Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LA MAISON NOBLE DE KERJOLIS (en PLOUHA)

  Retour page d'accueil       Retour Ville de Plouha   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Kerjolis

Généalogie sommaire des Quellenec de Kerjolis [Note : Les actes concernant les Quellenec sont extraits du Terrier de Kerjollis, en la possession de M. Couffon de Kerdellech ; de la Bibliothèque Nationale, f. fr. 22331 et 22338 ; des Archives des Cotes-du-Nord : E, 553-557 et 2070-2073 ; enfin Archives Nationales, T. 471].

Dans l'un des replis du plateau qui domine la baie de Bréhec et la vallée de Lanloup, un beau porche est le seul vestige du manoir de Kerjolis, dont les riches constructions, tombées en ruines à la fin du XVIIIème siècle, furent remplacées par une ferme. Sur l'écu qui le décore, l'on peut reconnaître aisément, malgré l'acharnement du marteau révolutionnaire, les armes des Quellenec : de Bretagne au chef de gueules chargé de trois fleurs de lys d'or. Ces armoiries et ce nom auraient dû, semble-t-il, épargner aux auteurs des Anciens Evêchés la publication d'une notice aussi fantaisiste qu'erronée sur cette illustre maison qu'ils n'ont pas hésité à faire descendre, sans preuves d'ailleurs, de contrebandiers normands accumulant dans leurs manoirs le fruit de leurs rapines.

Avant donc d'étudier avec quelques détails l'histoire des seigneurs de Kerjolis et comment ils vinrent se fixer à Plouha à la fin du XIVème siècle seulement, il ne nous paraît donc pas inutile de rappeler brièvement quels furent leurs ancêtres.

Le premier seigneur du Quellenec dont nous ayons vu mention [Note : Quelques auteurs ont indiqué un Guillaume du Quellennec élu et sacré évêque de Vannes en 1254, qui décéda la même année. D'autres ont contesté l'existence de ce personnage et indiqué qu'il s'agissait d'un Guillaume de Quélen. Faute de documents, nous nous bornons à signaler ce fait] est Philippe, chevalier, qui succéda à Henri Péan comme sénéchal de Goelo en 1268. Est-ce à cette dernière charge qu'il faut attribuer son blason ou à ce qu'il descendait en ramage d'Avaugour, comme l'a indiqué Pol de Courcy ; la position du manoir du Quellenec autorise avec vraisemblance les deux hypothèses.

Philippe avait pour parent Morvan, en procès avec le Duc en 1283 au sujet des havages de Lannion. Nous ignorons quelle fut sa femme, mais il eut au moins deux fils qui contractèrent des alliances considérables.

Jean, l'aîné, épousa en effet Plesoue de Rostrenen. Il est mentionné tout d'abord le 7 avril 1302, avec son frère, dans les comptes de Muzillac [Note : LA BORDERIE : Nouveau Recueil d'actes inédits des ducs et princes de Bretagne, p. 93], puis comme arbitre dans un accord entre Olivier de Rohan et Thomasse de la Roche, sa mère, daté du samedi après la fête de saint Denis 1307 ; enfin, en 1320.

Quant au cadet, Yves, il fut l'époux d'Annette de Quélen, fille de Conan et d'Annette de Kergorlay [Note : Dom GALLOIS : Généalogie de la maison de Quélen].

Les Bénédictins nous ont conservé deux actes qui nous montrent le petit-fils du sénéchal de Goelo, autre Philippe, guerroyant pour le roi de France, en 1352 et 1356, à la tête, en cette dernière année, d'une compagnie de gens d'armes et d'archers, sous le gouvernement de M. de Rochefort, et ils nous ont transmis son sceau. Nous reviendrons tout à l'heure sur son mariage (Dom Morice, Pr. I., 1482 et 1507).

La succession des seigneurs du Quellenec indique ensuite que le fils aîné de Philippe fut, autre Jean, époux, le 7 juin 1374, de Typhaine du Fou, héritière, après la mort de ses deux frères, de la vicomté de ce nom. C'est lui la tige des Quellenec, vicomtes du Fou, de Rostrenen, des seigneurs de Bienassis, des seigneurs du Stang, etc., qui donnèrent à la Bretagne trois amiraux et plusieurs autres illustres personnages.

Nous ne poursuivrons pas ici leur généalogie, cependant bien intéressante, et reviendrons maintenant à la branche cadette.

C'est seulement le 10 juillet 1406, dans une transaction entre Philippe du Quellenec, chevalier, et l'abbé de Beauport, relative à l'étang et au moulin de Kerjolis, en Plouha, que nous voyons pour la première fois mention du nom de cette seigneurie dans les titres des du Quellenec. Deux actes des 6 mars et 15 octobre 1434, par lesquels il consent partage, avec l'assentiment de son fils aîné Robert, à Messire Jean du Bois-Riou, fils de sa soeur Catherine, nous font connaître que Philippe était fils d'autre Messire Philippe du Quellenec, chevalier, et, par conséquent, cadet de Jean, vicomte du Fou.

Quant à leur mère, nulle part il n'en est fait mention explicite ; mais, un acte du mercredi après la Pentecôte 1388 concerne « un ban de bannie fait par Philippe du Quellenec en exécution d'un contrat d'échange avec Saveline Poulart, femme d'Alain Denis le Vieil, le dit du Quellenec ayant le droit de cause de Mre Geffroy de Kerimel, son frère, chevalier ». Ce dernier, qui fut maréchal de Bretagne en 1379 et fonda les Augustins de Lannion en 1373 avec sa femme, Alix de Launay, est mentionné, dans une généalogie ancienne de la maison de Kerimel, comme fils d'Alain et de Marguerite de Tannoët, héritière dudit lieu.

Or, précisément, d'autre part, cette dernière dame fait, par acte du 23 août 1388, donation à Robert du Quellennec, fils de Philippe, de dix livres de rente sur ses terres de Kerletoux, en Plouha, et, de plus, la réformation des fiefs d'Yvias nous montre le Tannouët ou Dannoët entre les mains de le branche aînée des Quellenec. Il ressort donc sans nul doute, à notre avis, que Marguerite de Tanouët, veuve d'Alain de Kerimel, épousa en secondes noces Philippe du Quellenec, chevalier, en 1352 et 1356, et qu'elle eut au moins de ce second mariage, Jean, Catherine et Philippe, auteur de la branche des seigneurs de Kerjolis.

Revenons à ce dernier. Il épousa Annette de Dinan, dame de l'Armorique, en Ploujean, nièce de Charles de Dinan, sr. de Montafilant et du Bodister. C'était là la troisième alliance de cette dame, qui était femme, en premières noces, de Jean Foucault, sr. de Lescoulouarn, puis, en secondes, de N. de Launay [Note : Documents trouvés chez M. de Callouet, à Lizandren. Bibliothèque Nationale, Gaignières, f. fr., 22361]. Le 7 juin 1374, Philippe assiste au mariage de son frère Jean, puis, en 1378 et 1379, nous trouvons les deux frères écuyers à la suite d'Olivier de Clisson. En cette dernière année, Philippe fait partie de l'association de la noblesse bretonne pour empêcher l'invasion du pays.

De 1380 à 1404, il séjourne à Plouha et fait des échanges ou des acquisitions, dans cette dernière commune, avec Richard du Boisgelin ; Guillaume Galiot, fils d'Hamon ; Geffroy Harscouët et Ysabelle, sa femme ; Rolland de la Vigne ; Macé Pelleport et sa femme, Alix, fille de Protquatreaux, etc... C'est, croyons-nous, à la suite de ces échanges et achats qu'il constitua pour son fils Robert la seigneurie de Kerjolis. En 1404, il est chevalier et arbitre, en qualité de proche parent des deux parties, un curieux différend entre Jean du Quelennec et Typhaine du Fou, sa femme, d'une part, et Charles de Dinan, sr. de Châteaubriant, et sa seconde femme, Constance de Coatelan, d'autre part, au sujet de la succession d'Even du Fou, premier mari de ladite Constance et frère de Typhaine [Note : Mémoires de la Société archéologique du Finistère (1897)]. Cette succession comprenait, entre autres, certains prisonniers dont une grosse rançon était à espérer, mais dont il fallait, en attendant, pourvoir à l'entretien. Un accord intervint le 19 octobre, scellé par Philippe.

Le sr. de Kerjolis figure à la réformation des fouages de Plouha en 1427 et mourut fort âgé vers 1434, ayant eu comme enfants :

1° Robert ou Robin, qui suit ;

2° Guillaume, auteur de la branche de Kerhervé ;

3° Jean, qui eut, en 1407, la seigneurie du Chastellier, en la Chapelle-Chaussée, biens pour lesquels il rendit aveu en 1416 et qu'il échangea avec son frère Robert le 8 septembre 1421. Il dut mourir sans hoirs, car son neveu Philippe en hérita [Note : Guillotin DE CORSON : Seigneuries de Hautes-Bretagne : le Chastelier].

4° Aliette, épouse de Jean de la Motte, dont la dot fut assise par acte du 28 janvier 1414 ;

5° Isabeau, partagée par Eon Foucault le 4 septembre 1422, épouse, par contrat du 24 juin 1433, de Robert de Kergroadés, dont une fille, Jeanne, épousa Auffray de Goesbriand, fils d'autre Auffray, gouverneur de Morlaix en 1389, et d'Alix de Rodalvez.

Robert du Quelenec est mentionné, de 1390 au 18 juin 1437, soit seul, soit avec son père, dans divers actes par lesquels il achète des biens en Trégomeur, Plourhan, Etables et Plouha. Le duc Jean V, qui, en cette occasion, l'appelle son aimé et féal écuyer, lui confia, après l'attentat de Chantoceaux, en récompense de ses loyaux services, « la charge de surgarde et maître des eaux et forêts des terres et seigneuries que naguère soullait tenir aux terroirs de Gouello, de Cornouailles et de Tréguier, Olivier de Blois, pour lors comte de Penthièvre ». Il mourut en novembre 1437. Il avait épousé Catherine la Vache, fille de Gilles et d'Isabeau le Rouge, et veuve en premières noces de Richard du Bois, fils de Floride du Bois, comme nous l'apprend une transaction entre Catherine et son neveu, Gilles la Vache, sr. de la Touche, dont la mère était également soeur de Richard. De cette alliance naquirent :

1° Philippe, qui suit.

2° Briand, qualifié puîné de la maison de Kerjolis dans un mandement de François II, daté de mai 1462, par lequel le duc lui donna, en reconnaissance de ses bons et agréables services, tous les biens meubles appartenant à feu Jamet, bâtard du Plessix bon enfant. Briand servit ensuite le roi Louis XI et était bailli et capitaine de Talmont-sur-Gironde, dès 1467, comme nous l'apprend un mandement royal du 9 janvier de cette dernière année.

3° Jean, sr. de la Vaudraye et capitaine de Brest, à qui le duc fit don, par mandement du 27 juillet 1473, daté de Nantes, de la succession héritelle et mobilière d'un nommé Jean Giraud, natif de Normandie et décédé au territoire de Guérande, en reconnaissance des bons et agréables services de son bien-aimé et féal écuyer, et pour lui aider à supporter les frais, mises, pertes et dommages qu'il avait eus à porter à son service en plusieurs manières.

En 1477, il était tuteur de son neveu et ne pouvait désemparer de la garde de Brest, comme nous l'apprend un autre mandement ducal du 25 août de cette année, ordonnant de surseoir à la saisie apposée sur les biens de son mineur. Il mourut sans hoirs en 1482 et sa succession échut à son neveu et pupille François. La mainlevée en fut obtenue aux plaids de Guérande par Yvon Dolo, sr. du Pontlo, nommé tuteur à sa place.

4° Catherine, épouse de Jean Budic, qui transigea avec son neveu François sur les successions de ses père et mère, le 24 juillet 1493.

5° Jeanne, qualifiée de seconde fille de la maison de Kerjolis dans un acte du 17 juillet 1479 réglant la succession de ses parents. Elle était alors veuve de Jean du Fou, sr. du Vieux Chastel.

6° Marguerite, épouse de Jean de Saint-Pern, sr. de Ligouyer, fils aîné de Bertrand, ainsi qu'il se voit par acte du 3 juillet 1441.

7° Marie, épouse de Guillaume de Trogoff, sieur de Kergolleau, fils de Jean et de Jeanne de Kerimel et veuf de Jeanne de Lan­nion. Elle reçut partage le 11 septembre 1486.

8° Il eut aussi un bâtard, Jean, qui figure à la montre de 1469 de Plouézec, à cheval, épée, arc et housse.

Philippe, âgé de 20 ans lors du mariage de sa soeur Marguerite, en 1441, figure cette même année à la réformation des fiefs de Plouha. Il rendit hommage au duc François, par acte du 14 janvier 1451, des terres, rentes et héritages qu'il déclare tenir de lui à ramage au ressort de Goëlo et ailleurs par tout le duché, fut son chambellan, en reçut, en 1460, une sauvegarde perpétuelle pour lui et sa mère, et, dans la suite, de nombreux dons, entre autres les rachats de sa mère et de sa femme Marguerite du Pou. Celle-ci, qu'il avait épousée le 1er août 1460, était fille de Pierre du Pou, sr. de Brenellou, et de Marguerite de Coëtmen, et fut dotée par son oncle Henri du Pou, sr. de la Ferté.

Philippe fut vice-amiral ou capitaine du vaisseau de son pa­rent, le sr. vicomte du Fou et du Quellenec, « pour lors, dit le terrier, amiral de Bretagne qui aida fort à l'alliance entre la France et la Bretagne ». Il mourut en 1473, laissant deux fils, François et Jean.

François, l'aîné, naquit en 1470 et fut d'abord, comme nous l'avons indiqué, sous la tutelle de son oncle, puis sous celle d'Yvon Dollo, qui reçut, en son nom, en 1474, don de rachat de feue Marguerite Durand, femme autrefois de Henry du Pou. Le 17 septembre 1483, son curateur obtint du duc un mandement contre François du Boisgelin, soupçonné d'avoir fait abattre les armes, écussons et signes de noblesse que le sr. de Kerjolis avait en l'église de Saint-Loup.

Il épousa, par contrat du 27 juillet 1492, damoiselle Françoise le Houx, fille unique et seule héritière de nobles gens Jean le Houx et Jeanne Daniel, sr. et dame de Kervenio, du consentement de Révérend Père en Dieu, M. Alain, évêque de Cornouailles, oncle de Françoise, qui la dota. (Alain le Maoût, évêque de Léon, puis de Cornouailles, décédé le 2 novembre 1493).

François mourut peu après son mariage, car Françoise le Houx est mentionnée veuve dans une entente du 10 décembre 1492 avec Jean du Quellenec, sr. de Kerjolis, frère et seul héritier collatéral de François.

Celui-ci, baptisé à Lanloup le 22 août 1472, figure à la montre de 1491 pour Lanvollon et reçut, en octobre 1510, de Guy, comte de Laval et Quintin, en considération de ses bons et agréables services, l'office de surgarde des bois et forêts de Kergorlay et du Laz. Le roi Louis XII lui adressa un rescript afin de prendre garde à la côte et de s'opposer à la descente de la grande armée lors équipée sur mer par les Anglais. Jean paraît s'être beaucoup occupé de sa seigneurie de Kerjolis et de ses prééminences, qui avaient dû souffrir de leur abandon après la mort de son père.

Par acte du 13 janvier 1515, il lui est concédé, par les paroissiens de Plouha, une tombe jouxte le bas du choeur de l'église, puis une autre le 7 janvier 1516 ; enfin, le 1er mars 1516, deux autres tombes au choeur, du côté de l'évangile, aboutissant d'un bout sur le marchepied du grand autel. Ces divers enfeux furent contestés par le seigneur de Kerhardy, qui porta le procès aux plaids généraux de 1517, procès terminé en 1518 par une transaction en présence du général de la paroisse.

Quelques années après, le dimanche 16 juillet 1525, au prône de la grand'messe, les paroissiens le Plouha concédèrent enfin au sr. de Kerjolis une vitre nouvellement faite avec son fermoir, au-dessus de l'autel Notre-Dame, dans la chapelle de ce nom. Jean figura aux réformations des fouages de Plouha en 1513 et 1535. Il avait épousé Catherine de Kergoët, seconde fille de Guillaume et de Plesoue de Coëtqueveran, qui hérita de sa soeur aînée Marie, décédée sans enfants de ses deux mariages avec Louis de Ploeuc, sr. du Tymeuc, et Jean de Quelen, sr. du Vieux Chastel, ce qui entraîna un long procès entre les seigneurs de Kerjolis et les héritiers d'Anne de Kergoët, cadette de Catherine et épouse, le 3 mai 1491, de Guillaume de Kerousy.

Ce procès durait encore en mai 1615, soutenu alors par Catherine du Ramage, épouse de François de la Gazonnière, dont le père, Artur du Ramage, avait succédé collatéralement à Artur Labbé, fils d'Amaury et de Françoise de Kerousy.

Du mariage de Jean et de Catherine de Kergoët issurent :

1° Philippe, qui suit.

2° François, époux de Jeanne de Tréanna, fille et seule héritière de Jean de Tréanna.

3° Anne, épouse de Gilles Fraval de Crénihuel.

4° Catherine, épousé de Jean Riouallan, sr. de Lanuzouarn.

5° Marie, épouse de Gilles de Botmeur.

6° Laurence, épouse, par contrat du 2 mai 1529, de noble écuyer Jean de Chef du Bois, sr. de Kerlouët.

Philippe comparut à la montre de Plouha en 1543, en homme d'armes à 3 chevaux bien montés et armés par hommes d'armes.

Son testament, fait au manoir de Kergoët, en Saint-Hernin, le 10 mai 1555, est des plus curieux (Archives des Côtes-du-Nord. Titres de la famille du Quellenec).

Le sr. de Kerjolis ordonne tout d'abord que son corps soit inhumé en l'église paroissiale de Saint-Loup, dans la chapelle en laquelle ses prédécesseurs ont été inhumés. Il règle minutieusement ses funérailles et supplie que ses volontés soient observées. Il désire un simple linceul de toile, une chapelle funéraire très modeste et aucune pompe le jour de l'enterrement. Il demande que son cercueil soit accompagné de dix pauvres seulement, et que, s'il y en a davantage à se présenter, ils suivent son corps avec ses amis. Il supplie MM. les Officiers de ne procéder à aucun inventaire de ses biens, et à MM. de la Justice de confier à sa femme la garde de ses enfants.

Il charge celle-ci de régler ses divers créanciers pour décharger sa conscience et, tout d'abord « cinquante livres pour les âmes des trépassés, sur lesquels fut pris avec moi, une barque de drap d'Angleterre, il y a loin, du temps de la guerre aux Anglais et, s'il y a quelques-uns en vie, leur bailler le restant du chargement, en commençant par le plus pauvre ».

Il mourut peu après, car lors d'un acte de 1558, sa femme Françoise le Thominec, fille de Charles, sr. de Chef-du-Bois, et de Marguerite de Trégain, était mentionnée veuve. C'est à Philippe et Françoise le Thominec qu'est due la restauration du manoir de Kerjolis, dont seul, le porche subsiste encore en 1927.

La preuve en est donnée par une pierre cubique sculptée du XVIème siècle qui en provenait, pierre aujourd'hui disparue, mais dont Chardin a, fort heureusement, donné plusieurs dessins. Cette pierre, qui provenait d'un campanile, très vraisemblablement de la chapelle domestique, représentait sur une face, le fondateur, et sur les trois autres, les armes en alliance des Quellenec. Chardin qui a attribué ces alliances au Pont-Labbé, Kergoet et Kerguz, est allé chercher bien loin. Il faut y voir, simplement, les alliances Quellenec du Pou (de sable, au lion d'argent orné d'or), Quellenec-Kergoët (d'argent, à 5 fusées de gueules en fasce, surmontées de 4 roses de même), et Quellenec-Le Thominec (de gueules au greslier d'argent enguiché de gueules) des seigneurs de Kerjolis, au XVIème siècle.

Philippe et Françoise le Thominec eurent les enfants suivants :

1° Jacques, décédé jeune ;

2° Rolland, chevalier de Malte ;

3° Jean, qui suit ;

4° Alain, décédé sans hoirs ;

5° Jeanne, qui suivra ;

6° Louise, épouse de Jean Clévédé, sr. de Querlosquet, Kéroual et autres lieux. Elle fournit minu les 4 février 1586 et 24 mars 1586, ce dernier comme tutrice de n. h. Marc Clevède [Note : Le comte de Rormorduc a bien voulu nous signaler qu'une Louise épousa Jean le Gentil, sr. de Pontlez, et était sa femme en 1560 ; c'est peut-être la même].

Jean rendit hommage au roi, le 25 juin 1562, de ses terres et seigneuries de Kerjolis, la Ferté, etc..., qu'il déclare tenir prochement à foy, hommage et rachat. Puis, de son manoir de Kergoët où il résidait en 1583, il rendit aveu le 20 août, à Emmanuel de Lorraine et dame Marie de Luxembourg, de tout ce qu'il tenait sous leurs seigneuries de Plourhan et la Roche-Suhart (Archives Nationales, T. 471).

Enfin, quelques jours après, le 28 août, il rendit autre aveu à Messire Guy de Laval, marquis de Nesle, et seigneur de Plouha, de tout ce qu'il tenait sous cette dernière seigneurie.

Dans l'aveu du 20 août, le sr. de Kerjolis indique :

- qu'à cause des successions et décès de ses prédécesseurs, il a le droit de mettre, avoir et tenir écussons et armoiries de Kerjolis et alliances, en la grande vitre et autres éminents lieux, en l'église paroissiale d'Etables, tant en vitres qu'en pierres, en bosse et plates peintures ;

- que la chapelle de M. Saint-Julien, au hâvre de Binic, lui appartient, et qu'il a droit d'y mettre écussons et armoiries en tous endroits, tant dans la grande vitre qu'en tous autres lieux, icelle chapelle joignante et avancée du bout devers l'occident au tertre de la Ville-Cadiou, devers l'orient sur le chemin qui va du dit havre à Pordic, et d'un autre côté sur autre colline appartenant à feu Mathurin Thémoingn et Jeanne Cadoret, sa femme ;

- qu'il tient à titre de pur féage, les celliers et maisons situées sur le hâvre de Binic, entre le hâvre et la côte de la Ville-Cadiou (il y a une vingtaine de maisons, dont une que tient Françoise de Chef-du-Bois, veuve de deffunt noble Etienne Conen, sr. du Prépéan, autre tenue par dlle Catherine Hémery et Gilles Le Vanneur, sr. et dame du Vieuxquilly, etc.) ;

- qu'il tient également la côte de la Ville-Cadiou et son fief ; le moulin Gélin, sur l'Ic, et son destroit fief, ainsi que le droit de pêcherie sur l'Ic ; la tenue de la Ville-Even et son fief, la tenue de la Fosse-au-Groslée, enfin divers convenants, dont un tenu par Gilette Thomas, femme d'Estienne Nouel, sr. de la Ville-Gléhen.

Dans l'aveu du 28 août, le sr. de Kerjolis mentionne :

- qu'il a pouvoir et faculté de faire mettre les armoiries de Kerjolis en la grande vitre de l'église de Plouha ; qu'en outre, il a un autel et tabernacle avec vitre prohibitive de Kerjolis, en la chapelle Notre-Dame, du côté de l'évangile, avec ses escabeaux et accoudoirs, près du marchepied du grand autel, et quatre tombes, plus une élevée, séparée des autres, en la chapelle Notre-Dame ;

- qu'il est seul fondateur de la chapelle M. Saint-Guichal, au cimetière, où il a escabeau et écussons de la maison de Kerjolis aux vitres de la dite chapelle, avec faculté prohibitive de construire tombe élevée et de mettre escabeaux et accoudoirs ;

- que, dans la chapelle Saint-Samson, la vitre du côté de l'épître est armoyée des armes de Kerjolis ;

- que, dans la chapelle Saint-Yves, il a ses armes dans la grande vitre ;

- qu'il est fondateur de la chapelle de Mme. Sainte-Eugénie ;

- qu'il a le moulin Marec, sur le ruisseau de Lanloup, un moulin à vent, près du village de Bréhec, et la ferme du moulin de la Grève, à Bréhec, appartenant à la seigneurie de Plouha.

Jean épousa en premières noces Anne de Ploeuc, puis Jeanne Courson, et mourut sans hoirs.

Sa soeur Jeanne, héritière de tous ses frères, lui succéda. Elle fut mariée trois fois :

1° à Guy de Lesmais, fils de Jean et de Françoise Morizur, d'où au moins trois enfants : Louis, décédé sans hoirs ; Pierre, qui suit ; Jeanne, qui suivra.

2° à Gilles du Liscouet, fils d'Alain et d'Anne du Roscerf, veuf de Marie de Boiséon, fille de Claude et de Marie de Kerimel, dont elle n'eut pas d'enfant.

3° à Maurice de Perrien, sr. de Bréffeilhac, qui, d'un premier mariage, avait un fils, François, qui épousa Jeanne de Lesmais.

Pierre de Lesmais, sr. de Kerjolis, etc., épousa en premières noces Moricette de Guiscanou, dont il n'eut pas d'enfant, puis en secondes noces Marie de Goulaine, fille de Claude et de Jeanne de Boutteville, dont un fils unique, Claude, vicomte de Plestin, baron de Kergoet, sr. de Kerjolis, pour lequel sa mère rendit aveu le 7 février 1613 à Pierre de Rohan, sr. de Plouha, aveu identique à celui du 28 août 1583.

Claude rendit lui-même un nouvel aveu le 28 septembre 1619, puis enfin aveu identique en juin 1666. Il mourut sans hoir de son mariage avec Anne d'Acigné, fille de Jean, comte de Grandbois.

Son cousin, Toussaint de Perrien, fils de François et de Jeanne de Lesmais, recueillit sa succession ; mais lui-même mourut sans enfant de Louise du Quengo, fille de Jean et de N. de Bourgneuf, et l'héritage des Quellenec passa à sa soeur, Anne de Perrien.

Celle-ci avait épousé Vincent le Moyne, sr. de Trévigny, fils d'Yves et de Marguerite de Kerouzeré, et en eut une nombreuse postérité : Pierre aîné, François, Charles, Marie, Louise, Jeanne et trois autres filles religieuses. Toussaint, fils aîné de Pierre le Moyne et de Jeanne Guinement, fille de Guillaume et d'Hélène de Kergariou, fut l'héritier principal de sa grand'mère, Anne de Perrien, dont il recueillit les grands biens. Epoux de Philippe de Quengo, fille aînée du vicomte de Tonquédec et de Sylvie de Rohan, il vendit en 1659, moyennant 7.800 livres, la terre et seigneurie de Kerjolis avec toutes ses dépendances et appartenant à François de Boisgelin et à Anne-Sainte Conen, son épouse (mariage du 27 août 1653). Cette dernière rendit aveu à la seigneurie de Plouha le 1er mai 1680, puis à la seigneurie de Lan­loup le 29 avril 1684, pour elle et son fils Toussaint de Boisgelin, sr. de la Toisse.

Celui-ci eut, de Marguerite de Farcy, François, époux, en 1697, de Louise de Langourla, qui était en possession de Kerjolis en 1699.

Toussaint du Boisgelin vendit, le 17 février 1712, la seigneurie de Kerjolis et la terre des Sept-Fontaines, en Tréméloir, à Messire Guy Picquet, sr. de la Motte, conseiller au parlement, et à Messire Jean de la Monneraie, sr. de Bourgneuf, mais il y eut, le 30 décembre, retrait par prémesse et adjudication à Claude de la Lande, sr. de Calan, époux de Anne-Jeanne Geslin.

Le procès-verbal de la prise de possession du nouvel acquéreur, qui dura du 7 au 16 mars 1713, nous a été conservé ; nous le résumons ci-dessous brièvement :

« A cause de la métaierie des Sept-Fontaines, le sr. de Kerjolis a, en l'église de Tréméloir, banc à accoudoir et à dossier du côté de l'épître, et dans la vitre, au-dessus du banc, deux écussons, l'un en plein des Boisgelin et l'autre mi-parti de Boisgelin et de sable à deux têtes de levrettes d'argent à collier d'or, l'une en chef, l'autre en pointe à une petite fleurette d'argent (armes d'Yves du Boisgelin et de Françoise 0llivier, sr. et dame de la Toisse, père et mère de François, sr. de la Toisse, et de Kerjolis), et, au-dessus de la fenêtre, en pierre de taille, sont aussi les armes des Boisgelin, ainsi que sur le coffre du banc et sur cinq pierres tombales joignant le balustre.

A cause de la seigneurie de Kerjolis, le seigneur a, à Binic, le moulin Gelin, puis, au havre, l'auditoire, et, dans la chapelle Saint-Julien, banc, armes et autres prééminences ;

- en l'église d'Etables, droit d'escabeau, d'armes aux vitres et pierres tombales ;

- en l'église de Plouha, prééminences, enfeux, bancs, escabeaux, pierres tombales, droits d'armes aux vitres ;

- en la chapelle Sainte-Eugénie, dans la vitre de l'aile gauche, côté de l'évangile, un écusson aux armes de Kerjolis, et au pignon derrière l'autel, pareilles armes en bosse sur deux pierres : l'une en haut, l'autre à environ huit pieds de terre, prééminences en la chapelle comme fondateur, prérogatives, droits honorifiques, circonstances et dépendances et droits de coutume ;

- en la chapelle de Saint-Samson, dépendant de la seigneurie de Kerjolis, prééminences ;

- en la chapelle Saint-Yves, droits honorifiques, prééminences, enfeux, escabeaux, pierres tombales, droits d'armes aux vitres. Dans la vitre du côté de l'évangile, armes de Kerjolis (Quelenec) et, au-dessus du précédent, un écusson des armes mi-partie de Quelenec et Dinan (armes de Philippe du Quelenec et d'Annette de Dinan) [Note : Ceci montre que la chapelle Saint-Yves datait du XIVème siècle ou des premières années du XVème siècle] ;

- en l'église de Lanloup, enfeu, escabeau et pierre tombale. Le recteur a fait remarquer en l'église, du côté de l'épître, une chapelle dépendant entièrement de Kerjolis dans laquelle, du côté du choeur, il y a un banc à labbe et, aux trois vitres de cette chapelle, les armes de Kerjolis, ainsi qu'une litre aux mêmes armes que l'on voit également dans la maîtresse vitre du côté de l'évangile ;

- en l'église de La Méaugon, prééminences, banc accoudoir dans la nef, dépendant de la seigneurie du Vaubrient, et un petit banc du côté de l'évangile avec deux pierres tombales ; dans la maîtresse vitre, un écusson des armes des anciens seigneurs du Vaubrient : d'argent à 3 coeurs de gueules, 2 en chef et un en pointe, et un tourteau de même, et un autre écusson mi-parti du précédent et d'argent au houx arraché de sinople cantonné au chef de gueules à une croix, dentelé d'argent (probablement de la Ville-Juhel et Poulain) ».

Le manoir de Kerjolis, affermé alors à François Huet et Antoine le Guen, est mentionné en très mauvais état et portant 3 écussons des seigneurs de Kerjolis ; le moulin Marec et le moulin à vent étaient, par contre, en état de marche.

Marie-Françoise-Agathe de la Lande apporta en dot Kerjolis à son mari, Claude-François de Kermarec des Tronchais. Ils rendirent aveu à la seigneurie de Lanloup le 7 janvier 1760 et, par acte du 28 décembre 1762, autorisèrent les paroissiens de Lanloup, pour leur commodité, à démolir la tombe élevée de Kerjolis.

Enfin, par acte du 9 février 1771, Marie-Françoise de la Lande, alors veuve, donna, à titre de convenant, à Guillaume le Touten et à Marie Derrien, sa femme, le lieu de Kerjollis et les terres en dépendant situées aux fiefs de Lanloup, Plouha et Plouézec ; le manoir était alors entièrement en ruines.

  (René Couffon, 1927).

 © Copyright - Tous droits réservés.