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L'EGLISE DE PLOUHA

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L'église de Plouha, actuellement sous le patronage de saint Pierre, fut, ainsi que nous l'avons indiqué, au nombre des six, données par le comte Alain, aux prémontrés, lors de la fondation de Beauport, en 1202, donation confirmée sur le champ par Joscelin, évêque de Saint-Brieuc, qui y ajouta ses appartenances, à l'exception du droit épiscopal. Neuf ans plus tard, l'évêque Pierre abandonna en plus ses dîmes en blé et fixa à 40 sols les droits annuels de l'abbaye sur la cure de Plouha, redevance que nous trouvons confirmée dans une chartre de 1237 de l'évêque Philippe, relative à la nomination comme recteur, de Geffroy Harscouët, sur présentation de Beauport.

Ainsi donc, présentation et redevances semblaient définitivement fixées, lorsqu'en 1260, l'évêque Simon ayant refusé de ratifier le choix de l'abbaye qui présentait Jean de Lingré à la cure de Plouha, les moines, forts de leurs droits, en appelèrent au pape Alexandre. L'évêque, furieux, lança contre eux l'excommunication et nomma recteur Alain de Coëtmen.

Le pape chargea l'official de Coutances de résoudre le conflit, par bulle du 7 mars 1260, puis, la solution tardant, adressa à ce dignitaire deux nouvelles bulles à ce sujet, les V et VIII des ides de février 1261. Enfin, l'official arriva en décembre à un accord entre les parties, accord qui stipulait que les six églises données primitivement par le comte Allain, en 1202, et celle de Plouézec, donnée en 1206, seraient desservies à l'avenir, soit par des chanoines réguliers de Beauport, soit par des chapelains séculiers dont l'abbaye aurait la présentation, prieurs-recteurs qui relèveraient, au spirituel, de l'évêque de Saint-Brieuc et au temporel de l'abbaye.

Malgré cet accord, le chapitre de Saint-Brieuc et les religieux étaient, à nouveau, en procès au même sujet en 1296, et le pape Boniface VIII dut inviter l'official de Tréguier, par bulle des ides de janvier, à régler ce différend. Nous ne savons comment il fut tranché, mais, sans doute, à l'avantage de Beauport, dont les droits étaient d'ailleurs indiscutables ; car, dans la suite ce furent les religieux de l'abbaye qui, jusqu'à la Révolution, occupèrent la cure de Plouha. Le dernier prieur-recteur, M. le Clech, fut inhumé le 9 juin 1830.

Un compte de 1330, de l'église métropolitaine de Tours, montre l'importance de ce prieuré-cure qui payait alors 60 sols de redevance, la plus forte de tout l'archidiaconé de Goello (Voir LONGNON : Pouillé de la province de Tours). Il en était encore de même suivant le compte de 1516, où la somme était passée à 15 livres.

De l'église romane, donnée par le comte Alain, et orientée suivant la coutume, les derniers vestiges ont disparu en 1862, lors de la construction de la nouvelle église. Il n'en restait plus, d'ailleurs, que quelques fragments dans la longère sud, près du porche, de nombreuses modifications ayant été apportées au cours des siècles à l'édifice primitif.

Après la donation à Beauport, l'église fut remaniée une première fois au cours du XIIIème siècle et il fut érigé, au couchant, un charmant porche dont la ressemblance était frappante avec celui de la vieille église de Saint-Quay, également rasée aujourd'hui.

Le choeur fut ensuite reconstruit au début du XVIème siècle, époque à laquelle l'on édifia également, à l'ouest, un clocher décoré d'une couronne, que Chardin date du mariage d'Anne de Bretagne et de Louis XII. Nous pensons, cependant, que son achèvement n'eut lieu que quelques années plus tard, car un procès entre Jehan du Quellenec, sr. de Kerjollis et Alain de Kernevenoy, sr. de Kerhardy, daté du 20 juillet 1517 et relatif à leurs prééminences respectives, fait mention de deux pierres tombales « joignant le marchepied du grand autel, sous les cordes de la cloche », montrant ainsi que le clocher était encore, à cette époque, à la croisée de la nef et du transept. Ce n'est, d'autre part, que par acte du 16 juillet 1525, que les paroissiens concédèrent au sr. de Kerjollis la vitre avec son fermail surplombant l'autel Notre-Dame, en la chapelle de Notre-Dame de l'église, nouvellement faite.

Au XVIIIème siècle, les ouvertures, une partie des longères et le chevet furent rebâtis à leur tour, comme le montrent les croquis qui nous sont parvenus, et ainsi que viennent le confirmer les aveux de la fabrique à la seigneurie, aveux qui ne font plus mention d'une maîtresse vitre, comme les précédents, mais de deux vitres de chaque côté du maître-autel. C'est à cette même époque que, malheureusement aussi, le chevet de la chapelle de Kermaria-an-Isquit fut mis au goût du jour.

Enfin, quelques années plus tard, fut adjointe à la nef la chapelle Saint-Nicolas, dont la bénédiction eut lieu le 9 mai 1732.

L'aveu de la fabrique, de 1766, vient confirmer que l'ancienne église avait ainsi la forme d'une croix régulière, avec adjonction à la nef du porche latéral au midi, de la chapelle Saint-Nicolas lui faisant pendant au nord et du clocher à l'ouest.

Les deux ailes du transept étaient formées par les deux chapelles de Notre-Dame ou Sainte-Marguerite, du côté de l'évangile, et de Saint-Jacques, du côté de l'épître, chapelles séparées chacune de la nef par deux arcs reposant sur un pilier intermédiaire.

Les divers aveux qui nous sont parvenus, nous font connaître avec détails, les prééminences : Tout d'abord, en haut de la maîtresse vitre, et plus tard, au sommet des deux vitres de chaque côté du maître-autel, les armes de la seigneurie de Plouha (Rohan), armes qui, suivant l'aveu précité, étaient aussi « tirées en dehors, au pignon du grand autel, en pierres de taille, en la forme d'un neuf de caro (sic), avec un lion de chaque côté ». Le banc seigneurial était placé dans le choeur du côté de l'évangile.

Egalement dans le choeur, au pied du maître-autel, on trouvait les enfeux suivants, en partant de la chapelle Sainte-Marguerite : deux tombes appartenant à la seigneurie de Kerjollis, puis deux tombes à la seigneurie de Kerhardy, une tombe au Kerdreux, une tombe dépendant de Kerandraou avec une croix plate dessus, une tombe relevant de Kerhingant, armoyée d'un coeur et de trois épées, enfin, deux tombes à la seigneurie de Kerversio, adjacentes à la chapelle Saint-Jacques.

Dans la chapelle Sainte-Marguerite, l'autel principal dédié à cette sainte, appartenait aux seigneurs de Kerjolis et leurs armes (Quellenec) étaient en prééminences dans la vitre au-dessus. Ils jouissaient, également dans cette chapelle, d'une tombe élevée, de deux autres tombes et d'un banc à accoudoir.

Dans la même chapelle, le vitrail surmontant l'autel Saint-Louis, orné de deux écussons aux armes des du Rufflay, était prohibitif aux seigneurs de Keryvoa qui y avaient leurs enfeux, et en possédaient encore d'autres à cause de la seigneurie de Kerandraou, notamment une pierre tombale formant le marchepied de ladite chapelle avec bancs au-dessus.

Il y avait encore, dans cette chapelle, un banc et enfeu aux seigneurs du Moguer le Meur et un enfeu aux seigneurs de Kertanguy-Geslin.

Du côté de l'épître, en la chapelle Saint-Jacques, l'autel principal, dédié à ce saint, était surmonté d'une vitre prohibitive aux seigneurs de Kerversio.

Une enquête, faite en 1688, par Baron, vitrier, vient préciser les armoiries qui s'y trouvaient alors : 1° Harscouët ; 2° Le Roux de Bourgogne ; 3° Harscouët en alliance avec Loz ; 4° Harscouët en alliance avec Ploeuc ; 5° Harscouët en alliance avec Hingant ; 6° Harscouët en alliance avec Hemery. Dans cette même chapelle, l'autel contigu au chœur, dédié au saint Rosaire, dépendait de Lysandré ; ainsi que l'apprend une transaction du 22 septembre 1639, entre Jean de Lannion et escuyer Jean Berthou, héritier de Raoul Harcouet, sr. de Kerversio, au sujet de ballustres mis devant l'autel du Rosaire par le sr. de Lysandré, lesquels incommodaient le passage commun du choeur à la chapelle Saint-Jacques.

Enfin, le portail dépendait de Kerandraou avec, au-dessus, armes des 0llivier et, à l'intérieur, tombes armoyées pareillement, prééminences qui avaient été échangées, comme nous l'avons vu, avec les Taillard, en l'an 1500.

Les actes de Beauport et les registres paroissiaux nous font connaître, d'autre part, la liste à peu près complète des pasteurs de Plouha, mais la concision dont ces religieux firent preuve dans leur rédaction, nous prive malheureusement des détails de leur ministère.

Une mention toute particulière est due cependant à frère Corentin le Milin, recteur de 1708 à 1722, et auteur des derniers remaniements de l'ancienne église dont il fut, par ailleurs, l'insigne bienfaiteur.

Les registres indiquent, entre autres, qu'il acheta un ornement de damas blanc et trois chapes, payés de ses deniers, 318 livres, à Jean Landais, brodeur à Lannion. Mais l'on doit surtout à ce recteur les cloches, dont plusieurs furent détruites. L'une, pesant 185 livres, fondue à Brest, par Messire Thomas le Soueff, fondeur du Roy, reçut le nom de Louis, le 24 juillet 1712, de noble et discret Messire Guillaume Trébouta, principal du diocèse et de dame Claude le Gardien, dame de Saint-Georges. Une seconde, pesant 1.104 livres, et sortie du même atelier, fut nommée Pierre-Marie, à la même époque. Enfin, une troisième, pesant 1.134 livres, fut baptisée Louise-Armande, le 29 août 1712, par haut et puissant sr. Mgr Alexandre de Melun, seigneur de la paroisse et dame Françoise Alain, épouse de Messire Jehan Berthou, sr. de Kerversio. Frère Corentin le Milin pourrait être appelé le père des cloches, car, il dota encore la paroisse de deux autres : l'une, de 90 livres, du nom de Claudine, fut montée dans le clocheton de la chapelle Sainte-Eugénie, en 1714, et l'autre, nommée Jeanne-Françoise, en 1719, servit à appeler les fidèles à la chapelle Saint-Yves.

Frère François Féger, qui gouverna ensuite la paroisse, de 1722 à 1742, continua les libéralités de son prédécesseur. Il acheta, le 11 janvier 1727, une boîte avec coquille d'argent pour les baptêmes, pour le prix de 147 livres et fit également faire une cloche, pesant 428 livres, qui fut nommée Jeanne, le 2 octobre 1738 par haut et puissant Jean Guillaume de Lanloup et haute et puissante dame Jeanne de Quelen.

Ce fut également Frère Féger qui reçut en grande pompe, le 27 juin 1734, au son des cloches, de la mousqueterie et du canon, les précieuses reliques des saints martyrs et confesseurs Exupère, Patient, Mansuète, Fructueux, et du glorieux saint Yves, confesseur, solennité dont les détails nous ont été conservés. 

Le recteur actuel, M. l'abbé Dagorn, a qui la paroisse doit ses spacieuses écoles, est le digne émule de frère le Milin et de frère Féger.

Revenons à la vieille église de Plouha. Elle était, de l'aveu de ceux qui la virent debout, vaste et son intérieur propre et d'une certaine élégance. La chaire, le maître-autel et deux cuves baptismales offraient même un certain intérêt. Pourquoi fut-elle jetée à bas ? Simplement, parce qu'un brave recteur fut atteint un jour de mégalomanie.

L'abbé François-Marie Perro, peu de temps après sa nomination à la cure de Plouha, en 1847, ayant été voir à Saint-Brieuc l'église Saint-Michel, nouvellement construite (que n'alla-t-il plutôt à la Cathédrale ou devant le porche de Notre-Dame des Fontaines !) ressentit une telle impression de cet édifice, pourtant sans caractère, qu'il résolut aussitôt de raser sa vieille église, si pleine de souvenirs, et d'édifier à sa place la réplique exacte de l'église briochine.

Il fallait trouver des pierres et de l'argent. Pour les premières, les ruines de Beauport offraient une véritable carrière et, plus près, les moellons de Kermaria-an-Isquit attirèrent l'attention du recteur qui résolut également de démolir cette chapelle pour l'accomplissement de son projet. Le porche nord fut jeté à bas et tout l'édifice eût subi le même sort sans l'hostilité des paysans d'alentour qui empêchèrent cet acte de vandalisme [Note : Les auteurs des anciens évêchés relatant cette démolition de Kermaria ont été durs et même injustes envers le recteur. L'un d'eux, en effet, chargé en 1850 de faire au préfet un rapport à ce sujet, loin de s'opposer catégoriquement à cette démolition, approuva dans une certaine mesure le projet du recteur. Ce rapport est conservé au presbytère de Plouha].

Les sommes demandées pour l'érection du monument projeté furent, d'un autre côté, bien loin d'être atteintes par la souscription ouverte à cet effet, en 1853, aussi, le recteur dut-il abandonner son plan primitif, mais ne renonça malheureusement pas à la destruction de son église.

La première pierre du nouvel édifice fut posée après vêpres, le dimanche de la Sexagésime, 27 février 1857. Plus monumental qu'élégant, il n'offre rien d'intéressant à l'archéologue et à l'artiste

(René Couffon, 1927).

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