Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LA SEIGNEURIE DE LA RAVILLAYS ou RAVILLAYE (arrière fief du Plessis-Balisson).

  Retour page d'accueil       Retour " Ville de Ploubalay "   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

I- Le Château vers 1913.

Une vaste maison, sans architecture, bien marquée, mais à laquelle ses proportions donnent cependant bon air, telle est l'impression que nous a laissée le château de Ravillays au début du XXème siècle. Du reste nous ne croyons pas que sa construction remonte plus loin que la première moitié du XIXème siècle. Les belles avenues de sapins, ainsi que les bois de haute futaie qui l'entourent contribuent à donner à cette propriété un cachet qui n'est pas sans charme et que l'on chercherait vainement dans les constructions maniérées et bizarres que l'on élève de nos jours.

 

II- La Ravillays et le Plessis.

Nous avons trouvé aux Archives des Côtes-d'Armor, série E 1423 la mention suivante concernant la Ravillays : « Cette terre relève du Plessis-Balisson, bien qu'on en ait pas de titre ». Une preuve à l'appui de cette assertion se lit dans les minu et aveu rendus en 1527 et 1537, par Pierre Marec où l'on voit Rolland de la Ravillays cité parmi les vassaux nobles du Plessis. Une autre preuve encore c'est le résumé de l'acte de vente de la Ravillays en 1674, conservé aux Archives des Côtes-d'Armor et qui porte expressément que « ces dits biens relèvent de la seigneurie et juridiction du Plessis-Balisson ».

 

III- Le manoir et la terre de la Ravillays au XVIIème siècle.

Nous ne connaissons qu'un seul titre concernant la terre de la Ravillays : c'est l'acte de vente que nous venons de mentionner tout à l'heure. Malheureusement cette pièce est plutôt sommaire et se borne à énumérer « la maison, logements et métairie noble de la Ravillays, consistant en deux corps de logis avec une cour fermée, les jardins, pourpris, colombier et refuges à pigeons ». Tout auprès se trouvait la métairie noble des Gardes consistant dans un grand corps de logis avec grange et écuries. Enfin à la maison de la Ravillays était attachée dans la chapelle Notre-Dame de Ploubalay, la possession d'un tombeau, banc, escabeau et accoudoüer « proche de la voulte et arcade qui est entre la dite chapelle et les chanceaux de la dite église, avec armes, armoiries et tous autres droits honorifiques et prérogatives appartenant à la seigneurie de la Ravillays » (Archives des Côtes-d'Armor, B 647, folio 130) [Note : Bien qu'au XVIIème siècle aucun fief ni bailliage ne dépendit plus, que nous le sachions, de la seigneurie de la Ravillays, nous serions portés à croire que le fief de la Ravillays ayant cours au bourg et paroisse de Lancieux relevait originairement de cette seigneurie. Mais vers 1683 c'était une des dépendances de la châtellenie du Pontbriand. Il valait alors 12 boisseaux 4 godets de froment et 3 boisseaux un godet de seigle (Archives de Loire-Inférieure, B, 1313)].

 

IV - Succession chronologique des seigneurs de la Ravillays.

Nous n'avons pu malgré tous nos efforts établir la succession chronologique complète des seigneurs de la Ravillays. Les plus anciens propriétaires dont nous ayons trouvé les noms ne remontent pas au-delà de la première moitié du XVème siècle. Cependant, nous serions tentés de croire que leur race était aussi vieille que le fief dont ils avaient pris le nom. Ils s'appelaient en effet de la Ravillays, mais nous n'avons pu retrouver leur blason.

Le premier en date que nous connaissions fut JEAN, qui tenait la Ravillays lors de la Réformation de 1448.

Le 26 mars 1459, BERTRAND DE LA RAVILLAYS, seigneur du dit lieu, épousa Jeanne-Charlotte du Breil, fille de Rolland et d'Olivier Chatel et veuve de Raoul de Richebois ; malheureusement il n'en eut pas d'enfant. (Généalogie de la maison du Breil, par le V. de Pontbriand).

En 1472, JEAN DE LA RAVILLAYS, sieur du dit lieu, comparaît ainsi que Guillaume son fils à la montre des gentilhommes de l'archidiaconé de Dinan. (Réformations de l'évêché de Saint-Malo, édition des Salles).

En 1488, GUILLAUME DE LA RAVILLAYS, sieur du dit lieu et du Bourbonnier, mari d'Hélène de Coëtquen, reçut en qualité de coustillier du duc, quatre aunes de toile pour porter le deuil de François II. (Lobineau II, col. 1504).

En 1513, OLIVIER DE LA RAVILLAYS, sieur du dit lieu et du Bourbonnier, figure à la réformation de la noblesse de Ploubalay. Il avait épousé Ethesse du Breil, fille de Rolland du Breil de Rays, premier président aux parlements de Toulouse et Bordeaux, puis au parlement de Bretagne. On trouve Olivier faisant aveu pour le Bourbonnier le 15 décembre 1501. (Archives Loire-Inférieure, B 2153).

ROLLAND DE LA RAVILLAYS, sieur du dit lieu, paraît sur un aveu rendu au comte de Penthièvre par Pierre Marec, seigneur du Plessis-Balisson en 1527. On le trouve encore cité sur un aveu du même l'an 1538. (Archives des Côtes-d'Armor, E 538). Il épousa Jacquemine du Boisriou qui lui donna sept enfants [Note : Un de ses enfants appelés Jean, fonda la branche cadette des la Ravillays de la Rogerais et de la Motte-Labbé, qui devait survivre à la branche aînée], dont FRANÇOIS, l'aîné, se maria avec Françoise de Quelen, de la branche dite du Clos-Quelen, précédemment le Clos-Labbé, en Pleurtuit. (Reg. par. de Ploubalay).

Ecuyer PIERRE DE LA RAVILLAYS, le second des fils de Rolland, épousa Guyonne Chatton qui lui donna cinq enfants. Pierre fut seigneur du dit lieu de la Ravillays et fut inhumé le 5 février 1555. C'est sans doute un de ses fils qui périt à la Ravillays assassiné en 1577, par les deux fils du seigneur de Pontbriand appelés « Le Pin » et « La Garde » du nom des terres dont ils étaient possessionnés. Nous donnons aux pièces justificatives le récit de ce meurtre qui témoigne ia férocité des moeurs de ce temps.

La victime qu'on ne désigne que sous le nom de sieur de la Ravillays, paraît avoir été le dernier de sa race. Il n'avait qu'un héritier appelé le sieur de la Ville-Salone, qui habitait Matignon et que nous ne connaissons pas autrement [Note : A moins que ce ne fut Georges de la Ravillays, sieur de la Ville-Salou que l'on trouve parrain à Trégon, le 29 novembre 1616. (Reg. par. Trégon). La Ville-Salone dont on parle ici était une gentilhommière de Matignon qui s'appelait plus exactement la Ville-Salou].

En 1581, écuyer MATHURIN DE LA CHAPELLE était seigneur de la Ravillays et du Bourbonnier du chef de sa femme Françoise, fille d'écuyer Pierre et de Guyonne Chatton. Nous les trouvons faisant baptiser leur fille Marguerite, le 10 avril de la prédite année.

Après lui nous trouvons qualifié du titre de sieur de la Ravillays [Note : Peut-être tenait-il la Ravillays de Michelle de la Chapelle, dame du Vaugoualo et de la Ravillays, que l'on trouve marraine à Ploubalay, le 8 août 1617. (Reg. par. Ploubalay)], JEAN GAULTIER, né en 1603, inhumé le 14 janvier 1641, fils de Jean, écuyer, sieur de la Villeridard et de François Martin. (Reg. parois. de Ploubalay).

Ensuite vient dans la succession des seigneurs de la Ravillays, mais sans que nous sachions le rattacher au précédent [Note : Nous croyons cependant que ce passage eut lieu par alliance ou héritage, car on trouve Françoise Gaultier, dame de la Villenizan, inhumée le 20 mars 1622. (Reg. par. Ploubalay], écuyer JULIEN GOUYON, seigneur de la Ville-Nizan en Saint-Briac, de la Ravillays et de Bellestre, second fils de Jean, seigneur du Vaumeloizel en Saint-Pôtan et de Catherine des Nos. Il fut inhumé le 11 mars 1648 dans l'enfeu de la Ravillays et fut père de CHARLES, seigneur de la Ravillays, des Gardes et de Bellestre, qui épousa Toussainte Le Chauff, laquelle lui donna onze enfants.

Charles Gouyon fut maintenu noble lors de la Réformation de 1669. Il vendit la Ravillays le 13 septembre 1674, à ISAAC DE LA VALLÉE et à Françoise Gouyon, sa femme, seigneur et dame de la Forestrie, pour une somme de 10.585 livres. (Archives des Côtes-d'Armor, B 647, f° 130 du registre).

Malgré cette aliénation, PAUL GOUYON, né le 18 mars 1654 et baptisé le 22 à Pipriac, issu du légitime mariage de Charles et de Toussainte Le Chauff, continua de porter le titre de seigneur de la Ravillaie, ainsi qu'en fait foi son acte de mariage avec Claire des Rondiers, rédigé à Trégon, le 16 janvier 1707. Paul avait été dans sa jeunesse premier maréchal-des-logis des Chevau-Légers du Roi. Il mourut à Ploubalay le 16 février 1720 et fut inhumé le lendemain dans l'église paroissiale.

Etait-il vraiment propriétaire de la Ravillays ? Nous l'ignorons. En tout cas, Françoise Gouyon, l'épouse d'Isaac de la Vallée, était morte à Saint-Lunaire, le 4 avril 1682, à l'âge de 50 ans. Elle avait donné deux filles à son mari : l'aînée Renée-Julienne naquit le 11 janvier 1665 (Registres paroissiaux de Saint-Lunaire). Françoise la cadette fut nommée le 26 octobre 1666. Elle épousa le 21 février 1683 écuyer René de la Chapelle, sieur du Clos, originaire de Megrit. Trois mois après le père de Françoise se remariait à son tour à l'âge de 55 ans, avec Jeanne Le Forestier, dame de Lehen. Il mourut le 11 mai 1698 et fut inhumé dans l'église de Corseul (Reg. par. de Corseul).

Nous ne savons ce que devint la Ravillays aussi bien après la mort de Paul Gouyon, qu'après celle d'Isaac de la Vallée [Note : La Ravillays n'était pas alors habitée par ses propriétaires, puisqu'on voit aux Reg. par. de Ploubalay, l'enterrement d'H. H. Yves Menot, sieur de la Roche, fermier de la Ravillays, inhumé le 28 décembre 1717, à l'âge de 70 ans]. Il nous paraît bien probable cependant que c'est par acquêt que cette seigneurie passa aux mains d'écuyer RENÉ-JOSEPH LE MÉTAER, sieur de la Villebague et de la Ravillays, fils de Claude François, sieur de la Villebarbou et de Claude Leroy. (Reg. par. Saint-Malo). René Le Métaër épousa Hélène Perrée, le 17 décembre 1737. Il en eut du moins cinq enfants et mourut le 13 août 1767.

JACQUES-RENÉ-MALO, le second de ses fils, naquit à Saint-Malo, le 15 novembre 1743. Il se maria le 15 janvier 1764 à Renée-Claude Rogon, demoiselle de Lorgerie, sa parente du second au troisième degré.

Jacques Le Métaër hérita de la Ravillays à la mort de son père. Nous lui connaissons quatre fils vivants en 1789. C'étaient René, Amand, Joseph et François-Innocent. René, Amand et Joseph émigrèrent en 1792. Seul François demeura en France avec ses parents.

 

V - La Ravillays et la Révolution.

Jacques Le Métaër habitait, croyons-nous, plus souvent son château de Lorgerie en Henanbihen, que sa propriété de la Ravillays. Mais sa mère Hélène Perrée devait affectionner cette dernière terre dont elle paraît avoir fait sa résidence habituelle une partie de la Révolution.

Comme grand-mère d'émigrés, ayant au moins l'un de ses petits fils François-Innocent engagé dans la chouannerie, la douairière de la Ravillays manquait plutôt de titre à la bienveillance des hommes de la Révolution, aussi dut-elle subir de leur part toutes sortes de vexations.

Une lettre que nous avons relevée aux Archives de Ploubalay nous donne une idée de l'agréement de la vie que menaient à cette époque les nobles demeurés en France. Voici ce document qui nous paraît très suggestif :

Lettre d'Hélène Perrée, dame Le Metaër, à la municipalité de Ploubalay, concernant certains papiers trouvés dans sa maison :
« Je viens d'apprendre avec bien de la surprise que vous avez trouvé des papiers près de la maison. Je puis vous assurer citoyen maire, ainsi que toute la municipalité, qu'il n'a jamais entré papiers qui fussent contre la République dans la maison de la Ravillais. Je n'en ai jamais caché, ni n'en ai fait cacher aucun. C'est à tort que l'on accuse qui que ce soit. S'il s'est trouvé quelque chose, ce n'est ni moi ni gens de ma part qui ont caché des choses pour nous nuire. Comme nous avons demeuré quinze mois à Saint-Malo et que les enfants de mon frère venaient de Saint-Malo à la Ravillais, ils auroient pu cacher quelque chose. Mais ce ne peut-être que des chansons, des morceaux de poésie ou de la musique, car jamais il n'a entré chez nous que des choses de cette espèce.
Je vous assure que s'ils ont caché quelque papier, il a au moins 15 à 48 ans de date, car depuis le commencement de la Révolution je n'ai jamais reçu de lettre suspecte et tout le monde sait que par crainte de troubler la tranquilité, je ne me suis pas même permise de sortir hors du jardin ; de plus nous ne répondons pas de ce qui est hors de la maison. Vous voyez que vous tracassez Perrine Budes, alors qu'elle est aussi innocente que nous sur cette article. J'attends donc de votre équité que vous laissiez tranquilles des citoyennes paisibles, que je vous défie aucun de pouvoir dire qu'elles ont cessé de faire du bien à leurs frères tout le temps qu'elles ont habité votre commune et qui ont toujours la même volonté. Sans date. HÉLÈNE LE MÉTAER »
.

Les minutieuses précautions et l'effacement de Mme Le Métaër ne suffisaient pas à lui obtenir de la part d'individus malveillants et surrexcités la tranquillité auquelle elle aspirait. Hélène Perrée était noble : toutes les violences à son égard semblaient de ce fait légitimes aux yeux des jacobins de Ploubalay. Qu'on lise plutôt les fantaisies auxquelles il leur prenait idée de se livrer :

Le 1er messidor an 2 (19 juin 1794). Les officiers municipaux et l'agent national de la commune de Ploubalay aux administrateurs du District de Dinan :
« Nous étant réunis ce matin comme de coutume, le bruit public nous a instruits qu'un membre de la municipalité accompagné de plusieurs membres du comité de surveillance de notre commune avaient dû se transporter à la maison de la Ravillais pour y distribuer aux nécessiteux de la commune le blé qui s'y trouvait. Nous supposons qu'un motif épuré a dicté la démarche de ceux qui ont présidé à cette distribution, mais nous pouvons vous attester que non seulement nous ne l'avons point autorisée, mais encore que nous n'en avons reçu d'autre avis officiel que celui contenu dans votre missive, sous la date de ce jour, que nous mettrons sous les yeux du Comité de Surveillance, afin qu'il sache de vous l'emploi et la destination des fonds provenant du grain vendu.
Nous allons au surplus donner les ordres les plus sévères pour faire cesser ces sortes d'entreprises et essayer de rappeler le Comité de surveillance aux seules fonctions que la loi lui attribue. Salut en la République.
(P. S.). — Dudit jour, aux quatre heures de l'après-midi, nous avons envoyé un exprès à la Ravillais avec ordre de surseoir à toute vente et disposition d'effet »
.

Nous ne savons ce qu'il advint des mesures prises par le municipalité de Ploubalay pour protéger les biens de Mme Le Metaër. Il paraît que tout cela demeura finalement lettre morte. Voici en effet une nouvelle lettre, celle-ci adressée par le District de Dinan à la municipalité de Ploubalay, qui nous montre la douairière de la Ravillays, toujours aux prises avec des difficultés sans cesse renaissantes.

Dinan, le 16 fructidor an 2 (2 septembre 1794). Républicains, « Nous sommes extrêmement surpris que malgré les injonctions réitérées que nous vous avons faites, vous vous obstiniez a refuser aux agents de la Metayer la liberté de récolter les bleds et fruits des métairies à moitié et retenues qui lui appartiennent. Il est surprenant qu'une municipalité que nous croyons éclairée se refuse aux injonctions émanées d'une autorité supérieure et nous ne pouvons voir qu'avec indignation votre opiniatreté à ne pas remplir nos intentions. Nous vous réiterons encore une fois l'injonction expresse de laisser aux agents d'Hélène Perée, veuve Le Metaër, la liberté de récolter les bleds et fruits qui lui appartiennent et de vous borner à les surveiller s'il y a lieu. Nous vous prions de nous répondre, car il est étonnant que jusqu'ici, vous n'ayez répondu à aucune de nos lettres ». Salut en la République. Signé : FORCOUEFFE, AUFFRAY, LEMARIÉ, CORSEUL, Agent National.

Trop de documents nous manquent pour pouvoir suivre au jour le jour la douairière de la Ravillaye à travers la Révolution. En butte à des malveillances de toute sorte, nous retrouvons plusieurs fois son nom dans les lettres que le District de Dinan adresse à la municipalité de Ploubalay. Nous ignorons quand prit fin cette persécution qui durait encore le 2 juillet 1795 ainsi qu'en témoigne l'écrit suivant.

Lettre du Procureur-Syndic, du District de Dinan à la Municipalité de Ploubalay. « Dinan, le 14 Messidor an 3. J'ai reçu une pétition de la citoyenne Le Metaër à laquelle se trouve joint copie du procès-verbal qu'elle a fait faire lors de la levée des scellés apposés sur son mobilier à la Ravillais. Je vous envoye ci-joint copie du procès-verbal.
Les réclamations que contient sa pétition la nature du délit dont elle se plaint et la nécessité de mettre votre responsabilité à couvert vous prescrivent le devoir de répondre de suite aux accusations dirigéés coutre vous.
La citoyenne Le Metaër se plaint ce que le scellé a été mis chez elle sous prétexte qu'elle était incarcérée, quoi qu'elle ne le fut pas ; de ce qu'il y a été mis sans inventaire, ce qui a donné la facilité de le lever pour prendre ce qui lui restait de sucre et de caffé : du dégat qui a été fait dans son jardin dont les fruits et les légumes ont été enlevé ; du tort qu'on lui a fait en lui enlevant dix huit barriques ; de la distribution de son bled et de la perte des effets qui sont contenu dans le procès-verbal.
J'attends de vous une prompte réponse à ce sujet »
. CH. BESLAY.

Nous n'avons pas retrouvé l'époque de la mort d'Hélène Perrée. Mais nous savons du moins ce qu'il advint des biens de ses enfants, ce sera l'objet du paragraphe qui va suivre.

 

VI- Partage de présuccession et vente des biens des Le Métaër à Ploubalay.

La loi du 17 frimaire an II (7 décembre 1793), décrétait la mise sous séquestre de tous les biens appartenant aux pères et mères d'émigrés [Note : Voici une petite note extraite des Archives de Ploubalay qui prouvera comment les parents d'émigrés arrivaieut à se trouver à peu près privés de tout dans leur propre demeure : L'agent national au District de Dinan écrit au Maire et Officiers Municipaux de Ploubalay, le 5 messidor an II (23 juin 1794) : « Vous voudrez bien laissés à la disposition de la citoyenne Hélène Le Métayer (sic), les objets ci-dessous désignés : 6 paires de drap de lit, 6 tées d'oreille (sic), 3 douzaines de serviettes, 6 nappes, 18 chemises, 9 robes, 9 jupes, 6 manteaux, 6 mouchoirs, 2 brassés de bois, 50 fagots, le petit fut de cidre. Tous ces objets ne sont pas de trop pour trois personnes. Signé : Corseul »].

L'année suivante, la loi du 9 floréal an III, imposait à tout père et mère d'émigré et s'ils étaient décédés, à tout aïeul, l'obligation de déposer au Directoire du département dans un délai de deux mois une déclaration sincère et exacte de tous ses biens meubles (à la seule exception des habits, linge de corps et hardes), de ses créances, de ses dettes, des donations faites par lui à ses enfants et petits-enfants, ainsi qu'un état nominatif de ses enfants et les certificats de non émigration de ceux qui n'avaient pas quitté la France (Voir Marion : Les Parents d'Emigrés, Revue des Questions Historiques, tome 86, p. 163). Le Directoire du district procédait alors à la liquidation du patrimoine déclaré, faisait autant de parts égales qu'il y avait d'enfants émigrés ou non, plus une part pour l'ascendant, puis attribuait à la Nation les parts des enfants émigrés. Il laissait après cela le reste aux parents avec décharge totale de l'hypothèque nationale, main levée du sequestre et affranchissement de toutes les obligations auxquelles les parents d'émigrés étaient astreints.

En vertu de cette loi, le 27 frimaire, an VII (17 décembre 1798), la République fit l'inventaire des biens meubles et immeubles de M. de la Ravillays. Ces derniers se décomposaient comme suit, pour la commune de Ploubalay :
« La Métairie de la Ville-Bague, louée 472 fr. par an, est estimée valoir 9.440 fr. - La Métairie de l'Orme, louée 400 fr. par an, cinquante livres de beurre et douze poulets, est estimée valoir 8.460 fr. - La Métairie de la Ville-Glama, louée 400 fr. est estimée 8.000 fr. - La Métairie de la Petite-Ville-Asselin, louée 45 fr., est estimée 930 fr. - Une rente de 16 boisseaux de froment sur la Métairie de la Ruais, est estimée 3.666 fr. (plus quelques autres menues propriétés que nous passons sous silence).
Enfin la Maison et Métairie de la Ravillais sont estimées 10.000 fr. et toutes les propriétés du citoyen Jacques Le Metaër, sont estimées valoir 41.026 fr.
La citoyenne Rogon possède pour sa part en la commune d'Henanbihen : la maison de Lorgeril, la métairie de la Chenuas et une rente foncière de peu d'importance.
En Pluduno : la même citoyenne possède la métairie de la Ville-Batus ; en Plurien : celle de la Ville-Hingant ; en Henansal : la terre de la Ville-Gourhan, la métairie de la Ville-Esnault, de la Ville-Couppé, du Bourg, de Launay et les Clos du Chauchex ; en St-Lormel : la métairie de la Ville-Orien ; celle de Canoal en Pleurtuit ainsi que différentes rentes, le tout représentant un capital de 76.339 fr. 13.
La République confisque à son profit 12.615 fr sur les biens de Jacques Le Metaër, père de trois enfants émigrés et ordonne de mettre en vente pour se couvrir de la dite somme les Métairies de la Ville-Glama, de la Petite-Ville-Asselin et la Rente de la Ruais.
De mème, elle confisque à son profit 33.839 fr. sur les biens de Renée Rogon et ordonne de mettre en vente un certain nombre de ses propriétés pour se couvrir de cette somme. Finalement elle donne main-levée aux citoyens sus-nommés pour le reste de leurs biens »
(Pièce communiquée par M. Dubois ancien notaire à Plancoët).

Trois mois après la publication de cette pièce, le 26 ventôse an VIII (15 mars 1799), Jean Le Metaër, frère de René-Jacques, achetait pour son frère la métairie de la Petite-Ville-Asselin 380 francs, la métairie de la Ville Glama 4.975 fr. et la métairie de la Ville-Batus 3.925 fr.

 

VII- Les derniers propriétaires de la Ravillays.

Nous n'avons pas trouvé la date à laquelle les fils de M. de la Ravillays revinrent de l'émigration. Nous ne savons trop même s'ils n'étaient pas revenus avant les mesures pacificatrices édictées par Bonaparte. Leur frère François Innocent fit les guerres de chouannerie dans la division de Dinan. Il fut fait chevalier de Saint-Louis, sous la Restauration. Veuf de Jeanne Gesril du Papeu [Note : La soeur du héros de Quiberon], il mourut à Ploubalay, le 20 décembre 1830, à l'âge de 60 ans et sa pierre tombale se voit encore en 1913 dans le cimetière de cette paroisse.

Quant à René-Jacques, il épousa Adélaïde Le Bel de Penguily. Ses restes reposent auprès de son frère François-Innocent. L'inscription gravée sur sa pierre marque qu'il mourut le 20 février 1816, âgé de 48 ans.

Il laissait deux enfants de son mariage. L'aîné Jules Le Metaër [Note : Les Le Métaër s'armaient au XVIIIème siècle « d'argent à trois merlettes de sable »] n'a pas eu de postérité masculine. Sa soeur Adélaïde Le Metaër, née à Ploubalay le 25 juin 1812, s'est mariée à Saturnin-Marie Hercule comte du Bourblanc. C'est son petit-fils le vicomte Jean du Bourblanc [Note : Les du Bourblanc portent, « de gueules au château d'or »], époux de demoiselle Marguerite Harscouët de Saint-Georges qui possède maintenant le château et la terre de la Ravillays.

 

PIÈCES JUSTIFICATIVES.
Lettre du baron Amaury de la Moussaye au maréchal Jacques de Matignon, relatant l'assassinat du sieur de la Ravillaye (Archives du Palais de Monaco, collection Matignon).
« La Rivière-de-la-Moussaye, 30 juillet 1577.
Monsieur, à ce que j'ay entendu dire, vous avez faict prendre ung gallion, auquel il y avait des volleurs qui ont faict une infinité de maulx en ceste coste de Bretaigne ; et y avoit dedans, qu'on m'a dict, qui sont prisonniers à Cherbourg, deux jeunes gentilzhommes, dont l'un appelé Le Pin est filz aîné du sr. de Pontbriant, et l'aultre son second filz appelé La Garde, et parce que le dit du Pontbriand est ma partye qui m'a tant tourmenté, j'ay bien voulu vous advertir comme le dit Le Pin et La Garde frères, il y a environ deux moys, qu'ilz allèrent chez ung de leurs voysins appellé le sieur de la Ravillaye, bien honneste gentilhomme, accompagnez de cinq personnes, et après que le dit sr. de la Ravillaye leur eut faict bonne chère, tous ensemble l'assailyrent et le tuèrent dans sa maison, ensemble ung sien serviteur, le plus meschantement et malheureusement qu'il est possible d'ouyr parler acte estre faict, dont il y en a de bonnes enquestes et informations, est sont prestz estre mys à forban.
Et Pontbriand, leur père, qui est extrême avaricieux, riche de sept mille livres de rente, qu'il a usurpez sur ses voysins et bien cinquante mil francs argent faict, leur a pour se retirer faict prendre ce beau mestier de volleurs et pirates, Mais daultant qu'ilz appartiennent à cause du Guemadeuc à mon filz, je vous supplyerois les mettre à bonne et grande rançon et me semble s'ilz en sont quittes pour vingt mille francs tous deux qu'ilz en auront bon compte, car le père plustost qu'ilz soient renduz à justice, fournira deniers. Lequel, puys deux ans en ça, a achapté la terre du Bois-Ruffyer, ou il y a pour plus de trente mil francs de bois et vault douze cens livres de rente. Joinct aussi que le dict Le Pin est marié avecque une fille du président Beaumont, second président de Bretaigne, qui doibt tout le mariage à sa fille et ne laissera partir son beau-filz par faulte d'argent. Mais surtout il faudroict que les menaceriez de les rendre a justice affin que plustost ils vous trouvent deniers pour leur rançon, ou aultrement s'ilz n'y veulent entendre, je vous fourniray des charges et informations et l'héritier de la Ravillaye qui est partie formée contre eulx, lequel se nomme le sr. de la Ville-Salone
[Note : C'était sans doute Mathurin de la Chapelle, sieur de la Ville-Salou en Matignon], vostre subject à Matignon ». Suivent les formules de salutations. (A. Lemasson).

 © Copyright - Tous droits réservés.