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LE CALVAIRE DE PLOUGASTEL

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Le grand calvaire (1602-1604) de l'église Saint-Pierre de Plougastel, restauré en 1860. Son érection est décidée en 1598 à la suite de la disparition de la peste [Note : La tradition prétend que le seigneur de Kererault serait mort le 27 septembre 1598 en faisant le vœu qu’un calvaire soit édifié en ex-voto s’il était le dernier mort de la peste]. Le calvaire de Plougastel porte les dates de 1602 (achèvement du socle), 1603 (achèvement et pose des trois croix) et 1604 (achèvement total du monument) sous la statue du Christ sortant du tombeau. 171 statuettes donnent la vie à ce beau calvaire qui a été restauré en 1949 et en 2003-2004.

Calvaire de Plougastel-Daoulas (Bretagne)

Le calvaire de Plougastel (1602-1604) vient dans l'ordre chronologique entre ceux de Guimiliau (1581) et de Saint-Thégonnec (1610). Il est daté par deux inscriptions qui se trouvent sur sa face occidentale.

Le « mace », c'est-à-dire le massif de maçonnerie qui supporte les sculptures, « achevé » en 1602, forme un carré, flanqué aux angles de quatre éperons obliques disposés dans le prolongement des diagonales. Chaque éperon est percé d'une baie en plein cintre et abrite, dans une niche qui évide la face extérieure, la statue de l'un des évangélistes. L'éperon nord-ouest est plus large que les autres : un escalier y est ménagé du côté gauche menant à une porte qui donne accès sur la plate-forme du massif. A gauche de cette porte se trouve la statue d'un saint évêque.

Au mur qui relie les deux éperons occidentaux est adossé un autel sous une arcade en plein cintre ; deux colonnes doriques disposées de part et d'autre soutiennent un entablement ; au-dessus de l'autel sont placées trois statues : saint Pierre, saint Sébastien et saint Roch [Note : La disposition générale est la même qu'à Guimiliau. Palustre estimait que c'était l'œuvre du même architecte en progrès : « Plus d'étranglement des faces droits entre les projections diagonales, mais une certaine liberté d’allures…. L'architecte, en se corrigeant, car c'est évidemment le même qu’à Guimiliau, a fait preuve de bon sens et de bon goût »].

Sur le reste du pourtour, sauf à l'endroit de l'escalier, une frise garnie de statues et de groupes sculptés contourne la partie supérieure du massif et des éperons. Une seconde rangée de sujets occupe le bord de la plateforme. En additionnant les deux séries, on compte environ cent cinquante personnages. Les attitudes sont correctes, mais, il faut bien l'avouer, un peu raides. Ce n'est plus l'allure tumultueuse qui donne un aspect pittoresque au calvaire de Guimiliau.

Quant à la disposition actuelle des morceaux constituant cet ensemble, une remarque s'impose qui n'a encore jamais été faite : c'est que cette disposition est défectueuse. Non seulement, les scènes ne se suivent pas de façon normale, mais des personnages appartenant à une même scène se trouvent séparés.

Il est bien possible que l'ordre primitif ait été changé ; une tradition recueillie par un auteur de la première partie du XIXème siècle voulait que, pendant la Révolution, les habitants eusent caché les statues. Cela n'a rien d'impossible. En tout cas, nous avons relevé aux Archives communales de Plougastel un contrat passé en 1845 par la municipalité avec un entrepreneur qui se chargeait de descendre toutes les statues, de les nettoyer et de les remettre en place. Certains morceaux peuvent avoir été — alors ou auparavant — mal replacés.

D'autre part, il ne serait pas étonnant que, dès l’origine, il y ait eu quelque incertitude dans l'arrangement, des diverses pièces. En Bretagne, les séries de sujets sculptés présentent assez souvent des anomalies [Note : Nous en verrons des exemples dans les porches sculptés de la vallée de l'Elorn. — Le plus ancien des calvaires bretons, celui de Tronoën près de Penmarc’h, malheureusement très difficile d'accès, possède côté à côté deux groupes identiques du baptême du Christ. Ce curieux calvaire, dans lequel une scène a jusqu'à présent défié l'interprétation, mériterait une étude approfondie]. Cela vient peut-être de la nécessité pour les sculpteurs du pays, étant donnée la nature de la pierre qu'ils employaient, de tailler en carrière, ce qui rendait plus aléatoire l'adaptation exacte des motifs de sculpture. Aux calvaires ou aux porches. Il se peut également que les gens d'alors n'aient pas exigé une logique absolue absolue dans la disposition des sujets.

Quoi qu'il en soit, voici l’ordre actuel des sculptures qui nous occupent : nous commencerons l'énumération par la frise orientale.

Sur cette frise, nous voyons, à l'extrémité droite, l’ange de l'Annonciation et à l'extrémité gauche, la Vierge à qui il s'adresse. Cinq groupes, dont les deux premiers devraient être intervertis si l'on voulait suivre l'ordre chronologique, séparent la Vierge de l'ange. Ce sont, de gauche à droite : la Visitation, le Mariage de la Vierge, la Nativité, la Circoncision et la Fuite en Égypte. On trouve assez souvent en Bretagne la Vierge et l'Ange de l'Annonciation se faisant pendant de part et d'autre d'un porche. La disposition que nous voyons ici est-elle imitée de celle-là et a-t-elle existé dès le début ? Il est difficile de le dire.

Pour trouver l'Adoration des Mages, il nous faut aller du côté ouest, où nous voyons cette scène, sculptée, dans un seul bloc de pierre, placée à droite de l’autel contre l'éperon. Tous les groupes cités jusqu'à présent sont monolithes.

Dans l'ordre chronologique, aprrès la Fuite en Égypte, viendrait la scène de l'Enfant Jésus parmi les Docteurs. Cette scène est représentée par un groupe de trois statues distinctes, qui se trouvent actuellement placées sur la plate-forme, du côté ouest, à droite, entre la Résurrection et la Descente aux limbes.

Nous devons chercher, pour continuer la série, le Baptême et la Tentation au désert. Les trois statues composant la scène du Baptême : l'Ange debout tenant la robe, le Sauveur agenouillé, saint Jean-Baptiste debout, vêtu d'une peau de bête, occupent l'extrémité gauche de la plate-formé du côté est.

Il faut revenir du côté ouest pour trouver les deux statues de la Tentation au désert. Le diable, affreusement laid, vêtu d'une robe à capuchon rabattu à travers lequel pointent des cornes, et tenant dans ses griffes les pierres qu'il offre au Seigneur, est séparé de lui par la scène du Christ devant Pilate. Le Christ de la Tentation est à demi caché par le premier personnage de la Résurrection.

Toutes les scènes que nous allons maintenant décrire composent la série de la Passion. Nous commençons sur la frise du côté ouest, à gauche de l'autel, par l'Entrée à Jérusalem, comprenant trois sections monolithe : trois disciples ; le Sauveur, monté sur son ânesse, roule, le vêtement que tient un enfant ; deux disciples l'accompagnent ; la porte de Jérusalem, sous laquelle on voit, un personnage très petit.

La suite de la série se trouve sur la frise sud, entièrement occupée par deux épisodes peut-être à leurs places primitives : la Cène et le Lavement des pieds ; trois groupes monolithes pour chaque épisode. On observera que le Lavement des pieds ne compte que onze disciples. Peut-être le dernier groupe de disciples à droite est-il mutilé ? ou bien il faut voir là une de ces anomalies dont nous avons parlé plus haut.

Sur la frise nord, nous voyons six groupes monolithes et une statue séparée composant trois scènes : l'Agonie de Jésus ; le Baiser de Judas ; Jésus devant Caïphe. A la suite de cette dernière scène est un assez grand espace resté vide.

Le groupe de Jésus, les yeux bandés, souffleté par les serviteurs de Caïphe, est placé au-dessus de la porte en haut de l'escalier pratiqué dans l'éperon nord.

La scène de Jésus devant Pilate se voit au côté ouest de la plate-forme, où elle sépare en deux la scène de la Tentation.

Le groupe de Jésus devant Hérode se trouve à l'extrémité nord de la plate-forme est.

Le Pilate du Lavement des mains termine à droite la série des sujets sur la plate-forme nord. Il faudrait rapprocher de lui le serviteur tenant l'aiguière. Il y a actuellement entre ces deux statues celle d'un personnage en houseaux — qui doit être le messager envoyé par la femme de Pilate ? et deux autres statues formant le groupe de l'Ecce Homo.

Ce dernier groupe devrait faire suite aux deux scènes, de la Flagellation et du Couronnement d'épines, qui occupent la moitié gauche du même côté de la plate-forme.

Tout le côté sud est occupé par le défilé du cortège conduisant le Christ au Calvaire. On voit, de gauche droite, Véronique, la Vierge soutenue par saint Jean, puis le Christ aidé par le Cyrénéen et entouré de soldats dans des attitudes burlesques. Un cavalier précède le cortège.

La Résurrection se trouve sur le côté ouest, au-dessus de l'autel, séparée de la Descente dans les limbes [Note : A cet endroit se voit une représentation assez animée d'un coin d'enfer. Il est de tradition d'y reconnaître la légende locale de Katel Kolet (Catherine la perdue), servante qui fut damnée pour avoir caché un péché à confesse] par la scène de Jésus au milieu des docteurs.

C'est sur le tombeau, d'où sort le Christ ressuscité, que nous lisons une des inscriptions qui datent le calvaire et qu'il faut interpréter ainsi :

1604.I. K[ER]GUERN. I. THOMAS : FAB[RIQUES]: 0 VIGOUROUX : CURÉ.

L'autre inscription est gravée sur le linteau au-dessus de l’autel :

CE MACE FUT ACHEVÉ A[N] L[AN] 1602 ET FABRIQUES LORS M. A. CORR. F. PERIOU. I. BAOD CURÉ [Note : On remarquera l'orthographe AN pour EN, fréquente dans les inscriptions françaises de Basse-Bretagne. Les fabriques étaient des administrateurs nommés d'ordinaire pour deux ans et qui ensuite rendaient compte devant le général, c'est-à-dire l'assemblée générale des habitants].

Sur la plate-forme se trouve, comme à Guimiliau, la croix du Christ, mais il y a de plus les croix des larrons. La croix du Christ supporte, placées sur des branches transversales ou contre le fût, des statues représentant la Vierge, saint Jean, saint, Pierre, la Pieta, le Christ de la Résurrection, l'Ecce Homo et deux cavaliers.

Une statue en pierre polychromée de saint Laurent, trouvée dans les combles de l'église, a été placée, il y a quelques années, sur la plate-forme.

BIBLIOGRAPHIE. — Les ouvrages généraux sur la Bretagne et l’archéologie bretonne : Abgrall (Le-chanoine) : Architecture Bretonne, 1904 ; — Courcy (Pol Potier de) : La Bretagne contemporaine ; Nantes, 1860. — Fréminville : Antiquités du Finistère, 1832 ; — Guide dans le Finistère. — Souvestre : Le Finistère en 1836 ; Brest, — 1887. — Cambry-Souvestre : Voyage dans le Finistère, par Cambry, revu par Souvestre, 1835. — Toscer : Le Finistère pittoresque ; Brest, 1906. Ces ouvrages généraux sont cités une fois pour toutes et la mention n'en reviendra plus dans les bibliographies suivantes. Abgrall (Le chanoine) : Au pays des calvaires. — Palustre : La Renaissance en France, t. III, 60.

(Par M. Lucien LÉCUREUX).

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