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LE PARDON DE PLOUBEZRE

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La paroisse de Ploubezre, voisine de Lannion, renferme plusieurs chapelles : Notre-Dame de Kerfons qui nous arrêtera quelque temps — Saint-Guirec'h — Sainte-Thècle avoisinant les superbes ruines du château de Coëtfrec et dont le pardon, célébré le troisième dimanche de septembre, attire une foule de fidèles — et Saint-Fiacre dépendant jadis de la forteresse des sires de Runfao et dominé aujourd'hui par le beau château de Kergrist. Ce dernier sanctuaire, œuvre du XVème siècle et d'un fort joli style, renferme des peintures murales représentant diverses scènes de la vie du solitaire saint Fiacre.

« Au milieu d'un bassin peu profond, entourée de bouquets d'arbres d'un aspect charmant, s'élève la belle chapelle de Kerfons, ce joyau de l'architecture du pays Lannionnais, qu'on dirait tombé du ciel tout d'une pièce, tant le travail en est parfait. Elle est bâtie sur une motte entourée de douves autrefois étendues, non loin du manoir de Kerguinio, assez imposant lui-même avec les quatre tourelles dont il est flanqué » [Note : M. l'abbé France, Bulletin de l'Association Bretonne, classe d'archéologie, 1884, p. 9].

Notre-Dame de Kerfons ou de Kerfaouès, — comme disent quelques-uns, — est, semble-t-il, une fondation faite par les seigneurs de Coëfrec. Elle appartient tout entière au XVème siècle sauf le transept ou chapelle du midi qui est du XVIème comme on le voit, du reste, par la date de 1559 qui surmonte la porte d'entrée.

Extérieurement l'édifice se fait remarquer par son bel appareil et dans la partie la plus ancienne par le luxe d'ornementation de ses ouvertures ; on y voit, entre autres belles choses, des fenêtres tout entourées d'une riche guirlande de fleurs, en granit merveilleusement sculpté ; les contreforts portent des niches également bien travaillées et se terminent par des frontons aigus. La construction de la Renaissance n'est pas moins remarquable. Comme pour simuler un clocher, la pointe du pignon méridional est surmontée d'une sorte de stèle à quatre faces présentant chacune en cariatide un buste de vieillard, vêtu à la mode de François 1er, les bras croisés, au-dessus d'un terme ou borne cannelée. Cette figure, qu'on prétend représenter le fondateur de la chapelle, est reproduite dans le frontispice de la porte d'entrée. A l'angle extérieur de cette partie de l'édifice une jolie niche renferme une très belle statue en granit de saint Yves.

La tradition veut, en effet, que ce transept méridional ait été bâti par un seigneur de Coëfrec, en l'honneur de saint Yves et en reconnaissance de la guérison de son enfant qu'il attribuait à la protection de ce bienheureux.

Entrons maintenant dans le sanctuaire.

La chapelle de Kerfons se compose d'une nef accompagnée d'un seul collatéral au nord ; des faisceaux de colonnettes et d'élégantes arcades les séparent. Un chevet droit termine l'édifice, mais au midi du chœur a été accolée au XVIème siècle, comme nous l'avons dit, une vaste chapelle formant l'unique transept du temple. Ce chevet est ajouré d'une magnifique fenêtre de style flamboyant garnie d'une verrière malheureusement détériorée. On y retrouve toutefois encore les scènes de la vie de Notre-Seigneur où figurent sa sainte mère, telles que la Visitation, la Nativité, l'Adoration des mages, la Purification et le drame du Calvaire. Plus haut àpparaît le Saint-Esprit entouré d'anges, et dans la rosace supérieure brillent plusieurs écussons.

Le maître-autel est surmonté d'un joli retable et à côté sont deux grands tombeaux. Dans la chapelle du Sud est une belle statue de saint Yves. Signalons aussi le lambris de la voûte, en bois sculpté, avec d'intéressantes sablières couvertes de rinceaux.

Mais tout ce qui précède offre peu d'intérêt auprès du magnifique jubé qui sépare le chœur de la nef. « Ce monument formant chancel est porté sur de légères arcades dont les pieds-droits, les archivoltes et les chapiteaux fouillés avec un soin extraordinaire, renferment des réseaux flammés servant de grilles. L'arcade centrale, formée par une porte à deux battants et à panneaux ajourés, sert d'entrée au chœur. L'escalier en encorbellement conduisant à la plate-forme est remarquable par sa hardiesse et la variété de ses ornements ; sur cette plate-forme, pupitres, escabeaux et sièges en chêne sont couverts de sculptures. La partie principale de ce jubé, qui porte des traces de dorure, présente aux yeux, du côté de la nef, une galerie abritant les Apôtres dans des niches formées de feuillages et de rinceaux, soutenues par une frise également en feuillages, vers laquelle aboutissent les nervures de la petite voûte du chancel. A la jonction de ces nervures se détachent des pendentifs en forme d'anges à robes flottantes et les ailes étendues, tenant les uns des écussons effacés, les autres des instruments de la Passion. Au-dessus de l'entablement qui couronne la galerie des Apôtres, s'élève un crucifix aux pieds duquel sont debout les figures de la sainte Vierge et de saint Jean. Toutes ces figures sont de soixante-dix à quatre-vingt-dix centimètres de hauteur » [Note : Gaultier du Mottay, Répertoire archéologique des Côtes-du-Nord, 280]. Remarquons que les niches de la galerie des Apôtres renferment quinze personnages parce qu'au centre se trouve le divin Sauveur accompagné en outre des douze Apôtres, de sainte Barbe et sainte Madeleine.

M. de Garaby signale aussi des anges chantant les louanges de Dieu sous la conduite d'un d'entre eux armé d'un bâton cantoral, — et un singe dont la figure grimaçante est tournée vers les célestes chantres [Note : Annuaire des Côtes-du-Nord, 1846].

Notons encore dans le pavé plusieurs pierres tombales portant des écus fascés reproduits également dans les verrières et qui rappellent soit les sires de Kerimel qui portaient : d'argent à trois fasces de sable, soit les sites de Penhoet portant : d'or à la fasce de gueules. La seigneurie de Coëttrec passa successivement, en effet, aux mains des familles de Coëfrec, de Coëtgoureden, de Kerimel, de Penhoët, de la Touche-Limouzinière, du Cosquer et Le Pelletier de Rosambo, et plusieurs membres de ces nobles maisons tinrent à honneur dé reposer aux Pieds de Notre-Dame de Kerfons [Note : Les ruines pittoresques du château de Coëtfrec se voient encore non loin de là, enfouies sous une épaisse futaie]. D'autres pierres tombales portent des épitaphes en lettres ornées du XVIème siècle, difficiles à lire ; d'autres encore montrent des attributs d'ouvriers : ciseaux, marteaux, enclume de couvreurs ; ce sont probablement les tombes de ceux qui construisirent cette belle chapelle.

En sortant de Kerfons remarquons le calvaire de l'ancien cimetière, qui à bien son caractère et ses beautés ; c'est un des mieux conservés de ceux qu'a légués le XVIème siècle au pays de Lannion. La croix présente d'un côté le Christ entre la sainte Vierge et saint Jean, et de l'autre une pieta entre Saint Yves et saint Isidore ; des anges adorateurs se tiennent, en outre, sur le croisillon. Sur ce calvaire sont sculptées les armoiries des Kerimel, seigneurs de Coëtfrec : d'argent à trois fasces de sable ; leur écusson est tenu par un ange.

Près de là s'élève l'antique manoir où demeuraient autrefois les ecclésiastiques chargés du service de Notre-Dame de Kerfons. Avant la Révolution, assure M. de Garaby [Note : Annuaire des Côtes-du-Nord, 1846], douze cents livres de rente étaient annuellement perçues par le gouverneur de ce dévot lieu de pèlerinage.

Le pardon de Notre-Dame de Kerfons se célébrait jadis à la mi-août, mais actuellement on en fait la solennité à la Nativité de la sainte Vierge le 8 septembre. Ce jour-là il y a foule dans la chapelle et tout à l'entour ; les pèlerins se groupent sous les hêtres qui donnent, dit-on, leur nom au sanctuaire (Kerfaouès, village des hêtres) et qui lui forment une verdoyante ceinture ; le clergé de Ploubezre abandonne l'église paroissiale pour se transporter tout entier à Kerfons ; bon nombre de Lannionnais descendent de leur ville dans la délicieuse vallée du Léguer ; et chaque paroisse voisine tient à se faire représenter à cette belle fête de Notre-Dame. Mais les artistes, surtout, aiment à visiter le sanctuaire de Kerfons ; car, après y avoir prié aux pieds de la Mère de Dieu, et avoir admiré les richesses de son temple, ils peuvent aller visiter non loin de là les splendides enceintes fortifiées du château de Tonquédec et la magnifique tour de celui de Coëtfrec ; et ils unissent ainsi aux émotions religieuses les souvenirs chevaleresques du moyen-âge.

(Abbé Guillotin de Corson, 1902).

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