de Tanouarn.

Le décès de son dernier frère du second lit, André, en 1666, laissa la dame du Trévou en possession de la riche succession de ses parents. Elle vécut jusqu’en 1712 ; la capitation de la noblesse de Ploujean en 1703 la mentionne ainsi : la dame douairière de Kersauson du Trévou, 90 livres, une gouvernante, 4 livres 10 sols, pour quatre domestiques, 6 livres. Le chiffre relativement élevé de cette capitation indique une assez grande fortune.

Jean-Baptiste du Trévou eut de Catherine de la Forest plusieurs enfants, parmi lesquels Toussaint du Trévou, seigneurs de Brefeillac, né le 28 février 1672 et marié le 20 mars 1698 à Anne Le Borgne de Keruzoret, dans la chapelle de Notre-Dame des Fontaines en Saint-Melaine de Morlaix, malgré l'opposition formée par sa mère, dont une sentance de l'officialité de Tréguier avait reconnu « la malice et la nullité ». Il mourut le 12 mai 1715 à Trofeunteuniou. Son fils André-Joseph du Trévou, comte de Brefeillac, seigneur de Trofeunteuniou, le Hellès, officier au régiment du Roi-Infanterie et chevalier de Saint-Louis, épousa le 15 mai 1748, Marguerite Jégou de Boisalain, fille et héritière de Maurice Jégou de Boisalain, setgneur de Penanvern, le Botdon, Keralsy, Kerouyat, et d'Anne Le Borgne, et décéda à Ploujean le 19 mai 1788, dans un âge tres avancé.

De son mariage issurent une fille, Marie-Josèphe du Trévou, qui épousa le 5 juillet 1768, dans la chapelle de Trofeunteuniou, Messire Yves-Marie Le Lay, seigneur de Kermabin, et trois fils, dont l'aîné, Sébastien-Jean-Baptiste, et le dernier, Joseph-Jean entrèrent dans la marine ; le cadet, Vincent-Louis Pascal, était en 1780 officier au régiment de Bourgogne, et survécut à ses deux frères, morts tous deux en des circonstances tragiques.

Sébastien du Trévou, lieutenant de vaisseau et chevalier de Saint-Louis, prit en 1787 le commandemant de l'aviso le Papillon, en partance pour une croisière dans les mers de l'Inde. Soit que son caractère fut naturellement cruel, soit plutôt que le climat des tropiques eut influé sur son état mental, il ne cessa, au cours de cette navigation de faire subir les plus barbares traitements aux malheureux matelots du Papillon. Le fouet, la bouline, la cale, les fers, tous les supplices maritimes alors en usage, lui servaient tour tour à tour à réprimer d’imaginaires complots ou à punir des fautes insignifiantes. Plusieurs des marins désertèrent ; les autres, dès le retour de la corvette à Brest, le 22 novembre 1788, dressèrent contre leur commandant une sorte d’acte d’accusation relatant, jour par jour, « les maltraitements atroces » dont il avait accablé son équipage.

Le comte de la Luzerne, ministre de la marine, le destitua immédiatement et lui ordonna de disparaître. Du Trévou se retira en Angleterre, puis, trois ans plus tard, croyant son affaire oubliée au milieu des bouleversements de sa patrie, il rentra en France, s'établit d'abord à Neuilly près de Paris, et se mit ensuite en route pour la Bretagne, au mois d'août 1792 dans l'intention de venir résider à Morlaix. Mais comme il passait à Lamballe, il fut reconnu par quelques-unes de ses victimes du Papillon, qui marchaient à la frontière du Nord dans le 2ème bataillon de volontaires du Finistère. On faillit l'écharper et on le jeta en prison. Réclamé par le Directoire du Finistère, il ne put, malgré ses démarches et celles de sa famille, ni même les efforts du ministre Roland, obtenir sa mise en liberté. Le 12 novembre 1792, le pont levis du château du Taureau se relevait derrière lui. Quelles sombres réflexions, remarque son biographe, durent assailir le fier officier de marine muré vivant dans les cachots de cette sinistre forteresse, isolée sur son écueil, rageusement battue par les tourmentes d'hiver, en songeant au sort qui l'attendait, à l'échafaud révolutionnaire qui réclamait sa tête ; qu’ils devaient être amers ses regrets lorsque, des plates-formes du bastion, il voyait au fond de la rade les hautes terres de Ploujean, et la cîme des bois du château de Trofeuteuniou où s’etait écoulée son enfance, où son vieux père était mort. Qu'il devait suivre envieusement du regard les barques du Dourdu et de Carantec qui passaient parfois sous les canons du château, avec leurs pauvres, mais libres marins….

Le 22 janvier 1793, on trouva sur la côte de Térénez en Plougasnou un cadavre meurtri et déchiré. C'était celui du comte du Trévou. Dans la nuit du 20, il avait tenté de s'évader en se laissant glisser d'une embrasure au moyen de bandes de drap attachées bout à bout. Parvenu au pied du fort, il s’était jeté à la nage pour atteindre la côte, mais ses forces s’épuisèrent à lutter contre les courants et après une agonie sans doute terrible, perdu dans les ténèbres, transi par le froid, le malheureux avait péri (Le comte du Trévou, par M. Prosper Hémon. - 1903).

Les familles du Trévou et Le Lay de Kermabin émigrèrent pendant la Révolution. Joseph-Jean du Trévou, frère puîné du commandant du Papillon, comme lui lieutenant de vaisseau, servait dans le régiment d'Hector à la descente de Quiberon. Fait prisonnier, il fut condamné à mort par la commission militaire d'Auray et compris dans l'une des « fournées » sanglantes où l’on massacrait par groupes les infortunés qui s’étaient confiés à l’honneur des généraux Humbert et Hoche.

Quant à M. Vincent-Louis du Trévou, il se fit rayer plus tard de la liste des émigrés et recouvra ses biens. Sa veuve, Etiennette du Parc de Kerannou vendit en 1813, à M. Le Denmat de Resguen, pour la somme de 80.300 fr., le château de Trofeunteuniu et ses dépendances. Elle se défit en même temps de toutes ses autres terres, et alla s'établir avec ses enfants à la Martinique, où existe toujours vers 1908 la famille du Trévou de Brefeillac. Des Le Denmat de Resguen, Trofeunteuniou a passé par héritage aux Tixier-Damas de Saint-Prix, puis aux de la Jaille. C'est vers 1908 la propriété de M. le lieutenaut-colonel Foch, ancien professeur à l'Ecole de guerre.

Dans la chapelle de Trofeunteuniou, Mgr François-Ignace de Baglion de Saillant évêque et comte de Tréguier, avait, le 11 juillet 1685, béni l'union de Messire Charles-Louis, chevalier, seigneur du Coëtlosquet, fils de défunt Guy du Coëtlosquet et de Françoise le Ségaler, avec Renée-Radegonde du Trévou, fille de Messire Jean Baptiste du Trévou, seigneur de Carsoson, et de Catherine de la Forest.

Au nord du château, dans le vaste bois taillis, entremêlé de futaies, qui en dépend, se remarque un monticule factice situé sur un point culminant d’où l’on domine une vaste étendue de pays. Il portait jadis le moulin à vent de la seigneurie de Trofeunteniou.

Le manoir voisin de la Villeneuve appartenait, en 1609, à Nicolas Le Blonsart, époux de Marie Le Dourguy, dame de Lambezre, père et mère de Jean Le Blonsart, sieur de Pontagoasven, marié en 1619 à Marguerite de Kermerchou. Leur fils aîné, écuyer Francois Le Blonsart, sieur de Kervézec, épousa en 1646 Marie du Gratz. Il fut maire de Morlaix en 1657 et résidait habituellement au manoir de la Villeneuve, où il mourut le 11 février 1661. Son frère Paul Le Blonsart, sieur de la Villeneuve, marié à Marie Richart, décéda au manoir de Kerven en Guimaëc le 10 juin 1680, sans laisser de postérite, et du léguer cette terre aux Kermabon. Elle a passé depuis aux Tilly de Chefdubois et aux du Trévou.

Le manoir de la Villeneuve est en partie démoli. Il subsiste encore une vieille maison à portes cintrées et la clôture d’un ancien jardin, dans lequel on montrait naguère l’entrée d’un souterrain.

Près de la Croix du Lièvre, M. de Saint-Prix a trouvé une cachette de fondeur d’où proviennent quelques haches de bronze conservées au Musée de Morlaix.

(L. Le Guennec).

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