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LA CHAPELLE NOTRE-DAME DE TREZIEN

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A la pointe extrême du Finistère, à trois kilomètres et demi du bourg de Plouarzel, se trouve le petit vallon dénudé et battu des vents de Trézien. A deux kilomètres plus à l'ouest, la Pointe de Corsen est su rmontée d'un phare, dont la hauteur est de trente-deux mètres ; on l'appelle le phare de Trézien.

La chapelle Notre-Dame de Trézien à Plouarzel (Bretagne).

Au loin, vers l'occident, on aperçoit la masse sombre d'Ouessant, tel un vaisseau à l'ancre. En deçà se profilent Molène, — séparé d'Ouessant par le fameux passage du Fromveur, — et tout un archipel formé de nombreux îlots. Il est peu de passages plus fréquentés, il en est peu surtout qui soient aussi semés d'écueils, dangereux pour les navires par les gros temps.

Si, de jour, le spectacle de cette mer immense tachetée de points noirs, est on ne peut plus grandiose, que dire de l'émotion qu'il met au cœur, la nuit, quand les faisceaux de lumière du Créac'h et du Stiff viennent par intermittences, balayer l'océan. Le vieux proverbe monte alors à la mémoire : Qui voit Belle-Ile, Voit son île ; Qui voit Groix, Voit sa joie ; Qui voit Ouessant, Voit son sang.

La côte elle-même, du Conquet à l'Aber-Ildut, est abrupte et sauvage. Avec la pointe de Kermorvan qui termine l'anse des Blancs-Sablons, avec celles de Corsen et de Portsmoguer, elle offre mille accidents, mille fissures, mille crevasses dans lesquelles mugissent les vagues.

Que de navires ont sombré dans tous ces parages !

Nombreux sont les naufrages que relate « l'Inventaire sommaire des archives du Finistère de l'Amirauté de Léon ». En voici quelques spécimens :

En 1697 c'est le naufrage de la Marie-Laurence, de I'lle d'Yeu, en face de Lampaul-Plouarzel. Venant de Bordeaux, ce bateau faisait route vers Morlaix, avec un chargement de vin. Puis c'est le tour en 1698 de La Catherine, de Roscoff, de la Sarah, de Londres, chargé de vin et de bois violet, en 1706 de La Gentille, de Dieppe.

En 1767 se perdit dans l'anse de Portsmoguer la Marie-Louise, de Dunkerque, capitaine Jacques Le Vey. Ce navire venait de Bordeaux, chargé de vin.

En 1784 c'est le Prophète Elie, capitaine Corolleur, parti de Brest, qui sombre à la pointe de Kermorvan. Ce sloop se rendait à Bordeaux avec un chargement de futailles vides.

L'année suivante la barque Notre-Dame de l'Aber-Ildut, capitaine René Masson, chargée de vin pour des particuliers de Roscoff et de Morlaix, alla s'échouer sur la côte du Conquet.

En 1786 le même capitaine, ramenant de Libourne, le Notre-Dame Marie de l'Aber-Ildut, avec un chargement de vin, le vit sombrer à la pointe de Kermorvan.

La même année, le chasse-marée, la Marie-Françoise, capitaine Guillaume Criquet, alla s'échouer aux Blancs-Sablons.

 

L'ancienne chapelle de Trézien.

L'ancienne chapelle de Trézien, que les anciens documents appellent aussi Trévian ou Trévien, se trouvait dans le petit vallon de Trézien, mentionné plus haut [Note : Trévian est un nom de famille, et aussi un nom de saint. (Pouillé du Léon (1711))]. Elle a été remplacée en 1876 par une construction nouvelle. Voici les détails que nous fournit sur l'ancien édifice un rapport du 9 décembre 1856, adressé à l'évêché de Quimper, par M. Cloarec, recteur de Plouarzel.

La chapelle Notre-Dame de Trézien à Plouarzel (Bretagne).

La chapelle très bien conservée, peut contenir 500 fidèles. Elle avait primitivement la forme d'une croix latine, mais par une annexe faite à la partie latérale nord, cette forme a été un peu modifiée.

Son style architectural appartient au XVIème siècle. A l'intérieur les piliers, réunis entre eux par des voussoirs surbaissés en ogive, sont peu élégants et lourds. Le choeur et les deux bras de croix sont séparés de la nef par une grille en bois sculpté qui prend toute la largeur de la chapelle.

A l'extérieur la chapelle est très simple, mais surmontée d'un clocher en granit fort élancé [Note : « Chapelle en très bon état, note M. de Kerdanet, et d'une construction hardie : ce sont deux nefs jumelles, gisant à côté l'une de l'autre et se communiquant par des cintres de grande dimension, assis eux-mêmes sur des colonnes très espacées » (Vies des Saints, p. 512, note 4) . L'édifice datait de la première moitié du XVIème siècle : Rome accordait des indulgences, le 20 janvier 1520, à la chapelle de Trézien (Archives Vaticanes, Registres Vaticans, n. 208, folio 466)].

A la naissance du clocher, se voit, sur la façade extérieure ouest, un écusson à deux fasces. Ce même écusson existe au-dessus du porche du côté midi. Il y a lieu de penser que ce sont les armes ou des du Chastel ou des Kergroadez, qui toutes deux étaient fascées tantôt de cinq, tantôt de six pièces.

Le dallage de la chapelle est composé entièrement de grandes pierres tombales en granit de Laber, dont trois sont ornées des écussons des diverses familles qui y furent inhumées. L'un d'eux peut désigner la famille de Boiséon, seigneur de Kergadiou et autres lieux en Bas-Léon, qui portait d'azur au chevron d'argent occompagné de trois têtes de léopard d'or 2 et 1. Un second indique vraisemblablement une alliance de la famille du Chastel, ou Kergroadez. Le troisième porte une tour, qui pourrait être Kermavan. « Je cite la famille du Chastel, observe M. Cloarec, parce qu'elle jouissait d'un droit de suzeraineté sur ce bon pays, et la famille de Kergroadez, parce qu'elle s'est toujours signalée par des oeuvres méritoires, soit en dotant la paroisse de Plourin d'un hospice, soit en créant un collège à Saint-Pol-de-Léon .. ».

La grande fenêtre du maître-autel contient une verrière admirablement conservée, restaurée vers 1850. Elle représente le crucifiement du Sauveur. Divers personnages entourent la croix : Longin, qui perça le côté de Jésus, la Sainte Vierge, Madeleine, Marie, mère de Jacques et de Joseph, la mère des fils de Zébédée, saint Jean, puis plusieurs soldats juifs. En la partie supérieure du vitrail figure l'écusson de la. famille de Penandreff fondue plus tard en Kersauzon, qui portait d'argent à un croissant de gueules surmonté de deux étoiles de même [Note : A la montre de Léon (15 mai 1534) figure Jan Penandreff, sieur de Kervadoz. En 1762, nous trouvons aux registres de Plouarzel la signature de Jeanne de Penandreff de Kersauzon].

Quant aux statues vénérées dans la chapelle, ce sont : la patronne Notre Dame de Trézien, Notre Dame de la Clareté, encadrées par saint Pierre et saint Paul, Notre Dame du Bon-Secours, Notre Dame de Pitié, un calvaire composé de trois personnages, un Ecce Homo, saint Joseph, saint Jean, sainte Catherine, sainte Geneviève, saint François, puis deux statuettes sans inscription.

Notre-Dame de Trézien à Plouarzel (Bretagne).

On voit aussi à l'intérieur de la chapelle un vieux débris de meuble en chêne, de forme carrée, mesurant 0m55 de hauteur sur 0m45 de large. Il porte aux quatre faces l'écusson des Kergadiou : fascé ondé de six pièces d'argent et d'azur au franc canton d'hermine. Ce meuble a dû servir de piédestal à un Ecce Homo, dont le socle est orné du même écusson de Kergadiou [Note : Le manoir de Kergadiou, en Plourin, était déjà en ruines, en 1836, au temps on Fréminville écrivait à son sujet : « A demi ruiné. Portail flanqué de deux tourelles munies de meurtrières » (Les Antiquités de Bretagne, p. 234)].

La chapelle possède plusieurs ex voto.

1. Tableau peint à l'huile, représentant au sein de la tempête un navire entièrement couché sur l'eau. Apparition dans la nue de la Vierge tenant l'Enfant-Jésus dans ses bras. Au bas de ce tableau on lit : Ex voto du 23 décembre 1787. Yves Trébaol, capitaine du navire Le Marquis de l'Aigle, de Landerneau, à notre Dame de Tressien.

2. Tableau peint à l'huile représentant un navire assailli par la tempête et qui tient encore sur l'eau. Apparition dans les nues de la Sainte Vierge tenant l'Enfant-Jésus sur ses genoux. Au bas du tableau se lit l'inscription suivante : Vœu fait à Notre-Dame de Trézien par Tanguy Le Drard et son équipage, le 29 juillet 1763.

3. Plusieurs béquilles appendues en divers endroits de la chapelle.

4. Deux oeufs d'autruche appendus aux pieds de la statue de Marie.

5. Deux petits navires bien gréés, placés sur la galerie du calvaire qui sépare la nef du choeur.

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Le cimetière entourant la chapelle renfermait un ossuaire qui n'avait rien de remarquable et une croix en pierre dont les bras portaient deux écussons, d'une part : trois fascés qui est du Chastel ou de Kergroadez, d'autre part trois croix ancrées, deux séparées par une hermine et une séparée par une fasce.

On inhumait dans le cimetière les personnes du quartier de Trézien.

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A quarante mètres sud-ouest de la chapelle, dans une petite prairie fort humide où poussent des roseaux, se trouve la fontaine sainte. C'est un édicule formé d'un réservoir rectangulaire en pierres sèches, clos au nord par un pignon en mêmes pierres, dans lequel est ménagée une niche et que surmonte une croix assez fruste. La niche contient une statuette de la Sainte Vierge, protégée par une grille en fer.

Fontaine de Notre-Dame de Trézien à Plouarzel (Bretagne).

Les personnes affligées de rhumatismes viennent se laver dans l'eau de cette fontaine.

Pour soulager les enfants qui ne peuvent marcher, on plonge une petite chemise dans la fontaine, puis la chemise une fois sèche, on en revêt l'enfant [Note : Pendant l'octave du pardon, notait M. Toscer en 1907, les paysannes y vendent de l'eau aux pèlerins venus demander la guérison des maux de la vue. (Le Finistère Pittoresque IIIème fascicule, p. 158)].

Le Bas-breton ne croit point faire acte de superstition en ayant ainsi recours à l'eau de la fontaine de Trézien ; il a, dans l'accomplissement de cet acte extérieur, toujours présente à son esprit, l'intervention directe de la très Sainte Vierge, pour laquelle il professe la foi la plus sincère et la plus vive.

Si la démarche est couronnée de succès, il en attribue toute la gloire à Marie ; si la guérison n'a pas lieu, il demeure convaincu qu'il n'était pas dans les conditions voulues pour mériter les faveurs de la très Sainte Vierge.

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Le 3 septembre 1683 fut inhumé dans la chapelle de Trézien, François de Kerjan, sieur de Kerlaouénan, âgé d'environ 97 ans.

On continua d'y enterrer certaines personnes jusqu'en 1752.

Le 24 septembre 1792, le maire de Plouarzel refusa les clefs de l'église paroissiale, à Jean Morel, curé constitutionnel de Ploumoguer qui voulait y faire un baptême. Deux jours plus tard ce dernier revint, accompagné cette fois de Moyot, juge de paix du canton de Brélès, qui somma le maire et le bedeau d'ouvrir les fonts baptismaux et de laisser procéder au baptême ; ce qui se fit. Le 28 septembre, Moyot écrivait au district de Brest : « Cette paroisse de Plouarzel est entièrement fanatisée ; il est plus que temps que les Soeurs de l'ex-recteur (Pédel) soient expulsées du presbytère. On prétend qu'on fait des quêtes dans cette paroisse pour les prêtres réfractaires » (Peyron. Documents pour servir, I, p. 193-194).

La ferme attitude du maire lui valut, d'être interné au château de Brest.

Et voici que le 23 novembre, au cours de cette détention, les officiers municipaux et le procureur de la commune de Plouarzel se transportèrent en la chapelle de Trézien, conformément à la loi du 2 juillet précédent, pour y faire l'inventaire du mobilier. Ils y trouvèrent vingt-six nappes d'autel, dix chasubles, quinze aubes, un pavillon blanc servant à couvrir le ciboire — deux armoires et un confessionnal dans la chapelle du nord de l'église, un petit coffre au bas de l'édifice contenant « deux tamisses d'orge », deux échelles, un tréteau avec une croix de cuivre — trois autels, une chaire, un tronc renfermant trente-huit sols et trois liards — deux cloches dans la tour — une piscine de cuivre — douze chandeliers de cuivre, un encensoir de cuivre, un calice et une patène d'argent doré — trois missels dont l'un bon, les autres en mauvais état, un graduel et un vespéral, un rituel et un processionnaire usés — dans la sacristie une armoire avec un coffre.

Christophe Mellaza, bedeau, demeurant au bourg de Trézien, fut chargé de garder tous ces objets.

Le 28 janvier 1793, les délibérants de Plouarzel demandent pour oratoire la chapelle de Trézien, parce qu'elle est très fréquentée, que d'elle relèvent environ 400 âmes, et que dans son cimetière on enterre de temps immémorial.

La pièce est signée : François KÉRÉBEL, maire, Hervé BESCOND, Jacques ROGÉ, J. BILCOT, Jacques KERMAÏDIC, J.-P. COLLEAU, Jacques QUÉRÉ, etc...

Le 2 pluviôse an II (21 février 1794), les municipaux se transportent à Trézien, et dans leur visite à la chapelle, n'y découvrent qu'une vieille croix, dix chandeliers et une lampe de cuivre.

Le 13 floréal an IV (2 mai 1796), François Kerebel, ci-devant maire, et Jacques Le Guen, ci-devant procureur de la commune, reconnaissent avoir reçu du citoyen Christophe Mellaza un calice avec sa patène d'argent doré qui avait été laissé à la chapelle de Trézien pour le service du culte.

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La chapelle de Trézien est renommée comme lieu de pèlerinage : « Lieu grandement dévotieux, voisin de l'Océan, notait en 1647 Dom Cyrille Le Pennec, où l'on a parlé, d'autrefois, de plusieurs grâces que Dieu y a faites, par l'intercession de la Sainte Vierge » (Kerdanet, Vies des Saints, p. 512). La patronne est Notre Dame de Trézien ou de Bon-Secours.

Cette chapelle était anciennement un bénéfice, rapportant 162 livres 6 sols de revenu, et desservie par des chapelains.

Voici la liste de quelques-uns de ces chapelains.

Chapelains de Trézien (Archives départementales, 174 g 2).

Yves MAGUET, décédé en 1648.

YVES CALVEZ, nommé le 4 juin 1648 par Roland de Poulpiquet, grand vicaire de Léon, archidiacre d'Ach.

JEAN PÉRENNÈS, prêtre de Plouarzel, nommé en février 1650 par François de Kergorlay, grand vicaire de Mgr de Rieux, évêque de Léon, à charge de desservir quatre messes par semaine, les lundi, mardi, mercredi et samedi.

GUY MENN, sous-curé de Plouarzel, décédé le 5 novembre 1658.

YVON PIRIOU, nommé le 10 janvier 1659.

YVES JAFFRÉDOU, dont la nomination date de 1669 et qui reste en charge jusqu'en 1675. A cette époque on fait les enterrements et on inhume dans la chapelle, on y bénit les mariages ; mais point de baptêmes.

AMBROISE COZIAN (1678-1681).
Ce chapelain desservait les trois messes par semaine fondées à perpétuité par François Kerian et sa femme Michelle de Lesguern, sieur et dame de Kerlaouénan. Ces messes furent réduites à deux, et Cozian s'engagea par acte du 22 décembre 1678 à les dire et à réciter à la fin de chacune d'elles un De Profundis pour le repos de l'âme de défunte Jeanne Coatquis, compagne du Seigneur de Kerian. La réduction de messes, sur requête de Jean Floc'h prêtre délégué de Cozian, fut approuvée le 9 novembre 1680, par Mgr Neboux de la Brosse, évêque de Léon. Ambroise Cozian mourut le 20 janvier de l'année suivante.

JEAN VELLAZA (1681-1717).
Ce prêtre assista le 4 septembre 1670, avec Claude Mol, recteur, dom Ambroise Cozian et dom Yves Jaffrédou à l'enterrement de vénérable dom Yves Le Guizchous, qui fut inhumé dans le choeur de l'église de Plouarzel. Le 23 janvier 1681, au manoir de Kerlaouénan, devant les notaires royaux de Saint-Renan comparurent d'une part François Kerian et sa compagne Michelle de Lesguern, sieur et dame de Kerian, d'autre part Jean Vellaza, du village de Kergozian, nommé chapelain de Trézien. Vellaza accepte la réduction des messes, et comme son prédécesseur, il disposera en entier du village de Kerascot et de ses dépendances. Il ne pourra faire desservir la chapellenie par un autre prêtre. Fait à Kerlaouénan sous les signatures de la dame de Kerlaouénan, du dit Vellaza, de Gabriel de Rospiec, sieur de Lesven , habitant le manoir de Saint-Gouesnou en Ploudalmézeau, des notaires royaux et avec le regret du seigneur de Kerlaouénan affirmant par serment ne pouvoir signer « attendu la caducité et la privation de la veüe ».

FRANÇOIS JAOUHEN (1717-1720).
Voici l'acte de décès de ce chapelain « Le corps de messire François Jaouhen, prestre âgé d'environ 48 ans, a été inhumé dans l'église de Notre Dame de Trézien par le subsigné vicaire le 31 de décembre 1720 et mourut le jour précédent à Kergozian après avoir reçu ses sacrements et ont assisté au convoy M. Lamour, prestre, M. Quarre, prestre, M. Labbous, prestre et Messieurs les prestres de Plouarzel et plusieurs autres. F. BRIANT, prestre. G. MOGER, prestre, vicaire perpétuel de Lampaul.

Louis TOURMEN (1721-1726).
Le 4 janvier 1722, Louis Tourmen bénit à Trézien le mariage de Jacques Le Quenquis et de Marie Hall, en présence notamment d'écuyer Jean-François de Portsmoguer et de Jacques Le Quenquis, sous-diacre. Le 6 novembre de l'année suivante, il baptisait Anne, fille de Charles Guinien de Kerguen et de Louyse de Rospiec. Le 8 juin 1725, il assiste, dans l'église paroissiale à l'enterrement de Jeanne-Marie de Portsmoguer, religieuse de la Retraite de Saint-Pol-de-Léon, morte la veille au manoir presbytéral de Plouarzel, dont Ronan de Porstmoguer était alors recteur. Le 24 août suivant, il était présent au baptême de Jeanne, fille de Jean-François de Portsmoguer et de Robine de Keroullas, seigneur et dame de Kermarchar.

FRANÇOIS MUZELLEC (1727-1729).
Ce chapelain assista le 20 janvier 1727 au baptême administré par Ronan de Portsmoguer, recteur, à Marie, fille de Jean-François de Portsmoguer et de Robine de Keroullas.
Le 29 février 1729, il était présent au baptême conféré à un fils de Jean-François de Portsmoguer, sans imposition de nom. Une autre cérémonie eut lieu le 16 mars suivant, avec un parrain et une marraine différents pour donner à l'enfant le nom de François-Ronan-Marie.

PRIGENT LANUZEL (1729-1771).
Ce chapelain fit élever une croix au carrefour où se coupent les routes de Lampaul-Plouarzel et du phare de Trézien. On lit sur l'embase de ce calvaire l'inscription que voici :
1771 F : F : P : MRE p : LANUZEL. L'acte de décès de ce prêtre est ainsi libellé : « Vénérable et discret messire Prigent Lanuzel, prêtre desservant de Trézien y mourut le 8 octobre 1771, âgé de 71 ans et muni des sacrements, et son corps fut le lendemain enterré dans le cimetière de Plouarzel. Le soussigné recteur de Ploumoguer fit les cérémonies en présence des soussignés : Le Morel, recteur de Saint-Mathieu, F. Le Moign, curé de Plouxané, J. Garo, curé de Lanildut, F. Laenez, prêtre de Plourin, F. Balch, curé de Sainte Scève, J. Galliou, prêtre de Porspoder, J.-H. Le Hir, curé de Ploumoguer, J. Pédel, recteur de Plouarzel, Hacquenart, recteur de Ploumoguer ».

JACQUES LANUZEL (1772-1803).
Le 24 août 1776, au matin, Jacques Lanuzel entrait au sanctuaire de Trézien, pour y célébrer la sainte messe lorsqu'il s'aperçut qu'une vitre avait été brisée et un tronc fracturé. Il ne tarda pas à porter plainte. A la requête de Pierre-Marie Bergevin, conseiller du roi et son procureur, demeurant en son Hôtel à Brest près le Champ de Bataille, deux serruriers de Saint-Renan, Prigent et Le Saux, se trouvèrent le 29 août près de la chapelle de Trézien chez Marie Podeur, veuve Vellaza. Ils y furent rejoints par le bailli, le procureur du Roi, un huissier et un adjoint. Devant ces personnages ils prêtèrent le serment de bien remplir leur mission. Jacques Lanuzel, chapelain, habitant Kergozian et Marie Podeur, qui tenait les clefs de la chapelle, accompagnèrent ces messieurs jusqu'au cimetière. Et l'on constata qu'à la dernière fenêtre du bas-côté nord de la chapelle, la vitre était brisée ainsi que le grillage qui la protégeait : une brèche était béante mesurant 14 pouces de hauteur et 12 et demi de large. Au sol gisaient un fragment de vitre et un morceau de chaux. A l'intérieur de la chapelle, un petit tronc en bois était démoli et sa serrure rompue. Les serruriers déclarèrent qu'un tronc neuf de même genre coûterait sept livres. Après avoir promis par serment de dire la vérité, Jacques Lanuzel avança qu'entré dans la chapelle le 24 août au matin, il avait constaté l'effraction de la vitre et du tronc. Il ajouta que ce tronc donnait environ 20 sols par mois, mais qu'il ignorait la somme volée (Arch. départ. B 2214, 1776). Nous ignorons la suite de l'affaire.

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Au moment où s'ouvrit la Révolution, Jacques Lanuzel, curé de Plouarzel avait comme collègues Olivier Forest, Servais-Léon Michel, et René-Corentin-Louis Marzin, né à Plouarzel, au manoir de Kerbrosel, le 26 septembre 1757, prêtre de 1786. Le recteur de la paroisse était Jean Pédel.

Tous protestèrent le 22 octobre 1790 contre la Constitution civile du clergé et notamment contre la réunion des évêchés de Quimper et de Léon et l'élection d'un évêque du Finistère.
Quelques mois plus tard, Jean Pédel, Lanuzel et Marzin refusèrent le serment à la Constitution civile du clergé (Peyron, Documents pour servir. I, p. 70).

Olivier Forest prêta ce serment, et fut nommé à la mi-mars 1791 par les électeurs du district de Brest, recteur de Plouarzel. Il accepta cette promotion (Peyron, Documents pour servir. I, p. 131) mais ne tarda pas à y renoncer et à être remplacé par Prigent Madec, curé de la Forest (Peyron, Documents pour servir. I, p. 25).

Arrêté à Plouarzel en septembre 1792, malgré ses 75 ans, M. Pédel fut interné au château de Brest. Transféré à la Retraite de Quimper le 6 janvier 1793, il passa peu après au local de l'ancienne communauté de Kerlot, puis le 11 novembre aux Capucins de Landerneau, où il eut à sa disposition les meubles de la domestique de la veuve Darnaud (Peyron, Documents pour servir. I, p. 151).

Le 2 avril 1795 il promit soumission aux lois de la République et demanda à se retirer à Plouarzel. Voici le texte de sa déclaration, devant Pierre Le Guen, maire : « Je viens donner à la puissance temporelle une garantie de ma soumission ; en conséquence, sauf la religion catholique, je promets fidélité à la Constitution de l'an 8 et je signe les dits jours que devant (8 thermidor, an 9 » (Cf. D. Bernard, Documents et Notes... p. 12).

Quant à M. Lanuzel, caché à Brélès sous la Terreur, il déclara, lui aussi, dans les mêmes termes, le 24 avril 1795, prendre Plouarzel comme lieu de résidence.

Le 31 août 1795, Jean Morel, ancien chapelain de la collégiale de Saint-Charles en Plourin, ancien curé constitutionnel de Ploumoguer et François Morvan, curé constitutionnel de Lanildut, comparurent devant la municipalité de Plouarzel faisant acte de soumission aux lois de la République et demandant à exercer dans l'étendue de cette commune « le culte de ministère catholique, apostolique et romain ».

Voici exposée dans un style incorrect, la fin de non-recevoir qui leur fut opposée par le Conseil demeuré fidèle aux prêtres insermentés.

« Aujourd'hui, 14 fructidor, l'an 3 de la République française, une et indivisible, nous soussignés officiers municipaux et notables de la commune de Plouarzel — absent néanmoins une partie — se sont présentés le général de cette commune en vertu des convocations à lui faites ce jour à 3 heures de relevée, à l'effet de délibérer sur les soumissions ci-dessus faites par le citoyen Morel et François Morvan, curés constitutionnels de Lanildut [Note : N'ayant pu se faire agréer des habitants de Ploumoguer, Morel passa à Lanildut vers la fin de 1793] lesquels ont faits leur soumission d'exercer leur ministère de leurs cultes dans l'étendue de cette commune — l'assemblée générale ayant ouï lecture de leurs soumissions ont d'une unanime voix dit qu'elle avait suffisamment des ministres dans leur commune et que conformément à l'art. 4 de loi du 11 prairial relative à la célébration des cultes dans les édifices qui est ainsi conçu lorsque des citoyens de la même commune exerceront des cultes ou prétendus tels et qu'ils réclameront concurremment l'usage du même local, il leur sera commun.

Mais considérant que ces 2 citoyens n'ont jamais eu domicile dans l'étendue de notre commune nous déclarons ne point les reconnaître pour être nos ministres, et nous sommes d'avis qu'ils exercent leur ministère dans l'étendue de leur commune et non point dans celle de notre commune — défaut d'avoir nul empêchement à mettre pour empêcher les citoyens à assister à leur ministère dans le lieu qu'ils doivent l'exercer et non point dans autre commune et ne voulant pas que nos ministres canoniquement... n'aient de temple commun avec les prêtres qui ont opté la ci-devant constitution civile du clergé faite avec des ministres d'un autre culte, demandant seulement le libre exercice de nos cultes que nous exerçons conformément à la loi, et ne voulons point être troublés dans nos exercices de nos cultes.

Déclarant que nous ne voulons point de ministres que seulement ceux que nous avons actuellement.

Arrêtons que les dépositaires des clefs des édifices de notre commune ne pourront les délivrer qu'à nos ministres et non à d'autres d'aucun autre culte sans avoir au préalable eu pouvoir des autorités constituées de cette commune.

Fait et arrêté les dits jours et au que dessus sous nos seings ».

De 1796 à 1798, MM. Pédel et Lanuzel sont toujours cachés. En 1797, au bas d'un acte d.'ondoiement fait à domicile, on trouve les signatures de Trébaol, curé de Lamper, de Marzin et Lanuzel.

M. Pédel mourut à Plouarzel, le 26 janvier 1802. « Du 6ème jour de pluviôse l'an X de la République Française, acte de décès de Jean Pédel, ex-recteur de la commune de Plouarzel, y décédé le 5 du dit mois à sept heures, né à Plounéour-Trez, âgé de 83 ans, fils de feu Jean et de feue Marie Cannan ».

Quelques mois plus tard, le 22 novembre de la même année, Jacques Lanuzel le suivait dans la tombe : « Du 1er jour de frimaire an XI de la République Française, acte de décès de Jacques Lanuzel, prêtre de Trézien en Plouarzel, décédé le trente brumaire à sept heures du matin, profession de prêtre en Plouarzel, âgé de 63 ans, né à Plouarzel, fils de feu Jacques et de la défunte Françoise Kermarc ».

Quant à Corentin Marzin, qui, sous la Révolution, exerça lui aussi son ministère en cachette, il fut recteur de Lampaul-Plouarzel de 1804 à 1807 et de Guicquelleau (1808-1818).

Saluons bien bas ces héros de la foi qui pour rester fidèles au serment de leur ordination sacerdotale et à la Sainte Eglise Romaine, endurèrent en des temps troublés, toutes sortes de privations et de souffrances, risquant leur vie à chaque heure du jour et de la nuit.

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Le 4 mai 1864, les habitants de la trêve de Trézien, demandèrent à Mgr Sergent, évêque de Quimper et de Léon, un prêtre pour desservir leur chapelle. Et voici les motifs de la supplique.

« La trêve de Trézien contient de 90 à 100 ménages, y compris les habitations des pauvres, qui se réduisent à trois, renfermant six ou sept mendiants. Ces ménages contiennent une population d'environ 600 âmes.

La valeur en revenu annuel des exploitations réunies, peut être portée à 33.000 francs au moins ; le tiers de ce revenu peut aussi, sans crainte de se tromper, être attribué en propriété aux habitants ; les fermiers sont tous ou presque tous dans l'aisance.

Les points les plus éloignés de la trève ne sont qu'à une demie heure de marche du bourg de Trézien, tandis qu'ils sont à une heure et demie de marche du bourg de Plouarzel, ont une partie de leurs chemins presque impraticables en hiver, on peut même le dire tout à fait pour les vieillards et pour les enfants, auxquels il est souvent impossible de remplir leurs devoirs religieux ... ».

Quant aux charges qui leur incomberaient, les tréviens s'engagent à les remplir. L'un d'eux cèderait moyennant un prix très modéré le terrain nécessaire à la construction d'un presbytère avec jardin et dépendances ; tous promettent de faire les charrois de matériaux et de servir les ouvriers maçons ou autres sans indemnité.

Ils se permettent avant de clore leur pétition de rappeler à Monseigneur qu'avant la révolution de 1789, Trézien avait toujours été pourvu d'un prêtre (Archives de l'évêché).

Par suite de la pénurie de prêtres, l'évêque de Quimper ne put accéder à la pétition des tréviens.

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La fête patronale de la Vierge de Trézien avait lieu le 8 septembre, en la solennité de la Nativité de Marie.

Jadis la procession y venait du bourg, et l'on n'y portait que les bannières de la Sainte Vierge. « Il y a encore peu d'années, observait le recteur en 1856, on promenait à la procession les bannières de l'église de Plouarzel, car la chapelle de Trézien n'en possède pas ; mais plusieurs évènements ont fait abandonner, quoique à regret, cet antique et pieux usage. Souvent on a vu des hommes, pénétrés d'un profond sentiment de ferveur, s'efforcer de lutter contre la fatigue, rendue plus lourde par les vents presque continuels dans cette contrée à l'époque de la fête patronale, et contracter ainsi ou des maladies dangereuses ou des infirmités ». Comme offrande à la chapelle, on se contentait à cette époque de donner un cierge.

Depuis la Révolution, Trézien n'eut plus de chapelain. Toutefois, note M. Cosquer en 1856 « loin d'être abandonnée, la chapelle est l'objet de la vénération de toute la contrée ; les marins et leurs familles ont surtout une grande dévotion à Notre Dame de Trézien, qu'ils invoquent particulièrement dans les moments de danger. Tous les dimanches, l'un des vicaires de Plouarzel va y dire la messe matinale ; les autres jours les divers ecclésiastiques du Bas-Léon s'y rendent assez fréquemment, sur la recommandation des familles, pour implorer, en toutes circonstances les faveurs de la Sainte Vierge ».

 

La nouvelle chapelle.

Une nouvelle chapelle fut bâtie à l'emplacement de l'ancienne en 1876, sur les plans de l'architecte Le Guérannic, par les soins de M. Cation, recteur de Plouarzel [Note : Les ossements du reliquaire démoli furent enfouis dans un coin du cimetière, au nord-est. On n'enterre jamais personne à cet endroit. — M. Gabon, recteur de 1874 à 1891]. De caractère néo-gothique, elle comprend trois nefs séparées par six arcades ; une septième arcade est à l'entrée du transept, de part et d'autre.

On lit au pignon ouest : 1876. Une plaque de marbre, au-dessus de la porte, offre les premiers mots de la devise des du Chastel : Da vad e teui [Note : La devise complète est : Da vad e teui mar car Doe].

Au-dessus du maître-autel, trône la vieille statue vénérée de Notre Dame de Trézien couronnée comme son Fils qu'elle porte sur le bras. Combien de grâces elle a répandues sur ses fidèles, de nombreux ex voto le disent éloquemment : ce sont de nombreuses plaques de marbre, une croix de la légion d'honneur, une croix de guerre, trois médailles coloniales, plusieurs béquilles, des tableaux : dans l'un Jésus frappe à la porte, un second représente un soldat mourant au champ d'honneur ; sa mère prie Jésus en croix ; au loin une cathédrale mutilée ; un troisième tableau est un trois-mâts dans un port, avec l'inscription : Alma, voeu fait par J.-L. Podeur, 2ème maître de timonerie, 1873. — A l'intérieur d'un petit cadre noir fixé au mur on lit : Souvenir, Henri Le Coat, décédé le 6 mars 1888.

Un petit navire, encore un ex voto, est suspendu à la voûte.

Dans le transept, on voit deux autels, l'un dédié au Sacré-Coeur de Jésus, l'autre à la Sainte Vierge et saint Joseph.

Un beau calvaire en kersanton, relativement moderne, avoisine la chapelle.

La chapelle Notre-Dame de Trézien à Plouarzel (Bretagne).

La chapelle Notre-Dame de Trézien à Plouarzel (Bretagne). 

La chapelle Notre-Dame de Trézien à Plouarzel (Bretagne).

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En dépit de ses fatigues causées par la tournée de confirmation, Mgr dom Anselme Nouvel, évêque de Quimper et de Léon, tint à venir lui-même bénir la chapelle de Trézien. Il y avait déjà longtemps qu'il désirait faire ce pélerinage.

Le 10 mai 1877, fête de l'Ascension, le prélat se trouvait à Plouarzel. Avec la procession de la paroisse, il se rendit dans la matinée à Trézien. Cette procession ramenait en triomphe à son nouveau sanctuaire la vieille madone de Trézien qu'on avait dû porter à l'église paroissiale pendant les travaux de construction de la chapelle. Bien des larmes de joie furent versées au passage et à l'arrivée de la statue vénérée.

Trezianis, pobl an Arvor, s'écrie le chroniqueur de Feiz-ha-Breiz, piou a lavaro mad aoualc'h ho levenez, pa veljot a nevez introun Varia Trezien o tistrei en ho touez ? Bez a zo var an douar-man plijadurezou a ro d'eomp an tanva euz ar pez a dremen en env. Distro eur vam garet e mesk e bugale, dispartiet eur pennad diouthi a ro d'hor c'haloun eun nebeut an tanva-ze ; ha c'hoaz petra eo oll vammou an douar e kenver Mari, ar vam vad on deuz en envou.

Des alentours arrivèrent au chant du cantique breton composé pour la circonstance, diverses processions : du Conquet, Lambert, Lanrivoaré, Lampaul, Brélès, Ploumoguer, Plouzané, Loc-Maria, Plougonvelin, Trébabu.

Après avoir décrit les splendeurs de la cérémonie de la bénédiction, le rédacteur de Feiz-ha-Breiz adjure les fidèles de Plouarzel d'en bien garder le souvenir :

Plouarzeziz, ha c'hui dreist oll tud an Arvor, na zijoungit jamez an devez-se ; evid'oc'h eo bet eun devez caer meurbet, hag evidomp oll, pobl canton Locournan ha Guitalmeze, eun devez a laouenedigez (Feiz-ha-Breiz, 1877, p. 173-174).

Ecussons de la chapelle Notre-Dame de Trézien à Plouarzel (Bretagne).

Pardons de Trézien.

La procession se rend du bourg à Trézien, le lundi des Rogations. Un pardon s'y célèbre le lundi de la Pentecôte, mais le grand pardon y a lieu dans toute sa solennité, le 8 septembre, fête de la Nativité de la Sainte Vierge. Ce pardon est suivi d'une octave avec messe et sermon tous les jours. De nombreux fidèles viennent alors se confesser et communier dans la chapelle. Pardon uniquement de piété. Ici, pas de distractions foraines, ni rien qui trouble le recueillement des offices.

Le pardon du 8 septembre, chose singulière, s'appelle dans toute la région « le pardon du Folgoat ». C'est sans doute parce qu'en ce jour béni, Notre Dame reçoit les hommages de ses enfants au splendide sanctuaire de Folgoat. Mais n'est-ce pas aussi parce que Notre-Dame de Trézien est en quelque sorte une soeur cadette de la grande soeur de là-bas, un « petit Folgoat », comme on le dit familièrement dans la contrée ? Notre Dame règne, au Folgoat sur le Léon entier : ici sur le Bas-Léon. Plouarzel, Ploumoguer, Lanildut, Brélès, Plourin, Porspoder, Saint-Renan, Plouzané, Le Conquet, Ploudalmézeau, Plabennec, Brest se glorifient de nourrir une tendre dévotion à Notre Dame de Trézien. De tout temps les Ouessantins se sont signalés par leur affluence au pardon du 8 septembre. En vérité notre sanctuaire se dresse en face de leur île, tel un phare lumineux, comme pour répandre sans cesse sur elle grâces et bénédictions, pour protéger ceux qui y demeurent, et notamment les valeureux marins, qui, sillonnant sans trêve les mers, sont en butte à tant de hasards.

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Pour remercier Notre Dame de la victoire accordée au pays après la grande guerre de 1914 et de la protection maternelle dont elle avait entouré ses enfants, M. Leostic, recteur de Plouarzel voulut donner à la fête du 8 septembre 1919 plus d'éclat encore que de coutume, et il invita Mgr Roull, protonotaire apostolique, curé de Saint-Louis de Brest à présider la solemnité.

Dès le matin, la procession quitta l'église paroissiale et, au chant des cantiques bretons, parcourut le trajet du bourg à Trézien.

A dix heures commençait la messe solennelle en présence de Mgr Roull qui assistait au fauteuil, et d'une foule immense de pèlerins que la chapelle, trop étroite pour la circonstance, ne pouvait contenir. Après l'Evangile, le Père L'Hévéder, de la Compagnie de Jésus, donna, l'instruction, exhortant vivement ses auditeurs à mettre toute leur confiance dans la Vierge de Trézien, gardienne de la foi dans le pays.

A trois heures, vêpres pontificales. Mgr Roull officiait, assisté de MM. André, curé de Saint-Renan, et Picart, recteur de Ploumoguer, qui accompagnait ses paroissiens, venus, comme tous les ans, en procession à Trézien. Après les vêpres, Mgr Roull adressa, en français, une vibrante allocution aux assistants, accourus plus nombreux encore que le matin, pour entendre sa voix. Nous sommes, dit-il, venus à Trézien aujourd'hui, pour adresser à la bonne Vierge une prière de reconnaissance et une prière de demande. Merci à Notre Dame, qui nous a obtenu de son divin Fils la victoire et la paix ; merci à la bonne Mère du Ciel qui a ramené au foyer ceux que nous aimons. Dites-lui aussi merci, même vous qui avez perdu un frère, un époux ou un fils, et dont le coeur saigne encore. Et avec des mots qui arrachent les larmes, Mgr Roull montre la Sainte Vierge descendant du Ciel sur le champ de bataille pour assister nos héros mourants et recueillir leurs âmes qu'elle introduit elle-même dans le Paradis. La guerre terminée, nous avons encore besoin de grâces. Demandons-les par Marie. Par quelques exemples touchants dont lui-même a été témoin au cours de son long ministère, le Prélat excite dans les coeurs une confiance sans borne en la Reine du Ciel.

Après la bénédiction du Saint-Sacrement, les processions de Plouarzel, de Ploumoguer et de Trézien, font deux fois le tour de la chapelle ; puis, toujours au chant des cantiques, reprennent le chemin de leurs églises paroissiales.

Les exercices de l'octave furent présidés par le R. P. L'Hévéder. Il était aidé, pour les confessions, par M. Moal, recteur de Lambert, par M. Coëffeur, professeur à Notre-Dame du Bon-Secours, et par M. Brénéol, jeune prêtre, qui venait offrir à Notre-Dame de Trézien les prémices de son ministère. Plus de 4.000 communions furent distribuées pendant ces jours de grâces. Aussi en quittant Plouarzel, le R. P. L'Hévéder pouvait-il dire, avec une émotion légitime « que la foi reste vive dans ce coin du bas-Léon, fief de Notre-Dame de Trézien » (Semaine Religieuse de Quimper, 1919, p. 555-556).

La Mission de mai 1935 à Plouarzel se termina par une grande procession au cours de laquelle le vieux Christ de Trézien fut porté au bourg. Quelque peu mutilé, il avait été, au préalable, restauré par les soins de M. Gourvil, recteur actuel de la paroisse, dont le zèle éclairé a voulu qu'une plaquette fût publiée cette année à la gloire de Notre Dame de Trézien.

Cantique de Notre-Dame de Trézien à Plouarzel (Bretagne).

Cantique de Notre-Dame de Trézien à Plouarzel (Bretagne).

 

Un héros de Trézien
Hervé de Portsmoguer

L'anse sablonneuse de Portsmoguer, proche de la chapelle de Trézien, est dominée par le hameau du même nom. Dans ce hameau s'élevait au XVème siècle le manoir de Portsmoguer, berceau de la famille de Portsmoguer. L'un des membres de cette famille s'illustra par sa mort héroïque sur la nef La Cordelière, qu'il commandait au combat naval de Saint-Mathieu, le 10 août 1512.

Il était fils de Jean et de Marguerite Calvez. Dans une montre militaire de la noblesse de Léon en 1503, il est excusé de ne pas comparaître parmi les autres gentilshommes de Plouarzel « parce qu'il est au convoy ». On désignait ainsi un armement maritime destiné à protéger les navires de commerce, et spécialement à escorter au temps de la vendange ceux qui revenaient chargés de vins, des ports du Midi et de l'Espagne. Portsmoguer y prenait part avec sa « bande » de 300 hommes et ses quatre navires. Après s'être distingué par ses prouesses, il obtint le commandement de la magnifique nef La Cordelière construite à Morlaix en 1496, qui passait pour le plus beau vaisseau français de l'époque.

Les Anglais, ayant ravagé, en juin 1512, la pointe du Conquet et brûlé entre autres manoirs, celui de Portsmoguer, une flotte se concentre à Brest, sous la charge de l'amiral René de Clermont, pour s'opposer à des incursions nouvelles. Le 10 août, les guetteurs ayant signalé le retour de l'escadre ennemie, Clermont se porta à sa rencontre, niais s'apercevant bientôt de son infériorité numérique, il donna l'ordre de rebrousser chemin. La Cordelière, qui couvrait la retraite, fut assaillie par plusieurs gros navires, auxquels elle tint longtemps tête. Ce n'est qu'à la nuit tombante que la nef anglaise, Le Régent, qui l'avait accrochée, put jeter 300 combattants sur le pont ruisselant de sang du navire breton. Voyant la partie perdue, Portsmoguer fit mettre le feu à la soute aux poudres, puis monta dans la hune. Ce fut soudain une terrible explosion. 500 Bretons périrent et parmi eux le vaillant Portsmoguer. Mais Le Régent prit feu aussitôt et sauta à son tour, dispersant plus de 600 cadavres ennemis.

Aux XVIIème et XVIIIème siècles, les Portsmoguer habitaient le manoir de Kermarc'har, lui aussi dans le quartier de Trézien. Ils avaient comme devise : Var vor ha var zouar (d'après un manuscrit de M. Le Guennec).

(H. Pérennès).

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