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LES CHAPELLES DE PLOUGUERNEAU

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De nombreuses chapelles forment une belle parure à la paroisse de Plouguerneau et demeurent un témoignage expressif de la foi profonde et de la solide piété des paroissiens. Nous allons les étudier, en commençant par celles de l'ancienne paroisse de Tréménec'h.

 

Eglise de Tréménec'h.

L'église paroissiale de Tréménec'h se trouvait dans l'endroit désigné sous le nom de Tréménec'h-Vras, à deux kilomètres environ nord-ouest du bourg de Plouguerneau. Il y a là un chemin dénommé Streat-an-Ilis-kôz.

Dédié à la Trinité, l'édifice avait la forme d'un cercueil et était donc sans transept. Il n'en reste dorénavant que quelques blocs de pierre.

Dans ce sanctuaire. la seigneurie de Ménan possédait une chapelle du côté de l'Epître, avec armoiries dans les vitraux, banc et accoudoir armoriés, et joignant le grand autel, une tombe plate avec écusson. Son blason décorait aussi un bénitier au pignon touchant à l'ossuaire.

Une chapellenie comportant deux messes fut fondée le 25 juin 1582 en l'église de Tréménec'h par messire François Parscau, recteur de cette paroisse. Le présentateur en fut Léonard Keroullas, sieur de Lanvaon en Plouguerneau. Jehan Talec prêtre accepta de desservir ce bénéfice.

Vers la même époque une autre chapellenie fut établie à Tréménec'h par le seigneur de Ménan, avec stipulation d'une messe à note.

Le 13 juillet 1615, François Symon, sieur de Tromenec-Kerguistin, demande à Loys Jacobin, vicaire général de Léon d'accorder en Tréménec 'h une chapellenie à Jacques Symon, sieur de Traoville, acolythe, étudiant à l'Université de Paris, chapellenie que desservira Pierre-Claude Quidien (Arch. départ. 284. g. 2).

L'église de Tréménec'h fut envahie par une violente tempête de sable au début du XVIIIème siècle. En 1722 les paroissiens demandent remise des tailles et fouages, parce que « depuis douze ans les deux tiers de la paroisse sont envahis par les sables ». Ayant fait une fondation à l'église de Guissény, le 22 avril 1704, le recteur de Tréménec'h, François Falc'hun la ratifie le 23 mars 1713 et le 10 mai 1720. Ce dernier jour il fait la déclaration suivante : « Depuis le 25 mars 1713, par raport que mon esglise est noyée par le sable, je veux que mon corps soit enterré en l'esglise de Guissény. ». En 1726, le recteur Yves Pelleteur expose que « depuis 1721 son presbytère envahi par les sables est inhabité, et que l'église va disparaître de même, que le sable a gagné le haut du toit, que le Samedi Saint il tomba une grosse pièce de bois avec beaucoup de mortier et de sable sur la sainte hostie », il demande en conséquence qu'on avise à transporter ailleurs le Saint-Sacrement, et le service de la paroisse. C'est alors que l'église de Tréménec'h fut abandonnée, et le service paroissial transféré, par délibération du 12 juin 1729, dans la chapelle de Saint-Etienne et Saint-Laurent. Celle-ci appartenait au sieur Crozat, châtelain de Vendeuil et Moncornet, qui en fit la cession ce même 12 juin 1729.

La tradition dit que l'église de Tréménec'h avait un grand pardon très fréquenté, elle ajoute ce renseignement légendaire qu à l'aube de ce pardon ceux qui s'étaient levés de bonne heure avaient la faveur d'apercevoir trois soleils. Probablement légendaire aussi le détail suivant : trois jeunes gens voulant s'amuser, auraient présenté au recteur aveugle un chat à baptiser. Les miaulements de la bête permirent au bon ecclésiastique de découvrir la supercherie. Dans la semonce qu'il adressa aux coupables il aurait prédit que la nuit suivante ils perdraient la vie, et que l'église serait détruite.

Le 3 octobre 1819, le trésorier de la fabrique de Plouguerneau fut autorisé par le Conseil à faire abattre et vendre les 24 ormeaux du cimetière de l'ancienne église de Tréménec'h, à condition de les remplacer par d'autres, pour subvenir aux frais de réparations de la chapelle Saint-Laurent.

 

Chapelle Saint-Laurent et Saint-Etienne.

Tréménec'h-Vihan est un petit hameau bâti à un kilomètre nord du bourg de Plouguerneau, dans un site pittoresque. Il s'y trouve au flanc d'un vallon, dans un enclos herbeux et ombragé, une chapelle moderne avec un léger clocher ancien.

Au-dessus de la porte d'entrée, apparaît une vieille niche avec coquille de Saint-Jacques. A l'intérieur l'autel est surmonté d'un petit tabernacle qui présente une statuette en bois du Sauveur tenant le globe du monde. Le tabernacle est soutenu par deux colonnettes à chapiteaux corinthiens. De part et d'autre figurent deux abbés sculptés avec mitre et crosse.

Au-dessus de l'autel, on voit les statues, genre XVIIIème siècle, de saint Laurent et saint Etienne. Contre la paroi du côté de l'Evangile est un saint Jean-Baptiste gothique avec son agneau. Du côté de l'Epître, un saint Yves du XVIIème siècle, coiffé du bonnet, tient en main un livre. Au-dessus de saint Laurent est une belle Vierge-Mère en bois : la Sainte Vierge porte son fils qui tient le globe de la terre.

Au fond de l'église, une plaque de marbre blanc, présente l'inscription suivante : Rebâtie en 1863 par les dons des fidèles. M. Rivoalen, chanoine honoraire ; puis au-dessus : F. M. Abjean, trésorier. La chapelle, qui était sous le vocable des saints Laurent et Etienne, fut alors dédiée à Notre-Dame de Pitié. On l'appelle en breton chapel-ar-Verzer et en français la Martyre [Note : C'est-à-dire « la chapelle des martyrs » — La chapellenie du Menan de Tréménec'h reçut comme titulaire le 3 mars 1750 Robert Roudaut, acolythe de Léon, nommé par Calvé de Marinay, grand vicaire de Mgr de Vaudurant. Il dut signer le formulaire d'Alexandre VII contre les Jansénistes].

La chapelle fut bénite le 9 août 1863, par M. Rivoalen et à cette occasion on édifia dans le voisinage un petit monument funéraire, une tombe recouverte d'une ardoisine pour recevoir les vieux ossements extraits du reliquaire et du cimetière. Il porte cette inscription : 3 août 1863.

Au nord de la chapelle dans une prairie se trouve la fontaine de dévotion, édicule en maçonnerie.

Une chaire à prêcher en ciment a été dressée dans le placitre, au midi de la chapelle. A l'ouest le vieux presbytère aux cheminées massives renferme un escalier en pierre. Ce vénérable édifice est tout délabré dans sa partie nord.

 

Chapelle Saint-Michel.
Cette chapelle dédiée à saint Michel archange s'élève à 2 km. 500 nord du bourg, sur un plateau rocheux dominant la mer, la dune et les champs. Au linteau de la porte principale on lit : 1707 F.F. LA. CHAPELLE. DE. ST MICHEL. DU. TA... DE. F. PORS.

Il y a sans doute une corrélation à établir entre la date de construction de cette chapelle et la reconnaissance des restes de Michel Le Nobletz à Lochrist en 1701.

A droite du maître-autel est une vieille statue de la Vierge-Mère. L'autel de Notre-Dame, du côté de l'Evangile, est encadré d'un Ecce-Homo et d'une statue de la Vierge portant son enfant. Du côté de l'Epître, un troisième autel est orné des statues de saint Michel archange et de saint Sébastien.

Plouguerneau possède un calice en argent avec cette inscription : « A la chapelle de Saint-Michel Le Nobletz en Tréménec'h, 1735 ».

Le sanctuaire tomba en ruines sous la Révolution ; on le restaura en 1828.

Par testament du 6 juillet 1836, Casimir Le Roux légua deux parcelles de terre à la fabrique « pour réparations et entretien de Saint-Michel ». Une cloche fut bénite pour Saint-Michel en 1915.

Une vieille croix de granit avoisine la chapelle. Deux pardons y ont lieu, l'un le 1er dimanche de juillet, l'autre le dernier dimanche de septembre. Les vêpres y étaient chantées autrefois le 2ème dimanche d'octobre à l'issue desquelles on vendait aux enchères le lin ou les grains offerts au saint.

***

Voici une description du pardon de juillet à Saint-Michel, due à la plume d'un témoin oculaire. La procession quitte Plouguerneau après midi pour arriver à Saint-Michel quelque temps avant les vêpres.

« Répondant aux sonneries de Plouguerneau, la cloche de Saint-Michel s'est mise en branle ; au rythme solennel des chants qu'elle accompagne, la procession débouche du chemin dans l'enclos et le traverse pour atteindre la chapelle où elle va se disperser en attendant vêpres et sermon.

Alors sous le soleil de juillet, qui sait être éclatant dans cette Bretagne qu'on dit brumeuse, il semble qu'on voit s'animer pour un défilé pittoresque une surprenante enluminure.

Après les enfants porteurs de fleurs et d'oriflammes passent, autour des bannières, les jeunes filles ; leur costume tout blanc se dissimule sous l'autre blancheur d'un grand châle brodé à longues franges, tandis que l'habituel béguin rond a fait place à une coiffe en dentelle, dont les ailes empesées et légères se plient et figurent une sorte de hennin ou de coquillage pointu, au-dessus du mince rouleau de cheveux serrés.

Puis viennent, coiffées de même, les femmes mariées des plus vieilles familles du pays, portant la statue de la Vierge de Délivrance, mais, sous les mêmes lourds châles blancs, leurs robes sont de somptueux brocards rouges, où courent des dentelles d'or et d'argent près du tulle clair des tabliers de cérémonie.

Ensuite s'avancent des garçonnets, vêtus de très vieux costumes qui, ne servant qu'aux jours de pardons, sont conservés depuis bien plus d'un siècle assurément par les soins des religieuses, et dont la forme sinon l'étoffe remonte au temps de Dom Michel, affirme la tradition. Et ce sont de larges culottes bouffantes et plissées, blanches ou noires, semblables aux anciens bragou-braz, des bas blancs, des gilets croisés, jaunis ou d'une indéfinissable nuance fanée, piquetés de noir, serrés dans une haute ceinture bleue et couverts d'une sorte de veste à larges basques, poches et collet à revers, en vieux drap rapé, rouge bleu ou noir. Le détail le plus singulier est le bonnet de fine percale à fleurettes ou à points noirs, taillé à quartiers pointus en pain de sucre et terminé par un flot de bouclettes en ruban passé. — Un bonnet presque pareil ne coiffe-t-il pas sur un portrait un petit-fils de Louis XV, ce duc de Bordeaux qui mourut enfant ?

Voici enfin, portant la relique de la Vraie Croix, des marins dont l'uniforme accueille la plus délirante fantaisie et décourage toute description ; le pantalon de piqué blanc, légèrement évasé du bas « en patte d'éléphant » est bordé, d'une broderie empesée blanche ajourée, la chemise empesée, aux poignets de broderie, est serrée à la taille par une ceinture rouge ou bleue, le béret de toile blanche réglementaire s'adorne de l'un de ces rubans de couleur vive où s'inscrivent en lettres d'or les noms des bateaux de l'Etat, et qui sont offerts en souvenir aimable aux visiteurs du bord. Le col bleu est tout un poème ! sur son empois rigide sont cousus de loin en loin des motifs de dentelles et de petits nœuds de ruban rose ou bleu ; rose ou bleu est le « transparent » du plastron de dentelle, et rose ou bleue l'écharpe de soie que, — par excès de zèle — certains garçons ont empruntée à une sœur ou une cousine pour la nouer autour de leur cou...

Le cortège s'achève par le passage des notables qui, en souvenir d'un vœu fait à tous les saints du pays lors d'une épidémie, portent, emmanchées sur des bâtons, de petites statuettes anciennes... [Note : Ces notables ne sont autres que les paroissiens qui ont acquis aux enchères le droit et l'honneur de porter les statuettes].

La chapelle est bien trop petite pour contenir toute la procession ; les vieilles " pélerines " de Lourdes, leur énorme chapelet autour du cou, y entrent, mais toute la jeunesse se répand sur la lande entre l'enclos et la mer, et le coup d'œil devient extraordinaire de cette foule multicolore sous la lumière vive. Des marchands ont apporté d'immenses paniers de fraises de Plougastel ; des groupes se forment en rond sur l'herbe rase et pelée, avec les taches blanches et rouges des robes de femmes et les longs châles bleus ou violets que le vent soulève un peu ; au bas de la dune, c'est la mer, couleur d'écume près du bord et, s'avançant vers elle, une étrange procession de rochers que le soleil dore...

Après le sermon en plein air et les bénédictions lancées sur le peuple, le cortège se reforme et s'en retourne au même rythme lent, à travers la campagne pauvre. Pour le voir s'en aller on peut monter sur un entassement de rochers en face de la chapelle. Une croix est là, la « Croix des naufragés ». Claude DERVENN [Note : Bretagne Touristique, 1925 — L'auteur a omis de mentionner les deux belles et lourdes bannières qui accompagnent la procession. Le soir, à la rentrée au bourg, le cortège sacré est accueilli, à la porte de l'église, par un prêtre revêtu du surplis et un paroissien portant une croix. Dès l'arrivée de la procession les deux croix se donnent l'accolade et l'on rentre dans l'église].

 

Cellule de dom Michel Le Nobletz.
A vingt mètres de la chapelle Saint-Michel, à l'endroit même où Michel Le Nobletz s'était pendant un an préparé à son ministère dans la solitude, s'éleva quelque temps après sa mort un oratoire, qui figure comme bénéfice au pouillé de Léon de 1711. Ce petit édifice fut rebâti en 1889.

Il manque de style. La porte est surmontée d'une inscription: TY. AN : AOTROU : MIKEAL : NOBLETZ.

A l'intérieur sont deux statues et une petite toile de Yann d'Argent représentant dom Michel en surplis, avec un lys à ses genoux. On y voyait il y a une cinquantaine d'années une statue du Vénérable, qui est sans doute celle dont il est question dans les comptes de la paroisse en 1681 : « 170 livres payées aux sieurs Nicol et Gellin peintres pour avoir fourny une image du bienheureux Michel Le Nobletz » (Peyron, Les églises et chapelles du diocèse de Quimper, p. 104).

 

Chapelle du Grouanec.

« En la mesme paroisse de Plouguerneau, écrit dom Cyrille Le Pennec, Carme de Saint-Pol de Léon, en 1647, vous voirez aussy la très-devote chappelle de Nostre Dame du Grouanec, toutte environnée de belles sources et de grand nombre de beaux arbres : c'est un lieu fort retiré à l'écart, bien agreable et devot ; la situation semble, de son costé, contribuer beaucoup à la dévotion de tous ceux qui la vont visiter. Ce petit palais de la mere de Dieu, bien qu'antique, est fort consideré de beaucoup de peuples qui la visitent : cela tesmoigne qu'elle est en très-grande veneration par tous les cantons circonvoisins. Ceste chappelle est proche du vieux chasteau de la vicomté & juridiction de Coatquenan » (Kerdanet, Les Vies des Saints, p. 517).

Le sanctuaire du Grouanec se trouve à trois kilomètres est du bourg. Grouane : qu'est-ce à dire ? M. de Kerdanet traduit: « N.-D. des Graviers ». Traduisons plutôt « N.-D. des Joncs » : un texte du 28 décembre 1772 parle de la chapellenie « du Brouennec ou Grouanec » (Archives de Plouguerneau).

La chapelle remonte, d'après M. de Kerdanet à 1503, et en effet, la rosace de la maîtresse-vitre est un témoin de cette époque. Un arc diaphragme sépare en deux l'édifice ; la partie haute a trois arcades ogivales, avec colonnes octogonales et chapiteaux moulurés.

Au midi, une chapelle latérale s'ouvre sur la nef par deux arcades gothiques. M. le chanoine Peyron y signalait, quelques restes de vitraux où l'on distinguait les armoiries des seigneurs de Kerodern. Le mur nord de celle chapelle a été refait, et, dans la verrière restaurée, certains éléments anciens sont demeurés ; c'est ainsi que la croix du Christ est ancienne, celles des larrons, modernes. On y voit aussi le Sauveur déployant une banderole ; avec un enfant à ses pieds.

Les frises de la chapelle sont assez curieuses. Quelqu'un s'est amusé à faire la satire de l'ivrognerie, en y sculptant un porc vis-à-vis d'une barrique, la clé dans le museau ; un personnage tient d'une main la queue du porc, et de l'autre tend un amphore à son camarade qui lui tend son verre.

Au maître-autel un petit baldaquin sculpté surmonte le tabernacle. Au-dessus apparaît assise la belle statue de la patronne vénérée, Notre Dame du Grouanec ; elle porte l'Enfant Jésus de la main droite et de la gauche tient une pomme.

Sur le lambris du chœur sont deux images peintes avec ces inscriptions : à droite STE BERTHOLOMEUS ORA PRO NOBIS, à gauche ; SCTE SIMEON ORA P. N.

Dans la chapelle latérale figurent saint Roch avec un ange et un chien, sainte Barbe avec sa tour, sainte Catherine avec sa roue, saint Antoine ermite, saint Sébastien [Note : Tous invoqués dans la tradition chrétienne contre les épidémies], puis le protecteur des chevaux, saint Alar, avec crosse, manteau, tenaille, pied de cheval et un écusson à 3 coquilles.

A la porte de cette chapelle latérale un saint de pierre tient un livre et l'on voit à ses pieds un écusson avec un lion martelé.

Un ossuaire est adossé à la chapelle, et une fontaine l'avoisine. A 400 mètres au nord-est se dresse un vieux calvaire à baldaquin, qui d'après de Kerdanet, serait de 1580.

Le pardon du Grouanec a lieu le 15 août, en la fête de l'Assomption de la Vierge. La chapelle du Grouanec présente un ensemble complet en parfait état : chapelle, fontaine, ossuaire.

Il y a aussi une autre fontaine située à 300 mètres environ du Grouanec. On appelle cette fontaine : Feunteun-ar-Gwelleat, fontaine de la guérison. — Lorsqu'un enfant est malade, on y plonge sa chemise et si l'encolure surnage, l'enfant est censé devoir guérir.

Un massif en belle maçonnerie forme le corps de la fontaine. Ce massif est surmonté d'une forte moulure, laquelle est couronnée d'un motif à grosses volutes. Entre ces volutes, on a dû placer, par la suite, les restes d'un calvaire gothique lequel est d'ailleurs tronqué. Le Christ et d'autres fragments gisent maintenant près de la fontaine. A la base du massif, à hauteur d'appui court une forte tablette en grande partie ruinée. Dans la niche, au centre, se trouve une statue très fruste de N.-D. de la Clarté. Sur le flanc gauche du massif, dans un rectangle, cette inscription : M F B O - N I C P - 1 6 0 4.

***

En 1742 la chapelle, le calvaire et la fontaine du Grouanec avaient besoin de réparations pour une valeur approximative de 3000 livres.

Le 1er avril 1817 les arbres entourant la chapelle, nécessaires pour y faire des réparations, sont mis par le Conseil de fabrique à la disposition du trésorier de N.-D. du Grouanec.

Le 7 février 1836 le Conseil demande l'ouverture légale de la chapelle et s'engage à pourvoir à tous frais d'entretien et de réparations. Voici le texte de son intéressante délibération :

« Considérant que cette chapelle, distante d'un demi-myriamètre de l'église paroissiale a été, pendant la Révolution, dépouillée de ses biens, qu'elle n'existe que par les offrandes charitables des habitants de Plouguerneau.

Considérant que, depuis un temps immémorial, elle est desservie, les dimanches et fêtes, par un des messieurs les vicaires de la paroisse, qui se relèvent tour à tour ; que les habitants du secteur de Trémeur et Gorrébloué, qu'une partie des habitants de Kernilis, éloignée d'environ un myriamètre de l'église paroissiale, y viennent entendre la messe les dimanches et fêtes.

Considérant que cette chapelle, grande et vaste, peut contenir trois cents personnes dont elle décharge l'église paroissiale, déjà trop petite pour contenir sa nombreuse population 5546 âmes.

Considérant qu'un cinquième de la population de la paroisse de Plouguerneau se fait enterrer dans le cimetière, attenant à la dite chapelle, et que la même population ayant deux heures de marche en hiver pour se rendre à son domicile, ne pourrait avoir Vêpres les dimanches et fêtes, si on ne les disait à cette chapelle, tout à fait devenue utile et indispensable.

« Considérant enfin que la fabrique de Plouguerneau possède avec ses offrandes un revenu de deux mille quatre cents francs.

Le Conseil sollicite l'ouverture légale de la chapelle du Grouanec et prend l'engagement de pourvoir à ses frais, à l'entretien, dépenses et réparations de ladite chapelle et demande l'autorisation d'accepter par une ordonnance royale le legs d'une portion de terrain estimé trente neuf francs de revenu annuel, fait en faveur de la dite chapelle du Grouanec, comprise dans la circonscription de la dite paroisse, par Corentin Le Roux, suivant testament notarié du 15 avril 1833 et autre pièce ci-annexée. Fait et délibéré après lecture les dits : jour, mois et an que devant, et les signatures ci-dessous.

La chapelle du Grouanec fut reconnue comme chapelle de secours par ordonnance royale de Neuilly du 5 septembre 1836.

Un chemin de croix y fut érigé le 15 septembre 1861 (Archives de Plouguerneau).

En face de la chapelle du côté sud on lit sur le linteau de la porte d'une maisonnette : M . G A . CREFF - P. 1645. C'est le nom du gouverneur de la chapelle à l'époque : Gabriel Creff.

M. de Kerdanet a lu sur une petite maison à quelques pas de la chapelle : M. A. Queffurus prêtre fit faire 1592. Nous n'avons pas retrouvé cette inscription.

Prééminences et fondations.

Le 16 février 1514, devant la cour de Lesneven, Jehan Le Nobletz, écuyer, seigneur de Kerodern et Yves Héliou, prêtre gouverneur de la chapelle du Grouanec « pour l'augmentation du bien et revenu de la dite église et aussi pour exaltation et décoration dicelle » firent un contrat à perpétuité. Le gouverneur octroie à Le Nobletz la place voulue pour cinq tombes, dont deux dans la chapelle Saint-Fiacre. Sur trois de ces tombes plates il aura un escabeau et un prie-Dieu. Entre l'autel et la chapelle Saint-Fiacre il pourra construire un autel et une fenêtre avec faculté d'y introduire ses armoiries. Le Nobletz paiera en retour au gouverneur et à ses successeurs douze sous de monnaie par an au jour de la Chandeleur. En 1682 les seigneurs de Penmarc'h en Saint-Frégant avaient des prééminences dans la maîtresse vitre de la chapelle.

***

L'ardente piété des fidèles à l'endroit de la Madone du Grouanec les porta à faire, en faveur de son sanctuaire de nombreuses fondations et donations. Qu'il suffise d'en mentionner quelques-unes.

13 mars 1487 — Fondation d'une messe de Requiem par Raoul Frémont pour le jour de l'Assomption de Notre Dame à perpétuité, sous la charge d'un boisseau de froment et six deniers par an [Note : Le boisseau était de 112 livres environ à Lesneven].

31 décembre 1500 — Fondation d'un quart de boisseau de froment par an à perpétuité par Guillaume Grall.

9 décembre 1520 — Donation faite par Guillaume Abherry d'un champ dit Parc-an-Oguel, pour participer aux prières que l'on dit dans la chapelle.

13 décembre 1555 — Donation faite par Madame de Kerili d'un champ dit Parc-ar-Menes pour un service par an le jour de l'Epiphanie.

22 juin 1556 — Fondation d'un service par an, le jour du pardon, par le seigneur du Kerandraon.

26 avril 1627 — Donation de deux douvets à rouir du lin situés à Lanamogour en Plouguerneau, près de la fontaine appelée Fontaine Meryen, faite par Louis de la Boixière et Marguerite Roustevoultre, sieur et dame de Keramilin, résidant à Guissény au manoir de Kervulit « pour être participants leurs prédécesseurs et successeurs aux bonnes prières, divins services et œuvres pieuses qui se feront à jamais dans la dite chapelle et pour le bon zèle qu'ils ont envers la dite chapelle ».

Le prieuré du Grouanec, note M. de Kerdanet, était de 166 livres de revenu (Les Vies des Saints bretons, p. 517, note 3). A s'en tenir aux titres et papiers de la chapelle, le bénéfice du Grouanec avant la Révolution serait approximativement de 16 boisseaux de froment, 94 sols, 19 deniers et deux douvets à rouir du lin.

La présentation à la chapellenie appartenait aux vicomtes de Coatquénan, qui en étaient les fondateurs. C'est ainsi, par exemple, que le 16 mai 1680, Henry de Kerault, seigneur de Kergomar et Dupont, vicomte de Coatquénan, présentent à l'évêque de Léon, René Lescop. A la vicomté Le Grouanec devait annuellement 4 deniers monnaie.

 

Chapelle du Val (Chapel an Traon).

Dom Cyrille Le Pennec. dans la première moitié du XVIIème siècle s'est laissé prendre au charme de cette chapelle : « Dans la paroisse de Plouguerneau, écrit-il, du costé du passage, l'on aborde la devote chappelle de Nostre Dame du Val, bastie, dans un vallon ; le lieu est extrêmement pieux et agréable, proche d'un ruisseau et accommodé de gentils jardinaiges. Vous diriez voir un hermitage, tant le séjour et la demeure sont agréables ! La petite chappelle est soigneusement entretenue et dépend de la noble maison de Kergadiou » (Kerdanet, Les Vies des Saints bretons, p. 516-517).

Le sanctuaire du Val qui se trouve à environ un kilomètre du bourg de Plouguerneau est du XVIème siècle : on lit en effet la date de 1572 sur la porte à fronton de la longère nord. Il a été restauré au XVIIIème siècle, ainsi que l'attestent les baies à plein cintre et l'inscription accompagnée d'un calice, qui figure à la porte de la façade sud : 1757. M : A : L : RAMON. C.

Vingt ans auparavant avait été édifié l'arc-de-triomphe qui précède la chapelle du côté nord, on ou lit la date de 1738 au sommet d'un bloc de kersanton encastré dans le massif de maçonnerie, avec à gauche un blason, à droite un calice.

A l'angle sud du pignon de la chapelle apparaît un écusson présenté par un gentilhomme en granit, offrant une coquille et trois fasces : ce serait, d'après M. Le Guennec, un mi-parti de Le Moyne et de Kergadiou.

Il y a trois autels dans la chapelle.

Le maître-autel en bois, qui est moderne, repose sur un large soubassement de granit. Le tabernacle qu'il porte est surmonté d'une statue de la Vierge-Mère présentant son Fils debout et mutilé. A gauche est assise dans une niche une Sainte Vierge gothique ; on voit à droite un groupe en bois sculpté de la Fuite en Egypte : la Vierge en robe d'or, drapée d'un manteau bleu, assise sur un âne qui broute l'herbe, porte son Enfant ; saint Joseph tout vieux a près de lui un gentilhomme qui porte une baîte sous le bras. Un palmier, de son feuillage, au-dessus duquel figurent deux anges, protège la Sainte Famille contre les ardeurs du soleil. Ce bas-relief très curieux est surmonté d'un petit saint Sébastien.

A l'angle de la paroi, du côté de l'Epitre, dans une niche on aperçoit sainte Anne apprenant à lire à sa fille debout près d'elle : toutes deux ont une main posée sur le livre. Le haut de la niche est décoré d'une coquille de Saint-jacques surmontée d'un calice sculpté.

Perpendiculaires au maître-autel deux beaux autels en granit s'appuient aux parois de la chapelle. Ils reçoivent la lumière par des fenêtres cintrées et sont accompagnées de crédences. Celui de droite porte un franciscain à barbe, à genoux, (un capucin ?) ouvrant son manteau et découvrant sa poitrine ; il regarde le ciel et semble en extase. Au-dessus de l'autel est un animal à tête d'homme. — Faisant pendant à ce religieux, se trouve sur l'autre autel un franciscain sans barbe encapuchonné, tenant les mains sur sa poitrine (saint François d'Assise ?) [Note : Ces religieux rappellent, semble-t-il, les Cordeliers de l'Ile-Vierge].

On voit encore dans la chapelle deux vieilles statues. A droite un saint abbé est soutenu par un socle orné d'un calice, et qui porte l'inscription gothique que voici : V. M. F. Iezegou. p. a. faict faire icelle ymage l'an MVXXVI [Note : « Vénérable messire François Jezégou prêtre a fait faire cette image l'an 1526 »].

A gauche une statue en pierre représente sainte Suzanne, la chevelure retenue par un bandeau, tenant d'une main un livre ouvert, de l'autre un rouleau de parchemin. Le socle de la statue porte en gothique l'inscription S. Sussanna ; il est décoré du blason des Le Moyne : un croissant accompagné de trois coquilles.

On voit encore dans la chapelle une Vierge-Mère du XVIIème siècle portant Jésus qui tient le globe terrestre. La chapelle, note M. de Kerdanet, fut réparée sous le rectorat de M. Rivoalen (1835-1865).

Au nord et dans le voisinage immédiat du sanctuaire de Traon se dresse un calvaire dont le socle est formé de cinq degrés circulaires. Le fût bosselé soutient un groupe en kersanton du Christ crucifié avec à l'avers une piéta. Ce calvaire est daté de 1550.

An midi de la chapelle se blottit la fontaine de dévotion, édicule maçonné, avec une niche gothique qui abrite un saint abbé. L'eau coule dans deux lavoirs et va se jeter dans le ruisseau qui ne cesse de chanter. Rien de plus poétique.

Le pardon de N.-D. du Val est célébré le dimanche du Rosaire, par les vêpres, accompagnées d'un sermon, qui y sont chantées.

***

Les seigneurs de Lesmel avaient jadis des prééminences dans notre chapelle.

La présentation des gouverneurs du Traon appartint successivement aux seigneurs de Ranorgat et de Coetlogon.

Nos archives départementales possèdent sur la chapelle du Val de nombreux documents qui couvrent la période de 1609 à 1789. L'un d'eux mentionne à la date du 5 mars 1678, la collation par le chapitre de Léon, de la chapellenie de Notre-Dame du Val vacante du fait de la mort de Guillaume Autret, prêtre, à François-Paul de Kergadiou, clerc tonsuré du diocèse de Léon.

Le 22 mars eut lieu la prise de possession. En présence de son père Prigent de Kergadiou, seigneur de Tromabian et d'autres parents et amis, le nouvel élu fut intronisé par François Paul, recteur de Plouguerneau et Olivier Nuz, prêtre de Lannilis. Il assista à la messe requise pour sa prise de possession, puis observa les rubriques traditionnelles, « baisa l'autel, sonna la cloche, entra dans les maisons attachées à la dite église et dépendances du dit gouvernement ». Signent le le procès-verbal : Jacquette-Angélique Le Roux, Jan Abernot prêtre, Prigent, François, Gabriel de Kergadiou, Jaouen de Kerouartz, Nuz prêtre et Paul recteur... (Arch. départ. 192 g 35).

 

Chapelle Saint-Claude.

Voisine de l'ancien manoir de Kerodern, cette chapelle existait au temps de l'enfance de Michel Le Nobletz, en 1581. Déjà remaniée au cours du XVIIIème siècle, elle a été agrandie et restaurée, il y a quelques années, par les soins de M. le chanoine Hily, curé de Plouguerneau. Elle est dédiée à saint Claude, évêque de Besançon vers le milieu du VIIème siècle.

On y voit les statues de saint Jean et de saint Claude, ainsi que celle de sainte Marguerite, cette dernière de fort bon goût. A l'angle nord du choeur se trouve une statuette de la Vierge.

La croix voisine, datée de 1570, porte les armes de Hervé Le Nobletz : d'argent à deux fasces de sable au canton de gueules chargé d'une quintefeuille d'argent, et de sa femme, Françoise Lesguern : fascé de six pièces de vair et de gueules.

Le 5 août 1791, le district de Lesneven déclarait que les biens du temporel de la chapelle de Kerodern ne doivent pas être compris dans les biens nationaux, parce que c'est une chapelle domestique, à la seule disposition de Charles de Kergouzien, propriétaire.

Le 20 juin 1864, Charles Vaumousse, juge de paix à Lesneven, fait don, pour 50 ans, de sa chapelle de Kerodern à M. Rivoalen, recteur, et à ses successeurs ; vu qu'elle est insuffisante pour la population, il permet de l'agrandir aux frais de ceux qui en auront la jouissance. La chapelle fut bénite le 8 septembre suivant.

 

Couvent de l'Ile-Vierge.

Dans la première moitié du XVème siècle, les Frères Mineurs de l'Observance, s'étaient établis sur les côtes de Bretagne, et l'on signale, pour 1434, l'existence d'un de leurs couvents à l'Ile-Vierge,. Cette île stérile fut la pépinière dont sortirent les premiers moines de Cuburien (1445), de Landerneau (1488) et de N.-D. des Anges, en Landéda (1507).

 

Chapelle Saint-Antoine.

Cette chapelle était située au bord de la mer, à quatre kilomètres ouest du bourg. Elle n'existe plus ; une maison a été bâtie sur son emplacement ; on n'a conservé qu'une croix de pierre.

En 1587 deux ecclésiastiques, les frères Yves et Henri Gourvennec, instruisaient dans cette chapelle plusieurs écoliers, dont Michel Le Nobletz.

Il est à remarquer qu'à un kilomètre est du bourg de Landéda, en longeant le rivage, on rencontre une fontaine de Saint-Antoine, dont l'édicule a tous les caractères du début du XVIème siècle, et qui devait avoisiner une chapelle dédiée à ce saint. En cette chapelle se desservait jadis un bénéfice connu sous le nom de « gouvernement de saint Antoine ».

On a l'impression que les deux chapelles de Plouguerneau et de Landéda, séparées par l'estuaire de l’Aber-Wrack sont des fondations des Récollets de l'Ile-Vierge.

 

Chapelle Saint-Cava ou Saint-Caran.

La chapelle Saint-Cava, chapel Sant-Cava, se trouvait jadis à 50 mètres de la mer, au milieu du village qui porte le nom du saint, à un kilomètre et demi au nord de Saint-Antoine. Comme elle était insuffisante et en mauvais état, on la déplaça pour la reconstruire, en 1875, à un kilomètre plus au nord, au village de Lilia. Elle dépendait du fief de Ménan.

Le 27 mars 1640, Jacques Touronce prêtre y fit une fondation (Archives départ. g. 3). Un chemin de croix fut placé dans la chapelle le 7 septembre 1861.

Le bon saint honoré dans la vieille chapelle a deux noms : ainsi on dira toujours « la chapelle de Saint-Cava », en parlant de l'ancien sanctuaire, « le village de Saint-Cava », « la croix de Saint-Cava », mais lorsqu'il s'agit de sa statue on dira « la statue de Saint Caran », lorsqu'on lui donnera une offrande, on la donnera à « saint Caran », lorsqu'on l'invoquera on priera « saint Caran » [Note : Certains textes du XVIIème siècle disent Saint-Cavan].

Saint-Garan, note M. Largillière, est une chapelle sur le rivage du Douron en Plestin, et sous son autre nom Cavan, il est éponyme de la paroisse de Cavan aux environs de Lannion (Les Saints... p. 150).

Saint Garan, est un personnage peu connu des hagiographes bretons, et pas du tout des autres. D'après un « mystère » que possédait Luzel, Garan était fils d'un patricien romain. Sa jeunesse fut orageuse. Après avoir commandé dans l'armée, il se convertit au christianisme, à la veille de se marier avec la fille d'un sénateur, fut baptisé par saint Denis et promu au sacerdoce par saint Clément. Jeté par une tempête sur les côtes de la Basse-Bretagne, alors pleine d'idolâtres, il prit terre en la commune de Plestin, au lieu encore nommé aujourd'hui Trégaran, y convertit les habitants, et vint ensuite prêcher la foi au pays où se trouve maintenant la paroisse de Cavan. Là encore il signala son zèle par des miracles et de nombreuses conversions.

A Plouguerneau, la statue de saint Caran a été remise en honneur le 30 août 1925, à l'occasion du cinquantenaire de la nouvelle chapelle de Lilia. Elle fut portée en procession, jusqu'à l'emplacement de la vieille chapelle, par seize vieillards qui l'y avaient honorée dans leur enfance, et revint triomphalement par la grève de Kervenny jusqu'à sa nouvelle résidence suivie par une foule énorme : preuve non équivoque de l'attachement du peuple breton aux trésors que lui ont légués ses ancêtres.

Il y a aux Archives du Finistère (192 g 36) un dossier sur Saint-Cavan (1640-1788).

 

Chapelle du Christ.

Cette chapelle dénommée Chapel-Christ se trouvait à cinq kilomètres nord-est du bourg, sur une éminence, à gauche de la route qui mène à la grève de Vougot. L'emplacement en est fort reconnaissable. A l'extrémité sud de la chapelle se dresse encore le vieux calvaire de granit. On aperçoit dans le voisinage la fontaine de Saint-Jean.

On sait que lesTempliers et les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem se faisaient un devoir de prêcher la passion du Sauveur, et nul doute qu'ils aient développé le culte rendu à Jésus crucifié. Nul n'ignore d'autre part qu'ils ont certainement étendu en Bretagne le culte de saint Jean-Baptiste (Largillière. Les Saints... dans l’Armorique Bretonne, p. 21-24).

 

Chapelle Saint-Goulven.

Située à 3 kilomètres sud-est du bourg, cette chapelle qui se trouve près du manoir de Kerilly, porte la date de 1733. On y dit la messe en la fête de saint Goulven.

 

Chapelle Saint-Quénan.

Cette chapelle du XVème siècle s'élevait à deux kilomètres et demi sud-est du bourg. Deux fondations y furent faites l'une en 1430, l'autre en 1564. Anne de Kergroezez y fonda en 1460 une chapellenie.

Le nom de Quénan apparaît, observe M. Loth, dans Lan-guenan et Pleu-guenan, ancien évêché de Dol (Ille-et-Vilaine).

« Le 1er octobre 1696 une cloche fut bénite pour la chapelle Saint-Quénan par M. Piriou, recteur de Plouguerneau. Lui ont donné le nom de Sainte Anne son parrain noble homme Christophe Thomas, seigneur de la Lande et sa marraine, dame douairière de Mesarnou. La dite cloche faite par les soins de Yves Merdy de Goueletran qui a soin de la dite chapelle » (Registres de baptême).

La chapelle Saint-Quénan est encore signalée au procès-verbal de visite épiscopale du 19 mai 1854.

 

Chapelle Saint-Evenoc.

Cette chapelle se trouvait près du village de Kergasken à deux kilomètres nord-est du bourg, à un kilomètre de la côte. L'insécurité de la mer était au XVIIème siècle, pour les populations riveraines une vraie calamité. Les habitants des côtes ne se sentaient pas en sûreté et leur crainte se manifestait parfois sous une forme assez curieuse. A en croire la tradition populaire, la cloche de la chapelle Saint-Evenoc ou Saint-Enéoc sonnait d'elle-même à l'approche de l'ennemi et réveillait les paysans que les Anglais pensaient surprendre. Découvert et annoncé plusieurs fois par cette sentinelle vigilante, l'ennemi furieux, brisa dit-on, la cloche indiscrète (Bretagne contemporaine (Finistère), 1865, p. 113).

 

Chapelle de Prat-Paol.

Cette petite chapelle se trouve à quatre kilomètres sud du bourg. Son pignon est percé d'une fenêtre longue et étroite. Elle était sous le vocable de saint Paul Aurélien. On y voit saint Paul en évêque, puis une Vierge-Mère. L'autel est surmonté d'un petit tabernacle. Au tombeau de cet autel figure le Bon Pasteur.

La fontaine voisine, qui est de forme carrée, a sa source sous le maître-autel. D'après la Vie de saint Paul par Warmonoc, le saint venant de Plourin-Ploudalmézeau, s'arrêta à Prat-Paol, et y fit sourdre trois fontaines, l'une sous l'autel, une seconde dans l'enclos, et une troisième, à quelques pas, en dehors de cet enclos.

 

Chapelle de Loguivy.

La chapelle de Loguivy se trouvait à environ trois kilomètres sud du bourg, dans un paysage charmant, non loin de l'Aber-Wrach.

 

Chapelle Sainte-Anne.

La chapelle Sainte-Anne d'Enez-Cadec se trouve à trois kilomètres est du bourg. C'est un édifice rectangulaire du XVIème siècle. Elle a une fenêtre au chevet, une autre dans l'une des longères.

L'autel, qui est en bois peint, manque de cachet. A gauche de cet autel figure la statue de la patronne, sainte Anne, tenant devant elle la Sainte Vierge, agenouillée, les mains jointes. A droite apparaît une Vierge hanchée, portant l'Enfant Jésus, qui écarte de la main le manteau de sa mère.

 

Chapelle Saint-Conan.

Cette petite chapelle est mentionnée dans une délibération du Conseil municipal de la fin juin 1794, qui l'appelle aussi « chapelle du Sépulcre » en déclarant qu'elle n'est séparée de la sacristie que par une cloison. Pourquoi chapelle du Sépulcre ? C'est qu'elle contenait une représentation du Saint-Sépulcre, confectionnée en 1768.

Le 9 novembre de cette année une convention fut signée par René Bouguenec et François-Charles Labbé, maîtres sculpteurs de Recouvrance d'une part, et d'autre part Quénan Foricher, gouverneur temporel de l'église et Claude Guiavarch, ancien gouverneur. Les premiers s'engageaient à fournir et à placer dans l'église ou la chapelle en dépendant, avant 18 mois écoulés, une représentation du Saint-Sépulcre, faite sur le modèle de celui de Saint-Thégonnec. Il serait composé « de huit figures : Notre-Seigneur porté et soutenu par un linceul à demi descendu dans le tombeau, la Vierge, sainte Marie-Madeleine, Marthe, saint Jean, la Véronique, Joseph d'Arimathie et Nicodème, les dites figures en matière de bois de chêne bien étoffé et peintes convenablement, l'attitude convenable comme dans la chapelle de Saint-Thégonnec, la figure du corps Sauveur ayant 5 pieds, les autres 4 pieds 8 pouces ». Le sépulcre serait payé en trois termes, le 1er avril, à la moitié de l'ouvrage faite et à la fin du travail (Arch. départ. 192 g 2. C'est en 1868 que disparut la chapelle Saint-Conan).

 

Chapelle du Cimetière.

L'ancien cimetière entourait l'église paroissiale et se prolongeait jusqu'au puits de la Place. Le 17 juin 1843, la famille de feu François Abjean, ancien maire, donna un terrain pour un nouveau cimetière, lequel fut fondé en mars-avril 1844. On y bâtit une petite chapelle, l'année suivante, dédiée à Notre-Dame de Délivrance.

Au fronton apparaît la Vierge de Délivrance ; à l'intérieur ce sont deux belles statues de Marie, bien mouvementées. Le calvaire en kersanton du cimetière porte la date de 1908.

 

Chapelle de l'Hospice.

La chapelle de l'établissement, dédiée à saint Joseph, fut bénite le 18 avril 1868. Quelques mois plus tard la chapelle Saint-Conan étant démolie, le sépulcre qui s'y trouvait fut transféré dans la chapelle de l'Hospice. En 1869 Mgr Graveran accorda 40 jours d'indulgence aux fidèles qui baiseraient pieusement les plaies du Sauveur.

 

Note complémentaire.
M. Guillerin, vicaire à Plouguerneau, nous signale l'existence de deux fontaines de dévotion : la fontaine de Michel Le Nobletz, située près de sa cellule, et celle de Saint-Yves, qui se trouve au village de Kérilly, dans une garenne appartenant à M. Gabriel Breton.

(H. Pérennès).

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