Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LA SEIGNEURIE DE LA GUERAIS ou GUERAYE (juveigneurie du Plessis-Balisson).

  Retour page d'accueil       Retour " Ville de Ploubalay "   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

I - Le manoir à l'heure actuelle (1913).

Lorsqu'on quitte le bourg de Ploubalay pour s'acheminer vers Lancieux, on trouve sur sa droite, au bout de peu de temps, une belle avenue plantée de chênes de haute futaie. Suivez cette rabine deux cents mètres environ et vous arriverez à la ferme actuelle de la Guérais.

Bien que très négligés depuis pas mal d'années, les bâtiments d'habitation, qui datent de quelques deux cents ans, ont encore grand air et sont le type de la vieille gentilhommière d'autrefois, avec leurs logements élevés d'étage qu'éclairent de vastes fenêtres aux carreaux étroits. Un grand pavillon au toit pointu se dresse près de la demeurance principale et contribue à donner un véritable cachet à ce vieux manoir.

Du reste, c'est un lieu très ancien et dont l'origine remonte beaucoup plus haut dans l'histoire que les premiers documents où nous trouvons pour la première fois son nom mentionné.

 

II - Succession des seigneurs de la Guérais (ou Gueraye) depuis le début du XVème siècle.

Les titres du Penthièvre déposés aux Archives des Côtes-d'Armor, nous ont conservé le sommaire de vieux actes depuis longtemps disparus. C'est ainsi que nous savons que le 31 mai 1431, la Guérais appartenait à JEHAN ROBERT (Archives des Côtes-d'Armor, E 333), lequel à cette date fournissait minu pour le rachat de Guillaume son père, à cause de l'emplacement de l'hébregement de la Guérais et de cinq pièces de terre qu'il déclarait tenir en juveigneurie d'aîné du Plessis-Balisson.

Ainsi les bâtiments d'habitation de la Guérais n'existaient plus alors, mais le titre de juveigneurie d'aîné que l'on donne à cette terre est une preuve qu'on regardait ce fief comme un démembrement du Plessis-Balisson et qu'il n'était guère moins ancien que cette châtellenie elle-même.

Lors de la réformation de 1448 (Réformation Evêché de Saint-Malo, édit. Des Salles), la Guérais et la Bouëtardais appartenaient à OLIVIER ROBERT. Cette famille Robert qui n'eut pas l'honneur de voir sa noblesse reconnue en 1671 par les commissaires du Roi, portait nous dit Courcy « d'argent à la bande endanchée de sinople ». Elle perdit la Guérais à la fin du XVème siècle.

Un minu du 8 avril 1501 (Archives des Côtes-d'Armor, E 333), fourni par noble homme Guillaume Taillart, garde d'Yvon Taillart, nous fait connaître en effet qu'à ce moment « l'hôtel, domaine et dépendances de la Guérais ainsi que huit pièces de terre appartenaient à damoiselle GILLETTE LE VOYER, fille de Jacques Le Voyer et de Perrine Robert », cette dernière sans doute fille elle-même de cet Olivier que nous venons de voir cité tout à l'heure.

Nous ignorons à laquelle des familles Le Voyer ou Vayer se rattachait Gillette, mais nous connaissons le nom de son époux qui fut JEAN DU QUELLENEC, avec lequel elle parut à Ploubalay lors de la réformation de 1513 (Réformations de l'Evêché de St-Malo, édition Des Salles). En 1527 un aveu de Pierre Marec cite aussi parmi les vassaux nobles du deuxième bailliage du Plessis, René du Quellenec et sa compagne, sieur et dame de la Guérais (Archives des Côtes-d'Armor, E 568).

Fut-ce ces deux personnages qui vendirent en 1544 la terre de la Guérais à JEAN LE BEGASSOUX ? [Note : Les Le Bégassoux s'armaient « d'azur à trois têtes de bégasse d'or ». Ils parurent aux réformations et montres de 1472 et 1513 à Corseul. En 1513, Raoul Le Bégassoux, juveigneur du Bois-Rolland, paraît à la réformation à Saint-Méloir où il possède Coëssura. Jean Le Begassoux seigneur de la Guérais en 1555, était fils d'autre Jean, sr. du Bois-Rolland en Corseul, et de Françoise de la Bouëxiere. Son grand-père fut Jacques, époux de Marie La Choüe. Jean Le Bégassoux, seigneur de la Guérais en 1555, était frère de Madeleine qui se maria à Olivier du Breil lequel mourut au Canada. Nous savons par l'ouvrage du Comte de Palys : Le Cne. Breil. de Bret., p. 129, que Jean Le Begassoux habitait souvent son hôtel de Plancoët et « qu'il y possédait beaucoup d'amis ». Les Begassoux firent reconnaître leur noblesse comme d'ancienne extraction le 19 février 1669]. C'est probable, mais l'aveu rendu le 23 janvier 1555 (Archives des Côtes-d'Armor, E 131 et E 424) par ce gentilhomme, ne nous l'apprend pas. Dans cette pièce figurent plusieurs dépendances de la Guérais qui ne sont pas mentionnées dans les actes précédents, entre autres la maison dite « des Orphelines » et le bailliage de la Guérais duquel relevaient trente journaux de terre. Jean Le Bégassoux relate en même temps les droits et prééminences que possédait sa seigneurie dans l'église de Ploubalay.

Le 7 juin 1583, GILLES LE BEGASSOUX, sans doute fils et héritier du précédent, rendit aveu (Archives des Côtes-d'Armor, E 333) à son tour pour la terre de la Guérais. Gilles Le Begassoux, seigneur de Couëssura, en Saint-Méloir, de la Guérais et de la Duché, en Ploubalay, de la Villedelou et de la Motte épousa Julienne de la Villéon qui lui donna au moins cinq enfants, dont deux naquirent à Saint-Malo. Julienne mourut le 21 avril 1602 et fut inhumée à Ploubalay. Son mari vécut encore longtemps après elle et fut ensépulturé le 1er février 1620 (Registres paroissiaux de Ploubalay édités par M. du Guerny).

Leur fils Jacques épousa Renée de la Charronnière et fut seigneur de la Guérais. Il mourut jeune encore, puisque le 14 juin 1630, sa veuve rendit aveu au nom de ses enfants François, Jacquemine, Gilles et Julienne Le Begassoux (Archives des Côtes-d'Armor, E 333). Renée de la Charonnière survécut peu à son époux et fut inhumée à Rennes au couvent des Carmes, le 19 janvier 1635. Auquel de ses enfants échut la Guérais en héritage ? c'est ce que nous n'avons trouvé nulle part. Il est probable cependant que ce fut François en qualité d'aîné. Toujours est-il que le 16 juin 1691, nous voyons le duc de Penthièvre faire saisir féodalement la seigneurie de la Guérais (Archives des Côtes-d'Armor, E 604) sur dame Jacquemine Le Begassoux, fille de Jacques et douairière de Laubrière, née à Ploubalay, le 30 Janvier 1618.

Quelque peu après, cette vénérable douairière venait à mourir. Avec elle s'éteignait le nom et la race des Le Begassoux et nous dit un titre que nous avons eu entre les mains (Généalogie manuscrite de la famille du Breil, communiquée par M. le Vte P. de Pontbriand), « les héritiers s'en sont trouvés si éloignés que la succession en a été mangée en procédures et en avocats et les biens vendus à différentes personnes ». En attendant d'en être réduit à cette fâcheuse extrémité, damoiselle Marie Fouché, dame de la Menardais fournit minu en octobre 1698 (Archives des Côtes-d'Armor, E 333) pour le rachat de Mme de Laubrière. Nous trouvons dans cette pièce une description assez complète de la maison et seigneurie de la Guérais tenue en juveigneurie du Plessis-Balisson et en ligence de Lamballe. On y mentionne « la maison, manoir et métairie de la Guérais, avec cour, issues, deports, jardin et vergers, bois de haute futaie, fuye et garenne avec autres dépendances et appartenances, le tout contenant 6 journaux de terre. Item un fief, bailliage et juridiction, ayant cours en la paroisse de Ploubalay, contenant le dit fief 30 journaux ou environ et valant de rente 30 sols, 2 deniers et 3 boisseaux de froment et à cause du dit bailliage droit de moyenne justice, maintenu par arrêt du 12 janvier 1674 ».

La seigneurie possédait aussi « une chapelle au côté midi de l'église de Ploubalay, laquelle appelée chapelle de la Guérais, avec droits d'enfeu, tombe, escabeau et écusson prohibitif à tous autres ».

La même pièce cite encore comme dépendants de la Guérais : 1° la maison et métairie des Orphelines, contenant 28 journaux de terre, joignant d'une part au cimetière de Ploubalay et d'autre part au chemin qui conduit au pont de Ploubalay ; 2° la maison de Ploubalay, cette dernière échangée en 1625 par François du Breil d'avec Jacques Le Begassoux qui lui avait cédé en retour la dîme de l'Isnoble. (Archives des Côtes-d'Armor, E 2.622).

Ainsi qu'on le voit par cet aveu, la terre de la Guérais n'était pas en soi considérable. Sa qualité de juveigneurie du Plessis-Balisson, sa moyenne justice et sa chapelle prohibitive faisaient toute son importance. Quoiqu'il en soit, le règlement de la succession de Mme de Laubrière ayant obligé ses héritiers de mettre toutes ses propriétés en vente, la seigneurie de la Guérais tenta pas mal d'acquéreurs puisqu'on la vit passer par quatre ou cinq mains différentes dans le court espace de dix ans. Il n'est même pas facile d'établir la succession de ces hôtes de passage, car les documents que nous avons consultés aux Archives des Côtes-d'Armor, ne sont que des copies et des résumés d'actes qui se contredisent assez souvent.

Marie Fouché, dame de la Menardais, en Crehen, vendit croyons-nous, pour la première fois la Guérais à Gillette Brillaut, dame de la Roullais et à Louis Quettier, son époux, le 23 octobre 1704 (Archives des Côtes-d'Armor, E 167). Puis ces derniers ayant eu besoin d'argent retrocédèrent cette seigneurie à René Ladvocat, sieur de la Roche-Huon, qui l'acquit le 6 octobre 1706 pour une somme de 6.000 livres.

Peu après Guillaume-Dinan du Breil, comte de Rays au siège du Plessis-Balisson, rachetait par retrait féodal le fief, bailliage et moyenne justice de la Guérais, le 22 décembre 1707 (Archives des Côtes-d'Armor, E 167 et E 1.423), mais il ne conserva pas longtemps non plus cette propriété.

Le 11 octobre 1710, il vendait la maison et métairie noble de la Guérais, fuye et refuge à pigeons, cours, jardin au derrière, étables, pépinière contenant 74 cordes, la Chesnaie du dit lieu contenant un journal 71 cordes, plus 56 journaux de terre y attenant pour une somme de 8.000 livres à Hiesrome Besnard, sieur des Bas-Courtus, en Trégon.

A quelle époque la Guérais passa-t-elle de ce dernier aux mains des Pean du Pontfily qui possédaient alors par alliance la terre voisine de la Roche en Lancieux ? Nous n'en savons rien. Toutefois dans une liquidation des biens de Jean-Jérôme Besnard de la Vieuville, la Guérais figure parmi ses biens propres aliénés par lui et nous voyons par ailleurs qu'il vendit cette propriété par acte sous seing privé à Louis-Jean de Pontfily. Il est regrettable que la date de cet acte soit laissée en blanc. Cependant comme Jean-Jérôme est né à Bruz en 1738, il est probable qu'il faut reculer l'époque de cette aliénation jusqu'après sa majorité, c'est-à-dire dans les années qui suivirent 1760.

Au moment de la Révolution, la propriété de la Guérais appartenait à Louis-Hyacinthe Péan, comte de Pontfily et seigneur de la Roche, en Lancieux. Louis Péan n'habitant pas la Guérais, l'avait louée pour neuf ans, à commencer du 29 septembre 1790, à Gilles Duguen pour une somme annuelle de 1.400 livres, non compris les rentes seigneuriales et royales. Le bail comprenait la maison principale de la Guérais avec la métairie et les logements en dépendants.

Un état sommaire des lieux dressé le 17 vendémiaire an 8 (9 octobre 1799), nous décrit à cette époque l'état de la maison principale de la Guérais, « construite à la moderne et composée de deux salles, un vestibule et une cuisine, trois chambres en haut et trois greniers au-dessus, le tout mesurant 27 mètres 27 de long sur 7 mètres 79 de large ». Une autre maison au nord de celle-ci servait alors d'habitation au fermier.

Malheureusement ou plutôt heureusement pour ses jours. Louis Péan avait émigré au cours de la Révolution. Cependant il ne s'y décida qu'assez tard puisque les registres du sequestre nous le font voir résidant à Saint-Ideuc, le 28 septembre 1792. Une fois émigré, le gouvernement d'alors s'empressa de mettre le séquestre sur ses biens, puis finalement les fit vendre. L'état sommaire que nous venons de citer fut justement dressé à cette occasion. On y voit que la Guérais fut mise à prix 32.800 livres. Nous n'avons pu savoir combien elle fut vendue le 28 messidor an 7 (16 juillet 1799), à Guillaume Pognant habitant alors Rochegood en Saint-Briac.

M. Pognant dut revendre cette propriété à ses anciens maîtres à une date que nous ignorons, mais en toute occurrence, avant 1820, époque de la liquidation de sa succession.

Un des fils de Louis Péan de Pontfily, Emile-Louis-Julien, né à Saint-Servan le 15 septembre 1782, revint alors habiter la vieille gentilhommière et y mourut le 25 mars 1842. Il était alors capitaine dans la légion des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor). Après lui, la Guérais passa à une de ses soeurs Mme de Kerloguen, dont une des filles épousa M. de la Gervinais. Vers 1913, la Guérais appartient encore à M. Gonzague Le Fer de la Gervinais. (A. Lemasson).

 © Copyright - Tous droits réservés.