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LES NAUFRAGES DE BATEAUX PRÈS DE POULGOAZEC

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Un archevêque grec noyé sur la côte de Poulgoazec.

Le 17 décembre 1684, des riverains de Plouhinec découvrirent le cadavre d'un noyé sur la côte de Poulgoazec ; ils trouvèrent aussi les débris d'un navire, et une caisse contenant les papiers du bord. Ils purent ainsi savoir le nom du navire naufragé : c'était le Jacques, du port de Saint-Malo, un voilier parti le 14 décembre de ce port, à destination de Chypre. Assailli, en face d'Ouessant, par une terrible tempête, démâté, roulé par les courants, le Jacques était venu, le 17 décembre 1684, à dix heures du matin, se briser sur les récifs de Poulgoazec. Tout l'équipage avait péri ; seul un passager, après avoir lutté longtemps avec les flots en furie, avait réussi à atteindre la côte ; il y abordait juste au moment où des pêcheurs de Poulgoazec trouvaient sur la côte le cadavre de l'inconnu ; il le reconnut tout aussitôt pour être celui d'un évêque grec qui s'était embarqué en même temps que lui sur le Jacques, pour regagner son siège, situé du côté de la Turquie.

Le recteur de Plouhinec, M. Bobony, en présence du cadavre de l'inconnu, le reconnut pour l'avoir vu à Rome, au temps où il faisait ses études. Bâchelier de Sorbonne, le seul lettré de la paroisse, il examina avec le plus grand soin les papiers du bord et se convainquit de plus en plus que le cadavre, trouvé près de la chapelle de Saint-Julien-de-Poulgoazec, était celui de Mgr Cyrille Iustiani, qualifié dans les papiers « d'archevêque de Grévène et Unzi à la province de Bulgarie en Grèce (sic) et dépendant de l'Empire Ottoman ». Il apparut au recteur « d'après le bref de N. S. P. le Pape Innocent XI, alors régnant et par le passeport du duc d'Estrées, ambassadeur pour le roi très chrétien à la Cour de Rome », que Mgr Iustiani était bien décédé dans la communion de l'Eglise Romaine ; aussi M. Bobony n'hésita pas un seul instant à rendre à ce corps les honneurs de la sépulture chrétienne.

Le cadavre fut exposé pendant trois jours à la chapelle Saint-Julien, et le sénéchal de Quimper, chargé de faire l'enquête prescrite par l'Amirauté dans tout naufrage, ayant donné le permis d'inhumer, le corps fut transporté processionnellement à l'église paroissiale de Plouhinec. Il y resta encore trois jours durant, exposé à la vénération des fidèles. L'acte de sépulture, conservé à Plouhinec, mentionne « qu'après la cérémonie et la pompe funèbre, faites pour honorer la mémoire du défunt et la dignité épiscopale, son corps fut inhumé dans le sanctuaire : tous les peuples circonvoisins, tous les marchands et tous les habitants de Plouhinec y assistèrent, le 23 décembre 1684 ».

Il serait intéressant de rechercher dans quelles circonstances Mgr Iustiani avait quitté son siège épiscopal de Grévène, ainsi appelé dans l'acte de sépulture. Il s'agit évidemment de Greveno, ou mieux, Grevno, village de Janina (Turquie d'Europe), situé non loin de Vistritza, tributaire du golfe de Salonique. D'après la transcription de M. Bobony, le prélat « aurait été chassé du diocèse pour avoir fait rebâtir et croître sa cathédrale d'une paulme de long et de large ». Cela n'est pas très clair. L'archevêque exilé se serait retiré à Rome où il aurait vécu huit ans. Il serait venu en France où il aurait sollicité la protection de Louis XIV. Le roi la lui aurait accordée, et l'archevêque, embarqué à Saint-Malo, rentrait précisément à Grevno, quand il fut noyé, le 17 décembre 1684, en vue d'Audierne.

Plouhinec ne perdit pas le souvenir de son archevêque. Le 22 décembre 1784, cent ans après l'événement, un service solennel fut chanté pour le repos de l'âme du prélat « dont la mémoire est en grande vénération dans les environs » déclare le recteur d'alors, M. de Rozaven. Ce service centenaire fut présidé par M. Perrichon, recteur de Mahalon, assisté de MM. Legendre, recteur de Plozévet ; Hervian, recteur de Primelin ; Douarinou, curé de Pont-Croix ; Coatpont, recteur de Poullan ; Duvergier, directeur des dames Ursulines de Pont-Croix ; du R.-Père gardien des capucins d'Audierne ; de sieur Leissègues-Rozaven, recteur de Plouhinec.

Par contre, il ne reste aucun souvenir de la pierre tombale primitive. Elle se trouvait sans doute en très mauvais état quand M. Cozian, recteur de la paroisse, fit lever les ossements. Il les fit placer dans le mur qui donne sur le maître-autel, côté nord, sous la statue de saint Winoc, avec une plaque en cuivre rappelant le naufrage.

M. Lemoine, dans son Introduction relative aux archives de l'Amirauté de Morlaix (p. CXXIV), parle des pratiques un peu superstitieuses dont les habitants du pays honoraient, il n'y a pas très longtemps, les ossements de Mgr Iustiani. Il est vrai de dire que ces ossements n'ont jamais été l'objet d'une vénération spéciale. Il s'agit plutôt de la tombe de M. Balouin, ancien recteur de Plouhinec, toujours considéré comme un saint. Il n'y a rien de superstitieux dans cette confiance. Une plaquette de cuivre, rappelant l'exhumation des restes de M. Balouin, fait face à celle qui a été consacrée à la mémoire de l'archevêque grec. De là, sans doute, la confusion.

***

Le 17 juin 1725, jour du pardon de Saint-Tujan, fut marqué par un tragique accident. Cinquante-deux personnes revenant de la fête avaient pris place dans un bac pour passer d'Audierne à Poulgoazec. Le bac coula et tous furent noyés. On autorisa les recteurs d'Esquibien, d'Audierne et des paroisses voisines à célébrer les obsèques des victimes.

Le 17 janvier 1781 sombra à la côte de Poulgoazec le Franc-Maçon, du Croisic. Le capitaine et trois hommes de l'équipage furent noyés.

(H. Pérennès).

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