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LE MANOIR DE LANLEYA EN PLOUIGNEAU

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Dans la partie nord de l'immense commune de Plouigneau, le gros village de Lanleya - bien des bourgs du Finistère ne l'égalent pas en importance - s'étage au bord de la route vicinale de Morlaix à Plouégat-Gerrand, sur le versant ouest du vallon du Dourduff, petit fleuve côtier qui n'est encore, à ce point de son cours, qu'un ruisseau peu considérable. Ce hameau populeux doit son origine à une chapelle dédiée sans doute, dans le principe, à un thaumaturge appelé Laya ou Leya, d'où Lanleya. Saint Leya est encore un de ces apôtres dont la Bretagne fourmilla aux premiers siècles de l'ère chrétienne et dont le peuple qu'ils évangélisèrent a depuis longtemps tout oublié, légende et nom même. Il est très probable que Leya a vécu en ce lieu et que l'oratoire a été établi sur son tombeau.

Plouigneau (Bretagne) : manoir de Lanleya.

Au Moyen-âge, une maison de noblesse fut établie à proximité. avec sa métairie et son moulin. Quelques logis tenus à bail convenancier sous le seigneur. s'élevèrent alors des deux cotés du chemin. La réformation de 1543 à Plouigneau nous apprend que le manoir de Lanleya appartenait alors à la veuve et aux enfants de N... de Lampezre. et que cette veuve était remariée à Julien Derrien, noble. Trente ans plus tard en 1574, on le trouve possédé par Jean du Parc, époux de Catherine du Plessis, dame du dit lieu. Leur fille Marie du Parc, héritière de Lanleya et du Plessis, manoir voisin, épousa en 1577 Alain du Dresnay, seigneur de Leslach, en Plestin, fils de Vincent et Marguerite de Lannion, Leurs deux fils moururent sans postérité et leur fille Marie du Dresnay, restée seule héritière, s'allia en 1595 à Philippe de Kermoysan. seigneur de Goasmap, en Pommerit-le-Vicomte.

La lignée chevaleresque de Kermoysan existe encore. Ils remontent au XVIème siècle et s'enorgueillissent d'avoir produit le très vaillant écuyer Tugdual le Bourgeois - c'est le nom primitif de la famille - qui combattit pendant quarante ans pour la cause française, défendit le château de Montaiguillon en Brie, contre le duc de Bourgogne et le roi d'Angleterre s'empara de nombreuses places, dans des sièges où l'honneur de monter le premier à l'assaut était toujours attribué à cause de sa bravoure incomparable et de ses qualités d'entraîneur d'hommes. Souvent blessé, il finit par être tué dans la tranchée, au siège de Caen, en 1459, du même coup de couleuvrine qui frappa mortellement son compatriote et frère d'armes l'amiral Prégent de Coetivy.

La branche des Goasmap s'établit au XVIIème siècle en Plestin, où elle se construisit à Leslac'h un très beau manoir Renaissance flanqué de pavillons et d'une tour ronde. Elle avait aussi à Lanleya une maison plus modeste, mais relevée de lucarnes ouvragées et d'une tour carrée à échauguette.

Les Kermoysan de Goasmap se sont alliés au XVIIème siècle aux Rouge de Penanjun, de la Grue de la Frufière et de Kerlech de Trésiguidy. Françoise de Kermoysan, fille héritière de Maurice de Kermoysan chevalier, seigneur de Goasmap, Leslac'h, Lanleya et de Madeleine de Kerlech du Chastel apporta par mariage en 1685, les grands biens de ses deux estocs paternel et maternel à son époux Vincent de Kergariou chevalier, seigneur de Kervégan et de Kergrist.

Un état des biens de la famille de Kergariou, vers 1760, indique que la seigneurie de Lanleya relevait presque entière du fief de Kerohant, en Garlan. Elle comprenait le manoir, métairies et annexes, cours de dîme à le 12ème gerbe, etc.... affermés à Jean Nigeou pour 234 livres et 8 quartiers d'avoine, l'auberge et la perrière (carrière) de Lanleya. le moulin, affermé 49 livres, les manoir et moulin de Plessis, affermés 315 livres, le lieu du Prigent au bourg de Lanleya, affermé 2 livres 8 sols, 12 quartiers de froment, un chapon et les corvées, plus l'acquit d'un demi quartier de froment à l'église de Plouigneau. Une rente de 30 sols était due à la chapelle de Lanleya sur un autre convenant au même bourg.

A l'époque de la Révolution la terre de Lanleya appartenait à Messire Jonathas de Kergariou, comte de Kervégant, mort à Kergrist en Ploubezre le 17 floréal an II. Sa fille héritière de Catherine-Vincente-Reine, mariée en 1781 à Sébastien-François Barbier marquis de Lescoet, ayant émigré à Hambourg, la nation s'empara de ses biens et les mit en vente.

Les manoir et métairie de Lanleya furent acquis le 15 Messidor an VIII par les citoyens Dauxais et Yves Le Manach, tandis que le moulin devenait le 25 août 1808 la propriété de Monsieur Pezron et que le citoyen Yves Lelchat s'adjugeait la chapelle 1e 26 Floréal an III, au citoyen Yves Nigeou, parent d'un prêtre insermenté de Plouigneau, qui ne l'acheta que dans le but de la rendre un jour au culte catholique.

Je n'ai pas revu Lanleya depuis bien des années. Ses habitants désirent se séparer de Plouigneau pour former une commune indépendante. Mais jusqu'ici leurs tentatives et leurs démarches sont demeurées vaines. Le bourg offre à ses rares visiteurs trois curiosités : la chapelle de Saint-Nicodème, le manoir et le moulin.

La première est un édifice en forme de croix latine, avec un chevet à trois pans. Sur l'un des pignons latéraux se voit un écusson renversé aux armes des comtes de Boiséon : d'azur au chevron d'or accompagné de trois têtes de léopard de même. Au chevet, il y a un autre blason mi-parti de Kermoysan, de gueules à sept coquilles d'argent et de du Parc, qui portaient comme Boiséon dont ils étaient un "ramage", mais en y ajoutant une fasce de gueules brochant. On lit sur le clocheton amorti en dôme les dates de 1642 et 1704, dont la moins ancienne est placée, chose singulière, au-dessous de l'autre. A l'intérieur, j'ai vu autrefois une collection de très naïves statuettes de douze apôtres (polychromes) et de jolies sablières décorées de figurines d'anges tenant divers attributs, qui n'existent plus. Le patron Saint Nicodème porte appendus à sa ceinture une bourse, une écritoire et un encrier et il est armé d'une tenaille et d'un clou. Ferait-il concurrence à Saint Eloi, patron attitré des forgerons et des chevaux ?

Le manoir comporte une malouinière dont la façade a été réhabilitée en 1861. On a remonté sur la façade côté tour une belle lucarne à fronton et conservé la tourelle carrée ou pavillon qui contient l'escalier à vis. Son vieux moulin seigneurial garde une porte à arcade gothique et cordon saillant. Lanleya a possédé aussi, je crois, une prêche protestante de la secte des Baptistes.

Le nom de ce paisible village est entré dans la littérature bretonne grâce à l'article que a consacré en 1906, dans la revue "L'Hermine" du bon poète Louis Tiercelin, Monsieur Dagüet, professeur au collège de Morlaix, batteur de grands chemins et folkloriste infatigable, aujourd'hui retiré à Saint Servan. En cet article Monsieur Dagüet combattait l'opinion désavantageuse qu'avaient les gens de Morlaix des facultés mentales de leurs humbles voisins, au point "de ne pouvoir prononcer le nom de ce pays sans y joindre un sourire narquois". Il citait le cas de l'un de ses élèves, le jeune Folloroux né à Lanleya et pour cette raison blagué par ses camarades, bien qu'étant supérieur en intelligence à la moyenne d'entre eux. Dudit Folloroux, l'excellent professeur tenait la légende qui suit que je lui emprunte en la récrivant à ma façon : " Au début de ce siècle, le folkloriste Dagüet a recueilli une légende de la bouche d'un habitant de Lanleya qui répondait au nom de Folloroux. Elle met en scène un sorcier qui vient proposer un marché à la pauvre propriétaire du manoir : 1.000 écus d'or en échange de son fils Jean. Celle-ci accepte, mais les projets du méchant homme sont machiavéliques puisqu'il envisage de se servir du sang du jeune homme pour composer un élixir. C'est finalement la fille du sorcier qui usera de ses pouvoirs magiques pour sauver Jean du trépas. Tous deux vécurent ensuite longtemps dans les murs de Lanleya ".

(Extrait de " Nos vieux Manoirs" de L. Le Guennec).

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