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Mission du Père Maunoir à Plougastel (1644)

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On sait ce que le maintien de la foi dans notre cher pays doit aux travaux apostoliques de dom Michel le Nobletz et du Père Maunoir, son successeur. Laissons ce dernier nous raconter lui-même les circonstances dans lesquelles il exerça son ministère à Plougastel et les résultats de son labeur. Nous traduisons en français le journal latin de ses Missions.

« Au début de l'été de l'année 1644, nous entreprîmes la mission de Plougastel-Daoulas, dont les commencements furent très froids, à cause des calomnies répandues contre les missionnaires, que l'on représentait aux habitants comme des sorciers, si bien que les quatre premiers jours nul n'osait s'approcher du tribunal de la pénitence. Le cinquième jour, quelques veuves étrangères à la paroisse, qui s'étaient rendues à Plougastel pour gagner les indulgences, se confessèrent avec tant de consolation qu'elles en exprimèrent tout haut leur satisfaction, si bien qu'immédiatement l'église ne put contenir la foule de ceux qui accoururent, et les maisons du bourg étaient insuffisantes à accueillir les étrangers venus de Brest, du Conquet, de Saint-Renan, Lesneven et Landerneau, en sorte qu'on peut évaluer à 30.000 le nombre des personnes qui furent évangélisées dans cette mission, avec tant de ferveur que, jour et nuit les routes étaient remplies d'allant et venant ; dès deux heures du matin, les confessionnaux étaient assiégés, et les pénitents donnaient des signes spéciaux de douleur et de repentir, comme on n'est pas habitué à en rencontrer dans les cités. On en a pu juger par l'heureux changement de moeurs qui s'est produit après la mission.

En plusieurs lieux de la paroisse on avait coutume de se réunir la nuit pour danser. Les jeunes gens et jeunes filles s'y rendaient d'une lieue à la ronde, et cela la veille et le lendemain des jours de dimanche et fête, pendant la moitié de l'année. Dans ces assemblées les jeunes gens, loin des yeux de leurs parents se livraient à des divertissements les plus dangereux pour les mœurs ; c'est ainsi que les jeunes gens s'amusaient, par exemple, à attirer à part les jeunes filles sous prétexte de les entendre en confession.

Non contents de ces débauches nocturnes, ils passaient les journées des dimanches et fêtes en danses, et les jours de la semaine ils chantaient pendant leur travail des chansons obscènes.

La mission supprima tous ces abus, et à ces chansons succéda le chant des cantiques appris pendant la mission.

Dieu montra par des prodiges combien il agréait cette dévotion aux cantiques spirituels.

Un meunier de la paroisse, voulant réparer la meule du moulin, l'avait suspendue à une corde, et il la frappait de son marteau. Comme délassement pendant son travail, il avait pris en main et lisait le livre des Cantiques distribué pendant la mission, lorsque la corde qui retenait la meule vint à manquer et celle-ci s'abattit sur le meunier. Les voisins accourent, six hommes soulèvent avec peine la meule pour en retirer le cadavre du pauvre meunier, quand à leur grand étonnement ils le retrouvent, non seulement vivant mais sans blessure, ni contusion.

Dans la même paroisse, sept jeunes gens étaient occupés à recueillir le lin, grande journée qui, d'ordinaire, donnait lieu à des danses au son du biniou et du hautbois, mais les jeunes gens, convertis depuis la mission, se servirent des sonneurs pour accompagner leurs cantiques spirituels, et ils se mirent à chanter l'oraison dominicale, que nous avions arrangée en forme de cantique. Dieu montra par un prodige combien il approuvait ce nouveau mode de symphonie. Car à peine avaient-ils entonné ces mots : « Que votre nom soit sanctifié » — on était au 2 Juillet, fête de la Visitation, à quatre heures de l'après-midi — que dans le champ voisin du côté du sud-est, ils virent un globe de feu éclatant comme le soleil et gros à peu près comme la tête d'un homme. Peu de jours après, ces jeunes gens rapportaient le fait à mon compagnon, le Père Bernard.

La sainte Vierge témoigne également par sa présence combien elle était contente d'entendre chanter ses louanges. Un dimanche, comme quelques jeunes filles du voisinage de la chapelle Saint-Adrien, s'étaient réunies au pied d'une croix pour chanter, comme elles entonnaient le cantique de la Salutation angélique, une femme d'une noblesse incomparable s'assit au milieu de ces jeunes filles, qui avaient abandonné les danses en usage pour venir chanter les louanges de la Vierge, et à la fin du cantique, cette noble dame leur dit : « Mes enfants, lorsque vous chanterez cette prière, ajoutez à la fin ces paroles : Mar quirit pedit evidomp, - Birviquen collet ne vezomp.

Peu après, la sainte Mère du Christ signifia d'une manière évidente que ce distique avait été composé par elle en faveur de ses clients.

Deux surtout des jeunes filles dont nous venons de parler, occupées à garder leur troupeau, passaient le jour à chanter les cantiques de la mission. Or l'une d'elles étant tombée malade et se trouvant à l'article de la mort, la sainte Vierge lui apparut, et la prenant par la main l'invita aux joies du paradis, puis elle lui dit de prier sa compagne de venir afin d'être témoin de cette grâce. Celle-ci accourt, et la sainte Vierge lui touche également la main. La malade mourut peu après dans les bras de la sainte Vierge. J'ai connu les détails de cette faveur sept ans plus tard, de la bouche de celle qui en avait été témoin.

Une femme de Dirinon, fort dévote à saint Michel, et qui récitait chaque jour en son honneur l'oraison dominicale, ignorant qu'une mission se donnait dans la paroisse de Plougastel, se vit une nuit transportée en esprit au bourg de Plougastel, et elle aperçut dans le cimetière un Père Jésuite revêtu d'un surplis, qui enseignait les enfants et les interrogeait sur la doctrine chrétienne, puis elle vit un jeune homme vêtu de blanc et tenant à la main une baguette blanche qui lui dit : « Fais de même, et instruis bien tes enfants des articles de la foi et des commandements divins, puis viens demain à la mission de Plougastel, tu te confesseras et te convertiras à une vie plus chrétienne.

Le lendemain, cette femme s'étant rendue à Plougastel, reconnut le Père Jésuite qu'elle avait vu en songe, et qui par ailleurs lui était profondément inconnu ; ce Père faisait le catéchisme dans le cimetière ; elle y assista, puis se confessa avec une grande ferveur.

Cette mission fut encore l'occasion de plusieurs faveurs particulières dues à la grâce divine.

Une jeune fille, qui ,était depuis plusieurs années sous l'empire du démon, fut tellement touchée par un des sermons de la mission qu'elle ne cessait de verser des larmes et qu'elle en remplit un mouchoir. La nuit suivante, saint Michel, auquel elle avait une grande dévotion, la mena au tribunal du Christ. Le Sauveur était assisté de sa Mère à droite, et à gauche, de saint Michel, qui tenait des balances en main. La Mère des miséricordes, fléchissant le genou devant son Fils lui dit :

« Pardonnez, mon Fils, pardonnez à cette fille, et aux pauvres pécheurs, je vous en supplie par le lait dont je vous ai nourri ». Alors le juste juge ordonna qu'on mît en balance les œuvres bonnes et mauvaises de cette fille. Immédiatement le démon jette dans un des plateaux de la balance des serpents, des crapauds, et autres bêtes immondes représentant les péchés de la jeune fille. Et comme le juge demandant à saint Michel quelle bonne action de sa cliente il pouvait mettre sur l'autre plateau : « Hélas! dit-il, je n'ai que ce mouchoir que cette infortunée pécheresse a mouillé de ses larmes ». Le juge prononça alors cette sentence : « Demain, fais une confession générale, change de vie, et moi je te promets le paradis ». Le lendemain elle se confessa avec de telles larmes de repentir qu'elles proclamaient l'efficacité de l'intercession de la bienheureuse Vierge et de saint Michel pour elle ». Voici deux autres exemples mentionnés par le Père Maunoir. Depuis 20 ans une personne souffrait des angoisses d'une conscience mal à l'aise. Pendant trois de ces années elle récita chaque semaine le Rosaire en l'honneur de la sainte Vierge et pria également saint Joseph. Ayant entendu parler de la mission de Plougastel elle se décida à y aller tel jour donné. N'ayant pu mettre son projet à exécution, elle eut un songe nocturne. Un jeune homme à chevelure blonde, tout vêtu de blanc se présente à elle tenant en main un crucifix. « Je suis envoyé, dit-il, pour ton salut, par le Christ Jésus et sa sainte Mère. Va à la mission, fais une confession générale, baise les plaies de ce Christ en croix, avec des sentiments de douleur et de repentir, ajoute à la dévotion à Marie et Joseph, la dévotion à saint Corentin ». La personne en question pleura tout le reste de la nuit, et se rendit le lendemain à la mision pour y faire sa confession générale.

Autre exemple. C'est un homme, auquel son ange gardien, au sein d'une profonde nuit, montre la direction du bourg de Plougastel où jamais il n'avait été, il lui parle des Pères qui y donnaient la mission, en particulier du Père Bernard auquel il devra se confesser.

Arrivé au bourg il va droit à ce religieux qu'il n'avait jamais vu, et lui fait une confession générale, avec tant de larmes que les manches de la soutane du Père en étaient toutes mouillées.

La procession qui termina la mission de Plougastel servit de prélude aux missions qui devaient suivre. Elle eut lieu le 24 Juin 1644 et s'avança jusqu'à la chapelle Saint-Jean-Baptiste. Là devant un auditoire de quinze mille personnes, dont plusieurs étaient venues de dix ou douze lieues à la ronde, le Père. Maunoir prononça un dernier discours sur la nécessité de la pénitence. Des apparitions qui eurent lieu en ce moment à la vue de tous les spectateurs multiplièrent encore les conversions » (Séjourné, Histoire de Julien Maunoir, I, p. 206).

Le 24 Juin 1660 le Père Maunoir conduisit à cette même chapelle Saint-Jean la procession de la mision de Loperhet (Séjourné, Histoire de Julien Maunoir, II, p. 13).

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