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LE CLERGE DE PLOUDANIEL APRES LA REVOLUTION |
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RECTEURS
Mathieu Masson (1804-1809). Né à Porspoder le 9 novembre 1734, Mathieu Masson reçut la prêtrise en 1759 et fut nommé recteur du Drennec en 1771. En 1791, il refusa le serment et resta caché dans le pays. Après la Révolution nous le trouvons à la tête de la paroisse de Ploudaniel.
Quelques lettres de lui, conservées à l'Evêché de Quimper, nous permettront de faire plus ample connaissance avec ce confesseur de la Foi. Voici ce qu'il écrit à l'Evêque le 3 février 1804 :
« Monseigneur, Conformément à vos ordres j'ai, le quinze janvier, pris possession de la succursale de Ploudaniel et en conséquence j'ai délogé du Drennec pour me fixer au dit Ploudaniel. Cette dernière succursale, selon ce que m'a dit le greffier de la municipalité, est habitée par quatre ou cinq mille âmes, a deux lieues et demie de longueur et deux de largeur. Nous y sommes à présent quatre prêtres. Moi, j'ai 69 ans trois mois ; je me porte aussi bien que mon âge avancé peut le permettre. M. Morvan, ancien curé ou vicaire, a cinquante et un ans, a travaillé tant en desservant presque tout seul la paroisse, que depuis six mois il ne se porte pas trop bien, quoiqu'il aille toujours. M. Le Duff mène une vie d'ermite près d'une chapelle de la paroisse, confesse, m'a-t-on dit, une vingtaine de personnes élues et ne donne la communion ni l'extrême-onction à personne, de sorte qu'on est obligé, quand ses pénitents tombent malades, d'aller après lui leur administrer les sacrements. M. Berthou, également saint homme et très régulier en tout, mais d'une science très médiocre, ne voulait pas avant la Révolution être approuvé, mais qui depuis la Révolution a consenti, pour soulager M. le Curé, d'être approuvé pour les malades seulement. Il a environ cinquante ans. Il y a dans la paroisse aussi deux vieux acolytes. L'un a environ soixante-dix ans, l'autre, environ cinquante-quatre. Il y a aussi deux étudiants. L'un a fait sa troisième et a étudié depuis, de sorte qu'il explique très bien les auteurs latins. L'autre n'a pas été au collège, mais M. Le Duff, qui est son précepteur, m'a dit qu'il ferait un bon troisième. Ces deux étudiants désirent se faire prêtres, mais ils ne peuvent se procurer un titre ; puis-je leur donner quelque espérance qu'on se relâchera de cette rude loi ?
D'après le tableau ci-dessus j'espère que vous voudrez bien m'accorder un troisième confesseur, mais je crains que celui que votre Grandeur aura la bonté de m'envoyer ne donne ombrage à M. Morvan. Pour moi je m'arrangerai fort bien avec M. Morvan et j'espère qu'il me restera, à moins que vous n'ayez d'autres vues sur lui. Je vous dirai cependant qu'on m'a assuré que M. Gourmelon, de Saint-Yvi, serait bien aise d'être avec moi et moi, de mon côté, serais bien aise de l'avoir. Quant à M. Berthou, comme M. Henri ne voulut l'approuver que pour les cas de nécessité, ce serait à moi une témérité de vouloir le faire approuver généralement, à moins que votre Grandeur ne veuille le faire examiner de nouveau par M. Troérin ou M. Puiféré. M. l'abbé Troérin veut bien se charger de vous faire passer une coupe de calice et une patène pour notre église que je vous prie de consacrer ».
Nouvelle lettre du 13 février qui nous donne des détails intéressants sur la paroisse, les prêtres, les chapelles : « Monseigneur, je m'empresse de vous présenter mes respects et ma soumission, en répondant aux questions que vous me faites :
« 1. Le patron de la succursale de Ploudaniel est Saint Guinien, confesseur.
2. Je ne puis encore dire au juste le nombre des habitants de la succursale, mais le greffier de la municipalité, qui doit être le plus instruit sur cela, m'a dit qu'il y en avait environ quatre à cinq mille âmes, tous communiant et se confessant à l'exception des enfants et très peu de brebis égarées.
3. Cinq prêtres me paraissent nécessaires pour la desserte de la succursale, car deux sont obligés de passer leur temps en route pour aller à une lieue, et à une lieue et demie dire la messe dans des chapelles et ne pourront confesser que très peu de monde après être de retour ».
Ici sous les numéros 4, 5 et 6, M. Masson fournit quelques détails sur lui-même et les prêtres qui l'assistent : Yves Morvan, Jean Le Duff et Yves Berthou « né sur la succursale de Lanhouarneau, le 18 août 1754, promu au sacerdoce à la Saint Mathieu 1785, prêtre de Ploudaniel », puis il ajoute :
« 8. Il n'y a pas dans la succursale de Ploudaniel de chapelle disponible ; celles qui sont ont été achetées par des bons chrétiens pour les céder à l'usage qu'on en faisait avant la Révolution, à cette condition néanmoins de se faire rembourser sur les offrandes après un entretien suffisant. Ces chapelles sont : 1° Saint-Eloi, distante de la succursale de Ploudaniel d'une lieue, et demie. M. Berthou y dit la messe matinale et fait catéchisme le matin, et un écolier y fait le catéchisme l'après-dîner. — 2° Sainte-Pétronille, distante de l'église succursale d'une petite lieue ou trois bons quarts de lieue. M. Le Duff y dit la messe matinale, y fait le catéchisme le matin et un écolier le fait l'après-dîner.
9. Il y a une chapelle domestique dans la commune et, qui en certain cas pourrait être utile à la paroisse, mais avant d'en rien dire il faut parler au propriétaire, et savoir l'avis du Conseil Municipal, je compte de vous en écrire dans la suite ».
Une lettre du 5 novembre 1803 nous montre le bon recteur en détresse : « ... Permettez-moi, Monseigneur, de vous exposer mon état dans cette succursale. J'aurai, dimanche prochain, soixante-douze ans. La succursale de Ploudaniel est d'une grande étendue, depuis un demi-quart de Lesneven jusqu'à trois quarts de lieue de Landerneau et je suis seul, depuis un mois, et je ne sais pas encore pour combien de temps, pour administrer les malades ; M. Morvan est infirme depuis un an, il confesse son monde à l'église, mais ce n'est qu'à grande peine qu'il peut s'y rendre. M. Le Duff confesse aussi, et même les malades, mais il ne communie et ne donne l'extrême-onction à personne, de sorte qu'on est toujours obligé d'aller après lui. M. Berthou, qui m'aidait beaucoup, en passant un fossé et en tombant, s'est fait une si forte contusion au genou qu'il ne peut se tenir sur ses jambes depuis un mois. J'aurai bien souhaité pouvoir espérer que messieurs Gouliou et M. Huguen fussent prêtres avant de vous demander de l'aide, mais si la maladie vient dans la paroisse ou que M. Berthou ne se rétablit pas bientôt, je serai obligé de vous en demander sous peu ; je ne tarde à vous en demander que parce que j'ai une petite espérance en Monsieur Berthou et peur de l'affliger ».
Seul à faire toute la besogne paroissiale, le pauvre homme, de surcroît, est très mal logé, et voici ce qu'il mande à l'Evêché le 8 mars 1807 : « Monseigneur, Permettez-moi, je vous supplie, de vous faire mes humbles remerciements de la bonté que votre Grandeur a eue de m'envoyer M. Guennégan pour vicaire. Comme toutes les maisons des prêtres dans le bourg ont été vendues pendant la Révolution, j'ai été obligé de le loger dans une chambre du presbytère où la pluie tombe en plusieurs endroits, et où le vent entre de toutes parts, le toit, les portes, les châssis, les croisées des fenêtres étant en mauvais état. Depuis trois ans que j'habite au presbytère Monsieur le Maire me dit avoir envoyé à la préfecture l'état estimatif des réparations à faire sur le presbytère avec sa pétition pour être autorisé à les faire faire, mais qu'il ne reçoit aucune autorisation ni même réponse. Dans cette position mes amis m'ont conseillé de supplier votre Grandeur d'avoir la bonté de s'intéresser pour moi auprès de Monsieur le Préfet pour l'entérinement des requêtes de Monsieur le Maire. Connaissant votre bonté et l'intérêt que vous prenez aux besoins de vos sujets, que vous aimez si tendrement, je n'ai pas hésité à prendre le parti que mes amis m'indiquaient. Je supplie donc votre Grandeur d'avoir la complaisance d'engager, s'il est possible, Monsieur le Préfet à autoriser Monsieur le Maire à faire faire les réparations du presbytère, sur les deniers de l'octroi de la paroisse, comme il le demande par ses pétitions ; ce sera pour moi un surcroît d'obligation de prier Dieu pour votre bonheur dans ce monde et dans l'autre ».
Quatre jours plus tard, Mgr Dombideau de Crouseilles intervenait près du Préfet et M. Masson de lui témoigner sa gratitude par la lettre suivante, datée du 2 avril 1807 : « Monseigneur, Je suis très sensible à l'intérêt que votre Grandeur a la bonté de prendre à mes affaires ; je lui en fais mes humbles remerciements. M. le Maire a pris sur lui de faire faire les réparations du toit du presbytère, après la lecture de votre lettre, et étant à présent à couvert de la pluie, nous attendons volontiers encore quelque temps, jusqu'à qu'il ne plaise à Monsieur le Préfet de nous autoriser de prendre de la caisse de l'octroi, qui originairement, a été pour ce établie, les fonds à ce nécessaires, et les fonds s'y trouvent. Monsieur le Maire a déjà prouvé son zèle pour la religion en faisant faire dans la paroisse une souscription volontaire de cinq mille quatre cents livres pour les réparations de l'église, qui était entièrement sans couverture et sans aucun meuble en 1801, aussitôt qu'il en eut la liberté. En conséquence je supplie votre Grandeur de nous laisser avec ce peuple qui n'est pas riche et qui ne peut l'être, vu la non-valeur des denrées, la cherté des fermes, et de tout ce que le paysan est obligé d'acheter. M. Guennégan est content chez moi et me quitterait avec regret comme je le regretterai s'il me fallait le quitter... ».
Dans la
lettre suivante, datée du 15 novembre 1807, le recteur de Ploudaniel songe à
organiser une mission dans sa
paroisse, et il demande l'avis à ce sujet de Mgr Dombideau : «
Monseigneur, Je suis très aise et comblé de joie en vous annonçant que des personnes
pieuses m'ont témoigné leur désir, de voir une mission dans cette succursale
et d'en faire les frais. Je supplie votre Grandeur d'avoir la bonté de nous
l'accorder l'été
prochain. Cette mission fera d'autant plus de bien dans cette paroisse qu'on ne
peut connaître s'il y en a jamais eu. Ici comme ailleurs il y a des bons et des
mauvais, les bons en deviendront meilleurs et les mauvais deviendront bons pour
la gloire de Dieu et par sa grâce. Il nous reste peu en vie des anciens missionnaires de ce pays. En voici les
noms, vous en ferez l'usage qu'il plaira à Votre Grandeur : M. Corre, curé de
Saint-Pol ; — M. Floch, curé de Sizun ; — M. Le Duc, curé
de Lannilis ; — M. Puiféré, curé de Lesneven ; — M. Branellec, curé de
Plouzévédé ; — M. Mocaer, curé de Plabennec ; — M. Richou, curé de
Saint-Thégonnec ; — M. Poullaouec, curé de Saint-Renan ; — M. Roulloin,
curé de Ploudalmézeau ; — M. Laot, curé de Taule — M. Cloarec, desservant
de Plouguerneau ; — M. Perrot, de Ploumoguer ; — M. Le Fur, desservant de
Guicourvest ; — M. Kermergant, de Plouarzel ; — M. Pelleteur, de Landunvès
; — M. Laurent, de Cléder ; — L'abbé, de Plouzané ; — M. Kerboul, de Landéda.
Ce sont ceux qui venaient autrefois aux missions, on pourrait ajouter à ceux-là
: M. Picard, de Plouider ou son vicaire qui se distingue par la prédication et
qui, étant près d'ici, peut venir nous donner quelque sermon pour se former et
se perfectionner ; — M. Cloarec desservant du Drennec ; — M. Kerébel, de
Plounéves
; — M. Gourmelon, de Milizac ; — M. Le Gouarch, de Kernilis ; — M. Floch,
vicaire de Lesneven ; — M. Borose ou Jacob, de Landerneau. Je
crois bien que beaucoup de ces messieurs s'excuseront, et que votre Grandeur
voudra bien nous envoyer plusieurs de cette partie de votre diocèse, car je
pense qu'une vingtaine de missionnaires sont nécessaires pour bien faire la
besogne ; il n'était pas d'usage dans les missions que les prêtres de la
paroisse confessassent, excepté ceux des autres paroisses voisines qui
voudraient profiter des instructions... »
L'apostolique
projet du bon recteur fut favorablement accueilli par l'évêque, auquel M.
Masson demande le 13 décembre de fixer l'époque de la mission : «
Monseigneur, J'ai tardé à répondre à votre Grandeur pour m'assurer de plus en plus
de la
bonne volonté de mes paroissiens dans la circonstance présente de
l'augmentation exhorbitante du prix des vins. Grâce à Dieu, ils n'en sont
point déconcertés et désirent toujours ardemment que la mission ait lieu l'été
prochain. Le temps le plus commode pour les missionnaires, est qu'elle commence ou le
troisième dimanche après Pâques pour finir au cinquième, ou le troisième
après la Pentecôte. Votre Grandeur voudra bien choisir l'époque qu'il lui plaira, afin
qu'elle
puisse nous venir vers la fin de la mission pour donner la confirmation. Je n'ai pas osé écrire aux missionnaires desquels je vous avais parlé dans ma
dernière lettre, j'ai cru que des pasteurs aussi zélés pour sa résidence ne
se détermineraient pas à la quitter sur ma parole et sans vos ordres. Je supplie donc votre Grandeur d'avoir la bonté de leur faire adresser des
mandats »
Et voici
que se poursuivent les préparatifs de la mission : « Ploudaniel, 20 mars 1808. —
Nous, fabriciens, considérant qu'il est urgent de
fournir à notre église les linges nécessaires et des ornements pour environ
25 prêtres qui doivent l'été prochain
venir nous donner une mission dans notre église — et comme nous n'avons que
deux autels dans notre église, il est encore nécessaire de faire deux autres
: un dans la chapelle de Saint-Jean et l'autre au Reliquaire, considérant
encore qu'il faudra avoir une croix de mission, il est temps de voir où l'on
trouvera des pierres de taille et de faire travailler à la masse de la croix
et au calvaire. En conséquence, nous nommons Alain Stamou trésorier de notre
fabrique à faire toute diligence aux réparations de deux autels, et le maire
pour la croix »
Le 20
juin 1808, M. Masson écrit, à l'évêque une dernière lettre au sujet de sa
mission : «
Monseigneur, Il y a quelque temps que je n'ai pas écrit à votre Grandeur. Connaissant que
vous êtes surchargé d'affaires à cause du vaste diocèse que vous avez à
gouverner j'ai craint de vous en surcharger, et je me suis adressé depuis à
Monsieur l'abbé du Poulpiquet pour les affaires de la mission, mais à présent
je ne puis ne pas témoigner à votre Grandeur le désir sincère que nous
avons, clergé et paroissiens de Ploudaniel, de vous y posséder dans le cours
de la mission, et prions le Seigneur de vous conserver en bonne santé
pour venir donner la Confirmation. Nous avons environ sept ou huit cents à
confirmer auxquels vous joindrez les paroisses que votre Grandeur jugera à
propos de joindre. Nous n'avions dans notre église que deux autels depuis la
Révolution, de
sorte que j'ai élevé deux autres, ou pour mieux dire, j'ai placé deux pierres
d'autel portatif une à l'église et l'autre à la chapelle du Reliquaire où
l'on disait la messe avant la Révolution et aussi après, tandis qu'on rebâtissait
l'église, mais l'autel était trop près de la porte et je l'ai fait mettre au
pignon, écarté de la porte. L'une de ces pierres m'a été donnée par le propriétaire de la maison du
Poulpry comme une chose qui lui devenait inutile, je suis cependant bien
persuadé qu'il ne l'a pas profanée ni fait aucun changement ; l'autre je l'ai
trouvée à l'église dans un tiroir à la sacristie. L'une et l'autre me
paraissent conserver
leurs reliques et canoniques. Je vous fais tous les détails afin de réparer ce
que j'aurais fait de mal »
Les exercices de la mission eurent lieu au cours de l'été. Cette mission de Ploudaniel et celle de Briec furent les premières depuis la Révolution au diocèse de Quimper et de Léon.
Alain Guénégan
(1809-1812)
M. Guénégan mourut à Ploudaniel le 14 mai 1812. Yves Morvan fut desservant, provisoire jusqu'en 1813.
Yves Raguénès
(1813-1825)
Voici la
curieuse lettre qu'il adressa de Ploudaniel à M. de Poulpiquet, vicaire général,
à la date du 30 août 1816, au sujet de l'incident que provoqua la bénédiction
du drapeau royal, pour la mairie : «
Monsieur, Je
crois devoir instruire mes supérieurs de l'embarras où je m'étais trouvé
dimanche dernier. M. le Maire actuel voulait absolument que j'eusse béni le
drapeau royal acheté des deniers de la commune d'après l'approbation de M. le
Préfet, comme drapeau de mairie. J'avais eu beau lui expliquer que je ne
trouvais pas de bénédiction pour le bénir comme tel, que je ne pouvais le
faire que comme " vexillum bellicum, vel vexillum ecclesiasticum ", que je ne
pouvais lui donner la première bénédiction
dès lors qu'il n'y avait pas de garde nationale organisée à Ploudaniel ni
mention qu'il y en ait ; que je ne pouvais donc le bénir que comme enseigne d'église.
Nonobstant ces observations il persistait à vouloir me forcer de le bénir
comme
drapeau de mairie, en menaçant de me dénoncer au Sous-Préfet et au Préfet.
Au troisième son de la grand'messe il le fit porter à l'église. Après
l'aspersion, je montai en chaire pour donner le petit discours que j'avais préparé
pour ce jour. A la fin de mon discours, j'expliquais au peuple que je ne pouvais
pas bénir le drapeau qu'on me présentait comme drapeau de mairie, je lui répétais
ce que j'avais dit au Maire en particulier. A l'instant, il se leva, vint se
présenter devant moi et me dit qu'il avait les ordres du Sous-Préfet de le
faire bénir comme drapeau de mairie. Je lui répondis que quand Monseigneur
l'Evêque m'avait accordé le pouvoir de faire des bénédictions réservées
aux supérieurs il ne m'avait pas accordé celui de fabriquer de nouvelles bénédictions.
Mais, me dit-il, on en a cependant béni dans les autres communes. Cela, dis-je,
est vrai qu'on y a béni des drapeaux ; mais sachez, dis-je, Monsieur,
qu'on les a bénis comme enseignes d'église et non comme enseignes de mairie et
la preuve est qu'on les porte à toutes les processions et qu'ils sont déposés
dans les sacristies. Avant la fin cependant il consentit qu'il fut béni comme
enseigne d'église et je l'ai béni comme tel. Ces jours derniers on m'a instruit
que dimanche au soir il disait, encore qu'il me dénoncerait, mais je vous
avoue que ces menaces ne m'ont pas empêché de dormir, parce que je ne vois
pas que j'ai manqué à mon devoir ; ce que j'aurais fait si j'étais allé
fabriquer une bénédiction à sa mode. D'ailleurs s'il fait ce qu'il a dit et
que l'affaire aille jusqu'à Monseigneur, M. l'abbé Puifferé, qui a été mon
guide dans cet embarras, se propose d'en écrire à Monseigneur si besoin est.
Je vous écris ceci pour que vous veuillez bien en donner connaissance à
Monseigneur et par là le mettre à même de répondre à M. le Préfet, si
l'affaire va jusque là. S'il met d'autre chose sur mon compte que ce que je
vous ai dit je lui donnerai le démenti. L'affaire s'est passée en public... »
Le 3 décembre
1817, M. Raguénès demande à Mgr Dombideau
de lui prêter secours en lui accordant un prêtre : «
Monseigneur, Persuadé qu'à Noël vous ordonnerez quelques prêtres, j'ose vous prier
d'en accorder un à la paroisse de Ploudaniel qui sous un an a perdu deux vicaires M.
Le Duff et M. Goubin. Le premier le 4 mars 1813, et le second le 23 février présente
année. N'ayant depuis ce temps d'autre aide que M. Morvan dont vous connaissez
la caducité, je puis dire que je suis presque seul pour parcourir cette très
étendue paroisse dont la population est à peu près de quatre mille âmes plus
ou moins, et dont le plus grand nombre, Dieu merci, aime à approcher souvent
des sacrements. Plusieurs même y approcheraient plus souvent si j'avais le
temps de les écouter. Depuis la mort de M. Goubin j'ai eu la douleur de faire
des enterrements de cinq personnes mortes sans sacrements parce que quand on
venait me chercher pour aller, j'étais à d'autres. Nonobstant cela, je n'ai pu
les faire sans verser des larmes. Veuillez donc bien, Monseigneur, si c'est un
effet de votre bonté pastorale, nous accorder un prêtre ; nous vous aurons
tous une éternelle reconnaissance, surtout celui qui a l'honneur d'être avec
un très profond respect de votre Grandeur le très humble et très obéissant
serviteur »
1825-1844. Jean Bourc'his, né à Plouvorn le 21 décembre 1770, ordonné le 28 octobre 1805, vicaire de Guiclan, 1808-1813, entré à Saint-Pol le 26 juillet 1844, décédé à Cléder le 7 septembre 1845.
1844-1845. Yves Merret, de Carantec, ordonné le 8 août 1830 ; recteur de Lanhouarneau 1838-1844, installé recteur de Ploudaniel le 4 août 1844.
1845-1889. Alain Brénéol, né à Goulien, le 6 avril 1805, ordonné le 27 mars 1830, vicaire à Saint-Pol en 1830-1843, décédé chanoine honoraire le 21 février 1889, âgé de 84 ans. Recteur de Ploudaniel pendant 44 ans, il fit construire le presbytère, l'église, l'école, actuellement communale, la chapelle du bourg, bâtit l'école libre des filles et donna une grande mission. Présidée par M. Marc, curé de Plouguerneau, cette mission s'ouvrit le 25 juin 1876 et dura quinze jours. Avec une assiduité admirable, les paroissiens en suivirent les exercices. Au cours de la première semaine on transféra dans un caveau les reliques des précédentes générations, et la clôture de la mission fut solennisée par la plantation d'une belle croix en kersanton, sculptée par Jean Larc'hantec, de Morlaix, dans la pierre venue des carrières de Logonna-Daoulas.
1889-1892. Jean-Marie Rohou, né à Roscoff. Recteur de Guengat 1871-1873, de Bodilis, 1873-1883, de Plougouvelin 1883-1889, décédé à Landerneau, a été inhumé à Ploudaniel, âgé de 62 ans.
1892-1908. Jean-Marie Menguy, né à Ploudalmézeau le 21 septembre 1846, ordonné prêtre le 3 juin 1871, professeur pendant quelques mois à Lesneven, vicaire à Plouguerneau 1871-1887, recteur de Tréflez jusqu'au 6 septembre 1892, d'où il fut transféré à Ploudaniel ; décédé le 19 mars 1908 âgé de 62 ans, après avoir fait poser les vitraux de l'église.
1908-1925. Jean-Louis Maguet, né en 1859 à Guimiliau, vicaire à Pluguffan, 1884-1887, au Folgoat, 1887-1902, recteur de la Martyre, 1902-1908, décédé recteur de Ploudaniel le 30 mai 1925, fit faire la tribune et établit le patronage.
1925-1929. Jean-François-Marie Grall, né à Loc-Eguiner Ploudiry le 13 juillet 1874, vicaire à Laz, 1899-1901, vicaire à Plouguerneau, 1901-1920, recteur de Scrignac 1920-1925, transféré à Ploudaniel (mai 1925) où il fit restaurer le clocher en 1926, la toiture de l'église en 1927. Nommé curé de Crozon en novembre 1929.
1929. Jean-Marie Arhan, né à Kerfeurguel en Cléven-Cap-Sizun, le 24 mars 1872, promu à la prêtrise le 25 juillet 1898, vicaire à Leuhan, à Trégunc en 1900, recteur de Tréffiagat en 1919, nommé à Ploudaniel en novembre 1929. Grand prédicateur, ...
VICAIRES
1801-1823.
Yves Morvan. — 1804-1816. Jean Le Duff. — 1807-1809. Alain Guennégan. —
1807-1813. Yves-Marie Berthou. — 1814-1816. Yves Goubin, de Carantec. —
1817-1820. François-Marie Quiviger, né le 13 août 1794 à Sibiril. — 1820-1825.
Jean Postec, né le 30 décembre 1792 à Plouzévédé. — 1824-1825.
Paul-Gabriel Le Saint, né à Plouescat en 1798. —1826-1830. Alain Le Saout, né
à Plouider le 1er mars 1795. — 1826-1830. Yves Berthou, né à. Plouzévédé
le 8 janvier 1803. — 1828-1844. François Rolland, de Plouvorn. — 1834-1840.
Elie
Combot, de Plougoulm. — 1832-1834. Jean-François Mazé, de Saint-Pol-de-Léon.
— 1841-1857. Yves Le Saout, de Saint-Pol. — 1844-1855. Jean-Louis de la Boixière,
de Ploaré. — 1855-1857. François Tréguier, de Lambézellec. — 1857-1859. François Souben, de Crozon. — 1857-1867. Henri Milin, de
Plougoulm.
— 1859-1872. Yves Témoigne, de Plonévez-du-Faou. — 1867- .... Bernard
Lallemand, de La Feuillée. — 1872-1875. Jean-Marie Nédélec, de Plougoulm, décédé
recteur de Trégarantec en 1880, rédacteur de Feiz-ha-Breiz. — 1874-1889. Mathias
Diraison, de Pleyben. —
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