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LA PAROISSE ET L'EGLISE DE PLOUEZOCH

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La commune de Plouézoch s'étend sur la rive droite de la rade de Morlaix, à huit kilomètres environ de cette ville. C'est un étroit et long plateau, ou plutôt une chaine de collines au relief fortement accusé, qui s'abaissent de toutes parts, sauf au sud-est, en pentes parfois très abruptes. Pour embrasser d'un seul coup la topographie de la commune et jouir à la fois d'un beau panorama, il n'est que de gravir l'escalier tournant du vieux clocher du bourg, perché à 90 mètres d'altitude, sur une croupe rase et nue où rien ne borne le regard. Plus d'une fois, lorsque nous recueillions des notes en vue de ce travail, il nous est arrivé, après avoir durant toute l'après-midi fouillé les poudreuses archives municipales, déchiffré les écritures jaunies aux paraphes bizarrement entrelacés en lacs d'amour, de monter sur la plate-forme nous reposer les yeux et nous rafraîchir l'esprit en contemplant un des paysages de terre et de merles plus mouvementés qui se puissent voir en Bretagne.

A nos pieds, les arbres frémissants du cimetière, l'humble bourg, maisons blanches et chaumières, puis les champs, les landes, les taillis déjà roussis par l'automne. Plus loin, la rade étincelant sous le ciel d'or pâle d'une claire soirée d'octobre, les promontoires étirant leur sombre et noueuse échine, le chenal coupé de longues roches noires, le château du Taureau dressé sur son écueil, la montagne et l'église de Carantec, la chapelle insulaire de Callot, la côte de Léon, dentelée de clochers et de phares, l'infini du large... Vers le sud, c'était l'immense pays tourmenté de Morlaix, ses trente clochers émergeant des verdures, ses hautes terres étagée en plans successifs, et la silhouette bleue des monts d'Arrée se profilant à l'extrême lointain.

Mais de ce grandiose horizon, un seul coin nous occupe aujourd'hui, Plouézoch, dont nous découvrons en entier le territoire : devant nous, l’Arvor, la zone maritime de la commune, baignée par la mer depuis la sauvage combe du Dourdu jusqu'aux sables de Kernéléhen ; derrière, le Gourré, la zone élevée, continentale, que sépare de l'autre le bourg lui-même. Nous ferons donc de celui-ci le point central de notre exploration, que nous commencerons, ainsi qu'il convient, par l'église paroissiale. Sa partie la plus ancienne est le chevet, percé d'une fenêtre ogivale au tympan formé d'une petite rose flamboyante. Le chœur et les bas-côtés, restaurés en 1859, dataient de 1641-42, comme en témoigne la pièce suivante, contenue dans les registres de baptêmes, et dont le texte original latin a été déchiffré et traduit par notre savant collègue M. le chanoine Peyron : « L'an du Seigneur 1642, le 12 novembre, moi, Vincent le Guernigou, prêtre, licencié en droit, recteur de Plouézoch, en vertu des pouvoirs à moi accordés par illustrissime et révérendissime Noël Deslandes, par la grâce divine et la faveur du Saint-Siège apostolique évêque et comte de Tréguier, j'ai béni et posé la première pierre de l'église de Plouézoch dans les fondations au côté Est de la façade, en observant, les rites prescrits par le rituel romain, en présence et avec l'aide de vénérables Maîtres François Riou, Yves Berthou, François Le Louçeault, Yves Le Jeune et François Kerriel, prêtres de ladite église ».

Eglise de Plouézoch (Bretagne).

Lors de la réfection, on a supprimé l'arc triomphal de l'entrée du chœur, qui surmontait un petit campanile muni d'une cloche bénite le 12 juin 1644 et nommée Renée par « haut et puissant Claude du Louet, Sgr de la Villeneuffve, Kergus ; et dame Rennée de la Marzelière, dame douarière de Goezbriand et propriétaire de Trievin, Kergrech ». Les piliers et les arceaux du chœur sont cependant-demeurés anciens ; aux clefs de voûte se voient les armes des Goezbriand : d'azur à la fasce d'or, que l’on retrouve encore au portail latéral, au-dessus de la maîtresse-vitre et sur la tour en ces deux dernières places, elles chargent un écusson incliné à l'antique, supporté par deux lions, timbré d'un heaume et entouré du collier de Saint-Michel.

La date de 1627 se lit sur la tour. « La première pierre du clocher naguère élevé dans la partie occidentale de ladite église, continue l'acte précité, a été bénite et posée par moi le 13 juillet 1627, en foi de quoi j'ai signé les présentes, V. Guernigou ». Très original avec son avant-corps formant logette ou chambre des archives couverte en appentis et reposant sur deux colonnes de granit cannelées, l'encorbellement en forte saillie de sa galerie ajourée, sa flèche aigüe et sa tourelle d'escalier surmontée d'une vieille statue de pierre de la Vierge, le clocher de Plouézoch frappe par la robustesse un peu lourde et le cachet particulièrement breton de son architecture.

Dans les registres paroissiaux, on ne relève pas moins de dix baptêmes de cloches, dont sept, de 1599 à 1778, se rapportent à l'église principale. Le plus ancien de ces actes est d'une rédaction curieuse.

« Le mercredy dernier jour de juign lan de grace mil cincq centz quattre vingtz dix neuff, ennvyron les trois heures après midy furent faict et fonté les deulx cloches de nostre église pochielle de Plouezoch, auprès de la cymittière dicelle, par ung ouvrier nomé Me Jan Cadoudal, de levesché de Léon, le vandredy ensuyvant jor de la Visitaon de Notre-Dame après vespres furent lesd. cloche tyrées de la fosse, l'une pesant anvyron 93 livres et lauttre anvyron 33 livres esquelz sont les armoiries de la seigneurye de Goezbriand et le nom de Me Françoys Le Loucze, recteur de lad paroisse.

Le dimanche prochain ensuyvant, 4e jo. de juillet audit an, a lissue de la grande messe en grande assamblée de peuple furent les cloches bénistes et baptizées sollennellement par moy Me François Le Loucze, prestre recteur de lad parroe et fust la grande nommée Renée par la représentation et présence de noble et puissante dame Renée de la Marzillyere, dame de Goezbriand, Trievin, Kerantour, Keraudy, Bren, Lanouverte, Coatcoazer et fust por parrain escuyer Pierre du Goezlin, sgr du Coskaer [Note : Pierre du Goezlin, s. du Cosquer, Quinquizou époux vers 1592 d'Anne Parcevaux, veuve de François Pastour, s. du Launay], et la peine fust nommée Jacques par la présance de nobles homs Jacques de Keraldanet sgr. de Kervern, Rozangavet [Note : La terre de Rosangavet n'a jamais appartenu aux Keraldanet et nous ne savons comment expliquer la présence de ce Jacques de Keraldanet à Plouézoch, à moins qu'il ne fût peut-être tuteur des enfants mineurs de Jean Cazin et de Marguerite de Launay, sr. et dame de Rosangavet], et fust, por marraine damslle Louyse Estienne, dame du Roslan, Kerveguen — le tout faict au cymittière de lad. esglise devant le grand portail dicelle, le jour et an que devant. — F. Le Loucze. pr. recteur ».

La première de ces deux cloches, refondue le 28 juillet 1649, fut de nouveau nommée Renée « par escuyer René de Guicaznou, sr de Kerandulven, et dame Renée de Toulbodou, dame douarière de Kerandulven et proppriétaire de Kernoter, Coatquéau, le Scozou, et mère dudit Sieur de Kerandulven ».

Le 25 juillet 1684, Missire Vincent Prigent, recteur de Plouézoch, assisté de vénérables et discrètes personnes Missires Hervé Prigent, ci-devant recteur de Plouézoch, et Henry Primaigné, recteur de Garlan, procéda à la bénédiction solennelle d'une cloche du poids d'environ huit cent livres, « que le général des paroissiens dudit Plouézoch ont fait dernièrement refondre pour l'usage de l'église paroissiale, à laquelle cérémonie ont esté présents pour l'imposition du nom de Saincte Thérèse, sous l'invocation de laquelle ladite cloche a esté beniste, haut et puissant Messire Yves marquis de Goezbriand, gouverneur pour le Roy du chasteau du Torreau, ports et havres de Morlaix et pais circonvoisins. Escuyer des grandes et petites escuryes de sa Majesté, Mareschal de camp de ses armées, collonel général du ban et arrière-ban de l'évesché de Sct Brieuc, capitaine de cent hommes d'armes des ordonnances de sa Majesté, seigneur fondateur de lad paroisse de Plouézoch, et damoiselle Jeanne Thérèse Josset, dame de la Noo, lesquels ont voulu estre présens à ladite cérémonie et imposer, conjoinctement le nom à lad. Cloche ».

Le même jour, il bénit une seconde cloche « qui fut dedyée à la gloire de Dieu sous l'invocation et nommée Marie par noble homme Yves Ferrière, Seigneur de Bussé et de Kernoter, auquel à cause de sadite terre de Kernoter, dans l'estandue de la paroisse de Plouézoch, appartient une chapelle prohibitifve dans l'église dudit Plouezoch dont la porte sert à présent pour l'entrée à la sacrystie de ladite Eglise, pour marque de quoy on a conservé en ladite sacrystie le bénistier qui estait au dehors avec le fretté [Note : Guicaznou, Sgr. de Kernoter : d'argent fretté d'azur] qui y est pour armes, et damoiselle Marie Corroller, femme de Jacques Allain, sieur de la Marre et du Rest audit Plouézoch, ausquels à cause de ladite terre du Rest appartient après le Seigneur fondateur les premières prééminences dans la dite église » (Registres paroissiaux, cahier de 1684).

Un siècle après, Jacques Louis Guino, chanoine et official de Tréguier, recteur de Plouézoch de 1775 à 1778, plus tard député du clergé à l'Assemblée nationale et l'un des chefs de l'église constitutionnelle du Finistère, fit faire par le sieur Guillaume, maître fondeur à Morlaix, une cloche « pour ètre mise au clocher de céans du côté du midy, pesante environ huit cent cinquante livres, chargée : 1° des armoiries en alliance de Monsieur le comte de Pastour de Kerjan et de madame la comtesse de Goëbriand de Kerjan-Pastour, son épouse ; 2° des armoiries de feu Monsieur Michel, en son vivant trésorier général de l'artillerie et du génie, seigneur fondateur de Plouézoch, à laquelle cloche a été imposé le nom de François-Marie-Magdelaine par haut et puissant seigneur François-Toussaint Pastour, seigneur, comte de Kerjan, enseigne des vaisseaux du Roy, et par haute et puissante dame Marie-Magdelaine de Goëbriand, dame comtesse de Kerjan, le 28 avril 1778, en présence de MM. Barazer de Lannurien et Malescot de Kerangoué, procureur fiscal et sénéchal de Coatcoazer, et de divers membres des familles nobles des environs » (Registres paroissiaux. Cahier de 1778).

Par son arrêté du 18 pluviôse an II (6 février 1794) le conseil général de la commune décida « que les cloches existant, dans les chapelles que dans la tour de ladite commune seront descendues en bref délay ; arrête en outre que ces cloches seront transportées au chef-lieu du district de Morlaix, à l'exception de la grande cloche du côté du nord du clocher et de la petite posée au clocher du milieu de l'église ». Les cloches actuelles sont modernes.

En fait de mobilier ancien, l'église de Plouézoch a conservé fort peu de choses. A gauche du chœur, la chapelle de Goezbriand, jadis privative à cette famille, renferme un vieux tableau du Rosaire, la statue de Saint-Jean-Baptiste vêtu d'une robe en poil de chameau, et celle de Saint-Eloi en évêque, armé de sa crosse et de ses tenailles. De l'autre côté, un enfeu ogival orné d'un écusson mi-parti d'un lion, accompagné de sept billettes, qui est Pastour de Kerjan, et d'un burellé dix pièces, qui est Quélen, abrite sous son arcade une Pitié provenant de la chapelle du cimetière, aujourd'hui démolie. Les orgues, qui dataient du dix-septième siècle, ont disparu, ainsi que toutes les vitres armoriées, les lisières et les tombes seigneuriales plates ou enlevées qu'énumère le procès-verbal des prééminences de l'église dressé le 29 septembre 1679 par François Bouyn, sieur de Rains, maître à la Cour des Comptes et commissaire pour la réformation du domaine royal dans la châtellerie de Morlaix-Lanmeur. (Mss. A. 19 des Arche départ. fos 163-165).

D'après ce procès-verbal, la maîtresse-vitre contenait quatorze écussons : Bretagne plein ; Bretogne et Navarre, Goezbriand et alliances, Quélen, dépendant de la terre du Rest, Ploësquellec parti de du Chastel, de la terre de Triévin-Bruilliac ; Pastour et alliances, de la terre de Kerjan. Missire Hervé Prigent, recteur, déclara que les prières nominales se disaient pour le sieur marquis de Goezbriand. fondateur de ladite église, que la lizière tant extérieure qu'intérieure était exclusivement chargée de ses armoiries, lesquelles se voyaient en supériorité dans tous les vitraux, sculptées aux clefs de voûte du chœur et de la nef, et peintes sur le lambris ; qu'il possédait encore deux bancs dans le chœur et plusieurs tombes dans la chapelle du Rosaire. Ces écussons et armoiries, ainsi que ceux des autres prééminenciers de l'église, les sieurs de la Villeneuve, Kernoter, de Kerjan, de Rosangavet, du Roslan et de Keristin, furent effacés et brisés sous la Révolution, en vertu du décret de l'Assemblée nationale du 19 juin 1790 et de l'arrêté par lequel le district de Morlaix ordonna, le 17 frimaire an II, la destruction des emblèmes royaux et nobiliaires dans son ressort « En effet de conformer au loy du Convention relative à la dégradation des affugies du cidevant Roy, dit une délibération du conseil de Plouézoch du 22 frimaire, nous maire et officiers municipaux arrette et arrettons que tous armoiries et affugies du ci-devant Roy seront dégradés en pierre, et auté cy on peut les armines qui sont gravés en boas, ainsi que ceux qui sont au vitre au Resort de notre commune ».

La chapelle du cimetière, dite de Notre-Dame-de-Pitié, se trouvait au nord de l'église et avait été vraisemblablement construite pour sanctifier la sépulture des pestiférés, au dix-septième siècle. [Note : D'après l'acte latin porté sur un registre de baptêmes par Vincent Le Guernigou, recteur, « le cimetière qui joint le nord de ladite église fut béni le 12 février 1641, en présence d'un concours considérable de peuple, pour servir à l'inhumation des corps des fidèles, spécialement de ceux qui meurent de la peste »] C'était le lieu habituel de réunion du Général des paroissiens ; pendant la Révolution, elle servit d'abri aux gardes nationaux de la commune. Le reliquaire a également été démoli. Devant le porche latéral existe une curieuse croix hosannière avec pupitre contre le fût cannelé et petit crucifix encadré dans un médaillon en quatrefeuille, qui, selon notre érudit collègue M. le chanoine Abgrall, pourrait dater du quatorzième siècle. Une vieille croix pattée monolithe se voit aussi encastrée à l'angle sud du cimetière.

Au point de vue féodal, la paroisse de Plouézock relevait autrefois des juridictions réunies de Coatcoazer, Bren et Triévin, dont la haute justice s'exerçait à Lanmeur. Le fief de Coatcoazer, situé en Plouégat-Guerrand, appartenait à la maison de Goezbriand depuis le mariage, en 1277, d'Alain de Goezbriand, seigneur dudit lieu et de Kerantour, avec Denise du Ponthou, fille et héritière de Jacques du Ponthou, seigneur de Barnénez et de Louise, dame de Coatcoazer. « Il est prouvé, lit-on dans une ancienne généalogie de cette famille [Note : Communiquée par M. de Bergevin], par les deux actes du jeudi après la Sainct Mahé et du lundi ès octaves de la Toussaint 1322 que ledit Allain, comme gentilhomme et à cause de sa noblesse, avoit le droit de haute et basse justice et de faire punir par sa cour ses subjectz délinquantz ». Le pilori de cette juridiction se dressait au milieu de la place du bourg ; c'était, dit le procès-verbal de 1679, « un poteau armoyé des armes de Goezbriand en plain et d'autres escussons escartelez en alliance avec ledit de Goezbriand, auquel poteau il y a un colier de fer pour attacher les jureurs et blasphémateurs ». La branche aînée des Goezbriand transmit par alliance en 1744 à la famille de Saint Tropez le fief de Coatcoazer, qui passa ensuite par acquêt aux Michel. Le dernier sénéchal de Coatcoazer, M. Malescot de Kerangoué, avocat à Morlaix, a péri sur l'échafaud de Brest, le 18 thermidor (3 août) 1794, comme coupable « d'avoir entretenu des correspondances criminelles avec les ennemis extérieurs et intérieurs de la République française, en leur faisant passer des secours en argent ». (Histoire de Brest, de Levot, t. III, p. 367).

Les registres de baptêmes déposés à la mairie remonter jusqu'à 1524, avec toutefois de nombreuses lacunes dans les feuillets du début. Le premier recteur dont il y soit, fait mention, vers 1550, se nommait Yvon Jegaden ; son successeur, Vincent Loucze, baptisa le 2 octobre 1566, sous le nom de François, un enfant né de Rolland an Achiver et de Marie Tugdoal sa femme, lequel lui fut présenté par François Braouézec et Charles Baill, parrains, et Marie Rolland, marraine. Se doutait-il, le bon prêtre, en versant l'eau sacrée sur le front du nouveau-né, qu'il donnait à l'Église et faisait chrétien un futur évêque de Rennes ?... En tout cas, ce n'est sans doute point sans fierté que plus tard, lorsque le petit paysan de Plouézoch eut ceint la mitre des Lunaire et des Melaine, le recteur François Le Loucze apposa en marge de son acte de baptême cette note : Fuit épiscopus Redonensis.

François. Lachiver avait deux frères ainés, Tanguy et Guillaume, baptisés le 17 novembre... et le 23 janvier 1557, et trois sœurs, Marie, Jeanne et Isabelle, nées en 1559, 1569 et 1570. Il dut commencer ses études ecclésiastiques sous la direction de Messire Jean de Botglazec, recteur de Plouézoch de 1568 à 1594 ; le 23 novembre 1584, il est parrain de sa nièce Marie, fille de son frère Guillaume An Achiver et de Marguerite An Réguer, et se qualifie dans l'acte de sous-diacre. Ordonné prêtre, il devint le précepteur et l'ami du P. Quintin, dont il n'était l'aîné que de trois ans. Ils se rendirent ensemble à Paris pour y suivre les cours de la faculté de théologie, mais la guerre civile les sépara bientôt. François Lachiver partit pour Rome, où son rare mérite et, ses hautes qualités lui valurent la très honorable charge de pénitencier des Bretons. En 1602, le cardinal Olivier, alors évêque de Rennes, « cognoissant sa piété et zèle à l'advenement de l'Église » lui résigna son siège, et il fit une entrée solennelle dans sa ville épiscopale le 1er septembre 1602. Après avoir édifié son troupeau par ses vertus, coopéré à un grand nombre de pieux établissements et siégé en 1615 aux Etats Généraux en qualité de premier député de Bretagne, il mourut à Rennes, le 21 février 1619 (Albert le Grand, catalogue des évêques de Rennes, p. 52-53, éd. de 1659). En 1616, passant à Morlaix, François Lachiver avait voulu revoir sa paroisse natale, ses parents et ses amis. Il se rendit ensuite au château du Taureau et y chanta la messe en grande pompe.

De 1623 à 1671, le pasteur de la paroisse fut Messire Vincent le Guernigou, licencié en droit, notaire apostolique, recteur vigilantissime de Plouézoch. Il mourut le 24 mars 1675 au manoir de Coatquif, près du bourg, chargé d'ans et de mérites, et alla recevoir la récompense de ses labeurs qu'énumère en ces termes son acte de décès : « gouverné au spirituel la paroisse de Plouézoch l'espace de cinquante ans avec toute justice et sobriété, annoncé la parolle de Dieu avec doctrine, zèle et bénédiction en plusieurs lieux, servy d'arbitre charitable et pacifié par sa prudence plusieurs différens, fait bastir a neuf et pourveu de riches ornements son église paroissiale et y avoir estably les confrairies du Saint-Rosaire, la Charité pour les pauvres malades et l'aumosne de bleds pour les valides, réglé la sépulture ecclésiastique pour les personnes de condition commune, constitué successeur à son bénéfice depuis les quatre ans, faict acte de partage de tous ses biens aux églises, aux pauvres et à ses parents comme tels, pressenty a temps et disposé toute chose pour son décès dans un plain usage du jugement et de tous les sens extérieurs ou intérieurs, sans aucune fiebvre ou maladye... Son corps fust porté par les pauvres de la paroisse pour être inhumé dans le cimittière adjacent à l'église paroissiale, suivant sa disposition testamentaire et pour devenir témoignage de la grande humilité qu'il a pratiquée en toute sa vie » [Note : Reg. paroissiaux : cahier de 1684. Cet acte de décès a été rédigé par Messire Henry Primaigné, notaire apostolique et recteur de Garlan].

A l'époque de la Révolution, le recteur de Plouézoch était M. René Geffroy. Ayant refusé le serment, il dut abandonner sa charge à un curé constitutionnel, le citoyen Yves-François Morvan, désigné par l'assemblée électorale du 10 avril 1791. Les registres de délibérations de cette époque antérieurs à juin 1793 ont malheureusement, disparu des archives municipales ; aussi ignorons-nous les détails de « l'affaire de Terénez » où les gardes nationaux de Plouézoch et Plougasnou, arrêtèrent, en octobre 1791, plusieurs familles nobles du pays au moment où elles s'embarquaient pour émigrer en Angleterre, et après avoir quelque peu malmené les aristocrates, les détroussèrent de fond en comble. Depuis, c'est toujours avec un certain orgueil que les patriotes de Plouézoch se remémoraient le triomphe remporté sur « ces hommes pervers qui voulaient fuir leur patrie pour y revenir le fer et le feu à la main ». Le héros de cette expédition fut le citoyen Jean Le Noan, alors maire de Plouézoch, plus tard nommé administrateur du Finistère. Arrêté sous la Terreur comme fédéraliste, mais plus heureux que ses vingt-six collègues immolés le 22 mai 1794 par le monstrueux tribunal révolutionnaire de Brest, il en fut quitte pour une assez longue incarcération à Paris. Nous avons trouvé à la mairie de Plouézoch un fragment de pétition présentée par le conseil général de la commune au comité de Surveillance de la Convention afin d'obtenir l'élargissement de Le Noan. Voici ce document qui n'est pas daté, mais doit être contemporain des événements de thermidor :

« La Convention, par son décret consolateur du 21 messidor, rappelle dans leurs champs les cultivateurs qu'une longue détention a assez punis. Déjà plusieurs ont senti les bienfaits de cette loi qui va faire fleurir l'agriculture en lui rendant les bras qu'un moment d'erreur, quelques propos inconsidérés lui avaient enlevés. Nous réclamons la même faveur pour le citoyen Jean Le Noan, natif de la commune de Plouézoch, district de Morlaix. Dès l'aurore de la Révolution, il montra le plus pur, le plus ardent patriotisme, et si ses concitoyens ont toujours été dans les vrais principes, ils le doivent à son zèle, à l'énergie et à la sage fermeté qu'il a déployée en plusieurs occasions contre les ennemis de la chose publique ; nomément le ... octobre 1791 (style esclave) dans l'affaire dite de Térenès, où, à la tête d'une poignée d'hommes, il arrêta une barque chargée d'effets précieux et de quarante personnes qui émigraient. L'or et l'argent saisis vont enfin, après de trop longues discussions, prendre le chemin de la Monnaie. Eh bien, citoyens représentans, c'est en faveur de ce bon, de ce vrai citoyen que nous réclamons vos sollicitudes, il y a huit ou neuf mois qu'il languit à la Conciergerie (N° 13). En vain jusqu'à ce jour avons-nous envoyé les certificats les plus vrais, visés par les autorités et la Société populaire de Morlaix, nous sommes restés sans réponse, et rien ne nous tranquilise sur le sort de notre estimable concitoyen, si ce n'est votre justice et son innocence. .......... [Note : Mots illisibles] et la confiance de ses concitoyens ont causé les ........ [Note : Mots illisibles] et le désastre de sa modique fortune, ils le nommèrent membre du ci-devant Directoire du département du Finistère. Dans cette place, il a continué à justifier notre attente. Le fédéralisme dont peut-être il ne sait que le nom ne l'atteignit jamais. D'ailleurs, dans ces moments orageux, il nous a bien assuré qu'il n'a jamais partagé les sentiments de ceux dont la tête est tombée sous le glaive de la Loi, et n'avoir, à sa connaissance, rien signé de contraire à l'unité et à l'indivisibilité de la République ».

On retrouve Le Noan, en 1798, président de l'administration du canton de Plouézoch — érigé en 1790 et comprenant les quatre communes de Plouézoch, Plougasnou, Saint-Jean-du-Doigt et Garlan, puis supprimé à la suite d'un arrêté des consuls du 17 ventôse an VIII, et rattaché à celui de Lanmeur. — Il fut encore maire de Plouézoch sous l'Empire et la Restauration, et les registres nous ont conservé le texte du discours tout brûlant de zèle monarchique qu'il prononça lorsqu'après les Cent jours et la définitive chute de Napoléon, il fit arborer solennellement le drapeau blanc au faite du clocher.

Plusieurs faits intéressants seraient à glaner dans les archives de la commune, si ce n'était, par trop sortir du cadre de cette excursion : fêtes républicaines pittoresquement narrées, chasses aux prêtres réfractaires, épisodes de chouannerie, surtout lourdes et incessantes réquisitions exigées à grand renfort de garnisaires et sans rénumération aucune.

Avant de quitter le bourg, n'oublions pas de mentionner la Grande Maison, fruste manoir gothique qui doit être le berceau de cette famille de Plouézoch que mentionnent les premières réformations du Tréguier, en 1427, et qui portait : de sable fretté d'or de six pièces, à la bordure engreslée de gueules. Au presbytère, on voit, sur un manteau de cheminée un écusson chargé d'un buis arraché sénestré d'un poisson en pal, armes des la Boissière-Plourin.

(Louis Le Guennec).

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