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LA MAISON NOBLE DE LYSANDRE (en PLOUHA)

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Lysandré

[Note : La généalogie des seigneurs de Lysandré et la Noë-Verte se trouve dans le manuscrit Le BORGNE du château de Keroulas et également à la Bibliothèque Nationale, f. fr. 6817, pp 168 et suiv.].

La Maison noble de Lysandré possédait jadis un droit de justice avec subrogation à la seigneurie de Plouha.

Sur la route de Plouha à Pléguien, à mi-distance de ces deux bourgs, s'élève, au milieu de magnifiques futaies, le château de Lysandré, belle construction du XVIIIème siècle. Son nom perpétue le souvenir de la plus ancienne seigneurie de la paroisse, dont le siège primitif était un peu plus au nord, au lieu dit « le vieux Lysandren ».

Aucun document antérieur à la fin du XIVème siècle ne nous est, malheureusement, parvenu à son sujet. A cette époque, cette seigneurie était, suivant Guy le Borgne, entre les mains de Mau­rice Taillard, sr. de Kerdaniel, époux de Jeanne Boschier, nièce de l'abbé de Beauport. On sait combien ce seigneur et son fils aîné, Alain Taillart, page d'Olivier de Blois, trempèrent dans les attentats de 1420 et 1422, contre le duc. 

Rolland Taillart, fils d'Alain, et comme lui, seigneur de Kerdaniel et de Lysandré, prêta serment parmi les nobles de Goelo, le 28 novembre 1437. Il eut, de son mariage avec Julienne Le Long, plusieurs enfants, dont l'aîné, Guillaume, laissa également une très nombreuse postérité de Jeanne de Keralliou, fille de Guillaume et de Catherine du Plessix.

Autre Guillaume, sr. de Lysandré, leur fils aîné, épousa par contrat du 23 septembre 1488, Gilette le Vayer, dame de la Guérais, fille de Jacques et de Bertrande (alias Perrine) Robert, puis, après le décès de celle-ci, Françoise de Rosmar. Par acte du 26 avril 1500, il fit échange, avec Guillaume 0llivier, de ses prééminences et droits honorifiques en l'église de Plouha, et lui abandonna, en particulier, les tombes armoriées situées sous le porche, ainsi que l'écusson surmontant ce dernier. Guillaume mourut en 1517, laissant au moins de son premier mariage un fils, Yves, et deux filles : Jeanne, épouse par contrat du 25 janvier 1505, de Rolland de Kernechriou, et Catherine, épouse par contrat du 4 juin 1508, de René de Quélen, sr. de Saint-Bihy, fils de Raoul et d'Anne de Quatre-Barbes. Catherine, dont le portrait est conservé à la Ville-Chevalier, ainsi que celui de son mari, reçut partage de son frère Yves, le 16 septembre 1519.

Celui-ci, baptisé à Plouha, le 17 décembre 1499, épousa, tout jeune encore, Marguerite de Kerbuzic, dame de Keranglas, fille unique de Jean et de Catherine Merien. Il mourut à Poitiers, après y avoir testé le 12 décembre, laissant trois filles : Louise, Catherine et Jeanne.

Sa veuve épousa en secondes noces Yves Pinart, sr. de la Noë-Verte, veuf de Jeanne de Boisgelin, et simultanément, il y eût promesse de mariage, par contrat du 12 décembre 1526, entre le fils de ces derniers, Rolland Pinart et Louise Taillard, héritière de Lysandré, âgée seulement de 10 ans. Mais, deux ans après, celle-ci étant décédée, ce fut sa soeur cadette, Catherine, qu'épousa, en 1534, le sr. de la Noë-Verte. Quant à la troisième fille d'Yves, Jeanne Taillard, elle devint, par contrat du 17 juillet 1541, la femme de Jean Ruffaut, cadet de Kerhuel, héritier de cette seigneurie après la mort, sans hoirs, de son frère aîné François. 

A propos de la Noë-Verte, nous avons indiqué ailleurs comment cette seigneurie et Lysandré passèrent, par alliance, des Pinart aux Lannion, puis aux de Guer de Pontcallec, et enfin, furent vendus par Bonne Louise Le Voyer aux enfants Calloet, irions n'y reviendrons donc pas.

Mentionnons cependant, que dans l'aveu rendu, le 17 avril 1668, par Françoise de Lannion, pour la seigneurie de Lysandré, il était stipulé : « Le manoir et seigneurie de Leizandrey, avec ses droits, issues, embellissements, portes, cour devant et derrière, prés, jardins, chapelle, salle, double salle, chambre, cuisine, office, grenier gallerye, écurie, colombier, étangs, vergiers, bois de haute futaye, taillis, rabines et autres pièces de terre cernées, et enclos le poulpris du dit lieu de murailles et fossés, ensemble 200 journaux de terre, etc... ».

Le nouveau seigneur, Guillaume-Jacques Callouet, fils de. Jean, sr. de Tourbrunot, et de dame Renée de Bahuno, appartenait à cette grande famille bienfaitrice des récollets de Morlaix (Bibliothèque Nationale : La généalogie des Callouet, par Dom Morice, f. fr. 22348). Il avait épousé Ursule-Françoise Le Meignen de Kérimoel, dont on voit encore les armes en alliance avec les siennes, sur la chapelle domestique du château de Lysandré, reconstruit par leurs soins vers 1720, ainsi que l'indique cette dernière date sur une poterne. Les mêmes armes en alliance, au fronton du manoir et sur le chevet de Kermaria, furent mises en pièces par les révolutionnaires, en 1792.

En 1693, Guillaume-Jacques Callouet, acquit également de Bonne Louise Le Voyer, la baronnie de Trégomar, et, d'autre part, diverses terres, Kerraoul entre autres. Il céda tous ces biens, le 17 mai 1729, à son fils aîné et présomptif héritier, Jean Hermenigilde, époux de Marguerite Thomas de la Ribaudière, à condition que celui-ci le nourrisse, lui et ses domestiques, et lui paye annuellement ou à son ordre, la somme de 1.000 livres, garantie sur l'hypothèque de ses biens et spécialement de Lysandré (Voir Archives des Côtes-du-Nord, aujourd'hui Côtes-d'Armor, E. 2341). Guillaume ne jouit du reste guère de cette pension, car il mourut, quelques mois plus tard, à Saint-Brieuc, le 3 novembre, et son coeur fut inhumé, eu grande pompe, dans la chapelle de Kermaria-an-Isquit, dont il avait fait reconstruire le clocher et le chevet.

Jean Hermenigilde eut de son mariage Marguerite Emerentienne, en 1727, Anne-Gabrielle Hermenigilde, en 1731, et Pierre-Saint-Esprit Basile, qui lui succéda et rendit aveu à la seigneurie de Plouha, le 10 septembre 1767.

Ce dernier avait épousé, à Vannes, en 1753, Marie-Julie-Perrine Gicquel du Nédo, fille de François et d'Elisabeth Maclodie le Meilleur, dont les armes sont en alliances avec les siennes, sur la tour de Trégomar. De ce mariage, naquirent deux filles : l'aînée, Elisabeth-Hyacinthe, épousa, le 19 juillet 1779, dans la chapelle domestique de Lysandré, Claude-Joseph du Guerry, conseiller au parlement de Bretagne, qui fut en 1782, parrain d'une cloche de Kermaria-an-Isquit, avec sa belle-soeur, Lucie-Françoise de Callouet. Ce seigneur mourut à Paris, en 1831, et fut inhumé, ainsi que sa femme, dans la chapelle des Trois-Maries, en Corps-Nuds.

Quant à Lucie-Françoise, elle épousa, le 2 mai 1786, Agathon-François du Bouexic de Guichen, lieutenant de vaisseau, né à la Bothelleraye, le 30 septembre 1758, qui mourut à Rennes, le 30 juin 1832. Elle en eut, à Plouha, un fils, Maxime-Pierre-Luc, le 25 septembre 1788.

Esprit de Callouet, décéda le 23 janvier 1791, et fut inhumé à Kermaria. Lysandré revint alors à son gendre, de Guichen ; mais, celui-ci étant émigré, ainsi du reste que sa belle-mère, Perrine Gicquel, la vente de ses biens comme nationaux fut décidée, les armoiries du château furent mutilées, ainsi que nous l'avons dit, et les futaies saccagées. L'inventaire du château, dressé le 28 septembre 1792, ne mentionnait plus d'objets de valeur ; l'écurie, par exemple, ne contenait que trois chevaux, dont l'un était aveugle, le second boîteux, et le troisième, un tout jeune poulain. Tous les objets mobiliers furent vendus, le 13 août 1793, pour 12.811 livres 7 sols. Enfin, en 1795, la terre de Lysandré fut divisée en dix lots, la retenue en trois, et la métairie en cinq, soit dix-huit lots, qui furent acquis par Guillaume le Cornec, dit Mahon. Dès messidor 1796, l'acquéreur ne put en jouir en paix, et, après son assassinat, le 18 pluviôse, an VII (février 1800), sa femme et ses enfants durent signer, chez Yves Gouézou, notaire à Plouha, la restitution de Lysandré. Le 2 messidor an IX, Marie-Perrine Gicquel fut rayée de la liste des émigrés, et rentra en possession de ce qui n'avait pas été vendu.

Lysandré fut acheté ensuite, en 1804, par Jean-Louis de Courson, de la Villehélio, administrateur général des vivres de la marine, qui ensemença les landes de sa nouvelle propriété, en 1806, et s'occupa activement d'élevage. Une circulaire du préfet des Côtes-du-Nord, datée d'août 1811, signalait aux cultivateurs que Monsieur Courson tenoit à leur disposition pour croisements, des béliers et brebis mérinos de la race pure d'Espagne, des vaches et taureaux de la race sans cornes d'Asie, des ânes et ânesses de la grande race de Toscane, le tout, provenant de l'établissement impérial de Rambouillet (R. DURAND : Le département des C.-d.-N. sous le Consulat et l'Empire, t. II, pp. 63 et 64). Il mourut à Paris, en 1827, laissant comme héritier Louis Nelty Curateau, né à Bordeaux, en 1790, fils qu'il avait eu de Madame Curateau, qui lui avait sauvé la vie, alors qu'il était emprisonné.

Celui-ci, prit le nom de Curateau de Courson, fut administrateur des vivres de la marine et démissionna en 1830. Il se retira alors à Lysandré où, peu après, il eut à subir un siège assez comique, rappelé par Courson de la Villeneuve (R. COURSON DE LA VILLENEUVE : Histoire d'une maison bretonne, t. II, p. 247 et suiv.). La grille du parterre de Lysandré portait un ornement de bois, grossièrement sculpté, qui parut séditieux, comme représentant une fleur de lis. La municipalité de Plouha réunit quarante gardes nationaux, avec l'équipement de campagne, pour enlever cet emblème, mais le propriétaire et le jardinier leur tinrent tête si opiniâtrement, que l'ornement subsista jusqu'en 1865, époque à laquelle il tomba de vétusté.

Nelty Curateau fut longtemps maire de Plouha, et mourut le 23 mai 1881, à Lysandré, laissant de son mariage avec Hortense Barbou, trois enfants : Nelty, Georges et Georgette. Lysandré fut vendu par ces derniers, en 1885, à Robert Courson de la Villeneuve, qui revendit lui-même ce château, en 1892, à M. de Coetlosquet. Cette terre passa ensuite au Vicomte Armand-Garnier de la Villesbret, époux de Mathilde de Francia et appartient en 1927 à M. W. Bazin, notaire honoraire. A l'histoire de Lysandré est intimement liée, depuis le milieu du XVIème siècle, celle de la chapelle de Kermaria-an-Isquit.

  (René Couffon, 1929).

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