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Plougastel-Daoulas durant la Révolution

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L'article 6 de la loi du 24 août 1790 sur la constitution civile du clergé prescrivait de procéder sans délai à une nouvelle formation des paroisses du royaume. Se conformant à cet ordre le district de Landerneau décréta comme il suit la circonscription de Plougastel-Daoulas.

« Cette paroisse, forme une presqu'île. Du clocher au village de Ty-Floch qui donne au couchant sur la grève vis-à-vis de l'île ronde, il y a deux lieues et demie.

La paroisse de Plougastel chef-lieu de canton doit être indispensablement conservée ; mais la commodité publique exige qu'on en détache, pour les réunir à la paroisse de Loperhet qui sera convertie en succursale, les lieux suivants : 1. Celui du Pedel — 2. Celui de Kerhamon — 3. Celui de Ty moal — 4. Celui de Kermoguer — 5. Celui du Laz — 6. Ceux de Rosserf — 7. Ceux de Porsguen — 8. Le moulin neuf — 9. Le lieu de Keragueven — 10. Celui de Gorreguer — 11. Celui de Kerourmel — 12. Celui de Mesargars.

Ces douze lieux sont tous infiniment moins éloignés de Loperhet que de Plougastel. D'ailleurs quelques-uns d'entre eux sont séparés de cette dernière paroisse par un petit bras de mer qui rend la communication très pénible par le circuit considérable que les habitants sont obligés de faire dans les hautes marées.

Le même motif de commodité publique demande qu'on érige une succursale en la paroisse de Plougastel. De toutes les chapelles qui s'y trouvent au nombre de sept, celle de Saint-Adrien réunit sans contredit le plus d'avantages. Elle a surtout celui de la centralité.

Du reste l'étendue de cette succursale doit consister dans toute l'étendue des deux cordelées ou sections dites de Rosegat et de l'Armorique qui forment le bas de la paroisse, à l'exception cependant des trois villages de Lanriouas, Lestrouen et Kergollé qui continueront de faire partie de la paroisse.

Les paroisses de Loperhet et de Daoulas qui joignent et avoisinent celle de Plougastel, leur chef-lieu de canton, doivent y être annexées, mais seulement en succursales.

… Au surplus l'étendue de la paroisse de Plougastel et son local entouré presque de toute part par la mer exigent qu'outre la succursale qui y est érigée on y conserve trois chapelles pour servir d'oratoires.

D'après les informations qu'a recueillies le Directoire il a cru devoir proposer les chapelles de Notre-Dame de Bon-Voyage, de Saint-Claude et de Sainte-Christine » (Archives nationales. — Archives départementales 24. 4).

Ce projet fut approuvé par Expilly et le directoire du Département le 8 août 1791.

 

***

Au moment où s'ouvre la Révolution, le recteur de Plougastel était Thomas-Robert Cornily. Avec ses vicaires, Jaffry et Nicolas, il refusa le serment (Peyron, Documents... p. 84) et vit nommer pour le remplacer, le 25 mars 1791, le constitutionnel Le Bris, vicaire de Fouesnant (Peyron, Documents... p. 132). Le procureur-syndic du district de Landerneau écrivait le 3 mars précédent au procureur-général : « Le sieur Cornily, de Plougastel se signale par ses folies anticonstitutionnelles. J'ai été instruit que le 4 février, à l'occasion d'un baptême : il invectiva le sieur Le Gléau, prêtre segmentaire, et qu'il dit et répéta, en Français et en Breton, en présence du clergé et des personnes présentes à la cérémonie, qu'il ne pouvait chanter le Te Deum de concert avec un hérétique et un schismatique ; c'est ainsi qu'il désignait le sieur Le Gléau. On ne saurait trop se hâter de remplacer ce mauvais citoyen. Mais comme les électeurs se fatigueraient probablement d'être aussi souvent assemblés, vous pourriez m'indiquer les réfractaires au remplacement desquels vous croiriez encore utile de juger... » (Peyron, Documents... p. 346).

Le 22 mai, le sieur Caradec, vicaire de Plabennec, remplaçait M. Cornily qui signa une dernière fois un registre le 31 de ce mois.

En septembre 1791, François Quéré, en religion Corentin de Saint-François, carme déchaussé du couvent de Brest, originaire de Plougastel, rentra dans sa famille. Il demanda à M. Caradec de célébrer la grand'messe à Saint-Guénolé mais essuya un refus. Ayant appris le 4 décembre qu'on était venu de Landerneau à Plougastel pour conduire Expilly à Brest, il demanda une garantie à la municipalité, qui n'osa pas la lui octroyer, vu qu'elle avait ordre de capturer tous les ecclésiastiques non assermentés.. Empêché de dire la messe régulièrement, il demanda au district de Landerneau et au Département de pouvoir résider chez les siens. En fait le 2 janvier 1792 il quitta sa famille.

Le recteur intrus signe aux registres du 4 juin 1792 à la fin de cette année. On y trouve encore la signature de Nicolas, vicaire légitime, puis celle de L. Demeuré et Paul Le Bris, constitutionnels.

Quant à M. Cornily, réfugié en Espagne, il avait débarqué à Saint-Sébastien le 21 juillet 1792 avec huit autres confrères. Le 4 août suivant ils arrivaient à Burgos (Manuscrit Boissière, p. 204). M. Quéré, de son côté, parti de Jersey, arriva à Cadix, en Espagne le 3 décembre 1792 (Manuscrit Boissière, p. 208).

Pierre Jaffry, curé de Plougastel, ayant refusé le serment, ne signe, plus aux registres dès février 1791. Arrêté l'année suivante, il se vit interné au Château du Taureau le 13 octobre 1792. Le 17 avril 1793 il fut embarqué avec 27 confrères, sur le bateau brémois l'Expédition à destination de Brême.

Revenu en France il sera recteur de Beuzec-cap-Sizun de 1804 à 1813.

Julien Trémeur, prêtre de Plougastel, avait, lui aussi, refusé le serment à la Constitution civile du clergé. Arrêté à son tour, il entrait au Château du Taureau le 29 septembre 1792. Avec Jaffry il partit pour Brême.

En 1801, ayant appris qu'un esprit nouveau animait le Gouvernement de la République, le pauvre prêtre crut pouvoir rentrer en France sans danger : à peine passé la frontière du Nord, il fut arrêté et enfermé dans la maison de réclusion d'Arras. Pourquoi ? Parce que ses papiers n'avaient pas paru suffisamment en règle, tout simplement.

De la prison il écrivit le 12 juillet au préfet du Finistère, l'ex-avocat alsacien Rudler. Il réclamait sa mise en liberté. Il promettait de se soumettre aux lois de la République dès qu'il serait arrivé dans son département natal. Mais Rudler avant de statuer sur son sort, prit des renseignements. Tous s'accordent, écrit-il au ministre de la Police le 5 août 1801, « à me le représenter comme un fanatique dangereux et exaspéré, dont la présence ne pourrait que troubler la tranquillité de la commune dans laquelle il se propose de rentrer, je vous prie de refuser votre autorisation à son retour dans le département ».

Le 8 septembre, le ministre répondit par un accusé de réception en trois lignes et ajouta avec une brièveté impériale : « Je ferai usage des renseignements que [votre lettre] contient ».

Dans quel sens cet usage ? Mystère pour nous, jusqu'à plus ample informé. Rappelons seulement que le Concordat avait été signé le 15 juillet 1801 et, que deux mois après, un prêtre finistérien exilé ou emprisonné depuis neuf ans, coupable seulement de fidélité à son devoir, n'était même pas amnistié. Et il n'était pas le seul ! (D'après les Archives nationales).

(H. Pérennès).

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